A Poitiers, les femmes souffrent jusqu’au sang.

Posté par Benjamin, le 8 décembre 2009

 A Poitiers, le festival est définitivement lancé. Le jury, composé entre autre de Nassim Amaouche (réalisateur d'Adieu Gary, Grand Prix de la Semaine de la Critique au dernier festival de Cannes) et de Claire Burger (primée l'an dernier aux Rencontres Henri Langlois pour Forbach) est arrivé le mardi 8 décembre, venant remplir davantage les salles du TAP de Poitiers.

 Et en ce mardi 8 décembre, les femmes ont souffert en compétition aux 32ème Rencontres Henri Langlois. Du sang a coulé, des cris ont été poussés mais la joie est arrivée au final. Tout est bien qui finit bien donc pour ces deux films : le premier est mexicain et a pour titre Roma, réalisé par Elisa Miller et le second, Janna & Liv, réalisé par Thérèse Ahlbeck est suédois. Deux films qui n'ont pas laissé le public poitevin indifférent (surtout Janna & Liv) et qui abordent, chacun à leur façon, la femme, mais la femme en tant qu'être délaissé, souffrant physiquement et moralement.

 Roma montre une jeune immigrée qui descend d'un train de marchandises et vient se cacher dans les locaux d'une entreprise. Sale, affamée, on la découvre dans son intimité: lorsqu'elle va aux toilettes ou qu'elle prend sa douche, nue bien évidemment. La caméra de la réalisatrice s'attarde sur sa culotte, rouge de sang et sur ses jambes qu'elle nettoie de ses problèmes menstruels. Là encore, il y a un rapport direct au corps de cette jeune femme qui, contrainte à l'exil, à la clandestinité, à l'abandon, ne peut vivre sa féminité décemment. Le sang de ses menstruations coule sur elle et elle doit attendre la main tendue d'un inconnu pour enfin se sentir mieux dans son corps. Après avoir récupérée se dignité de femme, elle peut alors reprendre sa route de vagabonde.

Dans Janna & Liv, c'est la maternité qui est traitée. Une maternité vécue par deux femmes, Janna et Liv, que tout oppose excepté leur grossesse bien avancée. L'une est craintive et ne veut accoucher sans la présence de son mari, l'autre vit chaque instant avec tonus et ne s'inquiète guère de l'arrivée de son bébé. L'une se laisse déborder par la situation, l'autre en contrôle chaque élément... mais en façade seulement. Car le film dévoile rapidement deux femmes seules, abandonnées par la présence masculine et qui doivent assumer sans aucune aide ce ventre rond. Et, encore une fois, cet abandon, ce délaissement, cette souffrance intérieure ressurgit de façon violente sur le physique: la difficulté de se mouvoir à cause de la grossesse mais surtout dans un premier temps, le sang (de nouveau !) qui s'écoule entre les jambes de Liv et qui la paralyse. S'en suit l'accouchement douloureux, très douloureux. Filmé de façon magistral, le spectateur accompagne dans cette épreuve ces femmes courageuses qui se battent littéralement pour mettre au monde deux petits êtres.

 Janna & Liv, tout en s'inscrivant dans ce thème de la solitude qui parcours le festival, fait du bien et retient notre attention.