L’horizon cinématographique s’éclaircit pour Woody Allen

Posté par vincy, le 6 juin 2019

Woody Allen, persona non grata depuis #MeToo, avait vu son film A Rainy Day in New York, privé de sortie. Amazon Studios avait décidé l'an dernier de rompre le contrat qui le liait avec le cinéaste, aussi bien pour la distribution de ce film que pour la production des prochains.

Woody Allen a lancé une procédure juridique (qui sera longue) contre le studio (il réclame 68M$). Mais en attendant, le 5 mai le distributeur italien Lucky Red a annoncé qu'il sortirait le film cet automne. Puis, durant le festival de Cannes, c'est au tour de Mars films de confirmer la sortie en France d'Un jour de pluie à New York le 18 septembre (lire aussi: Le dernier Woody Allen pourrait-il sortir en France?).

Le film réunit Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law, Diego Luna et Liev Schreiber. Si Chalamet et Gomez ont reversé leurs salaires à des associations caritatives, et plus ou moins renié le film dans leur filmographie, Jude Law trouvait la décision d'Amazon honteuse, et injuste pour tous ceux qui ont travaillé sur le projet.

Puisque le contrat avec Amazon (4 films) est rompu, le cinéaste américain a été trouvé d'autres partenaires pour son prochain film. Le tournage est programmé pour cet été, en Espagne, avec un casting essentiellement européen: Christoph Waltz, Louis Garrel, Sergi Lopez et Elena Anaya ainsi que Wallace Shawn et Gina Gershon.

Mediapro, qui a déjà coproduit Minuit à Paris et Vicky Cristina Barcelona, a décidé de jouer les sauveurs de la carrière d'Allen. Le scénario suit un couple américain qui va au festival du film de San Sebastian, et se retrouve ensorcelés par la magie de l'événement, le charme du pays et les fantasmes des films qu'ils voient. Mais elle a une liaison avec un cinéaste français "brillant" et lui tombe amoureux d'une "sublime" espagnole (notons le sexisme du pitch fourni par le producteur).

Il est fort probable que les films de Woody Allen ne seront pas vus aux Etats-Unis. Les accusations, jamais prouvées devant un tribunal rappelons-le, d'abus sexuel sur sa fille adoptive ont définitivement terni sa réputation. Trop de personnalités - Rebecca Hall, Greta Gerwig et Colin Firth, entre autres - ont officiellement pris leurs distances avec le cinéaste. Seul Javier Bardem a publiquement protesté contre ce lynchage médiatique. Quant à Mediapro, ils "jugent le créateur par son œuvre".

Pedro Almodovar, Prix Lumière 2014 : « Ça, c’est ma Palme d’Or! »

Posté par Morgane, le 18 octobre 2014

pedro almodovar juliette binocheComme chaque année, le festival Lumière atteint son sommet lors de la remise du Prix Lumière, qui se déroule à l'Amphithéâtre du Centre des Congrès. Cette année, le prix est décerné à Pedro Almodovar, aussi logique qu'évident. Véritable défilé de personnalités du 7e Art sont de plus en plus nombreuses d'édition en édition. Beaucoup de figures du cinéma français sont là (Juliette Binoche, Jean-Pierre Marielle, Gilbert Melki, Tahar Rahim, Guillaume Gallienne, Brigitte Fossey, Bérénice Béjo etc.) ainsi que plusieurs personnalités étrangères telles que Keanu Reeves et Christopher Kenneally, Franco Nero (le Django originel), Michael Cimino, Valeria Golino, Isabella Rossellini, John McTiernan (arrivé à Lyon aujourd'hui pour une visite surprise) ainsi que Xavier Dolan et le grand Paolo Sorrentino qui filmeront tous deux un "remake" de la sortie des usines des frères Lumière rue du Premier Film.

Almodovar et la musique

Connaissant l'importance de la musique dans les films d'Almodovar, l'hommage a grandement été chanté ce soir. Que ce soit par Agnès Jaoui ("grâce à toi ou à cause de toi, je ne m'arrête pas de chanter en espagnol car j'aime à me prendre pour une héroïne de tes films") qui a repris Piensa en mi. Puis Camelia Jordana, avec une maîtrise de voix impeccable, a admirablement interprété C'est irréparable de Nino Ferrer puis Cucurucucu paloma de Caetano Veloso, chanson que l'on retrouve dans Parle avec elle. Et pour clore l'épisode musical était invité Miguel Poveda, très grand interprète espagnol, qui a entonné A ciegas, chanson du film Les étreintes brisées, puis deux morceaux de flamenco. La soirée s'est même finie en karaoké géant sur Resistiré!

Hommages multiples

Elena, Marisa, Rossi, trois de ses muses féminines étaient présentes ce soir pour lui rendre un bel hommage. Elena Anaya a pris le micro en premier et a ainsi déclamé, en français s'il-vous-plait: "Mon Pedro chéri, voici ma déclaration d'amour. Je te le dis en français, c'est plus romantique. Je t'aime! (…) Merci de me laisser faire partie de ta vie et de vous faire rêver grâce à ton cinéma." Rossy de Palma n'a rien préparé pour son "Pedrito" mais comme elle le dit elle-même, ce n'est pas grave car elle a plein d'anecdotes à raconter et en effet c'est ce qu'elle a fait! Quant à Marisa Paredes de conclure par cette phrase: "Son aventure fait partie de mon aventure et j'ai envie de continuer à avoir des aventures avec toi!".

Agustin Almodovar a également pris la parole pour parler de ce cinéaste exceptionnel qu'est son frère et proclamer en public haut et fort: "Viva Pedro y viva el Cine!!!"

Des messages vidéos de certains absents ont ajouté leur pierres aux discours comme ce fut le cas de Javier Camara (depuis Amsterdam), Antonio Banderas et Penelope Cruz.

Puis Xavier Dolan, Tahar Rahim et Guillaume Gallienne (avec son timbre de voix sublime et si particulier, parfait pour "lire" une histoire) ont lu tour à tour un texte publié dans plusieurs journaux que Pedro Almodovar avait rédigé à la mort de sa mère, "Le rêve de ma mère".

Le Prix Lumière comme un Prix Nobel

Cette année, c'est des mains de Juliette Binoche que Pedro Almodovar recevra son Prix. On peut se questionner quant à ce choix sachant qu'habituellement il y a un lien plus que direct entre le lauréat et la personne qui lui remet le prix (Fanny Ardant pour Gérard Depardieu, Éric Cantona pour Ken Loach et Uma Thurman pour Quentin Tarantino)… mais pas cette fois. "De la vie, de la vie, de la vie… jusqu'à la mort, voilà ce que tu cries dans tes films. (…) Au nom de tous, MERCI!!!"

Puis c'est au tour de Bertrand Tavernier, qui s'est de nouveau paré de son inséparable écharpe, de dire quelques mots au grand maître du cinéma espagnol. Hommage sublime et émouvant, véritable déclaration d'amour qui ne laissera pas Almodovar de marbre. "Pedro, tu as été la fortune de beaucoup de coeurs."

Et c'est finalement au tour du héros du jour de prendre la parole, commençant par dire que cette soirée a été "une vraie montagne russe". Beaucoup d'émotions l'ont submergé. Il remercie tout le monde en essayant de n'oublier personne, ceux qui ont rendu cette soirée si belle pour lui, ceux qui ont permis ce festival et les spectateurs qui remplissent les salles obscures. Avant de venir il avait demandé à Thierry Frémaux quel type de discours on s'attendait qu'il fasse pour le Prix Lumière. Ce dernier lui a répondu, le plus sérieusement du monde, "fais comme si c'était un Nobel!" Et de conclure avec ces mots: "Thierry, ça c'est MA Palme d'or…"

Almodovar ça pétille, ça explose, ça se chante, ça se danse, ça se boit, ça s'écoute beaucoup, ça se regarde aussi. Bref, Almodovar nous remue l'intérieur, interpelle tous nos sens et ne laisse certainement pas indifférent! Chapeau bas señor Pedro, ton cinéma, c'est certain, a déjà laissé son empreinte dans le monde infini du 7e Art.

Goyas 2012 : un polar très noir surclasse Almodovar

Posté par vincy, le 20 février 2012

No habrá paz para los malvados d'Enrique Urbizu a laminé dimanche soir La Piel que habito de Pedro Almodovar, pourtant favori en nombre de nominations (voir notre actualité du 12 janvier). Déjà récipiendaire du prix du meilleur film espagnol à Mar del Plata, ce polar conduit par un flic désespéré a été récompensé par 6 Goyas : meilleur film, réalisateur, acteur (José Coronado), scénario original, montage et son. Le film a rapporté près de 5,6 millions de $ au box office, soit le 4e succès espagnol de l'année 2011.

Almodovar n'est cependant pas reparti bredouille. Sur 16 nominations, La piel que habito a reçu 4 Goyas : meilleure actrice (Elena Anaya) et meilleur espoir masculin (Jan Cornet) pour un même personnage (une première), meilleure musique (le 10e prix Goya pour Alberto Iglesias) et meilleur maquillage.

Parmi les autres vainqueurs, on notera Eva (meilleurs nouveau réalisateur pour Kike Maillo, second rôle masculin pour Lluis Homar, et effets spéciaux), Blackthorn (costumes, décors, direction artistique, photo) et La voz dormida (second rôle féminin pour Ana Wagener, espoir féminin pour Maria Leon).

A ce palmarès qui se concentre sur 5 films, il faut ajouter le film d'animation Arrugas. Goya du meilleur long métrage animé, il repart aussi avec celui de la meilleure adaptation.

Côté documentaire, on note que la cinéaste catalane Isabel Coixet, une protégée d'Almodovar, a gagé le prix dans cette catégorie avec Escuchando al juez Garzon.

Enfin, deux films étrangers ont été honorés : The Artist en tant que meilleur film européen, prix qui s'ajoute à son long palmarès international. En tant que film français, il succède à Indochine, Bleu, Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain et Le pianiste. Seul le cinéma britannique fait historiquement mieux avec 7 Goyas. El Chino, qui vient de sortir en France a reçu le Goya du meilleur film étranger hispanophone. Le cinéma argentin continue de surclasser tous les autres dans cette catégorie, avec ce 11e gagnant (le Chili et Cuba n'en ont que trois chacun).

Cannes 2011 : Qui est Elena Anaya ?

Posté par vincy, le 19 mai 2011

Les spectateurs français la connaissent un peu : elle incarnait la femme de Gilles Lellouche dans A bout portant, thriller à succès sorti il y a quelques mois. Elena Anaya sera la vedette de la journée à Cannes. Pedro Almodovar la choisit pour incarner la femme parfaite de son polar noir, La piel que habito (La peau que j'habite).

Pourtant cela fait quinze ans que l'actrice espagnole, 36 ans, est présente à l'écran. D'abord dans des seconds-rôles et des comédies, quelques drames qui voyagent dans les festivals. Mais le cinéma espagnol est encore sous l'emprise des actrices almodovariennes, celles révélées dans les années 80 et 90...

En 2000, les choses évoluent. Elle obtient le premier rôle féminin dans El invierno de las anjanas, face à Eduardo Noriega. Ce mélodrame historique n'est que l'amorce de son décollage. Elle enchaîne deux gros succès, dans le registre de la comédie. Second rôle dans Lucia et le sexe, de Julio Medem, avec Paz Vega, le film va connaître une jolie carrière aux Etats-Unis. Onze nominations aux Goyas, dont une pour Anaya, qui reçoit, par ailleurs, le prix du syndicat des acteurs espagnols du meilleur second rôle féminin. Elle apparaît ensuite dans Sans nouvelles de Dieu, comédie théologique un peu barrée d'Agustin Diaz Yanes, avec Penélope Cruz et Victoria Abril. Là encore onze nominations aux Goyas.

Le doublé lui permet de prendre son envol. Elle est enrôlée par El Maestro Pedro pour jouer l'ex petite amie de Marco (Dario Grandinetti) dans Parle avec elle. L'étranger commence à la demander. Le Mexique d'abord (La habitacion azul) puis rapidement Hollywood. Elle sera Eleera dans Van Helsing, avec Hugh Jackman. La brune élégante s'inscrit dans un cinéma plus populaire que art et essai : Dead Fish (comédie policière britannique, avec Robert Carlyle), In the Land of Woman (joli petit succès américain avec Adam Brody et Kirsten Stewart), Savage Grace (drame sulfureux présenté à la Quinzaine des réalisateurs, avec Julianne Moore)... et même une participation à un clip de Justin Timberlake.

En 2006, elle est aussi de la distribution de la super-production et énorme hit Capitaine Alatriste, d'Agustin Diaz Yanes, où elle interprète le personnage féminin principal face à Viggo Mortensen. Le cinéma français s'y intéresse et Jean-François Richet l'intègre dans le casting de Mesrine - L'instant de mort, aux côtés de Vincent Cassel. Les prix vont alors commencer à remplir son appartement : au Festival Fantasporto et au Festival de Sitgès pour le thriller d'horreur Hierro ou encore aux prix Fotogramas de Plata pour son personnage de jeune femme troublé par une aventure lesbienne (Habitacion en Roma).

Celle qui fut l'un des talents européens à suivre dès 2004 va monter les marches cannoises, aux bras de Antonio Banderas et de Marisa Paredes. Une actrice espagnole qui n'est pas désirée par Almodovar existe-t-elle vraiment?

Pedro Almodovar réunit Banderas, Paredes et Elena Anaya

Posté par vincy, le 18 juin 2010

elena anayaPedro Almodovar a complété son casting pour son thriller, La piel que habito (voir actualité du 5 mai 2010), qui se tournera à partir d'août pour une dizaine de semaines. Ce projet, mûri depuis huit ans, devait être interpété, à l'origine, par Banderas et Penelope Cruz. Mais Almodovar a très vite considéré, au fil des réécritures, que son actrice fétiche n'était pas adéquate pour le personnage.

Il a préféré donner sa chance à ce qui sera sans doute la véritable révélation du polar, l'actrice espagnole Elena Anaya. Avec une trentaine de films à son actif depuis 15 ans, elle n'est pas ce qu'on peut considérer comme une débutante. En 2001, elle a tenu l'un des seconds rôles marquants de Lucie et le sexe, de Julio Medem. Le film avait aussi permit de découvrir Paz Vega.

Puis, on l'a vue dans des films espagnols comme Sans nouvelles de Dieux, avec Victoria Abril et Penelope Cruz, et en second rôle dans Parle avec elle, d'Almodovar. Anaya a aussi joué à Hollywood avec des films comme Van Helsing, Savage Grace et In the Land of Women, dans des productions internationales comme Alatriste ou Mesrine (première partie). On la verra bientôt dans A bout portant, avec Gérard Lanvin et Roshdy Zem. Récemment le thriller Hierro lui a permit d'emporter deux prix d'interprétation dans les festivals très respectés de Fantasporto et Sitgès.

Outre ses retrouvailles avec Antonio Banderas, La piel que habito célèbrera le retour de Marisa Paredes. L'actrice a joué dans plusieurs films du maître : Dans les ténèbres, Tout sur ma mère, mais surtout Talons aiguilles et La fleur de mon secret, auxquels il faut ajouter un petit rôle dans Parle avec elle.