Cannes 2019 : Qui est Alice Furtado ?

Posté par MpM, le 23 mai 2019

Déjà une deuxième sélection cannoise pour la réalisatrice brésilienne Alice Furtado qui présente son premier long métrage Sick, sick, sick à la Quinzaine des Réalisateurs. La jeune femme était en effet déjà venue en 2011 avec un film d'école à mi-chemin entre réalisme et fantastique, Duel avant le soir (adapté d’une nouvelle de João Gilberto Noll), qui avait eu les honneurs de la Cinéfondation. Il mettait en scène un garçon et une fille marchant longuement dans la jungle, avant de se séparer. Leurs vies en étaient alors bouleversées.

Depuis, Alice Furtado est passée par l’école française du Fresnoy, où elle a réalisé en 16mm le court métrage La grenouille et Dieu (2013), puis l’installation River view en 2014. Elle a également travaillé sur les films des autres, en tant que monteuse, par exemple pour le long métrage d'Eduardo Williams El Auge del humano et Os son mbulos de Thiago Mata Machado, mais aussi d’assistante à la réalisation sur un court métrage de Claire Denis : Voilà l’enchaînement.

Son premier long métrage Sick, sick, sick , coproduit par la société française Ikki Films, s’annonce comme le portrait d’une jeune fille introvertie qui va tour à tour être confrontée à l’amour puis au deuil. Les premières images révèlent des visages cadrés d’assez près, et des plans envoûtants, tantôt baignés de lumière et tantôt presque crépusculaires, qui donnent follement envie d’en découvrir plus.

Rencontres Henri Langlois 2013 : voyage à l’Est du bassin méditerranéen, compétition internationale et leçon de cinéma sur la production

Posté par MpM, le 11 octobre 2013

rencontres henri langlois 2013A l'Est, que du nouveau ! Pour sa 36e édition, le festival international des écoles de cinéma explore les cinématographies du Liban, d’Israël et de Palestine, en présence notamment de Hiam Abbas (Les Citronniers, Héritage...), Raed Andoni (Fix me), Khalil Joreige (The Lebanese Rocket Society, Perfect Day) et Nadav Lapid (Le Policier).

Côté compétition, 45 films (sur les 1424 reçus) venus de 21 pays et 34 écoles ont séduit cette année les membres du comité de sélection. Qu'ils viennent d'Estonie ou du Brésil, de Norvège ou de Turquie, on leur souhaite une carrière à la hauteur de certains de leurs illustres prédécesseurs !

L'an passé, on avait ainsi été bluffé par la mise en scène au cordeau de l'envoûtant Pude ver un puma d'Eduardo Williams ou encore par le ton étonnamment libre et décalé de La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo, vrai faux documentaire mêlant animation et prises de vue réelle. Or les deux cinéastes ont à nouveau fait parler d'eux en 2013, le premier avec Que je tombe tout le temps, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, et la seconde avec son nouveau court métrage, Les chiens.

Tous ces jeunes cinéastes sont sur la voie d'auteurs aujourd'hui reconnus comme Andreas Dresen (Septième ciel), Joachim Trier (Oslo, 31 août), Na Hong-Jin (The Murderer) ou encore Pascale Ferran (Lady Chatterley), qui sont eux-aussi passés par les Rencontres Henri Langlois.

Pour compléter ce programme déjà bien rempli, la traditionnelle Leçon de cinéma sera consacrée aux rouages de la production, avec la complicité de la productrice Anne-Dominique Toussaint (Alceste à bicyclette, Le Hérisson, Les Beaux gosses, Respiro...). Plusieurs séances spéciales (dont une consacrée à la Comédie musicale), des avant-premières (dont Jacky au royaume des filles de Ryad Sattouf) et une carte blanche à La Mouette à 3 Queues (collectif d'artistes multidisciplinaires) sont également prévues, sans oublier les incontournables rencontres entre le public et les réalisateurs.

Comme tous les ans depuis 2007, Ecran Noir est fier d'être partenaire de ces Rencontres qui portent si bien leur nom, et vous en fera vivre les principaux temps forts du 29 novembre au 8 décembre.

L’instant court : rencontre avec le réalisateur Edouardo Williams

Posté par MpM, le 21 juin 2013

eduardo williamsA Ecran Noir, on aime vous faire partager nos découvertes. Alors après Time Doesn’t Stand Still, réalisé par Benjamin Millepied et Asa Mader, voici l’instant Court n° 112.

Rares sont les jeunes réalisateurs qui peuvent se targuer d'être sélectionnés deux années de suite au Festival de Cannes comme c'est le cas d'Eduardo Williams, Argentin de 26 ans dont le court métrage Puede ver un puma figurait parmi la sélection de la Cinéfondation en 2012 et qui, un an plus tard, était de retour avec son nouveau film, Que je tombe tout le temps ?, cette fois à la Quinzaine des Réalisateurs.

Mais si le jeune homme (désormais étudiant au studio national du Fresnoy) devient un habitué de la Croisette, ce n'est ni un hasard ni une coïncidence. Son cinéma épuré, elliptique et purement sensoriel frappe dès la première vision. A mille lieues des courts métrages "traditionnels", souvent très narratifs, très resserrés autour d'une intrigue immédiatement identifiable (comme ceux auxquels Que je tombe tout le temps ? était confronté cette année à la Quinzaine), il laisse une grande part d'interprétation au spectateur, avec des personnages, des situations et des récits qui se font écho d'un film à l'autre.

Radical, Eduardo Williams ? Pas volontairement, en tout cas. "J'essaye avant tout d'être très sincère avec ce que je voudrais voir, avec ce que je voudrais partager avec les spectateurs. Je n'y pense pas beaucoup quand je travaille, ce sont des choses qui viennent comme ça. Le fait d'être très sincère avec moi-même, ça crée un peu de radicalité, peut-être. Je n'y pense pas en ces termes : je fais ce qui me semble bien, ce que j'aimerais, moi, regarder et après je le partage. Bien sûr, on ne sait jamais ce qui va être reçu par le spectateur. Mais s'il y a une forme de radicalité, elle vient de là, pas d'une volonté d'être radical pour être radical."

En quelques courts métrages, le jeune cinéaste a ainsi réussi à créer un univers cohérent et personnel qui s'appuie sur une recherche formelle extrêmement rigoureuse pour parler de relations humaines, de quêtes personnelles, de communications brouillées et d'incommunicabilité latente. Du monde actuel, tout simplement.

Démonstration faite à nouveau avec Que je tombe tout le temps, qui se concentre plus particulièrement sur un personnage à la recherche d'une mystérieuse graine. Ce héros dont on ne saura rien traverse différents lieux à la fois familiers et déroutants, comme pris dans un labyrinthe cosmique qui relierait les uns aux autres tous les endroits du monde.

Après la projection cannoise, Eduardo Williams s'est confié à Ecran Noir, sur ses thèmes de prédilection et sa vision du cinéma :

Et en bonus, le trailer de Que je tombe tout le temps ? :

Rencontres Henri Langlois 2012 : un palmarès qui fait la part belle à l’humour

Posté par MpM, le 10 décembre 2012

Il faut croire que le bon air pictave rend d'humeur légère, puisque les 35e rencontres Henri Langlois ont vu pour la 2e année consécutive le couronnement d'une pure comédie.

En chemin (Doroga na) de Taisia Igumentseva, sur un employé assez terne qui occupe ses soirées à insulter des inconnus dans la rue, a en effet remporté le grand prix du jury professionnel composé d'Alice Burdeau, Afarin Eghbal, Christine Gozlan, Samir Guesmi et Julien Sarfati.

Jury qui a par ailleurs distingué le scénario d'une comédie finlandaise à l'humour plus que noir, So it goes d'Anti Heikki Pesonen. Une anti-comédie romantique qui raconte l'amour à sens unique entre un adolescent mélancolique et la collègue cynique et vénale de son père.

Au contraire du film russe, inabouti et peu subtil, So it goes est un échantillon intéressant d'humour noir scandinave. Dommage qu'il n'aille pas plus loin dans la noirceur et souffre de quelques longueurs.

Dans un registre moins léger, le prix de la mise en scène est logiquement revenu à l'un des films le plus intéressant de la compétition, l'envoûtant Pude ver un puma d'Eduardo Williams (également mention spéciale du jury de la critique). Cet ovni cinématographique d'une très grande rigueur nous embarque dans l'univers personnel du cinéaste argentin, un monde apparemment dévasté, où des adolescents bondissants partent en quête d'une plante mystérieuse. Une œuvre formellement époustouflante qu'il est difficile de résumer en quelques phrases.

On notera, pour l'anecdote, que présenté à Cannes dans le cadre de la Cinéfondation, Pude ver un puma s'était déjà vu préférer En chemin de Taisia Igumentseva qui y avait remporté le premier prix.

Le jury professionnel a enfin décerné son prix spécial à une œuvre plus mineure, Meurtre à Junin d'Andrew Sala, pur exercice de style tourné en un seul plan, et une mention spéciale à Volume de Mahalia Belo, chronique adolescente sensible et maîtrisée dans une banlieue où tout est trop lisse et tranquille pour être parfaitement honnête.

Les autres jurys ont récompensé un documentaire sur des balayeurs de nuit à Kaboul (Dusty nights d'Ali Hazara, prix Amnesty international - photo de gauche), le seul long métrage de la compétition (Entre la noche y el día de Bernardo Arellano, conte inégal sur la libération d'un adulte autiste du joug autoritaire de sa famille, couronné du prix étudiant), une comédie allemande sur la fin du monde (Armadingen de Philipp Kässbohrer, prix du public), une comédie douce-amère sur trois amies réunies avant le mariage de l'une d'entre elles (Yeguas y cotorras de Natalia Garagiola, Prix Wallpaper Post) et un vrai-faux documentaire bourré de fantaisie et d'inventivité sur le seul poisson asymétrique, la sole (La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo, Prix Découverte de la Critique Française).

C'est donc un triomphe pour le cinéma latino-américain (quatre prix et une mention, dont une écrasante majorité pour des œuvres argentines), doublé d'une nette préférence des jurés pour les films de fiction. L'animation reste la grande perdante avec un seul film récompensé, La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo (photo de droite), qui mêle prises de vue réelle et animation simple.

Pour juger des choix des différents jurys, le grand public peut découvrir la plupart des films primés lors d'une séance exceptionnelle proposée à la Cinémathèque de Paris ce 10 décembre à 20h30.

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Tout le palmarès

Grand prix du jury
En chemin (Doroga na) de Taisia Igumentseva

Prix de la mise en scène
Pude ver un puma d'Eduardo Williams

Prix du scénario
So it goes d'Anti Heikki Pesonen

Prix spécial du jury
Meurtre à Junin d'Andrew Sala

Mention spéciale du jury
Volume de Mahalia Belo

Prix Amnesty international
Dusty nights d'Ali Hazara

Prix du jury étudiant
Entre la noche y el día de Bernardo Arellano

Prix du public
Armadingen de Philipp Kässbohrer

Prix Wallpaper Post
Yeguas y cotorras de Natalia Garagiola

Prix Découverte de la Critique Française
La Sole, entre l'eau et le sable d'Angèle Chiodo

Mention spéciale de la Critique Française
Pude ver un puma d'Eduardo Williams

Prix Côté courts français
Trois secondes et demie d'Édouard Beaucamp