« Une oeuvre sans auteur » en librairie en juin et au cinéma en juillet

Posté par vincy, le 6 avril 2019

Diaphana sortira le 17 juillet Une œuvre sans auteur (Never look away), le nouveau film de Florian Henckel von Donnermarck. En compétition à Venise (Lionceau d'or, et à l'époque sans distributeur français), le film a reçu une nomination aux Golden Globes (meilleur film étranger) et deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure image).

Long de 3h10 - les séances pour la presse seront d'ailleurs présentées avec un "entracte" -, cette production allemande suit la trajectoire d'un artiste, Kurt Barnert, né en 1932, grandissant sous le régime nazi puis sous le gouvernement communiste en Allemagne de l'Est...  Il rencontre alors le médecin Carl Seeband, le père de sa compagne Ellie. Cet ancien SS a participé au meurtre de dizaines de milliers de malades mentaux, dont la tante de Kurt.

L'artiste fictif est inspiré du peintre Gerhard Richter.

Lors de sa présentation à Venise, nous y avons vu un film dont "on finit ému d'avoir partagé un bout de vie avec ces personnages."

Le casting met en vedette Tom Schilling (Oh Boy, Suite française, La femme au tableau), Paula Beer (Le chant du loup, Frantz) et Sebastian Koch (Homeland, Le pont des espions, Black Book, La vie des autres).

Révélé par La vie des autres en 2006, qui a récolté des dizaines de prix dans le monde, Florian Henckel von Donnermarck s'est ensuite fourvoyé dans une production hollywoodienne (The Tourist, avec Johnny Depp et Angelina Jolie) en 2010. Il n'avait rien tourné depuis.

On soulignera aussi que l'éditeur Saint-Simon publiera fin juin, en français le scénario du film.

Paul Otchakovsky-Laurens (1944-2018), éditeur cinéphile

Posté par vincy, le 4 janvier 2018

L'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, qui a publié George Pérec, Marguerite Duras ou encore Emmanuel Carrère, était aussi un homme de cinéma. Disparu accidentellement le 2 janvier à l'âge de 73 ans, P.O.L (comme le nom de sa maison d'édition) était passionné par le 7e art. Il a notamment fondé la revue Trafic suite à une rencontre avec le critique Serge Daney, qui écrivait : "Les images du cinéma sont très précieuses parce qu’elles constituent pour deux ou trois générations de par le monde une véritable archive de souvenirs, un trésor d’émotions stockées et aussi une usine à questions. Le temps est venu de se servir du cinéma pour questionner les autres images – et vice versa. Trafic veut retrouver, retracer, voire inventer les chemins qui permettent de mieux savoir, dès aujourd’hui, « comment vivre avec les images »."

Un trimestriel où cinéastes, écrivains, philosophes écrivaient sur le cinéma qui a survécu à Daney grâce au soutien de Otchakovsky-Laurens. Une collection de livres fut même déclinée. Le n°104 de la revue vient de paraître.

Il a surtout publié de nombreux écrits de Serge Daney, dont Persévérance, avec Serge Toubiana, L’exercice a été profitable, Monsieur, adapté au théâtre, l’Amateur de tennis et la Maison cinéma et le monde en quatre tomes.

Outre le romancier-scénariste-cinéaste Emmanuel Carrère (La classe de neige, L'adversaire, La moustache...), P.O.L a aussi publié des romans ou des essais d'Alain Guiraudie, Jean-Luc Godard, Werner Herzog, Abbas Kiarostami, ...

L'éditeur a aussi soutenu la revue Positif durant les années 1990 et Lettre du cinéma. Plus institutionnellement, il a présidé l’Avance sur recette du CNC entre 2011 et 2014 et continuait de présider le conseil d'administration du Festival international de cinéma de Marseille (FID).

La Présidente du CNC, Frédérique Bredin, a rendu hommage à cet "esprit intuitif" dont les livres "ont également inspiré de bien belles adaptations cinématographiques", et a souligné son apport à ce travail d'adaptation quand il a été le dirigeant de la Scelf (Société civile des éditeurs de langue française) et initié au Salon du livre de Paris les Rencontres audiovisuelles et à Cannes le rendez-vous Shoot the Book, où les éditeurs et les producteurs se croisaient pour trouver des projets de films et de téléfilms.

Le FID a adressé "un salut à cet homme immense. Immense, il l’était, dans ses affections comme dans ses engagements, et jusque dans sa modestie."

Le documentaire, Paul Otchakovsky-Laurens l'avait pratiqué avec deux films: Sablé-sur-Sarthe, Sarthe, en 2009, où il évoquait son enfance douloureuse (la mort de son père, la maladie de sa mère, l'adoption par une cousine de celle-ci, un abus sexuel) et Editeur, sorti en novembre dernier, où il filme son métier et son parcours avec un regard décalé, sa courtoisie légendaire et son humilité sincère. Paradoxalement, cet homme qui a su se révéler grâce aux mots des autres, discret et sentimental, avait su s'exposer en pleine lumière grâce à la réalisation, sans filtre, sans les phrases de ceux qu'il publiait.

6 événements de la rentrée à ne pas rater: le culte Harmony Korine

Posté par vincy, le 19 août 2017

Rétrospective et exposition "Harmony Korine"
Centre Pompidou, Paris 4e
du 6 octobre au 5 novembre 2017

En présence du réalisateur himself, le Centre Pompidou a décidé de consacrer sa grande rétrospective à un cinéaste à part, décalé, culte: Harmony Korine. Une grande exposition présentée pour la première fois dans une institution en France réunira un ensemble de ses peintures, photographies et installations créées depuis l'adolescence.

Korine sera également présent pour accompagner de nombreuses séances qui lui sont dédiées ainsi que des événements live, dont un DJ set durant la Nuit Blanche le 7 octobre et une rencontre le 8 octobre. Au programme, les spectateurs pourront revoir ses longs métrages - Gummo, Julien Donkey-Boy, Mister Lonely, Trash Humpers, Spring Breakers - les films qu'il a scénarisé pour Larry Clark - Kids, Ken Park -, ses courts et moyens métrages - A Bundle a Minute, Visual Mafia, Fight Harm, Korine Tap, Crutchnap, Mac and Plak, Blood of Havana, Act Da Fool, Curb Dance, Umshini Wam, Caput, Snowballs, The Lotus Community Workshop: The Fourth Dimension -, ses clips (Sonic Youth, Cat Power, Rihanna...), publicités et réalisations pour la télévision. Et bien entendu, comme pour chaque rétrospective à Beaubourg, un film de commande exclusif: "Où en êtes-vous, Harmony Korine?".

On peut ajouter au programme une carte blanche au réalisateur avec The Outsiders, Les nains aussi ont commencé petits, Pixote, la loi du plus faible, Les Amants du Pont-Neuf et Scum.

Un livre, coédité par les Éditions Rizzoli, la Gagosian Gallery et les Éditions du Centre Pompidou, abordera les différents aspects de son univers visuel.

"Ce que moi j’essaie de faire, c’est de vous faire ressentir quelque chose. Je n’essaie pas de dire quelque chose en particulier, peut-être que le film, lui, dit quelque chose et c’est très bien. À partir des personnages et de ce qu’ils racontent, ce que j’essaie d’obtenir est davantage une expérience physique : une sensation de malaise, de confusion, de transcendance, de stupéfaction, de gêne, d’humour. J’aime que ces sensations arrivent les unes après les autres, très rapidement de façon à ne jamais vous laisser en paix" rappelle le réalisateur.

Le CNC va aider l’édition de livres de cinéma

Posté par vincy, le 1 février 2017

Le CNC veut s'impliquer davantage dans l'édition du livre de cinéma.
La présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée, Frédérique Bredin, a déclaré dans un communiqué: "J’ai souhaité créer le prix CNC du livre de cinéma pour que la cinéphilie grandisse encore un peu plus en France."

Pour cela, l'institution créé un Prix du livre de cinéma. Jusqu'ici seuls le Syndicat français de la semaine de la critique distinguait cette catégorie de livres. Il sera décerné en avril et concerne aussi bien des essais sur le cinéma ou l’audiovisuel, des biographies, des monographies que des beaux-livres.

Les ouvrages candidats devront être édités au cours de l’année 2016-2017.

10000 euros de dotation pour le livre primé

Le prix sera doté d’une somme de 5000 euros pour l’auteur de l’ouvrage et de 5000 euros pour l’éditeur afin qu'il puisse assurer une meilleure promotion du livre récompensé. Le jury se réunira en en avril. Présidé par Yasmina Reza, il sera composé de la rédactrice en chef d'Ecran Total, Salma Belabes, du patron du groupe Fnac Darty, partenaire du prix, Alexandre Bompard, de l'animateur et journaliste François Busnel,du Président du Centre national du livre Vincent Monadé, du directeur du Figaro littéraire, Etienne de Montety, et du libraire toulousain Christian Thorel.

Mais le CNC ne s'arrête pas là, conscient que l'édition de livres de cinéma est fragile. Si les grands auteurs font l'objet de documents parfois pointus ou passionnants (louons le travail de Capricci), si les stars sont régulièrement traitées (plus ou moins bien, du pire avec les biographies non autorisées au meilleur avec les beaux livres de Taschen), des pans entiers du 7e art sont complètement oubliés.

80000 euros d'aides pour une dizaine de projets éditoriaux

Les membres du jury auront donc également en charge d'accompagner "de façon plus structurante, en amont de leur publication, l’édition de livres de cinéma, en ayant un effet incitatif sur les éditeurs."

Les jurés se réuniront deux fois par an (avril et novembre 2017). Ils devront choisir une dizaine de projets éditoriaux, qui recevront d'une aide de 3 à 10 mille euros, pour une enveloppe totale de 80000 euros. "Les candidats, éditeurs et auteurs, seront auditionnés par les membres du jury afin de mieux appréhender les projets présentés" précise le CNC.

Divergente: divergences entre l’écrit et l’écran

Posté par cynthia, le 17 mars 2015

insurgent

Cette semaine sort le film Divergente 2: l'insurrection. Considéré par certains comme le successeur à Hunger Games, la saga "Divergente" est aussi tirée d'une trilogie littéraire. Mais qui dit adaptation dit forcément différence. L'écran n'est pas un copié collé du papier, que cela plaise aux fans ou non. Personnages, scènes ou encore situations, petite analyse certifiée sans spoilers sur les différences survenues dans l'adaptation de cette saga prometteuse.

«Ces quatre derniers jours, j'ai affronté quatre peurs. Dans la première simulation, j'étais attachée à un pieu et Peter mettait le feu sous mes pieds. Dans une autre, je me noyais de nouveau, cette fois au milieu de l'océan, tandis que la tempête faisait rage autour de moi. Dans la troisième, ma famille se vidait de son sang sous mes yeux. Et dans la dernière, quelqu'un me visait à bout portant et me forçait à tirer sur mes parents. Je sais ce que c'est que la peur, maintenant.»

Divergente est une dystopie. Non il ne s'agit pas d'un syndrome lié à un problème de vue mais bien d'un style littéraire, celui d'un univers post-apocalyptique avec des histoires d'amour en bonus pour faire rêver les plus ingénues.

Tris, le personnage principal, vit dans un monde post-apocalyptique (une sorte de Chicago après fin du monde) où la société est divisée en cinq factions: Altruiste, Audacieux, Érudit, Sincère et Fraternel. Puis enfin un sixième groupe, qui regroupe toutes les personnes qui ont échoué aux épreuves d'initiation ou qui quittent la société, les «Sans Faction». Tris fait partie d'une autre catégorie, les divergents qui selon le gouvernement seraient une menace à l'équilibre du monde.Sur ce sujet, livre et film sont comme cul et chemise (heureusement!). Afin de voir les différences, car il n'y en a, il faut plonger un peu plus dans l'œuvre et surtout la description des personnages, bien moins synthétique dans les romans.

Après avoir lu le livre, voir le film nous fait ressentir un agacement aigu. Malgré le fait que le film soit fidèle à l'œuvre littéraire, nous ne pouvons que constater l'inexistence de certaines scènes importantes et la modification de quelques personnages.

Dans la version cinématographique, Tris (Shailene Woodley) apparaît comme une victime qui peu à peu trouve du courage. Nous pouvons la voir avec la scène du réveil à l'hôpital où, à la limite de la léthargie après son combat avec Peter, elle décide de courir derrière le train afin de passer l'épreuve du drapeau. Pourtant, dans le livre Tris ne bouge pas d'un iota tant elle souffre jusqu'à ce que son supérieur l'oblige. Une envie de la rendre plus forte aux yeux des spectateurs? Un exemple de femme sûre d'elle pour les jeunes adolescentes en quête d'identité? Et le changement des personnages ne s'arrête pas là. Si Tris et Quatre sont assez représentatifs, nous ne pouvons pas en dire autant des personnages secondaires.

«Quatre nous a conseillé hier d’exploiter les faiblesses de notre adversaire, mais à part son absence totale de qualités humaines, Peter n’en a pas.»

Peter (Miles Teller) est dans la version cinéma déjà très irritable. Pourtant, si à l'écran nous avons envie de présenter notre batte de baseball à son crâne, il faut savoir que dans la version écrire Peter est encore plus diabolique (oui c'est possible). Tout d'abord, il hante Tris, tel un détraqué, autant en la taquinant dans la vie réelle que dans ses simulations. Effectivement, c'est lui qui allume le feu qui la submerge durant ses cauchemars et non son imagination. «Je n'aurais jamais cru pouvoir haïr à ce point quelqu'un à l'air aussi gentil[...]!» Il passe son temps à la rendre chèvre, en taguant son lit avec de la peinture ou en la matant en train de s'habiller. «Peter est un petit salopard. Quand on était enfants, il s'en prenait toujours à des grands d'autres factions et, quand un adulte intervenait, il se mettait à pleurer en inventant une histoire […] et ça marchait!» De plus, il a accentué le baromètre de la barbarie en poignardant un audacieux à l'œil, le rendant borgne et sans faction. Ce dernier revient d'ailleurs dans le second tome afin de se venger alors que dans les films, ce personnage n'existe pas.

Il faut savoir qu'il n'est pas le seul personnage envoyé au rang des figurants par la vision filmée. Al serait même le grand gagnant des personnages délaissés. Donc le grand perdant. Si vous avez une perte de mémoire sachez qu'il s'agit de celui qui se suicide dans le premier film après avoir essayé de tuer Tris sous la panique. Dans le livre, il est très important puisqu'il s'agit du personnage masculin le plus proche de notre héroïne, au niveau amical. «Il sourit en me donnant un petit coup de coude.» Par ailleurs, plus nous lisons les passages le concernant plus nous nous questionnons sur les véritables sentiments de ce dernier envers elle.
Ce trait de mystère donnait une certaine importance à son personnage, il était en quelque sorte le rival direct de Quatre, le petit ami de Tris. Cela ne vous rappelle rien? Twilight en avait fait sa marque de fabrique, Hunger Games en a fait de même: le triangle amoureux. Ajouter un autre homme ne fait que pimenter le récit et agite les jeunes fans qui commencent à faire des groupes (Team Peeta/Team Edward). Dans le film, il semblerait que les scénaristes aient préféré passer outre, tout en accentuant la tension sexuelle, imaginaire mais néanmoins palpable, entre Peter et Tris.

Pourtant malgré toutes ces différences irritables (surtout pour un fidèle lecteur), le septième art reste le meilleur ami du livre (surtout pour relancer les ventes).

Peu importe les différences, il faut admettre que les films tiennent la route. En 2h20 environ chacun, l'histoire se déroule à un rythme soutenu qui maintient en haleine (une véritable séance de sport).

Dans le premier volet, le réalisateur Neil Burger prend le soin de montrer le monde de Tris pendant près d'une heure avant de lancer l'action. Cela permet à ceux qui n'ont pas lu le livre de comprendre le dénouement à la perfection et de ce fait de pénétrer dans son monde avec une grande facilité. Ce qui nous amène à évoquer la contribution du film à la vente des livres. Ayant questionné certains spectateurs (tranche d'âge de 20-30 ans), nous avons constaté que la plupart des gens se sont mis à lire le livre après avoir vu le film, d'où le fait que la couverture du nouveau tirage soit ornée de l'affiche du film (cela attire davantage l'œil et surtout les affiches de cinéma, omniprésentes lors des lancements, sont facilement identifiables). Divergente n'est cependant pas la première saga à se voir offrir une seconde vie grâce au cinéma. Twilight, Hunger Games, Le Labyrinthe ont tous surfé sur la vague "Jeunes adultes" commencée avec le phénomène Harry Potter. Le cinéma semble aussi de son côté se frotter les mains d'un tel succès. Les studios signent des partenariats exclusifs avec les éditeurs. Les spectateurs en redemandent (même s'il y a quelques gros échecs comme Eragon). Et on constate qu'un bon quart des films en salles sont des adaptations, et ce depuis les débuts du cinéma. Aujourd'hui, le processus est simplement industrialisé. A tel point que toutes les franchises dans le genre s'offre un ultime volet en deux parties. Divergente ne fera pas exception.

Carlotta Films lance sa collection d’ouvrages consacrés au 7e art

Posté par MpM, le 7 juin 2014

Carlotta Films, société spécialisée dans le cinéma du patrimoine, lance un label d'édition d'ouvrages consacrés au 7e art, qui seront publiés au rythme d'au moins quatre titres par an. La société indépendante qui propose principalement des rééditions de films restaurés (en salles, DVD et Blu-ray, ou VOD), rejoint ainsi Capricci dans le domaine (lucratif ?) du livre de cinéma.

Le premier ouvrage sera Outside, quand la photographie s'empare du cinéma de Stefan Cornic, un livre consacré aux photographes et cinéastes indépendants Morris Engel et Ruth Orkin (Le petit fugitif, Lovers and lollipops...). Il sortira en octobre. Suivra en novembre Macbeth-Othello, "une vision renouvelée des deux pièces de Shakespeare mises en scène par Orson Welles, servie par une nouvelle traduction de Patrick Reumaux et illustrée d'images des deux films restaurés".

Les ouvrages des éditions Carlotta Films seront diffusés et distribués par Harmonia Mundi.