Scarlett Johansson, du Major Motoko Kusanagi à Zelda Fitzgerald

Posté par vincy, le 25 avril 2016

En plein tournage de la version en prises de vues réelles de Ghost In The Shell, Scarlett Johansson a confirmé son intérêt pour incarner l'épouse de Francis Scott Fitzgerald (auteur de Gatsby le Magnifique et du Dernier Nabab), Zelda Sayre. Le biopic sur "la première garçonne américaine", comme l'appelait son mari, s'intitulera The Beautiful and The Damned (inspiré du titre du livre de F.S. Fitzgerald, Les heureux et les damnés). Il est écrit par Hanna Weg et se focalisera sur la vie tumultueuse de cette femme "délurée", émancipée, provocatrice et surtout insatisfaite. Egérie de son mari, romancière elle aussi (Accordez-moi cette valse) et auteure de nouvelles, elle a séjourné plusieurs fois en hôpital psychiatrique, souffrant de schizophrénie, avant de mourir prématurément en 1948 à l'âge de 47 ans. le scénario était dans la Black List d'Hollywood depuis 2007.

En attendant, Johansson sera le Major Motoko Kusanagi dans Ghost In The Shell. Alors que les fans occidentaux du manga ont crié à la trahison, les japonais ont opposé une certaine indifférence voire un enthousiasme, comme la maison d'édition Kodansha qui s'est félicité du choix d'une star internationale. Réalisé par Rupert Sanders (Blanche Neige et le chasseur), et programmé pour le 29 mars 2017, le remake du film d'animation de Mamoru Oshii, adapté des mangas de Masamune Shirow, est actuellement tourné en Nouvelle Zélande. Au casting, on retrouve Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano et Pilou Asbaek. Là aussi, le projet traînait dans les cartons des studios depuis 2008.

Jim Harrison et Hollywood, une histoire qui a mal tourné

Posté par vincy, le 28 mars 2016

Immense écrivain, Jim Harrison, surnommé « Big Jim », est mort dimanche à l'âge de 78 ans. L'Amérique n'était pour lui qu'un Disneyland fasciste obsédé par le fric. Il préférait René Char, Arthur Rimbaud, Paris et surtout les grands espaces américains, ceux des Western, cette Amérique originelle. Dans ses romans, on baisait, on buvait (beaucoup, le vin pour lui apportait plus de bonheur à l'humanité que toutes les décisions politiques de l'Histoire), on s'interrogeait sur le sens de la vie et par conséquent on se rapprochait de la mère Nature.

On comprend mieux qu'avec Hollywood, ça ne se soit pas très bien passé. L'épicurien qu'il était avait quand même ramé avant d'être riche. Il avait consacré sa vie à l'écriture. Et durant les trente premières années où il a tapé ses romans, nouvelles et poèmes sur sa machine à écrire, n'a pas gagné beaucoup de dollars. Rencontré en 1975, son ami Jack Nicholson jouait les mécènes (et le poussait à travailler pour le cinéma). Car Jim Harrison, pas beaucoup lu à l'époque, ne manquait pas d'admirateurs, Sean Connery et Warren Beatty en tête. Mais lui ne se gênait pas pour détester Hollywood.

Au dessus de son bureau, il y avait un morceau de papier qui lui rappelait toujours ce que lui avait sorti un patron de studio. "Tu n'es rien qu'un écrivain". Ce mépris pour l'écriture de la part de l'industrie cinématographique a sans doute conduit Jim Harrison à ne pas trop fricoter avec elle. Il n'y a eu que six adaptations de ses oeuvres sur petit et grand écran. David Lean et John Huston ont pourtant pris des options sur des nouvelles qu'il avait écrites, sans pouvoir les tourner.

En manque de fric, il a quand même cédé à la fin des années 1980 aux sirènes d'Hollywood. En 1989, il coécrit le scénario de Cold Feet, entre polar et comédie, signé Robert Dornhelm. L'année suivante, il adapte Une vengeance, nouvelle inclue dans le recueil Légendes d'automne. Sydney Pollack, Jonathan Demme et Walter Hill furent intéressés. John Huston devait finalement la filmer. Mais il ne voulait pas de Kevin Costner dans le rôle principal. Celui-ci, en pleine ascension, a donc choisi Tony Scott pour réaliser Revenge. Le polar, honnête, est un joli succès en salles, sans plus.

En 1994, deux hits avec Jim Harrison au générique sortent sur les écrans. Légendes d’automne, l'une de ses trois nouvelles issues du recueil éponyme, est réalisé par Edward Zwick, avec Brad Pitt (qui a pris le rôle à Tom Cruise), Anthony Hopkins (après l'abandon de Sean Connery), Aidan Quinn et Julia Ormond. Le "mélo", dont il n'a pas écrit le scénario, n'est pas forcément à la hauteur de l'oeuvre littéraire, mais le film est gros succès public et récupère un Oscar (pour la photo). Jim Harrison encaisse un million de dollars qu'il dépense en alcool et cocaïne.

La même année, son ami Jack Nicholson parvient à monter Wolf, après douze ans d'efforts. Sur proposition de Nicholson, Mike Nichols réalise ce film fantastique avec Michelle Pfeiffer, James Spader et Christopher Plummer. Jim Harrison scénarise cette histoire (qui n'a rien à voir avec son premier roman, Wolf: mémoires fictifs) d'un éditeur (des comptes à régler, Jim?) qui se transforme en loup-garou. Le tournage est un cauchemar. Le scénario est massacré par le studio quand celui-ci demande une réécriture complète du dernier tiers du film. Harrison quitte la production pour "différences créatives", estimant que leur vision du projet était incompatible: "Je voulais un loup, il en fait un chihuaha". Le film est pourtant un succès en salles.

De là date sa fâcherie avec Hollywood. Deux adaptations verront quand même le jour. Etats de force (Carried Away), d'après son roman Nord Michigan (Farmer). Réalisé par Bruno Barreto, avec Dennis Hopper et Amy Irving, le film est un fiasco total. Et Dalva, l'un de ses meilleurs romans, porté de manière pas trop honteuse sur le petit écran, avec Farrah Fawcett, Peter Coyote et Rod Steiger.

Jim Harrison ne voulait plus entendre parler de cinéma. Pour lui, assister à une projection d'un film qu'il avait écrit ou qui était une adaptation d'une de ses oeuvres c'était comme avoir "le sentiment distinct de se sentir violer par un éléphant ou - si votre imagination est plutôt maritime - par une baleine".

Il reste à savoir si dans son testament l'écrivain a laissé l'ordre de ne pas adapter ses écrits. Ou si Hollywood va désormais pouvoir s'emparer librement des histoires naturalistes et intimes, sans se soucier de l'avis de celui qui fut, jusqu'au bout, un homme libre qui avait la réputation d'être un ours.

Voyage en Chine: Juliette Binoche va incarner Pearl Buck, Nobel de littérature

Posté par vincy, le 6 mai 2015

juliette binocheJuliette Binoche a confirmé ce matin sur France Inter l'information parue hier sur Variety: elle incarnera le prix Nobel de littérature et Prix Pulitzer Pearl S. Buck (1892-1973) dans un biopic intitulé sobrement Pearl.

Le film sera réalisé l'année prochaine avec Roxanne Messina Captor (A Couple of White Chicks at the Hairdresser). L'actrice française, actuellement sur les planches avec une version anglophone d'Antigone, sera entourée de Leehom Wang (Lust Caution, Hacker) et Jing Tian (Police Story - Lockdown, The Great Wall, de Zhang Yimou, en tournage actuellement). Le tournage prendra place entre Prague, Shanghai et la province chinoise du Zhejiang. La coproduction sino-américaine est essentiellement financée par le China Film Group.

Pearl S. Buck a obtenu le Pulitzer en 1931 avec son roman The Good Earth (La Terre chinoise), qui évoquait les luttes des fermiers chinois et s'inspirait de sa vie à Suzhou, et le Nobel de littérature en 1938 pour l'ensemble de son oeuvre dépeignant la vie des paysans chinois. L'écrivain a vécu toute la première partie de sa vie dans l'Empire du milieu, d'abord comme missionnaire (ses parents eux mêmes missionnaires presbytériens avaient émigré en Chine quand elle a eu 3 mois), puis comme romancière pour pouvoir financer l'école spécialisée où devait être scolarisée sa fille, déficiente mentale.

Le film débute en 1927, au moment du Soulèvement de Nanjing, qui marque le début de la Guerre civile de 10 ans entre communistes et nationalistes. Buck vivait depuis 10 ans dans cette ville chinoise avant de s'échapper à Shanghai. L'écrivain a fuit la Chine en 1934. C'est aux Etats-Unis qu'elle a écrit l'essentiel de son oeuvre, y compris sous le pseudonyme de John Sedges.

Plusieurs de ses romans ont été transposés au cinéma: Visages d'Orient (adapté de The Good Earth) en 1937, qui valu l'Oscar de la meilleure actrice à Luise Rainer, Les fils du dragon (d'après Fils de dragon) en 1944, avec Katharine Hepburn, China Sky en 1945, Da Di en 1954, The Big Wave (d'après un roman pour la jeunesse éponyme) en 1961, Une histoire de Chine de Leo McCareay, avec William Holden, en 1962, et Pavillon de femmes de Ho Yim, avec Willem Dafoe, en 2001.

L’auteure de Tara Duncan va passer derrière la caméra

Posté par cynthia, le 28 avril 2015

La belle Company va distribuer le premier long métrage réalisé par l'écrivain basque Sophie Audouin-Mamikonian, nièce de Francis Veber. Agathe Polochon sera en salles fin 2016 selon Le Film Français.

Connue pour ses séries d'Heroic Fantasy ou d'aventures destinées à la jeunesse (Tara Duncan qui a été adapté en dessin animé, Clara Chocolat, Indiana Teller), Sophie Audouin-Mamikonian a aussi écrit un roman pour adulte (La danse des obèses) et une série pour jeunes adultes (La Couleur de l'âme des anges).

Agathe Polochon est une comédie romantique qu'elle a écrite. Le tournage est programmé pour cet automne.

Acteur, scénariste et dialoguiste de génie, Daniel Boulanger nous quitte

Posté par vincy, le 28 octobre 2014

daniel boulanger à bout de souffle godardL'écrivain et scénariste Daniel Boulanger est décédé hier soir à 92 ans. Prix Goncourt de la nouvelle pour "Fouette Cocher!", Prix de l'Académie française pour "Vessies et lanternes", juré Goncourt de 1983 à 2008, il était l'auteur d'une soixantaine de romans.

À partir des années 1960, cet homme trapu, le crâne rasé, et le regard bleu acier, a fait l'acteur. Inspecteur Vital dans À bout de souffle, truand dans Tirez sur le pianiste, il a prêté sa gueule à Godard, de Broca, Truffaut, Chabrol, Lelouch et même Zidi, en directeur de banque, dans La zizanie.

C'est surtout en tant que scénariste que l'écrivain a gagné ses lettres de noblesses dans le 7ème art. Et sa filmographie à ce titre est palpitante. Pour de Broca, il écrit quelques unes des meilleures comédies françaises parmi lesquelles Cartouche, L'homme de Rio, Les tribulations d'un chinois en Chine, Le Diable par la queue, Les caprices de Marie, Chouans!. Pour Chabrol, il s'amuse avec Les sept pêchés capitaux, Marie-Chantal contre le docteur Kha, La route de Corinthe et Le cheval d'orgueil. Parmi ses autres films, passant de la comédie au polar, on retient La vie de château de Jean-Paul Rappeneau, Les pétroleuses de Christian-Jacques, Le plus vieux métier du monde de Claude Autant-Lara, L'affaire Dominici de Claude Bernard-Aubert, Police Python 357 d'Alain Corneau.

Boulanger a également signé les dialogues de films cultes comme Peau de banane de Marcel Ophuls, Angélique marquise des anges, Le voleur de Louis Malle, Monnaie de singe d'Yves Robert et Les mariés de l'an II de Rappeneau.

Le jeu comique de Belmondo lui doit beaucoup. De Montand à Noiret, de Deneuve à Marielle, les plus grands ont incarné ses personnages et ses mots à l'écran.

Avec L'homme de Rio, il avait été nommé en 1965 à l'Oscar du meilleur scénario, aux côtés de Jean-Paul Rappeneau, Ariane Mnouchkine et Philippe de Broca. Il avait reçu le prix du meilleur scénario au Festival de Locarno en 1960 pour Le farceur, comédie de de Broca avec Anouk Aimée et Jean-Pierre Cassel.

Elmore Leonard, petit arrangement avec la mort (1925-2013)

Posté par redaction, le 20 août 2013

Elmore Leonard

L'écrivain américain Elmore Leonard, surnommé "Dutch", est décédé aujourd'hui à l'âge de 87 ans. Victime d'une attaque, le mois dernier, il rédigeait son 46e roman. Et là aucun twist final pour nous faire croire à une arnaque.

Baptisé par le New York Times du "plus grand auteur de polars vivant",, son talent particulier à décrire des personnages atypiques, entre crime et humour noir, en a fait l'un des auteurs les plus inspirant pour Hollywood. Apôtre de la rédemption, roi du twist final qui détermine la vraie couleur (et donc la morale) de ses personnages, prince de la digression avec de multiples pistes qui perdent le lecteur, il était surtout apprécié pour ses dialogues non pas littéraires mais "parlés", vivants et réalistes. Entre Far-West et "pulps" cultes, il laisse une oeuvre profondément américaine, en détournant les myhtes, ou au contraire en les glorifiant jusqu'à la noirceur.

3h10 pour Yuma (deux versions en 1957 et 2007) est resté dans l'histoire du Western. Mais Leonard est aussi à l'origine d'autres westerns comme Hombre (de Martin Ritt, avec Paul Newman, 1967), Valdez (d'Edwin Sherin, avec Burt Lancaster, 1971) ou Tandado ville sans loi (1990).

Il a également écrit lui-même les adaptations de La guerre des bootleggers (The Moonshine War, 1971), Stick le justicier de Miami (de et avec Burt Reynolds, 1985), Paiement cash (de John Frankenheimer, 1986), Cat Chaser (d'Abel Ferrara, 1989). Leonard était aussi scénariste : Joe Kidd (de John Sturges, avec Clint Eastwood, 1972) et Monsieur Majestyk (de Richard Fleischer, avec Charles Bronson, 1974).

En 1995, un changement se produit : les films adaptés de ses romans deviennent meilleurs et profitables. Ainsi Get Shorty, de Barry Sonnefeld, avec John Travolta, Gene Hackman et Rene Russo ramène une sélection à Berlin, un Golden Globe du meilleur acteur et 77 M$ au box office US. Deux ans plus tard, Tarantino adapte Rum Punch qui deviendra Jackie Brown, sans doute l'un de ses plus grands films, avec Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert De Niro, Michael Keaton, Bridget Fonda, Chris Tucker, Robert Forster... Là encore le film est en compétition à Berlin. Tarantino aime tellement les bouquins de Leonard qu'il avoue avoir écrit le scénario de True Romance en s'inspirant de lui.

L'apothéose arrive en 1998 avec Hors d'atteinte, de Steven Soderbergh, film qui fait renaître le cinéaste et révèle Clooney en star de cinéma. Le style Leonard est en parfaite adéquation avec la mise en scène, mixant érotisme, passion et film noir. Le scénario est nommé aux Oscars et le film remporte de multiples prix cette année-là.

Tout Hollywood voudra alors faire un film adapté d'un de ses romans ou nouvelles : Owen Wilson, Morgan Freeman, Charlie Sheen se retrouvent dans La grande arnaque (The Big Bounce) en 2004 ; Travolta, Uma Thurman, Vince Vaughn, Harvey Keitel, Danny DeVito sont réunis dans la comédie noire Be Cool en 2005 ; Joseph Gordon-Levitt réalise un court métrage à partir de Sparks, avec Carla Gugino, en 2009 ; Jennifer Aniston, Isla Fisher et Tim Robbins vont être à Toronto en septembre avec Life of Crime, de Daniel Schechter.

Elmore Leonard a également été très exploité par la télévision. Il a d'ailleurs écrit la série Justified, dont la 5e saison est déjà signée avec FX Networks.

Il avait conscience que les studios massacraient parfois ses histoires. Universal avait par exemple acquis les droits de son roman La Brava, sans jamais le produire. Pas rancunier, le romancier issu d'une famille prolétaire continuait inlassablement d'écrire. Il n'hésitait pas non plus à donner des conseils. Avec une bibliographie prolifique, nul ne doute que les producteurs continueront à puiser dans ce vivier d'histoires qui jouaient avec la mort (souvent pour du fric).

Décès de l’auteur de Je suis une légende et scénariste de Duel, Richard Matheson (1926-2013)

Posté par vincy, le 25 juin 2013

richard mathesonL'écrivain américain spécialisé dans les livres de science-fiction et d'épouvante, Richard Matheson, s'est éteint dimanche dernier à l'âge de 87 ans. Né en 1926 à Allendale dans le New Jersey, il avait grandi à Brooklyn (New York), avait commencé à être publié en 1953 avec Jour de fureur.

Ses romans les plus célèbres  ont été adaptés par Hollywood au fil des décennies : Je suis une légende (transposé en 1964, 1971 et en 2007, avec Will Smith), L'homme qui rétrécit, La maison des damnés, Le jeune homme la Mort et le Temps (retitré Quelque part dans le temps), Au-delà de nos rêves, Le jeu du bouton (devenu The Box), Steel (Real Steel)... Lui-même avait souvent été embauché comme scénariste  pour ses propres romans (L'homme qui rétrécit, 1957, qui inspira même Almodovar dans Parle avec Elle), mais pas seulement. On lui doit des films comme La Chute de la maison Usher, Le Maître du monde, Le Corbeau (de Roger Corman), et surtout Duel, le premier film de Steven Spielberg, d'après l'une de ses nouvelles. Il avait également écrit Les Chroniques martiennes, Ghost Story et surtout La quatrième dimension pour la télévision.

Il était assurément l'un des scénaristes les plus doués - Roger Corman avouait que ses scripts nécessitaient rarement des réécritures. L'Académie des films de Science-Fiction, Fantasy et Horreur lui avait décerné un prix pour l'ensemble de sa carrière cette année.

Quand Steven Soderbergh décide de tweeter une nouvelle policière…

Posté par vincy, le 5 mai 2013

Steven Soderbergh compte twitterDepuis lundi dernier, Steven Soderbergh s'initie à un nouveau métier : il publie une nouvelle sur son compte Twitter. Le New York Times en a rendu compte dans sa section livre dans un article intitulé "A Novella Emerges Tweet by Tweet" (Une nouvelle émerge tweet par tweet). L'exploration d'un nouveau médium par un cinéaste est toujours intrigante, même si la twittérature s'est banalisée depuis quelques mois...

A 50 ans, le réalisateur (Palme d'or pour Sexe, mensonges et vidéo, Oscar du meilleur réalisateur pour Traffic) avait récemment enchaîné les films (du très bon Magic Mike aux médiocres Contagion, Piégée et Effets secondaires). Il s'apprête à monter les marches cannoises pour Behind the Candelabra («Ma vie avec Liberace»), avec Michael Douglas et Matt Damon. Le film sera diffusé sur HBO aux USA (aucun distributeur n'en a voulu) le 26 mai. Soderbergh, l'an dernier, avait affirmé qu'il s'agirait de son dernier film avant très longtemps. Jeune retraité de 50 ans, il avait alors confessé qu'il voulait devenir peintre.

En attendant d'être exposé, il se lance donc dans l'écriture. Soderbergh a publié plus de 100 tweets (11 chapitres pour l'instant) : « Je vais maintenant essayer de tweeter une nouvelle intitulée "Glue" », a-t-il annoncé le 29 avril à ses quelques 9000 abonnés sur son compte Twitter @Bitchuation. Parfois cela tient en deux trois mots. les tweets sont entrecoupés de messages personnels, avec ou sans photo (il voyage actuellement en Europe).

Soderbergh nous fait donc partager un roman policier, torride et cynique. Un éventuel scénario à la deuxième personne du singulier?

Colin Firth et Michael Fassbender, l’éditeur et son génie

Posté par vincy, le 9 novembre 2012

Colin Firth et Michael Fassbender tourneront début 2014 Genius, un film réalisé par Michael Grandage, légende du théâtre britannique, et scénarisé par John Logan (Lincoln, Skyfall, Hugo Cabret, Sweeney Todd, Gladiator...).

Il s'agit de l'adaptation de Max Perkins : Editor of Genius, d'A. Scott Berg, paru en 1978.  Le film sera fidèle au livre, qui se concentrait sur la relation entre l'éditeur Max Perkins (Firth) et l'un des talents qu'il a découvert, Thomas Wolfe (Fassbender). Une liaison littéraire tumultueuse où Perkins fut un éditeur impitoyable malgré le génie de l'auteur. Ils se séparèrent professionnellement après un conflit éthique sur son troisième roman ; mais Perkins et Wolfe restèrent de très proches amis, au point que l'écrivain fit de son "découvreur" son exécuteur testamentaire.

Perkins fut aussi l'éditeur d'Hemingway et Fitzgerald. Le géant (1m99) Thomas Wolfe a peu écrit, mort prématurément à l'âge de 38 ans en 1938.  Il a cependant influencé des auteurs comme Jack Kerouac et tous ceux de la Beat generation, Ray Bradbury ou Philip Roth. Certains de ses romans ont été adaptés à la télévision.

Pierre Schoendoerffer (1928-2012) : le dernier combat

Posté par vincy, le 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer, 83 ans, est mort dans la matinée de ce mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à quelques kilomètres de Paris. Grand reporter, écrivain, cinéaste, sa carrière polymorphe est centrée sur la grande histoire : la guerre, et la décolonisation.

Témoin d'événements sanglants et violents, il a voulu les restituer avec justesse et vérité que ce soit dans l'écriture ou l'image. Observateur à distance, artiste individualiste, il était pourtant au coeur du XXe siècle.

Membre fondateur des César, académicien aux Beaux-Arts dans le collège du cinéma, récipiendaire de multiples honneurs militaires et culturels, Pierre Schoendoerffer a filmé les combattants, entre grandeur et décadence.

Cela vient de son enfance. Adorateur de Joseph Kessel, qu'il rencontrera à Hong Kong, et de Joseph Conrad, cet ancien cancre s'embarque sur un bateau suédois à la sortie de l'adolescence. Ce garçon auvergnat rêve d'aventures et de grand large. Après la Baltique, il s'engage en 1952 au service cinématographique des armées, où il fait ses débuts de caméraman en Indochine. Il apprend le cinéma en filmant la guerre durant trois ans. En 1954, il est fait prisonnier par le Viêt Minh à Diên Biên Phu, passant quatre mois en captivité. Il transcrira l'expérience de cette défaite française ça dans son film Diên Biên Phu (1992), fresque puissante et brutale.

Une fois libéré, il quitte l'armée et devient reporter photographe pour le magazine Life. 4 ans plus tard, il adapte La Passe du diable, roman de Kessel, à l'écran. Il s'agit de sa première réalisation. L'année suivante, il adapte un roman de Pierre Loti, autre romancier du voyage, avec Le pêcheur d'Islande.

Mais c'est en 1963 que Schoendoerffer se fait un nom. Il écrit La 317e section qu'il adapte deux ans plus tard pour le cinéma. Jacques Perrin et Bruno Cremer donnent corps à cette guerre d'Indochine, dans l'ombre de la seconde guerre mondiale pas si lointaine. Déjà il pose les fondations de son oeuvre : les sacrifices inutiles de la chair à canon, l'honneur de l'armée, les illusions saccagées, la dureté des combats. Ses films sont aussi documentaires que fictifs, francs et humains. Prix du scénario à Cannes, 45 ans plus tard, il s'agit toujours du film symbolique sur la guerre d'Indochine.

En 1967, il réalise un documentaire, toujours sur le Vietnam, La section Anderson, où l'on suit une troupe de soldats américain en pleine guerre. Oscar à Hollywood. Puis il y aura une longue absence au cinéma. Il écrit en 1969 L'adieu au Roi, qui sera transposé au cinéma 20 ans plus tard par John Milius, prix Interallié.

En 1976, il écrit un autre roman, Le Crabe-tambour. Grand prix du roman de l'Académie française, le livre croise les guerres de décolonisation (Indochine, Algérie). Il réalise le film un an plus tard, inspiré de la vie du Commandant Pierre Guillaume, avec Jean Rochefort, en officier austère proche de la retraite, et Claude Rich. 6 nominations aux César (dont film et réalisateur), dont trois prix : acteur (Rochefort), second-rôle masculin (Dufilho), photo.

5 ans plus tard, il filme L'honneur d'un capitaine, avec Jacques Perrin et Nicole Garcia,de nouveau un portrait de soldats, durant la Guerre d'Algérie. Toute cette filmographie a fait de Schoendoerffer une icône de l'Armée comme de l'extrême droite, rôle qu'il refusait obstinément. Lui préférait se voir en contributeur d'un récit de l'Histoire de France contemporaine, réveillant les mémoires et affrontant les sujets tabous.

La guerre et l'humanité, voilà son oeuvre. Un homme d'honneur, pudique, tourmenté, nostalgique que le goût des horizons lointains a mené à l'horreur des émotions intimes. L'homme en gros plan dans des situations extrêmes où la vie de chaque des personnages est en jeu. Un cinéma hanté, lucide, réaliste, prenant tous les risques, voulant flirter avec ses souvenirs atroces.

Loyal et fidèle, cet ancien combattant détestait les artifices et faisait l'éloge de la liberté. Sa caméra héroïsait des hommes à son image. Des individus défaits. Comme pour vouloir se prouver qu'il n'avait pas subit son calvaire indochinois en vain. Il préférait l'universalité de son propos à la récupération politique. De même sa condition d'artiste, d'artisan selon lui, sublimait son passé militaire.

En 1981, il écrit son avant-dernier roman, Là haut (le dernier date de 2003, L'aile du papillon), qui deviendra son dernier film, en 2004. Bruno Cremer, Jacques Perrin et Claude Rich retrouvent leur cinéaste d'autrefois. Il utilise d'ailleurs des images de ses précédents tournages avec ces comédiens pour des flash backs dans cette histoire qui revient en Indochine, période post-coloniale. Un film testament.