Sundance 2014 : Maggie Gyllenhaal, de Donnie Darko à Frank

Posté par vincy, le 18 janvier 2014

maggie gyllenhaal michael fassbender Domhnall Gleeson dans frank

Maggie Gyllenhaal est typiquement une comédienne qui doit beaucoup au Festival de Sundance. Avant la présentation de Donnie Darko en compétition le 19 janvier 2001, l'actrice avait surtout tourné pour son père Stephen Gyllenhaal. Quand Richard Kelly l'enrôle, avec son frère, dans son film fantastique, elle n'est qu'une jeune comédienne inconnue.

Donnie Darko ne sera pas un succès au box office et ne sera présenté dans aucun festival majeur. Mais le film devient rapidement culte : et Maggie est repérée par les studios et les critiques. Elle enchaînera les tournages dans l'année qui suit : Confessions d'un homme dangereux de George Clooney , Adaptation de Spike Jonze, 40 jours et 40 nuits de Michael Lehmann et surtout La Secrétaire de Steven Shainberg, présenté en avant-première mondiale à Sundance en 2002, et qui lui vaudra une nomination aux Golden Globes.

Depuis Gyllenhaal est devenue l'une des vedettes récurrentes du Festival. Elle y est venue pour Happy Endings de Don Roos en 2005 et SherryBaby de Laurie Collyer en 2006. Elle a même été la vedette de Honourable Woman, une minisérie coproduite par Sundance Channel avec la BBC et écrite par Hugo Blick.

Elle revient cette année avec Frank, film irlandais de Lenny Abrahamson, avec Michael Fassbender et Domhnall Gleeson. Frank est une comedie à propos d'un jeune homme qui veut devenir musicien et qui rejoint un groupe pop excentrique dirigé par le mystérieux et énigmatique Frank et sa partenaire terrifiante Clara.

DVD : Southland Tales ou le nihilisme salvateur

Posté par geoffroy, le 11 mai 2009

southland.jpgC’est un film étrange, déroutant, risqué, incompris, maîtrisé, envoûtant et proposant une vision fantasmée – ou cauchemardesque – d’une humanité courant à sa perte qui est sorti en DVD et Blu-ray le 25 mars dernier (achat sur alapage.com). Cet OVNI en celluloïd, ce Léviathan industriel crachant sa vapeur toxique, cet essai post apocalyptique d’un monde charriant sa propre décrépitude, ce maelström visuel où la contre-culture s’empale dans une bulle de poésie pure c’est Southland Tales, le dernier film de Richard Kelly, jeune prodige américain responsable d’un Donnie Darko à l’imaginaire de labyrinthe. Projeté au festival de Cannes en mai 2006 où il fut hué, remonté et amputé de vingt minutes peu de temps après, sortit dans l’indifférence coupable aux Etats-Unis fin 2007 et programmé en Europe avant d’être sans cesse repoussé, sa trajectoire, pour le moins chaotique, se termine donc dans les bacs froids de grands magasins.

Rappelons qu'Ecran Noir avait été l'un des rares magazines à défendre cette vision originale et casse-gueule, à l'époque.

Pourtant le film existe et, malgré ce triste constat, risque bien de devenir culte comme indispensable à tout bon cinéphile qui se respecte. Long-métrage lunaire aux multiples entrées, Southland Tales brasse dans un faux rythme contemplatif une série de rencontres entremêlées dans un présent d’uchronie glamour, trash, délétère, extatique mais dont le décalage subtile se prête admirablement bien à la redéfinition d’une réalité aussi factice que terriblement actuelle. Gonflé, Richard Kelly accouche d’un film hybride aux plans séquences enivrants, aux ballets improbables (voir la danse conclusive entre The Rock et Sarah Michelle Gellar), comme aux digressions psychédéliques. L’expérience visuelle vaut à elle seule le détour…

Oeuvre prophétique au sens premier du terme, elle le demeure surtout dans la manière dont le cinéaste reprend les codes du cinéma hollywoodien pour mieux les exploser en vol (scène du Zeppelin) et dire, à sa façon, le danger d’une dictature de l’image et de ses soi-disant symboles. L’inter-relation entre virtualité et réalisme s’élabore en continu dans un patchwork détonant diaboliquement contemporain qu’il faut absolument découvrir, même sur disque vidéo.