Après Venise, « Tempête » séduit le jury du Festival de Namur

Posté par vincy, le 10 octobre 2015

Le 30e Festival International du Film Francophone de Namur s’est clôturé par la cérémonie de remise des Bayards d’Or et la projection de Je suis à vous tout de suite, le premier long métrage de Baya Kasmi.

Le jury, présidé par Olivier Gourmet, a vu 15 films en compétition pour établir son palmarès.

Tempête de Samuel Collardey, qui avait déjà créé la surprise au Festival de Venise le mois dernier, a reçu le Bayard d'or du meilleur film (et le Bayard d'or du meilleur comédien).

Tempête est l'histoire de Dom, trentenaire, est matelot à bord du Petit Gaël II, un bateau de pêche du port des Sables d'Olonne qui fait des campagnes de trois semaines en haute mer. Depuis son divorce, il y a un an, sa fille Mailys et son fils Mattéo ont préféré habiter avec lui malgré ses absences. Quand Mailys tombe enceinte, Dom comprend qu'il doit choisir.

Passé par La Fémis, Samuel Collardey a travaillé pour la télévision et comme chef opérateur sur de nombreux courts métrages. En 2005, son film de fin d’études, Du soleil en hiver avait reçu le prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, le prix spécial du jury à Clermont-Ferrand et le Bayard d’or du Meilleur court métrage à Namur. Trois ans plus tard, il réalise L’Apprenti qui remporte le Prix spécial du Jury ainsi que le Bayard d’or de la Meilleure première œuvre. Le film remporte également le Prix Louis-Delluc du premier film ainsi que le Prix de la Semaine de la critique à la 65ème Mostra de Venise. Tempête, son troisième film, a été présenté en première mondiale dans la section « Orizzonti » de la dernière Mostra de Venise. Il y a remporté le prix d'interprétation dans la section Orizzonti, pour Dominique Leborne, qui joue là son propre rôle pour sa première apparition au cinéma. Le film est prévu dans les salles en février 2016.

Palmarès

Prix spécial du jury: Our City de Maria Tarantino
Mention spéciale: Welcome Home de Philippe De Pierpont
Bayard d'or du meilleur scénario: Philippe Claudel (Une enfance)
Bayard d'or de la meilleure photographie: Marius Panduru (Aferim ! de Radu Jude)
Bayard d'or de la meilleure comédienne: Loubna Abidar (Much Loved de Nabil Ayouch)
Bayard d'or du meilleur comédien: Dominique Leborne (Tempête de Samuel Collardey)

Le Jury Emile Cantillon, composé de jeunes de 18 à 25 ans, est en charge du palmarès concernant les premières œuvres de fiction présentées dans le cadre du Festival.

Bayard d’Or de la Meilleure première œuvre de fiction: A peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid
Prix Découverte: Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore
Mention spéciale: Le Nouveau de Rudi Rosenberg

D'autres prix sont remis dans le cadre du festival. Notons que le Prix du Public Long Métrage Fiction – Ville de Namur est allé au film de Rudi Rosenberg, Le nouveau, deux semaines après son prix du meilleur nouveau réalisateur à San Sebastian.

Le palmarès intégral

Le palmarès de Venise confirme la grande forme du cinéma latino-américain

Posté par vincy, le 14 septembre 2015

Le cinéma latino-américain a clairement marqué son empreinte dans le grand chelem annuel Berlin-Cannes-Venise.
A Berlin, les chiliens avaient emportés la mise: Grand prix du jury pour El Club de Pablo Larraín, prix du scénario pour Patricio Guzmán (Le bouton de nacre) et Teddy Bear pour Nasty Baby de Sebastián Silva, auxquels on ajoute un Ours d'argent Prix Alfred Bauer pour le guatémaltèque Jayro Bustamante (Ixcanul Volcano) et le prix du public dans la section Panorama pour La seconde mère de la brésilienne Anna Muylaert.
A Cannes, ce fut le prix du scénario pour le mexicain Michel Franco (Chronic), la Caméra d'or (en plus de trois autres prix à la Semaine de la critique) pour le colombien César Augusto Acevedo (La tierra y la sombra), le prix CICAE de la Quinzaine des réalisateurs pour un autre colombien, Ciro Guerra (El Abrazo de la Serpiente), le Grand prix Nespresso de la Semaine de la critique et le prix Fipresci pour l'argentin Santiago Mitre (Paulina) et enfin le prix L'oeil d'or pour le documentaire chilien Allende, mi Abuelo Allende de Marcia Tambutti.

A Venise, ça n'a pas fait exception. Un Lion d'or (Desde Alla de Lorenzo Vigas, ignoré par Cannes), un Lion d'argent du meilleur réalisateur (Pablo Trapero pour El Clan), un prix spécial du jury dans la section Orizzonti (Neon Bull de Gabriel Mascaro), soit respectivement des cinéastes venus du Venezuela, d'Argentine et du Brésil (tout le palmarès de la 72e Mostra de Venise).

Premier film, premier vénézuélien en compétition, premier Lion d'or latino-américain

Pour Venise, il s'agit d'une première. C'est la première fois qu'un film latino-américain reparte avec son prestigieux Lion d'or. On peut étendre cet exploit aux deux autres grands festival tant le "phénomène" est rare: Berlin a récompensé d'un Ours d'or un film péruvien en 2009, deux films brésiliens en 1998 et 2008 et Cannes n'a décerné sa Palme d'or à un film latino-américain qu'en 1962 (Brésil).

Le réalisateur vénézuélien Lorenzo Vigas a donc frappé fort avec son premier long métrage Desde Alla (c'était la première fois qu'un film vénézuélien était retenu dans la compétition vénitienne). Doublé avec le Lion d’argent du meilleur metteur en scène au cinéaste argentin Pablo Trapero, le palmarès du jury présidé par le mexicain Alfonso Cuaron conforte la vision d'Alberto Barbera, directeur du festival de cinéma de Venise, qui avait confié au journal Le Monde que l’Amérique latine lui semblait aujourd’hui "le continent des plus grandes promesses cinématographiques."

Aux antipodes du cinéma français: Luchini et Leborne

Pour les festivaliers, cependant, le palmarès laisse un goût amer. De nombreux favoris de la critique sont complètement absents (Rabin, The Last Day de l’Israélien Amos Gitai, Sangue Del Moi Sangue de Marco Bellochio, pourtant prix de la critique internationale, Francofonia d’Alexandre Sokourov). Et que dire de deux prix - Fabrice Luchini pour l'interprétation, Christian Vincent pour le scénario - pour un même film, certes français, L'hermine, qui paraissent disproportionnés dans un tableau d'honneur aussi restreint? Luchini comme Valeria Golino (prix d'interprétation féminine) remportent là les deux plus grands prix de leur carrière respective. Les deux Coupes Volpi viennent consacrer le talent de stars confirmées, à l'inverse du prix d'interprétation dans la section Orizzonti, qui a mis en lumière Dominique Leborne, dans son propre rôle pour sa première apparition au cinéma, entouré de sa famille, dans le film Tempête de Samuel Collardey, prévu dans les salles en février 2016.

L'audace made in USA

L'audace, et peu importe ce qu'on pensera des films, était donc du côté latino-américain, mais pas seulement. En récoltant le Grand prix du jury, Anomalisa de Charlie Kaufman et Duke Johnson, un dessin animé "houellebecquien" réalisé en stop-motion, se déroulant une nuit dans un grand hôtel, le cinéma américain a prouvé une fois de plus sa capacité d'inventivité. Ici, le personnage principal est dépressif, terriblement seul, dégoûté de lui-même et révulsé par le monde capitaliste qui l'entoure. Il faut ajouter le double prix pour Brady Corbet et son premier long métrage The Childhood of a Leader. Sélectionné dans la section Orizzonti, le film, avec Robert Pattinson, Stacy Martin, Liam Cunningham et Berenice Bejo, a gagné le Prix Luigi de Laurentis (l'équivalent de la Caméra d'or) et le prix de la mise en scène Orizzonti. Brady Corbet, jeune acteur remarqué dans Sils Maria, Eden, Snow Therapy et Saint Laurent, s'est librement inspiré d'une nouvelle de Jean-Paul Sartre, Le mur.

Pas de doute, sur la lagune cette année, c'était à l'Ouest qu'il y avait du nouveau.