Dinard 2012 : Astérix et Obélix au service de Sa Majesté en avant-première

Posté par kristofy, le 7 octobre 2012

C’est le 4ème film (hors animation) avec les personnages de Goscinny et Uderzo, c’est le 3ème acteur a porter le costume de Astérix, c’est l’adaptation de 2 albums de bande-dessinée en même temps, et c’est la 1ère fois que la gaulois castagne en 3D… L’avant-première de Astérix et Obélix au service de Sa Majesté réalisé par Laurent Tirard était un des évènements de ce 23ème Festival du film britannique de Dinard, avec la présence de Guillaume Gallienne, alias Joritorax, et Valérie Lemercier. Les enfants ont rigolé durant la projection. Mais les adultes ne faisaient que sourire devant ce devoir appliqué de Laurent Tirard.

Les différences entre bande-dessinée et film :

Si le premier film de Claude Zidi montrait le meilleur mimétisme possible entre les acteurs et les dessins de Albert Uderzo, celui-ci est peut-être la transposition la plus fidèle des scénarios de René Goscinny, même si l’histoire mélange  Astérix chez les Bretons et Astérix chez les Normands. A noter que les deux, séparément, ont fait l'objet d'une adaptation en film d'animation. La liaison entre ces deux aventures est tout de même un peu artificielle : César demande le renfort des normands…mais ensuite, il n’y aura pas un seul contact entre ceux-ci et les romains. Pour le reste Astérix et Obélix au service de Sa Majesté est fidèle à presque tous les rebondissements des albums avec Jolitorax l’émissaire breton qui fait venir les gaulois pour leur "magique potion" et les normands qui veulent découvrir la peur en capturant le jeune Goudurix (Vincent Lacoste) pour apprendre la peur. Certains personnages sont cette fois totalement absent : le druide Panoramix, le barde Assurancetourix. La façon de parler des anglais et le flegme britannique à toute épreuve ainsi que leurs manières courtoises qui font l’humour de la BD se retrouvent bien transposées dans le film. Obélix-Gérard Depardieu et le nouvel Astérix-Edouard Baer forme un duo tout à fait convaincant même s'il n'est pas très fidèle à l’esprit de la BD : le premier est plus stupide et le second est moins héroïque.

Un casting all-stars :

Comme pour les précédents films, c’est le bottin mondain du cinéma français qui se retrouve au générique avec cette fois Catherine Deneuve et Fabrice Luchini (qui ne se croisent jamais), Vincent Lacoste, Dany Boon, Bouli Lanners, la surprise Atmen Kelif et aussi Charlotte Le Bon qui est l’atout charme du film (ex miss météo qu’on verra beaucoup en 2013 chez Clément Michel et chez Michel Gondry). On y remarque dans certaines séquences quelques guests célèbres comme Jean Rochefort et Gérard Jugnot (pas rancunier après l’annulation de son projet de réaliser le troisième film Astérix en Espagne), et d’autres encore qui se montrent pour dire à peine deux répliques comme Nader Boussandel. A noter qu’il s’agit de la dernière apparition au cinéma de l’acteur Michel Duchaussoy (dans le furtif rôle du chef Abraracourcix) avant son décès. Après Jamel et Gérard Darmon dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre et Benoît Poelvoorde dans Astérix aux Jeux olympiques, deux autres personnages principaux deviennent les moteurs à gags : Guillaume Gallienne et Valérie Lemercier avec leur savoureux accent british. Une case de la BD avec les Beatles a inspiré le générique de fin chanté par les BB Brunes. On regrettera qu'aucun acteur anglais ne fasse parti de la distribution. Le cinéma européen ce n'est pas pour maintenant.

Les nouveaux gags :

L’opus le plus drôle venait de l’humour spécifique d'Alain Chabat et de Jamel ; ici le scénario s’inspire de l’actualité la plus récente et joue aussi avec la parodie de d’autres films célèbres. On y voit des clins d’œil à Kill Bill, Star Wars et Orange Mécanique ! Plusieurs dialogues font écho à la politique sous la présidence Sarkozy avec notamment des dépenses excessives et "bling-bling" reprochées par le Sénat et la chasse aux clandestins (des sans papyrus) qui traversent la Manche. Côté gaulois on ironise sur les cheveux coiffés avec effet décoiffé, et côté breton on pourra remarquer les courbes des fesses de Pippa Middleton... La plus grande nouveauté est de s’amuser avec le sujet adulte de la sexualité. On y évoque le couple homosexuel (Astérix et Obélix sont deux hommes qui vivent ensemble avec un petit chien…), Astérix se met à draguer dans un bar, et César organise des orgies pour ses sénateurs. Sans compter le dépucelage électrique et tactile d'Obélix. Les enfants qui sont aussi le public-cible du film essaieront de comprendre ce que signifie une "orgie à emporter"… Ces différents nouveaux gags qui sont dans l’air du temps ne se substituent pas pour autant à la ligne directrice qui guide l’humour de ce film : nos personnages en provenance de la Gaule découvrent tout le charme de l’excentricité des Bretons. "To be a gentilhomme or not to be, that is the question". Reste que le film est l'une des cartouches principales pour résister à le véritable espion de sa majesté, James Bond, qui sort sur les écrans le 26 octobre, une semaine après l'arrivée d'Astérix et Obélix au service de Sa Majesté sur nos "gaulois écrans" le 17 octobre.

Dinard 2012 : Rencontre avec les deux acteurs de Good Vibrations, primé pour son scénario

Posté par kristofy, le 7 octobre 2012

Avec le film ill Manors de Ben Drew, l’autre sensation de la compétition du 23e Festival du film britannique de Dinard s'appelle Good Vibrations, second film du duo Glenn Leyburn et Lisa Barros D’Sa, qui a reçu le prix du scénario hier soir. On se retrouve dans le trouble des années 70 à Belfast : beaucoup d’irlandais auparavant gauchistes ou pacifiques prennent alors les armes pour se faire la guerre. Un homme avec peu d’argent et beaucoup de motivations décident d’ouvrir un magasin de disques sur l’avenue la plus bombardée de la ville, il veut faire partager son amour pour la musique et en particulier la country, le folk, et le reggae. Mais la révélation viendra avec le punk. Il veut vendre le disque d'un groupe local qu'il apprécie mais le groupe n’en n’a jamais enregistré… Cet homme va lui-même les emmener dans un studio et produire leur enregistrement : "il faut que tout le monde les entendent ! "

Vrai-faux biopic

Good Vibrations est presque un biopic ; son histoire est inspirée par Terri Hooley qui a contribué à faire émerger et se développer le mouvement punk à Belfast : depuis son magasin  il a ensuite fait enregistrer plusieurs groupes pour démarcher des maisons de disques qui rejettaient le punk. Du coup, il les distribuait lui-même, avec un van,organisait des concerts où quasiment personne ne venait... au début. Guidé par sa passion Terri Hooley va en même temps accumuler des dettes et risquer de mettre en péril son mariage. Pour cet idéaliste "les punks ne sont pas le problème, ils sont la solution ". L’époque change et le mouvement punk commence à s’étendre, un jour le dj-star de la radio BBC John Peel va passer à l’antenne un de ses disques et la gloire commence à arriver…Terri Hooley a fait connaître le punk nord irlandais avec Rudi, The Outcasts, The Undertones

Sur le thème de la musique adoucit les mœurs, ici le punk résonne comme un mouvement alternatif à la guerre. Le film parvient subtilement à doser humour et séquence musicale, et surtout, il délivre une énergie communicative digne des meilleurs feel-good movies.

Entretien avec Richard Dormer et Jodie Whittaker

Les deux acteurs principaux sont venus à Dinard, Richard Dormer et la craquante Jodie Whittaker (déjà connue par Attack the block) ; l’occasion de les rencontrer en tête à tête :

Ecran Noir : Jouer le le rôle d’une légende vivante comme Terri Hooley n'est-ce pas plus difficile?

Richard Dormer : Dans un certain sens, c’est plus facile en fait, car après l’avoir vu, ça donne la direction vers laquelle aller, on peut lui parler. La rencontre avec d’autres gens qui l’ont connu apporte aussi d’autres éléments sur sa façon de se comporter. J’avais une vue d’ensemble de l’homme qui était Terri Hooley, je ne partais pas de rien pour devenir lui à l’écran. C’est intéressant de s’approprier certains gestes et certaines intonations de voix tout en y apportant mon expérience de comédien.

Jodie Whittaker : Moi comme je joue sa femme, c’était aussi plus facile. Même si elle a une place très importante dans la vie de Terri Hooley, ce n’est pas cette personne qui est le sujet du film. Le scénario était vraiment fantastique parce qu'il donnait déjà des indices sur l’énergie de cette femme sur plusieurs traits de son caractère. J’ai pu proposer beaucoup de choses, j’avais plus de liberté par rapport à la façon de jouer ce personnage.

EN : Une réplique dit que "à New-York ils ont les coiffures, à Londres ils ont les pantalons, mais c’est Belfast qui est vraiment punk", Good Vibrations c’est LE film sur le mouvement punk ?

Richard Dormer : Oh certainement oui ! Mais c’est vrai qu’on n’a pas vu beaucoup de films sur ce thème. Est-ce qu’il existe d’autres films punk ?

Jodie Whittaker : Il y a Sid et Nancy, mais c’est à peu près tout.

Richard Dormer : Gary Oldman est très bon d’ailleurs en Sid Vicious.

Jodie Whittaker : D’une certaine façon Sid et Nancy c’est plus sur leur relation entre eux deux comme couple, mais ce n’est peut-être pas vraiment un film sur le punk d’ailleurs.

EN : Good Vibrations montre l’émergence du punk dans un contexte de réaction à la guerre civile en Irlande entre catholiques et protestants, et peu à peu on oublie presque cette guerre pour suivre que la musique…

Richard Dormer : Tout à fait, ça commence avec la guerre entre irlandais, mais le réalisateur ne voulait pas s’appesantir dessus. Ces combats entre ceux du nord et ceux du sud ont duré plusieurs dizaines d’années, c’est devenu malheureusement comme un cadre de vie. La guerre civile n’est pas vue comme quelque chose qui détruit la vie des gens même si on voit que ça les perturbe, les gens vivaient avec ça. Et il y a eu des jeunes pour dire "Non", ces jeunes qui malgré la guerre ont voulu suivre leurs rêves et faire ce qu’ils avaient envie de faire. Ne pas laisser la guerre t’arrêter et fais ce que tu veux, c’est cet esprit qui anime Terri Hooley toute sa vie et aussi ces jeunes groupes de punk-rock. Ces jeunes voulaient jouer leur musique et Terri Hooley voulait que tout le monde les écoute.

EN : Ici à Dinard il y a beaucoup de films où la musique est très présente, le punk dans Good Vibrations, le rap dans ill Manors, beaucoup de David Bowie dans Hunky Dory, la musique devient un élément de plus en plus important dans l’histoire racontée ?

Richard Dormer : Je ne sais pas si c’est un genre de tendance, mais si c’est le cas, on ne l’a pas du tout suivie. Le film Good Vibrations était en développement depuis quasiment dix ans. C’est juste une coïncidence je pense.

EN : Le slogan "punk is not dead" est encore d’actualité aujourd’hui ?

Richard Dormer : Si on voit le punk comme une autre manière de penser, c’est presque révolutionnaire. Le punk c’est remettre les choses établies en question, à la fois l’autorité et l’hypocrisie, c’est une affirmation de liberté.

Jodie Whittaker : Lui il est punk !

EN : Dans votre playlist quels sont vos cinq musiciens préférés ?

Jodie Whittaker : alors d’abord en n°1 Coldplay, je suis fan de Coldplay, n°2 Arcade Fire, n°3 The Tallest man on Earth, ils sont fabuleux, n°4 The White Buffalo, et en n°5 peut-être James Taylor ?

Richard Dormer : James Taylor ? vraiment ?

Jodie Whittaker : et toi ?

Richard Dormer : J’aime Coldplay aussi, Tom Waits, Cat Stevens, Snow Patrol, d’ailleurs trois des membres du groupe sont co-producteurs de ce film Good Vibrations, et voyons…

Jodie Whittaker : Rihanna !

Richard Dormer : hahaha, voyons, j’ai dit Tom Waits déjà…

Jodie Whittaker : Elliott Smith ? Elbow ?

Richard Dormer : oui, Elbow ! On a beaucoup écouté Elbow sur le tournage de ce film, ils sont très populaires en Angleterre.

EN : Good Vibrations n’a pas encore de distributeur en France, il sort quand en Angleterre ?

Jodie Whittaker : Chez nous la sortie est prévue pour janvier 2013, peut-être qu’il faudra encore attendre pour la France. Le film tourne pour le moment dans différents festivals comme ici à Dinard, celui de Belfast, celui de Karlovy-Vary, il sera au festival de Londres dans deux semaines.

Richard Dormer : Pour l’instant on a que de bons échos de ceux qui l’ont vu, il y a une good vibe avec Good Vibrations !

Dinard 2012 : Au palmarès, Shadow Dancer fait de l’ombre à ses concurrents

Posté par vincy, le 6 octobre 2012

On attendait le fantastique Ill Manors, de Ben Drew. C'est Shadow Dancer de James Marsh qui repartira du 23e Festival du film britannique de Dinard avec le Hitchcock d'or (prix du jury) et le prix du public. Le film, qui réunit Clive Owen, Andrea Riseborough, Gillian Anderson, Aidan Gillen et Domhnall Gleeson, a donc fait consensus. Ce qui est assez logique tant le film est finalement assez consensuel, même s'il n'est ni prévisible, ni formaté.

Shadow dancer est une histoire d'espionnage au moment où le gouvernement britannique tente de signer un accord de paix avec l'IRA en Irlande du nord. Une jeune femme se voit contrainte de jouer les indics pour le MI-5, alors que ses frères sont des membres actifs de l'organisation terroriste. Le film se distingue d'une part avec son esthétique, d'autre part avec son scénario. Cette jeune femme (Andrea Riseborough) qui doit jouer les agents doubles est une tache de couleur rouge (la couleur de son imperméable) dans une atmosphère fascinante, terne et pluvieuse. Les tensions et rebondissements, les trahisons et révélations ponctuent le film comme autant de pistes qui se brouillent pour attendre l'ultime plan et comprendre (ou pas) l'enjeu initial. C'est parfois confus (la fin ouvre la voie à deux interprétations) mais suffisamment bien maîtrisé pour nous interpeller du début à la fin.

Le film avait fait son avant-première mondiale au Festival de Sundance avant d'être présenté à celui de Berlin cet hiver. A celui d'Edimbourgh, Andrea Riseborough et Brid Brennan, qui joue sa mère, ont remporté le prix d'interprétation féminine. Il sortira le 2 janvier 2013 sur les écrans français.

Ill Manors, bien plus audacieux et brillant, repart avec le prix de la meilleure photo et le prix "coup de coeur", décerné par l'association La règle du jeu et lui permettant d'être diffusé dans 40 salles du Grand Ouest.

Good Vibrations de Lisa Barros D'Sa & Glenn Leyburn reçoit le prix du meilleur scénario.

Dinard 2012 : les belles échappées de Marjane Satrapi

Posté par vincy, le 6 octobre 2012

Membre du jury du Festival du film Britannique de Dinard cette année, la touche-à-tout Marjane Satrapi savoure cette pause bretonne avant une année 2013 chargée.

Elle vient de boucler son troisième long-métrage, mais le premier qu'elle réalise en solo : La bande de jotas. Tourné en douze jours dans le sud de l'Espagne avec une équipe réduite de cinq personnes, elle a imaginé ce délire - tuer des gens sous prétexte que leur prénom commence par une jota - sans vraiment penser à le sortir en salles. "Je dans, je chante, je joue. J'ai même filmé mon mari en slip" explique-t-elle. L'idée n'était pas forcément de le sortir en salles. "Si c'était réussi, j'étais prête à le montrer à mes copains lors d'une projection spéciale". Mais voilà, un distributeur a aimé le projet. Urban distribution compte le sortir sur dix à quinze copies. Et l'auteure de Persépolis avoue désormais vouloir faire une série de films avec cette bande au fil des années qui passent. "Je suis fumeuse, je bois, il me reste quoi, trente ans à vivre. Un projet me prend trois ans..." La voici donc avide de profiter de son autonomie. Le film lui a coûté 40 000 euros, dont la moitié en production. "Je préfère mettre mon épargne dans un film que dans des vêtements, une maison de vacances ou ce genre de choses". Cette "chef d'entreprise", tel qu'elle se voit, un peu "communiste" au fond, a financé ce projet dans un esprit de coopérative : "je voulais une liberté totale". Elle s'est donnée les moyens de s'affranchir du qu'en dira-t-on et s'amuse à être là où on ne l'attend pas. Aucune BD en perspective et d'ailleurs, étrangement, même la belle affiche du film, stylisée, qu'elle nous montre sur son iPhone a été dessinée par son compositeur. Son talent graphique s'exprime autrement ces temps-ci.

Marjane Satrapi peint le matin. Elle prépare sa première exposition, qui débutera le 29 janvier à la galerie Jérôme de Noirmont (Paris 8e). L'après-midi, elle travaille sur son quatrième film, The Voices. Une commande américaine à partir d'un scénario de Michael Perry (Paranormal Activity 2). Une histoire de psychopathe qu'elle devrait tourner en avril prochain. "C'est un scénario irrévérencieux, pas moraliste" explique-t-elle. L'irrévérence, c'est ce qu'elle aime dans le cinéma britannique : "ils ont inventé le punk, les Monty Python, la pop..." C'est une des raisons  pour laquelle elle est ici, à Dinard.

L'autre raison c'est la curiosité. "C'est bien de découvrir, de rencontrer des films, des gens qu'on n'aurait jamais vu. Même les mauvais films nous apprennent des choses" nous confie-t-elle. Marjane Satrapi aime être dans les jurys. "Ce n'est pas pour le bel hôtel, ou parce qu'on m'offre du foie gras. J'ai les moyens d'aller dans ces hôtels et de l'offrir du foie gras". Et le cinéma anglais lui parle, qu'il soit drôle comme Joyeuses funérailles ou social. Fan d'Aki Kaurismaki, elle l'est aussi de Ken Loach. "Ce sont les deux seuls qui font un cinéma social où ce n'est pas un bourgeois qui regarde les pauvres dans un zoo. Ils font un cinéma humain, pas misérabiliste."

Avec un emploi du temps chargé, des projets plein la tête, un enthousiasme communicateur, un humour aussi franc qu'incorrect, Satrapi a un moteur qui tourne à l'envie. La vie est courte : il faut la remplir.

Dinard 2012 : Riz Ahmed et le rappeur Plan B, deux nouvelles faces du cinéma britannique

Posté par vincy, le 5 octobre 2012

Premier choc du Festival du film britannique de Dinard, Ill Manors, de Ben Drew, alias Plan B. Avec neuf acteurs principaux au générique, et autant d'histoires individuelles qui se mélangent pour dessiner le portrait d'un quartier malfamé de Londres, à l'écart de la flamboyante ville olympique et de la City financière, Ill Manors a reçu des applaudissements nourris de la part du public et semble avoir enthousiasmé le jury.

Le film devrait sortir au premier trimestre 2013 en France. Un premier long métrage qui flirte du côté de Danny Boyle, Guy Ritchie et consorts pour les effets et le sujet. Ben Drew a fait fort dès son premier passage au cinéma, au point qu'on est légitimement en droit de se demander s'il n'a pas tout balancé pour cet essai brillant et de s'inquiéter pour le suivant. Ce rappeur, auteur, chanteur, acteur (Adulthood, Harry Brown, The Sweeney) a grandit dans les quartiers Est de Londres. Avec son hit "She Said" et son album "The Defamation of Strickand Banks", il a conquis les charts en 2010. Il a reçu plus de 16 prix à date dans différentes cérémonies musicales. Dans Ill Manors, le rap est omniprésent, tout comme un langage très slammé. Mais ici les chansons n'illustrent pas des séquences, elles sont les séquences. Avec le texte, et le rythme emballant, elles racontent la vie des personnages en deux trois minutes, façon flash back accéléré. C'est une des astuces de la narration, inspirée et créative, du film.

Film conceptuel ou presque, Ben Drew avait également sorti le premier single en mars dernier (vidéo clip). Son film est en effet accompagné d'un album éponyme sorti en juin (écoutez-le sur Deezer). Deux singles ont déjà suivi. Une tournée est en cours...

Au milieu d'un casting impeccable, se détache la figure de Riz Ahmed. Pas que son rôle soit plus prépondérant que les autres, mais son personnage a une dignité et une éthique que ses camarades ou rivaux n'ont pas. Il est la petite lueur qui brille dans ce monde de noirceur et de violence, avec ses rites sauvages et ses règles codées.

Riz Ahmed est l'un des talents les plus prometteurs du cinéma britannique actuellement. A 30 ans, cet anglo-pakistanais a le vent en poupe. C'est Michael Winterbottom qui lui offre son premier rôle dans The Road to Guantanamo en 2006. Il alterne la scène avec le petit et le grand écran. Nommé en 2008 comme meilleur acteur aux British Independent Films Awards pour son personnage de dealer de drogue dans Shifty, il enchaîne avec les films de Sally Potter (Rage), Jean-Jacques Annaud (Or noir), une comédie avec des terroristes (Four Lions), retrouve Winterbottom (Trishna) et obtient le rôle principal de The Reluctant Fundamentalist, de Mira Nair, qui a fait l'ouverture du Festival de Venise cette année.

Comme Plan B, Ahmed fait aussi de la musique, sous le nom de Riz MC. Il a sorti son premier album l'an dernier, "MICroscope", après de multiples singles. L'un d'entre eux, "Shifty", était la chanson du générique du film du même nom qui lui avait valu d'être reconnu par la profession. Il s'agissait d'un trio avec Sway et... Plan B.

Dinard 2012 : The so britiiiiiiiiish Festival is « ouvert »

Posté par kristofy, le 5 octobre 2012

patrick bruel copyright ecran noirLe 23ème Festival Britannique de Dinard déroule une nouvelle fois le tapis rouge vers son Palais, refait à neuf, à la crème du cinéma d’outre-Manche. Les organisateurs Sylvie Mallet et Hussam Hindi notent cette année que la tendance va vers un peu moins de noirceur : « Les réalisateurs délaissent la guerre, la crise et le chômage pour se consacrer au pur cinéma et aux films de genre. Comme une envie de tourner la page des années 2000, on pense à demain, il y a une volonté que les choses soient mieux que hier ».

La cérémonie d'ouverture, un peu longue, parfois drôle, très décalée, parfois pas du tout calée, a permit à la Maire de Dinard de faire un discours surréaliste sur le cinéma. Et au présentateur, Mister Rose, et ses rosettes, de s'amuser sur scène. Il fallait bien cette frivolité pour nous faire digérer le film d'ouverture gallois, Hunky Dory, patchwork invertébré et complaisamment mélancolique, sauvé par les acteurs et les musiques de David Bowie. Hussam Hindi voulait, à l'origine faire un focus sur le cinéma gallois. Il a, de manière politiquement incorrecte, avoué qu'il n'y avait pas de bons films gallois, hormis celui-ci. On imagine le niveau des autres...

Cette année le jury est présidé par Patrick Bruel (à part le maître de cérémonie, personne n'a osé lui faire "Patriiiiick!"), entouré de plusieurs acteurs, réalisateurs, scènaristes, producteurs : Marjane Satrapi, Maria de Meideiros, Raza Jaffrey, Célia Imrie, Adrian Hodges, Jérémie Elkaïm (absent hier soir), Stephen Dillane, Josée Dayan, Catherine Corsini et Cyril Colbeau-Justin (voir également actualité du 31 août). A eux de départager les 6 films en compétition pour le Hitchcock d’or, après Tyrannosaur de Paddy Considine l’année dernière.

Dinard célèbre en même temps plusieurs anniversaires à travers des évènements. Il s’agit des 50 ans de l’espion au service de sa Majesté, avec l’occasion de revoir les différents visages de l’agent 007 de James Bond contre docteur No à Casino Royale. Le premier film avec James Bond était sorti le 5 octobre 1962, et ce 5 octobre 2012 c’est le Bond Day : à Dinard ce soir et dans plusieurs cinéma à travers le monde sera projeté le documentaire Everything or Nothing, the untold story of 007 de Stevan Riley.

Cette année c’est aussi le 200ème anniversaire de la naissance de Charles Dickens, un des écrivains les plus célèbre du Royaume-Uni, et pour l’occasion plusieurs courts-métrages, documentaires et films inspirés de ses romans sont à Dinard, dont ceux de Roman Polanski, Carol Reed ou David Lean.

Les classiques seront revisités, comme par exemple la version restaurée de Tell me lies de Peter Brook, récompensé à Venise en 1968 mais jamais sorti en France.

Dinard rend hommage rendus à l’acteur Tom Courtenay, qui a traversé Docteur Jivago de David Lean en 1946, La solitude du coureur de fond de Tony Richardson en 1962 (il y a 50 ans aussi), L’habilleur de Peter Yates en 1983… Depuis il a été anobli par la reine pour services rendus à l’industrie du cinéma et du théâtre. Présent sur scène jeudi soir, Sir Tom Courtenay est aussi à Dinard pour une master-class avec le public lors de laquelle il est revenu sur son passionnant parcours et aussi sur le mouvement du ‘free cinema’ britannique.

Dinard 2012 : aujourd’hui c’est la Journée mondiale de James Bond

Posté par geoffroy, le 5 octobre 2012

A Dinard, on entend l'hymne de 007 partout : sur la plage, dans le blind test, à la cérémonie d'ouverture. C'est logique. Le Festival du film britannique célèbre comme il se doit le plus célèbre héros du cinéma "british", le plus profitable aussi. Une série d'événements dans le monde accompagne ses 50 ans de cinéma. C'est aujourd'hui.

James Bond, alias 007, célèbre agent secret au service de sa Majesté créé par l’écrivain Ian Fleming, voit officiellement le jour en 1953 suite à la publication du roman Espions, faites vos jeux (Casino Royal). Neuf ans plus tard, le cinéma s’empare du personnage et sort sur les écrans du monde entier James Bond contre Dr No avec Sean Connery dans le rôle-titre. Nous sommes le 5 octobre 1962. Le succès, immédiat, scelle le destin du personnage en l’inscrivant dans le cadre d’une franchise aussi lucrative qu'indémodable avec pas moins de 23 longs-métrages produits en 50 ans (en prenant en compte le dernier opus à sortir, Skyfall). Un record de longévité.

Afin de célébrer comme il se doit la date anniversaire des 50 ans d’une saga mythique qui aura vu se succéder au fil des ans six acteurs différents (Sean Connery, George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et Daniel Craig), des James Bond Girls de tous les continents aux charmes redoutables, des génériques inventifs et des méchants plus mégalos les uns que les autres, les producteurs, dont les studios historiques EON Production et MGM, ont proclamé le vendredi 5 octobre 2012 « Journée Mondiale de James Bond ».

Outre la sortie en France depuis le 26 septembre d’un coffret collector baptisé Bond 50 réunissant pour la première fois les 22 longs-métrages de la saga sur support Blu-ray avec près de 130h de bonus, une enquête est en cours pour déterminer le film de James Bond préféré dans chaque pays. Alors que la maison anglaise Christie’s organise du 28 septembre au 8 octobre 2012 une vente aux enchères en ligne d’objets issus de la saga (les bénéfices de cette vente seront reversés à 12 organisations de bienfaisances), une exposition d’objets cultes « Designing 007, 50 years of James Bond Style » ouvrira à la fin du mois à Toronto après être passée à Londres au centre Barbican.

Surtout, un documentaire, réalisé par Steven Riley, Everything or Nothing : the Untold Story of 007, sera diffusé lors de cette journée et racontera les coulisses de la franchise depuis 1962 jusqu’à nos jours à travers le pari de trois hommes (les producteurs Albert R. Broccoli et Harry Saltzman, l’écrivain Ian Fleming). Il est projeté à Dinard en début de soirée.

Au centre de maints événements depuis le début de l’année, cette date anniversaire servira, à n’en pas douter, de rampe de lancement au 23ème opus de la franchise, Skyfall, réalisé par Sam Mendès et incarné par le toujours fringuant Daniel Craig. Porté par la chanson éponyme Skyfall interprétée par la voix chaude de l’anglaise Adele, le film sortira chez nous le vendredi 26 octobre (et non comme habituellement un mercredi) et un peu partout dans le monde jusqu’au 9 novembre, date de sortie aux USA.

Dinard 2012 : Astérix et James Bond au menu de la 23e édition

Posté par vincy, le 31 août 2012

Le Festival du Film Britannique de Dinard célèbre sa 23e édition du festival du 3 au 7 octobre. 6 films en compétition, 14 avant-premières et James Bond en guest-star au menu. Et Astérix. Edition mythologique puisque l'avant-première d'Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté de Laurent Tirard, en présence de Valérie Lemercier et Guillaume Gallienne, se fera logiquement à deux pas du village gaulois avec un film qui met les Anglais en vedette.

Cette année, le jury sera présidé par Patrick Bruel. Le casino Lucien Barrière de Dinard peut déjà réserver ses tables de poker. Il sera entouré de la réalisatrice Gurinder Chadha (Joue-la comme Beckham), du producteur Cyril Colbeau-Justin (Cloclo), de la réalisatrice Catherine Corsini (Partir), de la réalisatrice et productrice de télévision Josée Dayan , des comédiens britanniques Stephen Dillane (The Hours), Celia Imrie (Indian Palace) et Raza Jaffrey (The Cape), de la réalisatrice et actrice Maria de Medeiros (Pulp Fiction) et la dessinatrice, auteure et réalisatrice Marjane Satrapi (Poulet aux prunes, Persépolis). Un dernier membre du jury reste à être confirmé.

Nouveauté cette année, Dinard crée une section télévision avec une nouvelle section non compétitive, "UK-TV".

Et puis les hommages pleuvront sur la Bretagne : un Focus sur l'acteur Tom Courtenay (La solitude du coureur de fond, Docteur Jivago) ; une rétrospective "Dickens au cinéma" à l’occasion du bicentenaire de sa naissance (Les grandes espérances, Oliver Twist (de Lean comme de Polanski), Oliver !, le documentaire Dickens on Film et un programme de trois courts métrages) ; un hommage à John Schlesinger (A Kind of Loving, Billy Liar, Darling). Deux chefs d'oeuvres restaurés seront à redécouvrir : The Lodger, film muet d'Alfred Hitchcock et Tell Me Lies de Peter Brook. Et puis surtout, 007.

Le Festival fêtera en effet les 50 ans de James Bond au cinéma. En avant-première mondiale, Everything or Nothing: The Untold Story of 007 de Stevan Riley, documentaire autour des batailles et des enjeux autour des producteurs et de l'auteur, Ian Fleming, sera projeté en avant-première le 5 octobre, 50 ans jour pour jour après la première projection de James Bond contre Dr No. Une séance J’écoute le cinéma sera dédiée à l'espion de sa majesté. Et quelques films de la franchise seront projetés. Le prochain James Bond, Skyfall sera dans les salles le 26 octobre.

Côté compétition, six films coucourront pour le Hitchcock d'or. Il en reste un à sélectionner.

The Comedian de Tom Shkolnik ; Good Vibrations de Lisa Barros D’Sa & Glenn Leyburn ; Ill Manors de Ben Drew ; Live East, Die Young de Laura Hypponen et Shadow Dancer de James Marsh (avec Clive Owen), déjà présenté à Sundance et Berlin.

Par ailleurs, quatorze avant-premières sont annoncées :
- Berberian Sound Studio de Peter Strickland
- Borrowed Time de Jules Bishop
- Dead but Not Buried de Phil Mulloy
- Four Horsemen de Ross Ashcroft
- Hitch de Stéphane Boulan et Alain Riou
- Hunky Dory de Marc Evans
- I, Anna de Barnaby Southcombe
- Life in a Day de Kevin Macdonald
- Louyre de Andrew Kötting
- Me and Me Dad de Katrine Boorman
- Now is Good de Ol Parker
- Papadopoulos and Sons de Marcus Markou
- The Scapegoat de Charles Sturridge
- Sightseers de Ben Wheatley

Enfin le Festival continue ses autres activités : L’atelier de scénario franco-britannique ; La compétition NFTS / FEMIS ; une exposition de photographies de Kate Barry à Ze Art Galerie ; une Table ronde : « Du scénario à la salle de cinéma : l’aventure d’un film » ; et un Ciné-concert NEIRDA & Z3RO autour du Prisonnier.