Cannes 2019: Qui est Monia Chokri ?

Posté par vincy, le 15 mai 2019

A bientôt 36 ans, la québécoise Monia Chokri va goûter les saveurs du Palais des festivals avec son premier long métrage en tant que réalisatrice, La femme de mon frère, qui ouvre aujourd'hui la section Un Certain regard.

Cannes, elle connaît. Elle y est venue plusieurs fois en tant qu’actrice pour Denys Arcand (L’âge des ténèbres) mais surtout pour Xavier Dolan (Les amours imaginaires, Laurence Anyways). Dans Les amours imaginaires, elle était Marie, partagée entre deux hommes, Dolan et Niels Schneider, dans ce trio amoureux. C’est ainsi qu’on la remarque.  Avec Laurence Anyways, elle franchit un cap en étant nommée aux Jutra en tant que meilleur second-rôle féminin.

Formée au conservatoire de Montréal puis au théâtre, la comédienne est rapidement repérée. On la croise en France chez Claire Simon (Gare du nord), Katell Quillévéré (Réparer les vivants), Morgan Simon (Compte tes blessures).

Elle était aussi à l'affiche de Je suis à toi du belge David Lambert, encore un trio amoureux qui se déjoue du genre. puisque Lucas (Nahuel Pérez Biscayart), un prostitué argentin vient travailler comme apprenti dans une petite boulangerie de Belgique. Le patron tombe amoureux de lui, alors que Lucas ne pense qu'à la vendeuse. Le film a été deux fois récompensé à Angoulême.

A cette filmographie libre et vagabonde, elle réplique: "Je pense surtout qu'on attire les gens qui nous ressemblent. Avec Xavier Dolan, on a des goûts communs, de fortes affinités. Ma filmographie, c'est donc un semi hasard, et un semi choix de ma part."

Pourtant, c’est son  premier court-métrage, il y a six ans, qui va la distinguer. Quelqu’un d’extraordinaire, avec une autre fidèle du clan Dolan, Anne Dorval, fait le tour du monde des festivals. Il glane plusieurs prix importants : le Jutra du meilleur court métrage au Québec, le prix jeunesse du meilleur court métrage à Locarno, le Grand prix du court métrage au festival du Nouveau cinéma à Montréal et le Grand prix du jury au festival d’Austin, le très hype SXSW. Cet étrange film est une histoire hivernale où l’on suit la reconstruction d’une jeune femme poussée à régler ses comptes avec son entourage, avec quelques digressions assez comiques.

Pour elle, "Raconter ou interpréter une histoire, c'est un peu le même métier, mais on a une prise différente sur la narration." Elle affirme que ce qui l'intéresse "c'est de créer. Quel qu'en soit le moyen." En voulant valoriser les rôles de femmes dans ce milieu encore trop masculin. "Il est temps que les femmes, elles aussi, racontent le monde et racontent les autres femmes. Avec, peut-être, un peu plus d'acuité et de vérité" explique-t-elle.

Pour son long métrage, tourné entre février et juin 2018 et concourant pour la Caméra d’or, c’est encore une relation tortueuse qui sera au centre d’un duo fusionnel entre une sœur et son frère, perturbés par l’arrivée d’une femme.

Cannes 2015: Carte postale du Canada

Posté par vincy, le 19 mai 2015

L'an dernier, le Canada était représenté par trois films en compétition au festival de Cannes: Cronenberg (qui a ramené un prix d'interprétation féminine), Egoyan et Dolan (qui est reparti avec un prix du jury). Trois des grandes figures cannoises de ces vingt dernières années. David Cronenberg avait soulevé les passions avec Crash, Atom Agoyan avait frôlé la Palme avec De Beaux lendemains (Grand prix du jury tout de même) et Xavier Dolan est né sur la Croisette (côté Quinzaine des réalisateurs), où il a présenté tous ses films à l'exception de Tom à Ferme et est, déjà, le cinéaste canadien le plus primé du Festival.

Cette année encore, un cinéaste canadien va monter les marches: Denis Villeneuve, qui a déjà goûté au festival dans les sélections parallèles et a gagné une Palme d'or du court métrage, avant de migrer à Hollywood et devenir abonné au Festival de Toronto. Anglophones, francophones, acadiens ou allophones, les cinéastes canadiens ont toujours réussi à démontrer que le cinéma nord-américain n'était pas réservé qu'à leurs voisins, même s'ils empruntent leurs capitaux ou s'ils emploient leurs stars.

Mais il a aussi sa singularité. Rappelons nous en 2001 quand Zacharias Kunuk révélait Atanarjuat, premier film inuit sélectionné au Festival, et emportait avec lui la Caméra d'or. C'est surtout le cinéma québécois qui a brisé les préjugés sur le cinéma canadien. Ainsi Denys Arcand a gagné ses galons de cinéaste majeur sur la Croisette: meilleur scénario (Les invasions barbares en 2003), Prix du jury (Jésus de Montréal en 1989) et Prix FIPRESCI (Le déclin de l'empire américain en 1986).

Plus loin dans le temps, Michel Brault (Les Ordres, 1975) a gagné un prix de la mise en scène. Car le cinéma québécois a surtout brillé à Cannes dans les années 70. On a oublié que Jean Pierre Lefebvre reste le cinéaste canadien le plus projeté à Cannes, avec 11 films présentés dans les diverses sélections. Jean Beaudin, André Brassard, Carole Laure, Gilles Carle, Ted Kotcheff, Jean-Claude Lauzon, André Forcier, Jean-Claude Labrecque, Robert Lepage, Denis Côté, Philippe Falardeau, et on en oublie, sont tous passés par la Côte d'azur.

Avec 80 longs métrages environ produits côté anglophone et une trentaine en moyenne côté francophone, le Canada continue bon an mal an à exister dans le 7e art mondial. La part de marché reste fragile et l'export est devenu une nécessité. Mais depuis une quinzaine d'années, de nouveaux auteurs émergent et jamais autant de films canadiens n'ont été nommés aux Oscars ou aux César. Cela peut durer si les institutions restent aussi solides qu"auparavant, ce qui n'est pas sûr: la culture est loin d'être une priorité politique depuis quelques années.

Le cinéma du Québec débarque à Paris du 21 au 26 novembre

Posté par vincy, le 21 novembre 2014

Le 18e Festival Cinéma du Québec à Paris s'ouvre aujourd'hui au Forum des Images, et se tiendra jusqu'au 26 novembre. Alors que le dernier film de Xavier Dolan a séduit plus d'un million de Français dans les salles, en plus de recevoir un prix du Jury à Cannes en mai, c'est l'occasion de découvrir d'autres facettes d'un cinéma résistant à l'envahisseur anglo-saxon.
Carole Laure en est la présidente d'honneur et viendra présenter en ouverture son nouveau film, Love Project. la clôture sera assurée par Denys Arcand, avec son nouveau long métrage présenté en avant-première, Le règne de la beauté.

Outre les films, Cinéma du Québec à Paris proposera une Leçon de musique avec Lewis Furey, compositeur, metteur en scène et réalisateur, des Rencontres de Coproduction francophones, dont c'est la 11è édition et une soirée de lectures et d'échanges, "Engagement" autour du poète Gaston Miron, qui fait l'objet d'un documentaire passionnant sur son oeuvre poétique et son engagement politique.

Le festival a sélectionné des fictions et des documentaires (par ordre chronologique des projections).

Qu'est-ce qu'on fait ici? de Julie Hivon qui confronte une bande d'amis à un décès brutal d'un des leurs.

La petite reine d'Alexis Durant-Brault, gros succès dans la belle province qui raconte l'histoire d'une vedette du cyclisme qui doit affronter un scandale de dopage.

Québékoisie de Mélanie Carrier & Olivier Higgins, documentaire sur une réserve amérindienne et les habitants de la Côte-nord du Québec.

Rythmes for Young Ghouls de Jeff Barnaby, qui nous immerge dans le quotidien d'une communauté amérindienne sur fond de thriller et de trafic de marijuana.

Félix et Meira de Maxime Girous, autre joli succès en salles qui fait rencontrer un célibataire excentrique et une jeune maman de la communauté hassidique.

La gang des hors-la-loi de Jean Beaudry, film pour les enfants, avec un jeune héros de douze ans passionné de baseball.

Appel à l'anxiété générale! d'Hélène Klodawsky, documentaire sur deux membres du Thee Silver Mt. Zion Memorial orchestra.

1987 de Ricardo Trogi, où le titre correspond à une année cruciale de l'adolescent Ricardo qui veut perdre sa virginité, entrer dans les bars, avoir une voiture et se faire de l'argent rapidement.

Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur, où deux amies en vacances sont perturbées par l'arrivée d'un groupe de musicien, conduisant à l'insomnie du personnage principal.

Alex marche à l'amour de Dominic Lelcerc, documentaire visitant le Nord québécois à 4 km/h, accompagné d'un poème de Gaston Miron.

Miron: Un homme revenue d'en dehors du monde de Simon Beaulieu, documentaire composé d'images d'archives sur le Québec d'autrefois sur le poète Gaston Miron.

Jésus de Montréal de Denys Arcand, prix du Jury à Cannes en 1989 et prix Génie du meilleur film canadien en 1990.

Le règne de la beauté, premier long métrage de Denys Arcand depuis 2007, où un homme qui vit une vie de rêve s'aventure dans une liaison adultère tandis que sa femme, malade, veut se suicider.