Les Prix Écrans canadiens partagés entre un cinéma hollywoodien et des films d’auteurs québécois

Posté par vincy, le 10 mars 2014

rebelle, enemy denis villeneuve jake gyllenhaal5 prix pour Enemy de Denis Villeneuve, qui retrouve Jake Gyllenhaal quelques mois après Prisoners. 5 récompenses également pour Mortal Instruments. Mais c'est Gabrielle qui repart avec le prix du meilleur film canadien. Le grand perdant n'est autre que Xavier Dolan (8 nominations pour Tom à la ferme, zéro au compteur final).

Les Prix Ecrans canadiens, qui fusionnent les prix Génie et Gemini, ont été créés l'an dernier. Pour leur deuxième édition, ils ont fait le partage entre films anglophones hollywoodiens et productions d'auteurs québécois. Parmi les nominés, on retrouvait le remake anglophone du hit québécois La grande séduction (2003). Quelques stars étaient également nominées comme Gabriel Yared (musique), Jake Gyllenhaal, Daniel Radcliffe et Brendan Gleeson (acteur) ou encore Marc Labrèche (second rôle masculin),

PRIX HONORIFIQUE : David Cronenberg
MEILLEUR FILM : Gabrielle - Louise Archambault - Production micro_scope
PRIX CLAUDE JUTRA DU MEILLEUR PREMIER FILM : Emmanuel Hoss-Desmarais - Whitewash
MEILLEURE RÉALISATION : Denis Villeneuve - Enemy
MEILLEUR SCÉNARIO : Shannon Masters - Empire of Dirt
MEILLEURE ADAPTATION : Elan Mastai - The F-Word
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE, PREMIER RÔLE : Gabriel Arcand - Le démantèlement
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE, PREMIER RÔLE : Gabrielle Marion-Rivard - Gabrielle
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE, RÔLE DE SOUTIEN : Gordon Pinsent - The Grand Seduction
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE, RÔLE DE SOUTIEN : Sarah Gadon - Enemy
MEILLEURE DIRECTION PHOTO : Nicolas Bolduc - Enemy
MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE : Michel Proulx - Louis Cyr, l'homme le plus fort du monde
MEILLEURE MUSIQUE : Danny Vensi, Saunder Jurriaans - Enemy
MEILLEURE CHANSON : Jimmy Harry, Serena Ryder pour "It's no mistake"The Right Kind of Wrong
BOBINE D'OR CINEPLEX - MEILLEUR BOX OFFICE : Harald Zwart -The Mortal Instruments : City of Bones

Denis Villeneuve enrôle trois stars hollywoodiennes

Posté par vincy, le 14 octobre 2012

Le cinéaste québécois Denis Villeneuve se paye Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal et Paul Dano pour son prochain film, Prisoners. Dano est toujours en négociation, selon The Hollywood Reporter.

Le thriller réalisé par le cinéaste oscarisé d'Incendies se déroule dans une petite ville américaine. Une fille et son meilleur ami y sont enlevés. Le père de la fille, un charpentier, décide de prendre l'affaire en main après l'échec constaté des flics du coin. Il kidnappe un homme qu'il suspecte. Cependant, il commence à avoir des doutes quand il s'aperçoit que sa fille et son ami ne sont toujours pas revenus.
Jackman interprétera le charpentier, Dano serait un voisin aux capacités mentales diminuées et au comportement psychotique.

Le film se tournerait dans les environs d'Atlanta cet hiver. Prisoners est prévu pour une sortie en salles en 2014.

Le projet serpente depuis longtemps à Hollywood puisqu'il devait être réalisé par Bryan Singer, avec Mark Wahlberg et Christian Bale, puis par Antoine Fuqua, avec Jackman.

Depuis Incendies, Villeneuve a réalisé au printemps dernier An Enemy, adaptation du roman de José Saramago, L'autre comme moi, avec, déjà, Jake Gyllenhaal, et aussi Isabella Rossellini et Mélanie Laurent. A priori, il a de bonnes chances d'aller à Cannes.

Denis Villeneuve choisit Mélanie Laurent pour faire face à Jake Gyllenhaal

Posté par vincy, le 16 mai 2012

Le réalisateur québécois d'Incendies, Denis Villeneuve, va commencer à tourner son nouveau film le 24 mai prochain. An Enemy réunira la française Mélanie Laurent, la canadienne Sarah Gadon (que l'on verra deux fois à Cannes cette année avec Cosmopolis et Antiviral) et l'italo-américaine Isabella Rossellini autour de Jake Gyllenhaal.

Dans ce thriller psychologique, un professeur d'histoire découvre brutalement qu'il a un double. Voulant le rencontrer, il va malencontreusement bouleverser sa vie, et subir une crise d'identité. Le film est l'adaptation du roman de José Saramago, Prix Nobel de littérature, L'autre comme moi (publié au Seuil en 2005).

Denis Villeneuve (Incendies) réalisera une adaptation animée de Gaza 1956

Posté par vincy, le 8 février 2012

C'est un choix assez logique. Après Incendies, une tragédie dans un pays du Proche-Orient imaginaire (mais fortement inspiré du Liban de Wajdi Mouawad, auteur de la pièce de théâtre à l'origine du film), Denis Villeneuve va réaliser un film (d'animation) autour d'un fait historique survenu dans la bande Gaza en 1956.

Il s'agit de l'adaptation, là encore, de la bande dessinée de Joe Sacco, Gaza 1956, en marge de l'Histoire, parue chez Futuropolis en janvier 2010. L'écriture et le dessin de cet album - prix France Info de la BD d'actualité et de reportage 2011, prix du Magazine Lire de la meilleure BD 2010, prix BD des lecteurs de Libération et prix Regards sur le Monde au festival d'Angoulême 2011 - lui a pris plus de six ans : témoignages, documentation, ... Il s'était déjà intéressé à la Palestine dans sa première oeuvre, Palestine, une nation occupée, BD de reportage publiée en France en 2001.

Gaza 1956 lui est venu à l’occasion d’un reportage dans la bande de Gaza en 2001. Joe Sacco "se remémore une note de bas de page lu dans un rapport des Nations Unis durant la crise de Suez en 1956" rappelle son éditeur. Il s'agissait d’un massacre de près de 275 villageois par l’armée israélienne. De là, il a remonté le fil de l’histoire pour illustrer et raconter un compte-rendu cruel et documenté.

Les droits d'adaptation ont été acquis par la société Tu Vas Voir, qui a confirmé la mise en production d'un version animée lors du dernier Festival de la bande dessinée d'Angoulême. Villeneuve n'est pas le premier cinéaste à se lancer dans l'animation : Spielberg (Tintin), Rémi Bezançon (Zarafa) et Patrice Leconte (Le magasin des suicides) s'y sont essayés récemment.

Incendies a reçu 30 prix de par le monde : nommé l'an dernier à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, il est en lice pour le British Awards et le César du meilleur film étranger. Au Canada, il a récolté 8 prix Génie, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur. Au Québec, il a gagné 9 prix Jutra, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

10 nominations aux prix Jutra pour Incendies

Posté par vincy, le 13 février 2011

On ne voit pas comment une razzia pourrait lui échapper. Malgré les nombreuses nominations de ses rivaux, notamment Les amours imaginaires, 10 1/2, ou dans des catégories techniques La cité, Les sept jours du talion et Cabotins, Incendies rafle 10 nominations aux prix Jutra (les César du cinéma québécois). Face à des concurrents dispersés, il est quasiment donné gagnant dans la plupart de ses catégories.

Denis Villeneuve, qui est aussi l'un des deux favoris des prix Génie (Oscars canadiens, voir actualité du 3 février) et nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, part avec une longueur d'avance. Seul choix cruel, la meilleure actrice puisque Mélissa Désormeaux-Poulin (qui joue la fille) et Lubna Azabal (qui incarne la mère) sont en compétition pour la statuette.

Le Jutra hommage sera remis à Jean Lapointe (prix Génie et prix Jutra du meilleur acteur en 2005 pour Le dernier tunnel). Il joue dans À l'origine d'un cri, trois fois nommé cette année, dont celle de meilleur second-rôle masculin pour Jean Lapointe. Auteur-compositeur-interprète, humoriste et acteur, il a quitté le Sénat du Canada en décembre 2010 où il siégeait depuis 2001. Il est l'un des comédiens les plus populaires de la Belle Province.

Le Jutra Billet d'or, qui récompense le plus gros succès au box office, sera remis à Piché entre ciel et terre, par ailleurs nommé pour le Jutra du meilleur scénario.

Notons enfin les trois nominations techniques pour le film français Oscar et la dame rose.

Les nominations par films :

Incendies (10) : film, réalisateur, actrice (Lubna Azabal), actrice (Mélissa Désormeaux-Poulin), scénario, image, direction artistique, son, montage, costumes

Les amours imaginaires (5) : film, réalisateur, scénario, montage, coiffure

La cité (5) : réalisateur, image, direction artistique, musique, costumes

Les sept jours du talion (5) : second rôle masculin (Martin Dubreuil), image, son, montage, maquillage

Cabotins (5) : second rôle féminin (Dorothée Berryman), direction artistique, son, costumes, coiffure

10 1/2 (4) : film, réalisateur, acteur (Claude Legault), scénario

Barney's Version (4) : scénario, direction artistique, maquillage, coiffure

La dernière fugue (4)  : acteur (Jacques Godin) second rôle féminin (Isabelle Miquelon), second rôle masculin (Yves Jacques), montage

Curling (3) : film, réalisateur, acteur (Emmanuel Bilodeau)

Les signes vitaux (3) : film, second rôle féminin (Marie Brassard), maquillage

A l'origine d'un cri (3) : second rôle masculin (Jean Lapointe), scénario, montage

Route 132 (3) : acteur (François Papineau), second rôle masculin (Alexis Martin), musique

Reste avec moi (3) : second rôle féminin (Danielle Proulx), second rôle masculin (Gérard Poirier), musique

Le journal d'Aurélie Laflamme (3) : second rôle féminin (Geneviève Chartrand) musique, costumes

Oscar et la dame en rose (3) : son, maquillage, coiffure

Tromper le silence (2) : actrice (Suzanne Clément), image

Trois temps après la mort d'Anna (2) : actrice (Guylaine Tremblay), image

Deux fois une femme (2) : actrice (Evelyne Rompre), maquillage

L'enfant prodige (2) : direction artistique, costumes

Piché entre ciel et terre (1) : scénario

The Trotsky (1) : acteur (Jay Baruchel)

Filière 13 (1) : son

Lucidité passagère (1) : musique

Le poil de la bête (1) : coiffure

27e Festival de Sundance : les films remarqués et le palmarès

Posté par vincy, le 30 janvier 2011

Le 27e Festival de Sundance vient de se conclure (voir aussi actualité du 2 décembre 2010). Premier coup d'envoi de la saison cinématographique 2011, la manifestation demeure la plus importante aux USA, attirant tous les studios hollywoodiens qui viennent y faire leur marché. Berlin et Cannes vont y chercher quelques unes des productions pour leurs sections parallèles. C'est assez paradoxal de voir le gratin de l'industrie cinématographique venir dans cette ville perdue de l'Utah alors que le festival était dédié à l'origine aux films qui ne parvenaient pas à exister dans le système.

Robert Redford, le créateur de Sundance, insiste sur les intentions du festival : "Garder un esprit modeste pour ce festival est fondamental. On peut devenir plus gros, plus grand, avoir toujours plus de succès, mais conserver cette idée (de modestie) est ancré en nous". "L'idée a toujours été, très simplement, de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour offrir de nouvelles opportunités aux artistes. C'était notre engagement et ça le reste".

"Le nombre de films qui présentent leur candidature au festival reste très élevé: nous avons dépassé les 10 000 pour la première fois cette année" a déclaré John Cooper, directeur général du festival. "C'est une très bonne nouvelle pour la vitalité du cinéma indépendant", ajoute-t-il. Le festival a présenté cette année 118 longs métrages, dont 40 premiers films et 95 premières mondiales, venus de 29 pays.

Des stars du monde entier

Parmi eux les avant-première très étoilées de Cedar Rapids, avec  John C. Reilly, Anne Heche et Sigourney Weaver, The Details, avec Tobey Maguire, Elizabeth Banks, Laura Linney, Ray Liotta et Dennis Haysbert, The Devil's Double, de Lee Tamahori, avec Dominic Cooper et Ludivine Sagnier, Margin Call, avec Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons et Stanley Tucci, My Idiot Brother, avec Paul Rudd, Elizabeth Banks, Zooey Deschanel et Emily Mortimer, Perfect Sense, avec Ewan McGregor et Eva Green, Salvation Boulevard, avec Pierce Brosnan, Jennifer Connelly, Ed Harris, Greg Kinnear et Marisa Tomei, ou encore The Son of No One (en photo), avec Channing Tatum, Al Pacino, Katie Holmes, Tracy Morgan, Ray Liotta et Juliette Binoche, qui a clôturé le festival.

Toujours à Sundance, on a pu voir de nombreux films étrangers : Attenberg du grec Athina Rachel Tsangari, Troupe d'élite 2 du brésilien Jose Padilha, I Saw the Devil du coréen by Kim Jee-woon, le golden globe du meilleur film en langue étrangère In a Better World, de la danoise Susanne Bier, le magnifique Incendies du québécois Denis Villeneuve, le cannois Kaboom de Gregg Araki, Old Cats des chiliens Pedro Peirano et Sebastian Silva, ou encore Submarine du britannique Richard Ayoade.

"Pendant la programmation de cette édition, nous avons voyagé davantage, fortement renforcé nos relations internationales et amélioré la qualité des films étrangers sélectionnés", affirme John Cooper.

Mais Hollywood n'est jamais très loin, notamment dans les questions de la presse. Denis Villeneuve (Incendies, hors-compétition) y a réagit à sa nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur film en langue étrangère : "Ce qui s'est passé pour moi ce matin, ça relève d'un accident de voiture. J'en ai des images, des souvenirs, mais je n'ai aucun recul. Je suis entre deux mondes, je n'arrive pas à y croire". Ludivine Sagnier (The Devil's Double, inspiré de faits réels) assure qu'elle "ne rêve pas de travailler dans une superprodction américaine, même si cela fait certainement partie des expériences à avoir dans la vie". "Mais il n'y a pas qu'Hollywood qui m'intéresse", ajoute-t-elle. "J'ai aussi envie de travailler en Corée, au Mexique, en Chine... L'idée d'être un électron libre me plaît. Je me sens bien dans la diversité, dans la liberté et l'indépendance". Ce que Sundance veut être.

Le business a pourtant été omniprésent. Les professionnels américains sont en proie au doute avec un box office assez terne, une baisse des entrées, une crise artistique. À Sundance, ils viennent chercher de nouveaux talents, de nouveaux styles. Année après année, les films remarqués au Festival glanent des nominations aux Oscars, séduisent des publics de cinéphiles, révèlent des artistes. Rien que cette année, The Kids are all right et Winter's Bone, deux surprises de Sundance 2010, sont parmi les films qui ont compté en se plaçant dans la plupart des palmarès américains.

La Palmarès de Sundance a donc valeur de critères :

- Grand Prix du Jury - Fiction américaine : Like Crazy de Drake Doremus (en photo)

- Grand Prix du Jury - Documentaire américain : How to die in Oregon de Peter Richardson

- Grand Prix du Jury - Fiction étrangère : Happy, happy de Anne Sewitsky (Norvège)

- Grand Prix du Jury - Documentaire étranger : Hell and back again de Danfung Dennis (USA-Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Fiction américaine : Another earth de Mike Cahill

- Prix spécial du Jury - Fiction étrangère : Tyrannosaur de Paddy Considine (Grande-Bretagne)

- Prix Spécial du Jury - Documentaire américain : Being Elmo: A Puppeteer’s Journey, de Constance Marks

- Prix Spécial du Jury - Documentaire étranger : Position among the stars de Leonard Retel Helmrich (Pays-Bas)

Like Crazy est l'histoire d'un amour fou entre un Américain et une Britannique, rudement mis à l'épreuve par la distance. How to die in Oregon est un plaidoyer en faveur de l'euthanasie et suit les pas de plusieurs malades en phase terminale ayant décidé de mettre fin à leurs jours dans l'Etat d'Oregon, où la loi les y autorise. Happy, Happy raconte la renaissance sexuelle d'une femme au foyer dans les bras de son voisin. Hell and back again retrace le difficile retour au foyer d'un Marine de 25 ans, Nathan Harris, grièvement blessé au combat en Afghanistan.

D'autres prix ont été remis avec le prix de la meilleure photographie pour une fiction étrangère remis au film colombien Todos tus muertos, les Prix du public pour le documentaire britannique Senna de Asif Kapadia, le film américano-rwandais Kinyarwanda d'Alrick Brown, le documentaire américain Buck de Cindy Meehl et la fiction américaine Circumstance de Maryam Keshavarz. Enfin l'Américaine Erica Dunton et son film To.get.her repartent avec le prix Next, destiné à récompenser un film à tout petit budget.

Sundance a aussi été ému par Family portrait in black and white, signé Julia Ivanova, une cinéaste russe installée au Canada où Olga l'Ukrainienne a recueilli seize enfants métis et créé une famille unique en son genre dans un pays où la population est presque totalement blanche et où le racisme est monnaie courante. L'actrice américaine Jennifer Siebel Newson, dans Miss Representation, a dénoncé la piètre représentation des femmes dans la société américaine, et appelle hommes et femmes à réagir. L'acteur Michael Rapaport suit la  trajectoire exceptionnelle du groupe "A Tribe Called Quest"  dans Beats, Rhymes and Life: The Travels of A Tribe Called Quest.

Business as usual

Et puis les studios, tous présents, ont sorti leur carnet de chèques. LionsGate distribuera cette année Margin Call, une fiction autour de la crise de 2008 dans un fonds d'investissement ; The Weinstein Company a promis 15 millions de $ de publicité en plus des 7 millions de $ de droits de distribution (USA, France, Royaume Uni, Allemagne, Japon) pour My Idiot Brother (photo) ; les Frères Weinstein ont aussi été généreux avec The Details, acquis pour 8 millions de $ et une promesse de 10 millions de $ en publicité ;  Malgré la concurrence de Summit, Magnolia Pictures et Samuel Goldwyn, Sony Classics a misé sur The Guard, histoire d'un policier irlandais et d'un agent du FBI dans une affaire de trafic de drogue ; Fox Searchlight a fait son marché avec Another Earth (pour un joli montant, et par ailleurs prix Alfred P. Sloan), Martha Marcy May Marlene, Homework, Win Win, Bengali Detective et Cedar Rapids ; Roadside a opté pour le film produit par HBO, Project Nim (du nom du chimpanzé élevé comme un enfant dans les années 70)...

Mais toute cette activité financière ne doit pas faire oublier que les studios ont été extrêmement prudents, et longs à négocier. Les modèles économiques (salles de cinéma, télévision, internet, VOD) perturbent les schémas. Certains préférant conserver des contrats à l'ancienne tandis que d'autres, moins nombreux, s'essaient à de nouveaux types de diffusion.

Sundance n'est encore qu'au début de la révolution du cinéma indépendant. À l'image de ce film de Kevin Macdonald, Life in a Day, produit avec YouTube et livrant un montage de 5 000 heures d'archives d'images provenant d'Internet.

Cinéma du Québec à Paris : la formule doit changer selon l’organisateur

Posté par vincy, le 22 novembre 2010

La 14e édition de Cinéma du Québec à Paris (22-28 novembre, Forum des Images à Paris) est ambitieuse, avec une multiplication des rendez-vous : marché du film, rencontres de coproduction francophone, dont un panel dédié à l'adaptation littéraire, rencontres autour de films, la Leçon de musique... Pourtant, l'organisateur de la manifestation, la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), institution québécoise, songe à changer la formule.

Le succès de l'événement - une centaine de professionnels québécois se déplacent dans la Ville Lumière cette semaine, environ 5 000 spectateurs attendus - permet aujourd'hui de le considérer comme installé. Mais il semble aussi nécessaire pour la SODEC  d'en réévaluer les objectifs et les missions.

Aucune menace. "Il s'agit de repenser la façon de faire, mais pas la semaine en tant que telle. Elle est là pour rester, mais peut-être pas de la même manière" explique François Macerola, récent patron de l'organisme. Avec le lancement de l'application iPhone cette année, il réfléchit à de nouvelles interactions avec Internet. Ce qu'Ecran Noir leur avait proposé il y a 8 ans. Il est toujours temps..

"Au lieu de n'avoir que des projections publiques, est-ce qu'on peut imaginer une nuit du cinéma québécois sur le Web", demande-t-il.

Car le cinéma québécois peine toujours à toucher un large public français. Hormis quelques films étalés sur une décennie (les comédies de moeurs de Denys Arcand, C.R.A.Z.Y., La grande séduction), seul le jeune Xavier Dolan, par ailleurs parrain de la manifestation cette année, a réussit à se faire un nom auprès des cinéphiles. Les amours imaginaires, son dernier film, a attiré 130 000 spectateurs dans les salles en deux mois.

Cinéma du Québec à Paris va présenter 14 fictions et 4 documentaires, dont Incendies, en clôture, de Denis Villeneuve, adapté de la pièce du libano-franco-canadien Wajdi Mouawad.

Mais derrière l'écran et la volonté de combler un public acquis (canadiens expatriés, cinéphiles, amateurs de culture québécoise), la SODEC ne cache pas qu'il s'agit d'ouvrir les films à un plus large public et de trouver des financements internationaux pour alimenter une industrie qui peine à se produire elle-même, subissant la faiblesse de son marché intérieur et des restrictions budgétaires fédérales (même si le Québec continue d'investir 35 millions de $ Canadiens dans ses productions). Sans parler des sociétés de distributions locales qui ont baissé les bras pour vendre leurs films sur les territoires étrangers, faute de rentabilité. Pourtant le potentiel est là, d'autant plus avec l'explosion de la V.O.D..

Cinéma du Québec à Paris coûte aussi cher que la présence du cinéma québécois à Cannes

Or François Macerola confie ce matin au Devoir, quotidien montréalais que la stratégie est confuse actuellement. "Nous sommes en train de revoir notre participation dans les festivals et les marchés; nous sommes trop éparpillés à l'international."  "Nous allons continuer d'aller à Karlovy Vary pour le rayonnement. À Toronto, on ira pour vendre" précise-t-il.  Concernant le rendez-vous parisien, il avoue : "on veut trop en faire. Nous avons voulu, je crois, justifier notre présence, et la meilleure façon de le faire a été de multiplier les avenues. Je pense que nous devrions revenir à une approche plus puriste et minimaliste en définissant clairement nos objectifs".

Comme toujours, la vision libérale l'emporte : cela coûte 400 000 $ Canadiens aux contribuables québécois. C'est semblablement la même somme dépensée par l'institution au Festival de Cannes, avec une visibilité autrement plus importante. De quoi en effet s'interroger sur la structure et l'impact des dépenses. Une manière d'optimiser celles-ci serait de tisser des liens plus étroits et plus cohérents avec Téléfilm Canada, dont la mission est de promouvoir le cinéma canadien à l'international. Macerola ayant été DG de Téléfilm Canada durant six ans, cette piste s'avère la plus logique.

Mais le cinéma québécois ne résoudra pas tous ses problèmes sans améliorer ses performances locales. La part de marché n'excèdera pas 12% des entrées cette année dans la Belle Province. Certes, une vingtaine de films ont trouvé leur public. Certes, une dizaine de productions ont été primées dans des festivals internationaux. Mais cela ne suffit pas. D'ici au printemps, Macerola espère faire des propositions, après avoir consulté l'ensemble des acteurs de la profession, à Montréal comme à Paris (les coproductions sont indispensables pour la plupart des projets). Surtout que le modèle n'est pas si mauvais. Le cinéma canadien anglophone se porte bien plus mal, avec à peine de 2% du marché national.

La force du cinéma québécois tient en ses créateurs qui offrent des films variés : du polar à la comédie en passant par le cinéma d'auteur. Cinq films cette année ont dépassé le cap du million de $ canadiens de recettes : Piché : entre ciel et terre, Incendies, Filière 13, Les sept jours du talion et Le journal d'Aurélie Laflamme. Mais la plupart des projets vedettes en cours coûte plus de 6 millions de $ canadiens : une équation impossible à résoudre sans le développement à l'international.

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site internet de la manifestation

Venise 2010 : douze films sélectionnés aux Venice Days

Posté par vincy, le 30 juillet 2010

La section parallèle "Venice Days" en est à sa 7e édition. En choisissant des films "indépendants", aux tons singuliers, elle se démarque et cherche surtout à stimuler un marché du film, qui manque cruellement sur la lagune.

Le bruit des glaçons de Bertrand Blier (France)

La vie des Poissons de Matias Bize (Chili)

Et in Terra pax de Matteo Botrugno et Daniele Coluccini (Italie)

Notre étrangère de Sarah Bouyain (Burkina Faso)

L'amore buio d'Antonio Capuano (Italie)

Pequenas voces de Jairo Carrillo et Oscar Andrade (Colombie)

The Happy Poet de Paul Gordon (U.S.)

Noir océan de Marion Hänsel (Belgique)

Cirkus Columbia de Danis Tanovic (Bosnie-Herzegovine)

Incendies de Denis Villeneuve (Canada)

Majorité de Seren Yüce (Turquie)

Ciela senza terra de Giovanni Davide Maderna et Sara Pozzoli (Italie)

Les Jutra sacrent le jeune Xavier Dolan pour J’ai tué ma mère

Posté par vincy, le 29 mars 2010

xavier dolan jutraSurprise de l'année pour le cinéma québécois. Polytechnique partait largement favori de ses "Oscars", les prix Jutra, et son réalisateur, Denis Villeneuve (grand gagnant de l'édition 2001 avec Maelström)  avait tout pour rafler la mise. Il s'est fait largement doubler par un premier film, d'un cinéaste de 21 ans, qui a fait des étincelles à la Quinzaine des réalisateurs comme au box office local. Au final J'ai tué ma mère repart avec 4 Jutra tous prestigieux. Polytechnique en arrache 5 (dont meilleur réalisateur) et Dédé à travers les brumes en remporte 4.

Voici les gagnants de l'édition 2010.

Meilleur film: J'ai tué ma mère, de Xavier Dolan. 1 million de dollars canadiens au box-office et 25 prix à travers le monde (et une nomination aux César). Sans aucun doute le premier film le plusépatant de l'année 2009, toutes nationalités confondues. Car celui qui porte le plus d'espoir pour la suite de son oeuvre. "Je ne sais pas pourquoi je reçois ce Jutra, si c’est parce que j’ai 20 ans ou si c’est parce que j’ai fait un bon film, mais je m’en fous un peu."

Meilleure réalisation : Denis Villeneuve (Polytechnique). Brillante, esthétisante, frappante. C'est la première fois qu'un cinéaste reçoit deux fois ce prix, depuis la création des Jutra en 1999.

Meilleur acteur : Sébastien Ricard (Dédé à travers les brumes).

Meilleure actrice : Anne Dorval (J'ai tué ma mère). Mérité en mère sévère, dépassée, incapable d'exprimer son amour.

Meilleur film d'animation : Robe de guerre de Michèle Cournoyer. Travail à l'encre de chine sur papier.

Meilleur documentaire :  Last Train Home de Lixin Fan.

Meilleur court/moyen métrage : Danse macabre de Pedro Pirès (d'après une idée de Robert Lepage)

Meilleur acteur de soutien : Maxim Gaudette (Polytechnique). Un tueur qui ne s'oubie pas.

Meilleure actrice de soutien : Sandrine Bisson (1981). Une mère au bord de la crise de nerfs.

Meilleur scénario : J'ai tué ma mère de Xavier Dolan. Scénario refusé par de nombreux financiers. Ecrit en pleine adolescence de son auteur.

Prix Jutra-Billet d'or (plus grosse recette au box office québécois) : De père en flic d'Émile Gaudreault.

Film s'étant le plus illustré à l'étranger : J'ai tué ma mère de Xavier Dolan.

Jutra-hommage : René Malo, 68 ans. Producteur et co-producteur de films comme Le déclin de l'Empire Américain, L'aile ou la cuisse, L'animal, Le ruffian, Les portes tournantes...

Meilleur montage : Richard Comeau (Polytechnique).

Meilleure musique : Dédé Fortin, les Colocs et Éloi Painchaud (Dédé à travers les brumes).

Meilleure direction photo : Pierre Gil (Polytechnique)

Meilleur maquillage : Colleen Quinton (Cadavres).

Meilleure coiffure : Linda Gordon (1981).

Meilleurs costumes : Judy Jonker (Dédé à travers les brumes).

Meilleure direction artistique : David Pelletier (Dédé à travers les brumes).

Meilleur son : Pierre Blain, Claude Beaugrand et Stéphane Bergeron (Polytechnique).


2008 : Le Top 5 de Benoit

Posté par benoit, le 28 décembre 2008

Ecran Noir revient, auteur par auteur, à ses coups de coeur de l’année passée… 

benoit gautier1. Un conte de Noël de Arnaud Depleschin. Le plus beau film de Depleschin injustement oublié au palmarès du Festival de Cannes. Sa mise en scène et l’interprétation de sa troupe de comédiens qui regarde dans la même direction artistique sont absolument somptueuses, impériales. Ce scénario d’une richesse et d’un foisonnement inouïs inclut deux flash forward qui anticipent le cours du récit ponctué de split screen, fermeture à l'iris, adresse caméra, citations et références. Si vous replacez chronologiquement les flash forward, alors vous vous apercevrez que dans ce "règlement de conte" familial, ce sont les enfants qui engendrent les parents. Du vrai et du très grand cinéma !

2. The visitor de Thomas Mc Carthy. The Visitor aurait pu être une boursouflure de bons sentiments comme le faisait craindre sa bande-annonce catastrophique. La régénérescence d'un sexagénaire grâce à l'amitié, à la musique et enfin à l’amour avait de quoi faire frémir. Eh bien, non ! Cette œuvre écrite, réalisée et interprétée au cordeau évite tous les poncifs américano-humano-dégoulinants. Aussi impitoyable qu’émouvante, elle dénonce sans fard la paranoïa des Etats-Unis depuis le 11 septembre et sa politique d’expulsion galopante. The Visitor concrétise à la perfection le vœu pieux de Jean-Luc Godard : faire politiquement du cinéma plutôt que du cinéma politique.

3. The dark knight, le chevalier noir de Christopher Nolan. Ce sixième épisode de la saga Batman au cinéma s’avère le plus capé, le plus culotté, le plus épouvanté, le plus atomisé, mais aussi le plus captivant parce que le plus profond. Éreinté par sa longévité, donc par la légitimité de son propre mythe, Batman aussi lisse que las reprend du collier pour sauver Gotham City, la jumelle de New York assombrie par la tourmente du terrorisme. En Ben Laden punk et sadomaso, Heath Joker Ledger masque au sens propre comme au figuré un abîme de blessures qui le conduisent aux frontières de la folie, de la mort. Un Oscar posthume s’impose pour cet acteur poète parti rejoindre River Phoenix, son frère spirituel de cinéma.

4. Les bureaux de Dieu de Claire Simon. Les bureaux de Dieu, avec une intensité magistrale, créé un planning familial situé sous les toits de Paris. Point culminant qui contemple l’agitation de la capitale et aimante ses confidences les plus intimes. Dans une réalité documentaire et une recomposition fictionnelle, Claire Simon signe non seulement un film d’une grande beauté, mais une œuvre d’utilité publique qui devrait être remboursée par la sécurité sociale. Toutes les actrices, professionnelles ou non, veillent avec l’énergie de tous les espoirs sur ces bureaux de Dieu dont les voies toujours impénétrables cherchent la libération sexuelle à travers l’obscurantisme de l’ignorance.

5. Les sept jours de Ronit et Shlomi Elkabtez. Avec Prendre femme, le second long-métrage du frère et de la sœur Elkabtez forme l’embryon d’une filmographie vibrante, fiévreuse, noblement engagée, artistiquement impeccable. Les réalisateurs scrutent l’implosion d’une famille israélienne enfermée pendant sept jours pour cause de deuil. Ils grattent jusqu’au sang les plaies de cette communauté. Arrachent les peaux mortes d’une société malade au fil de plans fixes dignes d’un Manoel De Olivera, de portraits de groupe grouillant comme des insectes égarés. Les sept jours rassemble une brochette de comédiens exceptionnels au sommet de leur art : celui de l’écoute de l’autre jusqu’à son plus infime frémissement.

Short bonus : Next floor de Denis Villeneuve.  Lors d'un opulent et luxueux banquet, onze convives sont servis à profusion par une horde de valets stylés. Tous participent à cet étrange repas aux allures de carnage gastronomique. Ce court-métrage du montréalais Denis Villeneuve allie le naturalisme décadent d’Eric Von Stroheim à celui, grotesque, de Marco Ferreri. Dénonçant les excès de la société de consommation, Next floor plonge sa tablée dans une descente aux enfers carnassière. Un film cinglant comme un coup de cravache !

Le film le plus attendu de 2009 : La fille du RER de André Téchiné avec un casting tous azimuts dont il a le secret : Catherine Deneuve, Emilie Dequenne, Ronit Elkabetz, Michel Blanc, Nicolas Duvauchelle, Mathieu Demy…