Cannes 2010 : Bellocchio fait la leçon de cinéma et le ministre italien de la culture boycotte le Festival

Posté par vincy, le 8 mai 2010

Une leçon italienne

marco bellocchioLa leçon de cinéma du 63e Festival de Cannes sera orchestrée par le cinéaste italien Marco Bellocchio< le 19 mai (à 17h, salle Bunuel). Bellocchio est un habitué de la Croisette. Dix de ses films ont été sélectionnés : La Mouette (hors compétition, 1977), Le Saut dans le vide (compétition, 1980), Henry IV le roi Fou (compétition, 1984), Le diable au corps (Quinzaine des réalisateurs, 1986), Rêve de papillon (Un certain regard, 1994), Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist (compétition, 1997), La nourrice (compétition, 1999), Le sourire de ma mère (compétition, 2002), Le metteur en scène de mariages (Un certain regard, 2006) et Vincere (compétition, 2009). Ce dernier a reçu hier huit prix David di Donatello (les César italiens), dont celui du meilleur réalisateur.

En acceptant l'invitation du Festival, Bellocchio  a déclaré que "la chose la plus précieuse qu’un réalisateur puisse enseigner à ceux qui veulent faire ce métier c’est le travail avec les acteurs et les actrices… Tout le monde peut enseigner la technique mais la manière de faire interpréter un personnage que vous avez imaginé par un être humain vivant est un don de la nature. On peut toutefois l’apprendre, en partie, d’un metteur en scène qui ne se soustrait pas au risque d’un échec… Il est impossible de garantir une jolie fin à toute relation humaine… "

Une censure italienne

Dans le même temps, on apprenait que le ministre italien de la Culture, Sandro Bondi, ne se rendrait pas au Festival, en raison de la sélection hors-compétition (en séance spéciale) de Draquila - l'Italie qui tremble, film de la satiriste bien connue Sabina Guzzanti (Viva Zapatero!). Bête noire de Silvio Berlusconi, son "mocumentaire" dénonce l'emprise des proches du premier ministre italien sur les projets de reconstruction de la ville de L'Aquila, après le tremblement de terre qui a ravagé la ville. "Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays", ajoute-t-elle. Le ministre a qualifié l'oeuvre de "film de propagande qui offense la vérité et le peuple italien dans son entier."

Ecran Noir s'offusque donc  à son tour devant l'insulte ministérielle fait à la création artistique et à la liberté d'expression. Rappelons que Sandro Bondi, girouette politique passée du Parti Communiste Italien à Forza Italia (le parti populiste de droite de Berlusconi, avait déjà fait scandale avec ses déclarations lors du festival de Locarno où était projeté Il sol dell’avvenire de Gianfranco Pannone. Le documentaire retraçait la naissance de « la première génération » des Brigades Rouges en Emilie-Romagne et traitait de la dimension communiste. Il avait alors été choqué que ce film, "apologie du terrorisme et offense à la mémoire des victimes" ait pu recevoir une légère aide financière de la part d’une commission du Ministère de la Culture aux temps du précédent gouvernement Prodi.