3 raisons d’aller voir « Daphné » de Peter Mackie Burns

Posté par MpM, le 2 mai 2018

Ténu et fragile, Daphné de Peter Mackie Burns est le portrait peu complaisant d'une trentenaire insidieusement mal dans sa peau, en panne dans sa vie, dont on suit la trajectoire intime à travers une (longue) succession d'épisodes tantôt cocasses, tantôt désespérants. Le film, découvert au dernier Festival d'Edimburgh où il a reçu le prix de la meilleure actrice, puis au Festival du film britannique de Dinard où il a remporté le prix du scénario, s’inspire du court métrage Happy Birthday to Me de Peter Mackie Burns dans lequel Emily Beecham tenait déjà le rôle principal. Nico Mensinga en était également déjà le scénariste.

Portrait de femme. Peter Mackie Burns observe son héroïne dans son quotidien, entre excès et coups de folie, répliques mordantes et comportement borderline. Ce qu'elle recherche, et ce qui lui manque, n'est au départ pas réellement concret. Malgré l'humour des situations, la frénésie du scénario et l'ironie (mordante) du personnage, on a donc tendance à rester un peu extérieur à ses atermoiements, jusqu'à ce que la dernière partie du film éclaire subitement le personnage et ses aspirations, nous le rendant enfin plus compréhensible et attachant. Au final, il y a une profonde mélancolie dans ce beau portrait introspectif, tout en creux et en subtilité.

Révélation. Une comédienne est née ! Emily Beecham, aperçue à la télévision dans des séries britanniques comme The fear ou The village, est exceptionnelle en jeune femme tourbillonnante, misanthrope, insupportable et irrésistiblement drôle et intelligente à la fois, qui finit peu à peu par accepter le malaise qui la ronge. On la reverra forcément très vite, et vous l'aurez découverte avant tout le monde dans Daphné !

Féminisme. Ce qui est formidable avec le personnage de Daphné, c'est qu'elle ne se laisse jamais enfermer dans aucun des rôles généralement dévolus aux femmes : épouse, petite amie, mère, fille obéissante... Peter Mackie Burns et Nico Mensinga voulaient faire un film sur un personnage plus complexe que ces stéréotypes habituels, tout en la rendant à la fois singulière et attachante. Son charme réside justement dans sa volonté de se tenir à la marge, et dans son combat (parfois maladroit, mais sincère) pour rester elle-même coûte que coûte.

Dinard 2017: Le jury tombe amoureux de « Seule la Terre »

Posté par vincy, le 30 septembre 2017

Le jury du Festival du film britannique de Dinard, présidé par Nicole Garcia, a (logiquement) succombé au meilleur film de la compétition, Seule la terre de Francis Lee qui est sacré par un Hitchcock d'or. Ce premier film a déjà reçu le prix de la mise en scène à Sundance, le prix du jury dans la section Panorama à Berlin, le prix du meilleur film britannique à Edinbourgh et de nombreux prix dans les festivals LGBTQI.

Francis Lee suit le parcours de Johnny, jeune homme malheureux, subissant sa vie de fermier dans le Yorkshire, alors que son père, handicapé ne peut plus assurer l'entretien de la ferme. Le soir, il noie son amertume au pub du village et multiplie les aventures sexuelles et furtives. Pour l'aider en cette fin d'hiver, ils font appel à un saisonnier, Gheorghe, d'origine roumaine. Johnny doit alors faire face à des sentiments jusqu’alors inconnus. Une relation intense naît entre eux. Johnny saura-t-il saisir la chance que lui offre le destin?

Seule la terre est "un premier long métrage intelligent, drôle, et très joliment filmé, qui a des faux airs de feel good movie rural et romantique" (lire notre bilan).

Le film sortira le 6 décembre en France chez Pyramide. Il a également reçu le Hitchcock « Coup de cœur » décerné par l’association La Règle du Jeu.

Le reste du palmarès couronne Pili de Leanne Welham, qui reçoit une mention spéciale du jury et le prix du public. Le sujet en lui-même est inspiré d'une multitude de faits réels: l'histoire d'une femme tanzanienne, seule avec ses deux enfants, qui luttent simultanément contre son HIV et cherche de l'argent pour s'offrir un commerce et une vie meilleure.

Le prix Hitchcock du meilleur scénario a récompensé Daphné, le film de Peter Mackie Burns. Parmi les autres prix, le jury des courts métrages a distingué We Love Moses de Dionne Edwards (Hitchcock d'or du court métrage) et une mention spéciale à The Party d'Andrea Harkin. Le prix du public revient à The Driving Seat de Phil Lowe. A noter que les deux Hitchcock d'or, celui du long et celui du court, récompensent des films dont le thème est assez similaire: l'homosexualité cachée.

Enfin, un Hitchcock d'honneur a sacré Jim Broadbent, Oscar du meilleur acteur dans un second rôle en 2001 dans Iris et prix d'interprétation à Venise pour Topsy-Turvy, père de Bridget Jones, maître de cérémonie du Moulin Rouge, juge dans Vera Drake (Lion d'or à Venise) et doyen dans Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal. Il était à Dinard pour présenter À l'heure des souvenirs (The Sense of an Ending) de Ritesh Batra, film avec Charlotte Rampling, dont la sortie est prévue en France en avril 2018.

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