Cécile de France et Daisy Ridley vous accompagnent dans la grotte Chauvet en réalité virtuelle

Posté par vincy, le 2 mars 2020

Cécile de France en français et Daisy Ridley en anglais. Les deux comédiennes prêtent leur voix à une expérience immersive en réalité virtuelle. Avec un casque VR, vous découvrez ainsi la grotte Chauvet dans un film de 10 minutes. La grotte, qui se situe en Ardèche, et dispose, comme Lascaux, d'une réplique, est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Fermée au public depuis sa découverte en 1994, elle est remarquablement conservée et on peut y admirer des fresques, dessins et gravures datant de 36000 ans. C'est la plus ancienne trace artistique de l'humanité.

Cette exploration en réalité virtuelle a été rendue possible grâce à Google Arts & Culture. Dans un premier temps, le spectateur découvre les chefs d'œuvres pariétaux à la lueur d'une torche enflammée. Puis il découvre la grotte à travers une visite libre et commentée.

On peut aussi partir à la découverte de cette grotte grâce à la Pocket Gallery (Android et OS), une fonctionnalité d'exposition immersive accessible sur l’application mobile de Google Arts & Culture, qui est aussi intégrée dans le moteur de recherche dans le monde entier : dès que vous effectuez une recherche sur la grotte Chauvet sur Google, vous avez la possibilité de voir les fresques de la grotte Chauvet en 3D. On trouve enfin 21 expositions thématiques sur la plateforme Google Arts & Culture et un quiz.

L’Arabie Saoudite autorise l’ouverture de salles de cinéma

Posté par vincy, le 12 décembre 2017

On vous l'annonçait le 24 octobre dernier. C'est désormais officiel. L'Arabie saoudite va autoriser l'ouverture de salles de cinéma à partir de début 2018. Les salles de cinéma étaient interdites depuis plus de 35 ans.

Les autorités vont délivrer dès à présent les permis d'exploitation, selon le ministère de la Culture. "C'est un moment clé dans le développement de l'économie culturelle dans le pays", a déclaré le ministre de la Culture Awad al-Awad dans le communiqué.

Ce n'était pas gagné: en janvier, le mufti d'Arabie saoudite s'était insurgé contre la possible ouverture de salles de cinéma, affirmant qu'elles seraient sources de "dépravation" car elles favorisent la mixité.

Mais le Royaume ne pouvait plus tolérer que ses propres habitants aillent au cinéma à l'étranger, provoquant des fuites de devises, et il faut bien anticiper la fin du règne du pétrole. Dans son plan Vision 2030, l'un des régimes les plus obscurantistes de la Planète a du le concéder: "Nous considérons que la culture et le divertissement sont indispensables à notre qualité de vie. Nous avons bien conscience que l'offre culturelle actuelle ne correspond pas aux attentes croissantes des citoyens et résidents."

Un accord avec un circuit américain

Dès le lendemain de cette annonce, le Fonds souverain saoudien (PIF) a confirmé la signature d'un accord avec le plus gros exploitant de salles de cinéma américain AMC Entertainment Holdings. Le PIF a estimé que le marché cinématographique saoudien pourrait peser 1 milliard de dollars par an. AMC, désormais appartenant à un conglomérat chinois depuis 5 ans, possède 1000 cinémas et 11000 écrans à travers les marques Odeon, UCI et Carmike.

Bientôt des salles de cinéma en Arabie Saoudite?

Posté par vincy, le 24 octobre 2017

Les habitants de l'Arabie Saoudite pourraient prochainement retrouver le goût d'aller au cinéma. Après des décennies sans pouvoir aller dans une salle de ciné, les Saoudiens voient la lumière... au loin. Le cinéma est considéré "comme une menace pour l'identité culturelle et religieuse" et avait été interdit dans les années 1980. En janvier, le mufti du royaume s'est d'ailleurs insurgé contre la possible ouverture de salles de cinéma et la tenue de concerts, affirmant qu'elles seraient sources de "dépravation" car elles favorisent la mixité. Or, à l'occasion de rares projections dans les centres culturels, les hommes et les femmes sont toujours séparés dans la salle puisque la mixité reste interdite.

Fuite de devises

Depuis le printemps, les autorités saoudiennes laissent entendre que les cinémas pourraient bientôt être autorisés, sans préciser de dates. Dans le cadre du programme Vision 2030, le régime cherche à réformer, modestement, son mode de vie. Les femmes devraient pouvoir conduire. Et la culture a une bonne place dans ce plan. Une centaine de concerts ont été organisés depuis l'an dernier alors que la musique est traditionnellement considérée comme illicite.

Il y a deux raisons à ce changement politique. La première est le constat d'une hypocrisie. Les Saoudiens consomment énormément de films grâce à la télévision par satellite, internet (YouTube par exemple) et en allant dans les pays voisins (Emirats Arabes Unis notamment). Idem pour les Parcs d'attraction et les musées qui fleurissent autour du pays. Autant de fuites de devises. D'autant que les festivals de cinéma à Bahrein, Abu Dhabi et Dubai se sont bien implantés dans les circuits internationaux.

Une Autorité du divertissement a déjà organisé des concerts, un premier festival Comic-Con et d'autres manifestations culturelles. Le cinéma saoudien, bien que marginal, connaît un joli succès d'estime à l'étranger, particulièrement depuis la sortie du film d'Haifaa Al-Mansour Wadjda, nommé aux Oscars. La communauté du 7e art - réalisateurs et acteurs - a souvent interpellé les autorités en leur expliquant que le pays mourrait artistiquement et que les Saoudiens consommaient finalement des films provenant de l'étranger. Fâcheux pour un pays si souverainiste. Ces films locaux ne peuvent pas être vus par les habitants. Par exemple, le film d'animation en 3D Bilal, présenté à Dubai en 2015 puis à Annecy.

Des séances ont quand même su s'organiser ces derniers moos, notamment au Hakaya Theatre de Ryadh. En août, pour la première fois, la salle a diffusé un long métrage. A Jeddah, un festival de cinéma s'est déroulé à Jeddah. Toujours à Jeddah, des saoudiens ont même pu voir Trolls grâce à la Saudi Arabian Society for Culture and Arts.

Remplacer l'or noir

L'autre constat est économique. L'économie du pays repose sur le pétrole (c'est le plus gros exportateur mondial). Or, non seulement le prix du pétrole chute mais d'ici vingt ou trente ans, il va se raréfier et être de moins en moins essentiel à l'économie mondiale. L'Arabie Saoudite n'a pas d'autres choix que de réorienter son économie, en pleine crise (inflation, baisse des salaires, conflits sociaux, jeunesse révoltée...).

L'Arabie Saoudite envisage de construire New Djeddah Downtown, un programme de 4 milliards d'euros où surgiront 12000 logements ainsi que de nombreux magasins, hôtels de luxe et centres de loisirs. Un autre projet du même genre va s'étaler au sud-ouest de la capitale Ryad pour devenir la plus grande ville culturelle, sportive et de divertissement du royaume.

"Le cinéma existe, il y a des boîtes de production, des réalisateurs... mais le pouvoir a du mal à le reconnaître officiellement. Aujourd'hui on est en train d'en finir peu à peu avec l'hypocrisie qui consiste à interdire des pratiques déjà en vigueur", explique Clarence Rodriguez, auteure de Arabie Saoudite 3.0 (Érick Bonnier, 2017), interrogée par L'Orient-Le Jour.

Imax a anticipé cette ouverture en proposant au Centre de technologie et de science d'Al Khobar une salle où sont projetés des films éducatifs.

Le Royaume l'a bien compris. Dans le plan Vision 2030, l'un des régimes les plus obscurantistes de la Planète a du le concéder: "Nous considérons que la culture et le divertissement sont indispensables à notre qualité de vie. Nous avons bien conscience que l'offre culturelle actuelle ne correspond pas aux attentes croissantes des citoyens et résidents."

Sur les réseaux sociaux, les Saoudiens s'enflamment et espèrent l'ouverture de bibliothèques, musées et salles de cinéma. Certaines rumeurs, rapportées par les médias du Golfe, évoquent une ouverture de quatre cinémas dans la capitale. Sans préciser de date ni officialiser l'information.

Cannes 2017: 80 cinéastes interpellent l’Europe

Posté par vincy, le 25 mai 2017

Plus de 80 cinéastes ont interpellé la Commission européenne et le Parlement européen, dans le cadre de la réforme du droit d'auteur et de la révision de la Directive services de médias audiovisuels Ce texte, qui reprend la plupart des appels rédigés ces dernières années, a été remis en début de semaine au Festival de Cannes, lors d'un déjeuner avec les représentants européens, présents sur la Croisette pour le European Film Forum.

"Citoyens et cinéastes européens, nous vivons au cœur d’une Europe qui porte un bel espoir quand elle est fidèle aux valeurs de tolérance, d’ouverture et de diversité et qu’elle se défend des visées nationalistes, obscurantistes et frileuses qui la traversent. Parce qu’il est le reflet de ces valeurs positives, nous avons la conviction que le cinéma européen peut et doit participer à la conduite d’une politique culturelle européenne ambitieuse et renouvelée. Loin de n’être qu’un bassin d’emplois, l’addition de territoires ou la juxtaposition de marchés et de consommateurs, la culture européenne porte également ces identités plurielles et un mode d’expression libre et démocratique" expliquent-ils en préambule.

Ils réclament le renforcement de la dotation budgétaire et l'extension du champ d'actions du programme Média. Pour eux, le financement et le développement des films européens doit être notre priorité, mais ils exigent aussi le "maintien de la territorialité des droits" car cette territorialité  "structure et garantit le haut niveau de financement des œuvres en Europe, en particulier pour les cinématographies les plus fragiles et les coproductions européennes. Ce principe doit être sanctuarisé pour garantir l’exclusivité des droits et les fondements du financement de la création. C’est cette territorialité qui permet aux spectateurs d’accéder à des œuvres diverses et financées à travers l'Europe. Rêver au marché unique européen peut être séduisant mais, en l’état, un tel projet irait à l’encontre du fondement de la diversité et de l’exception culturelle."

Les auteurs sont au centre du courrier, les cinéastes rappelant que les auteurs doivent "pouvoir vivre de leur art (...) afin qu’ils puissent continuer à créer." "À tous les cinéastes, l’Union européenne doit assurer, sur tout son territoire, le même niveau de protection et reconnaitre un droit inaliénable à rémunération lorsque leurs œuvres sont exploitées sur des plateformes en ligne. Elle doit aussi encourager la transparence et la rémunération proportionnelle des auteurs au succès du film."

Visant Google, Amazon, Facebook, Apple, Netflix & co, ils demandent que l’Europe fixe "une ambition et assurer les conditions d’un jeu concurrentiel plus juste et durable entre tous ceux qui diffusent nos œuvres. Elle doit également assurer le principe d’une équité fiscale, et rapidement mettre en œuvre des engagements de financement et de diffusion vis-à-vis de la création européenne, sans possibilité de contournement. Elle doit, enfin, garantir une meilleure adéquation entre le lieu d’imposition et le lieu de diffusion des œuvres, comme c’est déjà le cas pour la TVA. L’Europe n’est pas un nouveau Far West, sans foi ni lois : elle doit veiller à appliquer les mêmes règles à l’ensemble des diffuseurs, plateformes, sites de partage ou réseaux sociaux."

Enfin, les cinéastes constatent que le piratage perdure et que l'offre légale "peine à attirer les spectateurs". Aussi veulent-ils que l'Europe valorise "une meilleure exposition des œuvres sur tous les supports." "Le développement d’outils de référencement des films légalement accessibles doit être accéléré, autant que doivent être encouragées les coopérations entre États membres ou des actions collectives concertées" selon eux, notamment en leur assurant "une large exposition dans les salles de cinéma, sur les chaînes de télévision, leurs déclinaisons numériques, et sur tous les services à la demande, est une priorité. Il s’agit aussi de répondre aux nouvelles attentes des spectateurs."

"Les professionnels devront faire des efforts en ce sens pour renforcer la disponibilité des films. Les institutions européennes devront, elles aussi, garantir une présence et une promotion minimales des œuvres européennes sur les services à la demande, tisser un lien vertueux entre numérique et création, sans faire table rase de la diversité culturelle" concluent-ils, "afin de repenser et reconstruire une politique culturelle exigeante et ambitieuse, adaptée au numérique, à son économie et ses usages, qui valorise les œuvres et mette les créateurs au cœur de son action."

La liste des premiers signataires
Fatih Akin (Allemagne), Robert Alberdingk Thijm (Pays-Bas), Alejandro Amenábar (Espagne), Christophe Andréi (France), Montxo Armendáriz (Espagne), Lucas Belvaux (Belgique) Pablo Berger (Espagne), Julie Bertuccelli (France), Iciar Bollain (Espagne), John Boorman (Royaume-Uni), Fred Breinersdorfer (Allemagne), Miroslava Brezovska (Slovaquie), Peter Carpentier (Allemagne), Marianna Cengel Solcanska (Slovaquie), Dan Clifton (Royaume-Uni), Fernando Colomo (Espagne), Stijn Coninx (Belgique), Catherine Corsini (France), José Luis Cuerda (Espagne), Jean-Pierre Dardenne (Belgique), Luc Dardenne (Belgique), Dante Desarthe (France), Leonardo Di Costanzo (Italie), Fabrice Du Welz (Belgique), Klemen Dvornik (Slovénie), Benedikt Erlingsson (Islande), Stephen Frears (Royaume-Uni), Matteo Garrone (Italie), Costa Gavras (France), Jochen Greve (Allemagne), Michael Haneke (Autriche), Michel Hazanavicius (France), Miguel Hermoso (Espagne), Hrvoje Hirar (Croatie), Agnieszka Holland (Pologne), Dariusz Jablonski (Pologne), Agnès Jaoui (France), Joachim Lafosse (Belgique), Éric Lartigau (France), Claude Lelouch (France), Marek Leszak (Slovaquie), Zuzana Liová (Slovaquie), Daniele Luchetti (Italie), Miloslav Luther (Slovaquie), Ole Christian Madsen (Danemark), Ursula Meier (France-Suisse), Roger Michell (Royaume-Uni), Radu Mihaileanu (France), Catalin Mitulescu (Roumanie), Cristian Mungiu (Roumanie), Olivier Nakache (France), Annette K. Olesen (Danemark), Ruben Östlund (Suède), Sir Alan Parker (Royaume-Uni), Pawel Pawlikowski (Royaume-Uni - Pologne), Sverre Pedersen (Norvège), Adela Peeva (Bulgarie), Nicolas Philibert (France), Ventura Pons (Espagne), Marián Puobiš (Slovaquie), Corneliu Porumboiu (Roumanie), Elina Psykou (Grèce), Di Redmond (Royaume-Uni), Michaël R. Roskam (Belgique), Lone Scherfig (Danemark), Volker Schlöndorff (Allemagne), Céline Sciamma (France), Maurizio Sciarra (Italie), Jerzy Skolimowski (Pologne), Marko Skop (Slovaquie), Paolo Sorrentino (Italie), Birgitte Staermose (Danemark), Hugh Stoddart (Royaume-Uni), Charles Sturridge (Royaume-Uni), Ondrej Sulaj (Slovaquie), Bertrand Tavernier (France), Éric Tolédano (France), Dusan Trancik (Slovaquie), Joachim Trier (Norvège), Fernando Trueba (Espagne), Felix Van Groeningen (Belgique), Wim Wenders (Allemagne), Susanna White (Royaume-Uni).

Edito: Cessez-le-feu ou allumez le feu?

Posté par redaction, le 20 avril 2017

On n'en peut plus de cette série de télé-réalité dont la fin de saison approche enfin. La France vote. Quatre demi-finalistes se disputent les deux dernières places. On aimerait qu'on se dispute pour des places de cinéma. Bien sûr, les films américains cartonnent. On prend son siège pour vrombir avec Fast & Furious 8. On s'amuse avec Boss Baby et Les Schtroumpfs, vacances oblige. On se laisse encore emporter par La Belle et la bête. Pour les autres, c'est un peu comme le parcours du candidat socialiste: rase campagne.

Les comédies françaises, trop nombreuses, trop similaires du pitch au marketing, pas assez abouties, ne font pas rire et ne fédèrent pas les masses. Les films d'ailleurs et d'auteurs peinent à trouver leur public. Tout le monde semble en vacances ou la tête dans le remue-méninges politique. Face à l'indécision, le risque, le spectateur choisit le ticket utile. Celui qui assure la promesse d'un divertissement formaté mais rassurant.

Une réforme art et essai utile mais incomplète

Alors que le CNC vient de rendre public une réforme de l'art et essai, afin de soutenir la diffusion de films labellisés comme tels, on s'inquiète. Les exploitants, notamment les plus petits, peuvent y gagner, certainement, stimulés par des avantages financiers. Mais les distributeurs survivront-ils? Il faudra quand même se pose la question de la chronologie des médias pour ces films fragiles, dont la salle de cinéma ne résoudra pas tout de l'équation financière impossible: un public de moins en moins nombreux et une profusion d'œuvres (moins de 500 nouveautés en 2002, plus de 700 aujourd'hui. La diversité est menacée par cette abondance de "contenus" elle-même en concurrence avec les autres écrans.

Et puisque la politique occupe les esprits, parlons d'éducation à l'image et d'accès à la culture. Il est urgent d'initier les jeunes à d'autres cinémas que les films patrimoniaux ou les productions historiques servant de prétexte à appuyer le programme scolaire en Français ou en Histoire. Montrer qu'un "petit" film n'est pas ennuyeux forcément sous prétexte qu'il vient d'un pays qu'on ne situe pas sur la carte. Abattre les préjugés sur le cinéma d'auteur, caricaturé durant plusieurs années par les Guignols quand ils étaient sur la Croisette (un comble quand on connaît le poids de Canal + dans le financement du festival de Cannes et de films sélectionnés).

Des candidats à l'Elysée aux choix nostalgiques

Pas sûr que les candidats à l'Elysée en aient vraiment conscience. Un portail web les a interrogés sur leurs goûts cinéphiliques. Les choix sont parfois surprenants au milieu de résultats plus convenus (La grande vadrouille, Les tontons flingueurs, quelques Francis F. Coppola et Stanley Kubrick) ou étranges (La vie dissolue de Gérard Floque). Wim Wenders (Nicolas Dupont-Aignan), Martin Brest (Marine Le Pen), Federico Fellini (Emmanuel Macron), Arthur Penn (Benoit Hamon), le docu Amy (Nathalie Arthaud), Charlie Chaplin (Philippe Poutou), Akira Kurosawa (Jacques Cheminade), Sergio Leone (Jean Lassalle), Orson Welles (François Fillon) sont cités parmi les films cultes des candidats (hormis Mélenchon qui n'a pas voulu se prêter au jeu). Peu finalement ont défendu un cinéma contemporain, ou même français, ou même européen. Pendant ce temps là Justin Trudeau au Canada fait la promotion du cinéma canadien sur les réseaux sociaux... Cherchez l'erreur.

Mais surtout, la plupart de ces films et de ces cinéastes connaîtraient peut-être aujourd'hui des difficultés à attirer le grand public dans les salles. Certains de ces films récents cités ont d'ailleurs souffert au box office. Où est le devoir de transmission? Comment pensent-ils que les futures générations pourront voir/découvrir/apprécier ces grands films? Le cinéma est une ouverture sur le monde. Mais ce n'est pas qu'une fenêtre parmi d'autres d'où l'on s'évade. C'est aussi un miroir, qui permet de comprendre notre temps et d'interroger nos sentiments et émotions. Comme tout art il est contemplatif, prospectif, introspectif, significatif, subjectif et éducatif.

Le cinéma, art de résistance?

L'an dernier, Cannes présentait des films comme Moi Daniel Blake, Toni Erdmann, Aquarius, Rester vertical, Sierranevada, Baccalauréat qui évoquaient le chômage, la fracture sociale et l'exploitation des individus, le logement, la famille et la ruralité, l'ouverture sur le monde et le repli sur soi, ou encore la corruption. Autant de sujets politiques traités de manière romanesque. Le cinéma en dit bien plus sur notre époque et sur nos problèmes que n'importe quel candidat à l'Elysée. On n'ose croire que la culture et l'art, avec leur vertu démocratique, leur regard critique, soient considérés comme un danger pour ces candidats. Qu'ils aient intérêts à ce que les masses soient abruties par des divertissements écervelés et distraites par des sensations primales. Il est loin le temps des Lumières où l'on voulait éclairer le peuple. Le cinéma est peut-être la dernière lucarne, dont la flamme semble vacillante ces temps-ci.

Edito: No culture!

Posté par redaction, le 5 avril 2017

Il y avait No future comme slogan des Sex Pistols pour scander leur vision nihiliste punk rock. On pourrait clamer No Culture ces temps-ci. Oh il y a de belles intentions comme ce G7 à Florence (la ville d'Inferno, thriller apocalyptique, on dit ça on dit rien) qui a fait une magnifique déclaration aussi neutre que possible, vantant la culture comme le patrimoine afin de faire dialoguer les civilisations. Beau comme l'Antique.

Mais en France, comme aux Etats-Unis il y a quelques mois, comme au Royaume Uni lors de la campagne du Brexit, comme dans la campagne allemande qui se profile, le mot Culture semble si grossier qu'il est caché dans les discours, voire complètement omis. Cacher cette culture que vous ne sauriez voir!

On exagère à peine. Onze candidats briguent l'Elysée. Un débat a eu lieu, retransmis longuement et en direct à la télévision. Sur les onze, quatre ont évoqué la culture, qui n'était même pas un sujet choisi par leurs équipes. L'une a évoqué le patrimoine culturel des français qu'il faut protéger et valoriser, un autre a intégré le cinéma dans un argumentaire sur la fiscalité, un autre encore a préféré faire du name dropping pour montrer que la culture rassemble, et enfin un dernier a eu l'extrême audace d'en faire un pilier de sa conclusion en citant (enfin, après quatre heures de débat) le mot si honteux.

Les enjeux ne manquent pas

Bien sûr, ça énerve tous les "acteurs" du monde culturel. Des institutions, des syndicats ou associations interpellent par courrier, campagnes d'affichage, campagnes virales et autres appels chacun d'entre eux. Où est la Culture, vous qui défendez la République, l'Education, le vivre ensemble, l'émancipation des masses?

Et quand bien même on n'aborderait que l'angle utilitariste (économie, numérique), il y a de sacrés enjeux. Bien sûr, chacun des candidats a placé une ou quelques idées sur le sujet dans leur programme. Mais c'est un peu faible. Au mieux, on ne sait pas comment c'est financé, au pire, c'est flou, voire passéiste. Quid de la concurrence de Netflix, Amazon, Apple, Google face à nos "petits joueurs" (Fnac, Canal +, Orange...)? Quid des cinémas locaux et ruraux, de la chronologie des médias, des quotas de films européens, pour ne prendre que quelques sujets dans l'air du temps? Quid de l'éducation à l'image alors qu'il est toujours compliqué de faire venir des intervenants spécialisés ou d'obtenir le droit de diffuser un film? Quid de tous ces festivals de plus en plus fragiles voire au bord de la faillite quand les collectivités coupent en premier lieu dans l'action culturelle?

Cannabis et culture, même combat

Et on en passe. On a hâte d'entendre le/la prochain(e) Président(e) préciser sa vision lors d'une éventuelle visite au Festival de Cannes. Cannes, le CNC, l'Institut français, Unifrance: autant d'armes bien solides qui font le boulot à la place des politiques. C'est déjà ça. Mais on regrette quand même que personne ne soit fier d'affirmer que la culture française, et notamment le cinéma français, reste vivace, audacieux, varié, séduisant, et populaire. De quoi rassembler au niveau national avec un symbole visible et de quoi en faire un outil de "soft power" pour l'image du pays dans le monde.

C'est comme le cannabis, la culture semble appréciée mais on veut ignorer ses vertus, n'y voyant qu'un vice (combien de voix, ça rapporte la culture? combien de dette ça fabrique?). Au moins elle n'est pas illégale. C'est de la bonne herbe que chacun peut consommer sans modération, une bonne drogue dure conseillée, contrairement à la marijuana, qui est à la cigarette ce que sont les films et séries piratés. Pendant cette campagne, en tout cas, une chose est sûre: la culture du cannabis et la culture tout court ont un trait en commun. Elles n'existent pas. C'est dans ce genre de situations qu'il faut savoir résister, à l'instar de cette initiative du Palais de Tokyo, qui a ouvert un Tumblr pour tous ceux qui veulent avoir une pensée pour la culture.

Edito: Le cinéma et vous

Posté par redaction, le 22 septembre 2016

Une étude parue lundi montrait que le cinéma était indiscutablement lié à la culture. Comme la musique (mais loin derrière la littérature). 21% des Français pense au "cinéma" quand on leur évoque le mot "culture". Pour 92% des Français, "aller au cinéma" est une action culturelle dans tous les cas ou dans certains cas.

C'est assez frappant car dans de nombreux pays, le cinéma est avant tout un divertissement ou un loisir. En France, c'est culturel. Qu'on aille voir Camping 3 ou Toni Erdmann, qu'on regarde Mardi Cinéma sur France 2 ou qu'on écoute Le masque et la plume sur France Inter.

C'est aussi un acte fédérateur. Familial devrait-on dire. La dernière fournée de Médiamétrie (l'enquête cinéma des 75000), un spectateur sur 2 est allé au cinéma avec un enfant de moins de 15 ans au premier semestre 2016. Ce qui explique la très bonne forme des films d'animation, des comédies ou des Marvel. Ainsi pour des films comme Zootopie ou Le Livre de la jungle, un spectateur sur cinq avait moins de 14 ans.

Que les enfants aiment aller au cinéma, c'est une bonne chose pour l'avenir. Et d'ailleurs, puisqu'on a envie d'être optimistes, le plus intéressant est du côté des jeunes. On peut consommer la télévision en replay, être abonné à Netflix (plus que la moyenne): les jeunes urbains aiment aussi aller au cinéma. La consommation d'images à domicile ou en mode nomade ne vampirise pas le 7e art.

Il est réjouissant de constater que le grand écran reste toujours aussi attractif.Et de Kubo à Juste la fin du monde, de Cézanne et moi à Brooklyn Village, la force d'un pays comme la France est de proposer chaque semaine une diversité enrichissante de films, pour tous les publics.

Edito: éperdument, passionnément, à la folie…

Posté par redaction, le 3 mars 2016

Les César et les Oscars sont passés. L'année 2015 est (presque) soldée. Il reste bien quelques films américains comme Room et Brooklyn qui attendent leur sortie en salles en France. Mais désormais on peut complètement se projeter sur l'année 2016. Sundance et Berlin avaient lancé les premiers films marquants. Les Tuche 2 et Pattaya ont déjà rempli leur contrat au box office. Disney et son Zootopie a prouvé que l'animation était une valeur sûre. Mais le plus gros reste à venir: les blockbusters d'Hollywood, dès mars avec Batman v Superman, et puis bien sûr les films qui seront au Festival de Cannes. Nombreux cannois de 2015 ont été césarisés et oscarisés le week-end dernier.

On s'impatiente des retours de Almodovar, Loach, Kusturica, Hong-jin Na, Tran Anh Hung, Dolan, Jodie Foster, Scorsese, Sean Penn, Winding Refn, Mungiu, Abel et Gordon, etc... Bien sûr il y aura des déceptions, mais, on en est certain, il y aura aussi des élans fougueux qui nous feront aimer des films venus de nulle part ou confirmant un(e) cinéaste émergent(e).

2016 a commencé sur les chapeaux de roue avec une fréquentation à la hausse en France. Le cinéma reste un art populaire, alors que tout, désormais, incite à rester chez soi. Après tout on peut se connecter du monde entier pour voir un film assis sur son canapé ou allongé dans son lit. Mais l'expérience de sortir seul ou accompagné et de partager au même moment des émotions (rires, larmes, peurs) avec un public anonyme reste unique. Rien à voir avec le partage de gifs sur les réseaux sociaux. Rien à voir avec une vidéo de chatons. Allez voir un film, ou un concert, une expo, un spectacle, échanger un livre ou même boire un verre de bon vin peu importe, s'avère encore enrichissant et attirant. Comme le dit un proverbe africain, "un homme sans culture ressemble à un zèbre sans rayures.” Et on a besoin de rayures. Et comme pour le zèbre, chaque humain a des rayures différentes.

Dany Boon et Louane un peu seuls face au Front National

Posté par vincy, le 8 décembre 2015

dany boon louane

"Je ne peux pas croire que ma région, celle où je suis né, où j'ai grandi, où j'ai tout appris, que j'aime tant et que je mets en valeur dans mes spectacles et dans mes films depuis plus de 25 ans en vantant sa tolérance, son ouverture d'esprit, son sens de l'humour, sa générosité et son humanité, soit demain dirigée par un parti d'extrême droite. Je comprends le ras-le-bol, la peur, l'incertitude de l'avenir mais je vous assure, mes biloutes, que voter pour l'extrême droite ne résoudra aucun des problèmes actuels, au contraire. Je vous aime." C'est signé Dany Boon sur son mur Facebook.

Le résultat électoral dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie plaçant Marine Le Pen (Front national) en tête a fait réagir l'acteur le plus populaire de France. Actuellement en tournage, le ch'ti Dany Boon a décidé de réagir. Lors des municipales partielles de Hénin-Beaumont, en 2009, il avait déjà appelé à voter contre le Front National: "Le Nord-Pas-de-Calais a toujours été une terre d'accueil, de tolérance, de respect de l'autre et de ses différences", écrivait-il alors. Ce à quoi Marine Le Pen lui avait répondu qu'il ne connaissait pas la situation des habitants de la commune, en tant que millionnaire résidant à Los Angeles.

Jusque là seule Louane avait fait entendre sa voix. La chanteuse et comédienne (César du meilleur espoir pour La famille Bélier) n'a jamais hésité à rappelé ses origines et son parcours modeste à Hénin-Beaumont où elle est née pour s'opposer au FN. Après une première intervention au Grand Journal plus tôt dans l'automne, elle en a rajouté une couche le 29 novembre sur RFM: "Ce qui se passe politiquement à Hénin-Beaumont, je ne m'en fous pas. Si la question est : “Est-ce que je me mettrais à côté du FN ?” Absolument pas. Je n'ai pas été élevée dans la peur de l'autre et je viens d'une famille multi-origine. Donc, ça ne marche pas pour moi."

Le Nord-Pas-de-calais, importante pourvoyeur de fonds pour le cinéma

On aurait pu s'attendre à davantage de prises de paroles publiques. Mais les temps changent. Diaboliser le FN n'est plus tendance, ou presque. Le parti séduit désormais un tiers des votants. Il ne s'agirait pas d'insulter le public ni l'avenir. Car, au-delà de l'image que véhicule le parti ou du motif de ses électeurs, si le Front national préside des régions, c'est tout un pan de l'économie culturelle qui sera sous sa coupe. Pour ne prendre que le Nord-Pas-de-Calais (sans la Picardie), c'est 8 millions d'euros par an d'aides au cinéma, sit le 4e fonds d'aide régional, qui permet à 80 courts et longs métrages d'exister mais aussi à 45 salles de cinéma à se numériser et 15000 scolaires d'accéder à des formations ou des ateliers de cinéma.

Officiellement, tout le secteur culturel, principalement soutenu par de l'argent public, refuse de collaborer avec le FN. Mais une fois au pouvoir, s'il gagne les élections du 13 décembre, il faudra bien composer. Certaines institutions culturelles dépendent fortement des subventions régionales (43 millions d'euros au total), y compris le centre de création contemporaine du Fresnoy à Tourcoing. Le FN ne cache pas sa vision régionaliste de la culture, sa haine de l'art contemporain comme sa volonté de privilégier les artistes locaux et une culture "française". Tous leurs candidats souhaitent retirer les subventions à des lieux trop politisés, communautaristes ou clientélistes, ceux qui n'ont pas de publics ou ne sont pas rentables. Cette logique comptable est évidemment dangereuse. Est-ce que La Vie d'Adèle ou le prochain Bruno Dumont, tournés dans la région, auraient bénéficié d'aides régionales si on suit leur logique?

Une collaboration inévitable avec le Front National?

Bien sûr, le parti de Marine Le Pen se veut rassurant. La députée européenne et patronne du Front national a enrôlé Sébastien Chenu, ancien membre de l'UMP, fondateur de GayLib (qui défendait le droit des homosexuels dans le parti de Nicolas Sarkozy), pour faire le lien avec les gens de la culture. Dans Le Monde, il expliquait, non sans sarcasme: "Je connais bien les artistes, leurs fantasmes. Ils nous crachent dessus… Mais, si on gagne, je n'aurai aucun problème à travailler avec eux et à leur donner leur subvention. Maintenant, s'ils continuent à ne pas vouloir nous parler… Vous savez, j'ai rencontré beaucoup de responsables culturels de premier plan dans le Nord. Je ne vous donne pas leurs noms par délicatesse. Ils ne sont pas les mêmes sur une estrade ou en privé face à moi. Vous verrez, ils changeront d'attitude…"

Pour le cinéma, rien n'est moins sûr. La concurrence est très vive entre les régions pour attirer les tournages. La Picardie, qui fusionne avec le Nord Pas de Calais, est un acteur mineur en France. Mais si on prend une autre région emblématique, Provence-Alpes-Côte d'Azur, 2e région pour les tournages (un film français sur dix, un film étranger sur cinq), on peut croire que la Côte d'Azur reste toujours attractive. L'argent n'a pas d'odeur. Et on voit mal le FIF de Cannes ou le FID de Marseille déménager. Cependant, pour les plus petits festivals, la perte d'une aide régionale peut être périlleuse.

Edito: Et maintenant, on va où?

Posté par redaction, le 30 novembre 2015

Bien des émotions se sont succédées en nous depuis la soirée du 13 novembre. Horreur, tristesse, angoisse, colère, accablement. On a écouté, incrédule, les hommes politiques prendre la parole. On a assisté à des démonstrations de force, des déclarations de guerre. On a essayé de suivre la pensée des penseurs, les observations des observateurs, les débats des débatteurs. Chacun semblait avoir un rôle si bien défini dans cet "après" que l'on s'est demandé lequel était le nôtre. On se sentait un peu mal face à ces grands mots, ces attitudes belliqueuses et ces décisions prises "pour le bien collectif".

Alors on a envisagé (si, si, sérieusement) d'aider les Anonymous à tracker les terroristes sur le web. On a bu un verre en terrasse (plusieurs, à vrai dire). On s'est même demandé fugacement, juste après cette fameuse soirée en terrasse, où trouver un drapeau tricolore. Et puis, parce que c'est dans notre nature, parce qu'on se sentait tristement inutile, parce que tout devenait déjà trop compliqué, ou au contraire trop simpliste, on a repris le chemin des salles de cinéma. On s'est assis, et on a regardé les films nous parler de nous, de notre monde, et de notre avenir. On ne peut pas dire que tout s'est éclairé, mais soudain on avait moins peur, on se sentait moins seul. A l'écran, de tout petits enfants apprenaient le vivre ensemble par la magie quotidienne de l'école. Un homme errait dans sa propre vie sans trop savoir quoi en faire. Une femme retrouvait le goût du désir, du plaisir et de l'existence.

Et puis il y avait les films de demain, ceux qui n'étaient pas encore arrivés jusqu'à nos cinémas : des expériences formidables pour sauver la planète, une histoire intime et épurée pour mettre des mots et des images sur un traumatisme qui n'est pas celui du 13 novembre et qui pourtant lui ressemble comme deux gouttes d'eau, une quête cinématographique éblouissante qui serait comme la somme de tous les films jamais tournés... et les autres, tous les autres, tous ceux qu'il reste à inventer, à rêver, à réaliser et à regarder. On s'est dit qu'on avait peut-être trouvé notre place, finalement, dans cet "après" qu'on n'arrivait pas encore à nommer. Rien de glorieux ni d'héroïque, rien d'intelligent ni même d'utile, mais juste un petit rouage dans le grand mouvement en train de se mettre en place : continuer.