Et si on regardait… Opérations Jupons

Posté par vincy, le 25 avril 2020

Lundi 27 avril sur Arte, à 20h55, on vous recommande très vivement Opérations jupons, film de guerre pas comme les autres, mixant dans un même pot de peinture, le romantique, l'action, le queer, le féminisme (et son inverse, le sexisme), le grivois et le burlesque.

Blake Edwards était un prodige dans le genre. Avec ce scénario hybride et réjouissant, nommé aux oscars, il va enfin se faire une belle place à Hollywood. jusqu'ici, les commandes avaient été diverses et variées: des séries tv, des films de genre, de la comédie. Rien de marquant. Opérations Jupons va être son premier carton, deux ans avant Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé). Ici il s'agit de gagner une guerre avec les moyens du bord: des avaries, des femmes (ça porte malheur) à bord, des marins en chaleur, des vivres et des outils en pénurie, ... C'est une double cohabitation qui s'annonce: celle d'un commandant aguerri avec un lieutenant novice et peu conformiste, et celle de sous-mariniers avec cinq superbes femmes-infirmières devant être rescapées. Et de temps en temps les Japonais lâchent des bombes.

Opération Jupons est typiquement le film hollywoodien qui repose sur ses deux stars masculines, antagonistes par l(âge et le style de séduction, mais surtout les plus ambivalentes du cinéma hollywoodien de l'époque.

En daddy, le bisexuel Cary Grant (nommé aux Golden Globes pour sa performance), toujours un peu factieux, sûr de son statut de tête d'affiche, cabotinant légèrement avec ce personnage de vieux loup de mer , amusé par les prouesses de son jeune lieutenant, très sérieux quand il s'agit de lancer des missiles, fussent-ils un leurre à base de soutiens-gorges. Cary Grant est au top de son charme et de sa carrière. Il ne tournera que cinq films après celui-là (dont le délicieux Charade), mais en cette année 1959, il est aussi la vedette de La mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, assurément son film le plus iconique de sa longue carrière débutée en 1932. Les temps qui grisonnent, il a enchaîné des succès aussi différents qu'Indiscret et Elle et lui. Grant avait d'ailleurs refusé le rôle dans un premier temps, considérant qu'il était trop âgé pour dirigé un sous-marin, fut-il peint en rose par un hasard de circonstances, rôle qu'il avait déjà endossé 16 ans auparavant dans Destination Tokyo (un tout autre registre).

"Lt. Cmdr. Matt T. Sherman: Ditess-moi quelque chose. Pourquoi avez-vous rejoint la Navy?
Lt. Nicholas Holden: Parce que j'avais besoin d'un uniforme d'officier."

En doublure plus jeune, le non moins séduisant Tony Curtis, fidèle d'Edwards, métrosexuel avant l'heure, malin comme un singe, débrouillard sans scrupule (ce qui lui coûtera quelques affaires), snob un peu pédant, capable de tous les compromis, et pas forcément promis à une carrière de capitaine. Ça pourrait être une affaire père fils ou maître élève. Niveau jeu, la partition est très différente, si bien que les deux acteurs peuvent être dans leur zone de confort sans faire de l'ombre à l'autre, ce qui créé une belle alchimie virile. Tony Curtis est alors en pleine ascension. Il tourne depuis dix ans à peine, mais a déjà à son actif des films forts et populaires comme Les vikings, la Chaîne, Le grand chantage et Trapèze. Surtout, en cette année 1959, il se travestit dans Certains l'aiment chaud, comédie culte de Billy Wilder, avec Marilyn Monroe et Jack Lemmon. D'ailleurs pour la comédie de Wilder, Tony Curtis, grand fan de Cary Grant depuis son adolescence, avait calquer sa voix sur celle de son aîné.

De la taille des bonnets au phallique submersible, tout est évidemment un peu érotique dans le sous-texte. Les marins ne sont pas réputés très subtils dans l'art de la drague: et de voir débarquer un escadron féminin alimente les réflexions un brin misogynes. cependant, le mélange des deux sexes va s'avérer plutôt salvateur dans cette guerre en plein Pacifique. C'est une ode à la féminité: la femme est non seulement l'égale de l'homme (même en mécanique) mais elle l'améliore (jusqu'aux plus endurcis). Hommes ou femmes sur le front, tout le monde est finalement à la même enseigne, à chanter "Ce n'est qu'un au revoir " en guise de communion de nouvel an.

"Vous voyez, quand une fille a moins de 21 ans, elle est protégée par la loi. Quand elle a plus de 65 ans, elle est protégée par la nature. N'importe où entre les deux, elle est un jeu équitable!"

Derrière cette "potacherie" brillamment menée, aux couleurs vives du climat floridien, il y a quelques anecdotes véridiques: le manque de papier toilettes (déjà) est réellement survenu et a fait l'objet d'un courrier officiel au sein de la marine, un sous-marin, le Sealion, a bien été coulé alors qu'il était à quai aux Philippines et, last but not least, le Seadragon fut peint en rouge après avoir vu sa couleur noire sérieusement abimée par un raid aérien.

Désormais classé parmi les sous-marins les plus célèbres du cinéma (et parmi les rares dans la comédie), le Tigre des mers rugira une dernière fois (un immonde rot de pétroleuse). On soulignera qu'un remake a été réalisé en 1977 avec Jamie Lee Curtis, fille de Tony et de Janet Leigh, dans le rôle de Barbara, celle qui tombe amoureuse du beau lieutenant.

4e hit de 1959, Opérations Jupons fut un énorme succès aux Etats-Unis, bien plus important que Certains l'aiment chaud (6e) et La mort aux trousses (8e). Cary Grant, grâce à ses deux films, fut l'acteur le plus bankable de l'année après Rock Hudson. En France, ce fut l'ordre inverse: Certains l'aiment chaud (4 millions d'entrées), La mort aux trousses (3,5 millions) et Opérations Jupons (1,3 million). A vous de vous rattraper.

Michel Blanc à l’honneur pour le 2e Festival Ciné Comédies à Lille

Posté par MpM, le 26 septembre 2019

Fort de ses 12 000 spectateurs en 2018 pour sa première édition, le nouveau festival lillois consacré à la comédie revient avec un programme alléchant et éclectique. Se voulant à la fois populaire et cinéphile, Ciné Comédies a pour ambition de célébrer le patrimoine cinématographique comique français comme international en proposant des rétrospectives, des avant-premières, une exposition, des masterclass, des ciné-spectacles musicaux , des dédicaces et des rencontres professionnelles.

Une rétrospective sera notamment consacrée à Michel Blanc, qui succède à Pierre Richard à la place enviée d'invité d'honneur du festival. Il donnera ainsi une masterclass exceptionnelle lors de la soirée spéciale du 5 octobre. Son dernier film en date, Docteur ? de Tristan Séguéla, sera également projeté en avant-première lors de la soirée de clôture. Autre invité de marque, le cinéaste Bertrand Blier donnera lui aussi une masterclass pour accompagner la projection de deux de ses longs métrages : Calmos (en copie restaurée) et Buffet froid.

Un focus sera également proposé sur la comédie belge, à travers un panorama d'une dizaine de films courts et longs, dont Rumba du duo Fiona Gordon-Dominique Abel, et une double soirée spéciale en présence de François Damiens (pour Mon ket) et Olivier Van Hoofstadt (pour Dikkenek).

Enfin, de nombreux événements viendront ponctuer ces cinq jours, comme la présentation en avant-première de La vérité si je mens ! Les débuts de Gérard Bitton & Michel Munz ; les 70 ans de Jour de Fête de Jacques Tati ; deux projections spéciales de L'Homme de Rio de Philippe de Broca (chef d'oeuvre) ou encore un triple hommage à trois personnalités qui auraient eu 100 ans cette année : Gérard Oury (La Grande vadrouille, La Folie des grandeurs), Lino Ventura (Ne nous fâchons pas de Georges Lautner) et Jean Lefebrve (Un idiot à Paris de Serge Korber).

En parallèle, plusieurs événements professionnels (la résidence d'écriture CineComedies Lab, une table ronde consacrée à l'écriture de dialogues pour la comédie... ), exposition (Louis de Funès : il est l'or) et autres spectacles musicaux (tel que le Living Cartoon Duet qui recrée en direct la bande-son d'un cartoon) complètent un programme qui ne laissera personne de marbre !

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2e Ciné Comédies de Lille
Du 2 au 6 octobre 2019
Informations et horaires sur le site de la manifestation

Les scénarios des comédies françaises en vacances prolongées

Posté par kristofy, le 10 juillet 2018

Hasard du calendrier, ce mercredi 11 juillet parmi les nouveautés dans les salles de cinéma, il y a ces deux comédies françaises Christ(off) et L’école est finie...
En fait ce n'est pas vraiment un hasard, les vacances d'été sont souvent propices aux comédies légères devant lesquelles on peut débrancher le cerveau. C'est d'ailleurs aussi un peu pareil durant la plupart des vacances scolaires, et parfois lors d'opération de billet à prix réduit (comme Le Printemps du cinéma en mars à 4 euros la place). La comédie est le genre de film le plus populaire en terme de tickets vendus. On l'a vu cette année avec Les Tuche 3 ou La Ch'tite Famille, leaders de l'année au dessus des 5 millions de spectateurs. Mais on a aussi noté que la plupart d'entre elles s'est ramassée, "sous-performant" largement, à l'instar des récents flops: Le doudou, Budapest, Tamara vol. 2, Les affamés, Comment tuer sa mère, ... Depuis le début de l'année, seuls cinq films français ont été "millionnaires", dont quatre comédies.

A propos de ces nouvelles comédies sur les écrans Christ(off) et L’école est finie : justement pour ce qui est originalité, ça n'est pas vraiment ça... Un coup d'œil sur l'affiche, la bande-annonce et le résumé du film et on sait que ça va être sans prise de tête, on voit déjà quel genre d'histoire ça va être. Un peu trop, comme une impression d'avoir déjà vu le film en fait. Cette paresse marketing et scénaristique peut explique la série de bides qu'a connu le cinéma français depuis depuis deux mois. Tendance qui ne s'inverse pas malgré La fête du cinéma ou les congés.

Malheureusement ce ne sont pas les seuls films où plusieurs pages du scénario ont été un peu photocopiées ailleurs. Voici un petit jeu des 7 différences :

1) Christ(off), sortie le 11 juillet : Le Père Marc souhaite récolter des fonds, avec son groupe de musique chrétienne il organise une tournée dans toute la France. A 33 ans, Christophe, chanteur raté mais guitariste de talent qui vit encore chez sa mère, croise le chemin du Père Marc qui le recrute. Condition sine qua non : Chris doit se faire passer pour un membre du clergé ! Planqué sous une soutane, au sein de son groupe d’Apôtres un long chemin de croix commence alors...
Des faux religieux qui chantent ? Oui, c'est bien la même histoire que Coexister (sorti en octobre 2017) où un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d'un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints…

2) L'école est finie, sortie le 11 juillet : Agathe Langlois, parisienne jusqu’au bout de ses ongles bien vernis vient d’être titularisée comme professeur d’anglais. Mais quand elle apprend qu’elle est mutée à des centaines de kilomètres de chez elle, en plein campagne, c’est la douche froide. Les pieds dans la boue, à Trouilly-sur-Selles, la bonne humeur d’Agathe va être mise à rude épreuve. Entre des collègues démotivés et des élèves plus que dissipés, cette première année d’enseignement va lui réserver bien des surprises…
La découverte des bouseux de la campagne ? Oui, c'est bien la même histoire que Bienvenue chez les Ch'tis (sorti en février 2008) où Philippe Abrams directeur de la poste de Salon-de-Provence est muté à Bergues, petite ville du Nord. Pour les Abrams le Nord c'est l'horreur, une région glacée, peuplée d'êtres rustres, éructant un langage incompréhensible, le "cheutimi". A sa grande surprise, il découvre un endroit charmant, une équipe chaleureuse, des gens accueillants, et se fait un ami...

3) Demi-Soeurs, sortie le 30 mai : Lauren tente de percer dans le milieu de la mode, Olivia veut sauver la confiserie de ses parents et Salma vit encore chez sa mère en banlieue. Leurs routes n’ont aucune raison de se croiser. Jusqu’au jour où, à la mort de leur père biologique qu’elles n’ont jamais connu, elles héritent ensemble d’un splendide appartement parisien. Pour ces trois sœurs qui n’ont rien en commun, la cohabitation va s’avérer pour le moins explosive…
Une nouvelle famille avec des inconnues ? Oui, c'est bien la même histoire que Les trois frères (sorti en décembre 1995) où le même jour, trois hommes découvrent qu'ils sont frères et héritent de 3 millions. Mais dix jours plus tard, l'héritage est détourné et la galère commence pour trois frères qui n'ont que faire d'être frères...

4) MILF, sortie le 2 mai : Trois amies d’enfance partent dans le Sud vider la maison de l’une d’entre elles, afin de la vendre. Pendant ces quelques jours, elles vont devenir les cibles privilégiées de trois jeunes garçons, pour qui ces femmes seules, approchant la quarantaine, sont bien plus séduisantes que les filles de leur âge… Cécile, Sonia et Elise découvrent avec bonheur, qu’elles sont des MILF !
Les femmes séduisent après 40 ans ? Oui, c'est presque la même histoire que Larguées (sorti juste avant le 13 avril) où Rose et Alice, deux sœurs très différentes, d’accord sur rien à part sur l’urgence de remonter le moral de Françoise, leur mère fraîchement larguée. La mission qu’elles se sont donnée est simple « sauver maman » et le cadre des opérations bien défini : un club de vacances sur l’Ile de la Réunion…

5) Place publique, sortie le 18 avril : Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd'hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...
Une soirée où tout le le monde se dispute comme des intouchables avant de se réconcilier ? Oui, c'est un peu pareil et avec le même acteur Jean-Pierre Bacri que Le sens de la fête (sorti le 4 octobre) autour de Max traiteur depuis trente ans un peu au bout du parcours. Là c'est un sublime mariage celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : serveurs, cuisiniers, photographe, orchestre, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie. Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos...

6) Taxi 5, sortie le 11 avril : Sylvain, super flic parisien et pilote d’exception, est muté contre son gré à la Police Municipale de Marseille. L’ex-commissaire Gibert, devenu Maire de la ville et au plus bas dans les sondages, va alors lui confier la mission de stopper le redoutable « Gang des Italiens », qui écume des bijouteries à l’aide de puissantes Ferrari. Mais pour y parvenir, Marot n’aura pas d’autre choix que de collaborer avec le petit Eddy, le pire chauffeur VTC de Marseille...
Alerte généraaaaaale, on passe la 5ème vitesse ? Oui, c'est bien la même histoire que Taxi (sorti en avril 1998), Taxi 5 est moins une suite qu'un remake en forme de reboot du Taxi originel : Daniel est un fou du volant, chauffeur de taxi il sait échapper aux radars. Il croise la route d'Emilien, policier recalé pour la huitième fois à son permis de conduire. Pour conserver son taxi, il accepte le marché que lui propose Emilien : l'aider à démanteler un gang de braqueurs de banques qui écume les succursales de la ville à bord de puissants véhicules... Taxi 5 ne cache pas reprendre certains gags des autres films de la saga et déçoit : les fans voulaient une suite avec un duo d'acteurs (un chauffeur et un policier) et pas une autre version appauvrie  (Franck Gastambide est lui à la fois le chauffeur et le policier), dommage.

7) Gaston Lagaffe, sortie le 4 avril : Gaston débarque en stage au Peticoin, avec ces inventions délirantes, il va changer le quotidien de ses collègues, mais avec le don d’énerver Prunelle son patron. Les gaffes à gogo pourront-elles éviter que le redoutable Monsieur de Mesmaeker rachète le Peticoin ? M’enfin ! La fille de l'auteur avait déploré « le scénario débile et le rythme des gags catastrophique »...
Faut-il vraiment exploiter une bande-dessinée de Franquin au cinéma ? Oui, c'est bien le même ratage que Les aventures de Spirou et Fantasio (sorti en février) où quand le Comte de Champignac inventeur excentrique est enlevé par les sbires de l’infâme Zorglub, nos deux héros se lancent aussitôt à sa recherche. En compagnie de Seccotine, journaliste rivale de Fantasio, et de Spip un petit écureuil espiègle, ils sont entrainés dans une poursuite où Spirou (qui n'est plus un héros positif mais devenu un pickpocket tête à claque) et Fantasio (qui aura une scène où il va manger du caca!) vont devoir faire équipe... Ces 2 films, Gaston Lagaffe tout comme ce Spirou et Fantasio, ont d'ailleurs été des échecs. Adapter une BD pourquoi pas, mais pourquoi la trahir ?

Vivement la rentrée de septembre!


Danny Boyle (Trainspotting) et Richard Curtis (Love Actually) préparent une comédie

Posté par vincy, le 11 mars 2018

En attendant de savoir s'il réalisera le prochain James Bond, Danny Boyle accélère son projet dans les cartons: une comédie (sans titre pour l'instant).

L'actrice Lily James, récemment vue dans Downton Abbey, Cendrillon, Baby Driver et Les heures sombres, et bientôt à l'affiche de Mamma Mia! Here we go again, serait en négociations pour en être la vedette.

Le réalisateur de Trainspotting, 27 Hours et Slumdog Millionaire, fait équipe avec le scénariste Richard Curtis, à qui l'on doit Coup de foudre à Notting Hill, Le journal de Bridget Jones et sa suite, Love Actually, 4 mariages et 1 enterrement, Cheval de guerre et Il était temps. Les deux hommes sont aussi producteurs pour ce film encadré par Working Title et Universal.

Danny Boyle tournerait cette comédie dès cette année, même s'il doit ensuite enchaîner avec un 007. Son agenda est chargé puisqu'il lancera sa série Trust ce printemps, inspirée du même fait divers que celui du dernier film de Ridley Scott, Tout l'argent du monde.

Cannes 70 : c’est bon de rire parfois…

Posté par cannes70, le 1 avril 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-47. Et pour retrouver la totalité de la série, c'est par .


La sélection officielle en 2016 fut quasiment une exception : il y eut beaucoup d'occasions de sourire voire de rire franchement, grâce aux facéties du père dans Toni Erdmann pour redonner le sourire à sa fille, cadre dynamique trop froide ; à une euthanasie administrée via des voies naturelles inattendues dans Rester vertical d'Alain Guiraudie ; aux failles morales et vestimentaires des sinistres bourgeois de Ma Loute de Bruno Dumont ; à la liberté de ton d'Isabelle Huppert alias Elle pour Paul Verhoeven ou grâce au désormais fameux carton d'introduction de The Last Face de Sean Penn. Cette liste valide cette idée que la franche comédie - ce qu'aucun de ces films n'est – reste bien rare en compétition. Et au passage, rappelons que tous ces films sont repartis bredouilles…

La Palme d'or... et comment l'avoir pour une comédie


En 1965, contre toute attente, alors que la sélection comprenait des futurs classiques bien sombres (La 317e Section de Pierre Schoendoerffer, L'Obsédé de William Wyler, La Colline des hommes perdus de Sidney Lumet...), le jury présidé par Olivia de Havilland ose l'inattendu : remettre une Palme d'or à une comédie, une vraie : The Knack... et comment l’avoir de Richard Lester. Un film délirant, à la croisée du slapstick de l'âge d'or du muet et de la folie furieuse de Helzappoppin (sommet de burlesque sans queue ni tête des années 40), mais dans le style plus réaliste et humain du Free Cinema qui bouleversa les codes du cinéma anglais dans les années 60.

Dans cette chronique romantique chorale se croisent quelques jeunes hommes et femmes vivant avec plus ou moins de sérieux et de bonheur leur quête d'amour ou d'affections éphémères. Dans un entretien accordé aux Cahiers du Cinéma à Cannes cette année là, le réalisateur précisait ses intentions : «The Knack est un film sur la non-communication des jeunes entre eux : ils sont dans une pièce, et chacun parle pour soi, chacun parle de choses différentes, sans écouter les autres, ce qui est très réaliste. Cela me fait penser à un vieux sketch radiophonique : il y a quatre boutons, correspondant à quatre programmes, un agricole, un religieux, un musical, un d'information. Si l'on appuie sur les quatre à la fois, on obtient un torrent d'absurdités. Voilà ce qu'est The Knack».

De ces oppositions et enchevêtrements de situations souvent embarrassantes naît le rire franc, net, massif mais aussi une forme de tristesse, liée à la complexité des relations amoureuses. The Knack, sans être parfait, est une heureuse combinaison d'un portrait réaliste de la jeunesse contemporaine du temps de son tournage et d'un décalage cartoonesque (voir le montage à la Tex Avery dans la scène des portes ci-dessous). Lester avait auparavant dirigé les Beatles dans Quatre garçons dans le vent (A Hard Day's Night) et c'est accompagné de John Lennon qu'il récupéra son trophée, ce dont peu de réalisateurs peuvent se vanter. Petite ironie de l'histoire, il réalisa une dizaine d'années plus tard La Rose et la flèche, avec Audrey Hepburn dans le rôle de Marianne, l'éternelle fiancée de Robin des Bois immortalisée à la fin des années 30 par Olivia de Havilland ! L'autre grand film comique anglais, et plus franchement drôle encore, récompensé à un niveau élevé est le film à sketchs des Monty Python, le Sens de la vie (voir notre texte sur John Cleese).

Etaix bien sérieux, tout cela ?

La même année que The Knack, une comédie plus poétique était également en lice : Yoyo de Pierre Étaix, jolie rencontre quasiment muette entre un milliardaire désabusé, ancien clown (heureux) devenu très très riche (et très très malheureux) et un charmant petit garçon qui va lui redonner le goût de la liberté. Le scénario écrit avec Jean-Claude Carrière est un hommage à un certain génie du cinéma américain des débuts du 7e Art, Chaplin étant clairement l'inspiration première, dans sa capacité à émouvoir et amuser. Petite digression charmante : lors d'une présentation à la Cinémathèque, un enfant rêveur demanda à Etaix pourquoi l'écharpe du personnage était orange. L'acteur-réalisateur-clown fut désarmé par cette question délicieusement absurde, le film étant en noir et blanc !

Pierre Etaix a également contribué à Mon Oncle de Jacques Tati (prix spécial du jury en 1958) en imaginant quelques gags et en interprétant plusieurs petits rôles. Les Vacances de Monsieur Hulot du même Tati fit partie de la compétition en 1953, Etaix signera d'ailleurs une affiche pour l'une de ses multiples rééditions. Ces deux grands noms de la comédie française, aux univers visuels et comiques bien particuliers, n'ont ainsi pas été oubliés par des sélectionneurs attentifs, lorsque qu'ils trouvent des candidats de qualité suffisante, à inviter des comédies soignées et au fort potentiel populaire. Parmi les regrets évoqués par Gilles Jacob sur les grands absents de ses sélections, deux comédies qui résistent fort bien à l'épreuve du temps : Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodovar et Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell. Nobody's perfect comme dirait Osgood Fielding !

Souris, puisque c'est grave


L'une des Palmes d'or les plus drôles de l'histoire est un film situé dans un contexte tragique. Avec les mésaventures de chirurgiens potaches dans un hôpital militaire de campagne durant la guerre de Corée, Robert Altman est distingué en 1970 pour ce qui était clairement dans son intention un brûlot anti-Vietnam, comme il l'expliquait au journaliste David Thompson dans son livre d'entretiens Altman on Altman : « J'avais réussi à cacher le fait que l'histoire se déroulait en Corée mais le studio m'a imposé un carton d'introduction. Je voulais que M.A.S.H. soit vu comme une œuvre contemporaine et toutes les considérations politiques dans le film évoquent Nixon et le Vietnam ». Nul n'est dupe en réalité, et la charge est féroce. La causticité du propos repose sur l'attitude faussement désinvolte de Hawkeye (Donald Sutherland) et Trapper (Elliott Gould) alors que la guerre fait rage quelques kilomètres plus loin. Observateurs relativement protégés des combats, ils cultivent le mauvais esprit contre leurs supérieurs trop sérieux et multiplient les blagues d'ados attardés, visant surtout l'infirmière major guindée, surnommée par leurs soins Lèvres de feu et dénudée bien malgré elle en public. Lire le reste de cet article »

En 2016, le cinéma français toujours addict à ses comédies

Posté par vincy, le 4 janvier 2017

C'est incontestable: le cinéma français n'aurait pas atteint sa part de marché de 34% et des poussières sans les comédies françaises. Le genre reste le plus populaire auprès des spectateurs, malgré les critiques souvent médiocres (à juste titre), malgré les recettes pas forcément à la hauteur, malgré les stéréotypes (une vision un peu réac de la France à quelques excceptions près) des plus gros succès.

Et le phénomène n'est pas réservé qu'aux salles de cinéma. En vidéo à la demande, les seuls films français véritablement plébiscités sont des comédies (Camping 3, Retour chez ma mère, Un homme à la hauteur sont les seuls à avoir dominé le top ces derniers mois). A la télévision, parmi les 100 meilleures audiences de l'année, sept étaient des films avec dans l'ordre Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu (10,8 millions de téléspectateurs), Les Tuche (8,8 millions), Eyjafjallajokull (7,6 millions), Les visiteurs (7,5 millions), Supercondriaque (6,7 millions) en tête devant La Reine des Neige et Avatar. Soit deux films avec Christian Clavier et deux avec Dany Boon, définitivement les rois de la comédie. Et deux films dont la suite est sortie en 2017 dans les salles.

Au box office, 2016 aura fait la part belle aux marques américaines (Disney, Marvel, Star Wars, Harry Potter, DC Comics) mais le cinéma français a pu compter sur Jean-Paul Rouve, Franck Dubosc, Alexandra Lamy, Dany Boon, Christian Clavier, Jean Dujardin, Omar Sy... On prend les mêmes et on recommence.

Les Tuche 2 (4,6M d'entrées), Camping 3 (3,2M), Radin! (2,9M), Retour chez ma mère (2,2M), Les Visiteurs 3: la révolution (2,2M), le plus mélo Demain tout commence (2,1M), Brice 3 (1,9M), Pattaya (1,9M), le tendre La vache (1,3M), Papa ou maman 2 (1,2M), La folle histoire de Max et Léon (1,2M) et Adopte un veuf (1,1M) ont clairement dominé le cinéma hexagonal. Seuls quelques drames ont réussit à surnager: Les saisons, L'odyssée, Médecin de campagne et Chocolat (Sy et Lambert Wilson sont les seuls acteurs français à avoir eu deux films au dessus du million de spectateur).

On notera la forte présence des vedettes cathodiques, nées de la télé, ou issues des one-man show. On remarquera, en second rôle, la belle popularité des vétérans (Brasseur, Balasko, Dussollier). On soulignera la prépondérance des suites (5 parmi les millionnaires). Bien sûr on peut aussi voir le verre à moitié vide: Camping, Les visiteurs, Brice ou encore Papa ou maman ont attiré beaucoup moins de spectateurs que leurs prédécesseurs et n'ont pas forcément recouvert leurs budgets ; ou le verre à moitié plein avec l'émergence d'une nouvelle génération (Gastambide, le Palmashow, le duo Lacheau/Boudali ...).

Mais ce qu'on veut retenir c'est bien la frilosité des producteurs. Evidemment, elle est gagnante puisque ces films ont attiré le public dans les salles, bien plus que les comédies indépendantes ou des films dits du "milieu" signés par des réalisateurs primés dans les palmarès ou reconnus depuis des lustres. Mais il est quand même difficile de voir dans ces films autre chose qu'une vision un peu caricaturale et même formatée du rire, voulant reproduire l'humour des De Funès, des Charlots, ou du Splendid.

Au moins Pattaya s'essaie au vrai délire à l'Américaine (gross-comedy), en flirtant avec quelques tabous faisant rougir le politiquement correct. Et La Vache réussit à être à la fois tendre et poétique tout en étant émouvant et drôle. Pour le reste, on préfèrera la famille dynamité de Papa ou maman 2 ou le style anglo-saxon plein de bons sentiments de Demain tout commence (remake déguisé de Trois hommes et un couffin) et, allez, la beauferie crasse des Tuche qui au moins revisite le navet (à gros budget certes) en l'assumant (Rouve is the new Darry Cowl?). Ces films ont en commun de faire rire en n'utilisant pas "l'autre" ou "le socialement inférieur" comme bouc-émissaire.

Formules éprouvées et érpouvantes

On préfère ça à des formules toutes faites où les femmes, les homos, les non-blancs, les immigrés sont prétextes à des blagues douteuses de la part de héros se protégeant derrière leur ridicule ou leur ringardisme.  Car on peut ajouter Un homme à la hauteur, Ma famille t'adore déjà, Joséphine s'arrondit, Tamara etc... Différent, petit ou gros, il faut savoir s'adapter pour être adopté. On pourra toujours rétorquer que l'autre doit faire le reste du chemin (accepter le petit ou le gros), c'est quand même le prétexte pour faire rire (quand ça fait rire). Au moins avec Pattaya, on ne prend aucun gant, ce qui normalise tout de suite les personnages même "différents", dont un nain et une femme en surpoids. Alors qu'avec Bienvenue à Marly-Gomont on préfère rassurer sur la différence en opposant "ploucs" forcément pas si racistes, mais un peu quand même, et "bons étrangers" forcément intégrables s'ils sont utiles (à ce titre lire le décryptage de Cyprien Caddeo dans Le vent se lève).

Le système a beau atteindre ses limites depuis des années, il fonctionne encore, à la stupéfaction des critiques. La honte nous étreint parfois à la vue de tant de malaise et de gène. D'ailleurs, certains distributeurs ne montrent plus ces grosses comédies à la presse. Et même le public a boudé Les naufragés, Ils sont partout, Tout schuss... Car il y a des gros flops, malgré casting, blietzkrieg médiatique, campagne marketing nationale...

Pourtant, il y a eu d'assez bonnes comédies en France, qui osent des variations un peu plus originales ou au moins différentes dans le style comme dans le récit. On pense à Rosalie Blum, touchant, Tout pour être heureux, romantique, Ma Loute, fortement dérangé, Five, très frais, La loi de la jungle assez délirant en son genre, ou le bancal mais charmant Vicky. Et bien sûr la meilleure d'entre elle: Victoria. Ce qui ne signifie pas victoire pour un genre qui va devoir se réinventer avant de nous lasser complètement.

15 films avec Pierre Richard à voir à la Cinémathèque

Posté par vincy, le 9 avril 2016

En avril, découvre des films. Pierre Richard appartient à notre mémoire cinéphilique collective. On le voit gamin, au premier degré, en maladroit burlesque, plus Harold Lloyd que Chaplin. Et puis, en revoyant ses films, cet anti-héros lunaire apparaît comme étrangement subversif, rebelle même dans des comédies qui dénonçaient les individualismes, le consumérisme, ou même le repli sur soi. La poésie se mêle au rire, l'absurde compromet les tenants de l'ordre. Il est un grain de sable, à la Chaplin, dans les Temps modernes.

Heureuse initiative, donc, de voir la Cinémathèque française lui rendre hommage, depuis mercredi et jusqu'au 27 avril.

15. La Course à l'échalote de Claude Zidi (1975), avec Jane Birkin, Michel Aumont.
Les banques coupables de malversations? Le film est une aimable comédie où le patronat est pourri jusqu'à la moelle.

14. Un nuage entre les dents de Marco Pico (1973), avec Claude Piéplu, Philippe Noiret.
Film très méconnu autour de deux journalistes de faits-divers qui démontre, notamment, la manipulation des médias, avides de scoops.

13. Le Retour du grand blond d'Yves Robert (1974), avec Mireille Darc, Jean Rochefort.
La suite du Grand Blond est moins percutante mais pas moins drôle. La séquence finale empruntée à L'homme qui en savait trop d'Alfred Hitchcock vaut à elle seule le détour.

12. Essaye-moi de Pierre-François Martin-Laval (2005), avec Pierre-François Martin-Laval, Julie Depardieu.
L'ex Robin des Bois rend hommage à Richard avec son personnage de rêveur romantique. La comédie se laisse regarder pour ceux qui doutent encore qu'il faut garder son âme d'enfant.

11. On aura tout vu de George Lautner (1976), avec Miou-Miou, Jean-Pierre Marielle.
Satire sur le monde du cinéma, avec en toile de fond, l'avènement et la puissance du film porno. On reconnaît là le goût de Pierre Richard pour les sujets de société, où l'idéal et le rêve se fracassent à une réalité cynique.

10. En attendant le déluge de Damien Odoul (2003), avec Anna Mouglalis, Damien Odoul.
Peut-être l'un des plus beaux personnages incarné par le comédien. Dans ce délire entre hurluberlus, où la mort se confronte à la vie, il y a une envie jouissive, à la Tati, de profiter du présent. Pierre Richard y est impérial.

9. Le Coup du parapluie de Gérard Oury (1980), avec Gert Froebe, Valérie Mairesse.
Entre potacherie et jamesbonderie, cette comédie policière sous le soleil de Saint-Tropez est un enchaînement de gags à la Blake Edwards, avec, en moment culte, une publicité pour de la nourriture pour chiens.

8. Juliette et Juliette de Remo Forlani (1973), avec Annie Girardot, Marlène Jobert.
Richard est entouré de deux des plus grandes actrices de l'époque. Entre portrait d'une société où la précarité est déjà là et féminisme affirmé, ce film oublié, qui passe parfois à côté de ses sujets, révèle déjà la vulnérabilité des mâles.

7. Je suis timide mais je me soigne de Pierre Richard (1978), avec Aldo Maccione, Mimi Coutelier.
Impossible de vivre quand on est timide à l'extrême. De ce constat, Pierre Richard va créer des situations rocambolesques et parfois de grands moments de cinéma comique (notamment la scène du resto et celle des pompiers).

6. Le Jouet de Francis Veber (1976), avec Michel Bouquet, Fabrice Greco.
Sans doute l'un de ses films les plus noirs, sous ses apparences très colorées. Véritable cri de révolte contre un monde trop cadré et critique du pouvoir sans âme, le film "s'amuse" avec perversité d'une relation masochiste entre un patron et un chômeur.

5. Les Malheurs d'Alfred de Pierre Richard (1971), Anny Duperey, Pierre Mondy.
Tout commence avec un suicide et tout finira avec un carnage. Se moquant de l'élite parisienne, de la télévision, de ses jeux débiles et de ceux qui se prennent trop au sérieux, cette comédie des petits contre les forts reste étrangement actuelle.

4. Le Distrait de Pierre Richard (1970), avec Marie-Christine Barrault, Bernard Blier.
Ode à l'imagination et à la rêverie. La distraction comme hymne à la vie: c'est le moteur d'une succession de scènes d'anthologie où là encore le système trop cadré (ici du milieu de la publicité) se voit dynamité à coups de gaffes.

3. Les Fugitifs de Francis Veber (1986), avec Gérard Depardieu, Jean Carmet.
Dernier film de la trilogie inégalée du trio Veber-Depardieu-Richard, cet immense succès des années 1980 compose avec un scénario bien ficelé et des situations cocasses, en finissant en famille recomposée se jouant des genres sexués.

2. Le Grand blond avec une chaussure noire d'Yves Robert (1972), avec Bernard Blier, Jean Rochefort, Mireille Darc, Jean Carmet.
L'une des plus grandes comédies du cinéma français: casting, dialogues, scénario. Tout y est. Les acteurs, au jeu volontairement désaccordé, sont en totale harmonie. Mais à y réfléchir de plus près, Le grand blond est aussi un film d'anticipation sur la société de surveillance et le peu de considération de l'autorité pour la liberté et l'individu.

1. La Chèvre de Francis Veber (1981), avec Gérard Depardieu, Corynne Charbit.
Summum de l'art comique de Pierre Richard, l'alchimie avec Depardieu (il faut voir la tête du monstre face au distrait-timide-maladroit) fonctionne à merveille, entre aventures improbables, répliques cultes, humour décalé, usant aussi bien des gags du cinéma muet que de situations atemporelles. Assurément le chef d'oeuvre de la filmographie de Richard (et de Veber), parvenant à montrer que la folie douce est un moyen de trouver le bonheur et l'amour dans un monde violent.

Edito: Le clan des comiques

Posté par vincy, le 11 février 2016

La comédie reste la poule aux oeufs d'or du cinéma français. Pour ceux qui en doutaient, il n'y a qu'à voir le succès de la suite des Tuche, cette famille de beaufs qui, grâce à un ticket de loto, rêve de Monaco (épisode 1) et d'Amérique (épisode 2). Avec 1,5 million de spectateurs en une semaine, le film a réalisé un démarrage tonitruant et a déjà dépassé le score total du premier film. On peut toujours mépriser le genre, se désoler des gags, se moquer de ces personnages. Reste que les Tuche ont trouvé leur public. Comme Kev Adams a su attirer des millions de spectateurs avec Les Profs et Aladin. Comme Babysitting rameute les foules. Et ce n'est pas nouveau.

Généralement, la critique, quand elle est conviée à voir ces films avant leur sortie, fait la fine bouche, se désole du niveau cinématographique, s'inflige des comparaisons avec les comédies américaines ou anglaises mais assume le selfie avec ces vedettes populaires. C'est qu'il ne faudrait pas insulter l'avenir. Les nanars d'aujourd'hui peuvent devenir les films cultes de demain. Les Charlots (bidasses ou pas), Les sous-doués, Les gendarmes ont été d'énormes succès dans les années 60-70. On parle de franchises avec des millions de spectateurs, puis autant de téléspectateurs. Les bronzés, les Gérard Oury et Jean Yanne et autres Camillos ont marqué deux voire trois générations de Français.

Pas étonnant qu'on tente le revival à l'instar de Les Bronzés 3, La vérité si je mens 3, La tour Montparnasse 2 ou des prochains Camping 3 et Visiteurs 3. Tout cela a quelques avantages (il faut voir le verre à moitié plein). Des recettes dans les caisses des cinémas et du CNC (qui bénéficient aux autres films), l'aspect social (les gens sortent, vont au cinéma, découvrent parfois des salles flambant neuves) et, à défaut de révéler de grands réalisateurs, propulsent quelques comédiens en haut de l'affiche. Fernandel, De Funès, Clavier, Boon continuent d'être des valeurs sûres et fédératrices pour le petit écran.

Car si les films sont dénigrés par les intellos de la cinéphilie et plébiscités par les spectateurs (et parfois la comédie s'exporte bien à l'instar de Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu? ou La famille Bélier), une valeur fait consensus: le comédien. Même les émissions culturelles du service public (radio, télé) ne les snobent plus. Les Eric & Ramzy, Rouve & Fois, Debouzze & Sy ne sont plus seulement des drôlatiques du petit écran. Comme leurs aînés, les Nuls, ils ont su transformer l'essai cathodique en succès cinématographiques. Ils sont pris au sérieux pour leur sens de la répartie ou leur humour absurde. Après tout, en période de crise sociale, politique, économique, le rire est toujours le meilleur des remèdes. Ce n'est pas Deadpool qui nous contredira.

Cinespana 2013 : Les sorcières de Zugarramurdi, nouveau délire grinçant d’Alex de la Iglesia

Posté par redaction, le 2 octobre 2013

Les Sorcières de ZugarramurdiLes sorcières de Zugarramurdi, le nouveau et très attendu film d’Alex de la Iglesia, comédie noire et extravagante sur fond de sorcellerie, était présenté mardi en grande avant-première dans le cadre du 18e Festival du cinéma espagnol Cinespaña, où il a reçu un très bon accueil du public. Prochainement sur les écrans en France (Sortie Rezo Films), le film est déjà devenu numéro un des entrées en Espagne depuis sa sortie en salles le 27 septembre dernier, rapportant plus d’1,2 million d’euros.

Un groupe d’hommes décide de braquer un magasin, malheureusement Jose amène son fils Sergio de 8 ans pour le réaliser (les mardis et un week-end sur deux il en a la garde), la femme d’Antonio prend le véhicule destiné à la fuite pour faire des courses, et ils se retrouvent obligés de continuer la course poursuite en taxi, avec un otage et leur butin composé de 25000 bagues d’or, jusqu’à Zugarramurdi, un village de sorcières.

Ce petit village du pays basque, sorte de Salem espagnol, est tristement célèbre puisqu’en 1610 s’y est tenu le plus grand procès en sorcellerie : arrestations, condamnations, torture et mise à mort sur le bûcher.

Zugarranmurdi sert donc à Alex de la Iglesia de prétexte et de toile de fond pour faire un film actuel qui mélange fantastique et comédie, pour déployer un humour noir doublé d’un arrière fond social et pour renouer avec la folie de ses premiers films en se dotant des moyens d’une production spectaculaire. Ces moyens lui permettent d’avoir recours à toute une série d’effets spéciaux, gags, dialogues qui fonctionnent à la perfection. De plus, il réunit de très bons acteurs, têtes d’affiche en Espagne comme Hugo Silva, Mario Casas ou Carmen Maura (qui vient de recevoir un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière au festival de Saint-Sébastien).

Seul regret : des excès dans une mise en scène trop chargée, une cérémonie de sorcières noyée par l’opulence, et du coup une certaine perte de vitesse vers la fin.  Ce qui ne l’empêche pas d’être un très bon film dans son ensemble, et une comédie exceptionnellement réussie.

Banafcheh Pérez

L’instant Court : cui-cui, avec Gad Elmaleh

Posté par kristofy, le 29 juin 2012

Comme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le clip Adieu avec l’acteur Niels Schneider, voici l’instant Court n° 83.

La comédie romantique de ce début d’été est à l’affiche depuis mercredi dernier. Dans Un bonheur n’arrive jamais seul, le réalisateur James Huth réussit à faire de Sophie Marceau et Gad Elmaleh un duo qui pétille . Si on connaissait déjà les gesticulations de Gad Elmaleh pour séduire, le plus grand bonheur est de découvrir une Sophie Marceau qui joue de son corps aussi pour faire rire.

En attendant de retrouver ce couple cocasse sur écran,voici un court métrage réalisé par David Fauche, avec Gad Elmaleh dans un rôle un peu moins sympathique qu’à l’habitude, mais tout aussi drôle. Ce court a déjà été diffusé au festival "Juste pour rire" de Montréal et au festival des "très court", puisque sa durée est seulement d’environ une minute.

Un homme est assis sur un banc et lit un journal, il commence à s’agacer à cause des pigeons qui traînent autour de lui… Quand une vieille femme arrive, s’assoit sur le même banc et commence à donner à manger aux pigeons, les choses dérapent…

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait du film cui-cui.