Cabourg 2019 : la comédies romantiques, un genre stéréotypé pas si « genderfluid »

Posté par kristofy, le 20 juin 2019

On en a tous vu des dizaines de comédies romantiques et on adore ça. Courir à l'aéroport pour rattraper l’autre avant de partir loin ou se précipiter à une église où se prépare un mariage pour intervenir avant le ‘oui je le veux’ à quelqu'un d'autre; on connaît ces clichés de fin de films avec un personnage qui doit faire se battre contre un délai fatal et faire une grande tirade aussi sentimentale que désespérée, avec l’espoir que ça ne soit pas tout a fait trop tard... Beaucoup de ce genre de clichés se retrouvent dans les comédies romantiques. Certains sont d’ailleurs presque attendus : par exemple se déclarer sous la pluie (Orgueil et préjugés de Joe Wright, N'oublie jamais de Nick Cassavetes). La ‘RomCom’ est un genre de film très codifié. Souvent deux personnages différents que tout oppose  vont se séduire malgré des obstacles - un quiproquos ou une trahison qui va tout casser entre-eux - avant une ultime grande déclaration d’amour et un baiser passionné en guise de happy-end. Le summum étant évidemment Quand Harry rencontre Sally.

Et si en fait tout les comédies romantiques les plus populaires racontent aussi en creux une toute autre histoire ? C'est justement le sujet du documentaire Romantic Comedy de Elizabeth Sankey, présenté lors du Festival de Cabourg, qui interroge le message de ces films. Sa première observation est que "tout le monde est blanc, hétéro, et veut se marier"...

Romantic Comedy analyse avec une multitudes d’extraits des films les plus connus (principalement américains et britanniques) ce qui caractérise leurs personnages et leurs cheminements. Il en ressort que ces comédies romantiques ne sont pas seulement des histoires mièvres à regarder en pleurant avec  un pot de glace (un autre cliché, comme le début de Bridget Jones), ces histoires sont aussi un reflet de notre société et en particulier d’une certaine évolution du regard porté sur les femmes. Ainsi dans les années 50, la femme est un personnage fort, pleine de qualités et consciente de son pouvoir de séduction (comme Katharine Hepburn, Audrey Hepburn ou Marilyn Monroe) et face à elle l’homme est parfois stupide et maladroit (comme Cary Grant ou Tom Ewell).

Il y a eu un glissement inverse jusqu’aux années 90 : l’homme est supérieur et plein d’assurance, à l’aise avec sa fortune et son travail (Richard Gere, Colin Firth) alors que la femme est elle désormais faible, maladroite, avec des complexes ou un manque de confiance (Drew Barrymore, Sandra Bullock). C’est la femme qui doit évoluer pour séduire l’homme (Jennifer Lopez, Katherine Heigl). Seul Pretty Woman est l'exception, puisque les deux protagonistes sont obligés de faire des efforts pour conquérir l'autre (tout comme Notting Hill et Quatre mariages et un enterrement qui poursuivent la tradition des années 40-50). D'ailleurs cette inversion des rôles est condensée avec Bridget Jones, sorte de Orgueil et préjugés à l'envers : le féminisme d'antan a disparu dans les récentes comédies romantiques...

L'homme est l'avenir de la femme

Avec un montage d'une multitude d'extraits de films, Elizabeth Sankey remarque que la femme est rarement sur un pied d'égalité avec l'homme. Parfois le but de l’ héroïne est de séduire l'homme pour le rendre heureux, moins pour être heureuse elle (hystérique, indécise, insatisfaite, complexée: elle est toujours responsable de son malheur et victime de son statut).

L’homme est parfois manipulateur voir presque agressif dans sa séduction (Mary à tout prix, American pie). Quand la femme travaille, elle est vue comme incompétente, ingérable ou malheureuse (encore Bridget Jones, Anne Hathaway dans Le nouveau stagiaire, Sandra Bullock dans la Proposition). Le plus souvent la femme est idéalisée comme une muse qui permettrait l’accomplissement de l’homme : Zooey Deschanel dans 500 jours ensemble, Natalie Portman dans Garden state, Drew Barrymore dans Le come-back... Cette représentativité de la femme au service de l’homme avait d’ailleurs été dénoncée par Zoé Kazan dans Elle s'appelle Ruby. Dans une immense majorité de comédies romantiques on y voit un univers de personnage blanc, hétérosexuel, riche : ce n’est que ces dernières années qu’un peu plus  de diversité arrive. Quand il y a un personnage gay c’est souvent un meilleur ami dont l’utilité est de donner plus d’épaisseur au personnage principal hétéro ou de faire rire. Un couple interracial est rare, il y a eu récemment Kumail Nanjiani dans The Big Sick (un pakistanais avec une américaine) ou Yesterday de Danny Boyle. Même la différence d'âge continue d'être le plus souvent un homme âgé avec une femme plus jeune.

Cendrillon et le Prince Charmant

Dans son documentaire Elizabeth Sankey observe justement que ce sont les comédies romantiques les plus populaires qui ont un fort impact dans la mémoire collective, mais aussi, justement, que ces dernières années il y a de plus en plus de comédies romantiques avec de la diversité qui sont produites. Cependant, ces films sont plutôt catégorisés en 'film dramatique' comme Le club des coeurs brisés ou La tentation de Jessica. Et c'est surtout en Europe qu'on voit ce type de film : Seule la terre de Francis Lee, Week-end de Andrew Haigh, Kyss Mig, une histoire suédoise de Alexandra-Therese Keining, Imagine me and you de Ol Parker... Aucun n'a vraiment eu le succès des gros hits romantiques où régnaient Roberts, Diaz, Lopez, Anniston, Zelwegger et Bullock.

Le documentaire Romantic Comedy relève les différents stéréotypes de ces films, remix du mythe de Cendrillon, qui a rejeté l'émancipation des femmes (et le combat féministe) pour propger l'idée qu'elle ne seront heureuses qu'avec un grand amour (et des enfants), tout en laissant tomber leur job s'il le faut. Loin de nous empêcher de prendre du plaisir à regarder ces histoires, on peut quand même remarquer l'égocentrisme de ces déclarations d’amour où c'est la femme qui doit accepter l'homme tel qu'il est. Que de régressions depuis 30 ans et l'orgasme simulé de Meg Ryan au restaurant.

Le Festival de Cabourg avait d'ailleurs judicieusement sélectionné cette année des comédies romantiques riches de diversité : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Matthias et Maxime de Xavier Dolan, Benjamin avec un cinéaste et un chanteur, Pour vivre heureux avec une étudiante belge d'origine algérienne et un jeune homme d'une famille pakistanaise, Aurora de Mila Tervo (Prix de la Jeunesse) avec un immigré iranien et une finlandaise, et aussi Yesterday de Danny Boyle (Prix du Public) avec Himesh Patel et Lily James.

En attendant la première grande comédie romantique où ce sera la femme qui paiera un jeune escort sur Hollywood Boulevard, où ça finira en polyamour bienheureux, où l'homme décidera de rester à la maison pour s'occuper des enfants. Bref une rom-com dans l'air du temps, avec des récits qui se fichent des étiquettes et qui affirment un retour à l'égalité des sexes.

Edito: A la recherche du romantisme perdu

Posté par redaction, le 14 juin 2017

Etre romantique aujourd'hui, c'est presque honteux. Reconnaissons qu'un dîner aux chandelles ou un bouquet de fleur livré par coursier, ça renvoie une image un peu cliché, kitsch, cul-cul. A tort. Mais on voit mal où se trouve le romantisme aujourd'hui quand on peut se choisir un plan cul avec son smartphone (il y en a pour chaque fantasme) ou des vacances festives au soleil entre célibataires chauds comme un cul exposé sur la plage. Inconsciemment, nombreux sont ceux qui rêvent du grand amour, du beau mariage, etc. Chacun a son image en tête: la déclaration sur le pas de la porte dans Love Actually, le baiser fougueux sous la pluie dans 4 mariages et un enterrement, le restaurant vide où l'on danse comme dans Dirty Dancing, le "prince charmant" qui surmonte son vertige pour aller vous embrasser sur votre balcon, etc...

Le romantisme, grâce au cinéma, est un dopant qui envahit nos rêves. Une sorte de pilule chimique qui influe sur nos hormones. A cause du cinéma, il a été réduit à des scènes (parfois cultes) où le monde ressemblerait à un conte de Disney. Soyons triviaux: à quelques rares exceptions, on ne "baise" pas sauvagement quand on est romantique mais on va mystérieusement à la salle de bain avant de coucher, on ne pète pas au lit et l'haleine est toujours fraîche, on ne tombe jamais sur un micro-pénis et le partenaire est toujours au top de sa forme, on ne se trouve jamais dans un studio de 16 m2 et en plus tout est souvent très bien rangé et nettoyé. On remercie du coup Bridget Jones pour avoir décomplexé les femmes côté lingerie. On salue aussi Joseph Gordon-Levitt d'avoir prouver que l'abstinence n'était pas saine. On félicite toutes ces actrices qui ont su imposer un amant plus jeune qu'elle. On congratule les acteurs hétéros d'avoir accepter de jouer les amoureux homos.

Mais une chose est certaine: le romantisme semble perdu, dissout dans les pixels et les puces électroniques, mixé par les images stéréotypées du 7e art, galvaudée par une forme de sirop trop sucré qui anesthésie la définition même du terme.

Car il y a différentes formes de romantisme. Au cinéma, cela peut aller du drame amoureux à la tragédie sacrificielle. En littérature il prend sa racine dans le romanesque et l'imaginaire. C'était une forme de rébellion contre le classicisme et la pensée dominante. Il s'agissait de vouer un culte au sentiment, de le mêler aux mythes de la nature, de se laisser porter par l'irrationnel, la création, l'intuition, et de briser ainsi les conventions. C'est la passion qui prend le pas sur la raison. Qu'il soit allemand, italien, anglais ou français, le romantisme est un art du mouvement. Il se veut lyrique, fou, libre. Il conduit plus souvent à la mort qu'au bonheur. Il peut-être fantastique ou poétique. L'affectif, la démesure des émotions, la symbiose avec la nature, l'attirance de l'exotisme font le reste.

En ces temps où l'on cherche son équilibre dans des chemins très balisés, il faudrait peut-être retrouver ce romantisme pour nous bousculer. Plutôt que de vivre par procuration à travers des images, plutôt que d'aimer des "people", ces demi-Dieux mortels, plutôt que de s'évader dans des histoires inventées, même si tout cela permet de ne pas déprimer face aux réalités, peut-être faut-il mieux s'élancer dans sa propre quête romantique. Cela nécessite de l'audace et de l'imagination, cela signifie surmonter ses peurs et accepter les échecs. Tout n'est pas perdu. Il suffit de retrouver l'âme romantique.

En attendant, alors que le Festival du film romantique de Cabourg présente ce week-end des films romantiques, drames ou comédies, vous pouvez aussi revoir de grands films du genre pour vous inspirer, de Casablanca à Elle & Lui, de Clair de Lune à Nos plus belles années, de Harold et Maude à Raisons et sentiments. Pas la peine d'envoyer une photo un peu coquine à votre crush par snap. Un sms en vers fera largement l'affaire. Assumez d'être un peu cul-cul, kitsch, fleur bleue, de préférer une promenade avec son/sa chéri/e, d'être Lady Chatterley faisant l'amour en forêt, d'écrire des jolies phrases sur messenger, ou de pleurer à deux en regardant Sur la route de Madison.

Dans Love Story, on entendait cette phrase: "être amoureux signifie de ne jamais être forcé de s'excuser". En effet, il ne faut pas avoir honte d'être romantique, comme on ne doit pas se cacher d'être amoureux. Au moins, le cinéma nous le rappelle régulièrement: il n'y a pas plus beau sentiment que l'amour.

Le réalisateur de Pretty Woman Garry Marshall s’éclipse (1934-2016)

Posté par vincy, le 20 juillet 2016

Le réalisateur, acteur et producteur américain Garry Marshall est décédé mardi à l'âge de 81 ans. Né le 13 novembre 1934 à New York, il est mort hier soir. Le président de la Guilde américaine des réalisateurs, Paris Barclay, lui a rendu hommage, saluant son talent pour raconter des histoires "qui ont amené la joie et les rires (...) sur tous les écrans, petits et grands".

Garry Marshall a créé de nombreuses séries TV, et notamment la culte Happy Days, avec un certain Ron Howard, qui dura dix saisons à partir de 1974. Au cinéma, il fut inégal mais a signé, au scénario comme à la réalisation, quelques grands films populaires. Il devient réalisateur sur le tard, en 1982 avec Docteurs in Love puis Le Kid de la plage deux ans plus tard, dans la lignée des films de John Hugues, avec un public déjà là. En 1986, il tourne avec le jeune Tom Hanks, Rien en commun, qui révèle le comédien. Mais le film qui deviendra sa marque de fabrique, sera Un couple à la mer (1987), avec le couple à la ville et à l'écran, Goldie Hawn et Kurt Russell. Cet enchaînement de bonnes recettes le conduit à s'aventurer sur un autre terrain.

Car c'est, étrangement, avec un mélo au féminin, Beaches (Au fil de la vie) réunissant Bette Midler et Barbara Hershey, qu'il connaît un premier hit au box office, en 1988. Cette histoire d'amitié sans retour sera aussi accompagné d'une BOF très vendue cette année-là.

Pretty Success

En 1990, Garry Marshall reprend un scénario plutôt dramatique qu'il transforme en comédie romantique pour une filiale de Disney. C'est Pretty Woman, le Cendrillon de la fin du XXe siècle. Richard Gere en est la star mais c'est Julia Roberts qui explose aux yeux des spectateurs. Son rire éclatant, son regard irrésistible et quelques séquences cultes en font un énorme succès mondial, et le plus important de sa carrière. 465 millions de $ de recettes (de l'époque) dans le monde, 4 millions d'entrées en France.

Dès lors, Julia Roberts sera sa muse. De nouveau avec Richard Gere (mais cette fois-ci elle est la star), avec Just married (ou presque) (Runaway Bride) en 1999, 2e plus gros succès du cinéaste dans sa carrière, et dans un film puzzle, Valentine's Day, en 2010, 3e plus gros succès du réalisateur.

La comédie romantique sera son domaine, avec une manière bien à lui d'exploiter les névroses de chacun de ses personnages (et une seule morale: ensemble, on peut surmonter tous les problèmes). Tous ses films montrent qu'un couple, un duo, une paire de désaxés peuvent réussir à s'affranchir de leurs angoisses, peurs ou hantises. Pas pour rien que sa première série TV s'appelait The Odd Couple (1970). Il aime les duels impairs, différents par l'âge, la condition sociale ou le caractère.

Princesses modernes

Professionnel apprécié et respecté, il tourne avec les plus grands comédiens américains : Al Pacino et Michelle Pfeiffer (Frankie and Johnny , 1991), Dan Aykroyd (Exit to Eden, 1994, son plus magistral flop), Greg Kinnear (Escroc malgré lui, 1996, autre fiasco), Juliette Lewis et Diane Keaton (L'Autre Sœur, 1999), Kate Hudson (Fashion Maman, 2004), Lindsay Lohan et Jane Fonda (Mère-fille, mode d'emploi, 2007)... C'est surtout avec Anne Hathaway (une de plus qu'il place au firmament) et Julie Andrews dans le diptyque Princesse malgré elle (2001) / Un mariage de princesse (2004) qu'il retrouve son style si vintage de la comédie américaine des années 1950, ces contes de princesses modernes. Les deux films cumulent 300 millions de $ de recettes dans le monde.

Il signe une trilogie avec Valentine's Day, Happy New Year et le récent Joyeuse fête des mères, où de multiples personnages se croisent (et le tout Hollywood au passage) pour une journée spéciale du calendrier. Malheureusement, la recette fait long feu et décline dès le deuxième film.

Boudé par les grands prix et les festival, Garry Marshall aura quand même reçu un prix pour l'ensemble de sa carrière en 2014 à la Writer's Guild of America. Mais, s'il a été un brillant scénariste, on ne peut s'empêcher de penser qu'il a parfois été très très inspiré en tant que réalisateur, trouvant les bons angles et le bon timing pour nous faire rire avec une scène d'escargot à la française dans un restaurant américain, par exemple.

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Deauville et les nouvelles comédies romantiques

Posté par kristofy, le 7 septembre 2009

Rachel McAdams et Eric BanaA Deauville, il y a une place Claude Lelouch, située à l'endroit où il avait tourné Un homme et une femme, cette histoire d’amour atypique qui a gagné la Palme d’or et deux Oscars (et 47 autres récompenses de par le monde !). Hasard ou coïncidence, les deux meilleures comédies romantiques présentées ici cette année sont aussi des histoires d’amour atypiques. Il ne s’agit plus du traditionnel "ils se rencontrent et s’embrassent à la fin, puis se marièrent et eurent beaucoup d’enfants". Quand tout est mélangé dans la chronologie, c’est souvent bien plus étonnant. Les personnages sont déjà ensemble ou séparés, puis on découvre comment ils se sont rencontrés ou ou ce qui les a réunis, bref beaucoup d’émotions ! La romcom (romantic comedy) est un genre que les Américains savent toujours très bien produire.

Le ton est donné avec le film d’ouverture The time traveler’s wife présenté par son couple star Eric Bana et Rachel McAdams. Les deux interprètes sont d’ailleurs pour beaucoup dans lepouvoir de séduction de leurs personnages sur le public. Un homme qui a un trouble génétique voyage involontairement dans le temps et rencontre à différents âges celle qui deviendra son amoureuse. L’aspect fantastique est gommé au profit de situations drôles (plusieurs disparitions et réapparitions durant une cérémonie de mariage) ou tragiques (annoncer ou pas un grand malheur avant qu’il ne se produise). Le film s'avère une belle et attirante histoire d’amour à travers le temps.

Mais le film qui risque de bientôt remporter tous les suffrages, c'est 500 days of Summer, qui va sortir le 30 septembre. Quand un garçon tombe amoureux d’une fille qui elle 500 days of summerne croit pas vraiment en l’amour… Dès le début, la voix-off nous indique que "this is a story of boy meet girl, but this is not a love story", leur histoire a duré 500 jours et on découvre donc les moments qui ont compté dans leur relation avant la rupture. Joseph Gordon-Levitt rencontre à son boulot Zooey Deschanel, et il va se déclarer au karaoké d’une fête (en chantant Here comes your man des Pixies). Du premier baiser sur une photocopieuse au jeu du papa et la maman dans les rayons de meubles d’un magasin, chaque scène est attendrissante. Zooey Deschanel incarne à l’idéal la fille impossible et craquante. Les souvenirs de ces 500 jours ensemble arrivent dans le désordre avec petits évènements anodins et dialogues annonciateurs de tension. De plus, beaucoup d’allusions culturelles se font remarquer de manière discrète pour lier des liens de connivence avec le public : un Tshirt London Calling des Clash, un générique de K2000, une musique de Belle & Sebastian, un reflet de Han Solo… Le réalisateur Marc Webb ponctue aussi son film de scènes originales comme un numéro de comédie musicale ou une séquence en split-screen avec les espoirs à gauche de l’écran et la dure réalité à droite. 500 days of Summer apporte définitivement quelque chose de frais dans la comédie sentimentale... avant de devenir un film culte ?

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Crédit photo Eric Bana et Rachel McAdams : Christophe Maulavé

Les passagers : on évite de justesse le crash cinématographique

Posté par MpM, le 10 mars 2009

Les passagers"Ce crash, c’est comme une renaissance !"

L'histoire : Suite à un crash aérien, la thérapeute Claire Summers est chargée d’apporter un soutien et une écoute psychologiques aux rares survivants. Très vite, elle s’aperçoit que la version officielle des causes du crash (une erreur humaine) ne correspond pas aux souvenirs des passagers. Dans le même temps, elle lie une relation extra-professionnelle avec l’un des rescapés, Eric, qui refuse toute thérapie.

Notre avis : Rodrigo Garcia avait très certainement une carte à jouer avec cette histoire de passagers traumatisés par un crash aérien aidant une jeune femme mal dans sa peau à mettre à nu ses propres fêlures, et même à les accepter. Pour cela, encore aurait-il fallu qu’il sache où il allait, au lieu d’osciller sans cesse entre comédie sentimentale, thriller, mélodrame et fantastique, incapable de doser harmonieusement les séquences pseudo-romantiques (bavardes et répétitives) et les scènes d’enquête, apparemment réduites à peu de chose. Certains éléments semblent même parfaitement hors de propos, alors que d’autres sont trop rapidement évacués, et pas mal d’invraisemblances viennent parsemer le récit.

Le problème, c’est que bon gré mal gré, toutes ses incohérences finissent par trouver une explication au cours du film, par un procédé qu’il est toutefois impossible de dévoiler, sous peine de gâcher le peu de suspense qui restait. Or, même si cette errance scénaristique est en partie justifiée, cela n’empêche pas le spectateur de s’être ennuyé ferme pendant la première heure du film. Découvrir le pourquoi du comment soulage peut-être sa curiosité, mais cela ne suffit pas à renverser la vapeur en rendant tout à coup le film génial. Au contraire, l’orientation que prend l’intrigue semble à la fois inattendue et presque trop facile.

Reste Anne Hathaway, merveilleuse en psy qui ne se laisse jamais aller. Son air de jeune cygne timide ferait fondre n’importe quel spectateur : les hommes parce qu’ils la trouvent craquante, les femmes parce qu’elles ont envie de l’aider, voire de lui ressembler. On ne peut pas en dire autant de Patrick Wilson qui a un rôle plutôt ingrat de dragueur déluré en quête de sensations fortes mais cachant un terrible traumatisme. Il y a même un moment où l’on se demande ce que le personnage de Claire peut bien trouver à un type qui passe ton temps à essayer de lui faire peur… Bien sûr, cela aussi, on le comprendra en temps voulu. Dommage que cela arrive bien trop tard, à un moment où on a déjà cessé d’y prêter le moindre intérêt.

Une histoire de famille : le premier film sans éclat de Helen Hunt

Posté par MpM, le 29 septembre 2008

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L'histoire : Tout va mal en même temps dans la vie d’April, institutrice de 39 ans. Elle n’arrive pas à tomber enceinte alors que son rêve le plus cher est d’avoir un enfant, son mari la quitte quasiment sans un mot et sa mère adoptive meurt. Dans le même temps, elle rencontre Bernice, une présentatrice de télé locale se prétendant sa mère naturelle, et Franck, un père célibataire perturbé mais charmant.

La critique : Pour sa première réalisation, Helen Hunt livre un film que l’on sent personnel, mais qui laisse un étrange sentiment d’inabouti. Une parabole sur la vie, l’amour, la transmission, les secondes chances et la maternité, tout ça en vrac, sur un ton qui oscille entre comédie et mélancolie, laissant le spectateur perplexe. Du coup, rarement le terme "inégal" n’aura aussi bien convenu pour décrire un scénario qui passe de séquences hilarantes et fines à des scènes convenues et banales. Dans ses plus mauvais moments, Une histoire de famille sonne complètement faux (situations, dialogues, acteurs, il n’y a rien à sauver). Dans ses éclairs d’humour et d’intelligence, il exploite avec succès l’énorme potentiel comique de Colin Firth, dont la diction saccadée et le ton so british comptent bien plus que le physique (gras, balourd, brusque et maladroit, il est quasi méconnaissable). Helen Hunt, elle, n’est malheureusement pas très crédible, trop pesante et mélodramatique pour insuffler un quelconque air de légèreté à son intrigue. Au final, on ne comprend jamais vraiment quel est son propos, entre satire des comédies romantiques traditionnelles et réflexion basique sur le sens de la vie.

Coup de foudre à Rhode Island : pas besoin de paratonnerre

Posté par MpM, le 15 septembre 2008

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L'histoire : Dan est le prototype même du veuf inconsolable qui a reporté toute son affection, et même toute son attention, sur ses trois filles qu’il surprotège. Plein de principes stricts, il est persuadé de ne jamais retrouver l’amour. Jusqu’au jour où il croise Marie, dont il tombe follement amoureux. Hélas, une femme aussi parfaite ne pouvait pas être célibataire…

Critique  : Et encore une comédie romantique américaine où un homme et une femme tout ce qu’il y a de plus WASP ont moins de deux heures pour s’apercevoir qu’ils sont fait l’un pour l’autre. Histoire d’offrir un peu d’originalité (c’est quasiment le seul effort en ce sens du scénario), le coup de foudre réciproque et fulgurant a lieu dès les premières minutes, mais il faut aux personnages tout le reste du film pour parvenir à vivre leur amour au grand jour. Rien de très innovant, donc, même si les spectateurs les plus "fleur bleue" se laisseront séduire par le style rafraîchissant et léger, un peu "indy", de Peter Hedges (Pieces of April, Pour un garçon ).

Le réalisateur mélange en effet gags premier degré (des pancakes brûlés, une machine à laver bruyante), situations rocambolesques (un rendez-vous secret dans la salle de bains se transforme en véritable torture à l’eau bouillante), moments d’émotion (quand le jeune veuf évoque son épouse décédée ou quand il voit celle qu’il aime dans les bras d’un autre), et dialogues plus ou moins savoureux, pour obtenir un film qui soit à la fois familial, romantique et drôle. Dommage pour lui, la majeure partie de l’intrigue repose sur des quiproquos extrêmement téléphonés qui gâchent une partie de l’effet de surprise et, du même coup, de plaisir. Quand on devine exactement là où le film essaye de nous emmener, le voyage semble plus long et moins exotique…
Côté casting, les acteurs s’en sortent bien : Steve Carell parvient à être touchant sans en faire des tonnes et Juliette Binoche est crédible en belle-fille idéale. Les autres, trop nombreux, souffrent d’être à peine esquissés, figurants sans importance dans le décor. Même la peinture peu amène que fait Peter Hedges de la sacro-sainte famille (envahissante, encombrante, étouffante et dénuée de tact) ne va pas très loin dans la dérision, s’achevant immanquablement sur une note positive (tout le monde est formidable et uni et c’est seulement au sein de la cellule familiale qu’on peut s’épanouir et trouver le bonheur). On ne plaisante pas avec certaines institutions… D’ailleurs, (attention, spoiler), le petit ami trompé s’avère finalement être un affreux coureur de jupons, afin de sauver la morale sans doute. Voilà ce qui arrive quand on s’adresse à un public que l’on souhaite le plus large possible...

Au milieu de la très vaste offre de comédies romantiques américaines, ce Coup de foudre à Rhodes Island ne sort donc pas suffisamment du lot pour faire date. Seuls les spectateurs très indulgents, ou les néophytes en la matière, pourront peut-être en apprécier l’intention. A moins que, tout simplement, vous n'ayez envie d'une soirée romantique où le happy end est de rigueur...

Claire et MpM.

AFI (9). La comédie romantique : une affaire de couples

Posté par vincy, le 4 juillet 2008

citylights.jpgIl n’y a pas d’hommes sans la femme. Les duos font la force de ce genre. Et aucun ne revient deux fois. On croise ainsi Katharine Hepburn aux côtés de Spencer Tracy (Madame porte la culotte, 7e) ou de Cary Grant (Indiscrétions, 5e), Meg Ryan avec Billy Crystal (Quand Harry rencontre Sally, 6e) et Tom Hanks (Nuits blanches à Seattle, 10e). Deux princesses de la comédies romantiques qui ne nous dupent pas : aucune Julia Roberts, même pas une Marilyn Monroe. Ne pas insérer dans la liste Certains l’aiment chaud, et tout le classement est discrédité. Nuits blanches à Seattle ? Harold et Maude ? Films d’une époque, ils ont mal vieillis et n’ont pas leur place comparés à un Billy Wilder. Heureusement, pour calmer notre colère, il y a Woody Allen et Diane Keaton (Annie Hall, 2e), Clark Gable et Claudette Colbert (New York-Miami, 3e) , Audrey Hepburn et Gregory Peck (Vacances romaines, 4e) et même Cher et Nicolas Cage (Moonstruck, 8e). Au dessus de tous ces films, trône Charlie Chaplin et ses Lumières de la ville. Mais là encore, point de Buster Keaton ni de Stanley Donen, autres anges facétieux qui savaient faire succomber les cœurs.

Notre avis : Chaplin en héros de la comédie romantique, davantage que Capra ou Hawks, cela laisse dubitatif malgré des grands films et à cause d’autres surévalués.

Prochain épisode : les drames judiciaires s’offrent les quatre fantastiques

Le témoin amoureux : le mariage de sa meilleure amie

Posté par Claire Fayau, le 18 juin 2008

Le témoin amoureuxSynopsis :

Pour Tom, la vie est belle. Ses affaires marchent, il a d'excellents amis et aucune jeune femme ne lui résiste. Pourtant, malgré ses copains et ses flirts, Tom n'a qu'une seule meilleure amie : Hannah. Lorsque Hannah part en voyage d'affaires pour six semaines en Ecosse, Tom se surprend à trouver sa vie bien vide. C'est décidé : quand Hannah rentrera, il la demandera en mariage. Mais à son retour, Hannah lui annonce la grande nouvelle : elle est fiancée à un bel et riche Ecossais. Lorsque la jeune femme demande à Tom d'être son garçon d'honneur, celui-ci accepte, avec le secret espoir d’empêcher ce mariage et de la conquérir. (in DP)

Critique :

- "Voici l’heureux élu qui va épouser la belle Hannah !
- Non… C’est Tom, ma demoiselle d’honneur !"

Le film aborde sous l’angle du divertissement la douloureuse question de l’engagement en amour. Les hommes ne savent pas ce qu’ils veulent et ne veulent pas ce qu’ils ont. Et parfois, ils ne voient même pas l’amour en face d’eux et ne se réveillent que lorsqu’il menace de partir…

A plus de 30 ans, Dempsey est Tom, un riche et beau séducteur (un « fornicateur », comme il y est fait référence) qui préfère enchaîner les parties de jambes en l’air avec les femmes et de basket avec ses amis plutôt qu’essayer de trouver sa future femme. Un portrait en guise de miroir tendu à certains spectateurs. La seule femme avec qui il a une relation suivie , sa meilleure amie Hannah, est interprétée par la mimi Michelle Monaghan de Gone baby gone, qui a déjà donné dans la comédie sentimentale avec La femme de ses rêves. Hannah et Tom brunchent donc ensemble, partagent leurs gâteaux, font des courses, vont ensemble aux mariages successifs du père de Tom (le regretté Sydney Pollack). Mais ils ne sont pas en couple… Donc Hannah va chercher l’amour ailleurs, si possible loin. Et pour la plus grande joie des spectateurs atterrit… en Ecosse. C’est d’un duc qui fabrique du whisky (Kevin Mc Kid de Trainspotting, le Sean Connery blond) dont elle s’éprend ! Châteaux, moutons, pluie, banquets, kilts et Highland games . Programme agrémenté de paysages de carte postale qui donnent envie de se rendre sur place illico.

Alors : Américain riche, beau, intelligent contre Ecossais riche, beau, intelligent, qui va gagner le cœur de la belle ? On ne vous le dira pas, et de toute façon ce n’est pas le plus important. Ce qui compte, ce sont les dialogues et les gags. Une vraie comédie cousue de fil blanc, idéal pour fabriquer une belle robe de mariée, qui reprend la trame du Mariage de mon meilleur ami, avec Julia Roberts. A défaut d’être original, (oui : on se doute de la fin, attention ce n’est pas la même que dans le film sus -cité), le film s’avère distrayant parce que servi par des comédiens convaincants.

Il repose d'ailleurs en grande partie sur les solides épaules de la nouvelle coqueluche de ces dames : Patrick Dempsey alias Docteur Mamour dans Grey’s Anatomy, qui a plus l’air du gendre parfait que de la demoiselle d’honneur idéale. En anglais le titre du film est Made of Honor, jeu de mot avec « maid of honor » qui signifie « demoiselle d’honneur »... jeu de mot plutôt réussi quand on voit les méthodes de Dempsey pour « voler » la future mariée… A l’image de lui-même, d’abord « has been » puis « bankable » à quarante ans (comme un certain Clooney), Dempsey interprète un personnage en pleine reconversion, passant du polygame au monogame.

Le film s'avère un produit de consommation qui remplit son contrat, avec des acteurs attachants et des situations amusantes. Certains s’y retrouveront (l’actrice principale avoue malicieusement avoir pris pour témoin son meilleur ami) et, en plus, en cette saison de mariages, cela pourrait même leurs donner des idées…

27 robes : le spectateur pas à la noce

Posté par MpM, le 21 avril 2008

27dresses.jpg 

Sortie : 23 avril 2008 

 L'histoire : Jane aime tant les mariages qu'elle écume ceux des autres, en témoignent les 27 robes de demoiselle d'honneur qu'elle conserve pieusement chez elle. Mais quand il s'agit d'organiser les noces de l'homme qu'elle aime avec sa propre sœur, c'en est trop.

Critique : A l'heure où même les studios Disney ont compris que les contes de fées à l'ancienne ne font plus rêver personne, à moins d'être revisités et détournés (cf Il était une fois), que vient donc faire cette bluette pseudo-romantique sur nos écrans ? A l'horizon, aucune intention parodique et pas une once de second degré, mais au contraire un ramassis de clichés et de stéréotypes tous plus désolants les uns que les autres. Heureusement que la libération de la femme a eu lieu, car à voir l'héroïne du film soupirer devant le mariage des autres et attendre sans bouger que son prince charmant vienne la chercher, on se croirait presque catapulté au 17e siècle… dans un conte de Charles Perrault ! Tout le reste est à l'avenant, donnant des rapports amoureux en général et des femmes en particulier une vision archaïque et niaise.

Ce qui se présente pourtant comme une comédie sentimentale s'avère alors n'être ni drôle, ni romantique. Pire, à force de ne jouer que sur les ressorts mécaniques du genre (le faux "prince", le duo mal assorti et même la vilaine rivale), Anne Fletcher livre une caricature boursouflée dégoulinant de bons sentiments et dénuée du moindre intérêt. Loin de nous l'idée d'accuser la réalisatrice Anne Fletcher et sa scénariste Aline Brosh McKenna de sexisme, mais curieusement, on a l'impression de voir en 27 robes la vision que certains hommes aimeraient retrouver chez les jeunes femmes d'aujourd'hui : douceur, abnégation, sentimentalisme et malléabilité. Les méfaits de la nostalgie ?