Thérapie de couple : l’île de la tentation

Posté par vincy, le 23 février 2010

therapie de couples«- On dirait un fond d’écran. »

L'histoire : Quatre couples d'amis embarquent pour une croisière très spéciale sur une île polynésienne. Le couple à l'origine du voyage a décidé de se rendre à l'Eden, une station balnéaire de luxe avec thérapie en guise d'activités "ludiques", comme dernier recours pour sauver leur mariage. Les trois autres s'apprêtent à profiter des multiples trésors qu'offre ce petit coin de paradis : mer turquoise, plage de sable blanc, jet-ski, spa dernière tendance, etc. Mais ils vont vite se rendre compte que leur participation au programme très original de thérapie de couples que propose l'Eden n'a rien d'optionnel. Soudain, leurs vacances au tarif de groupe ne semblent plus une si bonne affaire que ça.

Notre avis : Ce genre de comédie est casse-gueule pour tous ceux qui ne se sentent pas dans la cible. Sur l’affiche américaine, le couple black a été gentiment effacé. Indispensable au scénario, moins pour aguicher le spectateurs. On s’entend, vu le profil des couples, la segmentation est claire : couples, hétéros, plutôt caucasiens, assez bon niveau de vie, entre 30 et 45 ans. Même le générique qui retrace l’histoire du couple à travers l’histoire de l’audiovisuel est hétéro-centré et ne débute, d’ailleurs que lorsque le cinéma est né. Avant le couple n’avait peut-être pas besoin de thérapie.
Premier constat : les Américains ne tournent pas ronds. Ils téléphonent en voiture, sans kits mains libres. Ils font des Power Points élaborés pour expliquer la faillite du sentiment amoureux. Ils s’endettent pour du carrelage ou une moto.
Le film n’est pas plus carré. La musique vient appuyer l’émotion avec des violons pour bien nous faire comprendre que le moment est dramatique.  On cherche encore les scènes drôles. Tout est si calculé que le film ne révèle aucune surprise. Les personnages sont stéréotypés : les rationnels, les « nomraux » (en vedette), les paumés, les inadaptés… Une sitco long format.
Quelques bonnes situations ne se dépassent jamais à case d’une réalisation qui ne pousse jamais le bouchon assez loin. Comédie très sage, aux scènes déjà vues, on ne s’intéresse pas aux « malheurs » bien anodins de ces couples cherchant à rallumer la flamme au milieu d’un paradis (en l’occurrence Bora Bora, c’est pas low cost).
Seule la séquence de yoga se démarque avec tout ce qu’il faut d’homophobie pour nous faire rire de ces mâles crétins complètement soumis à leurs femmes névrosées.
C’est un peu Friends sans les gags, avec une bonne gueule de bois conjugales. Mais la juxtaposition des chapitres ne forment pas un film mis bout-à-bout. Le manque de profondeur empêche le film de nous embarquer. Et puis franchement, aller si loin pour boire de la Budweiser… la thérapie aurait pu avoir lieu ailleurs. ?L’happy end généralisé rend le film encore plus factice sans un zeste de réalisme psychologique. A défaut de gags terriblement absents.

Les grands frères : potache pas trash

Posté par MpM, le 3 février 2009

les grands freres role models paul rudd" - Tu sais ce que j'ai l'habitude de prendre au petit déjeuner? De la cocaïne!" 

L’histoire : Wheeler et Danny vont de collège en collège pour faire la promotion d’une boisson énergisante. Mais un particulièrement mauvais jour, ils détruisent le camion de leur employeur et ont affaire à la police. L’alternative est simple : 30 jours de prison ou 150h de travaux d’intérêt général dans une association à but pédagogique auprès d’enfants en difficulté. Voilà les deux éternels adolescents immatures forcés de devenir des adultes modèles…

Ce qu’on en pense : Depuis quelques temps, les "comédies pour adultes" ont le vent en poupe. Le principe est simple : humour irrévérencieux et en-dessous de la ceinture, références explicites au sexe, vocabulaire cru et personnages border line. Paul Rudd, ici auteur, acteur et réalisateur, en est l'une des valeurs sures, comme Judd Apatow. Rien que les titres sont déjà tout un programme : En cloque, mode d’emploi, 40 ans toujours puceau ou encore Supergrave. Le résultat, lui, est plutôt surprenant, entre farce potache, satire sociale et portrait cinglant d’une Amérique bien pensante bourrée d’hypocrisie et de clichés.

Dans ce nouvel opus (qui mêle une partie des acteurs abonnés comme Seann William Scott, ainsi que le réalisateur de Wet hot americain summer et The ten, David Wain), les cibles sont multiples : des associations caritatives pleines de bonnes intentions aux campagnes anti-drogues sponsorisées par une boisson énergisante, en passant par le mythe de l’enfant défavorisé qui a besoin d’aide.  Même si la traduction française a tendance à affadir les propos fleuris des différents personnages, on rigole franchement devant ces adultes immatures confrontés à ces enfants qui, au final, leur renvoient comme une caricature d’eux-mêmes et de l’aspect exaspérant qu’ils peuvent avoir auprès de leur entourage. La métaphore du jeu de rôle est ainsi plutôt bien choisie (et exceptionnellement pas trop caricaturale) et les échanges entre Wheeler, l’obsédé sexuel, et son protégé de dix ans sur la manière de regarder les poitrines féminines sans se faire prendre est plutôt savoureux…

Mais bien sûr, l’irrévérence a ses limites, et le film ne parvient pas à s’extraire totalement du cadre convenu de la comédie américaine traditionnelle. La trame narrative est ainsi tristement banale (tout va mal, puis ça commence à aller mieux, avant le dernier obstacle qui mène au happy end) et impossible d’échapper à la traditionnelle morale finale bourrée… de bons sentiments. L’impression que laisse le film (au-delà de son aspect indéniablement ludique), c’est que s’il est relativement aisé de s’extraire d’une forme conventionnelle, il n’est toutefois pas donné à tout le monde de savoir jouer sur le fond.