Cannes 2014 : Qui est Antoine-Olivier Pilon ?

Posté par emeline, le 22 mai 2014

antoine olivier pilon

COLLEGE BOY

« Jeune acteur qui tente de réussir son secondaire 5 ! ». Voici la biographie d'Antoine-Olivier Pilon sur son compte Twitter. A bientôt 17 ans, ce jeune prodige du cinéma québécois peut se vanter d'enchaîner des projets aussi divers qu'ambitieux. Né d'un père avocat et d'une mère graphiste, il déménage à Montréal à l'âge de 10 ans et passe une audition avec sa sœur, Ariane Elizabeth, pour entrer dans l'Agence Artistique Héléna. Après avoir tourné une publicité en 2009, il décroche, parmi 1500 candidats, le rôle-titre du film de Richard Roy, Frisson des collines, où il incarne un jeune garçon voulant que son père l'amène au festival de Woodstock. Sa prestation lui vaut la mention spéciale « Graine d'acteur » au 13e Festival International de Cinéma du Grain à Démoudre, et surtout le très prestigieux prix du meilleur acteur dans un film étranger aux Young Artist Awards. Hollywood lui tendrait presque les bras...

C'est néanmoins au Québec que l'ado profite de sa notoriété. En 2012 et 2013, ce petit homme (1m65) tient le premier rôle dans plusieurs séries dont Tactik, Les Argonautes, Mémoires Vives ou plus récemment Subito Texto. Sur grand écran, en 2012, il enfile ses patins pour le film d’Éric Tessier, Les Pee-Wee : l'hiver qui a changé ma vie, qui sera un succès au box-office québécois. Mais c'est en 2011 que sa carrière prend un nouveau tournant : il joue un second-rôle dans Laurence Anyways, qui marque sa première collaboration avec Xavier Dolan. Le jeune cinéaste doué de la Belle Province fait de nouveau appel à lui : sa gueule d'ange est passée à tabac dans College Boy, clip du groupe Indochine réalisé par Dolan, qui à sa sortie en mai 2013, a fait polémique à cause de son contenu violent.

Le jeune homme reste dans l'univers musical en tournant la même année dans le clip Blow my mind du chanteur et danseur canadien Jacob Guay. Sportif, apprenti magicien, danseur, circacien (trapèze, fil de fer, sol, diabolos), il semble pouvoir tout faire...

Après avoir été martyrisé dans College Boy, il joue les enfants turbulents dans le nouveau film de Xavier Dolan,Mommy, sélectionné en compétition officielle au 67ème Festival de Cannes. Cette fois-ci, il a pris de l'épaisseur (y compris musculaire) et son rôle est plus important. Il incarne un adolescent profondément turbulent. C'est l'opportunité pour Antoine-Olivier Pilon, blond faussement candide, de conquérir le public français. Mais avant de tutoyer les étoiles, il lui faudra d'abord décrocher son diplôme d'études secondaires (l'équivalent du bac au Québec).

L’instant Court : College Boy, le clip réalisé par Xavier Dolan

Posté par kristofy, le 12 mai 2013

college boyComme à Ecran Noir on aime vous faire partager nos découvertes, alors après le court-métrage The Dance de Pardis Parker, voici l’instant Court n° 110.

Le jeune cinéaste canadien Xavier Dolan qui a été révélé au festival de Cannes avec ses trois films est depuis une semaine aussi un réalisateur de clip qui fait sensation : son premier clip est presque partout sur internet et dans les médias. Il s’agit d’images pour la chanson College Boy du groupe Indochine (auparavant Dolan avait voulu incorporer une de leurs chansons dans son film Laurence Anyways).

Le clip arrive en écho direct de l’actualité des diverses manifestations de la part de groupes dits catholiques contre le mariage pour tous : un jeune garçon (supposé homosexuel) est harcelé et violenté dans une école catholique sans la défense de personne (ni autre élève, ni prof, ni police). « Je serai trop différent pour leur vie si tranquille, pour ces gens… J’aime pourtant tout leur beau monde, mais leur monde ne m’aime pas, c’est comme ça. Et souvent j’ai de la peine quand j’entends tout ce qu’ils disent derrière moi… »

Les images font débat et internet de s’agiter pour ou contre, le chanteur du groupe Nicola Sirkis ayant dès l’origine indiqué que le clip peut ne pas convenir à des enfants de moins de 14 ans.

Le buzz sur le web (médias et réseaux sociaux) provoque un effet boule de neige et dans la foulée un début de polémique avec le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel par la voix de Françoise Laborde (membre du CSA pour le groupe de travail sur la jeunesse et la protection des mineurs) qui voudrait en interdire la diffusion à la télévision aux moins de 16 ans ou 18 ans (avec pour conséquence une diffusion possible seulement après 22h30 ou durant la nuit), alors que le clip est visible n’importe quand sur internet.

Françoise Laborde s’offusque d’une collegeboy« violence insoutenable, la violence ce n'est pas esthétique, la torture ce n'est pas esthétique... On ne dénonce pas la violence en montrant de la violence».

Réaction en chaîne : le clip devient le plus regardé et discuté du moment, et il est vu par environ un million d’internautes ! Nouvelle vérification du fameux "effet Streisand" : plus on cherche à censurer une information, plus elle est diffusée.

De son côté, le réalisateur Xavier Dolan a répondu à Françoise Laborde avec une lettre ouverte :

« Votre recommandation, davantage que de préserver l'imaginaire des jeunes, officialisera une posture sociologique sur les notions actuelles de censure, et sur l'inaptitude de l'adulte moderne à tolérer la mise en images des phénomènes sociaux dont il est directement ou indirectement responsable. Empêcher de diffuser la vidéo, c’est enfiler le bandeau que les personnages portent dans le clip, en allégorie de l'aveuglement volontaire de la société face à ces enjeux. Paradoxalement, nos seuls véritables détracteurs sont les bureaux de censure et les chaînes de télédiffusion, qui refusent de passer notre vidéoclip avant même d'avoir eu votre recommandation. Je constate qu'il existe au sein de vos groupes une culture de la lâcheté, presque instinctive, camouflée par une fausse outrance, qui font d'eux, et de vous, des complices de la stagnation. Je ne pourrai, dans cette mesure, jamais assez vous remercier de l'exceptionnelle visibilité que vous avez donné à mon travail, bien qu'il soit dommage que cette polémique n'origine non pas de votre soutien, mais de votre refus de contrer la violence par l'action plutôt que par le silence ».

collegeboyAuparavant, c’étaient les chaînes de télévision qui étaient le principal support de diffusion des clips, depuis une dizaine d’année c’est désormais d’abord internet.

Il faut savoir que les télévisions fonctionnent déjà sur le mode de l’auto-censure (c’est aussi le cas de YouTube et DailyMotion qui suppriment certains clips de leurs sites). Les sujets sensibles par rapport aux ‘bonnes mœurs’ sont pluriels : la sexualité, la drogue, le sang, la religion, la politique…

A l’international, MTV et BBC ne diffusent pas certains clips de Madonna, Rihanna, Nine Inch Nails, Marilyn Manson… C’est pareil en France : M6 a même recalé un clip du gentil Raphaël, qu'en sera-t-il du dernier clip de David Bowie The next day ? …

Avec College Boy réalisé par Xavier Dolan l’explication du CSA sera délicate : comment justifier l’interdiction d’un clip qui dénonce des violences contre un enfant ? Le CSA risque de servir de paravent derrière lequel vont se retrancher les chaînes de télé qui de toute façon n’avaient à priori pas vraiment l’intention de diffuser ce clip…

Peut-être serait-il mieux de simplement se souvenir que "la télévision c’est mieux quand on en parle", comme le conseillait justement le CSA dans l'une de ses campagne, soulignant que : « L’impact des images violentes peut être minimisé lorsque l’enfant peut dire ce qu’il a ressenti. C’est donc aux adultes d’engager la conversation avec lui. Ce sera aussi l’occasion de consolider ses repères, sa représentation du normal et de l’anormal, du juste et de l’injuste».

Voici donc ici le clip College Boy, réalisé par le cinéaste Xavier Dolan pour une chanson du groupe Indochine :

Crédit photo : image modifiée, d’après un extrait de College Boy.