BIFFF 2019 : les films catastrophe, nouvelle tendance du cinéma scandinave

Posté par kristofy, le 20 avril 2019

Pour les films fantastiques, on peut reconnaître une région du globe à certaines spécificités : torture psychologique, humour sarcastique, bagarre à coups de marteau... au Japon, en Espagne, en Corée du Sud.

Les pays nordiques, en dehors des best-sellers littéraires, semblaient plus méconnus. Leurs films fantastiques sont plutôt signés de grands cinéastes reconnus dans les Festivals: Lars Von Trier (Mélancholia, The house that Jack built…) et Nicolas Winding Refn (Valhalla Rising, The Neon demon…) du Danemark, Andre Ovredal de Norvège (The Troll hunter, The Jane doe identity), Tomas Alfredson de Suede (Morse), Timo Vuorensola de Finlande (Iron Sky)…

Cette année, le BIFFF a programmé 7 films de cinéastes nordiques avec tueurs, zombies, odyssée spatiale et une série de films catastrophes à glacer le sang. Revue de détails pour 3 d’entre eux vraiment remarquables, et que vous pouvez déjà découvrir :

The Quake, de John Andreas Andersen, Norvège.

Le film The Wave était dans certains top 10 des meilleurs films de l’année 2016 (son réalisateur norvégien Roar Uthaug a été appelé à Hollywood pour réaliser le nouveau Tomb Raider). C’était d’ailleurs tellement bien que l’équipe en a fait cette suite réalisée par John Andreas Andersen. Après le tsunami en bordure d’une côte à Geiranger et ses 248 morts, cette fois c’est carrément un tremblement de terre dans la capitale, qui sera évidemment pire ! Encore une fois les effets spéciaux des catastrophes naturelles sont épatants, mais surtout ils sont au service de l’histoire : un géologue qui calcule les risques de cataclysme et qui craint de les voir survenir quand personne n’y croit. A Oslo, bien qu’ une faille sismique soit tout de même surveillée sans aucune alerte depuis 1904, il n'y a apriori aucun risque.

The Quake débute quelques années après l’autre film, on (re)découvre le héros solitaire et séparé de sa famille car il ressasse encore le traumatisme du tsunami, quand un collègue trouve la mort dans un tunnel de Oslo. Il y a bien un énorme tremblement de terre imminent mais sa femme et sa fille se trouve dans un immense building, le temps d’aller les chercher et c’est le piège qui s’effondre en étant à l’intérieur… Le seul reproche de ce film est qu’il soit centré uniquement sur cette famille en danger, quand l’autre donnait plus à voir une communauté de voisins en péril. Si avec The Wave on avait eu le souffle coupé, c’est le cœur qui s'arrête pour The Quake avec cet homme qui va tout faire pour sauver encore une nouvelle fois femme et enfants. (malheureusement pas de sortie en salles, disponible en e-cinéma)

The Unthinkable, du collectif Crazy Pictures, Suède

Dans beaucoup de films catastrophe, il y a toujours une histoire d’amour. Dans The Unthinkable on a ainsi un film d’amour dans une histoire de catastrophe. C’est l’œuvre de Crazy Pictures qui est un collectif de 5 Suédois qui ensemble s’occupent de l’écriture, la production, la réalisation, les effets spéciaux… C’est peut-être d’ailleurs parce que le film a été conçu à plusieurs mains qu’il raconte en fait 2 grandes histoires d’amour manquées et parallèles : celle du héros qui n’est pas parvenu à se déclarer à une fille qu’il retrouve douze années plus tard, et celle du héros en rapports conflictuels avec son père durant sa jeunesse auquel il va se confronter.

On verra que c’est autant compliqué de se rapprocher que de s’éloigner de qui on voudrait alors que dans le pays se déroule une vaste et mystérieuse attaque qui provoque à la fois des accidents de voitures, des coupures de courant, la mort de militaires et la disparition du gouvernement ! Le père entre dans une paranoïa d’agents étrangers tandis que la fête du solstice d’été est peut-être l’occasion pour le fils de reconquérir sa femme idéale. Mais des hommes armés et des hélicoptères en action vont tout perturber… The Unthinkable, étonnant à plus d’un titre, est logiquement sélectionné dans chaque festival fantastique comme Sitges, Paris, Gerardmer, et donc enfin le Bifff à Bruxelles. (il est désormais disponible depuis le 3 avril en dvd et blu-ray, édité par Wild Side)

Cutterhead, de Rasmus Kloster Bro, Danemark

En plein Copenhague, il y a un vaste chantier en cours. En fait, il s’étend loin en profondeur puisqu’il s’agit de percer des nouveaux tunnels pour un métro. Rie est une femme chargée d’y passer une journée à documenter les travaux avec des photos, elle descend alors dans les entrailles de la terre et y découvre dans des passages étroits le travail pénible de tunnelier. La plupart des ouvriers ne parlent pas danois ni même à peine anglais: il y a Ivo d’origine croate qui rentre chez lui une semaine par trimestre et Bharan qui a fuit l’Erythrée et qui a une lourde dette envers sa famille. Ces trois personnages vont se retrouver coincés - après une alarme incendie - dans un réduit de quelques mètres : la chaleur augmente, l’oxygène baisse, pas de nourriture, et l'incertitude d'une éventuelle intervention des secours…

Cutterhead débute presque comme un documentaire social pour très vite devenir une catastrophe oppressante et claustrophobe. Dès l’enfermement, c’est filmé au plus près des visages avec un soin particulier sur les sons extérieurs. L’angoisse et la peur gagnent en même temps les protagonistes et les spectateurs. Au fur à mesure que le temps passe, le désespoir l'emporte et les chances de survie s'amoindrissent. Il va falloir lutter pour soi et peut-être même contre les autres. Avec ce film, danger de suffocation…

Claes Bang, de The Square à Hollywood

Posté par vincy, le 20 novembre 2017

Vous ne connaissez pas forcément son nom. Pourtant Claes Bang est l'acteur principal du film qui a reçu la Palme d'or cette année, The Square, qui a séduit plus de 300000 spectateurs en France (ce qui reste le plus mauvais score pour une Palme depuis Oncle Boonmee en 2010).

Les acteurs scandinaves, souvent bilingues, ont toujours séduit Hollywood, et récemment c'est même une invasion: de Noomi Rapace à Michael Nyqvist, des Skarsgard (Stellan père, Alexander, Gustaf et Bill fils) à Mads Mikkelsen (et son frère Lars), de Alicia Vikander à Viggo Mortensen ou encore Peter Stormare ou Lena Olin. Et il ne faudrait pas oublier quelques légendes: Greta Garbo, Ingrid Bergman, Max von Sydow, Anita Ekberg, Liv Ullmann qui ont rayonné sur le cinéma mondial.

Claes Bang est le dernier en date. L'acteur danois qui vient de fêter ses 50 ans et fêtera en 2018 ses 20 ans de carrière au cinéma et à la télévision, n'avait jusque là jamais été approché pour jouer dans une production hollywoodienne. Une Palme ça peut aider, la preuve. Il vient d'être enrôlé pour être l'un des "méchants" de The Girl in the Spider’s Web (Ce qui ne me tue pas), la suite de The Girl With the Dragon Tattoo (Millénium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmes), issu de la franchise Millenium. Le studio américain Sony, qui a les droits sur la franchise, a donc décidé de zapper deux tomes.

Dans cette nouvelle enquête conjointe entre un journaliste d'investigation et une hackeuse névrosée géniale, un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains.,Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont son journal Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA…

La britannique Claire Foy incarnera Lisbeth Salander et la néerlandaise Sylvia Hoeks (Blade Runner 2049) sa sœur jumelle. On ne sait toujours pas qui interprètera le journaliste Mikael Blomkvist. Dans le premier film américain, le personnage était incarné par Daniel Craig tandis que la trilogie suédoise il avait starisé Michael Nyqvist, qui est mort en juin dernier.

Sony a prévu une sortie du film, réalisé par Fede Alvarez et co-scénarisé par Steven Knight d'après le best-seller de David Lagercrantz, en octobre prochain. Le tournage doit démarrer en janvier entre Berlin et Stockholm.

Un film scandinave reçoit le Prix Lux 2017

Posté par vincy, le 14 novembre 2017

Des trois finalistes, c'est le scandinave Sámi Blood qui l'a emporté. Cette coproduction scandinave (Suède, Norvège et Danemark), premier film de la réalisatrice suédoise Amanda Kernell succède à Toni Erdmann de Maren Ade.

C'est la première fois en onze éditions que le Prix du Parlement européen récompense un film venu des pays nordiques. Seul Play de Ruben Östlund (Palme d'or cette année avec The Square) avait réussi à finir dans le trio final depuis 2007.

Sámi Blood faisait face à 120 battements par minute et Western.

Le président du parlement européen Antonio Tajani a rappelé à cette occasion que "Le prix Lux est à l'avant-garde de la promotion du cinéma 'made in Europe', de notre industrie créative et de notre diversité culturelle et linguistique."

Sámi Blood (Le sang Sami) suit une jeune fille sami (ou laponne), Elle Marja, 14 ans. Son peuple est éleveur de rennes et victime du racisme des années 30, qui exige notamment des examens physiologiques sur les races dès l'école. Elle se met alors à rêver d’une nouvelle vie, mais elle va devoir changer d’identité et rompre tous les liens avec sa famille et sa culture si elle veut accomplir son objectif. A savoir: les rôles samis ont tous été interprétés par des Samis eux-mêmes.

Le film n'a pas de distributeur en France. Il tourne depuis plus d'un an dans les festivals: Venice Days à Venise où il a fait son avant-première mondiale en 2016, Toronto, Tokyo, Dubai, Sundance, Créteil, Seattle, Edimbourg... Le film a d'ailleurs reçu plusieurs prix : meilleur film et meilleure actrice à Seattle, meilleur film nordique et meilleure photo à Göteborg, meilleur film étranger à Newport Beach, Prix des valeurs humaines à Thessalonique, Meilleur premier film et Label Europa Cinémas aux Venice Days, prix spécial du jury et meilleure actrice à Tokyo...

Michael Nyqvist (1960-2017), l’homme qui a aimé sa vie

Posté par vincy, le 27 juin 2017

Michael Nyqvist, vedette internationale suédoise, né le 8 novembre 1960 est mort ce 27 juin 2017 d'un cancer du poumon. Il avait 56 ans.

L'acteur, d'une mère suédoise et d'un père italien, a été adopté alors qu'il était bébé, abandonné à un orphelinat, par une écrivain et un avocat. La belle histoire est qu'il a retrouvé ses parents biologiques. Diplômé de la Malmö Theatre Academy, il débute dans les années 1980 sur les planches. Au cinéma et à la télévision, il enchaîne les petits rôles. Il doit attendre 2000 pour être remarqué avec le rôle principal de Together (Tillsammans) de Lukas Moodysson, où il incarne un mari violent et alcoolique. En Scandinavie, il est déjà une star du petit écran depuis la diffusion en 1997 de la série Beck. Il est même considéré comme l'un des hommes les plus sexys dans son pays.

Mais c'est en 2009, à 49 ans, avec déjà près de 40 films, téléfilms ou séries au compteur, qu'il va se faire connaître à l'étranger grâce à la trilogie cinématographique, déclinée en 6 épisodes de série TV, Millenium, adaptation des best-sellers de Stieg Larsson. Les films révèlent aussi Noomi Rapace. Nyqvist incarne le journaliste obstiné Mikael Blomkvist.

Ce rôle lui a fait décrocher le personnage du salaud/ennemi/méchant (son air inquiétant va lui permettre de jouer souvent les vilains ou les intrigants) dans le 4e opus de Mission:Impossible, Mission impossible : Protocole Fantôme, de Brad Bird.

De là, les propositions vont pleuvoir. Il pouvait militaire ou évêque, flic ou homme ordinaire. On le voit dans le thriller Identité secrète (Abduction) de John Singleton, avec Taylor Lautner, Disconnect de Henry-Alex Rubin, Days and Nights de Christian Camargo, John Wick de Chad Stahelski, avec Keanu Reeves, Colonia de Florian Gallenberger, avec Emma Watson, Frank & Lola de Matthew Ross, avec Michael Shannon, ou I.T. de John Moore, avec Pierce Brosnan.

Récemment, il était à l'affiche de films variés comme La Ritournelle de Marc Fitoussi, avec Isabelle Huppert, La Reine garçon de Mika Kaurismäki ou A Serious Game de Pernilla August. Il sera aussi au générique de Radegund, film de Terrence Malick prévu dans les salles l'an prochain. Il venait de tourner Kursk de Thomas Vinterberg, avec Léa Seydoux, et Hunter Killer, de Donovan Marsh, avec Gerard Butler.

"Je pense que notre mission sur Terre est d'accepter ce que vous avez, et mon voyage a été d'accepter ma propre vie et de ne pas prétendre à autre chose. C'est ce pour quoi on lutte toute notre vie" disait-il.

Berlin 2017: Les insoumis d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 14 février 2017

Deuxième volet de sa trilogie sur les ports et de l'immigration, après Le Havre, L'autre coté de l'espoir (The Other Side of Hope) signe le retour du plus singulier des cinéastes contemporains, Aki Kaurismäki. Le film est en compétition à la 67e Berlinale.

Dans le port d'Helsinki, un cargo livre du charbon, d'où sort un réfugié syrien, clandestin. Cette même nuit, un VRP qui vend des chemises fait sa valise, pose son alliance et ses clefs devant sa femme, en bigoudis, médusée et s'en va. On se doute bien que leur itinéraire va un jour se croiser...

Evidemment, le style du cinéaste finlandais n'a pas bougé d'un iota. Il se permet de mixer le burlesque et le drame, le conte tragique et une ironie cocasse, le désenchantement et l'espérance, le social et l'humain. Son film est un concentré d'humanisme brut où l'on rit, où l'on chante (du blues, comme une incantation), où l'on a aussi des abrutis de racistes qui ne sont pas tendres.

Mais ce ne serait pas juste de résumer cette œuvre bienveillante et touchante à ces quelques qualificatifs. Car, comme pour Le Havre, le film est profondément engagé. Il cherche à ouvrir les esprits. Mais il veut surtout montrer, sans être démonstratif, qu'il ne faut pas être résigné face aux montées de nationalisme, xénophobie, populisme et autres replis sur soi.

L'autre coté de l'espoir est un acte de résistance par la solidarité. Des gens s'entraident malgré les pourris (suprémacistes bêtes et méchants, bureaucrates aveugles, patrons voyous, ...). Ils contournent les lois, ne demandent rien en échange, font leur petit business entre eux, à l'écart du chaos du monde et des règles absurdes. L'humain reprend le dessus, avec une simplicité désarmante. Les anti-héros de Kaurismäki sont des insoumis à leur manière. Ils payent leurs impôts, cherchent à bien faire leur boulot, mais rechignent à devenir des salauds au service de puissants qui ont débranché leur cœur.

Avouons que ça fait un bien fou, même si le film est teinté d'une mélancolie tendre plus que l'émotion ne nous étreint. On peut trouver ça naïf. On peut admirer une fois de plus cette direction artistique vacillant entre nostalgie des fifties-sixties américaines et réalisme coloré d'une époque sans joie. Mais le talent du réalisateur est de nous rendre ces "losers" attachants comme jamais. Il se moque de l'époque, s'amuse avec nos travers, nous fait rire avec des dialogues gratinés, nous enchante avec son style à la Jacques Tati. Et pourtant il nous parle de la guerre en Syrie, de ces gens fuyant les guerres, traversant les frontières, seuls au monde, de la nécessité à rencontrer l'autre.

Alors oui, c'est une autre facette de l'espoir, celle des rêveurs. Et comme dans tous les rêves, le film se déroule selon un principe classique: le récit est attendu mais chaque séquence est inattendue. Aki Kaurismäki propose ainsi des scènes de la vie ordinaire qui ne se déroulent jamais comme le cinéma les imagine, comme le réel les construit. Non, chez lui, rien ne se passe vraiment comme prévu. C'est le plus malin qui domine le plus fort. C'est le plus fragile qui s'en sort. C'est toujours la bonté qui l'emporte sur l'égoïsme. C'est l'âme et les actes qui remplacent la morale et les lois.

Si on aime indiscutablement les mises en scène du réalisateur, on reconnaît qu'on succombe indéniablement à ses propos. Il y a quelque chose de Robin des bois dans son cinéma. Il pend les riches pour sauver les pauvres...

Le film que j’attends le plus en 2017 : The Other Side of Hope d’Aki Kaurismäki

Posté par vincy, le 1 janvier 2017

Six ans. Le temps n'a jamais été aussi long entre deux films du cinéaste finlandais Aki Kaurismäki. Déjà il avait fallu attendre cinq ans entre Les lumières du Faubourg et son dernier film Le Havre. The Other Side of Hope sera révélé au Festival de Berlin en février. Ce sera l'occasion de célébrer les cent ans du cinéma finlandais.

L'impatience de découvrir son nouveau film est un mélange de désir et d'appréhension. Il n'y a rien de pire que la déception après avoir autant attendu. Kaurismäki est l'un des grands cinéastes européens de ces quatre dernières décennies. Il y a dix ans le Festival de Locarno lui a consacré une rétrospective où toute son œuvre - ses longs comme ses courts et moyens métrages ou ses clips vidéo - était révélée, et ce fut une révélation. Punk et rock, humaniste et mélancolique, optimiste et délirant, ses films prenaient toute leur cohérence et trouvaient leur point d'équilibre entre rires et larmes, liberté et maîtrise.

Il y a peu de réalisateurs dont on peut deviner le nom rien qu'au style artistique, à la mise en scène, aux personnages. Il fait partie de ce club. A l'instar d'un Almodovar ou d'un Sorrentino, il a son esthétique propre (et singulière). A la manière d'un Loach ou d'un Jarmusch, ses anti-héros suscitent une empathie immédiate. Entre épure et naïveté, il dessine le portrait d'une société brutale avec les faibles et d'un monde où la marginalité est peut-être la seule voie possible pour rester libre. Pour, Kaurismäki, la solidarité est une valeur, au dessus de celles imposées par un dogmatisme moralisateur. En ces temps cyniques où le petit commentaire et l'insulte font figure de langage, cette élégance n'est pas mineure.

Le titre de son nouveau film, L'autre face de l'espoir pourrait-on traduire, démontre qu'il garde son cap. Tourné au début de l'automne 2016, à Helsinki, le récit suit un VRP finlandais qui croise un réfugié syrien. C'est le deuxième volet de sa trilogie sur les ports, après Le Havre, où là aussi il était question d'immigration. Je n'imagine aucun pathos et j'espère un regard sensible sur ce sujet délicat, tout en retrouvant son humour pince-sans-rire. L'espoir de voir de bons films en 2017 motive plus que jamais à être curieux. Cela n'empêche pas d'être fidèle, loyal et enthousiaste pour les cinéastes qu'on aime depuis longtemps.

En Europe, derrière la caméra, on est encore très loin de la parité

Posté par vincy, le 13 décembre 2016

A l’occasion du Festival de cinéma européen des Arcs, une étude sur l’émergence d’une nouvelle génération de réalisatrices européennes, coréalisée avec le soutien de France Télévisions, la Fondation Sisley et le CNC a été publiée alors que le Festival met à l’honneur ces mêmes jeunes réalisatrices. La compétition est d’ailleurs paritaire. Jérémy Zelnik, Responsable des événements professionnels du festival, veut, par cette étude, « faire bouger les choses ». Et c’est en effet nécessaire. « On est très loin de la parité » insiste-t-il.

Le constat est douloureux : sur quatre ans, de 2012 à 2015, dans 30 pays, seuls 19,4% des films sont réalisés par des femmes. Même dans les pays les plus « féminisés » comme la Norvège ou la Suède, la proportion ne dépasse par un film sur trois. Les cinémas italiens et britanniques sont en queue de peloton, tandis que le cinéma français atteint les 25%, se situant ainsi au dessus du niveau moyen européen. Cette étude recoupe les chiffres d'une autre étude de l'European Women's Audiovisual Network, "Rapport sur l'égalité des genres au sein de l'industrie cinématographique européenne", parue au moment du Festival de Cannes où 21% des films dans les 7 pays étudiés était réalisés par une femme.

La parité n’est pas forcément souhaitable. Pour Jérémy Zelnik, « l’importance c’est l’égalité des chances. Les femmes n’ont pas moins de talents que les hommes ». Dans des pays où la production n’est pas très importante, la parité n’est pas l’objectif principal. Par ailleurs, la politique de quotas peut s’avérer contre-productive et doit s’adapter au temps nécessaire de la création. L’an dernier les femmes étaient majoritaires aux Work in Progress des Arcs, cette année, elles sont minoritaires. "La parité est plus intéressante à imposer dans les comités de décision ou les écoles de cinéma" selon lui. Mais Jérémy Zelnik confirme qu’il faut constamment porter une attention particulière pour que les femmes ne soient pas oubliées. C’est l’idée de ce focus aux nouvelles femmes réalisatrices européennes, accompagné de deux tables rondes : mettre en lumière ces nouveaux talents.

Car le renouvellement des générations est l’autre grand axe de l’Etude, et l’autre problème dans une grande partie des pays. Une fois de plus, le cinéma italien se fait remarqué par l’âge de ses réalisatrices : avec la moyenne la plus élevée, il s’agit du cinéma qui se renouvelle le moins. Face à ce cinéma le plus ancien, on peut opposer des cinémas « plus jeunes » comme ceux de Lettonie, Bulgarie, Slovénie, Belgique, Slovaquie, Irlande ou Norvège. « En Europe, les hommes qui ont réalisé un film entre 2012 et 2015, en sont à leur 3,7ème film, tandis que pour la même période les femmes en sont à leur 2,7ème film. Le cinéma européen féminin est en moyenne plus jeune d’une génération par rapport au cinéma européen masculin » explique l’étude.

Encore une fois, l’Italie est en tête de file, avec 5,7 films réalisés en moyenne par les hommes et 3,06 par les femmes. En Suède, de la même façon, on passe de 4,19 films réalisés par les hommes à 1,93 films réalisés par les femmes. En France, ce sont 2,53 films pour les femmes contre 4,07 films pour les hommes.

Il y a quand même une évolution. Ainsi, si 19,4% des films ont été réalisés par des femmes en France, 22,44% des premiers et deuxièmes films sont l’œuvre d’une cinéaste. Pour les premiers et deuxièmes films, la proportion atteint même plus de 35% pour la Suède et la Norvège. En France, le chiffre est à 28,2% mais si « l’évolution transgénérationnelle française existe », elle reste « progressive ». En revanche, au Royaume Uni, en Turquie comme en Italie, on reste en dessous des 15%. « Si les chiffres du Royaume-Uni sont donc bas et, en plus de cela, ne présentent aucune évolution transgénérationnelle » ceux de « L’Italie, au contraire, bien qu’elle se situe en bas de l’échelle en termes de proportion de femmes réalisatrices, gagne des échelons dans les jeunes générations. »

Globalement, la présence des femmes derrière la caméra est en hausse dans de nombreux pays, à quelques exceptions. Grâce à des politiques dédiées, la Norvège, la Suède et la Suisse font figure de bons élèves. La France, l’Allemagne et la Slovaquie, sans avoir de politiques spécifiques concernant le cinéma au féminin, sont au dessus de la moyenne et continuent de miser sur de nouveaux talents féminins. Des pays comme la Roumanie, la Russie, l’Italie, la Pologne, la Turquie et le Portugal connaissent des évolutions et révolutions culturelles « qui vont mettre un peu de temps à s’installer » souligne l’étude. Et puis il y a les cancres comme le Royaume Uni et la Grèce, tous deux très en retard.

Un scénario inédit d’Ingmar Bergman sur les écrans en 2018

Posté par vincy, le 20 novembre 2016

Un scénario inédit signé d'Ingmar Bergman a été exhumé des archives et sera bientôt tourné pour le grand écran, rapporte les médias suédois et l'AFP ce dimanche 20 novembre. 64 minutes avec Rebecka devrait sortir en 2018, à l'occasion du centenaire de la naissance du metteur en scène décédé en 2007. De Prévert à Kubrick en passant par Truffaut, l'adaptation d'un scénario inédit et posthume n'est pas nouvelle.

Un scénario écrit il y a 47 ans.

Le script retrouvé a été rédigé sur un petit cahier gris presque par hasard lors d'une réorganisation des archives, au milieu de milliers de scénarios, de brouillons, de photographies, de dessins et de lettres que le cinéaste avait léguées en 2002 à la fondation qui porte son nom. Bergman l'avait écrit en 1969.

Ecrit en 1969, alors que Bergman avait 51 ans, le scénario était prêt pour un tournage. L'histoire est celle d'une jeune femme introvertie, professeure dans une institution pour sourds et muets, cherchant l'émancipation sexuelle, conjugale et politique. Enceinte, révoltée, elle fréquente seule une boîte de nuit échangiste, avoue l'adultère à son mari, qui lui pardonne mais qu'elle quitte quand même, provoquant ainsi un scandale. Parallèlement un autre scandale se créé quand une adolescente pensionnaire de l'institution fait le mur pour retrouver la femme qu'elle aime. Le scénario explore les thèmes du réalisateur : la folie, les convenances sociétales et morales, le péché, la haine filiale, le désir.

Un projet hollywoodien avec Fellini et Kurosawa.

A l'origine, le film devait être inclus dans un triptyque écrit et réalisé par Bergman, l'Italien Federico Fellini et le Japonais Akira Kurosawa. Fellini avait contacté Bergman en 1962 pour lui demander s'il était intéressé par un tel projet auquel se joindrait Kurosawa. Un contrat a même été signé par le Suédois et l'Italien en 1968. Fellini a, cependant, vite abandonné la partie. Et le studio hollywoodien qui avait imaginé ce projet n'a finalement jamais donné suite. Une correspondance avec les producteurs américains montrent qu'un accord n'a jamais été trouvé puisqu'ils voulaient rallonger le film pour en faire une série télévisée. Bergman a refusé ce qui aurait du être son premier film tourné en anglais. Mais une chose est certaines: les négociations avec la Warner, United Artists et Universal pour le distribuer ont échoué.

Le directeur de la Fondation Ingmar Bergman, Jan Holmberg, qui a communiqué l'annonce de ce scénario retrouvé, explique qu'on "peut vraiment parler d'un choc des cultures", entre les "scènes de sexualité violente et l'homosexualité, (le film) n'aurait jamais été diffusé à la télé américaine dans les années 60".

Suzanne Osten pour le réaliser.

Déjà adapté pour la radio (avec "69 année érotique" de Serge Gainsbourg en fond musical), le scénario doit être porté à l'écran par la réalisatrice Suzanne Osten, icône féministe et figure de l'avant-garde des années 1970, qui n'a eu de cesse de dénoncer l'emprise de Bergman sur le cinéma suédois. Bergman et Osten, dont les films ont été récompensés dans plusieurs festivals durant les années 1990, "étaient souvent ennemis et s'opposaient régulièrement", rappelle Jan Holmberg.

Mais selon lui,  "64 minutes avec Rebecka est peut-être son oeuvre la plus marquée par la tentative d'une femme de se libérer d'un monde patriarcal" et correspond finalement à ce que critiquait la réalisatrice. Suzanne Osten dénonçait régulièrement le conservatisme du cinéaste et son emprise sur le cinéma suédois. de quoi, pour elle aussi, s'émanciper et s'affranchir de ce "père" du cinéma mondial.

Matt Dillon et Bruno Ganz dans un Jack l’éventreur signé Lars von Trier

Posté par vincy, le 2 novembre 2016

Le prochain film de Lars von Trier s'annonce hot. The House That Jack Built réunira Matt Dillon (Outsiders, Mary à tout prix, Drugstore Cowboy) et le vétéran du cinéma suisse Bruno Ganz (Les ailes du désir). C'est le premier film du cinéaste danois depuis les deux volets de Nymphomaniac (2013).

Lars von Trier semble enchanté par son choix: "au-delà du match épique qui s'annonce, ce sont deux excellents acteurs qui s'inscrivent organiquement dans ma famille cinématographique" explique-t(il. Le film suivra Jack, homme hyper intelligent, durant les douze années où il a commis ses meurtres, devenant ainsi , au fil des ans, le premier serial-killer de l'histoire. Le scénario prend le point de vue de Jack, alors qu'il veut faire de chaque meurtre une œuvre d'art en soi. L'enquête policière se rapprochant, il prend des risques de plus en plus important afin de créer le chef d'œuvre ultime.

Le tournage aura lieu entre la Suède et le Danemark. Quatre actrices devraient compléter le casting. Budgété à hauteur de 8,7 millions d'euros, la coproduction européenne devrait sortir sur les écrans en 2018. A l'origine le projet devait une mini-série télévisée de huit épisodes.

Joachim Trier revient en Norvège mais s’aventure dans le surnaturel

Posté par vincy, le 11 juin 2016

Un an après sa présentation en compétition à Cannes de Louder than Bomb, son premier film en langue anglaise, Joachim Trier revient dans son pays natal, la Norvège, pour tourner un thriller surnatruel, Thelma. Le film promet d'être innovant pour le cinéaste, et pas seulement parce qu'il promet d'être dans le genre fantastique. En effet, après trois histoires de jeunes hommes, Joachim trier va se concentrer sur une jeune femme.

L'histoire est celle d'une jeune femme, dans une Norvège contemporaine, qui tombe amoureuse et réalise qu'elle a des pouvoirs inexplicables et effrayants. Coproduit avec la société française Memento films (qui s'occupe également des ventes internationales), Thelma a aussi reçu une importante aide de l'Institut du cinéma norvégien (1,2 million d'euros), représentant près d'un quart de son budget. La sortie est déjà programmée au printemps 2017 (Cannes?).

Le cinéaste cherche actuellement son casting féminin, notamment des filles de 18 à 26 ans, sachant faire du roller. Les producteurs scandinaves promettent également de nombreux effets spéciaux. Selon Cineuropa, le tournage débutera en septembre.