George Miller, Président du jury du 69e Festival de Cannes

Posté par vincy, le 2 février 2016

Ni Palme, ni Ours, ni Lion. Et pour cause, le président du jury du 69 e Festival de Cannes (11-22 mai) n'a jamais été en compétition dans l'un des trois grands festivals de la planète. Il est d'un autre monde. George Miller, réalisateur, scénariste et producteur australien, down under ,présidera donc les destinées des films en compétition du Festival. Un maître du genre, prince des blockbusters, qui a su insuffler sa touche personnelle au fil des décennies.

A Cannes l'an dernier, son Mad Max: Fury Road avait suscité, avec bruits et fureur, l'enthousiasme des cinéphiles, hors compétition. Depuis l'oeuvre pétaradante a pioché pas mal de prix auprès des syndicats et cercles de critiques et Miller a décroché une nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur. L'Oscar, il en a déjà un grâce à un film d'animation, Happy Feet, comédie musicale environnementaliste déjantée et empathique.

Recevant son invitation cannoise, George Miller a déclaré : "Quel immense plaisir ! Être au cœur de ce Festival chargé d'histoire qui dévoile les joyaux du cinéma mondial, débattre des heures passionnément avec mes compagnons de Jury, c'est un grand honneur. Je ne manquerais ça pour rien au monde !"

Visionnaire, créateur d'univers, vacillant entre le cinéma d'action et les films familiaux, entre l'apocalypse rock n'roll et la fable irrévérencieuse, Miller est l'un des grands cinéastes venus d'Australie dès la fin des années 70, aux côtés de Peter Weir, Bruce Beresford et Phillip Noyce. Il a réalisé son premier film, Violence in the Cinema, part 1, en 1971. Le court métrage remporte deux alors prix de l'Australian Film Institute.

En 1979, naît Mad Max et révèle un certain Mel Gibson: road-movie, western, science-fiction se mélangent dans un cirque ultra-violent qui donnera trois autres films, trois gros succès populaires: Mad Max 2 : le Défi en 1981, Mad Max au-delà du Dôme du Tonnerre en 1985 et donc le désormais culte Mad Max: Fury Road en 2015.

Oeuvre spectaculaire et jubilatoire

En 1983, aux côtés de John Landis, Steven Spielberg et Joe Dante, le cinéaste réalise le dernier segment de La Quatrième Dimension (Twilight Zone: The Movie). Et en 1987, il s'aventure dans la comédie fantastique et faustienne avec Les Sorcières d'Eastwick, là encore un succès en salles, avec Nicholson, Sarandon, Cher et Pfeiffer. Il change de registre en 1992 avec un drame intimiste et familial, Lorenzo, porté par Susan Sarandon et Nick Nolte. Il s'agit de son seul échec public mais c'est aussi sa première nomination aux Oscars (pour le scénario). Il adapte et produit en 1995 Babe - Le cochon devenu berger (réalisé par Chris Noonan,) qui récolte sept nominations aux Oscars (dont Meilleur film et Meilleure adaptation pour Miller).

Puis, Miller s'offre un immense break. On ne le revoit qu'en 2006, avec son premier film d’animation Happy Feet (Oscar du Meilleur film d’animation), où des pingouins font des claquettes sur la banquise sur des airs de pop/rock endiablée). Happy Feet 2 suivra en 2011.

L'an dernier, avec le quatrième Mad Max, il fait la synthèse entre ses préoccupations écologiques dans ce monde post-apocalyptique et ses opinions féministes et anti-totalitaristes dans un barnum visuel épatant. Le film est dix fois nominé aux Oscars 2016, notamment pour le Meilleur film et pour le Meilleur réalisateur. Au total ses films ont rapporté plus de 600 millions de $ au box office nord américain.

"A 70 ans, George Miller est internationalement plébiscité pour son œuvre spectaculaire et jubilatoire autant que pour son éclectisme, son inventivité et son audace. Avec lui, c’est la grande tradition du cinéma de genre qui sera mise à l’honneur. Et c’est aussi un cinéphile généreux et un homme d’une grande qualité que le Festival de Cannes 2016 accueillera" explique le communiqué du Festival.

C'est la première fois qu'un Australien préside le jury cannois.

Poitiers Film Festival: un western australien comme premier choc de la compétition

Posté par cynthia, le 3 décembre 2015

Sous le soleil de Poitiers, nos petites rétines se délectent d'une série de courts-métrages en provenance du monde entier. Qui dit monde entier, dit éclectique et c'est d'ailleurs ce qui fait briller ce festival de jeunes talents. Petit Rappel.

Du 27 novembre au 4 décembre se tient le Poitiers Film Festival qui fête la jeune création mondiale. Avec une compétition large en sujets et qui invite les spectateurs à voter après chaque séance, ce festival continue de révéler les jeunes talents des écoles du cinéma du monde. Les écoles invitées cette année sont toutes plus prestigieuses les unes que les autres: la Deutsch Film und Fernsehakademie Berlin GmbH, la Filmakademie Baden-Württemberg, la Hamburg Media School ou encore la IFS Internationale Filmschule Köln. Bref l'Allemagne débarque.

Mais la France n'est pas oubliée. Lla soirée So French de ce sixième jour de compétition a montré que notre pays àa encore du génie à vendre.

Pour la compétition initiale, nous avons découvert quelques perles en cette journée. Tout d'abord un petit chef-d'œuvre que l'on a bien envie de voir passer en long-métrage: Foal de Vanessa Gazy en provenance d'Australie. Ce western met en scène Aurora, qui, après avoir commis un adultère en l'absence de son mari, tombe enceinte. Sa fille Annie, quant à elle, s'efforce de comprendre l'étrangeté des adultes et de découvrir sa propre sexualité à travers les controverses de sa mère.

Dans un tout autre registre I'm Twenty Something de Marij Kavtaradzè, une sorte de Projet X maudit et Lituanien qui met en scène trois amis d'une vingtaine d'années tentant l'impossible afin de s'éclater un vendredi soir (et ce ne sera pas facile). Plus plat et obscur: Chaque fois qu'on se dit au revoir de Chao Liang pour la France. Inspiré de sa grand-mère (d'après ses dires), ce moyen-métrage de 37 minutes raconte l'histoire d'une vieille femme hantée par ses souvenirs...

Les palmarès des festivals de Cognac, Saint-Tropez et La Roche-sur-Yon

Posté par vincy, le 20 octobre 2015

Trois festivals ont décerné leurs prix le week-end dernier.

Le 20e Festival Polar de Cognac récompense le meilleur du policier dans tous les genres (livre,s BD, théâtre, télé) y compris le cinéma.
L'affaire SK1 de Frédéric Tellier est le prix Polar 2015 du meilleur long métrage francophone et La isla minima d'Alberto Rodriguez a été sacré du prix Polar 2015 du meilleur long métrage international. Deux bons choix. Le prix Polar du court métrage a été remis à La force de l'âge de Quentin Lecocq. Notons que La fille du train de Paula Hawkins, actuellement en préparation pour le cinéma, a reçu le prix Polar 2015 du meilleur roman policier étranger.

La 17e édition du festival des Antipodes, à Saint-Tropez, projettent des films australiens et néo-zélandais. Le jury était présidé par l’acteur australien Bryan Brown, entouré des comédiens Natacha Régnier, Stefi Celma, Philippe Caroit et Franck Finance-Madureira, créateur de la Queer Palm.
Le grand prix a été décerné à The Dark Horse de James Napier Robertsson (prix du public au Festival de Rotterdam). Le prix de la révélation féminine a distingué Whirimako Black (White Lies de Dana Rotberg), le prix de la révélation masculine est revenu ) Ed Oxenbould (Paper Planes de Robert Connolly). Le prix du public a aussi consacré Paper Planes.

Le 6e Festival de La Roche-sur-Yon, qui se centre sur les nouveaux talents et le cinéma indépendant, avait un jury composé de Philippe Azoury, Françoise Lebrun et d'Eva Sangiorgi. Ils ont primé le film italien Bella e perduta de Pietro Marcello (deux prix à Locarno). Une mention spéciale du jury international a été remise à Güeros d'Alonso Ruizpalacios, qui a aussi reçu le prix Trajectoires, ex-aequo avec Simon d’Éric Martin et d'Emmanuel Caussé.
Dans la compétition Nouvelles Vagues, Tangerine de Sean Baker poursuit son beau parcours dans les festivals Français avec le prix de cette sélection. Le prix du public a confirmé la bonne trajectoire de Tempête de Samuel Collardey, déjà récompensé à Namur et Venise.

Festival Lumière – Jour 2 : le Bubby de Rolf De Heer et le King de Martin Scorsese

Posté par Morgane, le 14 octobre 2015

Deuxième jour du festival Lumière à Lyon. De l'Australie à New York, on se dépayse en quelques heures.

Bubby le bad boy australien

Aujourd'hui direction la salle obscure du Cinéma Opéra pour découvrir Bad Boy Bubby (1993) de Rolf De Heer présenté ici en avant-première avant sa ressortie en salles le 11 novembre prochain. Le pitch attire, intrigue (un enfant sauvage de 35 ans, enfermé depuis sa naissance, fait pour la première fois l'expérience du monde extérieur…), tout comme la bande-annonce.

Rolf De Heer est là en personne, fraîchement débarqué de Tasmanie, pour nous présenter son film. Il a aussi inauguré sa plaque rue du Premier Film hier après-midi. C'est un cinéaste australien majeur. Il réalise des films très politiques, abordant notamment la thématique aborigène - The Tracker, 10 canoës, 150 lances et 3 épouses et Charlie's Country. Les deux derniers ayant été présentés et primés à Cannes dans la section Un Certain Regard. Son travail a donc marqué l'Histoire du cinéma australien de par ses thématiques qui font encore polémique dans les débats nationaux (la politique, les aborigènes, les marginaux…).

Ce film a été tourné à Adelaide il y a de cela 23 ans et l'on peut noter une anecdote peu commune : il y a eu 32 directeurs de la photographie sur ce film. Pourquoi? Rolf De Heer nous explique: "C'est compliqué! Quand j'ai commencé à travailler sur ce film, 11 ans avant de le faire, je pensais que ce serait mon tout premier film et je n'avais donc aucune attente en ce qui concernait le financement. Je pensais alors devoir tourner les week-end et travailler la semaine pour le financer. Je pensais également qu'il faudrait deux ou trois ans pour filmer et le problème serait que je ne pourrai pas garder la même équipe aussi longtemps. J'ai alors résolu ce problème dans le script même. J'ai enfermé mon personnage!!! J'ai retiré tout l'extérieur pendant 35 ans. Une fois libéré, tout ce qu'il voit, il le voit pour la première fois et ça pouvait donc ressembler à n'importe quoi. J'ai alors eu l'idée de prendre un chef opérateur différent pour chaque lieu que Bubby va découvrir.

Mais 11 ans plus tard, Bad Boy Bubby est en réalité le quatrième film que je réalise. On a un budget correct et je peux donc filmer en une seule fois. Mais j'ai conçu le film avec l'idée de tous ces chefs opérateurs alors je décide quand même de le faire ainsi. Ce qui s'est avéré une belle idée avec trois résultats inattendus : On ne voit pas qu'il y a 32 directeurs de la photographie différents. À chaque nouveau chef opérateur une nouvelle et terrible énergie émergeait! Et avec cette idée, les financeurs nous prenaient pour des dingues et nous ont donc foutu la paix durant le tournage!"

Quant au côté culte de son film, y avait-il pensé? "Non. La réussite de ce film est quelque chose de très inattendu. C'est le public qui fait d'un film un film culte!" Le film a gagné 4 "Oscars" australiens (dont meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur) et trois prix à Venise (Grand prix spécial du jury, Prix FIPRESCI)?

"Bubby, pas fait pour l'extérieur"

Rolf De Heer nous souhaite donc une bonne projection, les lumières s'éteignent et l'on plonge au coeur de cette expérience peu banale. Dès les premières images le spectateur est happé par cet univers glauque dans lequel Bubby est enfermé par sa mère depuis 35 ans. Une unique pièce sombre, des cafards qui rasent les murs, un chat martyrisé, une relation mère/fils plus qu'incestueuse, le décor est posé et on sait d'ores et déjà que ce film ne nous laissera pas indifférent.

Puis le monde de Bubby s'élargit quand il finit par sortir de sa prison mais l'univers qu'il découvre n'en est pas moins sordide et absurde. Le film oscillant entre folie et scènes totalement surréalistes est tout à la fois dérangeant et émouvant. Les quelques longueurs que l'on peut éprouver dans la deuxième partie du film ne lui retire pas son côté ovni qui nous met une bonne claque. Bad Boy Bubby appartient à ses films qui marquent, qui dérangent et dont on ressort soulagés qu'il soit fini tout en étant à la fois fascinés…

Scorsese et sa Valse des pantins

Le temps de prendre l'air quelques minutes et on replonge de suite dans la salle du Cinéma Opéra pour découvrir cette fois la Valse des pantins (The King of Comedy, 1982) de Martin Scorsese.

C'est Delphine Gleize, réalisatrice notamment de La permission de minuit avec Vincent Lindon, qui vient présenter le film.

Elle nous explique qu'à sa sortie le film avait été un échec commercial car, comparé à Raging Bull, film précédent du réalisateur, celui-ci apparaît trop classique. Le film est alors soutenu par la presse mais boudé par le public. Pourtant le film, sélectionné en compétition à Cannes, a reçu le prix du scénario aux British Awards et le titre de meilleur film de l'année par les Critiques de cinéma de Londres.

Selon elle, il y a dans ce film "trois grands numéros d'acteurs : Robert De Niro, Jerry Lewis et la révélation du film, Sandra Bernhard, mélange de Mick Jagger et Courtney Love, qui est l'incarnation même du corps de l'acteur qui parle. Elle est fascinante et traduit à elle seule la folie du New York du tout début des années 80."

"Mieux vaut être Roi d'un soir que Charlot toute sa vie"

L'ambiance est ici un peu plus détendue que dans Bad Boy Bubby même si le thème de la folie y est également abordé.

Robert De Niro y campe Rupert Pupkin (alias The King) dans un rôle bien loin de ceux qu'il a tenu jusqu'alors dans les films de Scorsese (Mean Streets, Taxi Driver, New York, New York ou encore Raging Bull). Il est ici un comique, adorateur de Jerry Langford (Jerry Lewis), star du stand-up, prêt à tout pour percer. À tel point que son obsession tourne réellement à la folie.

Martin Scorsese aborde son sujet sous l'angle de la comédie mais celle-ci est noire. On ne sait parfois si l'on doit rire ou pleurer, aussi amusés que attristés par ce personnage de comique. Ce film donne l'occasion à Scorsese de montrer une autre facette du New York fou des années 80... Comme une suite à New York, New York. Il porte là un regard cruel sur le monde du show-business. Et encore une fois, plus dure sera la chute pour celui qui s'approchera trop du soleil...

Mad Max Fury Road: le choix détonnant de la critique international

Posté par vincy, le 2 septembre 2015

Le grand prix de la Fipresci - qui sera remis lors de la cérémonie de clôture du festival de San Sebastian le 26 septembre - va être remis cette année à... Mad Max Fury Road. Etonnant non? C'est la première fois qu'un blockbuster américain remporte ce prix des prix, qui nous avait plutôt habitué à honorer des films d'auteurs ou du cinéma américain indépendant (Paul Thomas Anderson, Richard Linklater, Terrence Malick). Anderson, avec Almodovar et Haneke, sont les seuls à avoir été primés deux fois depuis la création du prix en 1999.

C'est la première fois aussi qu'un cinéaste australien, ici George Miller, remporte cette récompense. Et c'est surtout la 11e fois qu'un film présenté à Cannes gagne ce prix.

Pourtant face à Mad Max Fury Road (hors compétition à Cannes), le choix était pointu et appréciable:  Le fils de Saul de László Nemes (Grand prix du jury à Cannes), The Assassin de Hou Hsiao-Hsien (Prix de la mise en scène à Cannes), Taxi Téhéran de Jafar Panahi (Ours d'or à Berlin)

Cannes 2015: Carte postale d’Australie

Posté par vincy, le 23 mai 2015

cinéma en plein air à Broome en Australie

C'est loin l'Australie. Il n'y a même pas de vols directs en provenance d'Europe. Cela n'empêche pas de voir de plus en plus de films en provenance de ce pays-continent. D'autant plus qu'il souffle un vent nouveau du côté des auteurs.

Cependant, tout n'est pas rose "Down Under". Le pays est un coproducteur international important, un lieu de tournage pour Hollywood. Mais à peine 50 films (les très grandes années) y sont produits. La part de marché des films australiens est même famélique, dépassant rarement les 10%. Le dernier gros triomphe date de 1986 avec Crocodile Dundee. Bien sûr quelques films ont fait exception plus récemment, comme Australia, Happy Feet ou Moulin Rouge! Des arbres qui cachent le désert.

On est loin du faste des années 75-95, avec des succès comme Mad Max, Babe, Muriel's Wedding, Priscilla folle du désert et des auteurs exportés à Hollywood tels Peter Weir, George Miller, Phillip Noyce, Russell Mulcahy, Bruce Beresford, Alex Proyas et Fred Schepisi. Sans oublier le chef opérateur de Wong Kar-wai, Christopher Doyle (récompensé à Cannes par le Grand prix de la Commission Supérieure Technique pour In the Mood for Love).

Depuis quelques années, le cinéma australien, vieux de 109 ans, connaît une véritable renaissance et une reconnaissance internationale. Ainsi, Warwick Thornton ramène au pays une Caméra d'or en 2009 avec Samson et Delilah. Une première depuis 1996 et Love Serenade de Shirley Barrett. Le vétéran Rolf de Heer a été récompensé deux fois à Un certain regard, en 2006 et l'an dernier. De Justin Kurzel à David Michôd, d'Andrew Dominik à James McTeigue, une nouvelle génération apparaît sur les écrans, principalement dans des films de genre.

Cannes 2015: Qui est Justin Kurzel ?

Posté par vincy, le 23 mai 2015

justin kurzel

À 40 ans, l'Australien Justin Kurzel fait sa première montée des marches cannoises avec Macbeth, sa version de la pièce de Shakespeare. C'est aussi à Cannes que le cinéaste fut révélé puisque après un un court métrage sélectionné à la Semaine de la critique en 2005, Blue Tongue, il présente son premier long, Les Crimes de Snowtown dans cette même section parallèle du Festival.

La Critique internationale le récompense du prix FIPRESCI et le jury d'une mention spéciale. Brillant, puissant, intense, ce film noir naturaliste et relativement poétique, entre crimes sordides et attirance entre mâles refoulée, envoûte les cinéphiles. Inspiré d'un fait divers réel, pas très loin de là où Kurzel a grandit, Snowtown est aussi brutal que lugubre. Avec des films comme Samson & Delilah et Animal Kingdom, celui-ci contribue au renouveau du cinéma australien.

Cinéaste sans concession, assez radical même en préférant l'essentiel, la dureté même, à la séduction et aux effets, Justin Kurzel a commencé sa carrière comme décorateur pour le cinéma et le théâtre. Après Les crimes de Snowtown, Kurzel se cherche: il écrit une version longue de Blue Tongue, réalise un segment de The Turning, où il révèle un certain sens de l'humour (noir là aussi) autour du tennis, et accepte de transposer le best-seller de John Le Carré, Our Kind of Traitor, avec Ewan McGregor, Damian Lewis et Naomie Harris. Finalement il y renonce et plonge dans la tragédie de Macbeth.

On est loin des Crimes de Snowtown, mais c'est toujours le sang qui parle. Ce Game of Throne classique, avec Michael Fassbender et Marion Cotillard, le place dans la cour des grands. Il va devoir rivaliser avec d'autres versions de la pièce réalisées par Orson Welles, Roman Polanski ou encore Alira Kurosawa avec Le château de l'araignée.

A l'ombre de ses géants, il prépare déjà son prochain film. L'adaptation du jeu vidéo Assassin's Creed, avec, a priori, le même duo de stars, Fassbender et Cotillard. C'est peut-être là que réside une partie de son don: dans sa relation avec les acteurs, professionnels ou non. En tout cas, il se dessine une oeuvre sombre et saignante, tragique et aliénée, où l'Homme est dépassé par ses démons.

David Michod enrôle le Général Brad Pitt

Posté par vincy, le 16 avril 2014

brad pitt inglorious basterdsAlors que son nouveau film The Rover, avec Guy Pearce et Robert Pattinson, est très attendu pour venir faire son avant-première mondiale à Cannes, David Michod a déjà annoncé son prochain projet, The Operators. Le réalisateur australien d'Animal Kingdom, a même réussi à convaincre Brad Pitt d'en être la star (et le coproducteur).

The Operators est l'adaptation du best-seller américain de Michael Hastings, The Operators: The Wild and Terrifying Inside Story of America's War in Afghanistan, non traduit en France. L'histoire est celle de l'ascension et de la chute du Général Stanley McChrystal, commandant en chef des forces américaines en Afghanistan. Le livre est écrit à partir d'un article de Hastings paru dans Rolling Stone et qui avait contribué au renvoi de McChrystal : l'auteur évoquait les critiques ouvertes du Général à l'égard de l'administration Obama ainsi que de drôles de coutumes "festives" sur les champs de batailles. Il dénonce ainsi un portrait les méthodes choquantes du commandement militaire et les raisons de l'échec américain dans le pays.

Le film ne devrait pas être tourné avant l'année prochaine. Les ventes internationales devraient débuter au marché du film à Cannes.

Cannes 2014 – les prétendants : d’Australie au Chili en passant par l’Afrique

Posté par vincy, le 31 mars 2014

mr kaplan d'alvaro brechner

Thierry Frémaux prépare sa sélection officielle du 67e Festival de Cannes. Il ne s'agit pas de faire des pronostics - vains - mais plutôt de repérer les films potentiels. Certains seront en compétition, d'autres recalés, d'autres encore à Un certain regard, et parfois dans les sélections parallèles. Passage en revue. D'Afrique, d'Amérique du sud ou d'Océanie : ce sont les régions souvent les moins représentées sur la Croisette et celles dont on ignore souvent l'avancée des films. On peut se douter que le cinéma brésilien ne sera pas oublié cette année. D'autant que les grands cinéastes argentins sont toujours en tournage.

- Lisandro Alonso, Film sans titre. Avec Viggo Mortensen, Ghita Nørby. Jamais sélectionné dans un des trois grands festivals européens, Alonso pourrait séduire les sélectionneurs avec cette histoire d'un père et d'une fille qui les mène du Danemark aux fins fonds de la civilisation.

- Vicente Amorim, Guillermo Arriaga, Stephan Elliott, Sang-soo Im, Nadine Labaki, Fernando Meirelles, José Padilha, Carlos Saldanha, Paolo Sorrentino, John Turturro, Andrucha Waddington, Rio je t'aime. Sur le modèle de Paris je t'aime, présenté à Cannes, cette déclaration d'amour à la future ville olympique, réalisée par de nombreux fidèles de Cannes, pourrait faire son avant-première mondiale sur la Croisette.

- Álvaro Brechner, Mr Kaplan (photo). Avec Héctor Noguera, Néstor Guzzini, Rolf Becker. Caméra d'or en 2009 avec Sale temps pour les pêcheurs, le cinéaste uruguayen s'est intéressé à la communauté juive qui réside en Amérique du sud. L'histoire de la vie d'un vieil homme un peu ronchon et lassé par la vie qui va suspecter un vieil allemand d'être un ancien nazi en fuite.

- Niki Caro, McFarland. Avec Kevin Costner, Maria Bello, Morgan Saylor. Jane Campion au jury, pourquoi pas une de ses consoeurs sur la Croisette? Mais cette histoire sportive de la réalisatrice de Paï semble très éloignée des sujets habituellement choisis par les sélectionneurs.

- Russell Crowe, The Water Diviner. Avec aussi Jai Courtney, Olga Kurylenko Premier film de la star, il s'agit du récit d'un homme qui part en Turquie retrouver ses trois fils disparus après la bataille de Gallipoli.

- David Michod, The Rover. Avec Guy Pearce, Robert Pattinson. Après Animal Kingdom, difficile de croire que Michod ratera les marches avec ce drame psychologique qui se déroule dans l'outback australien.

- Lyès Salem, L'Oranais. Son film Mascarades avait été nommé aux Césars. Un film algérien qui raconte les premières années euphoriques après l'indépendance du pays : deux amis, Djaffar et Hamid, sont promis à un bel avenir dans cette Algérie libre jusqu'au jour où la trahison les sépare.

- Sebastian Silva, Nasty Baby. Avec Kristen Wiig, Alia Shawkat, Mark Margolis. Un an après la sélection à la Quinzaine des réalisateurs de Magic Magic, Silva sera-t-il promu avec cette histoire new yorkaise autour d'un couple gay qui a un bébé?

- Abderrahmane Sissako, Le chagrin des oiseaux. Avec Hichem Yacoubi, Abel Jafri, Kettly Noël. Tourné cet automne, le film produit par Sylvie Pialat pourrait permettre à Sissako de revenir à Cannes, 8 ans après Bamako.

Berlin 2014 : American Bluff, Dans la cour et Diplomatie dans les séances spéciales

Posté par vincy, le 6 février 2014

The Turning

Les séances spéciales de la Berlinale alternent, comme tous les ans, avant-premières prestigieuses dans le but de faire venir des stars sur le tapis rouge, et documentaires. La moitié des films retenus sont des avant-premières mondiales.

Etrangement, peu de grands films hollywoodiens : Berlin se détourne de plus en plus des films américains. Auparavant, le festival bénéficiait du calendrier des Oscars, qui sont décernés deux semaines après le Festival. Dorénavant, la plupart des films oscarisables sont déjà sortis en Europe. Et les blockbusters du printemps ne sont pas montrables avant mars. Dans ce contexte, la Berlinale ne peut compter que sur quelques noms ou titres attendus, souvent réservés à la compétition.

Chaumeil, Salvadori, Schlöndorff... le cinéma français viendra en force. Mais pas seulement. Un ex-James Bond, des Oscarisables de l'année, une icône européenne primée à Berlin, un Seigneur de Tolkien, et un best-seller mondial seront conviés ... L'événement risque cependant d'être australien : un film à sketches réalisé par 18 réalisateurs qui ont adapté d'un recueil de nouvelles de Tim Winton, The Tunring (photo), avec, entre autres, Cate Blanchett.

- A Long Way Down de Pascal Chaumeil, avec Pierce Brosnan, Toni Collette, Aaron Paul, Imogen Poots
- American Bluff de David O. Russell, avec Christian Bale, Bradley Cooper, Jeremy Renner, Amy Adams, Jennifer Lawrence
- Cesar Chavez, de Diego Luna, avec Michael Peña, America Ferrera, Rosario Dawson, John Malkovich
- Dans la cour (In the Courtyard), de Pierre Salvadori, avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern
- Hundraåringen som klev ut genom fönstret och försvann (Le vieil homme qui ne voulait pas fêter son anniversaire), de Felix Herngren, avec Robert Gustafsson, Iwar Wiklander, Mia Skäringer, Alan Ford, David Wiberg
- The Turning , de Marieka Walsh, Warwick Thornton,  Jub Clerc, Robert Connolly, Anthony Lucas, Rhys Graham, Ashlee Page, Tony Ayres, Claire McCarthy, Stephen Page, Shaun Gladwell, Mia Wasikowska, Simon Stone, David Wenham, Jonathan auf der Heide, Justin Kurzel, Yaron Lifschitz, Ian Meadows, avec Cate Blanchett, Rose Byrne, Miranda Otto, Richard Roxburgh, Hugo Weaving
- Das finstere Tal (The Dark Valley) d'Andreas Prochaska , avec Sam Riley, Tobias Moretti, Paula Beer, Thomas Schubert, Carmen Gratl
- Diplomatie (Diplomacy), de Volker Schlöndorff , avec André Dussollier, Niels Arestrup, Robert Stadlober, Burghart Klaussner
- The Two Faces of January, d'Hossein Amini, avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac
-En du elsker (Someone You Love), de Pernille Fischer Christensen, avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm, Birgitte Hjort Sørensen, Sofus Rønnov, Eve Best
- Afternoon of a Faun: Tanaquil Le Clercq , de Nancy Buirski
- Baal (1969), de Volker Schlöndorff, avec Rainer Werner Fassbinder, Sigi Graue, Margarethe von Trotta
- Kathedralen der Kultur 3D, de Wim Wenders, Michael Glawogger, Michael Madsen, Robert Redford, Margreth Olin, Karim Aïnouz
- Night Will Fall, d'André Singer
- The Galapagos Affair: Satan Came to Eden de Dayna Goldfine et Dan Geller
- The Unknown Known, d'Errol Morris
- Watermark , de Jennifer Baichwal
- We Come As Friends , d'Hubert Sauper
- Untitled New York Review Of Books de Martin Scorsese et David Tedeschi