American Honey, Moonlight, Manchester by the Sea mais aussi Huppert et Desplechin nommés aux 32e Spirit Awards

Posté par vincy, le 22 novembre 2016

Six nominations pour American Honey, prix du jury à Cannes et autant pour Moonlight, la sensation du cinéma indépendant américain cette saison. Et juste derrière, on retrouve le splendide Manchester by the Sea (5 nominations). Voilà la première salve de la saison lancée par les Independent Spirit Awards qui a révélé ses nominations en fin de matinée ce mardi 22 novembre (heure de Los Angeles).

La 32e cérémonie des Spirit Awards se déroulera la veille des Oscars, le 25 février 2017.

On note la belle présence de Jackie (film, réalisateur, actrice), le jackpot inattendu de Chronic, primé à Cannes en 2015, et distingué pour le film comme pour Tim Roth, ou la nomination d'Isabelle Huppert pour sa performance dans Elle. Plus surprenant, deux succès en salles comme Hell or High Water (Comancheria en vf) ou Captain Fantastic ont été relativement snobés.

Dans la catégorie du meilleur film international on retrouve deux chouchous cannois, Aquarius et Toni Erdmann, oubliés au palmarès sur la Croisette, mais aussi le film grec Chevalier, le film de Desplechin, Trois souvenirs de ma jeunesse, et le film britannique horrifique Under the Shadow.

Enfin notons que Moonlight est certain de repartir avec un prix puisqu'il est d'ores et déjà récompensé par le Robert Altman Award, qui consacre un film pour l'ensemble de ses acteurs, son réalisateur et son directeur de casting. Un prix remis l'an dernier à Spotlight, la veille de son Oscar. C'était la première fois qu'un film réalisé le doublé.

Les principales nominations

Meilleur film
American Honey
Chronic
Jackie
Manchester by the Sea
Moonlight

Meilleur réalisateur
Andrea Arnold (American Honey)
Barry Jenkins (Moonlight)
Pablo Larrain (Jackie)
Jeff Nichols (Loving)
Kelly Reichart (Certain Women)

Meilleur premier film
The Childhood of a Leader
The Fits
Other People
Swiss Army Man
The Witch

Meilleur acteur
Casey Affleck (Manchester by the Sea)
David Harewood (Free in Deed)
Viggo Mortensen (Captain Fantastic)
Jesse Plemons (Other People)
Tim Roth (Chronic)

Meilleure actrice
Annette Bening (20th Century Women)
Isabelle Huppert (Elle)
Sasha Lane (American Honey)
Ruth Negga (Loving)
Natalie Portman (Jackie)

Meilleur second-rôle masculin
Ralph Fiennes (A Bigger Splash)
Ben Foster (Hell or High Water)
Lucas Hedges (Manchester by the Sea)
Shia LaBeouf (American Honey)
Craig Robinson (Morris from America)

Meilleur second-rôle féminin
Edwina Findley (Free in Deed)
Paulina Garcia (Little Men)
Lily Gladstone (Certain Women)
Riley Keough (American Honey)
Molly Shannon (Other People)

Meilleur scénario
Moonlight
Manchester by the Sea
20th Century Women
Little Men
Hell or High Water

Meilleur premier scénario
The Witch
Other People
Barry
Jean of the Joneses
Christine

Meilleur film international
Aquarius
Chevalier
Trois souvenirs de ma jeunesse
Toni Erdmann
Under the Shadow

Meilleur documentaire
13th
Cameraperson
I Am Not Your Negro
O.J.: Made in America
Sonita
Under the Sun

Cannes 2015: un palmarès très socio-politique et un peu romanesque

Posté par redaction, le 24 mai 2015

Pas de Cate Blanchett (incompréhensible) aux côtés de Rooney Mara. Pas de Sorrentino ni de Moretti (favori de la critique française). Pas de Jia Zhang-ke. Bref, comme toujours, il y a de gros oublis, des choix étranges dans le classement, et même des injustices. On se félicitera de quelques récompenses pour The Lobster, Vincent Lindon (enfin!), Hou Hsiao-hsien, le premier film de Laszlo Nemes... Le cinéma français est arrivé en force ce soir. Le jury des frères Coen a surtout donné une tonalité socio-politique à son palmarès: l'immigration et les cités chez Audiard, les camps de concentration chez Nemes, la diplomatie plutôt que la guerre chez HHH, les chômeurs et précaires chez Brizé, la fin de vie chez Franco.

Trois parcours romanesques ont pu quand même séduire les jurés: dans un monde dicté par des normes tyrannique, on cherche le grand amour chez Lantimos, l'amour est transgressif et pudique chez Haynes, passionnel et douloureux chez Maïwenn.

Mais ce qu'on retiendra de cette 68e édition, c'est l'absence d'un très grand film et la multiplication de bons films aux regards acérés et esthétiques assumés. Quitte à prendre de forts risques qui ont souvent divisé les festivaliers.

Palme d'or: Dheepan de Jacques Audiard

Grand prix du jury: Le fils de Saul de Laszlo Nemes

Prix de la mise en scène: Hou Hsiao-hsien pour The Assassin

Prix d'interprétation masculine: Vincent Lindon pour La loi du marché. "C'est la première fois que je reçois un prix dans ma vie."

Prix du jury: The Lobster de Yorgos Lanthimos

Prix d'interprétation féminine: Emmanuelle Bercot pour Mon Roi et Rooney Mara pour Carol

Prix du scénario: Michel Franco pour Chronic (Mexique)

Palme d'honneur: Agnès Varda, "Palme de résistance et d'endurance". "Cette palme dorée sera placée dans un placard à côté de celle de Jacques [Demy]".

Caméra d'or du meilleur premier long métrage: La tierra y la sombra de César Augusto Acevedo (Colombie)

Palme d'or du court métrage: Waves'98 de Ely Dagher (Liban)

L’instant Glam: une juge, des écailles et la réincarnation de Magnum

Posté par cynthia, le 22 mai 2015

Plus que deux jours avant la fin du festival et déjà un air de nostalgie souffle sur la Croisette. C'est bientôt fini!!!! Il va falloir reprendre l'avion/le train, retrouver son Paris sans plage, mais aussi dire adieu au tapis rouge, aux strass, aux paillettes, aux soirées et surtout aux projections. Bon, avant de sortir les violons et pleurer pourquoi ne pas profiter de l'instant présent: à commencer par ce dixième jour sur les marches cannoises.

Les stars ayant du goût et de la classe se font de plus en plus rares, il y a toujours autant de selfies (interdits) et d'embouteillages et aujourd'hui nous avons replongé en enfance (ou pas) avec la projection du Petit Prince.

Des agressions visuelles et une attente interminable

Dans une semaine, il y a forcément des jours avec et des jours sans. Des journées, où on aurait mieux fait de ne pas s'habiller pour sortir. Pour Vincent Macdoom, ce fut une fin de journée sans bas. Vêtue d'une sorte de robe de mariée déchiquetée, elle nous a fait le remake du film Les noces funèbres de Tim Burton. Il ne manquait plus qu'un fiancé cadavérique et c'était partie. N'empêche, aurait-elle confondu Cannes avec une vieille église hantée de Las Vegas? Petit message pour les célébrités: arrêtez de confondre Cannes avec autre chose! Ce n'est ni le tournage d'un film porno, ni le salon de la grande tante Hortense, ni un tribunal. Et quand j'évoque un tribunal je m'adresse à vous Brigitte Fossey. Il ne manquait plus que la perruque (quoique la coupe de cheveux n'en était pas loin) et le marteau et on se serait cru en plein procès. Nous on dit objection!!! Objection également à la coupe de cheveux de Marion Cotillard. Lorsque Marion est arrivée, notre cœur à cesser de battre... ah la môme dans sa robe sublime et ses cheveux... what the fuck??? Mais qu'est-ce qui lui a pris de plaquer ses cheveux ainsi? De loin nous aurions pu penser qu'elle était chauve. Plus jamais le gel comme ça Marion... PLUS JA-MAIS!

Plus jamais aussi la moustache de Tom Selleck dans Magnum, Laurent Laffite. Cela ne te sied guère au visage. Même chose pour la robe de Florence Foresti. Florence tu as cru que le tapis rouge de Cannes c'était un sketch? Porter une robe dans le style volet de badminton, tu l'as piquée à Marion Cotillard (César 2015) ou tu l'as faite toi-même à partir d'une vieille lampe?

Nous pensions être au summum de la claque visuelle et puis nous avons vu Sarah Sutherland (la fille de Mr Jack Bauer) couverte d'écailles argentées. Il aurait fallu contacter un charmeur de serpents, elle aurait peut-être avancé plus vite sur le tapis. Quant à sa collègue, Robin Bartlett, elle est arrivée en tenue naturelle et efficace, mise à part les godasses: des vieilles ballerines ternes. Dit nous qu'il s'agit d'un problème technique? Un peu comme celui qu'à vécu l'équipe de ton film, Chronic de Michel Franco, qui a attendu pendant des minutes interminables de pouvoir monter les marches. La montée du soir était à la bonne franquette.

Bonne franquette c'est également l'attitude de la jeune et jolie Mackenzie Foy (Interstellar, Twilight) face aux fans. Âgée de 15 ans à peine, l'actrice, somptueuse dans une robe de princesse, a signé des autographes avec une douceur déconcertante... douceur qui manque cruellement à Cannes avec les photographes hystériques qui hurlent sur le tapis rouge. Espérons que ce dernier weekend cannois les tranquillise un peu.

Cannes 2015 : Qui est Michel Franco ?

Posté par MpM, le 22 mai 2015

michel franco

Quatre films, trois sélections cannoises. Belle moyenne pour le réalisateur Michel Franco, à peine âgé de 36 ans, et désormais présenté partout comme "la relève du cinéma mexicain", qui accède pour la première fois cette année à la compétition officielle.

Cet autodidacte revendiqué s’est fait remarquer dès son premier long métrage, Daniel y Ana, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2009, qui racontait comment la relation entre une jeune femme et son frère adolescent était irrémédiablement altérée suite à leur enlèvement. Le cinéaste y imposait sa marque de fabrique, à savoir un cinéma dérangeant, extrêmement maîtrisé, mais refusant toute explication psychologique. Probablement sous l’influence de Bresson et Bergman dont il admire les "études de la condition humaine" et les "formes" trouvées pour les mener à bien.

Logiquement, son film suivant est de retour sur la Croisette trois ans plus tard, direction la section Un certain Regard. Despues de Lucia divise violemment la critique en montrant le calvaire d’une jeune fille harcelée et maltraitée par ses camarades de classe. Tandis que ses détracteurs le trouvent "pervers" et "complaisant", ses défenseurs vantent la précision et la densité de sa mise en scène, ainsi que la force de son propos. Le jury présidé par Tim Roth tranche et lui décerne son Prix. C’est la consécration pour Michel Franco, qui devient immédiatement le "jeune cinéaste sud-américain" à suivre.

Certains auraient eu du mal à supporter la pression, lui décide de réagir par le travail. Il se lance à corps perdu dans son troisième long métrage, A los ojos (inédit en France), réalisé avec sa sœur documentariste, Victoria Franco. Le film, qui sera notamment présenté au festival de Moralia, suit le quotidien d’une travailleuse sociale dont le dévouement est plus ambigu qu’il n’y paraît. Il aura peu de retentissement au niveau international, mais qu'importe, le cinéaste continue de creuser son sillon (et de poursuivre ses fantômes ?).

Son nouvel opus, Chronic, place ainsi à nouveau le thème de la famille au cœur de l’intrigue en mettant en scène un infirmier (incarné par Tim Roth rencontré à Cannes quand l'acteur était président du jury Un certain regard) qui assiste des patients en phase terminale et tente de renouer des liens avec la famille qu'il a abandonnée. Un sujet qui devrait a minima permettre à Michel Franco de renouer avec son sport favori : diviser la critique.