Cannes 2019 : l’intime et la liberté au féminin à Un Certain Regard

Posté par MpM, le 28 mai 2019

Un Certain Regard, section souvent encensée par les festivaliers comme sorte de compétition bis, plus riche en découvertes et en révélations que la vraie compétition, semble avoir mécaniquement souffert cette année de la très grande qualité des films en lice pour la Palme d'or. Par comparaison, on a en effet eu le sentiment que les 18 films présentés en salle Debussy étaient à quelques rares exceptions près inaboutis, pas assez singuliers, fragiles, voire carrément anecdotiques.

Cela se sent au niveau de la qualité (subjective) des films, mais aussi des thématiques abordées, et du regard porté sur le monde. Un Certain Regard a ainsi été moins traversé par la vision apocalyptique d’un monde sur le point de disparaître que n'a pu l'être la compétition. Cette année, c’est au contraire l’intime qui était au cœur de tout. Des histoires d’amour et d’amitié, des rencontres, des trajectoires personnelles, des destins empêchés ou brisés par des événements qui les dépassent, mais dans tous les cas de simples individus pris dans une tourmente plus personnelle que blobale.

Le fil rouge de l'intime


Dans La femme de mon frère de Monia Chokri, c'est par exemple une jeune femme trop attachée à son frère, qui souffre de le voir heureux avec une autre. Dans Port Authority de Danielle Lessovitz, un jeune homme un peu paumé tombe amoureux d'une jeune femme rencontrée dans la rue et tente de se faire accepter par les siens. Chambre 212 de Christophe Honoré et Once in Trubchevsk de Larisa Sadilova sont chacun dans leur style des histoires de couples qui s'aiment, se trompent et se retrouvent. Dans Summer of Changsha de Zu Feng, un enquêteur de police n'arrive pas à se remettre du suicide de sa petite amie. The Climb de Michael Angelo Covino présente une amitié toxique entre deux amis d'enfance, dont l'un convoite sans cesse ce qu'a l'autre.

Chez Kantamir Balagov, dans Une Grande fille, ce sont deux femmes qui sont unies par une amitié dévorante. La vie invisible d'Euridice Gusmao de Karim Aïnouz raconte en creux le lien indéfectible qui n'a jamais cessé de relier deux sœurs séparées par la vie. Et Adam de Maryam Touzani est l'histoire d'une rencontre fortuite entre une femme qui s'est fermée à l'amour et une jeune fille sur le point d'accoucher. Bull de Annie Silverstein, quant à lui, raconte l'amitié naissante entre une adolescente blanche paumée et un adepte de rodéo noir et vieillissant

De même, quand la grande histoire s’invite dans les intrigues, c’est toujours par le prisme de la petite. Presque par la bande, en se focalisant sur la manière dont la réalité affecte les personnages plus que sur cette réalité en elle-même. C'est le cas dans Une grande Fille : malgré le contexte de la fin de la guerre et du terrible siège de Leningrad, les événements historiques ne sont jamais au cœur du film. En revanche, ils servent de contexte à l’histoire, et permettent au réalisateur d’observer les traumatismes subis par ses personnages, et la manière dont ils affectent leurs relations.

Dans Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, on suit le destin particulier de quelques personnages aux prises avec le régime des Talibans, qui luttent chacun à sa manière pour exister dans le cadre ultra étroit qui leur est imposé. Dans Papicha, le personnage central est une jeune étudiante qui résiste à l’obscurantisme de différents groupes islamistes faisant régner la terreur à Alger en s’accrochant à sa passion du stylisme. En confectionnant de belles robes pour les jeunes femmes de la ville, et en organisant un défilé de mode dans l'université, la jeune fille affirme sa liberté et son indépendance. Nina Wu de Midi Z aborde frontalement la question du harcèlement dans le milieu du cinéma, en se concentrant sur les séquelles indélébiles qui détruisent à petit feu son personnage. Enfin, En terre de Crimée de Nariman Aliev s'ancre dans la situation complexe de la Crimée, que se disputent la Russie et l'Ukraine, mais à travers l'histoire ténue d'un père (qui appartient à la minorité tatare) souhaitant enterrer son fils sur sa terre natale de Crimée, au risque de tout perdre.

Le poids des dilemmes


C'est l'un des autres points saillants du Certain Regard 2019, la présence au sein de la plupart des histoires d'un dilemme contraignant les personnages à faire des choix plus ou moins déterminants pour leur existence. On pense évidemment à Jeanne de Bruno Dumont, dans lequel le célèbre personnage historique est présenté sous les traits d'une frêle jeune fille s'accrochant envers et contre tout à ses convictions, et refusant de se renier, même si cela lui permettrait de sauver sa vie. Autre dilemme incommensurable chez Kantamir Balagov (jusqu'où aller pour préserver une amitié ?) et dans Les Hirondelles de Kaboul (Faut-il laisser condamner une innocente ou risquer sa vie à la sauver ?), ou encore chez Midi Z (jusqu'où aller pour obtenir un rôle au cinéma ?), Maryam Touzani (abandonner ou non l'enfant que l'on vient de mettre au monde ?), Mounia Meddour (Céder à la peur ou prendre le risque de vivre pleinement ?) et dans Port authority, qui voit le personnage principal déchiré entre deux loyautés incompatibles. Car la plupart du temps, il n'existe pas de bonne ou de mauvaise décision objective, mais juste deux chemins conduisant à deux avenirs distincts.

La bonne nouvelle, c'est que la plupart des films laissent ainsi véritablement le choix aux personnages, ne les déterminant pas dès le départ à une voie plutôt qu'une autre. Fort de ce libre arbitre, chacun agit en son âme et conscience, et en fonction de ses propres valeurs. Ainsi, dans La Fameuse invasion des ours en Sicile de Lorenzo Mattotti, le Roi Léonce doit-il d'abord se dépouiller de ses attributs d'ours pour régner parmi les hommes, puis renoncer à ses privilèges royaux pour retrouver un sens à sa vie. Liberté d'Albert Serra s'affranchit d'emblée de toute question morale pour n'être qu'une succession de tableaux libertins vivants, filmés magnifiquement jusqu'à l’écœurement. Et pourtant on sent que le film n'est pas si éloigné du sujet, avec son hymne à la liberté de jouir de tout, y compris de l'humiliation et de la douleur.

Car, on le remarque finalement dans la plupart des films présentés cette année, la notion de choix est souvent moins une question de morale que de liberté. Celle d'être maître de son existence, de ne rien se laisser dicter, de vivre sa vie comme on l'entend, de s’affranchir des carcans. Un peu à part dans la sélection, Viendra le feu d'Oliver Laxe aborde en creux cette question de la liberté : une liberté qui peut sembler une soumission,mais qui est celle choisie et vécue par le personnage principal : vivre en harmonie avec la nature, et d'accepter son rôle au sein d'un tout qui le dépasse.

Les femmes au centre


On ne sait pas trop si cette omniprésence d'une quête de liberté, quelle que soit la forme qu'elle prend (aimer qui et comme on veut, s'habiller comme on veut, vivre comme on veut...), est la cause ou la conséquence du rôle central des femmes dans la sélection. Derrière la caméra, bien sûr, avec sept des dix-huit films sélectionnés réalisés par des femmes, mais aussi devant, avec plus des deux tiers présentant des personnages féminins de premier plan, et abordant des questions liées au droit des femmes (Papicha et ses extrémistes refusant aux femmes la liberté de s'habiller comme elles le souhaitent, Les Hirondelles de Kaboul dans lequel les femmes sont des êtres inférieurs interchangeables, La vie invisible d'Euridice Gusmao qui dresse un portrait glaçant du patriarcat triomphant...) ou tout simplement à leur vécu quotidien : harcèlement et même "droit de cuissage" dans Nina Wu, avortement dans La femme de mon frère, viols d'état dans Une Grande fille, maternité dans Adam...

Sans oublier les films qui abordent moins frontalement la question mais offrent de superbes personnages féminins. On pense évidemment à Chiara Mastroianni dans Chambre 212, femme moderne et libre qui suit ses désirs, notamment sexuels, et assume ses infidélités. Il y a aussi la jeune fille de Bull, fascinée par le rodéo jusqu'à souhaiter s'y exercer elle-même, ou encore l'épouse adultère de Once in Trubchevsk qui elle-aussi assume ses sentiments et refuse d'être soumise au bon vouloir d'un homme, sans oublier les libertines de Liberté, qui ont la pleine maîtrise de leur corps et de leur sexualité.

On a donc vécu une édition 2019 d'Un Certain regard peut-être en demi-teinte en terme de chocs cinématographiques, mais passionnante dans ce qu'elle dit du monde. Cette double prise de pouvoir par les réalisatrices et par les personnages féminins participe d'un mouvement général qui redonne la parole à la moitié de l'Humanité, et consacre les problématiques qui lui sont propres comme aussi dignes d'intérêt que les autres. On se réjouit, parmi ces 18 films, de compter dix premiers longs métrages (et même 11 si l'on compte Elé Gobbé-Mévellec qui est en duo avec Zabou Breitman) qui sont autant de promesses pour l'avenir. On attend donc avec impatience le jour où l'on ne se croira plus obligé de souligner la place des femmes dans les films cannois (le fait-on pour les hommes ?) parce qu'elle sera définitivement acquise.

Chiara Mastroianni et Vincent Lacoste chez Christophe Honoré

Posté par vincy, le 13 mars 2019

Un Prix Louis-Delluc pour Plaire, aimer et courir vite, en compétition à Cannes l'an dernier. Des salles de théâtre pleines pour Les idoles, où l'on recroise Jacques Demy et Cyril Collard. Christophe Honoré a eu une année chargée. Et ça n'en finit pas. L'écrivain-metteur en scène-cinéaste tourne actuellement Musique de chambre, son 12e film, nous apprend Le Film Français.

Chiara Mastroianni (Les Chansons d'amour, Non ma fille tu n'iras pas danser, Homme au bain, Les bien-aimés) et Vincent Lacoste (Plaire, aimer et courir vite) seront les têtes d'affiche, aux côtés de Benjamin Biolay (ex de Chiara au passage), Carole Bouquet et Camille Cottin (actuellement en salles avec Le mystère Henri Pick).

Produit par Les films Pelléas (déjà producteur de ses trois derniers films Plaire, aimer et courir vite, Les Malheurs de Sophie et Métamorphoses), le film est en fin de tournage, démarré début février.

Selon l'hebdomadaire professionnel, Musique de chambre est l'histoire d'un couple, Richard et Catherine. Après l'amour et le mariage, Catherine se choisit un amant. Richard le découvre et s’en désespère. Catherine prend la fuite. Elle ne va pas loin, elle traverse la rue et s’enferme dans une chambre à l’hôtel d’en face, la chambre 212. De là, elle a désormais une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Catherine se demande ce qu’elle a raté.

Le film sera distribué par Memento Films.

Trois films récompensés par le jury du Prix Louis-Delluc

Posté par vincy, le 12 décembre 2018

Ni Douleur, ni Frères Sisters, ni Mademoiselle de Joncquières, ni Prière, ni comédie, ni film flyé. Le prix Louis-Delluc 2018 a été décerné à Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, qui était en compétition à Cannes en mai dernier, tout en repartant bredouille. Le 11e long métrage du réalisateur avait séduit 206000 spectateurs. C'est de loin le plus important prix qu'a reçu Honoré dans sa carrière cinématographique. Etre sélectionné à Cannes donne une véritable chance à un film puisque c'est la 7e fois en dix ans qu'un film présenté sur la croisette remporte le prix.

Le Prix Louis-Delluc du premier film a distingué deux films ex-aequo: Jusqu'à la garde de Xavier Legrand et Les garçons sauvages de Bertrand Mandico, tous deux présentés à Venise en 2017.

Ce qui donne un palmarès assez "queer" avec deux films sur le genre et l'identité LGBT (sans doute pour se rattraper de ne pas avoir récompensé 120 BPM l'an derner). Mais aussi un palmarès où la "famille" est explosée, décomposée ou recomposée. Le plus surprenant est sans aucun doute que, formellement, l'audace cinématographique est davantage du côté des deux Louis-Delluc du premier film que du Louis-Delluc "classique".

Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste vont se plaire chez Christophe Honoré

Posté par vincy, le 25 juin 2017

Christophe Honoré tourne depuis quelques jours son nouveau film, un an après avoir signé son plus gros succès populaire avec l'adaptation des Malheurs de Sophie (540000 entrées). Plaire, baiser et courir vite est un scénario original du réalisateur, le premier depuis Les bien-aimés en 2011. Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste partagent l'affiche.

Comme pour les deux précédents films de Christophe Honoré, Métamorphoses et Les malheurs de Sophie, celui-ci sera produit par Les films Pelléas.

Le film suit Jacques Tondelli, un écrivain de théâtre parisien. "Il n’a pas quarante ans mais il a déjà envers la vie une défiance qui l’empêche d’imaginer que le meilleur est à venir. Plus à l’ouest, du côté de Rennes, il y a Arthur Prigent, étudiant, qui lit et sourit beaucoup et refuse de douter que tous les espoirs lui sont permis. Jacques et Arthur vont se plaire. A travers la rencontre entre cet écrivain interprété par Louis Garrel et ce jeune homme solaire par Vincent Lacoste, Christophe Honoré évoque les sentiments contraires que les années 90 ont fait peser sur la jeunesse". C'est une attraction amoureuse au temps du Sida et de la britpop.

Pierre Deladonchamps remplace Louis Garrel , initialement prévu pour le rôle. Tout comme pour Vincent Lacoste, ce sera une première fois avec le réalisateur..

Le tournage a commencé mi-juin et passera par la Bretagne, Paris et Amsterdam.

Cannes 70 : la comédie musicale sur le tapis rouge

Posté par cannes70, le 17 mars 2017

70 ans, 70 textes, 70 instantanés comme autant de fragments épars, sans chronologie mais pas au hasard, pour fêter les noces de platine des cinéphiles du monde entier avec le Festival de Cannes. En partenariat avec le site Critique-Film, nous lançons le compte à rebours : pendant les 70 jours précédant la 70e édition, nous nous replongeons quotidiennement dans ses 69 premières années.

Aujourd'hui, J-62.

C’était il y a quelques semaines : Damien Chazelle devenait le plus jeune cinéaste à recevoir un Oscar du meilleur réalisateur pour La La Land, juste après avoir égalé le record de 14 nominations et gagné 6 Golden Globes (réalisation, scénario, musique…). Médiatisé au-delà du possible, le film cartonne au box-office et va même faire chanter certains spectateurs dans les salles avec une ressortie en version karaoké !

Alors, bien sûr, La la land n'était pas à Cannes (il a fait l’ouverture de Venise), contrairement au premier film de Damien Chazelle (Whiplash) sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Pourtant, il sonne certes comme un hommage aux classiques américains du genre, mais il est surtout sous l'influence d'un film souvent cité par le réalisateur lui-même : Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. Qui, lui, avait été sacré Palme d’or du Festival de Cannes 1964. Le genre de la comédie musicale qui semblait un peu tombé en désuétude revient donc sur le devant de la scène. En fait, ce n’est pas vraiment la première fois, et c’est d’ailleurs à Cannes que la comédie musicale a plusieurs fois fait son retour.

A noter d'ailleurs que le premier film musical "palmé" sur la Croisette, c'est Orfeu Negro de Marcel Camus, présenté en 1959. Cette année-là, cette adaptation d'une pièce de Vinícius de Moraes, qui revisite le mythe d'Orphée et Eurydice sur fond de Bossa Nova, l'emporte devant Les 400 coups de Truffaut, ou Hiroshima mon amour d'Alain Resnais.

Mais revenons-en à 1964. Le Festival de Cannes est donc "enchanté" par Les parapluies de Cherbourg : les dialogues en chanson de Jacques Demy ont été mis en musique par Michel Legrand, et en fait on y entend peu la voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo) qui sont doublés par de véritables chanteurs. La comédie musicale qui est souvent dans l’imaginaire fantaisiste est ici ancrée dans le réel : au début des années 60, un jeune homme doit partir faire la guerre en Algérie et quitter une jeune-fille enceinte avant d’être mariée…

Catherine Deneuve est l’actrice au parcours unique dans le genre de la comédie musicale au Festival de Cannes : après Les parapluies de Cherbourg en 1964, elle va chanter et danser dans Dancer in the dark du danois Lars Von Trier en compétition officielle en 2000. Le Palmarès sera au diapason : Palme d’or pour le film, doublé d’un prix d’interprétation de meilleure actrice pour Björk, personnage principal qui chante et compose chansons et musiques. Là encore, film musical rime avec drame, les épreuves les plus tragiques de l’héroïne Björk sont supportée par son amour des comédies musicales qu’elle se chante et danse dans sa tête.

Dans le film Catherine Deneuve accompagne Björk dans deux séquences musicales : Cvalda dans l’usine quand le bruit des machines devient un rythme qui devient une chorégraphie, et My favourite things à la chorale durant les répétitions d’un spectacle joyeux (chanson qui sera reprise larmoyante de désespoir par Björk seule dans sa cellule de prison). Dans Dancer in the dark, chaque séquence chantée et dansée est une échappatoire joyeuse et résignée pour supporter un moment réel pénible, et juste ensuite survient un nouveau drame encore plus tragique…

Après Dancer in the dark, souvenez-vous quel a été le film d’ouverture choisi l’année suivante ? Encore une comédie musicale !  Moulin Rouge de Baz Luhrmann est bien plus virevoltant, avec quantité de reprises de chansons pop (David Bowie, Elton John, Police…), mais son finale n’en reste pas moins (encore) la mort d’une histoire d’amour...

C’est en 2007 que la comédie musicale fait un beau retour en compétition à Cannes avec Les chansons d’amour de Christophe Honoré qui réunit Alex Beaupain à la composition des musiques et Chiara Mastroianni, la fille de Deneuve, à l'écran aux côtés de Ludivine Sagnier, Lous Garrel et Clotilde Hesme. Cette fois, il y a moins de chorégraphie mais tout autant de chansons qui forment des dialogues sur le trouble amoureux (et le deuil) entre un garçon qui aime deux filles dans un ménage à trois qui se complique quand il est lui-même aimé par un autre garçon… Le film repart bredouille, mais Christophe Honoré sera de retour en 2011 avec Les bien-aimés, présenté en clôture.  Un autre film musical dans lequel on retrouve... Catherine Deneuve. Comme pour boucler la boucle.

Cannes fera connaître dans quelques semaines quels seront les films qui seront sélectionnés pour cette 70 édition, mais, ici, on peut déjà vous pronostiquer que la comédie musicale fera de nouveau l’événement lors du Festival... 2018 : en effet, Léos Carax travaille en ce moment sur son prochain film Annette (avec Adam Driver et une actrice encore inconnue en remplacement de Rooney Mara et de Rihanna initialement attachées au projet) qui « sera envoûtant, noir et cruel, mais aussi drôle et joyeux et saura s’inscrire dans la riche histoire d’amour entre le cinéma, la musique et les voix » d’après ses propres mots. Gilles Jacob (ex président du Festival de Cannes) est déjà emballé par le scénario qu’il a lu : « Je pense que ça va être quelque chose ! Can't wait ». Nous non plus.

Kristofy d'Ecran-Noir

« French touch »: 10 films français qui aiment la musique

Posté par kristofy, le 24 novembre 2014

Avec Eden à l'affiche qui revient sur près de vingt ans de musique électronique, la fameuse « French Touch » musicale, à travers la vie d'un DJ, c’est l’occasion de (re)voir des films (mé)connus où la musique y est autant présente qu’un personnage principal.

L’occasion de constater que la musique en tant que phénomène de société avec ses rites et ses personnages a été trop rarement un sujet de film en France. Bien évidemment notre cinéma produit des biopics sur nos voix les plus célèbres comme Edith Piaf et La Môme (d’ailleurs Marion Cotillard était déjà devenue chanteuse dans Les jolies choses), Serge Gainsbourg et Gainsbourg vie héroïque, Claude François et Cloclo, et prochainement Dalida (avec Nadia Farès dirigée par Lisa Azuelos). Certes, la chanson de variété arrive dans 8 femmes, un voyou découvre le piano dans De battre mon cœur s’est arrêté, on joue au sosie d’une vedette dans Podium, mais la musique a très rarement le premier rôle.

10 films français qui aiment la musique :

Cléo de 5 à 7 de Agnès Varda : Cléo est une jeune chanteuse qui craint d'être atteinte d'un cancer, le film la suit dans son errance avant d’aller chercher le résultat d’un examen médical, durant presque deux heures presque en temps réel. 4 chansons du film ont été écrites par Agnès Varda et mises en musique par le compositeur Michel Legrand, qui y fait également l'acteur.

Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy : C’est la Palme d’or du Festival de Cannes en 1964. Les dialogues en chanson sont de Jacques Demy mises en musique par (toujours) Michel Legrand. On y entend peu la véritable voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo,...) qui sont doublées par de véritables chanteurs. Le film est entièrement chanté, en-chanté même selon Demy, et témoigne de l’époque du début des années 60 avec les situations conflictuelles d’un jeune homme qui a dû partir faire la guerre en Algérie et une jeune-fille enceinte avant d’être mariée… A noter que Catherine Deneuve s’impose là comme une actrice de premier plan, et que bien plus tard, elle chantera et dansera de nouveau dans un autre film musical qui gagnera une autre palme d’or : Dancer in the dark de Lars Von Trier.

Désordre de Olivier Assayas : Le premier long-métrage d'Assayas (récompensé au festival de Venise en 1986) est aussi son film le plus imprégné de musique. Les jeunes membres d’un groupe de rock pénètrent par effraction dans un magasin pour voler des instruments mais ils provoquent la mort du gérant. En même temps que les personnages grandissent et deviennent adultes, on assiste à la fin de leur passion de jouer ensemble. Olivier Assayas parvient à capter l’esprit des années 80 en pleine mutation musicale, et on peut y voir le chanteur Etienne Daho, symbole de la nouvelle pop française de l'époque.

On connaît la chanson de Alain Resnais : Le scénario est l’œuvre du couple Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, également acteurs dans le film en compagnie de la bande habituelle de Resnais : Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, Lambert Wilson… L’histoire de différents couples qui se cherchent alterne entre dialogues de fiction et dialogues chantés en play-back. Ils reprennent les refrains les plus populaires de la chanson française. Les paroles les plus connues d'Aznavour, Dutronc, Gall, Sardou, Bécaud, Bashung, Sheila, Bashung, Souchon, Gainsbourg, Hallyday deviennent donc les dialogues des acteurs. Le film a gagné plusieurs César: meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second-rôle, meilleure actrice dans un second-rôle, meilleur montage, meilleur son ; cette compilation de tubes a fait un carton.

Héroines de Gérard Krawczyk : C’est devenu un film culte surtout parce qu’il est devenu quasiment introuvable en vidéo, mais le revoir aujourd’hui montre surtout ses imperfections. Jeanne compose à la guitare et chante avec sensibilité et Johanna l'accompagne. Mais les circonstances font qu’elles ne peuvent se présenter en tant que duo à un concours de talents. C’est la belle extravertie Johanna qui sera sur scène tandis que en coulisse c’est Jeanne qui chante vraiment. Enregistrement d’un disque, passage à la télévision, tournées de concert, et toujours Johanna dans la lumière en tant que starlette alors qu'elle fait semblant de chanter en playback. Leur amitié va devenir de plus en plus fragile au fur et à mesure que Johanna se prend au jeu de la célébrité tandis que leur entourage fera tour pour cacher le secret de leur imposture… On est en 1997 bien avant le phénomène de télé-réalité, et voici un film qui préfigure le star-system people des années 2000. La vedette c’est Virginie Ledoyen et dans l’ombre une véritable chanteuse Maïdi Roth. À noter un petit rôle pour le chanteur Serge Reggiani.

Jeanne et le Garçon formidable de Olivier Ducastel et Jacques Martineau : Depuis une trentaine d’années et Jacques Demy, il n’y avait plus eu de film en forme de comédie musicale, l’acteur ici est d’ailleurs son fils Mathieu Demy , face à Virginie Ledoyen, décidément inspirée quand elle joue les chanteuses (ici en playback doublée par une autre, elle chantera plus tard réellement dans 8 femmes de François Ozon). L’histoire est celle de Jeanne qui rencontre Olivier, ils s’aiment mais lui est séropositif… Le film dramatique est traversé de multiples scènes chorégraphiées et chantées, tout en abordant la maladie du Sida et les manifestations de l’association Act-up.

Foon de Les Quiches : Les Quiches sont une bande de 5 actrices et 3 acteurs qui faisaient tous ensembles des courts-métrages et des sketchs. Une parodie de la comédie musicale West side story les amènent à ce long-métrage écrit à 8 et co-réalisé à 4. Être foon ou pas foon, that is the question, les dialogues et chansons du film ont pour originalité d’être en franglais avec de nombreuses expression english. Foon est une comédie délirante qui parodie les codes des films américains de lycées avec en ligne de mire le fameux bal de promo de fin d’année et de nombreux numéros dansés et chantés. Le succès n’a pas été au rendez-vous au ciném,a malheureusement pour eux. A noter que depuis une actrice est devenue chanteuse du duo Brigitte, que le compositeur des musiques du film est aujourd’hui derrière le groupe Lilly Wood and the The Prick, et que l'un des réalisateurs vient de faire un clip pour la chanteuse Hollysiz

Backstage de Emmanuelle Bercot : Une adolescente est fan d’une célèbre chanteuse, qu’une émission de télé va faire arriver chez elle quelques minutes. La rencontre se passe mal, mais la fan va aller  chez la chanteuse et devenir une proche assistante dans son entourage… La fan c’est la troublante Isild Le Besco et la chanteuse, c’est Emmanuelle Seigner en clone de Mylène Farmer. Le film (sélectionné au festival de Venise) montre la curieuse frontière du phénomène entre une fan et son idole, entre une chanteuse et ses fans, avec une dépendance plutôt nocive. Emmanuelle Seigner, depuis, a enregistré des albums et s'est imposée parmi les chanteuses françaises reconnues.

Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli : Un chanteur de bal populaire, qui se produit ici ou là, rencontre une jeune mère célibataire…, ou comment le titre d’une chanson de Michel Delpech et le chanteur de bal Alain Chanone vont inspirer un film avec Gérard Depardieu et Cécile de France (en compétition au Festival de Cannes). Les scènes de bal font entendre des chansons Julio Iglesias, Sylvie Vartan, Serge Gainsbourg, Daniel Guichard, Dalida, Michel Fugain… avec le pouvoir de rapprocher des cœurs. Un hymne à la variété.

Les chansons d’amour de Christophe Honoré : La plus émouvante association entre Christophe Honoré derrière la caméra et Alex Beaupain à la composition des musiques. Ismaël aime Julie et Alice. Un ménage à trois qui se complique quand Erwan tombe amoureux de Ismaël… Les chansons sont autant de récits de différents troubles amoureux dont elles sont le fil conducteur. Le film (en compétition au festival de Cannes) fait de multiples clins d’œil à ceux de Demy dont Les Parapluies de Cherbourg, évidemment...

Venise 2014 : Laurent Cantet, Christophe Honoré, Kim Ki-Duk et Alex de la Iglesia aux Venice Days

Posté par vincy, le 22 juillet 2014

La sélection des 11e Venice Days a été révélée aujourd'hui. Deux cinéastes français réputés (dont une Palme d'or), un ancien Lion d'or et le retour de Miranda July sont annoncés. Au total, 20 films (dont six premiers films) de 12 pays seront présentés du 27 août au 6 septembre. par ailleurs, les trois finalistes du Prix Lux ont été choisis et seront projetés dans le cadre de cette section parallèle du Festival de Venise.

One on one de Kim Ki-duk (Corée du Sud) - Ouverture
Messi d'Alex de la Iglesia - Clôture

Sélection officielle
El 5 de talleres d'Adrian Biniez (Argentine)
Retour à Ithaque de Laurent Cantet (France, Belgique)
Before I disappear de Shawn Christensen (Etats-Unis, Royaume-Uni)
The Dinner d'Ivano De Matteo (Italie)
Les nuits d'été de Mario Fanfani (France)
Patria de Felice Farina (Italie)
Métamorphoses de Christophe Honoré (France)
Between 10 and 12 de Peter Hoogendoom (Belgique, France, Pays-Bas)
The Farewell Party de Sharon Maymon et Tal Granit (Israël)
The Goob de Guy Myhill (Royaume-Uni)
Labour of love d'Adityavikram Sengupta (Bengale, Inde)
They have escaped de Jukka Pekka Valkepaa (Finlande, Pays-Bas)

Séances spéciales
9X10 Novanta de Marco Bonfanti, Claudio Giovannesi, Alina Marazzi, Pietro Marcello e Sara Fgaier, Giovanni Piperno, Costanza Quatriglio, Paola Randi, Alice Rohrwacher, Roland Sejko (Italie)
The show mas go on de Rä di Martino (Italie)
The lack de Masbedo (Italie)
Five star de Keith Miller (Etats-Unis)

Miu Miu Women's Tales

Spark and Light de So Yong Kim
Somebody de Miranda July (Etats-Unis)

Prix Lux

Class Enemy de Rok Bicek
Ida de Pawel Pawlikowski
Bande de Filles de Céline Sciamma

10 films français à attendre pour 2014

Posté par kristofy, le 3 février 2014

une histoire banaleComme chaque année, on peut se féliciter du fait que plus de 250 films produits en France vont arriver dans les salles. Cependant, comme d’habitude, il y aura une grande disparité entre les gros films qui occuperont plus de 500 écrans pendant plusieurs semaines, et ceux qui seront vus dans moins d’une cinquantaine de villes et qui ne resteront à l’affiche que quelques jours avant d’être remplacés par une autre nouveauté…

C'est pourquoi nous vous proposons d'ores et déjà une sélection de 10 films français qu’il faudra soutenir cette année. Il s’agit pour la plupart de premiers films fragiles avec souvent des acteurs encore méconnus. La diversité des nouveaux talents qui feront peut-être le cinéma français de demain est là :

- Angélique, réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis : les deux premières avait eu le César 2010 du meilleur court-métrage pour C’est gratuit pour les filles, et le trio avait obtenu le grand prix à Clermont-Ferrand pour Forbach en 2009. Angélique est leur premier long-métrage. Une femme travaille depuis longtemps comme entraîneuse dans un cabaret à la frontière franco-allemande, son tempérament déluré s‘accommode bien de cette vie nocturne de fêtes. Un ancien client propose de l’épouser, ce mariage serait pour elle l’occasion de changer de vie…

- L’année prochaine, réalisé par Vania leturcq : premier film avec Constance Rousseau (Tout est pardonné, Un monde sans femmes) et Jenna Thiam (la série Les Revenants, bientôt dans le nouveau film de Claude Lelouch), mais aussi Julien Boisselier, Frédéric Pierrot, Anne Coesens, Kevin Azaïs... Quand l’été arrive vient l’heure des grandes décisions pour deux meilleures amies qui ont maintenant 18 ans : que vont-elles faire, où, et avec qui ? En quittant leur petit village de province pour Paris, ce nouveau départ sonne peut-être le glas de leur amitié…

- Les combattants, réalisé par Thomas Cailley : premier film avec la toujours parfaite Adèle Haenel (Suzanne) et la révélation qui monte Kevin Azaïs (Vandal). Arnaud, 17 ans, rencontre Madeleine, 19 ans, qui elle se prépare pour une guerre qu'il n'est pas sûr de comprendre. Jusqu'où Arnaud doit-il aller pour elle puisqu'elle ne lui a rien demandé, et où la suivre puisqu'elle est la seule à connaître la voie qu'elle se trace ?

- Une histoire banale, réalisé par Audrey Esturgo : avec Marie Denarnaud que l’on retrouve enfin dans un premier rôle, sortie le 9 avril. Une jeune femme de 30 ans joyeuse et rêveuse,  avec une vie active simple et agréable, se prépare à emménager bientôt avec son fiancé. Mais un soir tout va basculer en quelques minutes, une histoire banale qui va laisser des traces... Le film a déjà été présenté au festival des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz.

- Ker Salloux, réalisé par Olivier Jahan ker salloux: C’est son second long-métrage, attendu depuis 14 ans, depuis Faites comme si je n’étais pas là (Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2000). La scénario est co-écrit avec Diastème, et au casting on retrouve de nouveau Emma De Caunes (elle aussi trop rare) et Yannick Renier.

Éléonore, la trentaine, vient de perdre son père qui lui a légué sa maison en Bretagne qu'elle doit absolument vendre. Elle demande à Samuel, son ancien compagnon dont elle s'est séparée quelque mois auparavant, de l'accompagner là-bas, parce qu'il a son permis et parce qu'elle ne veut pas retourner seule dans cette maison. On verra un week-end riche en émotions, souvenirs, engueulades, en moments mélancoliques et absurdes, dont Éléonore et Samuel sortiront changés...

- Les Métamorphoses, réalisé par Christophe Honoré : après ses fresques sentimentales (Les chansons d’amour, La belle personne, Les bien-aimés…) avec les plus célèbres actrices, Christophe Honoré a tourné un petit film bien plus modeste avec un casting d’inconnus (venus du théâtre). Il s’agit de l’adaptation très libre d’un long poème latin d'Ovide (environ 12000 vers avec 250 récits) : les métamorphoses d'êtres humains en plantes, animaux ou minéraux ; avec Europe, Jupiter, Bacchus, Junon et Orphée. Dans son film, on verra une adolescente séduite par un homme devant son lycée, qui va l’enlever et lui raconter des histoires étranges de jeunes gens métamorphosés en animaux après l’avoir rencontré. L’adolescente curieuse va pénétrer peu à peu un monde de légendes où la frontière entre les mortels et les dieux n’existe plus…

- Les nuits d’été, réalisé par Mario Fanfani : avec Jeanne Balibar, Guillaume de Tonquédec et Nicolas Bouchaud, premier film co-écrit avec Gaëlle Macé (co-scénariste de Grand Central). En 1959. Michel notaire ambitieux et Hélène qui partage son temps entre des œuvres caritatives et l'éducation de leur fils forment un couple exemplaire. Mais Michel dissimule un lourd secret...

- Terre battue, réalisé par Stéphane Demoustier : Un père (Olivier Gourmet) connaît toutes les défaites : il est licencié, sa femme le quitte. Son fils de 11 ans brille dans les tournois de tennis de la région, il ne veut pas renoncer à ses rêves de champion... Soit les destins parallèles d’un père et de son fils qui ont l’obsession de réussir. Avec également Valeria Bruni Tedeschi et le jeune Charles Mérienne, le scénario est co-écrit avec Gaëlle Macé. C’est le premier film de Stéphane Demoustier (frère de l’actrice Anaïs Demoustier) déjà connu depuis plusieurs années comme réalisateur et producteur de brillants courts-métrages.

tristesse club- Tristesse Club, réalisé par Vincent Mariette : avec Laurent Lafitte, Ludivine Sagnier, Noémie Lvovsky, et Vincent Macaigne (déjà acteur de son court-métrage Les Lézards), premier film qui sort le 25 juin. Deux frères reviennent à Valloires, la ville où ils ont grandi et où doit se dérouler la crémation de leur père détesté. Sur place, pas de cérémonie, une fille qui se présente comme leur demi-sœur et qui leur avoue que leur père n’est pas mort mais disparu : elle a tout manigancé pour poursuivre sa quête de le retrouver…

- Vincent, réalisé par Thomas Salvador : La force, les réflexes et l'agilité de Vincent décuplent au contact de l'eau. Il ne l'a jamais révélé à personne. En s'installant dans un village, il fait la rencontre de Lucie, tombe amoureux et se dévoile... Après plusieurs courts-métrages, c’est le premier film de Thomas Salvador, co-écrit par lui avec Thomas Cheysson et Thomas Bidegain (le co-scénariste de Audiard), avec au casting Vimala Pons, Samir Guesmi et Eric Cantona.

Pour ces 10 films, deux seulement ont déjà une date de sortie prévue (9 avril pour Une histoire banale, 25 juin pour Tristesse Club) et certains espèrent être dans l’une ou l’autre sélection du Festival de Cannes.

Louis Garrel passe derrière la caméra

Posté par vincy, le 21 septembre 2013

Sur les pas de son père. Selon Le Film français, le comédien Louis Garrel passe au long métrage avec Les deux amis. Il avait déjà été remarqué avec ses courts métrages - Mes copains (2008), le remarqué Petit tailleur (2010, nomination aux Césars), et La règle de trois (2011).

Coscénarisé avec Christophe Honoré, le film est une relecture des Caprices de Marianne, pièce romantique et dramatique d'Alfred de Musset. Louis Garrel sera également devant la caméra, aux côtés de la très belle Golshifteh Farahani (Poulet aux prunes, Syngué Sabour) et de Vincent Macaigne (actuellement à l'affiche de La bataille de Solférino).

Produit par Les Films des Tournelles, ce triangle amoureux sera en tournage début 2014.

Louis Garrel sera dans l'actualité ces prochaines semaines avec deux films qui sortiront en salles : Un château en Italie, en compétition au dernier festival de Cannes, réalisé par son ex-compagne Valeria Bruni-Tedeschi, et La jalousie, en compétition à Venise, réalisé par son père Philippe Garrel.

Russie : régime à deux vitesses pour les films exposant « des relations sexuelles non traditionnelles »?

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

Manifestation anti homophobieLa Russie est un pays complexe. D'un côté on apprend, avec un certain soulagement, que La vie d'Adèle, Palme d'or, d'Abdellatif Kechiche, devrait sortir "normalement" le 7 novembre prochain dans le pays. L'AFP rapporte les propos du directeur général de Wild Bunch, producteur du film, Brahim Chioua : "La demande de visa, pour un film interdit aux moins de 18 ans, vient d'être déposée et le distributeur attend la réponse. Il est plutôt confiant quant à son obtention". En étant interdit aux moins de 18 ans, le film, qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes, avec quelques scènes très explicites, respecte ainsi la nouvelle loi russe qui "vise la protection des mineurs" (lire aussi notre article du 11 août dernier qui précise les contours de cette Loi).

De l'autre côté, la chaîne TV de cinéma Evrokino a reçu un avertissement pour avoir diffusé Les chansons d'amour, de Christophe Honoré, considérant que le film fait la propagande de relation sexuelle non traditionnelle devant mineurs. Le film est l'histoire d'un ménage à trois où la bisexualité est banalisée. D'après le Hollywood Reporter, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de cette loi, considérée comme homophobe.

"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", comment Christophe Honoré à l'AFP.