Fan Bingbing doit 129M$ au fisc chinois

Posté par redaction, le 3 octobre 2018

Une semaine après les inquiétudes parues dans la presse internationale sur l'étrange disparition de l'a star chinoise Fan Bingbing, celle-ci est réapparue. Ce mercredi 3 octobre l'actrice a présenté ses excuses à ses fans comme au Parti communiste. On sait très bien comme ce genre d'acte de contrition est piloté par les autorités politiques. Un mélange de confessions sous contraintes et de propagande téléguidée, diffusé sur le réseau Weibo, implorant ses fans de lui pardonner ses erreur: "Sans les bonnes politiques du Parti et du pays, sans l'attention pleine d'amour des masses, il n'y aurait pas de Fan Bingbing". A côté les excuses publiques de Hugh Grant ou George Michael quand ils ont été surpris dans des relations sexuelles clandestines paraissent bien mièvres.

On apprend ainsi que le fisc chinois lui réclame 112 millions d'euros d'impôts, amendes et pénalités. Cette somme serait liée à la politique du double contrat (un officiel pas trop imposé et un officieux où elle est rémunérée de manière bien plus importante). Elle peut éviter les poursuites si elle règle la note dans le délai imparti. Ce qui n'empêchera pas certaines arrestations.

En révélant le litige réel entre le pouvoir chinois et l'actrice, le fisc dissipe le mystère autour de la disparition de la star, alors que les rumeurs s'emballaient. L'agence officielle Chine nouvelle a servi de relais et a confirmé qu'une personne a déjà été arrêtée dans le cadre de cette enquête pour dissimulation et destruction de documents comptables.

Depuis l'enquête sur Fan Bingbing, le fisc a décidé de procéder à une grande investigation dans les industries du spectacle.  Rappelons que l'actrice n'a jamais été citée nommément: ce sont les entreprises qu'elle possède qui étaient dans le viseur. Les intermédiaires (comptables, avocats, ...) seraient tous inquiétés actuellement.

Mise à jour le 4 octobre: L'actrice Fan Bingbing a été libérée aujourd'hui selon le South China Morning Post de Hong Kong. Ce qui prouve bien qu'elle était en détention, a priori dans une résidence de luxe près de Wuxi.

La disparition de l’actrice Fan Bing Bing en six étapes

Posté par vincy, le 21 septembre 2018

Les faits. A 37 ans. Fan Bing Bing est la plus grande star du cinéma chinois, la mieux payée de Chine (notamment en étant le visage de L'Oréal pour l'Asie) et la plus connue (membre du jury du Festival de Cannes). Lundi dernier, la chaîne thaïlandaise de duty-free King Power a annoncé qu'elle rompait son contrat d'ambassadrice globale de la marque. Mardi c'est une université chinoise qui publiait un palmarès de la " responsabilité sociale "  et elle a décroché la note de zéro. Cette descente aux enfers a commencé fin mai, quand l'animateur TV Cui Yongyuan a érévélé sur Weibo (le Twitter chinois) un extrait d'un contrat de la star où elle demande 1,25 million d'euros pour quatre jours de tournage. Puis il dévoile un autre contrat, pour la même prestation, établi à 6,2 millions d'euros. On appelle ça les contrat "yin et yang " où la partie la plus modeste est déclaré au fisc, mais pas l'autre.

Le soupçon. Depuis trois mois ce scandale de fraude fiscale a entraîné la perte de l'actrice. Le 6 septembre, le Securities Daily, journal financier chinois, annonce qu'elle est " placée sous contrôle " (une sorte de détention) et qu'elle "accepterait les décisions de justice". Ses cachets truqués ne sont ne serait que "la partie émergée de l'iceberg" puisque le média évoque des opérations de prêts illégaux et autres formes de corruption.

Pour l'exemple: Le gouvernement chinois, depuis quelques années, emprisonne et condamne les élites, politiques ou économiques, qui sont soupçonnées de corruption, pour l'exemple. Ils vont plus loin en arrêtant, kidnappant,  séquestrant des intellectuels, sans passer par la case justice, et en soutirant des aveux douteux. Le département de la propagande du parti a une aversion pour l'industrie du cinéma jugée cupide (alors même que le box office chinois explose et rapporte énormément de recettes au pays). Huayi Brothers, producteur de la plupart de ses films, a vu son cours de bourse chuter (32% en un jour). Le réalisateur de Cell 2, qui devait être son prochain film, Feng Xiaogang, a aussi été ciblé par les pouvoirs publics pour fraude fiscale.

Lynchage: Pour l'instant, il y a peu de réactions. Ce n'est pas la première fois qu'une vedette chinoise est l'objet de boycott ou de litiges avec le pouvoir. Beaucoup de chinois, par zèle ou patriotisme, la conspuent sur les réseaux, critiquant son jeu comme son mode de vie.

La disparition: L'actrice, dans un premier temps, choisit la défense en lançant ses avocats contre l'animateur TV à l'origine du scandale. Celui-ci s'excuse et accuse finalement son entourage. Début juillet, Fan Bingbing se rend aux Etats-Unis, à Londres, et  en Australie.  Depuis elle est revenue en Chine mi-juillet, mais son passeport a été confisqué. Son agent aurait lui aussi été arrêt. Finalement Fan Bing Bing est arrêtée, sans qu'on sache à quelle date. Et selon les sources chinoises, ce n'est que le début...

Le bannissement: Son nom a été retiré de l'affiche d'un film à venir. La série dans laquelle elle joue ne sera pas diffusée.  Finalement c'est un effacement de l'actrice qui se prépare. Le projet annoncé à Cannes, 355, avec Jessica Chastain, Marion Cotillard, Penelope Cruz, et Lupita Nyong’o, se fera finalement sans elle. Ce qui impacte Huayi Brothers une fois de plus, qui avait acquis les droits de distribution en Chine pour 20M$. Cell 2, suite de son succès de 2003 qui l'a fait décoller, ne verra sans doute pas le jour. Dans la version chinoise de Ash is Purest White, le dernier Jia Zhangke, elle a été coupée au montage. Le film L.O.R.D.: Lord of Ravaging Dynasties 2, qui devait sortir le 6 juillet, n'a finalement plus de date de sortie. The Perfect Blue, tournage achevé en mai, va être retourné avec un autre casting pour la remplacer. Quant à Air Strike, avec Bruce Willis, la sortie a été décalée du 17 août au 26 octobre, et son nom sur l'affiche effacé. Certains pensent que le film est retourné au montage pour la supprimer de l'écran.

Le scénario de la Palme d’or bientôt en librairie

Posté par vincy, le 4 septembre 2018

Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, Palme d'or au dernier festival de Cannes, fera l'objet d'une sortie en librairie. En effet, le scénario du film, traduit en français, sera disponible le 21 novembre chez l'éditeur JC Lattès. Le Pacte sortira le film le 12 décembre.

Depuis sa récompense suprême à Cannes, le mélodrame familial connaît un parcours glorieux. Pour la deuxième fois, Hirokazu Kore-eda représentera son pays aux Oscars, après Nobody Knows (2004). Le film a en effet été choisi pour représenter le Japon pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, malgré l'accueil plutôt froid du gouvernement de Shinzo Abe, régulièrement critiqué par le réalisateur. Le Premier ministre japonais voit plutôt d'un mauvais œil que le film nippon de l'année montre un Japon méconnu, celui des exclus et des marginaux.

Côté box office, le cinéaste est aux anges: le film a récolté 38M$ au box office japonais, ce qui en fait le 7e succès de l'année à date, surclassant les Avengers et à égalité avec Les Indestructibles 2 et Mission:Impossible - Fallout. En Chine, le film a rapporté 14M$ en un mois, soit un record pour un film japonais non animé.

Le film tourne désormais dans les festivals. Après Telluride cette semaine, il sera présenté à Toronto puis au Festival de New York. Il a aussi remporté le prix du meilleur film international au festival de Munich fin juin. Le réalisateur sera par ailleurs honoré au prochain Festival de San Sebastian.

Prolifique, Kore-eda va tourner cette automne son prochain film, La vérité sur Catherine (The Truth), avec Catherine Deneuve, Juliete Binoche, Ludivine Sagnier et Ethan Hawke.

Have a nice day de Liu Jian enfin au cinéma !

Posté par MpM, le 20 juin 2018

Have a nice day de Liu Jian revient de loin ! Il y a un peu plus d'un an, ce long métrage d'animation qui se déroule dans une petite ville du sud de la Chine soudainement en émoi suite au vol d'un sac rempli de billets, était subitement déprogrammé du festival d'Annecy où il était en compétition. A l'époque, les organisateurs avaient précisé dans un communiqué que la décision leur avait été "imposée", déplorant "les pressions officielles qui ont fait en sorte que [le festival] ne soit pas en mesure de présenter ce film remarquable".

Parce qu'Annecy rendait justement hommage à l'animation chinoise, la sélection d'Have a nice day dérangeait Pékin,  alors même que le film figurait en compétition officielle à Berlin en février 2017, et avait été présenté au marché du film à Cannes en mai, puis dans plusieurs festivals européens comme Utrecht et Zagreb.

Tout est donc rentré dans l'ordre, et on peut découvrir Have a nice day sur grand écran dès ce mercredi 20 juin, ce dont on se réjouira. Le film est en effet un portrait au vitriol d'une société chinoise qui marche sur la tête, dont on comprend qu'elle ne suscite pas franchement l'enthousiasme des autorités chinoises. Liu Jian y croque avec cynisme les travers d'un pays obsédé par l'argent et le paraître, prenant ses citoyens en étau entre des désirs tout faits et leurs aspirations réelles.  Un sac rempli de billets devient ainsi l'objet de la convoitise de tous les personnages qui croisent sa route, et provoque une suite de catastrophes et de drames qui servent de prétexte pour révéler les rêves et les espoirs de chacun : aider sa petite amie victime d'une opération de chirurgie esthétique ratée, se marier, s'installer à la campagne, financer ses inventions...

Des rêves si simples, si modestes qu'ils en sont presque tristes, et donnent à voir mieux que de longs discours l'échec du miracle économique chinois. Liu Jian situe en effet son intrigue dans un village des faubourgs d’une petite ville du sud de la Chine que les vagues de rapide urbanisation et d'industrialisation ont transformé brutalement, témoignant des changements que connaît une partie du pays. Le film s'inscrit ainsi dans la lignée d'un certain cinéma chinois contemporain (on pense notamment à I am not Madame Bovary de Feng Xiaogang sorti l'été dernier, ou bien sûr à A touch of sin de Jia Zhang-ke en 2013) qui entremêle humour noir et satire sociale, cinéma de genre et fable désenchantée, et donne de la Chine une vision à la fois grotesque et déshumanisée qui, forcément, ne plait pas spécialement aux principaux intéressés, mais captive le reste du monde.

Cannes 2018: le palmarès de la Cinéfondation

Posté par vincy, le 17 mai 2018

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Bertrand Bonello et composé de Khalil Joreige, Valeska Grisebach, Alanté Kavaïté et Ariane Labed, a révélé son palmarès lors d’une cérémonie salle Buñuel.

La Sélection comprenait 17 films d’étudiants en cinéma choisis parmi 2 426 candidats en provenance de 512 écoles de cinéma dans le monde.

Premier Prix : El Verano del Leon Electrico (The Summer of the Electric Lion) de Diego Céspedes (Universidad de Chile).

Deuxième Prix ex-aequo: Kalendar (Calendar) de Igor Poplauhin (Moscow School of New Cinema) et Dong Wu Xiong Meng (The Storms in Our Blood) de Shen Di (Shanghai Theater Academy).

Troisième Prix : Inanimate de Lucia Bulgheroni (NFTS)

La Cinéfondation alloue une dotation de 15000 € pour le premier prix, 11250 € pour le deuxième et 7500 € pour le troisième. Le lauréat du premier prix a également l’assurance que son premier long métrage sera présenté au Festival de Cannes.

Les films primés seront projetés au Cinéma du Panthéon le 22 mai à 18h00. La Cinémathèque française projettera également une partie de la Sélection le 11 juin à 21h00.

Cannes 2018 : La révolution place Tian’anmen avec Une jeunesse chinoise de Lou Ye

Posté par MpM, le 14 mai 2018

Puisqu'on célèbre cette année les 50 ans de mai 68, et l'anniversaire de ce festival qui n'eut pas lieu, c'est l'occasion d'explorer les rapports de Cannes avec la Révolution. Sur la croisette, où les spectateurs défilent en smoking et robes de soirées, où un simple selfie est jugé "irrespectueux", et où toute la société festivalière est organisée en castes strictes, les mouvements de révolte et de contestation eurent souvent les honneurs d'une sélection. C'est là tout le paradoxe d'une manifestation très attachée à ses traditions, et qui n'a pourtant cessé de montrer, défendre et encourager ces moments de l'Histoire où des hommes et des femmes ont pris leur destin en mains.


Une jeunesse chinoise n'est pas à proprement parler un film sur les mouvements de contestation qui frappèrent la Chine en 1989, mais plutôt une vaste fresque historique englobant cette période et celle qui suivit, du point de vue intime d'une étudiante et de son groupe d'amis. L'histoire intime et personnelle s'articule ainsi avec l'Histoire collective.

Petit rappel historique : entre le 15 avril et le 4 juin 1989, un mouvement de contestation réunit étudiants, intellectuels et ouvriers chinois qui réclament des réformes politiques et démocratiques et dénoncent la corruption des élites. Les manifestations touchent toutes les grandes villes et, à Pékin, se cristallise sur la place Tian'anmen. La loi martiale est instaurée le 20 mai, et l'armée intervient violemment le 4 juin, provoquant un nombre de morts estimé à plusieurs centaines, voire plusieurs milliers selon les sources. Une période de répression sévère suivit, et le sujet reste aujourd'hui encore tabou en Chine continentale.

Une jeunesse chinoise fut d'ailleurs interdit dans son pays, bien que les événements de Tian'anmen soient principalement hors champ, comme une toile de fond aux amours mouvementés de l'héroïne. C'est plus une vision intimiste de la "génération Tian'anmen" qu'un récit historique que propose en effet Lou Ye. Ou alors un récit où l'Histoire serait seulement en creux. La première partie du film est ainsi présentée comme la période de tous les possibles que Lou Ye filme d'emblée comme un âge d'or révolu. La contestation et le contexte répressif sont au second plan, à demi-effacés par l'histoire d'amour effrénée des deux protagonistes (avec de nombreuses scènes de sexe explicites à l'appui, ce qui n'est pas dans les habitudes du cinéma chinois) dont la crise amoureuse atteint justement son apogée le soir du 4 juin.

Voici ce que nous écrivions en 2006, lors de la présentation du film en compétition officielle à Cannes : "Des histoires d’amours conjugués au pluriel. Celui d’une femme, d’elle et son « autre », celui d’un homme, au fil des hommes, celui de toute une génération qui voulait être libre… Celui de la Chine, de sa jeunesse tournée vers l’avenir. Celui de ces instants de fraîcheur définitivement révolus, consignés dans un vieux journal intime que l’on ressortira l’heure des retours de bâton venue, histoire(s) de ne pas se perdre. (...) Une histoire de Chine adulée, encensée, gangrenée, mélangée, métissée, modernisée, profusément charnelle. Toujours cette Chine de l’entre-deux. Entre tradition et modernité, entre culture patriarcale et légèreté des moeurs. Entre grands destins et futilités des itinéraires particuliers. Pekin/Berlin, Moscou/Shenzen… D’un mur à l’autre, c’est toujours la même histoire."

Car finalement Lou Ye capte plus le désarroi et le désenchantement, une fois la révolte écrasée dans le sang, que l'espoir fou d'un monde meilleur. On pourrait d'ailleurs presque dire qu'Une jeunesse chinoise prend à contrepied l'exercice du "film de révolution" pour n'en montrer que les creux, les manques et les vides que laissent les espoirs déçus.

Cannes 2018: Qui est Feng Xiaogang ?

Posté par MpM, le 11 mai 2018

C’est en 1985, à l’âge de 27 ans, que Feng Xiaogang commence à travailler pour le centre d'art de la télévision de Pékin. Il écrit d’abord des scénarios pour la télévision et réalise des séries, avant de passer au long métrage de cinéma. En 1997, il rencontre le succès avec Dream factory, une comédie qui annonce un nouveau style de films extrêmement populaires, celui du « récit de nouvel an ».

Tour à tour acteur (il tient par exemple un petit rôle dans Sous la chaleur du soleil de Jiang Wen en 1994 et dans Crazy kung-fu de Stephen Chow en 2004), réalisateur et scénariste, il enchaîne les tournages et les projets, principalement des comédies destinées au marché local. En 2006, changement de cap avec La légende du scorpion noir, une adaptation du Hamlet de Shakespeare dans la Chine du Xe siècle et en version kung-fu (!!!), qui réunit Zhang Ziyi et Zhou Xun dans les rôles principaux.

L’année suivante, il se tourne vers le film de guerre avec Héros de guerre, qui relate un épisode réel de la guerre civile chinoise et suit un vétéran qui se bat pour obtenir une forme de reconnaissance officielle pour ses hommes morts héroïquement face aux armées nationalistes.

Après une nouvelle incursion par la comédie romantique, Feng Xiaogang se penche ensuite sur un autre épisode de l’histoire chinoise, le tremblement de terre de Tangshan, survenu en 1976. Aftershock se concentre sur le destin épique d’une famille séparée par la catastrophe, et qui ne se retrouvera qu’à l’occasion d’un autre tremblement de terre, celui du Sichuan, plus de trente ans plus tard. Le film bat tous les records d’entrées de l’année 2010 et rapporte 100 millions de dollars, soit cinq fois plus que son budget initial. Il s’agit de la première superproduction IMAX réalisée en dehors des Etats-Unis.

En 2012, le cinéaste s’essaye à une autre forme de drame historique avec Back to 1942, qui raconte la famine au Henan durant la guerre contre le Japon du point de vue de deux occidentaux incarnés par Adrien Brody et Tim Robbins. Le film, adapté d’un roman de Liu Zhenyun, remporte deux prix au festival de Rome 2012 et est présélectionné pour représenter son pays aux Oscar.

Pour son film suivant, Feng Xiaogang retravaille avec Liu Zhenyun dont il adapte un autre roman, Je ne suis pas une garce.  Sorti en France en 2017 sous le titre I am not Madame Bovary, le film est à nouveau un récit épique suivant une femme dans des tribulations judiciaires qui oscillent entre l’absurdité et la farce. Ses choix esthétiques (notamment le cadre circulaire et les références à la peinture traditionnelle chinoise), son ton ultra-décalé et sa dimension de satire sociale assumée lui garantissent un énorme succès à l’international, et notamment dans des festivals de premier plan comme San Sebastian, où il remporte la Coquille d'or du meilleur film et le coquillage d'argent de la meilleure actrice, et à Toronto où il est couronné du prix de la critique internationale.

Il tourne ensuite un film encore inédit en France, Fang hua (Youth), qui est lui aussi présenté à Toronto en 2017. Il y est cette fois question d’un groupe d’adolescents idéalistes dans la Chine des années 70 et 80.

Mais c’est en tant qu’acteur, et non de réalisateur à succès, qu’il est attendu à Cannes. Feng Xiaogang tient en effet un petit rôle dans Ash is the purest white de Jia Zhang-ke, une nouvelle fresque historique dans les tourbillons de l’histoire chinoise récente et contemporaine où il côtoiera notamment Zhao Tao et Liao Fan. Des premiers pas cannois qui lui permettront de connaître le chemin du tapis rouge. On ne sait jamais.

Cannes 2018: la carte (du Festival) et les territoires (du cinéma)

Posté par vincy, le 7 mai 2018

Le Festival de Cannes - Sélection officielle, Quinzaine des réalisateurs, Semaine de la critique et Acid - est vraiment mondial comme on le constate avec notre carte. Hormis l'Océanie (dignement représentée par Cate Blanchett présidente du jury), tous les continents sont représentés. Il y a bien quelques gros trous (Amérique centrale, Moyen-Orient, Afrique de l'Ouest et du Centre, Scandinavie), mais la représentativité des cultures est bien présente avec 36 pays différents. 17 pays ne sont sélectionnés qu'à travers un seul film (Syrie, Liban, Kenya, Maroc, ...).

La France domine largement le classement avec 27 films toutes sections confondues. Les Etats-Unis (8), le Portugal et l'Italie (5 chacun), et la Chine (4) complètent le Top 5.

Derrière ce classement brut, il y a des tendances plus certaines. Par continent, l'Europe domine largement avec 29 films de 13 pays. Cette année, l'Asie (hors Proche et Moyen Orient) est aussi en force avec 15 films de 6 pays. Un Certain regard devance la compétition et la Quinzaine en nombre de pays sélectionnés.

Par sélections, la France domine chacune des sélections, révélant quand même un tropisme national. Le Portugal est à triplement l'honneur à l'Acid, les Etats-Unis et l'Espagne font un doublé à la Quinzaine, l'Argentine est deux fois élue à Un certain regard, alors quatre pays sont doublement sélectionnés en compétition: Japon, Italie, Etats-Unis et Iran.

Edito: Hollywood-sur-Yangtsé

Posté par redaction, le 5 avril 2018

C'est un petit phénomène qui amène de grandes répercussions. Le box office du marché chinois a dépassé, pour la première fois, celui du marché nord américain au premier trimestre. Les recettes en Chine ont atteint 3,17 milliards de dollars contre 2,85 milliards de $ en Amérique du nord. Et pour enfoncer le clou, Ready Player One, le dernier Spielberg a rapporté 62M$ durant ses premiers jours d'exploitation en Chine contre 53M$ en Amérique du Nord.

Le déclin de l'Empire américain? Oui, certainement. La démographie joue en faveur des marchés émergents et particulièrement de l'Asie, qui s'équipe à grande vitesse en multiplexes tout en produisant des films à gros budgets locaux. En 2017, selon le rapport tout chaud de la MPAA, le box office mondial a atteint un record de 40,6 milliards de dollars de recettes (seulement les ventes de tickets, on ne parle pas de pop corn et de sodas). Une hausse de 5%, à relativiser puisque le nombre d'écrans a augmenté de 8%. La Chine a porté cette dynamique alors que le marché nord américain fléchissait de 2% (11,1 milliards de $) où un tiers des recettes nord-américaines provient dues films du top 10. Une concentration inquiétante.

Pire, le nombre de billets vendus aux USA et au Canada est en baisse de 6% (1,24 milliard d'entrées), soit le plus bas niveau depuis 1995, tandis que le marché des loisirs à domicile progressait de 11% entre 2016 et 2017. La hausse du prix du billet - et notamment des films 3D - de 24% en 10 ans a limité la casse pour les studios qui affichent les recettes et non les entrées, mais elle a aussi fait fuir des spectateurs, et notamment les plus jeunes qui se détournent des salles. Le cinéma reste un loisir plus populaire (3 nord-américains sur quatre ont été au ciné l'an dernier) que les parcs d'attraction et les stades sportifs, mais rivalisent de moins en moins avec les plateformes de streaming à la maison. Une autre donnée est à souligner: ce sont les caucasiens qui vont le moins souvent au cinéma. Et les hispanophones et asiatiques qui y vont le plus.

A l'inverse les marchés chinois, japonais, indiens et sud-coréens, tout comme les marchés britanniques et français, continuent d'être attractifs: le cinéma y reste un loisir dominant. L'Asie voit ses recettes progresser de 44% en cinq ans! Hors USA-Canada, sur les 20 pays les plus "cinéphages", 7 sont en Asie, 9 en Europe, 3 en Amérique latine et un en Océanie.

Résultat, le marché nord-américain ne représente plus que 27% du box office mondial contre 30% en 2013. Bien sûr, Hollywood reste dominant. Depuis le début de l'année, sur les 17 films ayant dépassé les 100M$ de recettes mondiales, 13 sont produits ou coproduits par un studio américain. Mais 4 sont chinois. Operation Red Sea et Detective China Town 2 ont rapporté plus de 500M$ de recettes, loin devant Cinquante nuances plus claires ou le Labyrinthe 3. Jusque là ce genre de recettes monstrueuses étaient réservées aux productions US. Ce n'est plus le cas.

En 2017, sur les 33 films ayant franchi le cap des 300M$ de recettes mondiales, seulement deux ont rapporté davantage en Amérique du nord que dans le reste du monde et 10 ont fait plus de 75% de leurs recettes hors Amérique du Nord. Depuis le début de l'année, parmi les 15 plus grosses recettes, seul Black Panther a rapporté davantage en Amérique du nord (51,1% de ses recettes), mais 8 films ont fait l'essentiel de leur box office hors Amérique du nord.

Tout cela va contribuer à des choix stratégiques pour les studios: casting multi-ethniques, tournages à l'extérieur du pays, coproductions avec l'Asie et l'Amérique latine, mœurs acceptables dans les autres cultures. Ce renversement de "pouvoir" ne sera pas anodin pour les blockbusters. Désormais les dollars se lèvent à l'Est.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Liu Yifei

Posté par vincy, le 28 décembre 2017

En Chine, c'est déjà une star. Yifei Liu (ou Liu Yifei, aka Crystal Liu) est une actrice et une chanteuse célèbre. A 30 ans pile poil, elle a même une longue carrière dans le mannequinat, le cinéma et la scène. A l'international, hormis un petit rôle dans Le Royaume interdit de Rob Minkoff, avec Jackie Chan et Jet Li, elle est quasiment inconnue. Cette native du Hubei a migré aux Etats-Unis à l'âge de 10 ans avant de retourner pour ses 15 ans en Chine où elle a débuté sa carrière d'actrice (surtout pour la télévision). Elle a ensuite enchainé les rôles dans ces épopées en costumes et avec des sabres et autres arts martiaux qui envahissent le calendrier cinématographique chinois. Parallèlement, en signant un contrat avec Sony, elle a débuté une carrière de chanteuse, plutôt soft rock que pop, s'exportant jusqu'au Japon.

Fille d'un diplomate et professeur de français et d'une danseuse, la bonne étoile sourit à cette comédienne, en couple avec la star sexy sud-coréenne Seung-heon Song. Ils se sont rencontrés sur le tournage de The Third Way of Love (2015). Elle a été choisit pour être Mulan dans la version en prises de vues réelles de Disney. Une chinoise incarnant une chinoise dans une production hollywoodienne, c'est presque miraculeux. Disney s'évite ainsi une polémique, pariant sur la popularité du personnage. Le tournage est prévu cet hiver pour une sortie en novembre, 20 ans après celle du dessin animé, même si peu croient à la tenue de ce délai très serré. En confiant cette grosse production issue du patrimoine Disney à une réalisatrice, Niki Caro, le studio réussit en tout cas à faire le buzz dans le bon sens: comme dans l'histoire, Mulan est une affaire de genre et de femmes.