Cannes 2019: L’Oeil d’or pour deux films de la sélection officielle

Posté par vincy, le 25 mai 2019

Le jury de L’Œil d'or, le prix qui récompense les documentaires présentés dans toutes les sélections cannoises, et cette année, présidé par la réalisatrice Yolande Zauberman a récompensé deux films des séances spéciales de la sélection officielle. Deux documentaires qui couvrent un spectre très large de leur genre.

For Sama de Waad al-Khateab et Edward Watts raconte le parcours Waad al-Kateab, simple étudiante d'Alep en Syrie, au début de la guerre en 2012. Quatre ans plus tard, elle fait partie des derniers survivants avant que la ville ne tombe aux mains des forces de Bachar al-Assad en décembre 2016. A ce moment précis, elle est mariée, maman d'une petite fille et enceinte d'un second enfant. Elle est connue sur Internet pour ses reportages déchirants sur la situation en Syrie. Il s'agit d'une lettre d'amour à sa fille, née en janvier 2016, et retraçant l'année la plus noire et meurtrière du conflit.

La Cordillère des songes (La Cordillera de los sueños) de Patricio Guzmán sortira le 30 octobre chez Pyramide. Le cinéaste, déjà primé dans les plus grands festivals, filme les Andes. Cette cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue. Il a voulu en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l'histoire passée et récente du Chili.

Le jury de l'Œil d'or était composé de Romane Bohringer, Eric Caravaca, Ross McElwee et Ivan Giroud.

La présidente de la Scam et créatrice du prix, Julie Bertuccelli, a précisé que les lauréats de l'Œil d'or seraient désormais automatiquement admis à concourir à l'Oscar du meilleur documentaire.

Pablo Larrain, Lucia Puenzo et Daniela Vega réunis pour une série

Posté par vincy, le 15 octobre 2018

La série, nouvel eldorado des cinéastes? Le chilien Pablo Larrain s'y met à son tour en produisant La Jauria (La meute en français), qui se tournera dès janvier prochain. Producteur d'Une femme fantastique, Oscar du meilleur film en langue étrangère cette année, et Gloria (dont le remake américain sort cette année), le réalisateur est connu pour ses films politiques tels Santiago 73, post mortem, No, El Club, Neruda et Jackie.

Cette série en 8 épisodes mettra en vedette Daniela Vega, l'actrice principale d'Une femme fantastique, et Antonia Zegers, une fidèle des films de Larrain. C'est la cinéaste et écrivain argentine Lucia Puenzo (XXY, qui a reçu le Grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes, Le Médecin de famille) qui pilotera l'écriture de ce projet.

Cette série policière en espagnol a pour cadre une école privée catholique où des étudiants en prennent le contrôle en signe de protestation contre l’agression sexuelle présumée d’un etudiant par un enseignant. Celle qui prend le leadership de cette protestation disparaît soudainement. Une vidéo apparaît où on la voit se faire violer par un groupe d'hommes non identifiables. Deux policières de la criminelle se mettent à la recherche de la jeune fille...

Dans la mouvance du phénomène #MeToo (#NiUnaMenos en Amérique latine) lancé l'an dernier, cette série s'inspire aussi d'un fait divers réel qui s'est déroulé en Espagne (l'affaire La Manada où une adolescente de 18 ans a été violée par un "gang" durant le Festival de Pampelune en 2016).

Associés à Fremantle, les frères Larrain assurent que cette série sur la révolution féministe sera majoritairement faite par des femmes.

C'est le premier projet pour Daniela Vega depuis Une femme fantastique. A l'écriture de la série actuellement, Lucia Puenzo, qui devrait filmer quelques épisodes, a récemment écrit et réalisé la série Cromo et scénarisé le film Los ultimos. D'autres épisodes seront réalisés par Marialy Rivas (Prix du scénario à Sundance en 2012) et Sergio Castro San Martin (La Mujer de Barro, sélectionné à Berlin).

Cannes 2018: le palmarès de la Cinéfondation

Posté par vincy, le 17 mai 2018

Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Bertrand Bonello et composé de Khalil Joreige, Valeska Grisebach, Alanté Kavaïté et Ariane Labed, a révélé son palmarès lors d’une cérémonie salle Buñuel.

La Sélection comprenait 17 films d’étudiants en cinéma choisis parmi 2 426 candidats en provenance de 512 écoles de cinéma dans le monde.

Premier Prix : El Verano del Leon Electrico (The Summer of the Electric Lion) de Diego Céspedes (Universidad de Chile).

Deuxième Prix ex-aequo: Kalendar (Calendar) de Igor Poplauhin (Moscow School of New Cinema) et Dong Wu Xiong Meng (The Storms in Our Blood) de Shen Di (Shanghai Theater Academy).

Troisième Prix : Inanimate de Lucia Bulgheroni (NFTS)

La Cinéfondation alloue une dotation de 15000 € pour le premier prix, 11250 € pour le deuxième et 7500 € pour le troisième. Le lauréat du premier prix a également l’assurance que son premier long métrage sera présenté au Festival de Cannes.

Les films primés seront projetés au Cinéma du Panthéon le 22 mai à 18h00. La Cinémathèque française projettera également une partie de la Sélection le 11 juin à 21h00.

L’école de la vie : quand les rêves se heurtent à la réalité

Posté par redaction, le 16 novembre 2017

Maite Alberdi a suivi le quotidien d'adultes trisomiques fréquentant une institution spécialisée au Chili. Son documentaire, L'école de la vie, poignant, interroge sur la place que la société leur réserve aujourd'hui.

Rita, Ricardo, Anita et Andres sont atteints du syndrome de Down, la trisomie 21. Ils se retrouvent presque quotidiennement dans un atelier pour confectionner des gâteaux. Ils travaillent, mais ne gagnent pas suffisamment d'argent pour mener une vie autonome. Ils ont des rêves, comme les autres, mais ils se heurtent à une société qui ne leur permet pas de les réaliser.

Ainsi, Ricardo aspire à recevoir un salaire qui lui permettrait d'être indépendant. De leur côté, Andres et Anita voudraient se marier et vivre ensemble, mais leurs familles s’y opposent. Et quand Andres veut quand même acheter une alliance à Anita, il se voit refouler par le bijoutier parce que son portefeuille est loin de contenir la somme nécessaire pour l'acquérir. Quant à Rita, ses désirs se limitent à se faire offrir une poupée Barbie pour son anniversaire et à manger du chocolat en cachette.

Réalisatrice et productrice, Maite Alberdi a vécu au contact d'une tante trisomique. C'est de cette expérience que l'idée lui est venue de faire ce film. Elle a prospecté un peu partout au Chili et n'a finalement trouvé qu'une seule institution accueillant des adultes trisomiques. Avec une petite équipe, elle a ensuite tourné sur une année, à raison de quatre fois par semaine, pour s'imprégner du quotidien des personnages. Elle a accumulé 200 heures de rushes et le montage a duré un an. Au final, le résultat est impressionnant. Car elle a pu capter des scènes de vie étonnantes, parfois tristes, parfois joyeuses et drôles, en tous cas jamais ironiques à l'égard des personnages.

"Aucun dialogue n'a été écrit en amont et mes personnages ne jouent pas", raconte Maite Alberdi. "Ils sont intelligents et disent tout ce qu'ils pensent".

Cette spontanéité rend attachant chacun des personnages, pourtant plus ou moins sympathiques, tous différents les uns des autres. Le documentaire ne répond pas aux questions qu’on se pose sur leur situation. Mais on s'interroge sur les peurs d'une société qui, peut-être par facilité, cantonne les trisomiques dans un quotidien cadré, sans donner à ceux qui semblent suffisamment autonomes la possibilité de vivre de manière plus indépendante. Car si le quotient intellectuel moyen chez les jeunes adultes équivaut à celui d'un enfant de 8 ou 9 ans, l'ampleur de cette déficience est très variable d'une personne à l'autre. Certains arrivent à l'âge adulte en étant pratiquement autonomes, sachant lire et écrire, alors que d'autres n’ont pas les mêmes capacités. C’est un nouveau fait de société car l'espérance de vie des personnes trisomiques augmente. Dans les pays développés, elle est aujourd'hui de 65 à 70 ans, contre seulement 12 ans en 1947.

Il ressort malgré tout beaucoup de lumière du documentaire de Maite Alberdi, qui est accompagné par une musique entraînante. Une belle leçon de vie.

Pierre-Yves Roger

Berlin 2015 : Guzman et Larrain montrent les non-dits de la société chilienne

Posté par MpM, le 10 février 2015

le club de pablo larrain

Le hasard de la programmation favorise parfois l'émergence de thématiques, ou au moins de rapprochements et de communauté d'esprit entre les films présentés. Ainsi, après avoir vu coup sur coup deux films chiliens en compétition pour l'Ours d'or, le festivalier berlinois ne peut s'empêcher d'y chercher des similitudes et des échos.

Le bouton de nacre de Patricio Guzman et Le club de Pablo Larrain n'ont a priori en commun que l'origine de leur réalisateur, et témoignent pourtant d'un même désir d'interroger, encore et toujours, l'histoire et les non-dits de leur pays, chacun dans la droite ligne de ses films précédents (le documentaire élégant pour l'un, la fiction minimaliste pour l'autre).

Dans Le bouton de nacre, tout part d'une goutte d'eau emprisonnée dans un bloc de quartz depuis 3000 ans que le réalisateur parvient à rattacher (parfois un peu acrobatiquement) à deux grandes tragédies chiliennes : l'extermination des populations autochtones de Patagonie (le "peuple de l'eau") et l'assassinat de plus 1000 opposants jetés à la mer sans autre forme de procès pendant la dictature. Mêlant images d'archives, témoignages d'Indiens Kawersquar, reconstitution du "largage" des opposants et même superbes images de l'espace, Patricio Guzman (Le cas Pinochetchoisit une voie singulière, presque intime, pour retracer deux des grandes tragédies du Chili.

Avec Le club, Pablo Larrain (No) s'intéresse lui à une petite communauté religieuse retirée à La Boca, petite bourgade de bord de mer, dont la principale occupation semble être d'entraîner un lévrier pour les courses dominicales. Après une séquence d'exposition plutôt enjouée, l'arrivée d'un nouveau membre met au jour le secret de ces hommes d'Eglise qui ont tous un passé criminel à se reprocher.  Avec la complicité de l'Eglise elle-même, soucieuse d'éviter tout mauvaise publicité, ce club très fermé d'anciens pédophiles ou autres complices de la dictature est prêt à toutes les extrémités pour sauvegarder son existence. Et Dieu dans tout ça ? Le cinéaste montre avec lucidité (et une pointe de cynisme) qu'il n'a guère sa place dans une organisation qui couvre les pires exactions de ses membres.

Comme s'ils avaient envie d'appuyer là où ça fait mal, les deux cinéastes livrent un témoignage fort sur la société chilienne et, au-delà, sur les plus gros travers de l'Humanité. C'est non seulement réussi d'un point de vue cinématographique, mais aussi parfaitement adapté aux goûts d'un Festival qui aime à récompenser des œuvres éminemment ancrées dans la réalité. On peut donc tabler sur un ou deux ours venant couronner ce cinéma chilien militant, courageux et brillant.

Emma Watson et Daniel Brühl victimes des atrocités de Pinochet

Posté par vincy, le 30 septembre 2014

Emma Watson a fait la une des médias pour son discours sur le féminisme au siège de l'ONU il y a dix jours (et la polémique stérile qui s'en est suivie). Au cinéma, après The Bling Ring en 2013 et Noé en avril dernier, la star d'Harry Potter est attendue dans Regression, le prochain film (anglophone) d'Alejandro Amenabar (avec aussi Ethan Hawke). Le film doit sortir en août 2015 aux Etats-Unis.

Elle vient d'accepter de partager l'affiche de Colonia avec Daniel Brühl (Good Bye Lenine!, Rush). Ce thriller sera tourné au Luxembourg, en Allemagne et en Amérique du sud jusqu'à la fin de l'année. Réalisé par Florian Gallenberger (John Rabe, où jouait déjà Brühl), le film raconte l'histoire d'un jeune couple allemand au Chili qui se fait arrêter lors du coup d'état de Pinochet de 1973. Tandis que Daniel subit les tortures des services secrets du dictateur, Lena le suit à la trace pour le retrouver. Daniel est en fait piégé dans une zone ultra-protégée du sud du pays, Colonia Dignidad, un endroit qui ressemble à une mission humanitaire mais qui est en réalité un lieu duquel personne n'échappe. Consciente du risque, Lena décide d'entrer dans la mission pour y rejoindre Daniel.

L'histoire est inspirée de faits réels. Le film devrait être prêt pour le deuxième semestre 2015.

Cinélatino 2014: Fin de journée avec les nerfs à vif

Posté par Morgane, le 29 mars 2014

affiche de cinélatino 2014En cette fin de journée toulousaine au Festival Cinélatino, les nerfs sont mis à rude épreuve avec les projections de Matar a un hombre d’Alejandro Fernandez Almendras (chilien) et Historia del miedo de Benjamin Naishtat (argentin), deux films de la compétition.

Basé sur des faits réels, et récemment couronné par le Grand prix du jury au Festival de Sundance, Matar a un hombre (To Kill a Man) débute par l’agression d’un homme et l’engrenage qui s’en suit. Le réalisateur filme tout en retenue une famille modeste harcelée par un voyou et sa bande de leur quartier. On suit le cheminement et l’évolution pas à pas de cette violence vers une issue qui apparait comme inévitable.
La tension est digne d’un thriller mais le film n’en est pas un. Proche du fait divers, il respire la cruauté et transpire la peur qui peut malheureusement, comme c’est le cas ici, faire partie du quotidien.
Le réalisateur dépeint le portrait d’un homme lambda qui finalement ne voit (et n’a pas semble-t-il) d’autre moyen pour s’en sortir que d’avoir recours à une violence extrême.
Le film est dur, le film est noir, mais en même temps il sonne juste. La colère, la tristesse, le désemparement puis la résolution d’un homme à faire le nécessaire sans pour autant pouvoir vivre avec…

Matar a un hombre et Historia del miedo se rejoignent dans une certaine mesure. Tous deux évoluent dans un univers oppressant et angoissant. Mais là où dans Matar a un hombre cette violence a un visage bien réel, dans Historia del miedo, elle est certes quotidienne aussi, mais elle également latente. Jamais on n'en voit le véritable visage.

En compétition au dernier Festival de Berlin, Historia del miedo est un film beaucoup moins classique de par sa forme et sa narration. Il n’y a ni « début » ni « fin » mais plutôt des situations, un contexte, un climat de peur, quasi de terreur, que le réalisateur met en lumière à travers plusieurs scènes, parfois très métaphoriques. Les personnages très éparpillés semble-t-il au départ finissent tous par se croiser mais les liens restent parfois flous. Le seul point commun qu’ils ont tous est cette Peur.

Le contexte du film lui est bien réel. Il se déroule dans un quartier sécurisé dans la banlieue de Buenos Aires où vivent des gens très aisés ou de milieux plus modestes « protégés » par une sorte de milice privée. Ces familles qui ont peur de la ville se sont barricadées dans des sortes de ghettos qui se trouvent souvent à côté de bidonvilles. Ici la peur est donc une peur sociale. Le contexte est ici latino-américain mais pour le réalisateur cette peur sociale s’éprouve à l’échelle mondiale.

Film ancré dans une certaine réalité il n’en parait pas moins parfois irréel dans sa forme et donne fortement à réfléchir. Mais film politique, film engagé? Pour Benjamin Naishtat, non. Il dit d’ailleurs: « je ne crois plus au cinéma engagé mais je crois aux gens qui s’engagent ». En attendant, son film sème de nombreuses pistes de réflexion sur lesquelles il faut laisser passer quelque temps avant de les voir se dessiner réellement. Un film intrigant qui ne laisse certainement pas indifférent!

Patricio Guzman à l’honneur au cinéma la clef

Posté par MpM, le 25 mars 2012

Du 28 mars au lundi 9 avril, le cinéma La Clef propose la première rétrospective française de l’œuvre du réalisateur documentariste chilien Patricio Guzmán, qui vit désormais en France.

C'est au milieu des années 70 que Patricio Guzman se fait connaître avec la trilogie documentaire La Bataille du Chili pour laquelle il collabore avec Chris Marker. Ce triptyque imposant fondera les bases de son cinéma, qui revient sans cesse sur l'histoire de son pays. Le cinéaste se caractérise d'ailleurs lui-même comme un "passeur de mémoire" ne cessant jamais d'interroger le passé et le présent pour mieux envisager l'avenir.

Au programme de la rétrospective, on pourra donc découvrir ses huit longs métrages (dont La Bataille du Chili, le documentaire sur Salvador Allende et son dernier film Nostalgie de la lumière), 5 moyens métrages et 5 courts qui complètent Nostalgie de la Lumière. Par ailleurs, deux longs métrages documentaires qui s'inscrivent en parallèle de son oeuvre seront également présentés : Aracana de Cristobal Vicente (Chili) et Les fantômes de Victoria de Ronnie Ramirez (Belgique/Chili).

A l'issue des séances, le public aura l'occasion de débattre avec Patricio Guzman lui-même, ainsi qu'avec des spécialistes de l'histoire contemporaine du Chili et des représentants d'associations chiliennes.

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Du mercredi 28 mars au lundi 9 avril 2012
Cinéma La Clef
34 rue Daubenton
75005 Paris
Programme et horaires sur le site du cinéma.

Poitiers : focus sur Brises d’Enrique Ramirez, prix du jury étudiant

Posté par MpM, le 16 décembre 2008

brisesUn homme marche sans s’arrêter dans la rue, traverse la route, s’engage dans un bâtiment imposant. La caméra le suit, le précède, l’accompagne. Un impressionnant plan séquence de 10 minutes qui nous mène au travers de la Maison du Gouvernement chilien, du sud vers le nord. En chemin, on croise des gardes, une femme dans un bassin rempli d’eau, des chiens errants. En surimpression, une voix-off égraine des bribes de souvenirs, de pensées, de sensations. C’est un choc, à la fois esthétique et émotionnel. Même sans identifier tous les symboles, on sent confusément le poids de l’Histoire qui pèse sur Brises. D’où l’absolue nécessité de rencontrer Enrique Ramirez, son réalisateur, étudiant d’origine chilienne en deuxième année à l’école du Fresnoy (Tourcoing).

Où avez-vous tourné Brises ?
Enrique Ramirez : J’ai obtenu l’autorisation de tourner dans la Maison du Gouvernement chilien, qui a été détruite pendant le coup d’état de Pinochet puis reconstruite. Cela m’a pris un an d’avoir cette autorisation… et je l’ai eue seulement la veille du tournage. Cet endroit se visite mais seulement dans un sens : du nord vers le sud, c’est-à-dire de <la Place de la Constitution vers la Place de la Citoyenneté. Moi, je voulais aller dans l’autre sens, commencer par le côté interdit.

Pourquoi ?Enrique Ramirez
E.R. : Je trouve ça incroyable que l’on soit en démocratie, que les portes soient ouvertes au public… mais que malgré tout on ne puisse pas choisir le sens de la visite, ou revenir en arrière dans le bâtiment. C’est symbolique du fait qu’au Chili, on essaye d’oublier l’Histoire. Or c’est important pour construire une nouvelle histoire de ne pas oublier le passé ! D’où l’idée de traverser la Maison du Gouvernement qui est un lieu symbolique pour tous les Chiliens. Elle évoque à la fois la guerre civile, la mort d’Allende et le retour à la Démocratie. La traverser, c’est comme traverser l’Histoire. C’est aussi pour cela que l’eau est un élément important dans le film : l’eau nettoie, mais la seule chose que l’on ne peut pas nettoyer, c’est la mémoire.

Vous ne donnez dans le film ni explications sur la signification du lieu ni rappels historiques…
E.R. : J’ai voulu faire le film pour les Chiliens mais aussi pour ceux qui ne connaissent pas notre histoire, que cela fonctionne pour les deux grâce à un travail sur l’imaginaire et les sensations. Et puis la guerre, l’histoire, la mémoire, les gens qui disparaissent… tous les pays connaissent cela ! J’ai voulu donner cette portée universelle au film, d’où l’absence d’explication. Le texte est plutôt autobiographique, il évoque des images de l’enfance qui peuvent parler à tout le monde. Moi, j’ai grandi avec la dictature et ça me paraissait un peu normal car je n’avais rien connu d’autres ! Ce n’est que des années après que j’ai compris ce qui s’était réellement passé.

Comment s’est concrètement passé le tournage ?
E.R. : Nous avions l’autorisation de tourner une matinée. Je n’étais pas sûr que nous aurions le temps de faire deux prises… mais finalement ça a été possible, et c’est la seconde qui est dans le film. Comme le palais est dans la rue principale de Santiago, il n’était pas possible d’arrêter le trafic. Mais j’aime bien travailler comme ça, avec les passants qui font partie du film. J’aime bien le hasard… le fait de ne pas tout contrôler. C’est pour cela que j’aime les plans-séquences.

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A voir : le palmarès complet des Rencontres internationales Henri Langlois.
A noter : Brises sera diffusé le 27 décembre à 20h dans le cadre de la manifestation Dans la nuit les images au Grand Palais à Paris.

James Bond aime les gros téléscopes

Posté par vincy, le 25 mars 2008

Après l'hôtel de glace en Islande ou le musée Guggenheim à Bilbao, James Bond va faire la publicité du plus gros téléscope du monde, au Mont Paranal au Chili. Le cinéaste Michael Wilson a décidé de tourner des séquences à "La Residencia", lieu où réside le personnel européen. Le bâtiment, avec son jardin tropical très cinégénique, s'érige au milieu du désert Atacama.

"La Residencia a retenu (notre) attention pour son esthétique exceptionnelle et sa localisation dans un site retiré, dans le désert d'Atacama", a noté Michael Wilson. "C'est une véritable oasis et une cachette parfaite pour Dominic Greene, notre "méchant" (Mathieu Amalric, ndlr), que 007 pourchasse dans notre nouvelle production de James Bond", a-t-il ajouté.

Quantum of Solace, prévu pour novembre 2008, a fait escale au Panama, en Italie, en Autriche et se déroule dans les milieux de la drogue.