Malgré les polémiques, Dominique Boutonnat est nommé président du CNC

Posté par redaction, le 24 juillet 2019

Les inquiétudes des organisations professionnelles, les tribunes des cinéastes, les critiques publiques, la mobilisation des étudiants de la Fémis n'auront pas changé la donne : l'Elysée et le ministère de la Culture ont choisi Dominique Boutonnat pour la présidence du CNC, nommé ce matin en conseil des ministres. Le producteur, spécialiste du financement de la création audiovisuelle, remplace ainsi Frédérique Bredin, partie le 12 juillet. Elle avait sollicitée le renouvellement de son mandat. Mais après avoir refusé l'automne dernier la présidence du CSA, cette proche de François Hollande ne semblait plus avoir la confiance du gouvernement.

La nomination de Dominique Boutonnat va être perçue comme provocatrice après quelques semaines de lobbying actif de la part des professions cinématographiques, alors même que le parti gouvernemental voudrait changer le modèle de financement français. Le rapport, controversé, que M. Boutonnat avait livré en mai était une bombe à retardement pour les producteurs indépendants. Ce rapport privilégie en effet l'exploitation commerciale (entrées en salles et exportation comme critères de financement, ce qui se fait en Hongrie et en Russie) plutôt que le préfinancement à partir de critères qualitatifs. De plus, si le CNC doit rester un "régulateur", il préconise de développer la part du financement privé dans le cinéma, via des fonds d'investissement et le développement de la blockchain, face au déclin de Canal + et l'arrivée de plateformes de streaming transnationales.

Une réforme du financement du cinéma en vue?

Cette logique libérale, qui veut lutter contre la surproduction, tuerait une grande partie des films d'auteur, sans se soucier du problème d'inégalité de l'accès aux salles ou de la durée d'exploitation. Un très bon film peut échouer en salle, ça n'en fait pas un mauvais film. Imagine-t-on la même logique dans la musique ou l'édition? "Si Boutonnat était nommé à la tête du CNC, cela signifierait qu’il faudrait financer les films de Philippe Garrel et ceux de Franck Dubosc de la même façon, selon les mêmes critères économiques", avait écrit sur Twitter le producteur Saïd Ben Saïd (Elle, Benedetta).

En nommant Dominique Boutonnat, le ministère de la Culture peut s'attendre à une fronde et une résistante puissante de la profession. 14 associations ont demandé au président de la République des Etats généraux du cinéma français avant que ne soient prises des "décisions trop rapides" où seules comptent les "intentions de seule rentabilité dans un domaine où la diversité de la production est unique au monde".  Ces associations souhaitent que l'été ne soit pas "l’occasion de considérer la politique culturelle de la France comme une simple marchandise", et rappellent que la "cinématographie française [est] considérée aujourd’hui comme l’une des premières et des plus enviées du monde".

Frère de Laurent Boutonnat (clipiste et compositeur de Mylène Farmer), Dominique Boutonnat, après une carrière dans les assurances, s'est lancé dans la production cinéma avec L'arnacœur, Polisse, Intouchables, 2 Days in New York, Un plan parfait, Eyjafjallajökull, ... C'est la première fois qu'un professionnel du cinéma est choisi pour diriger le CNC. Pour éviter tous conflits d'intérêts, il doit démissionner de tous ses mandats actuels.

La bonne santé du cinéma doit-elle soigner le budget malade de l’Etat?

Posté par vincy, le 19 octobre 2011

Comme nous vous le disions dimanche (voir article sur le budget 2012 du CNC), le budget du Centre National du Cinéma et de l'Image Animée (CNC) sera en baisse cette année. Malgré une bonne fréquentation dans les salles et la réforme de la TST qui permettra d'augmenter les recettes, l'Etat est tenté de ponctionner le pactole accumulé par l'institution (voir aussi notre article sur le Sénat ponctionnant 20 millions d'euros au CNC). Le Ministère de l'Economie souhaiterait récolter le surplus lié à la croissance des recettes. Le Ministère de la Culture imagine déjà reverser une partie de la nouvelle TST (taxe sur les services de télévision) au futur Centre national de la musique (en attendant celui des Spectacles Vivants?).

David Kessler, actuel directeur des Inrocks, et Marc Tessier, actuel Président de Video Futur Entertainment, tous deux anciens directeurs généraux du CNC, ont décidé de signer une tribune dans Le Monde du 18 octobre : "Danger sur le cinéma français".

Ils écrivent qu'une "telle mesure nous paraît porteuse de menaces pour l'avenir du Centre et, par voie de conséquence, pour la fiction et le cinéma français" en évoquant la tentation de reverser une partie du budget du CNC "au profit du budget de l'Etat".

Les deux professionnels de l'audiovisuel public rappellent que le cinéma français vit par cycles : "plus le cinéma français va bien, moins le CNC a d'argent à distribuer. Moins bien il va, plus le CNC est capable de l'aider." Ainsi, grâce la remarquable constance de la politique cinématographique tous gouvernements confondus, le cinéma français a pu surmonter la chute de la fréquentation des salles dans les années 70, su maintenir une part de marché nationale supérieure à 30% au fil des décennies, et permit le développement de l'animation, qui fait de bons scores à l'export.

"Le fait de ne plus affecter intégralement le produit de ces taxes au financement des oeuvres constituerait un précédent plus que dangereux, à courte vue et illégitime" écrivent-ils.

Dangereux parce qu'il "permettrait demain à la loi de finances de se servir de ce financement comme une variable d'ajustement. Le CNC n'est pas là pour thésauriser, mais pour redistribuer."

A courte vue "car, pour le cinéma comme pour la fiction française, les défis à venir sont nombreux" : numérisation des salles, des films de patrimoine, baisse des financements provenant de chaînes de télévision qui doivent partager un gâteau publicitaire avec davantage de concurrents, besoin d'investissements dans la création audiovisuelle face à une mondialisation des contenus et dans le cadre de télévisions bientôt toutes connectées.

Illégitime "et même spoliateur, pour ceux qui acquittent ces taxes avec des contreparties (respect des quotas par exemple)."

Kessler et Tessier rappellent enfin que le cinéma participe au rayonnement de notre culture dans le monde, mais aussi à l'existence de grands noms du cinéma mondial sur la planète cinéma. "C'est pourquoi les mesures qui menacent le CNC ne sont pas qu'une question de budget. Derrière, c'est un système prestigieux et efficient, qui ne coûte pas un sou à l'Etat et est par nature toujours en équilibre, qu'il faut absolument protéger".

Eric Garandeau, président du CNC, va lancer « Le jour le plus court » (entretien)

Posté par vincy, le 18 septembre 2011

Ecran Noir a rencontré le nouveau patron du CNC, Eric Garandeau. L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy pour la communication a pris les commandes de ce "ministère bis" dont il fut le directeur financier. De gros chantiers sont en cours pour être à la hauteur des enjeux - défense d'un cinéma mondial diversifié, renouvellement des talents, nouveaux modes de diffusion... L'interview intégrale précise sa stratégie et le contexte dans lequel évolue le secteur.

Par ailleurs, il nous a annoncé la création d'une manifestation dédiée au court métrage : "Nous allons lancer « Le jour le plus court ». Dans le même souci de valoriser la production de courts métrages, qui est aussi une école de renouvellement des talents et des écritures, nous voulons promouvoir ce genre, qui est très varié. Ce serait le pendant de la fête de la musique mais pour l’image. Cela comprendra les productions communautaires des internautes, des films plus artisanaux aussi et puis tout le travail qui se fait dans les écoles et les milieux socio-éducatifs. Ce serait sur tous les écrans le 21 décembre, qui est le jour le plus court de l’année. Il s’agit d’être présent sur tous les écrans, ceux des cinémas, les chaînes de télévisions, les sites web… L’opération devrait être lancée officiellement cet automne."

Intégralité de l'entretien réalisé à Cannes.

Le CNC change de nom et le Code du cinéma est modifié

Posté par vincy, le 30 juillet 2009

Discrètement, le Centre national de la cinématographie est devenu le Centre national de la cinématographie et de l'image animée. CNCIA ? Pas tout à fait.

L'ordonnance a été publiée au Journal Officiel le 24 juillet et le CNC n'a pas tardé à communiquer sur cette nouvelle appellation dans sa dernière lettre. Dans le même temps, le Centre va se doter d'un conseil d'administration, présidé par l'actuelle directrice Véronique Cayla. Anne Durupty a été nommée directrice générale déléguée du nouveau Centre.

"Le Centre national de la cinématographie change de nom afin d’entériner l’évolution qui, depuis 1946, a conduit à l’extension de son champ d’action au-delà du seul cinéma, en direction principalement de la production audiovisuelle, de la vidéo et du multimédia, incluant le jeu vidéo. Le Centre national de la cinématographie, tout en gardant l’appellation « CNC », devient donc le « Centre national du cinéma et de l’image animée ». La dénomination des fonctions de directeur général du Centre national de la cinématographie fait également place à une nouvelle dénomination, celle de président du Centre national du cinéma et de l’image animée".

Ce nouveau CNC pourra s'aider d'un Code de l'industrie cinématographique complètement refondu, avec une actualisation des normes, une fusion des textes éparpillés dans différents codes et une extension à l'industrie de l'animation. L'ancien code datait de 1956.