Cold War triomphe aux European Film Awards

Posté par vincy, le 16 décembre 2018

Cold War de Pawel Pawlikowski a remporté cinq prix, autant dire une razzia lors de la 31e édition des European Film Awards qui avait lieu à Séville en Espagne hier soir. Le film, primé pour sa mise en scène au Festival de Cannes en mai, est le troisième long métrage polonais à repartir avec le prix du meilleur film, après Tu ne tueras point en 1988 et Ida, du même Pawlokowski, en 2014. Le cinéaste rejoint le club très fermé des double-primés aux EFA (Almodovar, Haneke, Sorrentino, Loach). Lars von Trier reste le plus titré avec trois films sacrés.

Alors qu'Agniezska Holland et Mike Downey ont fait un appel à la libération d’Oleg Sentsov et de Kirill Serebrennikov (Leto est reparti avec un prix), la cérémonie a honoré Costa-Gavras, rendu hommage pour sa carrière à Carmen Maura et distingué par un prix européen pour sa contribution au cinéma mondial à Ralph Fiennes.

Constatons la grande débandade du cinéma français qui peut au moins se rassurer avec les coproductions pour faire flotter le drapeau tricolore sur un palmarès sans aucun artiste ou film national. Heureusement, le Festival de Cannes peut se réjouir, notamment face à ses concurrents. Outre les cinq prix de Cold War et celui de Leto, des films en compétition comme Dogman (3 prix dont meilleur acteur) et Heureux comme Lazzaro (un trophée, le prix des étudiants), des films d'Un certain regard (Border, mais surtout Girl, prix Découverte européenne-Prix Fipresci) et même ceux en séance spéciale (Another Day of Life, meilleur film d'animation) ont laissé peu de récompenses aux films sélectionnés à Berlin(Utoya, 22 juillet et 3 jours à Quiberon) ou ailleurs.

En tout cas, on remarquera que la meilleure comédie européenne de l'année est un film vraiment européen: une bande dessinée française sur la russie soviétique avec un réalisateur et un casting britannique (La mort de Staline), produit par trois pays de l'Union. Et last but not last, le public a choisi Call Me By Your Name comme meilleur film. Sans doute le dernier prix que recevra le film franco-italien, mais pas des moindres.

Film européen :
Cold War de Pawel Pawlikowski

Réalisateur européen :
Pawel Pawlikowski pour Cold War

Acteur européen :
Marcello Fonte pour Dogman

Actrice européenne :
Joanna Kulig pour Cold War

Prix du public :
Call me by your Name de Luca Guadagnino

Comédie européenne :
La mort de Staline d’Armando Iannucci

Scénariste européen :
Pawel Pawlikowski pour Cold War

Film d'animation européen :
Another Day of Life de Raul de la Fuente et Damian Nenow

Documentaire européen :
Ingmar Bergman, une année dans une vie de Jane Magnusson

Découverte européenne-Prix Fipresci :
Girl de Lukas Dhont

Prix EUFA des étudiants :
Heureux comme Lazarro d’Alice Rohrwacher

Court métrage européen :
The Years de Sara Fgaier

Directeur de la photographie européen-Prix Carlo di Palma :
Martin Otterbeck pour Utoya, 22 juillet

Monteur européen :
Jaroslaw Kaminski pour Cold War de Pawel Pawlikowski

Décorateur européen :
Andrey Ponkratov pour Leto de Kirill Serebrennikov

Costumier européen :
Massimo Cantini Parrini pour Dogman de Matteo Garrone

Coiffeur et maquilleur européen :
Dalia Colli, Lorenzo Tamburini et Daniela Tartari pour Dogman de Matteo Garrone

Compositeur européen :
Christoph M. Kaiser et Julian Maas pour 3 jours à Quiberon d'Emily Atef

Ingénieur du son européen :
André Bendocchi-Alves et Martin Steyer pour The Captain - L'usurpateur de Robert Schwentke

Superviseur effets visuel européen :
Peter Hjorth pour Border d'Ali Abbasi

Prix européen de la coproduction-Eurimages :
Konstantinos Kontovrakis et Giorgos Karnavas

Prix honorifique du président et du Comité EFA :
Costa-Gavras

Lifetime Achievement Award :
Carmen Maura

Prix European Achievement in World Cinema :
Ralph Fiennes

Festival de San Sébastien : un palmarès très hispanophone

Posté par vincy, le 29 septembre 2013

Pelo Malo Bad Hair

Le 61e Festival International de Cinéma de Saint-Sébastien a couronné un film vénézuélien, Pelo malo, qui critique l'homophobie et l'intolérance, avec pour héros un gamin qui pressent son homosexualité et sa mère. La réalisatrice avait déjà été remarquée avec Postales de Leningrado (2007).

Le palmarès fait la part belle aux productions latino-américaines (Mexique, Brésil, Argentine, ...) et espagnoles. Ainsi La herida, portrait d'une femme au bord du gouffre, a récolté le prix spécial du jury et le prix d'interprétation féminine.

Deux exceptions Jim Broadbent qui reçoit le prix d'interprétation masculine pour Le Week-end, le film favori des critiques présents au Festival. Et le film français Quai d'Orsay, d'après la bande dessinée primée à Angoulême, a été récompensé par le prix du scénario.

Cette année le festival de San Sebastian a manqué de glamour et de stars. La crise espagnole, les coûts de déplacement pour rejoindre la capitale basque et dans une moindre mesure son arrivée tardive dans le calendrier des Festivals n'aident pas la manifestation à retrouver sa croissance d'antan. Le Festival a même de plus en plus de mal à boucler une sélection officielle avec des films inédits, malgré quelques beaux coups comme le dernier film de Jean-Pierre Jeunet en clôture. Reste que la manifestation subit aussi un baisse de ses subventions et doit aller chercher de nouveaux revenus pour les années à venir.

Le déclassement du Festival est plus que jamais dangereux pour le cinéma espagnol, qui ne dispose d'aucune autre vitrine de dimension internationale.

Le palmarès :

- Coquillage d'or du meilleur film : Pelo malo (Bad Hair) de Mariana Rondón (Venezuela-Pérou-Allemagne)

- Prix spécial du jury : La herida (Wounded) de Fernando Franco (Espagne)

- Coquillage d'argent du meilleur réalisateur : Fernando Eimbcke pour Club sándwich (Méxique)

- Coquillage d'argent de la meilleure actrice : Marian Álvarez pour La herida (Espagne)

- Coquillage d'argent du meilleur acteur : Jim Broadbent pour Le Week-end (Royaume-Uni)

- Prix du jury pour le meilleur scénario : Antonin Baudry, Christophe Blain et Bertrand Tavernier pour Quai d'Orsay (France)

- Prix du jury pour la meilleure photographie : Pau Esteve Birba pour Caníbal (Espagne-Roumanie-Russie-France)

- Prix d'honneur Donostia: Carmen Maura (Espagne) et Hugh Jackman (Australie)

- Prix des jeunes réalisateurs : Benedikt Erlingsson pour Of Horses and Men (Islande-Allemagne)

- Prix Horizons Latins : O lobo atrás da porta de Fernando Coimbra (Brésil)

- Prix Cinéma en construction : La Salada de Juan Martín Hsu (Argentine)

- Prix du meilleur projet du Forum de coproduction Europe-Amérique Latine : El acompañante de Pavel Giroud (Cuba)

- Mention spéciale du Forum de coproduction : "La tierra y la sombra" de César Augusto Acevedo (Colombie)

Premiers plans d’Angers 2011: toujours la flamme en lui!

Posté par Benjamin, le 21 janvier 2011

Ce vendredi s’ouvre à Angers la 23ème édition du festival Premiers plans avec, comme chaque année, de belles surprises à découvrir.

Du côté de la compétition, le festival présente uniquement des premières œuvres européennes, que ce soient des courts ou longs métrages, des films d’écoles ou des films d’animation. Et cette année, pour la toute première fois, une section est ouverte pour les films en 3D. Premiers plans manifeste ainsi sa réactivité face à l’essor  de cette nouvelle technologie, un bon point pour le festival. Au total, 80 premiers films seront projetés dans les diverses salles de la capitale angevine dont notamment cinq premiers longs métrages français.

Ecran Noir vous fera partager tout au long de la semaine les qualités (ou non) de ces films. Mais seul le jury pourra attribuer au final ses prix. A sa tête Robert Guédiguian (il présentera sa nouvelle réalisation) et pour le seconder l’actrice espagnole Carmen Maura (l’une des muses d’Almodovar), la jeune française Clémence Poésy (que vous avez pu apercevoir dans la saga Harry Potter), l’acteur belge Yannick Renier et le réalisateur iranien Nader T. Homayoun.

Premiers plans c’est également l’occasion de se délecter devant de merveilleuses rétrospectives. Cette année, le festival met à l’honneur un cycle intitulé « entre guerre et paix » ainsi que le cinéma burlesque avec par exemple la présence de Pierre Etaix qui viendra parler d’un de ses films, Yoyo. Serge Bromberg offrira au public angevin son spectacle Retour de flamme.

Quatre personnalités du 7ème art sont les invités de la manifestation : Garry Bardine, Isabelle Carré, Barbet Schroeder et Bruno Ganz. De quoi attirer une foule du curieux et de cinéphiles !

Des rencontres, des films anciens, nouveaux, de divers horizons et divers genres. Un festival à la portée de tous les amoureux du cinéma.

Pour tout connaître du programme, des invités, des lieux et des tarifs, rendez-vous sur le site officiel du festival : http://www.premiersplans.org/

Cannes : Almodovar, entre revisitation et résurrection

Posté par vincy, le 27 avril 2009

abrazosrotos-es.jpgVu en Espagne avec trois semaines d'avance sur le programme cannoisLes étreintes brisées, nouveau mélo plus tragique que comique de Pedro Almodovar, y est sorti le 20 mars, avec un succès relatif, (pour l'instant il a ramassé moins de 5 millions d'euros de recettes).

La signature du cinéaste est présente dès les premiers plans. Un regard singulier sur un tête à tête banal. L'histoire s'avérera pourtant complexe en trahisons, passions, meurtre et tromperies. Mais, ici, Almodovar en profite pour revisiter son oeuvre, se créant un double (Mateo Blanco / Harry Caine, interprété par Lluis Homar). Il s'autocite, en se concentrant essentiellement sur une partie de sa filmographie qui s'étend de 1988 à 1997 avec Angelina Molina (qui voit en Penelope Cruz, sa fille, ce qu'elle était dans En chair et en os), la présence d'un éditeur (La fleur de mon secret), de talons aiguilles (ici très vermillons) ou d'un caméraman obsessionnel (Kika), dérivé homo et pervers de ce qu'aurait pu être Pedro A. Le réalisateur reste ainsi dans le carcan de son scénario, qui fait des allers-retours dans le temps:  l'histoire se déroule entre la première moitié des années 90 et aujourd'hui. En puisant dans ses souvenirs, il restitue une époque qui semble bien lointaine : une Espagne arriviste, peuplée de nouveaux riches. Il s'agit surtout, et la scène finale est anthologique pour cela, d'un film miroir à Femmes au bord de la crise de nerfs, son film emblématique (qu'il pense d'ailleurs adapter pour la télévision américaine). Penelope Cruz en double de Carmen Maura nous refait le coup du lit brulé, du gaspaccio qu'il ne faut pas boire, ou de la valise prête à partir. On y croise avec jubilation les protagonistes féminines de cette comédie, et le doublage joue là aussi un rôle primordial dans l'énigme.

Mais le film n'est pas qu'une remise en question, une interrogation de son travail. Toujours sur sa voie exploratrice des nuances de la rédemption, Almodovar fouille un peu plus les chemins de la résurrection. On peut survivre, et renaître différent. On peut aussi mourir, et rester éternel grâce au cinéma. Ces étreintes brisées sont ces impossibilités d'aimer, de laisser l'autre libre, de respecter cet élan qui nous échappe, de se casser en deux parce que l'autre nous sert trop fort. Le maître de la movida espagnole signe ainsi une oeuvre noire, romantique (dans son sens littéraire), pas forcément chaleureuse, mais n'oubliant pas d'être drôle. 

Peut-être inégal, sans aucun doute précis, artistiquement fidèle, le film, tacheté du rouge sang, expose les croix (cruz) comme autant de signes intangibles mais bien visibles de ce qu'il veut révéler : l'existence d'un fantôme, comme dans Volver (où il a repris de nombreuses comédiennes), mais qui hante plutôt les souvenirs et les images. Cette croix que tout le monde porte est évidemment le destin de cette secrétaire et actrice jouée par Pénélope Cruz (croix).  Il s'amuse avec elle comme on joue à la poupée (perruquée, déshabillée, maquillée). Une star piégée dans un bal (trappe), dont la beauté étourdit d'amour le réalisateur (le faux et le vrai) les rendant ainsi aveugles, aveuglés.

Le spectateur lui est resté bien clairvoyant, aspiré par cette embrassade passionnelle. Depuis La mauvaise éducation, Almodovar n'en a pas finit avec son passé.

Brad Pitt et Steven Spielberg défendent le mariage gay

Posté par MpM, le 26 septembre 2008

mariagegay.jpgA quelques semaines de l'élection du nouveau président américain, un tout autre débat passionne la Californie. Après la légalisation du mariage homosexuel en juin dernier, suite à une modification du code civil de cet état, les adversaires de l'union gay ont en effet obtenu la tenue d'un référendum ("la proposition 8") visant à inscrire dans la Constitution californienne la nécessité formelle d'être un couple hétérosexuel pour avoir le droit de se marier. A l'approche de la date du vote (le 4 novembre, en même temps que la présidentielle), partisans et opposants s'affrontent à coups de milliers de dollars. Brad Pitt et Steven Spielberg ont ainsi chacun offert 100 000 dollars pour financer une campagne de soutien en faveur du mariage homosexuel. "En inscrivant la discrimination dans la Constitution de notre Etat, la proposition 8 vise à éliminer le droit de chaque citoyen à se marier, quel que soit son orientation sexuelle. Une telle discrimination n'a PAS sa place dans la Constitution californienne, ni dans une autre", écrit notamment le couple Spielberg dans un communiqué cité par Variety. Un bras de fer qui prouve les difficultés toujours constantes lorsqu'il s'agit de reconnaître des droits égaux aux homosexuels, le moindre acquis risquant d'être remis en question jusqu'à l'obtention de sa suppression.

Vu de France néanmoins, une telle situation laisse rêveur : même si le procédé est fondamentalement critiquable (car passant au-dessus d'une décision légale de la Cour suprême), le référendum a au moins le mérite de poser le débat, qui est plus est en donnant directement la parole aux électeurs, et sans s'abriter derrière le trop facile argument des mentalités qui ne sont pas prêtes. Si la proposition 8 est repoussée, l'Etat de Californie rejoindra ainsi le club encore relativement fermé des pays acceptant le mariage entre deux personnes du même sexe, parmi lesquels le Massachusetts (USA), l'Afrique du Sud, le Canada, la Belgique, les Pays Bas et l'Espagne. La comédienne Carmen Maura, dans un entretien à Ecran Noir, rappelait le combat de la communauté gay avant que Zapatero ne légalise le mariage gay : "c'est une question d'avoir les mêmes droits que les hétéros et on connaît beaucoup de couples qui ont des problèmes pour aller à l'hôpital ou pour hériter... bref avoir une vie normale." Le Brésil a fait part récemment de son envie de légaliser le mariage homosexuel.
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