Et si on regardait… 14 grands films du cinéma japonais

Posté par redaction, le 1 mai 2020

Sur le le vidéo-club de Carlotta Films, à partir d'aujourd'hui 1er mai, Yasujiro Ozu est à l'honneur avec 6 films du maître.

Eté précoce (1951), Le goût du riz au thé vert (1952), Voyage à Tokyo (1953), Crépuscule à Tokyo (1957) sont quatre films en noir et blanc qui dépeignent la femme, le couple, la famille japonaise dans l'après guerre, soit une étude de mœurs plus ou moins mélodramatique ou légère sur la transformation d'un pays et de ses habitants.

En couleur, Bonjour (1959) et Le goût du Saké (1962), considéré comme l'un de ses chefs d'œuvre, complètent le programme, et offrent une nouvelle variation du cinéma de Ozu, scrutateur du quotidien et déjà désillusionné par un pays qui tourne le dos à ses valeurs traditionnelles.

Toujours dans le vidéo-club de Carlotta, ne manquez pas l'étrange et fascinant film de Toshio Matsumoto, Les funérailles des roses, film queer et audacieux sur la communauté homosexuelle des années 1960, entre tabous et emprise des sens.

En cette période de confinement, Hanabi a enrichi son vidéo-club avec 7 films japonais à petits prix pour tous les âges, pour tous les publics, pour tous les goûts.

On retrouve ainsi deux merveilles de l'animation nippone, Silent Voice de Naoko Yamada et Wonderland, le royaume sans pluie de Keiichi Hara.

C'est aussi l'occasion de découvrir l'œuvre magnifique, toute en subtilité et sentiments de Ryûsuke Hamaguchi avec la saga Senses, Passion et Asako I & II, sélectionné en compétition à Cannes.

Enfin, cette programmation est complétée par l'inquiétant Invasion de Kiyoshi Kurosawa et le feel-good La saveur des ramen d'Eric Khoo.

Les funérailles des roses, un inédit intrigant, queer, drôle et cruel

Posté par vincy, le 25 février 2019

Carlotta a sorti cette semaine dans quelques salles françaises un film japonais du regretté Toshio Matsumoto (vidéaste, théoricien, artiste et réalisateur), Les funérailles des roses (en japonais Bara no soretsu). Le film a 40 ans et il est inédit. Ce premier long métrage, récit d'un Oedipe gay tragique dans Tokyo, explore le monde souterrain des travestis japonais, officiant dans des bars chics et bien tenus, et notamment le si bien nommé Genet (en hommage à l'écrivain français). Mais Toshio Matsumoto, avec un cinéma héritier de Bunuel, Godard et Marker, va beaucoup plus loin sur la forme comme sur le fond. Si le fil conducteur suit Peter, jeune garçon qui fuit le domicile matriarcal pour s'émanciper en fille, amoureuse de son employeur, le film est une succession d'audaces narratives, profitant sans aucune limite de sa non-linéarité. Les funérailles des roses mélange ainsi allègrement la chronologie des événements, avec certains enchaînements proches du surréalisme, et s'amuse de manière très libre à flirter avec le documentaire (des portraits sous forme de micro-trottoir face caméra de jeunes tokyoïtes gays) et le cinéma expérimental.

Hybride jusqu'au bout, le film se travestit comme ses personnages. Il est à la fois une étude anthropologique de la culture queer et underground du Japon des années 1960, pas très loin du swinging London côté mode, et fortement influencé par la Nouvelle vague, le situationnisme et l'existentialisme français. Tout en respectant les contraintes de la censure, il y a un côté punk, c'est à dire un aspect de contre-culture dans le film, qui passe aussi bien par la distanciation (on nous montre parfois le tournage même de la scène que nous venons de voir), la dérision (des gags comme du pastiche), l'angoisse psychologique (tous ont peur d'être abandonnés et sont en quête d'affection), le sous-entendu (sexuel), l'horreur (finale, tragique) et surtout, la surprise.

Car le cinéaste ne ménage pas le spectateur en s'offrant des virages inattendus, passant d'un genre à l'autre, de scènes parodiques et rythmées (les rivalités façon western ou kung-fu sont hilarantes) à des séquences plus oniriques où le temps se distord (sous l'effet d'un joint ou de la peur). On est alors fasciné par ce délire maîtrisé, où se croisent bulles de bande dessinée et art contemporain, plans surexposés ou références détournées, qui brouille les codes du cinéma, pour accentuer la folie du personnage principal, et ce réalisme passionnant d'une communauté loin des stéréotypes filmés par le cinéma japonais parvenu jusqu'à nous à cette époque.

Il y a ainsi le film dans le film (y compris l'insertion de courts métrages du cinéastes), le film d'un Tokyo gay, le film d'un duel entre deux concubines, le film d'un jeune gay paumé, le film d'une jeunesse alternative, le film politique, le film comique, le film romantique, le film dramatique et le film psychologique. Les témoignages sont aussi intéressants que cette histoire est intrigante.

Ces funérailles sont parfois bricolées, mais elles gagnent leur dignité: l'œuvre est assurément majeure dans le cinéma LGBT, le cinéma japonais et le cinéma des années 1960. C'est un film engagé, et même activiste, où se mêlent les avant-gardes de l'époque, entre sentiment de révolte et aspiration au changement. Qu'il soit flamboyant, moqueur, érotique, théâtral ou bordélique, le film est transgressif cinématographiquement (il y a longtemps que le queer ne l'est plus tant que ça dans la société). Toshio Matsumoto a finalement réalisé un film dont les héros revendiquent leur place dans la société comme Les funérailles des roses réclament sa place singulière dans le septième art.

Les reprises de l’été: Ozu en dix films

Posté par vincy, le 1 août 2018

Du noir et blanc à la couleur... 10 chefs-d’œuvre du maître japonais à contempler dans leur sublime restauration ! Printemps tardif, Été précoce, Le Goût du riz au thé vert, Voyage à Tokyo, Printemps précoce, Crépuscule à Tokyo, Fleurs d’équinoxe, Bonjour, Fin d'automne, Le Goût du saké. Ces films de Yasujiro Ozu seront au cinéma le 1er août 2018 en versions restaurées 2K et 4K. Un événement en soi.

Pourquoi il faut voir les films de Ozu? Parce que, d'abord, c'est l'un des plus grands cinéastes du XXe siècle. Son œuvre est un regard sur le Japon, sur la classe moyenne en pleine reconstruction d'après guerre et sur la société en général, notamment avec les rapports homme-femme très codifiés. C'est un cinéma où le temps qui passe sert de moteur à l'intrigue, où l'oppression et les pressions servent de déclics, où tout est calme à la surface des choses et bouillonnant intérieurement. Il filmait déjà les fossés générationnels, les drames existentiels, les mutations sociétales.

L'élégance de sa mise en scène et ses fameux plans "à hauteur de tatamis" n'a pourtant été reconnue que très tard en France. On célèbre cette année les 30 ans de la sortie française de son film emblématique Voyage à Tokyo. Ozu a eu l'honneur de deux rétrospectives à Locarno (en 1979) et à la Cinémathèque française (en 1980) soit bien longtemps après sa mort en 1963 à l'âge de 60 ans.

Cinéaste hanté et traumatisé par la guerre, on peut même voir une scène de bar dans le Goût du Saké, où les deux personnages principaux se réjouissent de la défaite du Japon. Chez Ozu, on observe comment le Japonais se soumet aux règles du jeu, à l'ordre des choses et du monde? Pourtant, souvent, ils se révoltent, sans rien dire, refusant les choix dictés. Les enfants insolents deviennent bien sages en grandissant. Les femmes dociles sont bien plus émancipées qu'en apparence, dans le cadre contraint où elles évoluent. Souvent il faut un destin qui bifurque pour que son mélo s'envole. Car dans son cinéma, au-delà de l'acceptation, les personnages sont avant tout des êtres qui se séparent. C'est la transmission, par la douleur. Derrière la banalité des vies, il y a cette souffrance permanente qui nous traverse, et qui passe des parents aux enfants.

Mais ce qui frappe aussi dans ses films, c'est leur richesse cinématographique, beaucoup moins immobiles qu'on ne le croit, beaucoup plus audacieux qu'on ne l'imagine. La rigueur et l'épure, le dénuement et le formalisme ne sont que des qualificatifs clichés pour un cinéma qui s'adaptait et se transformait en fonction des histoires. Mais ce qu'on retient de ses expérimentations c'est que le monde est en mouvement, les regards jamais vraiment francs, le spectateur à distance et les espaces manipulés par le cadrages. Rien n'est statique. Il n'est alors pas étonnant que chacun des 10 films de cette rétrospective produira une émotion particulière et différente. Car les histoires du maître sont aussi bouleversantes.

La française Carlotta s’aventure aux Etats-Unis

Posté par vincy, le 15 octobre 2013

Mauvais sang Leos Carax Denis Lavant Juliette Binoche

La société de distribution française Carlotta, spécialisée dans les ressorties de films classiques, lancent une structure équivalente aux Etats-Unis, Carlotta Films Us.

Variety a révélé l'information cette nuit. La branche américaine effectuera sensiblement le même métier, se concentrant sur les ressorties en salles, et l'exploitation de films classiques dans les festivals, en DVD, Blu-Ray, VàD et télévision. L'annonce a été confirmée lors du Festival Lumière à Lyon, qui s'est ouvert hier.

Trois films des années 80 ouvriront le bal. Léos Carax avec les versions restaurées de Boy meets Girl et Mauvais Sang, ses deux premiers long métrages, sera à l'honneur, ainsi que le film de Charles Lane, Sidewalk Stories (qui est en salles en France depuis le 9 octobre). Sidewalk Stories sera projeté durant une semaine, celle du 8 novembre à New York tandis que Mauvais Sang sortira le 29 novembre et Boy Meets Girl début 2014. Pour le public américain, la présence au générique de Juliette Binoche, alors à ses débuts, devrait susciter de l'intérêt. Carlotta a acquis les droits de ces deux films au dernier festival de Cannes et a déjà vendu les ressorties pour plusieurs territoires.

Fondée il y a 15 ans, Carlotta a récemment distribué en salles des films de Yasujiro Ozu, Brian de Palma et Michelangelo Antonioni. Cette semaine, le distributeur ressort Médée de Pier Paolo Pasolini, avec Maria Callas, à l'occasion de l'exposition sur le cinéaste à la Cinémathèque française. Dans son programme, sont prévus prochainement Voyage au bout de l'enfer et Lettre d'une inconnue.

Nouvelle édition DVD pour Mean Streets chez Carlotta

Posté par Benjamin, le 15 avril 2011

Mean Streets, l’un des premiers films de Martin Scorsese, fait peau neuve grâce au DVD édité par Carlotta. L’occasion de revoir cette œuvre singulière du Scorsese de ses débuts, avec toute une pléiade de riches bonus pour comprendre le contexte du film, ce qu’il représente dans la filmographie de Scorsese et dans le cinéma des années 70, en pleine révolution Nouvel Hollywood. Le réalisateur prend la parole, mais aussi un critique de cinéma ou encore le chef op’ du film Kent Wakeford.

L’édition du DVD propose en tout pas moins de six documentaires et entretiens qui permettent de retracer l’histoire du film et son impact sur le cinéma américain. Pour ce qui est du film à proprement parlé, on pourrait se référer à la critique de Pauline Kael qui le considère alors comme le meilleur film de l’année 1973, une œuvre unique dont la sortie fut pourtant très discrète : le film ne trouva pas son public.

Mean Streets est aussi la première rencontre de Scorsese avec le festival de Cannes (focus sur l'année 73) où il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 1974 (voir l'interview de Pierre-Henri Deleau sur sa sélection de l'époque). Là aussi, le film ne fit pas sensation, mais un certain Michel Ciment demanda à rencontrer ce jeune talent qui l’impressionna fortement.

Dans ce film, Martin Scorsese pose les bases de son cinéma en même temps qu’il se détache de ses racines. Avec Mean Streets, il prend son envol et se défait de ses démons intérieurs. Le personnage de Charlie incarné par Harvey Keitel est son double à l’écran. Il est enfermé dans son quotidien d’italo-américain, au coeur d'une société où le crime organisé règne en maître. Charlie dépend de son oncle, mafieux, qui veut le placer à la tête d’un restaurant. Mais il doit aussi rendre des comptes à ses proches, tout en protégeant son meilleur ami, Johnny Boy (Robert De Niro), qui doit d’importantes dettes. Enfin, il cache sa relation avec Teresa, cousine de Johnny Boy et épileptique et que tout le monde dit « malade de la tête ».

Scorsese filme son quartier natal et les héros de son long métrage à la façon d’un documentaire, tout comme il l’avait auparavant fait avec Who’s that girl knocking at my door. La même musique rock rythme les deux films, mais avec Mean Streets, les choses ont plus d’ampleur, les personnages ont plus de consistance. Cet aspect "brut" et réaliste vient alors se heurter à la valse psychologique des personnages. Ainsi, à vouloir satisfaire tout le monde, Charlie se perd et court à sa propre perte. Englué dans un territoire dont il ne veut plus, il cherche désespérément de l’aide auprès de Dieu. Il n’y a que Johnny qui soit véritablement libre. Jeune chien fou, il fait, dit et crie ce qui lui chante. Il joue à l’idiot, fait la tête brûlée pour ne rien regretter. Peu lui importe la réputation, les remarques et les menaces de chacun. Il vit comme si demain n’existait pas.

Pas d’histoire dans Mean Streets mais un portrait à la fois vrai et psychédélique. La présence de la rue, palpable, sensorielle mais aussi, de façon, invisible, la puissance de la psyché. Charlie doute, et toutes ses craintes apparaissent à vif dans le film. Il s’engouffre de plus en plus et s’approche dangereusement du point de non-retour.

Tous les grands thèmes scorsesiens sont posés dans ce film. Les Rolling Stones sont déjà là et on sent pointer dans certaines scènes Les affranchis. Scorsese entre son passé et son avenir de grand cinéaste. Mean Streets est son premier pas dans la cour des grands.

Reprise : Aladin et la lampe merveilleuse, la version poétique de Jean Image

Posté par Claire Fayau, le 12 février 2011

L'histoire : Depuis son laboratoire dissimulé dans l’oeil du Sphinx, le Magicien d’Afrique complote pour retrouver la lampe merveilleuse qui garantit un pouvoir absolu à quiconque la possède. Le Génie des Ténèbres l’informe que la lampe est cachée dans un pays lointain et que seule une main innocente d’enfant peut s’emparer du trésor. Avec l’aide de son tapis volant, le Magicien voyage jusqu’à une ville remplie de minarets et de jardins merveilleux, où règne un sultan. Il y rencontre Aladin, un garçon pauvre qui vit seul avec sa mère. Se faisant passer pour l’oncle d’Aladin, le Magicien amadoue l’enfant pour servir ses desseins et l’entraîne dans sa quête de la lampe merveilleuse… (in DP)

Mille et une images... : Ce dessin animé de 1969 ressort sur nos écrans tandis que les films d'animation 3D envahissent les salles pour les vacances scolaires. Le contraste est saisissant : Jean Image (le créateur de Jeannot L'intrépide, une sorte de Petit Poucet mais aussi le réalisateur du Baron Munchausen en 1978, sur une musique de Michel Legrand) s'inspire du conte de fées (Les Mille et une nuits) en y ajoutant une touche de poésie toute personnelle. Les dessins sont lumineux, plus proches du culte Le roi et L'oiseau que de l'Aladdin de Disney (pourtant l'un des meilleurs du studio).

Ici , les chansons sont amusantes - plus proches du "Pudding  à l'arsenic" du dessin animé Astérix et Cléopâtre que des chansons d'amour de Disney. Cette rêverie animée devraient plaire aux plus grands par sa finesse, et émerveiller les plus petits. Il mériterait même quelques ateliers cinéma dans les écoles maternelles et primaires.

Ce spectacle enchanteur et fantaisiste, précurseur des créations de Michel Ocelot, est aussi vif que son héros et loufoque que les seconds rôles. Le film n'est as dénué d'énergie mais il reste avant tout un songe fantastique qui inspire une certaine nostalgie du travail artisanal dans l'animation..

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REPRISE LE 9 FÉVRIER 2011, COPIES NEUVES RESTAURÉES

Cannes 2010 : la sélection « classe » de Cannes Classics

Posté par vincy, le 27 avril 2010

Copies restaurées, films légendaires de la Croisette, cinéastes injustement oubliés, Cannes Classics présente cette année des grands films, tous genres confondus, mais aussi des portraits de grands noms du cinéma.

- Le Baiser de la femme-araignée (Etats-Unis / Brésil, 120’) d’Hector Babenco, (Prix d’interprétation masculine – Cannes – 1985). Copie restaurées, en présence de l’équipe du film à l’occasion de son 25e anniversaire. Le film prochainement ressort en France (Carlotta Films).

- Tristana (Espagne/France/Italie, 99’ 1970) de Luis Buñuel, sélectionné à Cannes en 1970, sera projeté dans le cadre d’une célébration du cinéma espagnol. Le film sera présenté par Pedro Almodovar.

- La Bataille du Rail (France, 1946, 82’) de René Clément, Prix du Jury en 1946, restaurée par l’INA et Full Images, sera projetée en présence de Mme. Johanna Clément.

- La campagne de Cicéron (France, 111’, 1989) de Jacques Davila, décédé en 1991 en présence de l’équipe du film, reconstituée pour l’occasion. Le film ressort en DVD chez Carlotta.

- Le grand amour (France, 87’), en compétition à Cannes en 1969, réalisé et présenté par Pierre Etaix.

- Psychose (Etats-Unis, 109’, 1960) d’Alfred Hitchcock. Copie restaurée par Universal Pictures et Audionamix. A noter que le film fait l’objet d’une restauration/reconstruction de la bande-son.

- African Queen (Etats-Unis / Royaume-Uni, 105’, 1951) de John Huston. Copie restaurée, parrainée par Angelica Huston.

- Au petit bonheur (France, 102’, 1946) de Marcel L’Herbier. Copie restaurée.

- Boudu sauvé des eaux (France, 85’, 1932) de Jean Renoir, une restauration présentée par Pathé dans une version inédite qui réintègre une scène coupée à l’époque. Copie restaurée par la Cinémathèque de Bologne.

- Le Tambour (Allemagne, 140’) de Volker Schlöndorff, Palme d’Or en 1979, restaurée et remontée par Kinowelt dans une « director’s cut » présentée par l’auteur.

- La 317e section (France, 94’), Prix du Scénario en 1965, copie restauré, en présence de son réalisateur Pierre Schoendoerffer et du
Président de la Cinémathèque Costa-Gavras.

- Les Ruines (Inde, 102’) réalisé en 1983 par Mrinal Sen, doyen du cinéma indien qui sera présent à la projection.

- Le Guépard (Italie, 185’, 1963) de Luchino Visconti, Palme d’Or en 1963. Restauré en association avec la Cinémathèque de Bologne

La World Cinema Foundation, fondée à Cannes par Martin Scorsese en 2007, présente : La Flute de roseau d’Ermek Shinarbaev, (Kazakhstan, 96’, 1989), Deux filles dans la rue d’André de Toth (Hongrie, 85’, 1939,) et Une rivière nommé Titash de Ritwik Ghatak (Inde, 158’, 1973). Les copies ont été restaurées par la Cinémathèque de Bologne / l’Immagine Ritrovata.

Côté documentaires, on appréciera Hollywood Don't Surf (Etats-Unis, 2010, 85’) de Greg MacGillivray, avec des témoignages, entre autres, de John Milius et de Steven Spielberg ; Cameraman : The Life and Work of John Cardiff (Royaume-Uni, 2010, 90’) de Craig McCall ; ... Mais le cinéma reste ma maîtresse (Suède, 2010, 66’) de Stig Bjorkman, edeuxième volet d’images inédites de - et par - Bergman, document produit par l’Ingmar Bergman Foundation. Et Toscan d’Isabelle Partiot-Pieri (France, 2010, 90’) brillant « autoportrait
posthume » de Daniel Toscan du Plantier, producteur français, disparu en 2003.

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(avec communiqué de presse du festival de Cannes)

La librairie spécialisée Cinedoc ferme…

Posté par vincy, le 21 septembre 2009

Enfin pas tout à fait. Ce qui est certain c'est que la librairie spécialisée dans le cinéma - affiches, photos, revues, livres, dossiers de presse, DVD, cartes postales ... - a abandonné le Passage Jouffroy, près des Grands Boulevards, à deux pas de la sortie du Musée Grévin.

Malgré une restauration récente, après 20 ans d'existence, le 4 septembre dernier Cinédoc a fermé. Laissant la place à des travaux (déjà entrepris) pour une future galerie / boutique de photographies.

Cependant la librairie va survivre et même renaître. Survivre car elle proposera sur son site internet ouvert en 2006 la même offre qu'auparavant. Renaître sous la forme d'un "corner" au 1er étage du cinéma Le Nouveau latina, dans Le Marais. Récemment le cinéma a été repris par le groupe Carlotta.

La concurrence reste rude sur ce créneau très restreint. Outre les grands réseaux comme la Fnac et Virgin, les librairies des MK2 ou celle de la Cinémathèque rivalisent avec les anciennes boutiques spécialisées.

Pierre Etaix récupère (enfin) cinq de ses films

Posté par vincy, le 30 juin 2009

etaix1.jpgPremière victoire après de nombreuses défaites Le cinéaste Pierre Etaix est devenu ces derniers mois un symbole de la défense du droit d'auteur. Etaix a remporté un Oscar en 1963 avec son court métrage Heureux anniversaire co-signé avec Jean-Claude Carrière et a réalisé cinq longs métrages. Homme de cirque et dessinateur, amateur de burlesque à l'instar de son ami Jerry Lewis, il fut aussi l'assistant-réalisateur de Jacques Tati sur Mon oncle

Vendredi 26 juin , le Tribunal de Grande instance de Paris l'a autorisé à recouvrer les droits sur cinq de ses films que lui contestaient depuis 2007 la société Gavroche Productions, qui n'a jamais exploité ses longs-métrages. La décision du tribunal étant exécutoire, les négatifs sont déjà partis aux Archives françaises du film (AFF) pour des vérifications techniques, notamment les éléments sonores.

Flash-back en 2004. Pierre Etaix et le scénariste Jean-Claude Carrière entrent en négociation avec la société Gavroche Productions, en vue de restaurer et d'exploiter quatre films qu'ils avaient co-écrits : Le Soupirant, Yoyo, Tant qu'on a la santé et Le grand amour, en plus d'un autre écrit par Pierre Etaix seul, Le pays de Cocagne. Ils signent un contrat de cession de droits d'auteur, donnant ainsi l'intégralité des droits sur les cinq oeuvres réalisées entre 1963 et 1970. Ce contrat, proposé par l'ancienne avocate du réalisateur, Me Francine Wagner-Edelman, cédait à la société Gavroche Productions, gérée par le producteur Alain Wagner, frère de l'avocate, les droits exclusifs de restauration, de représentation et d'exploitation des cinq longs métrages pour le monde entier. Mais la société de production ne leur avait adressé en retour aucun document d'acceptation. Deux ans et demi plus tard, les auteurs avaient donc fini par considérer que, faute d'engagement ferme de la part du producteur, le contrat était caduc.

etaix21.jpgUn contrat annulé et 10 000 euros de dommages 

Cependant Gavroche Productions s'est dépêché de contester cette interprétation, et, dès janvier 2007,  elle fait publier le contrat au Registre public de la cinématographie et de l'audiovisuel (RPCA). En réplique messieurs Etaix et Carrière engagent une action en justice en décembre 2007, soutenus par la SACD. Le TGI vient de leur donner raison, "en l'absence de consentements valablement échangés" et a prononcé la "nullité du contrat de cession de droits d'auteur publié au RPCA".

Le tribunal a aussi débouté la société de productions des poursuites de contrefaçon qu'il avait engagées contre la Fondation Groupama GAN pour le cinéma à qui elle reprochait d'avoir fait restaurer les négatifs de Yoyo et présenté le film lors de projections publiques en 2007 (Festival de Cannes, du Festival du cinéma de Paris). Gavroche productions devra d'ailleurs verser 10 000 euros de dommages et intérêts à la Fondation pour procédure abusive.

Pourtant ce même TGI de Paris avait créé la polémique. Le 28 novembre dernier, il avait rejeté vendredi la demande formée par Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière, de "restaurer et d'exploiter non commercialement" ceux-ci. Tout en reconnaissant "l'importance pour le patrimoine cinématographique français des oeuvres en cause", le Tribunal avait estimé qu'un tel argument est "sans portée" sur le contentieux qui oppose les demandeurs à la société Gavroche Productions. En revoyant l'affaire, afin que le dossier soit jugé sur le fonds, il a laissé les milieux culturels s'emparer rapidement du sujet, devenu depuis une affaire politique. "Je me battrai jusqu'à la mort pour qu'aucun autre auteur ne subisse ce que je vis", avait alors affirmé Pierre Etaix, dont le ton inhabituellement tragique contraste avec les oeuvres burlesques.

etaix3.jpg 56 000 signatures pour la pétition 

Car depuis, aucun de  ces cinq films puissent ne peut-être exploité ou restauré. La ministre de la Culture et de la Communication de l'époque, Christine Albanel, a souhaité une "issue rapide" du conflit juridique qui empêche la nouvelle sortie en salles des films de Pierre Etaix et a réaffirmé son "soutien moral" au cinéaste. Elle avait reçu une délégation, conduite par le comédien Jacques Weber et composée de Tom Novembre, Christophe Malavoy, Cabu et Jean-Paul Rappeneau qui lui avait remis une pétition de 56 000 signatures appelant à favoriser la diffusion des films de Pierre Etaix.

Etaix, 80 ans, a très mal vécu cet épisode. Accablé, il spérait que ses oeuvres très estimées soient diffusées de nouveau au plus grand nombre de son vivant. La décision de novembre dernier était pour beaucoup incompréhensible. Le cinéaste avait en plus trouvé un partenaie, la Fondation Thomson, qui s'engageait à restaurer les quatre négatifs à ses frais, et ne demandait ue le droit de sauvegarder son oeuvre. Des distributeurs réputés pour leur travail pour les films de patrimoine, Wild Side et Carlotta, avaient fait des offres fermes pour exploiter ces films et Arte souhaitait les diffuser lors d'une rétrospective. Cette demande pouvait aussi se ressentirsur les marchés internationaux.

Aussi les amis du cinéastes ont-il décidé de jouer l'opinion conte le système. Mise en ligne sur le site internet d'Etaix, une pétition avait recueilli près de 19 000 signatures, dont celles de Woody Allen et David Lynch, en quelques jours, avant de tripler son nombre grâce aux réseaux sociaux et à Internet. Le monde du cinéma belge s'est mobilisé le 18 novembre 2008 lors d'une soirée de soutien organisée au théâtre de la Toison d'or à Bruxelles.

C'est donc la fin d'un imbroglio juridique. Même si Gravroche peut faire appel d'ici un mois, on peut espérer (re)voir les films de Pierre Etaix en version restaurée prochainement. "Ce n'est que justice ! J'espérais ce dénouement heureux, j'ai attendu bien longtemps", a déclaré de son côté à l'AFP Pierre Etaix, vendredi dans la soirée. "Mon souhait est avant tout que mes films ressortent en salles et pour cela qu'ils soient restaurés au plus vite" a-t-il dit, ajoutant : "ce cinéma-là franchit très bien les frontières, car il n'a pas besoin de sous-titres".

La Chine d’Antonioni, comme on ne l’a jamais vue !

Posté par Claire Fayau, le 11 avril 2009

la chine cina antonioniRetour sur le Grand Bond en Avant...
Mercredi 8 avril, la Chine - Chung Kuo – Cina de Michelangelo Antonioni sont resortis au cinéma et en double DVD collector. Une oeuvre documentaire à ne pas manquer.

L'histoire : "En 1972, au plus fort de la Révolution culturelle maoïste, legouvernement chinois invite Michelangelo Antonioni à réaliser un documentaire sur la Nouvelle Chine. Le cinéaste se rend pendant huit semaines avec une équipe de tournage à Pékin, Nankin, Suzhou,Shanghai, et dans la province du Hunan. Il en résulte un monument detrois heures et demie, composé en trois parties."

En quelques mots: La Chine a été interdit en Chine, accusé d'être "antichinois"par le Quotidien du Peuple... Il fallut attendre 30 ans pour que le film soit diffusé officiellement à Pékin. Forcément curieux de découvrir ce documentaire censuré, nous nous interrogeons sur les raisons de cette interdiction par les autorités chinoises.

Tout coule dans ce film fleuve. Sous le charme , nous succombons à cet "acte d'amour", qui n' apas grand chose d'un brulôt politique. La vie quotidienne des Chinois à l' époque de Mao livre de belles images, d'authentiques visages. Certaines scènes sont cocasses (comme la danse des enfants) ou étonnantes (le taichi en pleine rue, pour n'en citer qu'une) ou même choquantes (la césarienne sous acupunture, par exemple).

Le coffret DVD offre un livret de 36 pages intitulé "Retours sur Antonioni, Mao et l'influence des images ". L' éditeur Carlotta propose aussi deux analyses du film : l'une de Carlo Di Carlo, le complice du maitre qui a supervisé cette édition et a présenté le film en Chine (Le Regard imposé, 24 mn) et l'autre de Pierre Haski (La Chine de Mao, 26 mn), journaliste spécialiste du monde chinois et fondateur de Rue 89.