Entre Football et Dictature

Posté par geoffroy, le 31 mars 2008

Dernière journée du festival 7ème Rencontres avec le cinéma d’Amérique Latine et de la Caraïbe pour Ecrannoir. Premier film de fiction. Sortie en décembre 2007 sur les écrans français, L’année où mes parents sont partis en vacances raconte, non sans tendresse, le parcours initiatique d’un jeune adolescent brésilien abandonné dans la ville de Sao Paulo par des parents contraints de fuir précipitamment l’oppression militaire d’un régime dictatorial. Nous sommes en 1970. La coupe du monde de football se rapproche et le Brésil retient son souffle. Une de ses plus belles équipes s’apprête à écrire l’histoire et rythmera les aventures de cet enfant livré à lui-même.

Cao Hamburger signe un film intimiste, tout en retenu, dans la fraîcheur oppressante d’une vie bouleversée par le contexte sociopolitique d’un pays en crise. Convenu dans son traitement, le réalisateur soigne son écriture pour aborder les différents sujets traités – vie dans un quartier de Sao Paulo, communauté juive, coupe du monde de football, émancipation du jeune garçon, réalité politique – entre légèreté et gravité. Si l’aspect politique n’est pas abordé frontalement, cette dimension reste néanmoins palpable dans ce nouvel environnement, au départ tendu, mais que le jeune adolescent devra apprivoiser. Et c’est sans doute la plus grande réussite de ce petit film sans prétention qui transpose parfaitement la confrontation d’un garçon de 12 ans dans un monde sans repère qui ne fonctionne plus comme prévu. Entre le décès de son grand-père, la relation avec son voisin de palier (vieux monsieur de confession juive) et les liens d’amitiés qu’il tisse avec les habitants du quartier, le film capte dans le silence des craintes et des joies éphémères, la pesanteur d’une société qui s’autorise encore à vivre, à espérer, à aimer.

Si l’enchaînement des situations et autres évènements reste convenu jusqu’au dénouement classique d’un film évitant habilement tout pathos, la relation qu’entretient le garçon avec les différents personnages nous touche sincèrement. A la fois drôle et pudique, L’année où mes parents sont partis en vacances est un écho profond au Brésil de Pelé dans sa ferveur populaire et son amour de la liberté.