Cannes en livres: « Vadim, le plaisir sans remords », fantasme glamour d’une époque

Posté par vincy, le 25 mai 2017

Le pitch: Il s'agit d'un portrait du cinéaste français Roger Vadim, mondain et playboy, artiste d'une époque révolue où l'on croise Brigitte Bardot et Jane Fonda.

Le style: Clément Ghys n'a pas voulu faire une biographie. Il préfère fantasmer sur une période qu'il n'a pas vécue, glamour et élégante, tout en mettant en lumière les zones d'ombre de la vie et la carrière de Roger Vadim. Personnalité nonchalante et Casanova insatiable, ce Vadim est "sensationnel", avide de corps, de femmes, de désirs, comme l'écrit le jeune journaliste. C'est un récit littéraire, pointilliste et pas exhaustif, psychologique plus qu'hagiographique. Ponctué d'apparitions, l'histoire de cet homme est comme un miroir d'une masculinité disparue, et le parfait reflet d'un mirage où tant d'étoiles se sont perdues.

La remarque: Clément Ghys était critique à Libération avant de prendre la direction des pages culturelles du magazine M Le Monde. C'est son premier roman. Notons que son éditeur a aussi publié Parlez-moi encore de lui, de Lisa Vignoli, autre trentenaire qui se penche sous forme littéraire sur le destin d'un homme de cinéma complexe, Jean-Michel Gravier, et d'une période qu'elle n'a pas connue, les années 80.

Vadim, le plaisir sans remords, de Clément Ghys. Paru chez Stock le 3 mai.

Cannes en livres : « Double vague », pour comprendre le nouveau cinéma français

Posté par vincy, le 23 mai 2017

Le pitch: C'est une enquête qui donne la parole aux cinéastes français de double culture et issus des quartiers populaires, à partir d'une centaine d'interviews réalisées entre 2005 et 2016.

Le style: Claire Diao fait parler Houda Benyamina, révélée l'an dernier à la Quinzaine des réalisateurs avec Divines (Caméra d'or), Franck Gastambide, qu'on ne présente plus et qui sera la star et le réalisateur du prochain Taxi prévu dans les salles au printemps 2018, Jean-Pascal Zadi, Alice Diop, Maïmouna Dacour, Steve Achiepo, Ouleya Amamra, Mehdi Idir, Rachid Djaïdani, Djinn Carrénard, Kim Isker, Jalil Naciri, Julien Abraham, Hicham Ayouch ou Mohamed Hamidi. Souvent autodidactes, souvent primés dans les festivals internationaux, ces auteurs de cette nouvelle Nouvelle Vague montrent surtout comment ils veulent se débarrasser des clichés autour du cinéma de banlieue. Entre réalisme et audace, en misant sur la diversité, le livre est avant tout une prise de parole salutaire alors que pour beaucoup, ils avaient "assimile? le fait qu’e?tre Franc?ais c’est e?tre Blanc, e?tre belle c’est e?tre blonde, e?tre intelligent c’est ne pas avoir d’accent, e?tre basane? ou musulman c’est e?tre me?chant ou de?linquant."

La remarque: Claire Diao, journaliste et critique de cinéma franco-burkinabè, a collaboré au Bondy Blog, a expliqué le titre de son livre ainsi: "Double, parce que défendant la double culture de ceux qui l’entourent ; vague, parce que déferlant sur un cinéma français considéré comme trop parisien, trop «rive gauche», trop dans l’entre-soi."

Double vague : le nouveau souffle du cinéma français, de Claire Diao. Paru Au Diable Vauvert, le 18 mai.

Cannes en livres: « L’année du cinéma 2027  » pour délirer

Posté par vincy, le 21 mai 2017

Le pitch: 250 synopsis de films plus absurdes et drôles les uns que les autres, par des cinéastes réputés, inventés ou improbables. Tout est évidemment fictif.

Le style: C'est concis, ludique, mytho, parfois tiré par les cheveux ou hautement fantaisiste. Benoît Forgeard nous projette en 2027, mercredi après mercredi, avec "les films du futur à ne pas manquer". Tout un programme. Avec des étoiles pour juger de la qualité de ces films qui n'existent pas. Alors penchons-nous plutôt sur quelques chefs-d'œuvre à venir: Bien choisir ses lunettes (pour) de Bénabar, film financé par une grosse boîte d'optique, International Movie Database de Terrence Malick, avec Hugh Grant, adaptation du célèbre site web, Le cul de Bruno Dumont, où une fille hésite entre se lancer dans le porno et son amour pour la musique médiévale, A pleurer de rire qui rassemble les fragments inédits d'un film inachevé de Théo Angelopoulos, Le Pen, biopic de Mairlou Chambart avec Richard Anconina dans le rôle de l'homme politique, ou encore Trip to the End of the Night, film d'ouverture de Cannes 2027, adaptation du Voyage au bout de la nuit de Céline, par Guillaume Canet et avec Omar Sy en vedette. Et on n'oubliera pas le Casimir des frères Dardenne.

La remarque: Benoît Forgeard compile ici ses petites pastilles publiées dans un premier temps dans le magazine Sofilm.

L'année du cinéma 2027 de Benoît Forgeard. Coédité par Sofilm et Capricci le 3 novembre 2016.

Cannes en livres: « Ces années-là », chroniques journalistiques de 70 festivals

Posté par vincy, le 17 mai 2017

Le pitch: Une cinquantaine de journalistes de la presse écrite, française mais aussi internationale, raconte une ou deux années de Festival depuis sa création.

Le style: Ces chroniques sont aussi variées que la plume de leurs auteurs (parmi lesquels quelques amis, soyons honnêtes). Et oui, aucun journaliste (critique de cinéma ici) n'écrit de manière identique (c'est rassurant) et aucun ne traite une année cannoise de façon similaire. Ces années-là est comme un recueil de nouvelles forcément inégal, ou un de ces films à segments dont on préfère toujours un auteur à un autre. On apprend parfois quelques anecdotes croustillantes dans un exercice à la fois encyclopédique et narcissique. Et certaines signatures manient l'ironie ou la passion avec un plaisir goulu. On navigue ainsi de souvenirs personnels (l'intimité qui se passe à Cannes reste à Cannes) à des jugements sur les films et les palmarès en passant par la petite histoire de ce grand récit.

La remarque: aucune photo. C'est un livre de textes. Une sorte de journal subjectif de 70 festivals, non illustré. Et pour cause, le livre-hommage, voulu par Thierry Frémaux et Pierre Lescure, a été initié tardivement, au début de l'hiver. On ajoutera que Claude Lelouch avait publié ses Mémoires sous le même titre.

Ces années-là, 70 chroniques pour 70 éditions du Festival. Sous la direction de Thierry Frémaux. Paru le 10 mai chez Stock.