Cannes : « Les nouveaux horizons du Cinéma » dans les salles de cinéma

Posté par MpM, le 3 avril 2014

Pour fêter sa 10e édition, l'Atelier de la Cinéfondation du festival de Cannes lance "Les nouveaux horizons du Cinéma", un cycle de projections qui se dérouleront dans une cinquantaine de salles en France entre le 18 et le 29 avril prochain. "Cette initiative, parrainée par la réalisatrice Claire Denis, a pour ambition de faire découvrir une nouvelle génération de cinéastes internationaux découverts et soutenus par la Résidence ou l’Atelier de la Cinéfondation" explique le communiqué. L'opération est amenée à se renouveler chaque année.

La sélection, entièrement composée de films tournés par des réalisateurs qui sont passés par la Résidence et l’Atelier de la Cinéfondation, se compose de neuf films dont Despues de Lucia de Michel Franco (Prix Un Certain Regard à Cannes en 2012), Les Chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (sélectionné à Un Certain regard en 2012), Fifi hurle de joie de Mitra Farahani (sélectionné à Berlin en 2013), ou encore Rêves d'or de Diego Quemada-Díez (Prix d'interprétation à Un Certain Regard en 2013).

Trois inédits figurent également dans la programmation, dont The Weight of Elephants de Daniel Borgman, et Frontier Blues de Babak Jalali.

"L'enjeu réel, au-delà du cycle, est d'offrir une nouvelle visibilité à un cinéma naissant - plus que jamais sacrifié par le rythme des sorties - et, à quelques semaines du Festival de Cannes, de mettre en lumière le rôle de la Cinéfondation tout au long de l'année, focalisée sur l'accompagnement et le développement de premiers films", explique la Cinéfondation.

Les internautes ont la possibilité de réserver la séance de leur choix dans les salles participantes sur le site iLikeCinema.com.

- Rêves d’or de Diego Quemada Diez (Mexique) - Prix d’interprétation Un Certain Regard Cannes 2013
- Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc) - Un Certain Regard Cannes 2013
- Despues de Lucia de Michel Franco (Mexique) - Prix Un Certain Regard Cannes 2012
- Fifi hurle de joie de Mitra Farahan (Iran) - Panorama Berlinale 2013 - Cinéma du réel 2013
- Chroniques d’une cour de récré de Brahim Fritah (Maroc) - Cinémed 2013
- La sociedad del semaforo de Ruben Mendoza (Colombie) - Festival d’Amiens 2013
- Carne de Perro de Fernando Guzzoni (Chili) - Cinélatina Toulouse 2013, Festival de la Rochelle 2013
- The Weight of Elephants de Daniel Borgman (Nouvelle-Zélande) - Forum Génération Berlinale 2013
- Frontiers Blues de Babak Jalali (Iran) - Locarno 2009

L’industrie cinématographique se demande toujours où sont les femmes

Posté par MpM, le 1 avril 2014

femmesLa question de la place des femmes dans l'industrie cinématographique semble revenir sur le devant de la scène avec la même régularité (et la même constance sournoise) que les allergies saisonnières. En mai 2012 déjà, l'absence de femmes dans les sélections cannoises faisait grincer les dents. En mai 2013, alors que des critiques virulentes s'étaient élevées face à la sélection d'une seule réalisatrice (Valéria Bruni-Tedeschi) en compétition officielle cannoise, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti avait commandé une étude sur le sujet au Centre national du cinéma.

A quelques semaines de l'annonce de la sélection du Festival de Cannes 2014,  les premières conclusions de l'enquête viennent de sortir. Sans surprise, on apprend qu'en 2012, seulement 23% des réalisateurs de longs métrages de cinéma français étaient des femmes et que moins d'un quart des films agréés cette année-là ont été réalisés par des femmes.

Des chiffres à mettre en perspective d'une part avec ceux d'il y a seulement quelques années (18,4% de réalisatrices en 2008) et d'autre part avec ceux d'autres pays européens (18,4% à l'échelle européenne, 11,4% au Royaume Uni), pour mieux en appréhender la portée. Car si la situation française est franchement déséquilibrée, elle semble s'améliorer sensiblement au fil des ans et pouvoir, à terme, tendre vers une plus grande égalité entre réalisateurs et réalisatrices. Par ailleurs, en comparaison avec le cinéma européen dans sa globalité (et par extension le cinéma mondial), la France aurait plutôt tendance à montrer l'exemple.

Inégalités et clichés

Ce qui n'empêche nullement les remises en question, surtout au vu du reste de l'étude : femmes majoritairement présentes dans les métiers du cinéma traditionnellement considérés comme féminins (coiffeur-maquilleur à 76,6%, costumier-habilleur à 87,2% et  scriptes à 98,1%), films moins chers (devis moyen de 3,45 millions d'euros contre 5,66 pour les longs métrages réalisés par des hommes), rémunérations inférieures à celles des hommes (31,5% de moins pour une réalisatrice et rémunération horaire moyenne inférieure de 35,8%), etc.

Il paraît indéniable que le temps n'est désormais plus au constat, mais bien à l'action, en commençant par une évolution des mentalités. Dans une société où il n'est pas évident pour tout le monde de lutter contre les stéréotypes de genre, faire comprendre aux futurs professionnels qu'une femme peut être machiniste ou opératrice de prise de son ne semble pas complétement gagné, mais on part de si loin (4,3% de femmes machinistes, 3,1% d'électriciens...) que toute tentative est bonne à prendre.

De nombreux points restent par ailleurs à étudier pour comprendre la meilleure stratégie à adopter : l'enquête du CNC relève par exemple que le métier le plus mixte du cinéma est celui d'assistant réalisateur, avec 49,2% d'hommes et 50,8% de femmes. Mais quel pourcentage de chaque sexe passe lui-même à la réalisation et au bout de combien d'années ? Par ailleurs, si les budgets de films réalisés par des femmes sont inférieurs à ceux des films réalisés par des hommes, est-ce parce qu'elles parviennent moins facilement à les compléter, ou parce qu'elles travaillent sur des projets d'emblée moins coûteux ? Enfin, au-delà du pourcentage symbolique de femmes cinéastes, il serait intéressant de savoir quel pourcentage des femmes désirant tenter l'aventure y parviennent au final, et de le comparer à celui des hommes réalisateurs.

Des jurys au féminin à Cannes

En attendant, on est impatient de découvrir la sélection cannoise qui, quelle qu'elle soit, ne manquera pas de relancer le débat. Pour le moment, les femmes réalisatrices semblent devoir y être à l'honneur avec Jane Campion présidente du jury officiel, Noémie Lvovsky et Daniela Thomas dans le jury de la Cinéfondation et Andrea Arnold présidente du jury Nespresso de la Semaine de la Critique.

A suivre, donc. Mais une chose est d'ores et déjà certaine : il faut arrêter de blâmer le faible nombre de femmes réalisatrices pour justifier leur absence en compétition officielle. Même en prenant des hypothèses basses, il y a plus de 5% de films réalisés par des femmes de par le monde (ce qui correspondrait au 1 sur 20 de l'an passé). De plus, il serait  intéressant de considérer la sélection cannoise dans sa globalité avant de crier au scandale. En 2013, Valeria Bruni-Tedeschi était un peu l'arbre qui cachait la forêt (certes modestes) des 15 autres réalisatrices de longs métrages sélectionnées, toutes sections confondues.

Cinélatino 2014 : coup de coeur pour un film chilien

Posté par Morgane, le 26 mars 2014

marcela saidPour L'été des poissons volants - qui a reçu l’aide de Cinéma en Construction à CinéLatino en 2012 et a été présenté à Cannes dans la section de la Quinzaine des réalisateurs l’année dernière - la réalisatrice chilienne Marcela Said abandonne le documentaire pour se lancer dans son premier long métrage de fiction, mais reste néanmoins en territoire chilien.

Son film était présenté dans deux sélections : en ouverture de Cinéma en construction et en Panorama. Ce film est né d’une expérience personnelle. Lors d’un voyage, Marcela Said s’est rendue dans une très belle propriété du sud du Chili où il y avait une lagune. Elle souhaitait s’y baigner mais une femme le lui a interdit lui donnant comme explication que cette lagune était remplie de carpes et que son père y avait mis des explosifs pour les éliminer mais que cela n’avait pas fonctionné… Trouvant l’histoire hallucinante, Marcela Said décide alors de la transposer sur grand écran mais ne pouvant le faire sous forme de documentaire, qu’à cela ne tienne elle en profite pour se lancer dans sa première fiction.

La réalisatrice aborde ici encore un sujet hautement politique et  très contemporain de son propre pays. Mais elle a décidé de ne pas l'aborder sous la forme du documentaire pour l'approcher avec une plus grande liberté.

Pancho, grand propriétaire terrien, vit avec sa famille en plein territoire mapuche. La propriété se trouve au bord d’un lac plein de carpes qui obsèdent Pancho qui n’a alors qu’une idée en tête, s’en débarrasser! Manena, sa fille aînée, supporte de plus en plus mal l’attitude de son père vis-à-vis de la population locale mapuche.

La brume épaisse qui étreint le film du début à la fin et vient se poser doucement sur la surface du lac tout en s’accrochant tendrement aux cimes des montagnes et des arbres donne un aspect magique au film accentuant à la fois le côté pesant, métaphore du conflit en arrière-plan, jamais explicite mais toujours bien présent.

L’actrice qui interprète Manena est toute en justesse. Elle incarne à merveille cette jeune fille qui, comme toutes les filles de son âge, est confrontée au premier amour, au premier chagrin, au conflit avec ses parents, et se découvre en même temps une certaine conscience politique, de plus en plus en opposition avec les positions de ses parents et de son père en particulier.

Quant à la photographie elle est tout simplement sublime et c’est avec bonheur que l’on se laisse envelopper dans cette forêt épaisse mais qui n’a ici rien d’effrayant.

Le film sort le 23 avril en France, distribué par Cinémadefacto.

Québec – Prix Jutra 2014 : un palmarès musclé et sensible

Posté par emeline, le 24 mars 2014

louis cyr l'homme le plus fort du monde

Un mois après les Oscars, et le succès du film Dallas Buyers Club du cinéaste québécois Jean-Marc Vallée, c'est au tour des Jutra de récompenser les talents du 7ème art de la Belle Province.

Hier soir, à Montréal, la 16ème soirée des "César" québécois a mis à l'honneur les deux plus gros succès du box-office 2013 : Louis Cyr : l'homme le plus fort du monde de Daniel Roby (4M$CAN au box office) et Gabrielle de Louise Archambault (1,2M$CAN au box office). Les deux films se sont partagés 14 prix!

Le premier raconte l'histoire vraie au XIXe siècle d'un fils d'ouvrier analphabète, doté d'une force hors du commun. Le biopic a remporté pas moins de neuf prix, dont celui du meilleur film, du meilleur acteur pour Antoine Bertrand, qui interprète le héros, et du meilleur acteur dans un second-rôle pour Guillaume Cyr. Un record digne des exploits de Louis Cyr.

Il est suivi de près par le film Gabrielle, deuxième long-métrage de la réalisatrice canadienne Louise Archambault, dont le film Familia avait déjà remporté le prix du meilleur premier film canadien au Festival du film de Toronto en 2005. Ce drame intimiste sur les amours interdites de Gabrielle et Martin, qui souffrent tous deux de déficience mentale, a ravi cinq récompenses : meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur montage, et meilleure actrice dans un second rôle (Mélissa Désormeaux-Poulin). Le film avait remporté le prix Ecran canadien du meilleur film il y a quelques semaines (lire notre actualité).
Il a aussi été nommé dans la catégorie « Film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec ». La remise de ce prix a été précédée d'une vidéo montrant des acteurs américains comme Vanessa Paradis, Hugh Jackman, Vince Vaughn, Jake Gyllenhall et Dustin Hoffman rendre hommage aux cinéastes québécois  Jean-Marc Vallée, Ken Scott et Denis Côté.

Le film de ce dernier, Vic + Flo ont vu un ours, nommé dans quatre catégories, a toutefois remporté le prix de la meilleure actrice pour Pierrette Robitaille dans le rôle de Victoria. Le film avait été en compétition au Festival de Berlin en 2013.
Autre surprise : le pourtant favori Démantèlement de Sébastien Pilote, avec ses sept nominations, n'a été récompensé que pour sa photographie. Le film avait été présenté à la dernière Semaine de la Critique du Festival de Cannes et distribué en France par Sophie Dulac en décembre 2013.

Le prix Jutra du meilleur court ou moyen métrage d'animation a été remis à l'illustrateur et musicien Joël Vaudreuil pour Le courant faible de la rivière. Celui du meilleur court métrage de fiction a, lui, été décerné à la jeune actrice Monia Chokri – qui a joué Marie dans Les Amours imaginaires de Xavier Dolan – pour Quelqu'un d'extraordinaire, son premier film en tant que réalisatrice.

En 2013, la part de marché des films québécois a progressé, passant de 4,8 % à 5,6 % des recettes du box office alors que le marché global a accusé une baisse de 5,5 % des recettes par rapport à 2012,

Trois itinéraires touristiques pour découvrir la Rome de La Grande Bellezza

Posté par vincy, le 16 mars 2014

la grande bellezza toni servillo

Paolo Sorrentino, Oscar du meilleur film en langue étrangère, est devenu citoyen d'honneur de la ville de Rome. Il faut dire que La Grande Bellezza était une publicité ouverte à la dolce vita romaine. La capitale italienne en a donc profité pour lancer des parcours touristiques qui relient les lieux montrés dans le film. Paris est déjà doté de tels itinéraires (le plus connu est celui d'Amélie Poulain) tout comme Stockholm (avec la trilogie Millenium).

La Grande Bellezza, pour ceux qui ne l'ont pas vu, est un hymne à la grande beauté romaine, qui contraste avec le déclin intellectuel d'une ville devenue mondaine et bling bling. Le film était en compétition au Festival de Cannes l'an dernier.

Comme le rapporte l'AFP, le maire de la ville, Ignazio Marino, a remercié l'artiste qui a filmé aussi bien "la magie de Rome, son magnétisme et son âme sublime et intime, sa force évocatrice et symbolique" (lire aussi notre actualité Un film, une ville : La Grande Bellezza et Rome). L'élu n'a pas oublié de souligner la perte d'influence de Rome dans le monde cinématographiques : salles de cinéma qui ferment, baisse des tournages (et notamment absence de tournages internationaux), crise à Cinecitta...

la grande bellezza rome tourisme Ce dimanche 16 mars, la mairie inaugure donc trois parcours piétonniers dédiés au film, faisant étape au total dans une trentaine de lieux emblématiques. "A la découverte de La Grande Bellezza" en trois temps:

Itinéraire 1 (3 h)
- Palazzo dei Penitenzieri
- Palazzo Sacchetti
- Palazzo Taverna
- Palazzo Altemps
- Piazza Navona (Palazzo Pamphilj, Eglise Sant'Agnese in Agone)
- Palazzo Braschi
- Palazzo Spada
- Muraglioni del Tevere da Ponte Sisto
- Tempietto del Bramante
- Fontanone
- Gianicolo

Itinéraire 2 (3h)
- Terme di Caracalla
- Casa Pino Casagrande Aventino (non visitable)
- Santa Maria del Priorato
- Santa Sabina
- Giardino degli Aranci
- Anfiteatro Flavio Colosseo/ Casa Jep Gambardella
- Musée Capitolini
- Angelicum
- Palazzo Brancaccio
- Scala Santa
- Cimetière monumental de Verano

Itinéraire 3 (2h)
- Palazzo Barberini
- Via Bissolati
- Via Veneto
- Villa Medici
- Villa Giulia

Enfin, pour ceux qui veulent s'imprégner plus longuement sur ces sites mythiques, Costantino D'Orazio a écrit La Roma Segreta del film La Grande Bellezza (éditions Sperling & Kupfer). Le livre est sorti le 20 février, en italien, mais il est disponible en livre numérique sur les plateformes françaises (Apple, Amazon...).

Deauville Asia 2014 : retour sur la compétition et le palmarès

Posté par kristofy, le 10 mars 2014

Zhanna Issabayeva NAGIMA festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.frLes films en compétition du 16e Festival asiatique de Deauville étaient au nombre de huit, mais pas un ne s’est imposé comme un gros coup de cœur unanime. Pourtant, il y a eu une certaine unanimité. Le public, la critique et le jury se sont entendus pour primer le film de Lee Su-Jin, Han Gong-Ju, déjà très récompensé dans plusieurs festivals.

Le jury, présidé par la réalisatrice Claire Denis, était composé de Roxane Mesquida, Florence Loiret-Caille, Gilles Marchand, Samir Guesmi et René Bonnell, a rendu son palmarès samedi 8 mars :

Lotus d’or: Nagima de Zhanna Issabayeva
Prix du jury ex-aequo: Ugly de Anurag Kashyap et Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix de la Critique:
Han Gong-Ju de Lee Su-Jin
Prix du Public: Han Gong-Ju de Lee Su-Jin

No man’s land du chinois Ning Hao (Crazy Stone) avait ouvert la compétition sur les chapeaux de roues : un jeune avocat citadin rentre chez lui au volant d’une voiture rouge récupérée de son client. Dans le désert, il sera poursuivi par plusieurs camions et plusieurs individus sans compter la présence d’une danseuse qui s’est collée à lui. Presque tout le film se déroule sur cette route au milieu du désert où durant presque deux heures, chacun à son tour, tous vont s’affronter avec une violence cartoonesque. Le film était en compétition à la dernière Berlinale.

uglyUgly de l’indien Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) était l’évènement attendu de la compétition. Le kidnapping d’une petite fille et l’enquête pour trouver le coupable vont déclencher une réaction en chaîne étonnante : un thriller haut en couleur. Un vrai film de "ripoux" que nous avions adoré à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes en 2013.

Toilet Blues, premier film de l’indonésien Dirmawan Hatta. C'est l'histoire d'un jeune homme qui aspire à devenir prêtre et qui rejette les avances d’une amie qui veut échapper à l’autorité de son père. Ce film a été le chemin de croix des spectateurs restés dubitatifs (il est pourtant signé du scénariste du très réussi The mirror never lies de Kamila Andini).

Steel cold winter du documentariste coréen Choi Jin-Sung est le récit de la rencontre entre un étudiant venu de Séoul dans un lycée de campagne avec une jeune-fille. Lui veut s'éloigner du suicide d’un camarade victime d’une rumeur ; elle sera elle-aussi victime de l’opinion des autres suite à un drame avec son père. Chacun va s’interrogre sur cette jeune-fille avant que ce garçon ne réagisse avec une effarante violence.

nagimaNagima de la kazakh Zhanna Issabayeva (Karoy) montre une jeune femme à qui l’on s’intéresse avec peine au début tant elle manque de relief. Le récit débute sans dialogue. Ce n’est qu’à partir du moment où sa meilleure amie enceinte doit être emmenée à l’hôpital que son personnage prend de l’épaisseur : élevée dans un orphelinat, cette jeune fille de 18 ans travaille dans un restaurant sans pour autant gagner assez d’argent pour le loyer et sa nourriture. Quand son amie disparaît en laissant au monde un bébé, elle va vouloir s’en occuper sans savoir ni pouvoir le faire…

Mater Dolorosa du philippin Adolfo Alix Jr. (Death March, sélectionné à Un Certain regard à Cannes en 2013) se regarde avec ses couleurs désaturées jusqu’au noir et blanc. Lourdes est une mère de famille autant crainte que respectée. Ses fils, qui ont des activités liées aux jeux d’argent et à la revente de voitures volées, ont des frictions avec des rivaux et la police. Quand un de ses fils est assassiné, elle leur interdit à tous de se venger, pour s’occuper elle-même du règlement de compte…

a capellaHan Gong-Ju (A Cappella) de Lee Su-Jin, autre film coréen de la compétition, raconte l’histoire d’une lycéenne qui est transférée dans une nouvelle école en cours d’année suite à un drame qui l’implique. Le film navigue entre son présent, avec de nouvelles amies, et son passé, pour faire découvrir au fur et à mesure ce qu’elle fuit. Le procès en cours pour un viol collectif change le regard des autres sur elle… le film a été primé à Marrakech (meilleur film), Pusan (prix du public) et Rotterdam (meilleur film).

Enfin, le dernier film en compétition, Trapped, de l’iranien Parviz Shahbazi (Deep Breath) raconte les mésaventures d’une étudiante en médecine trop gentille qui va aider sa nouvelle colocataire à sortir de prison pour un chèque sans provision, mais sa naïveté va lui attirer beaucoup d'ennuis.

Ce sont surtout les deux films Han Gong-Ju et Nagima qui étaient les favoris avant que le jury ne fasse connaître son choix, tandis Ugly et No man’s land ont aussi fait forte impression. Le palmarès qui les récompense n’est pas surprenant et représente bien les échos du Festival. Si Nagima gagne la plus haute récompense c’est Han Gong-Ju (un premier film) qui apparaît comme le favori de l'année en cumulant les prix du public, de la critique, et du jury, il sortira en salles sous le titre A Cappella à la fin de l’année.

jury et primés du festival cinéma asiatique deauville © ecrannoir.fr

Jeu concours – Le médecin de famille : gagnez 4 DVD!

Posté par redaction, le 5 mars 2014

Le Médecin de famille de Lucia Puenzo sort en DVD le 7 mars.

Le film, présenté à Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, a remporté 10 "Oscars" argentins (sur 15 nominations) dont meilleur film, meilleure réalisatrice et meilleur acteur.

C'est l'histoire d'un médecin allemand qui croise une jeune fille argentine à Bariloche, en Patagonie. Nous sommes en 1960 et Lilith a 12 ans mais elle ne grandit pas. Le médecin, dont on ne sait rien de son passé, charismatique et élégant, savant et riche, convainc la famille d'exercer des test génétiques sur la jeune fille pour que sa croissance démarre. Mais bientôt, l'identité de cet étrange homme va être révélée à toute la communauté.

Lucia Puenzo avait d'abord écrit cette histoire sous forme de roman (publié chez Stock en France). Elle en a fait un film tendu, émouvant et captivant.

Pyramide Vidéo vous offre 4 DVD. Il suffit de répondre par courriel à la question suivante (en mentionnant votre nom et vos coordonnées postales) : de quel grand cinéaste argentin, primé à Cannes et nominé aux Oscars, Lucia Puenzo est-elle la fille?

Oscars 2014 : 12 Years a Slave et Gravity dominent le palmarès

Posté par vincy, le 3 mars 2014

Il aura été difficile de départager les deux favoris de la 86e Cérémonie des Oscars (voir le palmarès intégral).

On pourra dire que 12 Years a Slave a gagné la récompense suprême, en plus du prix du meilleur scénario / adaptation et du meilleur second-rôle féminin. Trois statuettes pour 9 nominations. Bon ratio. C'est aussi la première fois qu'un producteur noir - le réalisateur Steve McQueen - gagne l'Oscar du meilleur film. La seconde fois qu'un scénariste noir emporte un Oscar lié à l'écriture d'un film (la première fois ne date que de 2009 avec Precious). La victoire de Lupita Nyong’o dans la catégorie du meilleur second-rôle féminin s'inscrit aussi dans les annales de l'événement : ce n'est que la 14e actrice noire à obtenir un Oscar et elle rejoint le club fermé (seulement 15) des comédiens oscarisés dès leur premier film. Enfin c'est également le deuxième Oscar du meilleur film pour Fox Searchlight, après Slumdog Millionaire. Et le premier Oscar pour Brad Pitt, coproducteur du film.

Gravity a gagné au volume. 7 Oscars (sur 10 nominations) : une invasion mexicaine. Le film rentre dans le cercle des films les plus récompensés (ils n'étaient que 25 à en avoir gagné autant ou plus). Alfonso Cuaron devient le premier cinéaste latino-américain à être consacré meilleur réalisateur. Il gagne aussi un deuxième Oscar dans la foulée en partageant celui du meilleur montage. Un an après l'Oscar du meilleur film pour Argo, Warner Bros continue d'être le seul grand studio à aligner blockbusters et films primés par l'Académie.

Parmi les autres faits notables :
- 3 Oscars pour Dallas Buyers Club dont celui du meilleur acteur à Matthew McConaughey, la star du moment, et du meilleur second-rôle masculin, Jared Leto, le revenant.
- 3 Oscars pour l'Australie à travers Cate Blanchett (meilleure actrice) et Catherine Martin (décors et costumes pour Gatsby le magnifique). Blanchett gagne ainsi son 2e Oscar (le premier était pour un second-rôle) et rejoint ainsi les 21 autres comédiens qui ont gagné dans les deux catégories. C'est aussi la seconde actrice à être oscarisée dans un film de Woody Allen, 36 ans après Diane Keaton dans Annie Hall
- La France repart avec l'Oscar du meilleur court métrage animé (Mr. Hublot)
- L'Italie assoit son pouvoir sur la catégorie du meilleur film en langue étrangère : La Grande Bellezza est le 14e film italien à remporter la statuette (le cinéma français est 2e avec 12 Oscars). Le cinéma italien n'avait pas gagné cet Oscar depuis La vita è bella en 1999.
- Enfin, avec la victoire de La Reine des neiges, Disney Animation gagne son premier Oscar dans la catégorie meilleur long métrage d'animation (qui existe depuis 13 ans). Le film a aussi ramené l'Oscar de la meilleure chanson dans son escarcelle.

Les deux grands perdants de la soirée sont évidemment Le Loup de Wall Street et American Bluff, qui repartent les mains complètement vides.

12 Years a Slave triomphe aux Independent Spirit Awards

Posté par vincy, le 2 mars 2014

A la veille des Oscars, 12 Years a Slave a quasiment tout raflé aux Independent Spirit Awards. Film, Réalisateur, second-rôle féminin, scénario, image : on voit là un avant-signe de ce que pourrait être la cérémonie des Oscars.

Pour une fois, les Spirit Awards ont été assez consensuels, répétant les palmarès des critiques, des Golden Globes et des différentes guildes : Blanchett, McConaughey et Leto font là encore figures de favoris pour les Oscars.

On notera que La vie d'Adèle, qui n'est pas oscarisable, a été récompensé par le prix du meilleur film étranger. Trois autres films cannois ont été honorés : Fruitvale Station, Mud et Nebraska.

Palmarès

Meilleur film: 12 Years a Slave
Meilleur réalisateur: Steve McQueen (12 Years a Slave)
Meilleur acteur: Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club)
Meilleure actrice: Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Meilleur second rôle masculin: Jared Leto (Dallas Buyers Club)
Meilleur second rôle féminin: Lupita Nyong’o (12 Years a Slave)
Meilleur documentaire: 20 Feet From Stardom
Meilleur scénario: John Ridley (12 Years a Slave)
Meilleure image: Sean Bobbitt (12 Years a Slave)
Prix John Cassavetes: This Is Martin Bonner
Meilleur film étranger: La vie d'Adèle
Prix Robert Altman: Mud
Meilleur premier film: Fruitvale Station
Meilleur premier scénario: Bob Nelson (Nebraska)
Meilleur producteurs: Toby Halbrooks et James M. Johnston
Meilleur montage: Nat Sanders (Short Term 12)

Sylvie Pialat reçoit le 7e Prix Daniel Toscan du Plantier

Posté par vincy, le 25 février 2014

sylvie pialat berlinale 2011Traditionnellement, le prix Daniel Toscan du Plantier est décerné quelques jours avant la cérémonie des César. Lundi 24 février, pour sa 7e édition, le prix a été remis à Sylvie Pialat.

Le prix Daniel Toscan du Plantier récompense le meilleur producteur de l'année. Sylvie Pialat, à la tête des Films du Worso, a produit L'inconnu du Lac d'Alain Guiraudie et La religieuse de Guillaume Nicloux. L'inconnu du lac a reçu le prix Un certain regard de la mise en scène et la Queer Palm au dernier festival de Cannes et il est nominé huit fois aux Césars. La religieuse était en compétition au Festival de Berlin 2013. Les films du Worso ont également coproduit Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme de de Corneliu Porumboiu, en compétition au dernier Festival de Locarno.

Après la mort de son compagnon Maurice Pialat, Sylvie Pialat, scénariste des films du réalisateur (Police, Sous le soleil de Satan - Palme d'or et Le garçu), se lance dans la production en 2003. Depuis, les films du Worso ont produit une trentaine de fictions (principalement des long-métrages mais aussi quelques court-métrages, documentaires et téléfilms), parmi lesquelles A perdre la raison, Maman, Bouquet final ou Meurtrières.

Elle est revenue à Berlin cette année avec le film événement L'enlèvement de Michel Houellebecq, de Guillaume Nicloux, et avec l'écrivain Michel Houellebecq. Le nouveau film d'Abderrahmane Sissako, Chagrin des oiseaux, tourné durant l'automne 2013, devrait être présenté au prochain Festival de Cannes. Elle reviendra en Afrique avec le nouveau projet de Joachim Lafosse sur l'affaire de l'Arche de Zoé (lire notre actualité de décembre 2012), qui se tournera à partir de la mi-mars.

Notons enfin que Sylvie Pialat avait rencontré Maurice Pialat sur le tournage d'A nos amours, produit par Daniel Toscan du Plantier (producteur de chacun des films du cinéaste par la suite). La boucle est bouclée.

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Les précédents récipiendaires du Prix Daniel Toscan du Plantier :
- 2008 : Claude Berri
- 2009 : (ex-æquo) Pascal Caucheteux ; Thomas Langmann
- 2010 : Pascal Caucheteux et Grégoire Sorlat
- 2011 : Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez
- 2012 : Alain Attal
- 2013 : Gaëlle Bayssière et Didier Creste