[We miss Cannes] Les 7 merveilles de Pedro Almodovar

Posté par vincy, le 19 mai 2020

Tandis que Ciné+ Emotion diffuse actuellement un Cycle Almodóvar, et Canal + propose son dernier film Douleur et Gloire, repassons-nous ses 7 films sélectionnés à Cannes. Seulement sept. "Je me souviens que Pedro Almodovar m'en a longtemps voulu de n'avoir pas sélectionné à Cannes Femmes au bord de la crise de nerfs. Je ne lui donne pas tort" écrivait Gilles Jacob dans Les pas perdus en 2013. Jacob se rattrapera en le nommant membre du jury en 1992.

Mais il aura donc fallu attendre 1999 pour voir le 13e film du cinéaste espagnol à Cannes. Pedro Almodovar fêtait cette année-là ses 50 ans.

Si Cannes n'a pas eu deux de ses chefs d'oeuvres - Femmes au bord de la crise de nerfs et Parle avec elle -, le festival a rarement manqué le rendez-vous avec celui qui deviendra le président du jury en 2017. Le cinéaste espagnol le plus récompensé dans le monde depuis quatre décennies n'est pourtant reparti qu'avec trois trophées : le prix de la mise en scène (Tout sur ma mère), un prix du scénario et un prix d'interprétation féminine collectif (Volver) et un prix d'interprétation masculine (Douleur et gloire l'an dernier). Cela peut sembler injuste, sous-estimé. On gage qu'il aura un jour une Palme d'honneur à défaut d'avoir eu la Palme d'or.

1999 - Tout sur ma mère (compétition)

A coup sûr, une Palme d'or n'aurait pas été superflue pour cet immense mélodrame au féminin, qui remportera au cours de l'année Goyas, César, Oscar... Avec Cecilia Roth, Marisa Paredes, Candela Peña, Antonia San Juan, la jeune Penélope Cruz et Toni Cantó, ce récit généreux et tragique, sur le don et la perte, a marqué un virage dans la filmographie du cinéaste, l'emmenant vers des territoires plus mâtures, et des récits plus complexes.

2004 - La mauvaise éducation (hors-compétition, ouverture)

Un film noir par excellence. Almodovar aborde à la fois l'abus sexuel, l'emprise de la religion et les séquelles psychologiques des victimes. Gael García Bernal, Fele Martínez, Daniel Giménez Cacho, Lluís Homar et Javier Cámara composent toutes les nuances de cette passion sombre, où, pour la première fois, les femmes sont complètement absentes.

2006 - Volver (compétition)

Cette fois-ci, il revient avec un film choral au féminin, conviant son ancienne muse - Carmen Maura - et sa nouvelle - Penelope Cruz. Avec un sens impeccable de la mise en scène, du cadrage à la lumière, cette histoire de meurtre et de fantômes, de passé et de présent, de secrets et de mensonges, bouleverse de nouveau le public et place le cinéaste au-dessus du lot, une fois de plus.

2009 - Etreintes brisées (compétition)

Entouré de fidèles - Penélope Cruz, Lluís Homar, Blanca Portillo, José Luis Gómez, Lola Dueñas, Rossy de Palma - ce drame aux multiples références cinématographiques (principalement américaines) renvoie aux films d'Almodovar des années 1990, quand il se cherchait entre fiction et autobiographie, entre films noirs et récits obsessionnels. Une quête permanente où il tatonne à l'aveugle, comme son héros.

2011 - La Piel que habito (compétition)

Sans doute son plus grand film fantastique, à la fois terrifiant et tourmenté, avec le grand retour d'Antonio Banderas devant la caméra de Pedro. Le casting mélange nouvelles têtes et habitués: Elena Anaya, Marisa Paredes, Jan Cornet, Blanca Suárez, Roberto Álamo et Bárbara Lennie. Une fois de plus, Almodovar ne parvient pas à créer un personnage masculin sympathique dans cette histoire d'emprise et d'identité glaçante. Mais le cinéaste relève le défi d'un thriller psychologique de haute volée.

2016 - Julieta (compétition)

Film plus humble, et dans la lignée de ses récits tragico-romantiques, cette histoire de retour dans le passé, de regrets et de pardon, est porté par des acteurs assez neufs dans l'univers du cinéaste, qui cherche alors, sans doute, à se renouveler: Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Michelle Jenner, Darío Grandinetti et Rossy de Palma. Le réalisateur parvient surtout à prouver qu'il est un expert dans les récits voyageant dans le temps, sans perdre le fil des névroses de ses personnages.

2019 - Douleur et gloire (compétition)

Sans aucun doute, son film le plus personnel, le plus intime, et le plus audacieux. Formellement, avec toutes sortes d'astuces de mise en scène. Narrativement avec des ellipses et des allers retours dans différentes époques. Et bien entendu dans cette réalisation aride où Antonio Banderas, à son meilleur niveau, incarne son double et transmet tout ce qu'il faut d'émotion et de pudeur. Ne négligeons pas la lumière dans cette noirceur: une ode au cinéma, un hommage à sa mère (sublime Penelope Cruz) et un hymne proustien sensuel sur les origines du désir. Enfin cette panne d'inspiration lui permet de filmer les hommes avec un autre regard.

Bonus: 2014 - Les Nouveaux sauvages (compétition) - producteur

Film à sketches argentin sur la rage et la colère qui régissent le monde contemporain, les inégalités et les injustices qui poussent à se révolter quitte à réveiller l'animal en soi, cette comédie noire de Damián Szifron s'avère hilarante sous sa moquerie et assez cynique si on gratte le vernis de ce délire jouissif. Avec El Deseo, Almodovar et son frère Agustin sont des producteurs respectés: ils ont notamment financé les films L'ange (Un certain regard), El Clan (Venise) ou La femme sans tête (en compétition à Cannes).

Cannes 2019 : La star du jour… Terrence Malick

Posté par wyzman, le 18 mai 2019

A 75 ans, Terrence Malick continue de fasciner. Très discret dans les médias, le réalisateur, connu pour son travail d’orfèvre sur la composition de ses plans et les montages et mixages sonores, en est à sa troisième sélection officielle.

En 1979, il surprenait avec Les Moissons du ciel (Prix de la mise en scène) avant de mettre la concurrence K.O. en 2011 avec The Tree Of Life (Palme d’or).

Cette année, Terrence Malick présente Une vie cachée, film de guerre centré sur le destin de Franz Jägerstätter, seul homme de son village à voter contre l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie en 1938. Au casting, on retrouve August Diehl, Michael Nyqvist, Matthias Schoenaerts et Bruno Ganz.

Iran: le cinéaste Mohammad Rasoulof privé de passeport et convoqué par la justice

Posté par vincy, le 20 septembre 2017

Grand prix Un certain à Regard à Cannes en mai dernier avec Lerd (Un homme intègre), le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof a reçu une invitation à se présenter devant la justice de son pays après s'être vu confisquer son passeport à l'aéroport de Téhéran, selon une dépêche de l'AFP publiée dans la soirée du mardi 19 septembre.

Depuis ce prix, Mohammad Rasoulof était rentré par deux fois en Iran sans rencontrer de difficultés. Cette fois-ci, il revenait des Etats-Unis.

Vendredi 15 septembre, le réalisateur "a été retenu pendant deux heures à l'aéroport et on lui a confisqué son passeport sans lui fournir la moindre explication", a déclaré à l'AFP Kaveh Farnam, coproducteur d'Un homme intègre. Le film doit sortir le 6 décembre en France, distribué par ARP Sélection. Il vient d'être présenté au festival de Telluride. "On lui a donné une lettre l'invitant à se présenter en personne au parquet chargé des médias et de la culture. Il s'y rendra probablement la semaine prochaine" a ajouté le producteur.

Jamais deux sans trois

On ignore pour l'instant les griefs retenus contre le cinéaste. Déjà, en 2011, il n'avait pas pu quitter le pays pour aller chercher son prix de la mise en scène Un certain Regard pour son film Au revoir, présenté au Festival de Cannes. Quelques mois plus tard, il avait été condamné à un an de prison pour "activités contre la sécurité nationale et propagande", simultanément à la condamnation de Jafar Panahi (six ans de réclusion pour le même motif).

Deux ans plus tard, en 2013, l'Iran avait de nouveau confisqué son passeport alors qu'il devait se rendre dans un festival allemand.

Cette fois-ci, on voit bien ce qui a pu gêner les autorités iraniennes.

Un homme intègre est une histoire dénonçant la corruption et l'injustice dans le pays. Mohammad Rasoulof avait bien reçu l'autorisation de tournage, mais il avait du signer une lettre l'engageant à ne pas faire un film sans espoir. Comme son héros, le cinéaste ne semble pas porter sur le compromis.

Cannes 2017: Qui est Esther Garrel ?

Posté par cynthia, le 18 mai 2017

Dans la famille Garrel, je voudrais la fille... Être "une fille de" au sein d'une famille de cinéma ne facilite pas forcément la tâche. Ce n'est pas parce que l'on tombe dans la marmite du septième art que tout est facile, la preuve avec la jolie Esther Garrel, en vedette du film de son père L'amant du jour, présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs.

Petite-fille de Maurice Garrel, fille du réalisateur Philippe Garrel et de la comédienne Brigitte Sy, sœur de l'acteur Louis Garrel, Esther est la digne descendante d'une longue lignée d'artistes du grand et petit écran. N'allez pas croire que la douce brunette a fait ça par facilité: au contraire elle a dû se battre pour s'imposer dans le métier: "C'est à la fois tellement génial au quotidien et tellement dur à porter. À un moment donné, j'étais obsédée par ça!" confiait-elle à un magazine français.

L'actrice de 26 ans a tracé sa route seule avec ce poids sur les épaules. Même si ses premiers pas furent derrière la caméra de son père, c'est en solitaire qu'elle crève l'écran en 2011 dans L'Apollonide: Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello, en compétition à Cannes, en 2011. Cela fait déjà plus de dix ans qu'elle tourne. Pour son père, dans un court de son frère mais aussi avec des petits rôles dans La belle personne de Christophe Honoré, qu'elle a obtenu grâce au directeur de casting Richard Rousseau qui l'a contactée sur Myspace, Un chat un chat de Sophie Fillières, un téléfilm de Marion Vernoux (Rien dans les poches) et un court de Valeria Golino.

Une envie de s'affranchir

C'est d'ailleurs à partir de 2011 que tout s'enchaîne. Cette année là, on la croise aussi à Cannes pour17 filles de Delphine Coulin et Muriel Coulin ("C'est la première fois que je me suis sentie aussi à l'aise sur un plateau") et l'année suivante, à la Quinzaine, dans Camille redouble de Noémie Lvovsky. Elle y revient avec La Jalousie, signé de son père, puis en compétition avec Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Elle tourne aussi pour sa mère (L'Astragale), Romain Goupil (Les Jours venus). Esther, entre quelques courts métrages (dont Après Suzanne, en compétition à Cannes l'an dernier et nommé aux César cette année), fait confiance aux cinéastes de demain comme Caroline Deruas (L'indomptée, sorti en février), Luca Guadagnino (dans le film italo-américain Call Me By Your Name, présenté à Sundance et Berlin cet hiver) ou Nathan Silver (dans le film indé américain Thirst Street, qui vient d'être projeté à Tribeca).

A petits pas, elle se construit son propre itinéraire, fait de curiosités et d'audaces, sans frontières et s'éloignant progressivement de l'envahissant patronyme. Dans Clap Mag, elle avouait à propos de sa filiation : "En fait, je ne sais pas vraiment en quoi ça m'a aidé. Je pense que ça m'a plutôt pas mal desservi."

C'est d'ailleurs, peut-être, sans doute, pour cela que son plus beau personnage est celui de Jeunesse, de Justine Malle, une autre fille de, celle du cinéaste Louis Malle. Dans une interview, elle expliquait: "Dès la première lecture de ce scénario, tout m'est apparu fluide et évident. J'aimais la manière qu'avait Justine de parler d'une première expérience amoureuse au cœur d'un drame. Et je me suis vite trouvé beaucoup de points communs avec mon personnage. Comme elle, j'ai un grand frère et une petite sœur, un père cinéaste. Comme elle, je connais ce désir de se sortir de cet atavisme familial."

Aki Kaurismäki dit « adios » au cinéma

Posté par vincy, le 16 février 2017

Faut-il le croire? Aki Kaurismäki a-t-il un simple "bébé blues" post-film? Alors que L'autre côté de l'espoir (The Other Side of Hope) est le grand favori pour l'Ours d'or à Berlin cette année, où le film a été présenté il y a deux jours, le cinéaste finlandais affirme que ce sera son dernier film.

L'AFP rapporte un entretien qu'il a eu à la télévision finlandaise, Yle: "J'ai déjà dit ça mais cette fois c'est vraiment 'adios'. On est tout près de voir que ce film sera le dernier pour moi". Il explique: "Je suis fatigué. Je veux commencer à vivre ma propre vie, enfin."

Le cinéaste, également producteur, scénariste et monteur, n'a pourtant que 59 ans. Mais déjà 36 ans de carrière à son actif.

Plus surprenant, il avait affirmé que Le Havre et L'autre côté de l'espoir, ses deux derniers films, faisaient partis d'une trilogie. Le troisième film n'existera donc peut-être jamais.

Kaurismäki, considéré comme l'un des plus grands cinéastes européens contemporains a reçu le Carrosse d'or pour l'ensemble de sa carrière l'an dernier, le Grand Prix au Festival de Cannes et le Prix FIPRESCI du film de l'année à San Sebastian pour L'Homme sans passé, le Prix FIPRESCI à Cannes, le Prix Louis-Delluc et une nomination au César du meilleur réalisateur pour Le Havre, le Prix FIPRESCI à Berlin pour La vie de bohème et 14 prix pour lui seul aux Jussi (les César finlandais).

[20 ans de festival] Cannes 2016 : 2011 – Radicalité et esthétisme

Posté par vincy, le 20 mai 2016

Alors bien sûr, en 2011, il y a Dominique Strauss-Kahn. Une pipe forcée dans un hôtel avale toute l'actualité. Et puis après c'est Lars von Trier qui fait des siennes avec un point Godwin qui l'éjectera de la Croisette. En 2011, on a, pour la première fois, été rattrapé par le reste du monde. D'habitude, nous sommes dans notre bulle cannoise, coupés des informations, indifférents aux affres de la planète. Tout n'est que cinéma.

Cette année là, l'info en continu ne parlait pas de 7e art, même sur la Croisette. On dissertait sur un patron du FMI déchu et un cinéaste palmé dépressif.

Pourtant, on a vu de beaux films. L'Apollonide : Souvenirs de la maison close, Polisse, La piel que habito, Pater, We Need to Talk About Kevin, Habemus Papam et notre chouchou Le Havre. On se souvient alors des putes sublimées de Bonello, de Joey Starr dansant et pleurant, de la noirceur ambivalente d'Almodovar, de Vincent Lindon au naturel, du visage effaré de Tilda Swinton, l'errance amusante de Michel Piccoli et de ce film humaniste de Kaurismäki. C'est aussi là que commencera le destin incroyable de The Artist, ajouté à la compétition en dernière minute.

Le jury a préféré la radicalité d'Il était une fois en Anatolie, la luminosité du Gamin au vélo, et l'esthétisme de The Tree of Life. Ceylan, Dardenne, Malick. Un cinéma d'auteur pointu, où l'humain est piégé par ses émotions, ses sentiments, son conditionnement. Les trois films ont divisé, certains les adorant, d'autres les trouvant un peu trop évidents, déjà vus.

Un seul film finalement fera l'unanimité. Etrangement, il réconcilie tout le monde: les amateurs de genre et les nostalgiques du film noir, les esprits radicaux qui louent son aspect sans concession et les esthètes qui saluent son image, sa musique, son style. En 2011, il y avait DSK, LVT et Ryan Gosling dans Drive.

Cannes 2014: Qui est Alice Rohrwacher ?

Posté par vincy, le 18 mai 2014

Alice Rohrwacher

ALICE AU PAYS DES MERVEILLES

A 32 ans, Alicie Rohrwacher, italienne de Toscane au patronyme germanique, est l'une des grandes promesses du cinéma italien. Fille d'un père allemand et d'une mère italienne, elle a présenté son premier long métrage, Corpo Celeste, à la Quinzaine des réalisateurs en 2011. Trois ans après, son deuxième film, Les merveilles (Le Meraviglie) a les honneurs de la compétition cannoise. Elle y fait jouer sa soeur, Alba, déjà deux fois primée au Festival de Venise, et Monica Bellucci, qui signe ici son grand retour dans le cinéma d'auteur.

Corpo Celeste était une révélation. Pourtant, avant ce premier film, Alice a été monteuse, scénariste et réalisatrice de documentaires. Avec Corpo Celeste, on sent l'empreinte de son regard documentariste. Le film est comme une photographie du présent, réaliste. "Le documentaire a été pour moi une grande école qui m'a appris à me poser des questions et à prendre position" expliquait-elle au moment de la sortie de son premier film.

Le style de Rohrwacher est tout en retenue. Elle a misé sur l'élévation vers la grâce dans son premier film, honnêtement, humblement. Ceci est mon corps semble clamer son héroïne qui doit exister face à la famille et face à l'église, face à la vie et face à Dieu. Il y a surtout un regard laïc sur cette communauté catholique qui croit fidéliser ses ouailles en régressant culturellement. Un anticléricalisme assumé qui montre l'envers du décor d'une société italienne en perdition. Rohrwacher ne veut pas rassurer le spectateur. Elle ne veut pas donner de réponses. Elle aime susciter les interrogations, provoquer l'inquiétude.

Alice "pense que de la crise peuvent naitre des choses précieuses". Les merveilles est né de la crise. Après la Calabre, elle nous emmène en Ombrie. Son film parle de la famille, du déclin de la société, d'écologie dans un monde où l'étranger est dangereux et la télévision satanique. Le repli sur soi ou l'ouverture au monde. Tout un débat.

Nymphomaniac à la Berlinale : du buzz viral au flop dans les salles

Posté par vincy, le 8 février 2014

Lars Von Trier. Haine et passion. Ce coup-ci, le rejet l'a emporté. On l'avait quitté alors qu'il était chassé du festival de Cannes pour avoir dérapé lors de la conférence de presse de Melancholia (lire notre actualité du 18 mai 2011). Il s'était excusé mais avait été désigné persona non grata. Von Trier et Cannes, ce fut une longue et belle histoire, un parcours sans faute : 9 de ses films ont été en compétition entre 1984 et 2011. Il a obtenu une Palme d'or, un Grand prix du jury, un prix du Jury.

Aussitôt après ce Festival 2011, le cinéaste danois avait lancé son nouveau projet, Nymphomaniac. Il lui fallait rebondir, ne pas sombrer dans la dépression. Il écrit rapidement un synopsis. Trop rapidement sans doute. L'esprit est embrouillé par cette éviction du Festival de Cannes, par ses obsessions, par ses névroses. Mais il se lance dans l'exploration du sexe féminin.

Cartes postales

Durant deux ans, il alimentera lui-même le buzz, avec une campagne virale maligne : dévoilant par petites touches un film qu'on devine provocateur (scènes pornographiques, casting de stars, le sexe comme sujet). Au fil des mois, on apprend que le projet sera divisé en deux films, on découvre des photos où la nudité et l'érotisme ne font aucun doute, on nous révèle un poster digne d'une photographie de magazine de mode... Ca clique, ça like, ça retweete, ça se propage (lire nos actualités sur le film).

Nymphomaniac change alors plusieurs fois de dates de sortie. Finalement, le réalisateur choisit une avant-première dans son pays plutôt que d'attendre un grand festival pour accompagner la sortie. Sans doute persuadé que sur son seul nom et avec la dose de marketing insufflée depuis plus de deux ans, la curiosité l'emportera. La censure ne lui fait pas peur. En France, ça n'empêche pas le premier volet d'être interdit aux moins de 12 ans et le second aux moins de 16 ans (depuis il a changé de classification, suite à une décision de justice, il est désormais interdits aux moins de 18 ans, NDLR).  Ces interdictions suggèrent un aspect sulfureux, forcément vendeur donc, à un film pourtant très "frigide", dont les propos sans queue ni tête déroutent la critique habituellement très aimable avec lui.

Boomerang

Car, les critiques sont mitigées après la projection unique du premier épisode. Elles deviennent mauvaises, voire en colère, avec le second volume. Von Trier, traditionnellement protégé avec le Festival de Cannes, est à nu. Aucun grand média ne décide de mettre son nouveau film à la une ou en ouverture d'un cahier cinéma. L'indifférence est palpable.

Qui a pu croire qu'un cinéaste aussi singulier pouvait s'épargner la fastidieuse aide d'un grand festival? Surtout, et ça n'aide pas, le réalisateur a approuvé l'idée qu'on diffuse dans les salles une version coupée, censurée, pas trop choquante du premier volume. De quoi décevoir les attentes et repousser les curieux pornophiles. On s'attendait à une orgie, on a le droit à une analyse sur un divan, ponctuée de fantasmes clichés. Sans doute, tout cela a-t-il été écrit trop vite. Ou les médocs que le réalisateur avalent commencent à faire leur effet. Mais le résultat est clair : tout est brouillon.

nymphomaniacMoins bien qu'Antechrist

Pas étonnant dans ce cas que le premier film n'ait séduit que 130 000 spectateurs en France, après un démarrage moyen (49 000 entrées en 5 jours dans 109 salles). Le second a péniblement séduit 26 000 spectateurs en 5 jours. Il faut dire qu'entre l'échec du premier film, sorti il y a un mois, et l'interdiction aux moins de 16 ans du second, le distributeur a réduit la voilure : 72 copies uniquement.

On est donc très loin de Melancholia (410 000 entrées) et même d'Antechrist (150 000 entrées malgré son interdiction aux moins de 16 ans). Certes le film fait mieux que Manderlay (à peine 40 000 spectateurs). Mais avec autant de bruit, Nymphomaniac aurait pu espérer séduire davantage de spectateurs, dans un contexte où la fréquentation en janvier 2014 est repartie à la hausse.

4h30 pour un orgasme qui n'aura pas lieu

La version non censurée du premier volume va être projetée ce dimanche 9 février, hors-compétition, au Festival de Berlin. 145 minutes au lieu de 110. Les 35 minutes supplémentaires feront-elles la différence? Doit-on s'attendre à découvrir une version plus longue que les 124 minutes du volume 2 au prochain festival de Cannes?

Reste que ça ne comblera pas les pertes financières du studio Zentropa. D'autant que Nymphomaniac n'a pas été vendu partout dans le monde. Ironiquement, le 64e Festival de Berlin a invité Louise Vesth, la productrice de Von Trier, a discuter sur la difficulté de vendre des films qui ne sont pas accessibles au plus grand nombre de spectateurs. Cette discussion intitulée "How To Sell Uneasy Films?" aura lieu mercredi matin.

European Film Awards 2012 : la sélection de Berlin l’emporte d’un cheveu sur celle de Cannes

Posté par vincy, le 11 septembre 2012

12 films en provenance de la Berlinale, 11 arrivant de la Croisette, 6 de la Mostra de l'an dernier, auxquels il faut ajouter 10 films sélectionnés dans l'un des grands festivals européens (mention spéciale cette année à Karlovy Vary)... Sur les 47 films sélectionnés cette année pour concourir aux European Film Awards, les 3/4 proviennent de ces festivals, véritables pépinières à prix.

Parmi les "listés", notons la présence de Polanski, Haneke, Mungiu et Loach qui ont déjà remporté le prix du meilleur film aux EFA. Avec seulement trois films français en lice, difficile d'imaginer que Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, seul film hexagonal à avoir gagné le prix du meilleur film depuis 1988, aura un successeur tricolore. Intouchables devrait, cependant, assez logiquement, remporté le prix du public.

Géographiquement, l'Europe du sud est à la peine. Si aucun pays ne domine (26 réalisateurs de nationalités différentes sont représentés, 31 pays producteurs), seuls l'Espagne et le Royaume-Uni en placent trois chacun. Le bloc germanophone (5), la Scandinavie (5), l'Europe centrale et de l'Est (12, 14 si on compte la Russie)) dominent largement le reste de l'Europe (la méditerranée dans son ensemble, incluant Israël et la Turquie) résiste un peu avec 10 films). Ainsi des cinématographies comme l'Italie sont quasiment absentes.

On pourra toujours arguer que la moitié des films retenus sont des coproductions européennes. Il est d'ailleurs intéressant de noter que les capitaux français ont financé 15 films sur 47. Mais, le financement allemand est tout aussi rayonnant (ce qui explique également la domination du festival de Berlin cette année dans cette liste) avec, également 15 films.

Pour le prix du public, les internautes européens peuvent voter en ligne pour les films suivants : The Artist, Barbara, Indian Palace, César doit mourir, Hasta la Vista, Headhunters, In Darkness, Intouchables, La dame de fer, La taupe Des Saumons dans le désert et Shame.

Les nominations seront annoncées le 3 novembre à Séville (Espagne). Les prix seront remis le 1er décembre Malte.

Liste complète des films sélectionnés pour les nominations.

Berlin 2012
A Royal Affair de Nikolaj Arcel (Danemark) - Prix du meilleur scénario, prix d'interprétation masculine
Avalon de Axel Petersén (Suède)
Barbara de Christian Petzold (Allemagne) - Prix de la mise en scène
César doit mourir de Paolo et Vittorio Taviani (Italie) - Ours d'or
Diaz : Don't Clean up this Blood de Daniele Vicari (Italie/Roumanie/France)
Juste le vent de Bence Fliegauf (Hongrie/Allemagne/France) - Grand prix du jury
L'enfant d'en haut d'Ursula Meier (Suisse/France) - prix du jury
La parade de Sr?jan Dragojevi? (Serbie) - Prix du public Panorama
La taupe de Tomas Alfredson (France/Royaume-Uni/Allemagne)
Little Bird de Boudewijn Koole (Pays-Bas)
Tabou de Miguel Gomes (Portugal/Allemagne/Brésil/France) - Prix Alfred Bauer
The Woman who Brushed off her Tears de Teona Strugar Mitevska (EYR Macédonie/Belgique/Slovénie/Allemagne)

Cannes 2011
Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan (Turquie) - Grand prix du jury

Cannes 2012
A perdre la raison de Joachim Lafosse (Belgique/France/Suisse/Luxembourg) - Prix d'interprétation Un certain regard
Amour de Michael Haneke (Autriche/France/Allemagne) - Palme d'or
Au-delà des collines de Cristian Mungiu (Roumanie/France/Belgique) - Grand prix du jury
Dans la brume de Sergei Loznitsa (Allemagne/Russie/Lettonie/ Pays-Bas/Biélorussie)
De rouille et d'os de Jacques Audiard (France)
Djeca d'Aida Begic (Bosnie Herzégovine/Allemagne/France/Turquie) - Mention spéciale Un certain regard
La chasse de Thomas Vinterberg (Danemark) - Prix d'interprétation masculine
La part des anges de Ken Loach (Royaume-Uni/France/Italie) - Prix du jury
Paradis : Love d'Ulrich Seidl (Autriche/Allemagne/France)
Sueno Y Silencio de Jaime Rosales (Espagne/France)

Karlovy Vary 2012
Come as You Are de Geoffrey Enthoven (Belgique) - Prix du public
Gypsy de Martin Šulík (République Tchèque/Slovaquie) - Prix spécial du jury
Mort d'un home dans les Balkans de Miroslav Mom?ilovi? (Serbie)
Poupata de Zden?k Jiráský (République tchèque)

Locarno 2011
Policeman de Nadav Lapid (Israël)

Moscou 2012
Naked Harbour de Aku Louhimies (Finlande)
Sneakers de Ivan Vladimirov et Valery Yordanov (Bulgarie) - Mention spéciale du jury
The Door de István Szabó (Hongrie/Allemagne)

San Sebastian 2011
Adikos Kosmos de Filippos Tsitos (Grèce) - Prix de la mise en scène, prix d'interprétation masculine
The Sleeping Voice de Benito Zambrano (Espagne) - Prix d'interprétation féminine

Venise 2011
Alps de Yorgos Lanthimos (Grèce) - Prix du meilleur scénario
Carnage de Roman Polanski (France/Allemagne/Pologne/Espagne) - Lionceau d'or
Faust d'Alexander Sokurov (Russie) - Lion d'or
Io Sono Li d'Andrea Segre (Italie)
Shame de Steve McQueen (Royaume-Uni) - Prix d'interprétation masculine
The Exchange d'Eran Kolirin (Israël/Allemagne)

Autres films
Combat Girls de David Wnendt (Allemagne)
Grupo 7 d'Alberto Rodriguez (Espagne)
In Darkness d'Agnieska Holland (Allemagne/Pologne/Canada)
Intouchables d'Olivier Nakache et Eric Tolédano (France)
Iron Sky de Timo Vuorensola (Finlande/Allemagne/Australie)
Once Upon a Time There Lived a Simple Woman de Andrey Smirnov (Russie)
Rose de Wojciech Smarzowski (Pologne)
Une éducation norvégienne de Jens Lien (Norvège)

Sorrentino retrouve Servillo

Posté par vincy, le 30 mai 2012

Après une escapade irlando-américaine avec Sean Penn (This Must be The Place) et un livre, Paolo Sorrentino tournera son nouveau film dans son pays. La grande bellezza (La grande beauté) sera filmé à Rome, avec son acteur fétiche, Toni Servillo, mais aussi Carlo Verdone et Sabrina Ferilli.

On ne sait rien de l'histoire, coécrite avec Umberto Contaerello, pour l'instant, même si Sorrentino voudrait mettre en avant l'aspect glamour et grotesque de la capitale italienne.

Ce sera le cinquième film du réalisateur avec Servillo. Pour le comédien et réalisateur Carlo Verdone, l'un des acteurs les plus populaires du pays, également star de la franchise à succès Manuale d'Amore, ce sera une première fois. Lui qui s'est souvent dirigé, avait débuté sous l'oeil de Bertolucci, Sordi ou encore Rossetti. Quant à Sabrina Ferilli, autrefois glamour et voluptueuse, actrice engagée fermement à gauche, on l'a vue dans le téléfilm Dalida, où elle incarnait la chanteuse, mais aussi chez Marco Ferreri, les frères Taviani, ou encore chez Paolo Virz, dont Tutta la vita davanti lui rapporta quelques prix d'interprétation.

Le tournage débuterait en août. Les ventes internationales ont débuté lors du dernier marché du film à Cannes.