Douleurs et gloire à l’international pour le cinéma français en 2019

Posté par vincy, le 17 janvier 2020

Unifrance a annoncé les chiffres de fréquentation du cinéma français à l'étranger en 2019. 40,5 millions de spectateurs internationaux ont vu un film produit ou coproduit par la France, soit une légère hausse de 1,25% par rapport à 2018, mais un résultat très éloigné des années fastes. Cela représente un box office cumulé de 244,4M€ de recettes (+3,12%). 721 films français ont été exploités dans les salles étrangères.

Les films en langue française n'ont séduit que 25 millions de spectateurs, le plus faible score depuis 2010. Mais les productions majoritairement françaises représentent 85% des entrées à l'étranger. La comédie et la comédie dramatique sont le genre dominant (31,7% des entrées) devant les thrillers, les drames et l'animation.

Besson premier très affaibli

C'est une fois de plus Luc Besson qui règne sur l'export. Anna a attiré 4,35 millions d'entrées hors de France (un score très faible par rapport à Lucy, 56 millions de spectateurs, et Valérian, 30,5 millions de spectateurs, juste devant Mia et le lion blanc de Gilles de Maistre (4,25M), qui génère trois fois plus d'entrées à l'étrangers qu'en France. Suivent Qu’est-ce qu’on a (encore) fait au Bon Dieu de Philippe de Chauveron (3,3M), Astérix – Le secret de la potion magique d’Alexandre Astier et Louis Clichy (3,13M) et Minuscule 2 – Les mandibules du bout du monde de Thomas Szabo et Hélène Giraud (1,07M).

Une dépendance à l'Europe

L'Europe de l'ouest (Italie, Allemagne, Espagne en tête) reste de loin le principal marché avec 19,1M d'entrées, devant l’Europe centrale et orientale (7,35M) et l’Amérique Latine (4,77M). L’Italie est le pays qui a accueilli le plus de spectateurs pour le cinéma français l’an dernier, devant l’Allemagne et l’Espagne. Désormais, le continent asiatique pèse quasiment autant que l'Amérique du nord. Les Etats-Unis restent le 4e marché, malgré une chute de 18% des entrées, avec 3,17M de spectateurs. Nevada a été le film français le plus vu de l'année.

Un cinéma leader dans les festivals

Par ailleurs, en qualité, on notera que le cinéma français est toujours aussi prestigieux. Selon Unifrance, il occupe la première place dans 5 des 10 manifestations étudiées, devant la cinématographie locale ou les Etats-Unis. En moyenne, sa présence s'élève 19 % des films sélectionnés, soit quasiment 1 film sur 5 proposés par les 10 plus grands festivals internationaux est une production française de financement majoritaire ou minoritaire. Le cinéma français est également très présent au sein des palmarès, comme le prouvent les 14 prix majeurs remportés en 2019.

La France, 4e cinématographie (marginale) sur les plateformes

Enfin, Unifrance a lancé une première étude sur la présence du cinéma français sur 56 plateformes présentes dans 39 territoires l’an dernier. Les films français ne représentent que 2,4% de l’offre de la SVàD, plus importante sur les plateformes locales et régionales que sur celles plus globales comme Amazon ou Netflix. Le cinéma américain squatte 46,2% de l'offre. Le cinéma français reste quand même assez puissant puisque c'est la quatrième cinématographie présente sur les plateformes de SVàD, derrière les films américains, indiens et britanniques.

La Belgique, la Russie et la Corée du Sud sont les pays qui proposent le plus de films français. Par plateformes, ce sont Mubi, BFI Player et Curzon Home Cinema. Netflix, première plateforme SVàD en volume de contenus hexagonaux, est également la seule plateforme globale proche de la moyenne mondiale de films français (2,5 %) contre 1,8 % pour Amazon Prime Video, 1,5% pour HBO Go et pour 0,1 % Disney+.

Juste avant le lancement du 10e MyFrenchFilmFestival, le ministre de la Culture Franck Riester en a profité pour évoquer un rapprochement entre UniFrance et TV France International, qui fusionnerait les deux organismes de promotion de l'audiovisuel français. L'export devient une stratégie essentielle pour la France, avec l'attraction de tournages, en pleine forme.

Soutien à l'export

Le ministre en a profité pour faire des annonces relatives aux soutiens à l’export. "Exporter le cinéma est l'un des grands objectifs de politique publique du CNC et cet axe sera renforcé dans la revue générale des soutiens", actuellement en cours, a indiqué le ministre. "En dépit de fortes contraintes budgétaires", le CNC a ainsi décidé "de reconduire l’expérimentation du fonds de soutien automatique à la promotion internationale des films", qui avait été lancée pour trois ans en 2017. En outre, est aussi reconduite l’Aide à la distribution des films à l’étranger, gérée par UniFrance. "Nous avons besoin de nous développer partout, sur tous les supports et tous les genres. Pour cela, il faut un projet ambitieux sur le fonds comme sur la forme, qui embrasse les moyens d’actions d’UniFrance et de TV France International. Je suis convaincu qu’il faut créer, je ne sais pas si c’est le bon terme, mais une 'maison de l’export' ou bien une 'équipe de l’export' dans nos domaines" a expliqué le ministre.

Spider-Man: Sony fait plier Marvel

Posté par vincy, le 28 septembre 2019

Plus d'un mois après le divorce entre Sony et Marvel autour de Spider-Man, la situation a été renversée, par surprise. Le super-héros, dont l'usage cinématographique est réservé à Sony (Marvel touche une petite partie des recettes en salles et la totalité des recettes de produits dérivés), va pouvoir apparaître dans les films de l'univers cinématographique Marvel de Disney.

Un accord a été trouvé. Marvel a sans doute ravalé une partie de ses ambitions (le studio voulait la moitié des recettes en salles). Selon Variety Disney/Marvel financera 25% du prochain film Spider-man (pour 25% des recettes) et le super-héros pourra revenir dans un film du MCU.

Spider-Man est l'un des rares super-héros populaires à avoir survécu aux Avengers. Et sa franchise vient tout juste de redémarrer, avec succès. Sans doute, était-il prévu que le jeune homme apparaisse encore dans le nouveau cycle Marvel, qui se lancera avec Black Widow et Les Eternels l'an prochain.

Le prochain Spider-Man sortira le 16 juillet 2021, et l’acteur Tom Holland en sera toujours son interprète. Cet accord n’empêchera pas Sony de continuer de décliner son propre univers Spider-Man, qui comprendra Venom 2, Sinister Six et Morbius.

Si Sony est largement vainqueur côté finances, Marvel réussit à imposer le producteur vedette des récents triomphes du studio, Kevin Feige, également coproducteur des deux Spider-Man de Sony.

Avec plus d’un milliard de recettes (et 200M$ de profits pour Sony), Spider-Man : Far from home, sorti en juillet, est la pépite du studio nippo-américain. Après son D23 en août, où les fans de Marvel ont clairement exprimé leur mécontentement et où Tom Holland a été accueilli comme un super-héros sacrifié, Disney a du revoir sa copie : le rapport de force n’était pas en sa faveur.

Mowgli passe de Warner à Netflix

Posté par vincy, le 28 juillet 2018

C'est un transfert inattendu. Le Mowgli d'Andy Serkis pour la Warner passe chez Netflix! La sortie est désormais prévue en 2019, mais sur le petit écran, dans le monde entier. C'est aussi une révolution : alors que Netflix commence à accepter l'idée de diffuser certains de ses films dans les salles, c'est la première fois qu'il récupère un film prévu pour les cinémas.

Netflix a donc obtenu les droits mondiaux de cette version du Livre de la jungle, adapté des histoires de Rudyard Kipling. Il y a un sacré casting : Christian Bale pour la voix de la panthère Bagheera, Cate Blanchett pour celle du serpent Kaa, Benedict Cumberbatch pour celle du tigre Shere Khan, Naomie Harris pour la louve Nisha et Andy Serkis lui-même pour l'ours Baloo. Sans oublier Peter Mullan, Jack Reynor, Eddie Marsan et Tom Hollander. Pour les personnages réels, le générique se complète de Matthew Rhys, Freida Pinto et Rohan Chand qui incarne Mowgli.

La seule hypothèse valable sur ce transfert insolite est la peur d'être comparé au carton de Disney récent autour de la même histoire. Sorti en 2016, Le Livre de la jungle avait rapporté 966M$ dans le monde. Le film, prévu à l'origine le 19 octobre prochain dans les salles, disparaît donc du "line-up" de la Warner pour devenir un événement Netflix en 2019, sans doute reformaté.

Serkis a toujours évoqué un film plus sombre, plus adulte et plus réaliste, plus fidèle à Kipling finalement. Possible que le studio Warner n'ait pas voulu prendre de risques en ratant la cible familiale. Mowgli promettait de ne pas être un conte de fée fantaisiste mais bien un film sur un enfant marginal en quête d'identité dans un monde cruel.

A l'origine, en 2013, les deux studios - Disney et Warner - ont lancé le projet d'adaptation en parallèle. Disney était dans sa logique de transposer en prises de vues réelles ses classiques animés tandis que Warner était dans la stratégie de "rebooter" pour un public plus actuel les classiques comme King Kong. Disney a été le plus rapide à dégainer le film. Le projet de Serkis nécessitait plus de travail technique, notamment en post-prod. D'abord programmé pour 2016, le film fut décalé rapidement à 2018.

Andy Serkis assume ses choix artistiques et techniques. Et affirme que Netflix est le bon partenaire. "Ce n'est vraiment pas un film pour les enfants. En salles, il aurait été interdit aux moins de 13 ans non accompagnés" explique-t-il. Comme pour Okja, il est persuadé que le diffuseur sait "vendre" ce genre de fables noires. Implicitement, il confirme qu'il va aller plus loin: "Cela va nous permettre d'aller encore plus profondément dans ce récit, avec des thèmes plus sombres, des sensations plus fortes et des moments plus effrayants. La violence entre les animaux n'est pas gratuite, mais elle existe. Cela va nous permettre de faire un film sans compromis."

"Netflix me permet de faire le film que je veux faire"

On comprend que Warner Bros risquait gros sur ce coup là, même si selon le réalisateur c'est un blockbuster dans la veine de l'Odyssée de Pi ou de La Planète des singes. Mais on saisit aussi que Serkis aurait du faire des concessions artistiques, ce que Netflix, apparemment, n'exige pas. "Netflix me permet de faire le film que je veux faire".

Jusque là Netflix avait acquis les droits pour des suites (Cloverfield) ou les droits internationaux pour les marchés étrangers (le reboot de Shaft, Annihilation d'Alex Garland).

Là, on entre dans un autre univers... Warner Bros peut toujours compter sur A Star is Born, Les Animaux fantastiques 2 et Aquaman cet automne. Mais dans l'histoire, c'est bien Netflix et autres Amazon qui deviennent le refuge pour des cinéastes qui veulent garder la maîtrise de leurs projets.

Edito: une brève histoire d’amour qui finit mal en général

Posté par redaction, le 15 mars 2018

Le jeu video et le cinéma c'est un peu comme un "match" Tinder qui déçoit. On swip mais ça prend pas. Cette semaine Lara Croft est de retour. 15 ans après le deuxième film avec Angelina Jolie dans la peau de l'héroïne. On comprend la motivation. Lara Croft est le seul jeu vidéo qui a réussit à être un succès au cinéma: 430M$ dans le monde pour les deux premiers films. Hormis Angry Birds, aucune autre adaptation n'a dépassé les 100M$ au box office nord-américain. Et souvent les budgets pharaoniques n'ont pas été rentabilisés.

Sur le papier, entre héros et monstres, il y a de quoi créer un univers fantasy et d'aventure pour le grand écran. Mais l'ADN même du jeu vidéo - l'interactivité, la narration par étapes - n'est pas forcément celui du cinéma. On comprend aussi l'enjeu pour les deux industries: un public jeune, des marques puissantes, et un paquet de recettes potentielles pour les développer. Le jeu vidéo pèse 109 milliards de $ dans le monde quand le cinéma a encaissé 40 milliards de $ en recettes dans les salles.

Malgré les échecs, les producteurs continuent de croire à l'hybridation de ces deux divertissements. On attend les adaptations de Rampage, Detective Pikachu, Minecraft, Uncharted, la suite d'Angry Birds, Sonic, The Witcher, Mario Bros, ... Autant de personnages ou de superhéros, de guerres ou de délires qui produiront des blockbusters sans surprises.

Pourtant, c'est sans doute ailleurs que l'avenir de ces produits sur grand écran se formera. Avec des sièges réactifs, des sons de plus en plus élaborés, la 4D, le cinéma peut donner de nouvelles sensations aux joueurs. Mais surtout, avec le développement de la réalité virtuelle et de l'écriture transmédia, on peut imaginer des films immersifs où l'on passe du cinéma au jeu, sans quitter son fauteuil ou son sofa, en devenant soi-même l'auteur d'une histoire qui permettrait d'être à la fois actif et passif, de switcher du 7e art collectif au jeu individuel, bref de s'annoncer bi (ou versatile) sur son profil "Tinder".

L’affaire Kevin Spacey coûte 39 millions de dollars à Netflix

Posté par wyzman, le 29 janvier 2018

Plus tôt cette semaine, les cadres de Netflix présentaient leur bilan du quatrième trimestre 2017. L'occasion pour Reed Hastings de faire l'éloge de la série historique The Crown et du blockbuster assassiné par la critique Bright. Mais sans surprise, l'affaire Kevin Spacey était encore dans les esprits.

En effet, à l'automne dernier, l'acteur principal de House of Cards a été accusé par la star de Star Trek Discovery d'avoir tenté de l'agresser sexuellement alors qu'il était âgé de 14 ans. Prises très au sérieux parle géant du streaming, ces accusations ont été suivies par le renvoi d Kevin Spacey de House of Cards. Bien décidés à garder Robin Wright pour une dernière salve d'épisodes, les producteurs ont alors décidé de faire mourir le personnage incarné par Kevin Spacey, Kevin Underwood, et de faire de son épouse Claire la star du show dès le début de la sixième saison. Des séances entières de réécritures et une reprise du tournage plus tardive qui a un coût.

Deadline révèle ainsi que tout ce travail entrepris par Netflix afin de s'éloigner de l'affaire Kevin Spacey et de protéger le show aurait coûté 39 millions de dollars. L'acteur a bénéficié de l'absence d'une clause de morale dans son contrat. De quoi payer ses avocats et sa retraite. Produite à grands frais, House of Cards a longtemps été la prestigieuse devanture de Netflix. A tel point que Kevin Spacey allait prochainement être à l'affiche de leur prochain long-métrage, le très attendu Gore. Le coût des reshoots et des réécritures est compris dans la somme évoquée par David Wells cette semaine. Evincé de la course aux Oscars, Kevin Spacey devrait passer devant la justice américaine dans les semaines qui viennent, les plaintes s'étant multipliées entre-temps. Netflix annoncera bientôt la date de sortie de l'ultime saison de House of Cards.

Edito: tous les cinéphiles français ne sont pas égaux

Posté par redaction, le 30 novembre 2017

Selon où vous habitez, allez au cinéma ne coûte pas le même prix, selon une étude publiée par L'Internaute la semaine dernière. Ainsi on peut débourser 15 euros pour une place aux Pathé Braugrenelle et Gaumont Alésia, 14 euros aux Pathé Levallois et Gaumont Convention. A croire que vivre dans des quartiers bourgeois ou une ville à hauts revenus se répercute sur le prix du ticket. En Banlieue et en Province, ce n'est pourtant pas vraiment mieux: 13,3€ au Pathé La Valette près de Toulon, 13€20 au Pathé Belle-Epine, 12€90 au Pathé Boulogne en région parisienne. Pathé et Gaumont trustent d'ailleurs toutes les places des cinémas les plus chers, d'Echirolles en Isère à Nice, en passant par Carré Sénart, Dammarie les Lys, Archamps en Haute-Savoie, les Champs-Elysées, Orléans, Saran et Aquaboulevard à Paris.

Des tickets à moins de 7 euros

A l'inverse, le cinéphile peut aussi y gagner avec un ticket moins cher que la moyenne nationale (10,6€). Au CGR de La Rochelle, on ne paye sa place que 6,2€, au CGR du Mans c'est 6,5€, au Mégarama d'Arcueil à à celui de Champigny-sur-Marne (tous en région parisienne), ce n'est que 6,8€... CGR et Megarama sont très présents dans cette liste des cinémas les moins chers de France, tout comme Cinéville. Notons la présence aussi de deux UGC, celui des Ulis au sud de Paris (7,7€) et celui de Meaux (9€), et d'un Kinépolis à Nîmes (8,8€). Mégarama affiche un tarif moyen de 9,11$ quand Gaumont-Pathé prend 11,9€ en moyenne.

On comprend alors que ce n'est pas qu'une question d'inégalités territoriales, même si globalement le Sud-Est, Orléans et certaines zones franciliennes sont dans le palmarès des cinémas les plus chers. Régionalement il faut mieux vivre en Bourgogne-France Comté, Bretagne et Nouvelle Aquitaine qu'en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Ile de France ou Grand Est. A Paris, il faut mieux vivre à l'Est de la Capitale qu'à l'Ouest et au Sud.

Des départements mal équipés

On pourrait recouper cette étude avec celle plus institutionnelle du CNC, parue cet automne et analysant 2045 établissements cinématographiques. Là aussi il y a une disparité proprement géographique. Paris règne avec 88 salles (420 écrans) là où on compte moins de 15 salles et moins de 20 écrans dans 12 départements. Logiquement, Paris a enregistré l'an dernier 24,17 millions d'entrées quand la Lozère n'accueillait que 140000 spectateurs. Dans 15 départements, pas forcément les moins équipés, le nombre d'entrées est inférieur à 500000 spectateurs. Ce sont essentiellement des départements ruraux, sans grande ville, et mal desservis (Hautes-Alpes, Cantal, Ariège, Haute-Saône, Orne...).

Pourquoi l'habitant de la Meuse n'a pas beaucoup de salles à disposition, moins de films inédits (296) que sa voisine la Meurthe et Moselle (483), alors que sa fréquentation (nombre d'entrées par habitants) est supérieure à d'autres départements comme le Val d'Oise ou la Haute-Corse. Dans 5 départements, le nombre de films inédits était inférieur à 300 quand à Paris, les cinéphiles ont eu accès à 705 films en 2016 (les lyonnais suivent avec 609 inédits, soit près de 100 films de moins que pour les Parisiens).

Rendre le cinéma plus accessible à tous

Pourtant personne ne parle de cette rupture d'égalité territoriale et tarifaire entre les Français. On se plaint du piratage et du cocooning (Svàd, séries TV) comme ennemis du grand écran. Encore faut-il qu'une place de cinéma ne coûte pas les yeux de la tête et qu'il y ait un cinéma pas trop loin de chez soi. Peut-être que pour les habitants en territoires ruraux, il faudrait proposer une diffusion numérique à domicile de certains films.

Quant au prix astronomique de certaines places de cinéma: ne nous plaignons pas que le spectateur occasionnel préfère aller voir un blockbuster ou une comédie française, valeur sûre et rassurante, bref sans risque. Là aussi, il faudrait peut-être inventer une nouvelle gamme de tarif, un billet "curiosité" pour des films labellisés art et essai, moins cher, sans restriction de séances.

Quand la Chine croque Hollywood

Posté par vincy, le 30 octobre 2016

La tentation chinoise d'Hollywood est de plus en plus palpable: les studios se battent pour avoir un pied dans l'Empire du milieu, soit en créant des structures de production comme DreamWorks Animation (DreamWorks Oriental), soit en y bâtissant des parcs d'attraction (Disneyland à Shanghai). Même les stars s'y mettent. La grosse production de fin d'année, réalisée par Zhang Yimou, La Grande muraille, a pour tête d'affiche Matt Damon. Le blockbuster est avant tout ciblé pour être un carton en Asie.

Il n'y a rien de surprenant à tout ça: la Chine est déjà le 2e plus gros marché en fréquentation et en recettes dans le monde. Il devrait même être le premier marché dès 2018, avec un box office en forte croissance chaque année.

Depuis un mois, Hollywood se laisse dévorer par le dragon chinois. Il y a trente ans, le Japon avait tenté de conquérir l'industrie du divertissement américain (Sony en reste la plus belle preuve), suscitant à l'époque une "nippophobie". Là, rien de tel: les Chinois sont accueillis à bras ouverts.

Mondialisation

Ainsi Stan Lee, la légende des Comics, a décidé, avec Sharad Devarajan, de lancer un nouveau superhéros, Monkey Master, pour une coproduction sino-indienne. Ce gros budget en prises de vues réelles ciblera le marché chinois en priorité mais le casting international vise à le rendre rentable à l'export également. D'autant que l'histoire se passera entre la Chine et l'Inde, entre les temps anciens et les temps modernes. La figure du singe guerrier est populaire dans les mythologies des deux grands pays. Le tournage (en anglais) devrait commencer dans un an, avec un réalisateur occidental. Un pur produit mondialisé.

Wonder Wanda

Car c'est bien de mondialisation dont il s'agit. L'un des mastodontes chinois les plus conquérants est le conglomérat géant Dalian Wanda Group. Wanda a racheté en janvier le studio hollywoodien Legendary Entertainment à qui l'on doit Jurassic World et Godzilla (et autres films de ce genre chez Universal), pour 3,5 milliards de dollars. En septembre, après avoir échoué à prendre 49% de Paramount, le groupe chinois s'est s'associé avec Sony Pictures pour co-produire des films (notamment des blockbusters coûteux). Pour Sony, c'est aussi l'opportunité d'avoir un accès direct au marché chinois en se reposant sur les moyens de marketing et de distribution de son nouveau partenaire. Wanda a en plus des actions dans certaines franchises de la Paramount, notamment Transformers, 75% des parts du réseau de multiplexes nord-américains AMC, le circuit Hoyt's en Australie, le portail web dédié au cinéma en Chine Mtime ou encore Dick Clark productions, producteur historique de la TV aux Etats-Unis (notamment des Golden Globe Awards)... Le groupe possède déjà  le plus grand circuit de cinémas en Chine (avec un écran sur cinq au total) et un deal avec Imax pour de nouvelles salles. Et ses ambitions ne s'arrêtent pas là puisque le patron du groupe, Wang Jianlin drague les producteurs américains pour qu'ils viennent tourner dans le futur complexe Qingdao Movie Metropolis (plateaux de tournages, post-production, équipements techniques, décors...), en offrant un rabais fiscal de 40% et des charges salariales défiant toute concurrence. Lionsgate, qui a un partenariat avec China Media Capital, s'est déjà dit intéressé et Digital Domain étudie actuellement la possibilité d'installer une filiale pour les effets numériques. Pacific Rim 2 et la suite de Godzilla seront tournés en partie là bas.

La Chine investit aussi à Hollywood dans des propriétés et des terrains. Wang Jianlin peut se le permettre: le chinois le plus riche de la planète pèse 32 milliards de dollars.  Et cela n'émeut plus personne. Les politiques considèrent que c'est juste du business.

Aussi n'y a t-il plus de complexe à traverser le Pacifique. Joe Johnston vient de confirmer qu'il réaliserait un film de Science-Fiction de 100M$, Starfall, dans les studios de Qingdao, coproduit par Lionsgate et Wanda. Le film se déroule dans une station spatiale. Le réalisateur de Captain America, Jurassic Park III et Jumanji est l'une des grosses prises du moment mais pas la seule.

L'Empire du Soleil

Alpha Animation a recruté l'ancien directeur de la stratégie de DreamWorks Animation pour superviser la production de ses films en Chine. Alpha est notamment réputé pour avoir coproduit The Mermaid, le recordman du box office chinois. Le film a rapporté 553M$ dans le monde (dont 526 en Chine), soit le 9e succès de l'année, devant le dernier X-Men ou Kung-Fu Panda 3. Et le groupe Alpha est aussi partenaire de New Regency, et a notamment investit dans The Revenant et Assassins Creed.

Autre géant chinois: Alibaba. Le groupe du milliardaire chinois Jack Ma va investir dans la société historique de Steven Spielberg, Amblin Entertainment, pour coproduire des films à destination du marché chinois. Alibaba Pictures, la branche cinéma du "Amazon" chinois va prendre 20% du capital d'Amblin Partners, ce qui inclut les studios DreamWorks. "Au niveau humain, nous partageons les mêmes valeurs en Orient et en Occident. Nous apporterons plus de Chine à l'Amérique et plus d'Amérique en Chine", a commenté Steven Spielberg.Ou comment se payer un passe-droit vers les salles chinoises. Car pour les producteurs américains, l'équation est simple: sans partenaires chinois, leurs films doivent être validés par le ministère chinois et seuls un certain nombre ont l'autorisation de sortir chaque année. Avec un pourcentage chinois dans leur ADN? les films ne sont plus soumis qu'à la censure classique (sexe, drogue, politique) et contournent la règle des quotas. Iron Man 3 ou Le Dernier loup en ont bénéficié. Pour Spielberg, c'est aussi toute la galaxie d'Alibaba qui s'offre à ses films: site de vidéos en streaming Youku Tudou, plateformes de vente où peuvent être achetés billets et produits dérivés.

Cheval de Troie?

Forcément, cela commence à déranger un pays comme les USA, soucieux de leur "soft power" comme de leur indépendance et de leur puissance cinématographique: seize parlementaires américains se sont ainsi alarmés d'une possible "extension du contrôle de la propagande (chinoise) aux médias américains", pointant les relations étroites entre les milliardaires chinois et le régime communiste.

Les Chinois ont d'autres arguments: selon eux, seule une entreprise chinoise connaît le public chinois. Par ailleurs, beaucoup critiquent Hollywood de ne pas se soucier des attentes de leur public, qui préfère les belles histoires aux films à effets spéciaux."Pour faire de l'argent sur le marché chinois, vous devez comprendre le public chinois, lui plaire. Et le meilleur moyen est d'ajouter des éléments chinois aux histoires" explique le patron de Wanda. Cela promet pour les scénarios à venir...

Ceci dit, ne soyons pas étranger à cette conquête de l'Amérique. Alibaba comme Wanda regardent de très près où ils peuvent investir en Europe. Et pas seulement eux. China’s FF Motion Invest, une filiale du chinois Fundamental Films, a investit 60 millions d'euros dans EuropaCorp, soit 27,9% de la société de Luc Besson (qui conserve 31,6% des actions). Il a déjà mis une part non négligeable dans le budget de Valerian, le prochain film du cinéaste.

Paris reste d'ailleurs une cible prioritaire: Wanda, toujours, veut ouvrir un méga parc thématique, touristique et commercial, EuropaCity. Pour 3,3 milliards de dollars d'investissements.

Jean Yanne était-il prophétique avec son film de 1974, Les Chinois à Paris?

Paramount trouve un accord financier avec Tom Cruise pour le 6e épisode de Mission:Impossible

Posté par vincy, le 21 septembre 2016


Tout était calé. Dès la sortie de Mission Impossible : Rogue Nation, Tom Cruise et son réalisateur Christopher McQuarrie avaient confirmé le tournage dès l'été 2016 pour une sortie en 2017) du sixième film de la franchise M:I, lancée il y a 20 ans. Paramount sautait de joie à travers un communiqué qui rassurait les investisseurs. Le studio compte peu de franchises: Star Trek, Lara Croft (qu'il reboote), les Jack Ryan (dont le reboot n'a pas fait fonctionné), Indiana Jones et Transformers. Mission:Impossible est l'une de ses plus performantes avec 927M$ de recettes en Amérique du nord et 1,78 milliard de $ de recettes dans le reste du monde. Le cinquième film a assuré à lui seul 613M$ de recettes dans le monde. En France, Ethan Hunt a attiré 15 millions de spectateurs dans les salles.

Autant dire qu'une telle pépite est profitable.

Mais voilà, la production a d'abord été retardée par des divergences sur le scénario, qui a été réécrit. On parlait désormais d'un tournage en novembre (pour une sortie inscrite au deuxième semestre 2017). Puis, pour cause de planning, le tournage a été décalé à janvier 2017 (Cruise, entre temps, a décidé de tourner The Mummy).

Gourmand

Mais surtout, la pré-production du film a été brutalement interrompue au début de l'été pour une autre raison. En cause, Tom Cruise et les producteurs qui ne s'entendaient pas sur le chèque à verser à l'acteur. A priori, selon la presse professionnelle américaine, le cachet n'était pas en jeu. La star reste l'un des acteurs les mieux payés du système avec environ 20M$ par film. Là où il s'enrichit insolemment, c'est avec son pourcentage sur les profits de chacun de ses blockbusters. Il peut ainsi gagner de 50 à 80M$ par an.

Et c'est là que ça a bloqué. Cruise a été très gourmand, réclamant un pourcentage supérieur à celui qu'il a demandé pour The Mummy (Universal). Après tout, il est Ethan Hunt et s'il en a besoin pour conserver son statut de superstar, le studio n'a pas encore décidé de le remplacer.

Dorénavant, on parle d'un tournage au printemps 2017. La date de sortie a disparu des radars. On peut imaginer que ce sera pour l'été 2018.

Ava DuVernay rejoint le cercle des réalisatrices qui comptent

Posté par wyzman, le 5 août 2016

Ce mardi, Deadline assurait qu'Oprah Winfrey rejoignait l'adaptation d'Un raccourci dans le temps (A Wrinkle in Time), le roman de science-fiction de Madeleine L'Engle (publié sous le titre Un raccourci dans le temps en français).

Réalisé par Ava DuVernay et tourné dans les alentours de Los Angeles, le film fait partie d'une petite liste de chanceux. En effet, Deadline rapporte que c'est la première fois que la Californa Film Commission délivre autant de crédits d'impôt à une production, ce qui signifie un budget dépassant les 75 millions de dollars.  A Wrinkle in Time serait produit pour plus de 100 millions de dollars, ce que le blog Women & Hollywood a pu corroborer quelques heures plus tard.

Et ce n'est pas un fait anodin ! En 2016, Ava DuVernay devient ainsi, officiellement, la première femme de couleur à réaliser un film de plus de 100 millions de dollars. La première ! Qui plus est, A Wrinkle in Time est produit par Disney, le studio qui a offert à Jennifer Lee la co-réalisation de La Reine des neiges, un énorme succès au box office mondial ! Jennifer Lee est d'ailleurs la scénariste de A Wrinkle in Time. Nous ne pouvons que féliciter Disney pour sa capacité à montrer l'exemple en termes de diversité derrière (et devant) la caméra et Ava DuVernay pour ce projet qui semble plus que réjouissant.

Pour rappel, A Wrinkle in Time raconte comment les jeunes Margaret et Charles, guidés par une vieille dame, partent à la recherche de leur père dans la cinquième dimension.

Seulement trois blockbusters réalisés par une femme

Humble, la réalisatrice de Selma n'a pas manqué de remercier, via son compte Twitter, le studio qui lui a proposé ce projet. Car si Ava DuVernay espère bien être la première d'une longue liste d'autres réalisatrices de blockbusters issues de la diversité, ses aînées sont peu nombreuses. Vraiment peu nombreuses ! A ce jour, seules deux femmes (blanches) ont eu la possibilité de tourner des films à neuf chiffres (alors même que 335 productions américaines ont dépensé plus de 100 millions de dollars de budget). Il y a bien évidemment Kathryn Bigelow avec K-19 : Le Piège des profondeurs (avant les succès Démineurs et Zero Dark Thirty) puis Patty Jenkins à qui l'on doit le prochain Wonder Woman avec Gal Gadot et Chris Pine.

Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, Collider a d'ores et déjà affirmé que Disney et Marvel étaient à la recherche d'une femme pour réaliser Captain Marvel, le premier film avec une super-héroïne en rôle-titre. Celle-ci sera d'ailleurs campée par la géniale Brie Larson !

Divergente : le studio Lionsgate s’avoue déficient sur l’avenir de la franchise

Posté par vincy, le 21 juillet 2016

insurgent

L'échec au box office du 3e épisode de Divergente en mars dernier (179M$ au box office mondial contre 289M$ pour le premier film et 297M$ pour le deuxième) a conduit le studio Lionsgate à revoir complètement sa stratégie pour l'épisode final, initialement prévu dans les salles en juin 2017.

Divergente 4: Ascendance, qui doit être réalisé par Lee Toland Kriger, pourrait, après négociations, n'être diffusé qu'à la télévision plutôt que d'affronter World War Z 2 et le reboot de la Momie. Le tournage était prévu cet été mais le scénario est actuellement en cours de réécriture afin de relier le final cinématographique au spin-off prévu pour le petit écran. Car à l'incertitude concernant le sort en salles de la franchise s'ajoute l'annonce d'une série spin-off pour la TV.

Même si pour l'instant tout n'est qu'à l'état de projet, le changement de statut du 4e épisode, passant de film à téléfilm, met en péril la saga: rien ne dit que les acteurs principaux accepteront un changement aussi important. Ils ont signé pour une série cinématographique, adaptée des romans de Veronica Roth, pas pour un téléfilm servant à introduire une série.

Lionsgate cherche un moyen de sécuriser son investissement : Divergente 3 n'a pas été rentable. L'invasion de concurrents du même genre (Le Labyrinthe, etc...) avait déjà fait perdre quelques plumes sur l'autrement plus profitable Hunger Games. Peut-être faudrait-il que le studio remette en question son modèle économique: à diviser le dernier tome de ces séries littéraires en deux films, cela conduit mécaniquement à un troisième film plus faible pour que le final soit mémorable (quoique). De Harry Potter à Twilight en passant par Hunger Games, toutes les franchises ont souffert de ce même vice de fabrication. Pour Divergente 3, ce fut pareil, laissant les fans frustrés face à un film assez répétitif et prévisible.

Cependant, avant d'en arriver là: Lionsgate doit trouver un diffuseur télévisé (ce qui n'est pas le cas), signé les nouveaux contrats avec les acteurs principaux (ce qui n'est pas le cas), ou alors abandonner le dernier film et ne lancer que la série spin-off. Et même si le film sort à la télévision aux USA, rien n'empêchera le studio de le sortir sur grand écran ailleurs notamment là où Divergente continue de séduire, comme au Brésil, au Mexique, en Australie ou en France. Avec 2,1 millions d'entrées, le marché français était d'ailleurs le marché international le plus important pour Divergente 3: Au-delà du mur.