Deauville 2014 : pas de crise de la quarantaine!

Posté par kristofy, le 21 août 2014

Cette année, le Festival Américain de Deauville va fêter son 40ème anniversaire. Le rendez-vous normand saura une nouvelle fois encore réunir sur les planches à la fois les films des grands studios d’Hollywood et aussi le cinéma indépendant américain. Une continuité qui est d’ailleurs racontée dans un livre qui évoque autant 40 ans de festival que 40 ans de cinéma américain avec de nombreux témoignages en souvenirs des moments les plus émouvants (Deauville, 40 ans de cinéma américain, 176 pages, éditions Michel Lafon). De plus, les séances nocturnes ‘Nuits Américaines’ projetteront les films primés depuis 1995 (création de la compétition avec un jury).

Hommages

Enfin, le Festival proposera cette année de (re)voir des films avec Yul Brynner, et deux icônes récemment disparues Lauren Bacall, et Robin Williams.

Ce 40ème anniversaire de Deauville va proposer une affiche très éclectique avec plusieurs hommages : le réalisateur John McTiernan, Jessica Chastain et The Disappearance of Eleanor Rigby (them), Will Ferrell et ses Légendes Vivantes, Ray Liotta, le producteur Brian Grazer. En revanche, James Cameron a annulé sa venue pour la présentation de son documentaire Deepsea Challenge 3D.

Avant-premières

Le film d’ouverture sera le très attendu nouveau Woody Allen Magic in the Moonlight avec Colin Firth et Emma Stone et celui de clôture, le très attendu Sin City 2. Parmi les avant-premières on y verra notamment Camp X-Ray avec Kristen Stewart (Sundance), Get On Up le biopic sur James Brown, Les Recettes du Bonheur de Lasse Hallström avec Helen Mirren (et aussi Charlotte Le Bon), Alex Of Venice avec Mary Elizabeth Winstead et Don Johnson, Infinitely Polar Bear avec Mark Ruffalo et Zoe Saldana, Avant d’aller dormir de Rowan Joffe avec Nicole Kidman et Colin Firth, Pasolini de Abel Ferrara (sélectionné également à Venise)…
On regrettera l’absence de The smell of us de Larry Clark et de Coherence de James Ward Byrkit.

Jury

Cette année le jury sera composé uniquement de personnalités ayant déjà été président du jury dans le passé : le président Costa Gavras sera entouré de Pierre Lescure (2002), Claude Lelouch (2004), André Téchiné (2007), Jean-Pierre Jeunet (2009), Emmanuelle Béart (2010) et Vincent Lindon (2013). S'y ajoute bizarrement la chorégraphe et danseuse Marie-Claude Pietragalla, sans doute pour ajouter une touche féminine un peu plus marquante à ce jury très peu paritaire.
L’autre jury, celui attaché à récompensé un film Révélation, sera lui plus féminin avec la présidente Audrey Dana entourée de Clémence Poesy, Lola Bessis, Anne Berest, la chanteuse Christine (‘& the Queens) et de Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie).

Compétition

En compétition beaucoup de premiers et seconds films qui devraient étonner, mais cette année, on retrouve aussi, plus que d’habitude, des cinéastes déjà confirmés qui vont surprendre comme Gregg Araki et White Bird avec Shailene Woodley, Eva Green ou Anton Corbijn et Un Homme très recherché avec Philip Seymour Hoffman (un de ses derniers films) et Rachel McAdams.
Le film de genre sanglant sera bien représenté avec It Follows de David Robert Mitchell, Juillet De Sang de Jim Mickle (tous deux étaient à Cannes) ou A Girl Walks Home Alone At Night de Ana Lily Amirpour.
Déjà des bons échos de Berlin pour Love is Strange avec John Lithgow et Alfred Molina, de Sundance avec l’actrice Brit Marling qui fera doublement sensation dans les films I Origins de Mike Cahill (avec Astrid Bergès-Frisbey et Michael Pitt) et The Better Angels de A.J. Edwards (avec Jason Clarke, Diane Kruger et Wes Bentley). Le plus attendu est sans aucun doute celui qui a fait sensation à Sundance comme à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes: Whiplash de Damien Chazelle. Parmi les 14 films de la compétition on reverra aussi Reese Witherspoon dans The Good Lie de Philippe Falardeau, Catherine Keener et Hafsia Herzi dans War Story de Mark Jackson.

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40e Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 5 au 14 septembre.
Renseignements sur le site de la manifestation

Compétition

A girl walks home alonte at night, d‘Ana Lily Amirpour
I Origins, de Mike Cahill
It Follows, de David Robert Mitchell
Jamie Marks est mort (Jamie Marks Is Dead), de Carter Smith
Juillet de sang (Cold in July), de Jim Mickle
Love is strange, d’Ira Sachs
The Better Angels, de A.J. Edwards
The Good Lie, de Philippe Falardeau
Things people do, de Saar Klein
Un homme très recherché (A Most Wanted Man), d’Anton Corbijn
Uncertains Terms, de Nathan Silver
War Story, de Mark Jackson
Whiplash, de Damien Chazelle
White Bird (White Bird in a Blizzard), de Gregg Araki

Avant-Première

Alex of Venice, de Chris Messina
Avant d’aller dormir (Before I Go to Sleep), de Rowan Joffe
Camp X-ray, de Peter Sattler
Chef, de Jon Favreau
Deepsea Challenge 3D : l’aventure d’une vie (Deepsea Challenge), de John Bruno, Ray Quint & Andrew Wight
Get on up, de Tate Taylor
Infinitely polar bear, de Maya Forbes
Land Ho !, de Martha Stephens & Aaron Katz
Légendes vivantes (Anchorman 2: The Legend Continues), d’Adam McKay
Les Boxtrolls (The Boxtrolls) d’Anthony Stacchi & Graham Annable
Les Recettes du bonheur (The Hundred-Foot Journey), de Lasse Hallström
Magic in the moonlight, de Woody Allen
The disappearance of Eleanor Rigby : them, de Ned Benson
Sin City 2 : j'ai tué pour elle, de Frank Miller et Robert Rodriguez

Une perle, une résolution et une déception au FEFF de Strasbourg

Posté par matthieu, le 23 septembre 2012

Sound of My Voice est le film le plus passionnant (mais aussi frustrant) du festival. Il renferme quelque chose d'absolument captivant dès ses premières minutes. On est happé par l'ambiance de cette secte, cette jeune et jolie blonde qui nous raconte son histoire. L'actrice Brit Marling est excellente et interprète un personnage qui l'est tout autant, laissant planer le doute sur ses réelles intentions. À la fois féroce et douce, elle navigue dans le récit avec aisance : une perle rare que nous serons triste de quitter. À chaque message délivré, force est de constater qu'elle transforme les spectateurs en adeptes et le son de sa voix impose le silence.

Outre cette force de caractère, Brit Marling réussit également à livrer un récit très bien ficelé dont elle est la co-scénariste. Dans cette secte dans laquelle elle agit avec des épreuves tant psychologiques que physiques pour les autres ("Stop thinking, start breathing"), elle se révèle fascinante et porte tout l'attrait du scénario sur ses épaules. Le réalisateur, Zal Batmanglij parvient alors à former autour d'elle un univers cohérent dont on attend le dénouement avec impatience ; et d'ailleurs, le long-métrage réussit parfaitement sa virée dans le thriller dramatique.

On disait donc frustrant... Pourquoi ? Car le film se conclut d'une manière absolument machiavélique et qu'il passe à une vitesse folle. On aurait souhaité qu'il dure plus longtemps. Au final, Sound of My Voice, s'il énerve par son obsession du "climax", prouve justement par là l'attachement que l'on portait à un récit vigoureux assez bluffant. Une petite perle en somme, et une scénariste/actrice à suivre de près.

Resolution est le premier long-métrage de deux coéquipiers - Justin Benson et Aaron Moorhead -, qui mettent en scène deux amis dont l'un tente d'aider l'autre à se désintoxiquer en l'attachant à une poutre pendant près d'une semaine. Cette amitié plutôt bancale, bien jouée, est suivie par une caméra-épaule qui se met à leur niveau. Hélas, le film va dériver petit à petit. Avec cette résolution de sortir du milieu de la drogue comme point de départ, le long-métrage progresse avec surprises, de sorte à ce que l'on ne puisse à aucun moment deviner la fin. Quand bien même le dénouement peut paraître peu subtil, proposant une énième mise en abîme définitivement très en vogue, le film se balade dans son concept et fait sortir les personnages de leur récit, tentant ainsi d'échapper à leur propre destinée d'américains moyens. Les réalisateurs distillent ainsi un certain suspense et et une dose de mystère, certes feint puisque les personnages s'échappent hors du cadre, mais le long-métrage se laisse agréablement suivre avec curiosité.

Ce n'est pas le cas avec Victimes , de Robin Entreinger. Le cinéaste voudrait dépeindre le portrait d'un homme tourmenté évoquant ses problèmes avec son psy et dont on attend un futur passage à l'acte meurtrier. L'exercice répété de verbiages inintéressants entre les deux protagonistes rend difficile la tâche de tenir jusqu'au bout - d'autant plus quand les phrases sont balancées avec une conviction ne dépassant pas le stade du script mais on peut ajouter que le personnage principal, monotone et antipathique, ne captive pas. À l'écran, le résultat est indigeste et provoque une certaine gêne devant nombre de maladresses, quand bien même il s'agit d'un tout premier film. D'un sérieux improbable, le long-métrage se vautre et fait glousser sans le vouloir, dissipant au moins la platitude de l'ensemble. Incompréhension donc devant ce premier film peu dynamique et sans réelles surprises, même s'il demeure un certain intérêt dans le scénario, notamment dans la relation psychiatre/patient.