Bouchareb produit le premier film de Bouajila et tourne un remake de José Giovanni

Posté par vincy, le 9 avril 2013

Rachid Bouchareb a un agenda chargé. Il va produire le premier long métrage réalisé par son acteur fétiche, le comédien césarisé (pour Les témoins) Sami Bouajila. Bouajila a joué devant la caméra de Bouchareb dans Indigènes, London River et Hors-la-Loi.

L'acteur a décidé de franchir le pas avec l'adaptation de Meurtre entre soeurs, d'après le livre de Willa Marsh.

Le roman, paru en 2009 en France, raconte l'histoire de deux demi-soeurs Olivia et Emily, dans l'Angleterre des années 50. Leur vie est bouleversée par la naissance de Rosie, la fille préférée de leurs parents. Gâtée et sournoise, celle-ci gâche les espoirs de mariage de ses soeurs. Plus tard, elle convoite la maison familiale où vivent encore Olivia, Emily et leurs parents. Elle doit aussi gérer son mariage avec Rup et les aléas d'Alice, sa fille, junkie sans scrupule.

Le scénario a été coécrit par Bouajila et Zoé Galeron (qui avait écrit London River). Ce modeste budget de 3,8 millions d'euros sera distribué par Le Pacte. Le tournage débutera en septembre, avec Dominique Blanc, Claude Perron, Julie Ferrier, Edith Scob et Francine Berge.

De son côté, Bouchareb prépare son prochain film, son premier depuis Hors-la-Loi il y a trois ans. Brenda Blethyn, deux fois nommée aux Oscars et prix d'interprétation à Cannes pour Secrets et mensonges, déjà de l'aventure de London River, sera la vedette de Enemy's Way, remake librement inspiré de Deux hommes dans la ville, film de José Giovanni, avec Gabin et Delon. Blethyn reprendra le rôle de Gabin, face à Forest Whitaker, qui incarnera le personnage de Delon. L'action a été transposée dans la une petite ville de l'Arizona, de nos jours.

Le tournage débute ce mois-ci.

Berlin : Rachid Bouchareb impressionne la Potzdamer Platz avec London river

Posté par MpM, le 12 février 2009

london river rachid bouchareb berlinale brenda nlethyn, sotigui kouyateLe réalisateur Rachid Bouchareb a de quoi être fier. Son long métrage London river vient d’obtenir la première place au classement quotidien des films préférés par la presse internationale. Avec une moyenne de trois étoiles (sur quatre), il passe aisément devant About Elly de Asghar Farhadi et The Messenger de Oren Moverman qui tenaient jusque-là la corde avec 2,6 étoiles chacun. Bien sûr, la compétition n’est pas terminée, et surtout les jurys sont rarement sur la même longueur d’ondes que les journalistes, mais cela présage d’ores et déjà une jolie carrière à l’international pour ce film tourné à Londres en anglais et en français.

Il faut avouer que l’histoire, située juste après les attentats meurtriers de Londres en 2005, a tout ce qu’il faut pour plaire à un public friand d’œuvres reflétant les problématiques sociales et politiques actuelles. On y suit très simplement une femme (Brenda Blethyn) à la recherche de sa fille au cours des jours ayant suivi la tragédie. Elle rencontre un homme (Sotigui Kouyaté) venu de France pour essayer, lui aussi, de retrouver son fils susceptible d’avoir péri dans les attentats. A ce stade, l’intrigue peut sembler banale, presque bébête. Il est vrai aussi que le scénario ne fait rien pour arranger les choses, un peu trop cousu de fil blanc pour surprendre le spectateur qui a l’impression d’avoir toujours un temps d’avance sur les personnages.

Pourtant, la mise en scène s’avère au contraire d’une rare subtilité, évacuant toutes les tentations mélodramatiques, multipliant les ellipses, et se concentrant avec une vraie justesse sur les deux protagonistes centraux et la relation qui se tisse entre eux. On est loin d’être dans The Visitor, mais l’on y songe lors de certaines scènes très ténues où un semblant de chaleur rapproche ces deux êtres mus par une même angoisse. Plus que la grande Histoire, c’est ce récit minuscule qui intéresse Bouchareb, en tant que symbole d’une fraternité possible et d’une humanité qui persiste même dans les pires moments. Quoi de plus actuel, universel et indispensable ?