Netflix grand vainqueur du confinement (et du déconfinement)

Posté par vincy, le 19 juillet 2020

Les salles de cinéma fermées durant le confinement dans la quasi totalité des plus importants marchés (Etats-Unis, Chine, Japon, France, Royaume-Uni…) ont largement profité à la télévision (les films de patrimoine, les comédies françaises et les franchises hollywoodiennes ont attiré la plupart du temps plus de 4 millions de téléspectateurs sur les grandes chaînes). Mais les grands vainqueurs sont bien les plateformes, Netflix en tête.

Avec 10 millions de nouveaux venus au deuxième trimestre, Netflix a désormais 193 millions d’abonnés dans le monde. En Europe, ce sont 2,75 millions d’abonnés en plus qui ont été enregistrés. Netflix continue de narguer les studios, à l’arrêt, avec 6,15 milliards de $ de revenus en trois mois, soit 25% de plus que l’année précédente. On comprend que la plateforme puisse emporter les enchères les plus folles ou signer des chèques monstrueux pour des blockbusters, avec une prise de risque assez limitée.

Au deuxième trimestre, Netflix a dépensé 2,6 milliards de $ en contenus et productions malgré les arrêts de tournages. Cette année, la plateforme devrait investir un peu plus de 14 milliards de dollars dans les contenus. De quoi faire 500 grosses productions françaises.

Car même si son succès semble insolent, Netflix reste prudent : moins de dépenses marketings, reports de projets, comme The Crown dont la saison 4 a été reportée, tout comme la saison 5 de La Casa de Papel.

Outre les séries, on constate aussi le carton d’un certain type de films sur Netflix. La marque a dévoilé son Top 10 des films les plus vus de sa jeune histoire. Sur les 10 films les plus visionnés, on note une bonne moitié de films d’action portés par des stars, Extraction, avec Chris Hemsworth, en tête avec 99 millions de consultations, qui dépasse ainsi Bird Box, avec Sandra Bullock (89 millions), Spenser Confidential, avec Mark Wahlberg (85 millions) et 6 Underground, avec Ryan Reynolds (83 millions). Suivent Murder Mystery et The Irishman, le seul film d’auteur de ce Top 10, avec 64 millions de curieux et de fans.

On doit désormais ajouter The Old Guard, avec Charlize Theron, disponible depuis le 10 juillet, et qui a déjà enregistré plus de 72 millions de visionnages. Le film a toutes les chances de finir sur le podium historique de Netflix.

Ce Top 10 est un peu inquiétant malgré tout. D’abord parce qu’ils sont rarement excellents ou même très bons. Murder Mystery est une honnête comédie policière pour la télévision, mais assez oubliable. 6 Underground, daube enflée dans le genre sauvetage du monde, Spenser Confidential dans la veine polar classique, Triple Frontier, aventure survivaliste, et Extraction, variation de Rambo en guérilla, sont de bons produits, mais ne vont pas au-delà de la série B. Trop convenus sur la forme, trop léger sur l’intrigue, ils jouent l’épate et se veulent pop-corn, mais ils ne vont jamais au-delà. The Old Guard semble du coup bien meilleur par son ambition et son message. Son succès n’aurait peut-être pas été aussi important en salles, et il profite de l’absence de blockbusters sur grand écran pour satisfaire un public très large avide de castagne et de super-héros.

Cependant, dans ce Top 10, il n’y a aucun des grands films d’auteurs qui ont brillé dans les palmarès : pas de Roma, ni de Marriage Story, Okja, Da 5 Blood ou de Uncut Gems. Et nous ne disposons d’aucun chiffre sur eux. Netflix bénéficie clairement de l’aura de ces films (et de leurs réalisateurs) mais quid du résultat réel en matière de popularité ? Malgré ses près de 200 millions d’abonnés dans le monde, Netflix ne semble pas en mesure de transformer un Lion d’or ou un film oscarisé en méga-hit. Auraient-ils réalisé de moins bons scores en salles ?

Pour l’instant, Netflix continue de vouloir viser les grands festivals, les Oscars et des auteurs prestigieux. Mais c’est bien avec des séries B voire C que la plateforme cartonne (hors séries). Si bien que ces films, pour lesquels Netflix investit beaucoup (et sans imposer un montage final, signalons-le) profitent surtout au marketing de la plateforme, tout en coupant les cinéastes d’un lien avec la salle et le public.

Un catalogue qui s'épaissit

Peut-être faut-il s’y résigner. Le confinement a sans doute transformé les habitudes et la salle deviendra, comme le théâtre, une sortie motivée par un désir irrationnel de partager en communauté un divertissement ou une grande œuvre. Car, ne nous leurrons pas, le consommateur qui devra payer deux ou trois abonnements pour son foyer, fera vite le calcul : un ticket de cinéma pour une personne c’est un abonnement mensuel à Netflix pour tous.

Netflix (et Disney +, Amazon prime, HBO, Canal +…) n’est pas seulement le grand triomphateur du confinement pour ses résultats. Les studios, dans l’incapacité de sortir leurs films en salles (chaque lancement est désormais tellement mondialisé que des sorties locales étalées dans le temps paraît impossible), ont cédé de nombreux films aux plateformes, les retirant de leur agenda. Disney + a ainsi récupéré des films prévus pour les cinémas. Amazon a repris la distribution en France de Pinocchio et Forte. Netflix a aussi fait son marché avec quelques films programmés normalement dans les cinémas comme le film d’animation Bob l’éponge (Paramount), qui devait sortir cet été.

Et c’est sans fin puisque Netflix a multiplié les projets et annonces : le nouveau David Fincher et Aaron Sorkin pour cet automne, un Alexandre Aja avec Mélanie Laurent, le prochain film de Jean-Marc Jeunet, un thriller avec Denzel Washington et Julia Roberts, la méga production des frères Russo avec Ryan Gosling et Chris Evan, le film d’animation de Richard Linklater ou encore le prochain Paolo Sorrentino… sans compter les suites de Spenser Confidential, 6 underground et The Old Guard.

[On va tous au cinéma] Bob l’éponge – Le film : Éponge en eaux troubles (acheté par Netflix)

Posté par redaction, le 4 juin 2020

Le pitch: Suite à l’escargotnapping de Gary, son compagnon de toujours, Bob entraîne Patrick dans une folle aventure vers la Cité Perdue d’Atlantic City afin de le retrouver. A travers cette mission sauvetage pleine de surprises, de merveilles et de dangers, Bob l’Éponge et ses acolytes vont réaliser que rien n’est plus fort que le pouvoir de l’amitié.

Le cast: Réalisé par Tim Hill (Garfield 2, Alvin et les Chipmunks), on entendra les voix de Keanu Reeves, Awkwafina et Snoop Dogg parmi les guests.

L'atout: Ce sera le premier "gros" film d'animation post-confinement, après les reports de ceux de Pixar et d'Illumination. Autant dire qu'en pleines vacances, le héros en slip peut faire un carton, vu sa notoriété. Le premier film avec Bob l'éponge (qui date de 2004) avait attiré 600000 spectateurs.

Paramount en panne d’idées pour sa branche animation

Posté par vincy, le 21 août 2012

Après avoir créé il y a un an Paramount Animation, anticipant ainsi la fin du contrat de distribution qui liait Paramount à DreamWorks Animation (voir actualité du 7 juillet 2011), le studio éprouve quelques difficultés à prendre son autonomie.

Car, dans cette histoire, DreamWorks Animation, c'était Shrek (Shrek le troisième est la 5e plus grosse recette de Paramount), Kung Fu Panda, Madagascar, ... au total, onze films qui ont dépassé les 120 millions de $ rien qu'en Amérique du nord. En 6 ans, DreamWorks Animation a rapporté 700 millions de $ de revenus en distribuant les films dans les salles et en vidéo à Paramount. On comprend mieux l'enjeu, même si le studio peut compter sur des franchises profitables comme Transformers, Iron Man, Mission Impossible, Thor, et quelques Spielberg. Mais côté animation, le studio est affaiblit.

Son plus gros succès animé, hors DreamWorks, fut Rango l'an dernier. 124 millions de $ en Amérique du nord. Même pas classé dans les 50 plus grosses recettes historiques du genre, malgré la récompense d'un Oscar du meilleur film d'animation. Les Razmokets en 1998 avait franchi la barre des 100 millions de $ ; Bob L'éponge en 2004 avait récolté 85 millions de $, à peu près le même score que Jimmy Neutron. Généralement ses films animés rapportent de 50 à 80 millions de $. Peu consensuels (South Park, Beavis & Butt-Head, ...), ils séduisent davantage les ados que les familles.  Le studio a ainsi exploité à fond son deal avec sa filiale TV, Nickelodeon. Surtout, ces films se distinguent aisément de la concurrence et sont appréciés de la critique et des cinéphiles. Il est clair que les deux meilleurs films d'animation en 2011 étaient Rango et Tintin. Le cas Tintin est d'ailleurs intéressant. La franchise lancée en 2011 a surtout cartonné à l'étranger (374 millions de $ dont 80% à l'international). La suite est attendue d'ici trois ans.

Dans un premier temps, Paramount n'a annoncé que deux projets, deux suites : celle de Bob l'Eponge (140 millions de $ dans le monde à l'époque, pas déshonorant) et celle de Rango (245 millions de $ dans le monde, soit la 23e meilleure performance mais seulement la 8e parmi les films animés). Le premier est prévu pour 2014. Le second n'a pas encore de date.

Le studio commence à établir une stratégie : des films orientés davantage vers un public familial, avec un budget inférieur à 100 millions de $ (ce qui a fait le succès des dessins animés de la Fox et de de Universal). Pour développer des projets, il a enrôlé sept scénaristes, selon Variety. Ainsi, pour Rango 2, il a débauché les auteurs de Kung Fu Panda 2. Le catalogue Nickelodeon devrait aussi fournir des idées avec des séries comme Dora l'Exploratrice, Avatar, la légende de Korra, Monkey Quest. Les films pouvant se décliner en produits dérivés seront prioritaires. Une autre piste évoquée serait celle d'engager des cinéastes qui sont contractuellement rattachés au studio pour leur proposer des projets de films d'animation. J.J. Abrams réfléchit sur un scénario de ce genre. Gary Whitta (Le Livre d'Eli) travaille actuellement sur l'adaptation de la BD Penny Arcade, projet confirmé par la Paramount.

Mais pour l'instant, la dynamique n'est pas là et l'agenda est quasiment vide. 9 films sont confirmés en 2013 et 2014. Un seul est un film animé (et la moitié sont des suites). Laborieux développement quand DreamWorks Animation a déjà 10 films en route. 45 ans après la fermeture de Paramount Cartoon Studios, le processus de renaissance prend du temps...