Le discours d’un roi : Sept lauriers aux prix BAFTA

Posté par vincy, le 13 février 2011

Le discours d'un roi a logiquement (presque) tout raflé aux prix BAFTA, les Oscars britanniques.Sept prix dont trois dans la catégorie acteur/actrice, celui du meilleur film et du meilleur film britannique, celui du scénario originale et celui de la musique pour le français Alexandre Desplats.

Cela a quand même laissé quelques trophées (des masques) à des films comme The Social Network (réalisateur et deux autres), Inception (quatre récompenses au total), Black Swan (actrice)... Millénium repart avec celui du meilleur film en langue étrangère.

Christopher Lee et la saga Harry Potter (voir actualité du 3 février) ont reçu un prix d'honneur. Tom Hardy (Inception) a remporté le prix du meilleur espoir face à Gemma Arterton, Andrew Garfield, Aaron Johnson et Emma Stone.

Peu de surprise par conséquent, mais toujours la même critique : pourquoi les prix BAFTA se laissent-ils autant envahir par les productions hollywoodiennes? Il est rassurant de voir qu'un film on ne peut plus anglais que Le discours d'un roi sauve l'honneur national d'un cinéma pourtant vivace...

Le palmarès : (voir toutes les nominations)

Le discours d'un roi : meilleur film, meilleur film britannique, meilleur scénario, meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleure musique (Alexandre Desplat)

Four Lions : nouveau talent britannique

The Social Network : meilleur réalisateur (David Fincher), meilleure adaptation, meilleur montage

Millénium (1) : meilleur film en langue étrangère

Toy Story 3 : meilleur film d'animation

Black Swan : meilleure actrice (Natalie Portman)

True Grit : meilleure image (Roger Deakins)

Inception : meilleure direction artistique, meilleur son, meilleurs effets visuels

Alice au pays des merveilles : meilleurs costumes, meilleurs maquillages

The Egleman Stag : meilleur court métrage animé

Until the River Runs Red : meilleur court métrage

Prix BAFTA : 14 nominations pour Le discours d’un Roi en vue d’un couronnement

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

Le discours d'un roi s'offre 14 royales nominations aux BAFTA (les Oscars britanniques) qui seront remis le 13 février prochain. Black Swan sera son concurrent le féroce (12 nominations). Mais on voit mal les Anglais passer à côté du film sur le bègue Georges VI.
Inception (9 nominations), 127 heures et True Grit (8 nominations) et The Social Network (6 nominations) sont les autres potentiels multiples gagnants.

Reconnaissons que la catégorie meilleur film a de la gueule : de la danse (Black Swan), de la science fiction (Inception), de l'esprit (Le discours d'un roi), du drame juridique (The Social Network) et du western (True Grit).

Côté acteurs, Colin Firth apparaît le grand favori face à Jeff bridges, James Franco, Jesse Eisenberg et l'intrus hispanique, Javier Bardem (Biutiful). Côté actrice, Natalie Portman devra affronter les deux mères de The Kids are all right (Annette Bening et Julianne Moore), la suédoise Noomi Rapace et la jeune Hailee Steinfeld.

Les BAFTA ont aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique : The Arbor, Exit Through the Gift Shop, Four Lions, Monsters et Skeletons. Pour les films étrangers, cela se partage entre deux continents, l'Europe et l'Amérique latine avec Biutiful (Mexique/Espagne), le film Millénium (Suède/Danemark), Amore (Italie), Des Hommes et des Dieux (France), Dans ses yeux (Argentine).

Quatre musiques de film disqualifiées des Oscars

Posté par vincy, le 22 décembre 2010

Black Swan (Clint Mansell), True Grit (Carter Burwell), The Kids are All Right et The Fighter ne peuvent pas concourir dans la catégorie meilleure musique des Oscars. Les deux premières bandes originales utilisent, selon le comité de l'Académie, trop de thèmes musicaux ou de musiques pré-existantes.

Ainsi la partition de Black Swan est considérée comme une adaptation du Lac des Cygnes de Tchaikovsky. Celle de True Grit s'inspire trop des musiques folkloriques du XIXe siècle.

Les deux autres sont "accusés" d'avoir trop de chansons par rapport à la musique originale, qui voit donc son impact diminuer et jouer les seconds rôles.

Screen Actors Guild Awards : The King’s Speech vient défier Fincher et Aronofsky

Posté par vincy, le 17 décembre 2010

The Social Network semble le grand favori aux Oscars, Black Swan un outsider plus que potentiel. Mais la rivalité provient du Discours d'un roi (The King's Speech), déjà favori des Golden Globes plus tôt cette semaine, et remarqué au dernier festival de Toronto (Prix du public). La sortie française est prévue le 2 février. Cette liste croise d'ailleurs d'assez près celle des nominations aux Golden Globes. Tout cela se consolide donc...

À la vue des nominations pour les Screen Actors Guild Awards (la plus puissante guilde professionnelle, la plus influente notamment pour les Oscars), le film de Tom Hooper fait même un sans faute avec des sélections dans diverses catégories : meilleur acteur (Colin Firth), meilleur second rôle masculin (Geoffrey Rush), meilleur second rôle féminin (Helena Bonham Carter), meilleur ensemble (les mêmes avec Guy Pearce, Derek Jacobi, Michael Gambon).

Dans cette dernière catégorie, les castings de Black Swan, The Fighter, The Kids are all right et The Social Network sont également distingués.

Côté acteurs, Firth affronte Jeff Bridges (True Grit), Robert Duvall (Get Low), Jesse Eisenberg (The Social Network) et James Franco (127 heures). Transgénérationnel donc.

Côté actrice, la bataille fera rage entre Annette Bening (The Kids are all right), Nicole Kidman (Rabbit Hole), Jennifer Lawrence (Winter's Bone), Natalie Portman (Black Swan) et Hilary Swank (Conviction, surprenant car jamais cité jusqu'à présent).

Dans les seconds rôles masculins, Rush est opposé à Christian Bale (The Fighter), John Hawkes (Winter's Bone), Jeremy Renner (The Town), et Mark Ruffalo (The Kids are all right).

Et côté féminin, on verra un match entre Bonham-Carter et Amy Adams (The Fighter), Mila Kunis (Black Swan), Melissa Leo (The Fighter) et Hailee Steinfeld (True Grit).

The Social Network part grand favori des Oscars

Posté par vincy, le 14 décembre 2010

En récoltant tous les titres de Meilleur film dans les différentes remises de palmarès de ce week-end, The Social Network de David Fincher ne laisse pas beaucoup de place à ses concurrents pour la prochaine cérémonie des Oscars.

Les critiques de Boston, Washington, San Francisco, Toronto et surtout de Los Angeles et New York (ces deux listes sont parmi les plus prestigieuses toutes remises de prix confondues) ont unanimement élu le drame de Fincher comme meilleur film, mais pas seulement. Le scénario est régulièrement récompensé, tout comme la mise en scène, et même l'acteur principal. Pourtant celui-ci devrait laisser l'Oscar à un autre favori, Colin Firth, dont ce devrait être l'année, avec son personnage de The King's Speech. Idem côté film d'animation où Toy Story 3 truste la catégorie, d'Est en Ouest, à l'exception de Toronto (Dragons).

L'autre surprise provient de France : Carlos, d'Olivier Assayas, mais aussi L'illusionniste de Sylvain Chomet, collectionnent les récompenses. Même Niels Arestrup se retrouve primé pour son second rôle dans Un prophète (à Los Angeles). Sans oublier Alexandre Desplat (côté musique). Carlos (remarqué par les critiques de New York et Los Angeles) n'est pas sélectionnable pour les Oscars (les français ont préféré présenter Des hommes et des Dieux).

Seul l'Oscar de la meilleure actrice semble ouvert : Michelle Williams (Blue Valentine) à San Francisco, Jennifer Lawrence (Winter's Bone) à Toronto et Washington, Annette Bening (The Kids are all right) à New York, Kim Hye-ja (Mother) à Los Angeles, Natalie Portman (Black Swan) à Boston

Critiques de New York

The Social Network : film, réalisateur
The Kids are all right : scénario, actrice, second rôle masculin
The King's Speech : acteur
The Fighter : second rôle féminin
Black Swan : image
L'illusionniste : film d'animation
Inside Job : Documentaire
Carlos : Film en langue étrangère
Animal Kingdom : premier film

Critiques de Los Angeles

The Social Network : film, réalisateur, scénario, musique
Carlos : film en langue étrangère, réalisateur
The King's Speech : acteur
Mother : actrice
Un prophète : second-rôle masculin
Animal Kingdom : second rôle féminin
Last Train Home : documentaire
Toy Story 3 : film d'animation
Black Swan : image
The Ghost-Writer : musique
Inception : décors et costumes

Black Swan de Darren Aronofsky en avant-première

Posté par MpM, le 9 décembre 2010

Est-ce pour nous réchauffer au coeur de l'hiver ? Les films américains les plus attendus du premier trimestre 2011 s'invitent à Paris le temps d'avant-premières prestigieuses et exceptionnelles. Ainsi, après Somewhere de Sofia Coppola il y a quelques jours, c'est au tour de Black Swan de Darren Aronosky (The wrestler, The fountain) de passer par la capitale.

Vous n'en pouvez plus d'attendre ce film qui réunit Natalie Portman,Vincent Cassel, Mila Kunis et Winona Ryder dans un thriller troublant et sublime sur fond de danse classique, et qui fut l'un des moments forts du festival de Venise?

Alors rendez-vous à l'UGC ciné-cité de Bercy vendredi 10 décembre à 20h pour assister à cette projection unique qui aura lieu en présence du réalisateur. Les réservations ne semblent d'ores et déjà plus possible sur le site d'UGC... mais peut-être restera-t-il quelques places à prendre le soir-même ? Sinon, la première séance de rattrapage est... le 9 février 2011.

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Black Swan de Darren Aronofsky
Avec Natalie Portman,Vincent Cassel, Mila Kunis, Winona Ryder, Barbara Hershey...
Avant-première le 10 décembre 2010
Sortie le 9 février 2011

Les Independent Spirit Awards 2011 s’offrent Hollywood (et deux films français)

Posté par vincy, le 1 décembre 2010

Mc Hale, Mendès, Renner ont présenté les nominations

Winter's Bone part grand favori de la cérémonie des Independant Spirit Awards, les Oscars du cinéma inédpendant américain. Avec 7 nominations, l'histoire d'une jeune fille tentant de sauver une famille en désintégration, avec un père dealer de drogue, le drame de Debra Granik, déjà couronné par les Gotham Awards, deux prix au Festival de Berlin, deux autres à celui de Seattle et surtout le Grand Prix du jury à Sundance, devient un concurrent sérieux pour les Oscars. Il sort en France le 2 mars prochain.

Autre film qui pourrait s'inviter aux Oscars, le nouveau Darren Aronofsky, Black Swan. Il est cité cinq fois. Juste devant trois autres productions qui se partagent quatre nominations chacun : la comédie dramatique homoparentale The Kids are All Right, le nouveau John Cameron Mitchell, Rabbit Hole, et le dépressif Greenberg, avec Ben Stiller.

Mais il faut aussi noter la présence du dernier Danny Boyle, 127 heures, qui fait sensation dans les salles par son réalisme horrifique.

En fait, les Spirit Awards, qui seront décernés la veille des Oscars, le 26 février, se payent un casting de choc avec la présence de nombreuses stars hollywoodiennes. De quoi intéresser les médias et voler la vedette à la vénérable statuette convoitée par tous : James Franco (présentateur des Oscars, par ailleurs, Ben Stiller, John C. Reilly, Annette Bening, Nicole Kidman, Natalie Portman, Michelle Williams, Samuel L. Jackson, Bill Murray, Mark Ruffalo, Naomi Watts ... Le tapis rouge va voir défiler un nombre impressionnant de vedettes confirmées. Cela démontre que le cinéma indépendant séduit de plus en plus les comédiens "installés", et en creux que le cinéma des studios proposent de moins en moins de rôles et de scénarios intéressants. La frontière entre les deux catégories a implosé.

Enfin, remarquons que, dans la catégorie du meilleur film étranger, la Palme d'or cannoise, Oncle Boonmee, sera en concurrence avec le Grand prix du jury, Des hommes et des Dieux. De même ils seront rivaux d'un autre favori pour les Oscars, The King's Speech, et d'un autre film français, Mademoiselle Chambon, dont le charme semble avoir traversé l'océan.

Les nominations :

Meilleur film : 127 heures ; Black Swan ; Greenberg ; The Kids are all right ! ; Winter's Bone

Meilleur réalisateur : Darren Aronofsky (Black Swan) ; Danny Boyle; (127 Hours) ; Lisa Cholodenko (The Kids Are All Right) ; Debra Granik (Winter's Bone) ; John Cameron Mitchell (Rabbit Hole)

Meilleur acteur : Ronald Bronstein (Daddy Longlegs) ; Aaron Eckhart (Rabbit Hole) ; James Franco (127 Hours) ; John C. Reilly (Cyrus) ; Ben Stiller (Greenberg)

Meilleure actrice : Annette Bening (The Kids Are All Right) ; Greta Gerwig (Greenberg) ; Nicole Kidman (Rabbit Hole) ; Jennifer Lawrence (Winter's Bone) ; Natalie Portman (Black Swan) ; Michelle Williams ( Blue Valentine)

Meilleur second rôle masculin : John Hawkes (Winter's Bone) ; Samuel L. Jackson (Mother and Child) ; Bill Murray (Get Low) ; John Ortiz (Jack Goes Boating) ; Mark Ruffalo (The Kids Are All Right)

Meilleur second rôle féminin : Ashley Bell (The Last Exorcism) ; Dale Dickey (Winter's Bone) ; Allison Janney (Life During Wartime) ; Daphne Rubin-Vega (Jack Goes Boating) ; Naomi Watts (Mother and Child)

Meilleur scénario : The Kids Are All Right ; Winter's Bone ; Please Give ; Rabbit Hole ; Life During Wartime

Meilleur premier film : Everything Strange and New ; Get Low ; Night Catches Us ; The Last Exorcism ; Tiny Furniture

Meilleur premier scénario : Obselidia ; Tiny Furniture ; Lovely, Still ; Jack Goes Boating ; Monogamy

Prix John Cassavetes (film dont le budget est inférieur à 500 000 $) : Daddy Longlegs ;  Lbs. ; Lovers of Hate ; Obselidia ; The Exploding Girl

Meilleure image : Never Let Me Go ; Black Swan ; Tiny Furniture ; Winter's Bone ; Greenberg

Meilleure documentaire :  Exit Through the Gift Shop ; Marwencol ; Restrepo ; Sweetgrass ; Thunder Soul

Meilleur film étranger : Kisses (Irlande) ; Mademoiselle Chambon (France) ; Des Hommes et des Dieux (France) ; The King's Speech (Royaume Uni) ; Oncle Boonmee qui se souvient de ses vies antérieures (Thaïlande)

Prix Acura du cinéaste de demain : Hossein Keshavarz (Dog Sweat ; Laurel Nakadate (The Wolf Knife) ; Mike Ott (Littlerock)

Prix Piaget du meilleur producteur : In-Ah Lee (Au Revoir Taipei) ; Adele Romanski (The Myth of the American Sleepover) ; Anish Savjani (Meek's Cutoff)

Prix Aveeno du documentariste de demain : Ilisa Barbash, Lucien Castaing-Taylor (Sweetgrass) ; Jeff Malmberg (Marwencol) ; Lynn True, Nelson Walker (Summer Pasture)

Prix Robert Altman (réalisateur, directeur de casting et l'ensemble du casting) : Please Give, de Nicole Holofcener, avec Ann Guilbert, Rebecca Hall, Catherine Keener, Amanda Peet, Oliver Platt, Lois Smith, Sarah Steele

Venise 2010 (vidéo) : jour 9 – Pronostics et premières récompenses

Posté par kristofy, le 11 septembre 2010

Venise 2010 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 11 septembre 2010

De manière générale, tout le monde est d'accord pour reconnaître la bonne tenue de la sélection 2010, presque plus captivante que celle de Cannes ou de Berlin. En effet, les réalisateurs attendus au tournant ont peu déçus tandis que les autres ont réussi à créer de belles surprises. On se retrouve donc en fin de festival avec des pronostics très ouverts sur l'identité des lauréats.

Dans le détail, il est frappant de constater que plusieurs thématiques très fortes se dégagent de ces 24 films venus pourtant de tous les horizons.

Le poids de l'Histoire

Tout d'abord, l'Histoire avait cette année une importance toute particulière, qu'elle soit au centre des intrigues comme dans Noi credevamo de Mario Martone, fresque épique sur la révolution italienne, ou plus en toile de fond comme dans les deux actioners asiatiques Detective Dee and the mystery of phantom flame de Tsui Hark et 13 assassins de Takashi Miike. Julian Schnabel, lui, aborde dans Miral les différentes étapes du conflit israélo-palestinien à travers la vie de plusieurs personnages qui se croisent. Dans Ballade triste de trompeta d'Alex de la Iglesia, la grande Histoire sert elle-aussi de prétexte à la petite, puisque son personnage principal est traumatisé par les horreurs de la guerre civile.

Enfin, trois films mêlent intimement témoignage historique et destins particuliers, puisant dans les faits réels qu'ils exposent une force dramatique supplémentaire : Venus noire d'Abdellatif Kechiche retrace les dernières années de la vie de Sarah Baartman, dite la "Venus Hottentote", Post mortem de Pablo Larrain se déroule au moment du coup d'état contre Salvador Allende au Chili, période troublée de massacres et de peur, et The ditch de Wang Bing raconte le quotidien miséreux de prisonniers politiques chinois croupissant dans un camp de travail insalubre pendant les années 60. Les journalistes chinois ont d'ores et déjà été prévenus, il est interdit de parler du film. Et si c'est lui qui gagne, il faudra tout simplement prétendre qu'aucun lion d'or n'a été décerné cette année. Preuve que le passé n'a pas fini d'être sensible, en plus d'être une excellente source d'inspiration.

Identité sexuelle 2.0

Dans un genre très différent, de nombreux films se sont intéressés aux questions d'identité sexuelle. Dans Potiche de François Ozon, les enjeux de la fin des années 70 font clairement écho à notre époque : émancipation, indépendance financière, libération sexuelle... Le film interroge ce qu'est être une femme et se moque des dernières barrières sexistes. Dans Black Swan de Darren Aronofky et La solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo, les deux héroïnes fantasment sur une autre femme, et vont jusqu'au passage à l'acte plus ou moins fantasmé.

De plus, à travers la question de l'identité sexuelle, c'est la notion même de couple qui vole en éclats pour mieux donner naissance à quelque chose de meilleur. Happy few d'Antony Cordier explore différentes combinaisons échangistes entre deux couples qui se rendent compte qu'ils fonctionnent mieux à 4 qu'à 2. Drei de Tom Tykwer réinvente le trio classique de la femme, le mari et l'amant, en jetant les deux hommes dans les bras l'un de l'autre, et en appelant à abandonner les "idées préconçues de détermination biologique". A bas les étiquettes, en somme.

Vous avez dit abstraction ?

Enfin, il y a presque de quoi relancer le vieux débat sur l'abstraction au cinéma, tant certains films essayent de s'affranchir de toute narration, voire de toute intrigue. Cela donne des oeuvres arides et épurées, parfois radicales, qui ne cherchent pas à séduire a priori. C'est le cas d'Essential killing de Jerzy Skolimowski, où Vincent Gallo est seul dans la neige pendant plus de la moitié du film. Ou encore de Promises written in winter, de et avec Vincent Gallo, sorte d'essai destructuré où l'acte de création a lieu en direct, encore et encore, jusqu'à trouver le ton juste.

Somewhere
de Sofia Coppola tend lui-aussi vers cette sorte d'abstraction en se contentant de capter la vie dans ce qu'elle a de plus quotidien. Au début et à la fin du film, on voit ainsi le personnage dormir, manger, marcher, en un mot vivre. Le reste est une succession de saynètes et de petits moments privilégiés. Silent Souls d'Aleksei Fedorchenko est un road-movie poétique et contemplatif sur les rites funéraires d'une éthnie russe imaginaire. Les gestes et les rituels y comptent bien plus que l'histoire-prétexte. Enfin, Meek's cutoff de Kelly Richardt se déroule dans les vastes plaines désertiques et désolées de l'Ouest américain. On y suit une poignée de pionniers à la recherche d'un point d'eau. L'intrigue et les dialogues tiennent sur un timbre poste, et là aussi tout est dans les gestes accomplis et l'écoulement du temps.

S'il est possible de considérer cette sélection comme un instantané de la production cinématographique à un instant "t", alors les réalisateurs contemporains semblent avant tout obnubilés par la question du temps qui passe. A la fois dans la nécessité d'interroger le passé pour mieux comprendre le présent, que dans celle de capter le flot de la vie et son irrésistible bouillonnement. Dans tous les cas, ils se projettent dans un avenir proche ou lointain qu'ils espèrent tous plus harmonieux, car ayant tiré les leçons de l'Histoire, et plus satisfaisant, car ayant redéfini les différents rapports sociaux entre les êtres. Le cinéma comme synthèse et utopie politiques, en quelque sorte.

Telluride s’emballe pour Incendies, The King’s Speech et Tabloid

Posté par vincy, le 7 septembre 2010

Coincé entre Venise et Toronto, le Festival de Telluride est néanmoins l'un des plus suivis de la saison. Cette station de ski du Colorado est considéré comme un temple du cinéma indépendant, sorte de Sundance bis estival. Créé en 1974, le Festival du film de Telluride attire tous les médias américains, 500 volontaires et des artistes prestigieux. Il est l'un des trois festivals américains les plus populaires et est toujours dans le Top 10 des festivals internationaux. La 37e édition s'est ouverte le 3 septembre pour se clore hier, 6 septembre.

Et la programmation est tentante, avec de nombreux films vus à Cannes, mais pas seulement. Telluride fait un important travail de valorisation du patrimoine cinématographique, avec des présentations spéciales de vieux films ou de copies restaurées.

Sinon on y voit les films de Martin Scorsese (A Letter to Elia), Mike Leigh (Another Year), Alejandro González Iñárritu (Biutiful), Olivier Assayas (Carlos), Fernando Trueba (Chico et Rita), Sylvain Chomet (L'illusionniste), accompagné d'un documentaire sur Jacques Tati de Michael House, Denis Villeneuve (Incendies, d'après la pièce de Wajdi Mouawad), Tom Hooper (The King's Speech, avec Colin Firth), Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux), Lee Chang-dong (Poetry), Shlomi Eldar (Precious Life), Bertrand Tavernier (La princesse de Montpensier), Stephen Frears (Tamara Drewe) et le nouveau Peter Weir (The Way Back).

Telluride remet aussi des prix spéciaux, des Médaillons. Cette année Claudia Cardinale, Colin Firth

Trois films ont suscité l'enthousiasme des professionnels et du public : The King's Speech, Tabloid et Incendies. Des films comme 127 heures de Danny Boyle ou Black Swan de Darren Aronofksy ont eut le droit à des projections spéciales servant de tests auprès des spectateurs pour les studios.