BIFFF 2017 : Corbeau d’or pour Safe Neighborhood

Posté par kristofy, le 18 avril 2017

Le 35e BIFFF, le Bruxelles International Fantastic Film Festival, a fait le plein de fidèles qui ont vidé le bar et de nouveaux convertis aux projections où on peut crier "derrière toi..., la porte..., mais pourquoi est-il si méchant? " : d'ailleurs après The girl with all the gifts de Colm McCarthy en ouverture c'était le bien nommé Le Bar de Alex de la Iglésia en clôture. Quelques pointures du genre sont venues au BIFFF cette année : hommage aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar, une masterclass de Fabrice Du Welz, le légendaire Stanley Tong, le retour de Dick Maas, l'arrivée du nouveau maître du polar coréen Hyun Na avec The Prison... et même Timo Vuorensola avec des images de la suite à venir de Iron Sky.

Génération XX

Un anniversaire où, pour la Compétition Internationale, il y avait un jury 100% féminin : présidé par Euzhan Palcy, avec Christina Lindberg, Macarena Gomez, Mar Targarona, et Axelle Carolyn. Un symbole comme pour signifier qu'il y aurait un manque de visibilité des femmes dans le fantastique: la réalisatrice Axelle Carolyn a d'ailleurs remarqué à ce sujet qu'on voit une parité hommes-femmes dans les écoles, à la réalisation de courts-métrages, mais que cela devient plus compliqué au niveau des producteurs pour financer le budget d'un long-métrage réalisé par une femme...

L'autre film de clôture était tout aussi féminin : XX, quatre histoires filmées par Karyn Kusama, Roxane Benjamin, Jovanca Vucovic et Sofia Carillo.

Espagne et Corée du sud

On constate que le fantastique à toutes les sauces est toujours vivant en particulier en Espagne "option suspens et revanche" avec The Invisible guest de Oriol Paulo, La colère d'un homme patient de Raul Arevalo, Orbiter 9 de Hatem Khraiche (dans le palmarès), Boy missing de Mar Targarona (et la participation de Macarena Gomez) ; et en Corée du Sud "option voyages dans le temps et gangsters" avec Vanishing Time : A Boy who returned de Um Tae-hwa (dans le palmarès), Luck Key de Lee Gye-Byeok (2ème film le plus drôle cette année), The Tunnel de Kim Seong-hun (aussi au palmarès), Seras-tu là ? présenté par la réalisatrice Hong Ji-young avec l'écrivain Guillaume Musso (puisqu'il s'agit d'une adaptation de l'écrivain le plus lu de France), Sori, voice from the heart de Lee Ho-Jae, The Prison de Hyun Na... soit autant de films dont on croise les doigts pour les voir arriver en salles en France (mais sans trop d'espoir pour la plupart). Par contre on est resté plutôt tiède avec les films originaires du Japon, dont Innocent Curse de Takashi Shimizu en avant-première mondiale où la suite de Death Note: light up the new world de Shinsuke Sato.... Reste l'exception Hentai Kamen:the abnormal crisis aussi improbable que jouissif (qui figurait d'ailleurs en compétition).

Toutes sélections confondues (Compétition internationale, Compétition 7e Orbit, la Compétition Thriller…) il y avait beaucoup de démons, de combats au corps à corps en Asie, de serial-killers...   ...et sur le moment nos films préférés ont été : Free Fire de Ben Wheatley, Headshot de The Mo Brothers, Cold Hell de Stefan Ruzowitzky, Luck Key de Lee Gye-Byeok, Strangled de Arpad Sopsits, Tunnel de Kim Seong-hun, The Autopsy of Jane Doe de Andre Ovredal, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina (un autre favori de la compétition). On place sur un podium Small Town Killers de Ole Bornedal (le film le plus drôle du BIFFF, d'ailleurs au palmarès), Call of Heroes de Benny Chan (épique), et la belle surprise Safe Neighborhood de l'Australien Chris Peckover qui a d'ailleurs reçu le Corbeau d'Or. Le film fait le tour des festivals depuis quelques mois et d'ailleurs reçu deux prix en Australie l'automne dernier.

Le palmarès de ce 35ème BIFFF 2017 :

- Corbeau d’Or : Safe Neighborhood de Chris Peckover
Corbeau d’Argent ex aequo: The Mermaid de Stephen Chow ; We Go On de Jesse Holland & Andy Mitton
- Mention spéciale : Vanishing Time : A Boy who returned de Um Tae-hwa

Le palmarès des autres sections :

Méliès d’Argent : Small Town Killers de Ole Bornedal + Mention Spéciale pour Orbiter 9 de Hatem Khraiche
Prix Thriller At The End of the Tunnel de Rodrigo Grande + Mention Spéciale pour Free Fire de Ben Wheatley
Prix du 7e Parallèle : Swiss Army Man de Dan Kwan & Daniel Scheinert + Mention spéciale pour Saving Sally de Avid Liongoren
- Prix de la Critique : Tunnel de Kim Seong-hun
- Prix du Public : The Autopsy of Jane Doe de Andre Ovredal

BIFFF 2017 : les serial-killers en vedette dans 3 films

Posté par kristofy, le 17 avril 2017

Strangled

Le BIFFF sans serial-killers ne serait certainement pas le BIFFF. L'expression popularisée aux Etats-Unis a changer la façon d'enquêter. On remplace le portrait-robot par un portrait-psychologique pour trouver un suspect. Au cinéma on s'intéresse le plus souvent au travail de détective pour l'arrêter, comme par exemple avec David Fincher (Seven ou Zodiac). Et en Europe ?

Voilà trois exemples de films où un tueur en série inspire des images éprouvantes :

Strangled
Le réalisateur Arpad Sopsits s'appuie sur une histoire vraie avec une reconstitution de la Hongrie des années 60. Au début du film une femme est assassinée, un homme est accusé et condamné à 25 ans de prison. Quelques années après une autre femme est violée et tuée, puis plus tard une autre, puis encore une autre... Toutes ces femmes sont originaires du même endroit. Elles rentraient seules à leur foyer le soir... La police a la pression pour trouver le coupable: ces meurtres sont aussi contrariants pour les représentants de la justice car cela remet en cause le procès de celui jugé 7 ans plus tôt qui, justement, demande la révision de son procès. A-t-on condamné un innocent sans vérifier tout les éléments, qui est le coupable ? Le film fait glisser progressivement l'intérêt du spectateur sur les victimes puis les policiers et l'auteur des crimes. Les femmes de l'usine à chaussures ont peur, quelques flics font des recoupements contre leur hiérarchie qui cherche à couvrir des erreurs ("il ne faut pas ébranler la foi des gens en la justice"), et le criminel apparaît comme un monsieur-tout-le-monde qui se croit insaisissable...

Cold Hell
Une femme chauffeur de taxi de nuit rentre chez elle crevée: pas de chance, par une fenêtre, elle aperçoit dans l'appartement d'en face une femme nue torturée en train de crever : elle a vue la silhouette d'un homme mais surtout elle sait que lui l'a clairement vue et que, en tant que témoin, elle est en danger de mort s'il la retrouve... Attention à ce réalisateur Stefan Ruzowitzky (Oscar du meilleur film étranger en 2008 pour Les Faussaires), son film se déroule dans l'Allemagne d'aujourd'hui avec une héroïne d'origine turque confrontée à un serial-killer motivé par un verset du coran : certains dialogues évoquent des rivalités sensibles. En plus d'un serial-killer violent, cette héroïne à une passion pour la boxe thaï (un univers d'hommes...), sa meilleure amie mariée multiplie des aventures avec d'autres hommes, le policier s'occupe de son vieux père presque grabataire, un bébé se retrouve sans famille... On découvre toute une galerie de personnages inhabituels dans le genre, mais le film nous gratifie de plusieurs scènes brutales dont une bagarre en voiture mémorable.

Therapy
Trois jeunes vont dans un bâtiment désaffecté pour y faire des tags, et ils n'en sont jamais revenus. Peu après, à côté, cinq personnes arrivent pour camper mais l'une d'entre eux disparait la nuit, les autres se retrouvent dans ce même bâtiment et ils disparaissent à leur tour... Les gendarmes ont trouvé les cartes-mémoire de leurs différentes caméras et découvrent tout ce qu'ils ont filmé : il y a un serial-killer masqué dans les parages... La majeure partie du film est constitué d'un montage de plusieurs enregistrements vidéo de ces personnes que l'on découvre. Ça vous rappelle le Projet Blair Witch ? C'est un peu ça, voici un film du genre found-footage qui est français ! Sa particularité est que son réalisateur Nathan Ambrosioni est très jeune. A 16 ans, il signe ainsi son deuxième long-métrage ! Il a tourné avec des proches, presque tous bénévoles, du matériel prêté et 2000 euros de frais divers. Alors oui c'est un peu bancal pour la forme du found-footage (de la musique effrayante a été rajoutée, une chronologie hasardeuse...) tout comme sur le fond (le déroulé de l'enquête des gendarmes et la façon de les filmer...) mais c'est excusable par rapport au contenu des images filmées par les disparus. Il y a tout de même une certaine tension qui s'installe avec tout ce que l'on voit. La hache comme le sang sont plutôt réaliste... Bel effort et prometteur.

BIFFF 2017 : le meilleur de l’action en Asie en 3 films

Posté par kristofy, le 16 avril 2017

Call of Heroes

Le BIFFF c’est donc le Bruxelles International Fantastic Film Festival, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, et des films d'action où on se bagarre en combat rapproché et où on se tire dessus pour tout faire exploser : ennemi, voiture, bâtiment, rétines des spectateurs.

Voilà trois exemples de films qui sauront vous redonner envie de voir des (bons) films d'action :

Call of Heroes, de Benny Chan avec Sammo Hung en chorégraphe des combats.
Tout ce que vous aimez dans les westerns et dans les films de kung-fu se retrouve dans ce ‘eastern’ : le fils d’un seigneur de guerre est coupable de trois meurtres dans un village. Il est donc condamné à mort, mais son armée exige sa libération, menaçant, sinon, de tuer tout le monde… On y retrouve le personnage du vagabond expert en combat qui passe par là et qui va s’impliquer dans l'affaire, une shérif qui tient à faire respecter la justice, des villageois qui ne veulent pas mourir à cause de l’entêtement de leur chef, un condamné qui s’amuse de tout ça car son armée a de toute façon prévu de piller le village et de tuer tout le monde... L’histoire est l’archétype de David contre Goliath, du faible qui défend la justice et l’honneur de son village contre le fort violent qui envahit d’autres territoires. Call of Heroes concentre tout les ingrédients des films d'arts-martiaux d'antan mais dans une grande fresque moderne et spectaculaire.

Opération Mékong, de Dante Lam.
Le film se base sur un fait survenu en Asie dans le ‘triangle d’or’ de la drogue, à la frontière de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar (ancienne Birmanie): il y avait eu sur le fleuve Mekong une attaque d’une embarcation pleine d’un étrange chargement. 13 chinois ont été retrouvés dans l’eau les mains attachées et mort d’une balle tandis que la marchandise (des milliers de cachets de méthamphétamine) a été retrouvée ailleurs. Plusieurs pays décident d’unir leur force de police en commun pour enquêter et arrêter les gros bonnets du cartel producteur de drogue, en particulier les policiers chinois, qui sont ici les héros. Si Dante Lam, expert en film d’action a été un peu oublié, il prouve bien qu’il est l’un des meilleur du genre avec Opération Mekong : exfiltration d’une no-go zone avec combats à tout les étages pour finir en cascades de voitures et lance-roquette, négociation d’un gros deal qui foire dans un centre commercial bondé de gens avec des combats dans tout les sens et même une voiture qui casse tout à l’intérieur, assaut de repaire du big boss dans la jungle façon Rambo avec grenades, course-poursuite de plusieurs bateaux à toute vitesse sur le fleuve en vidant quantité de chargeurs d’arme à feu, et en bonus des enfants soldats assassins…

Headshot, de The Mo Brothers
Le nouveau film du duo Timo Tjahjanto et Kimo Stamboel continue une progression vers un cinéma un peu plus grand public, après le gore de Macabre et les tortures de Killers . Ce nouveau film est avant tout de la grosse baston. Leur as c'est Iko Uwais la star de The Raid (également chorégraphe des scènes de combat). Le point de départ est comme Jason Bourne ou XIII : il est à l’hôpital après qu’on lui ai tiré dessus, et il est amnésique… Sans surprise il se révèle être désormais un ‘gentil’ que son ancien gang de ‘méchants’ veut abattre: il était un tueur expert en combat mais maintenant il doit se défendre contre eux et protéger, en plus, la belle infirmière tombée amoureuse de lui. Festival de coups de machette, de pieds-poings dans la gueule et de bras tordus avec pour décor un commissariat qui sera détruit ou un bus qui sera brulé, Iko Uwais est bel et bien un phénomène qui pourrait séduire Hollywood.

BIFFF 2017 : Rencontre avec Stanley Tong (Kung-Fu Yoga)

Posté par kristofy, le 15 avril 2017
Sonu Sood, Stanley Tong et Disha Patani

Sonu Sood, Stanley Tong et Disha Patani

Stanley Tong est connu pour avoir réalisé plusieurs films avec Jackie Chan (Police Story 3 (Supercop), Jackie Chan dans le Bronx, The Myth... ). Il a commencé comme cascadeur puis a occupé différents postes sur des tournages de films, avant de devenir scénaristes et réalisateur. Il est aussi producteur de films comme de séries télé, il gère également un circuit de salles de cinéma. Il est venu au BIFFF de Bruxelles pour présenter son nouvel opus, encore avec Jackie Chan : Kung-Fu Yoga.

Le pitch

Après une introduction en forme de cours d'histoire sur une bataille en Inde à ses élèves, un archéologue du nom de Jack Chan (!) rencontre une consœur venant d'Inde avec une ancienne carte abimée qui évoque un trésor légendaire du Royaume de Magadha : c'est parti pour une expédition pleine d'aventures. Des combats dans une grotte glacée sous une montagne au Tibet, un bijou volé qu'il faut retrouver à Dubai sans se le refaire voler avec une folle poursuite en voitures (et un lion), et enfin l'Inde : le groupe sera attaqué sur un marché typique (et donc bagarre avec dresseur de cordes et avaleur de sabres, ce qui n'existe plus vraiment en dehors des cartes postales), il faudra s'échapper d'une fosse d'hyènes affamées, explorer le labyrinthe d'un temple et ses pièges (façon Indiana Jones)... Bref un trésor convoité par une bande de mercenaires avec au générique 3 vedettes chinoises et 3 vedettes indiennes dont la belle Disha Patani. Les connaissances en kung-fu des uns et en yoga des autres vont leur permettre de se sortir de situations périlleuses et pour plusieurs combats. On y retrouve Jackie Chan comme on le connaît en train de sautiller dans tout les sens et d'utiliser ce qu'il a sous la main pour combattre, toujours avec agilité et humour...

Jackie Chan

"Je travaille avec Jackie Chan depuis 26 ans, on est amis, Jackie est un grand acteur. On connaît tout les deux les cascades, on imagine des scènes d'action qui doivent être originales et aussi amusante. Quand j'ai fait Supercop (Police Story 3) à cette époque la plupart des films de Jackie Chan se terminaient dans un entrepôt, j'ai voulu autre chose avec des hélicoptères. Une bonne scène d'action doit suivre un certain rythme, oller au tempo de la musique qu'il y aura, c'est essentiel de penser à l'avance au montage. Avec l'âge et l'expérience on fait plus attention durant les prises, il y a eu moins de prises où Jackie se fait mal. A la fin du générique de ses films il y a souvent un petit best-of de prises ratées, il n'y en a pas pour Kung-Fu Yoga. La raison principale est que le film devait sortir en période de nouvel an en Chine donc on ne pouvait pas terminer sur des prises ratées où quelqu'un tombe en se faisant mal, à la place il y a cette séquence de danse finale qui rend tout le monde heureux."

Jackie Chan dans Kung Fu Yoga

Une coproduction Chine-Inde

"Le tournage a eu lieu en Chine, en Islande, à Dubai et en Inde. J'étais déjà allé à Dubai avant et je m'étais dit qu'un jour je mettrais dans un film ce que j'y avais vu : des courses de chameaux, les voitures de luxe de la police, des hôtels gigantesques; c'est donc dans Kung-Fu Yoga. Si un jour j'avais le budget pour ça je ferais une poursuite de voitures avec les voitures les plus luxueuses qui soit, j'ai pu faire ça aussi.
En Chine le public en salle de cinéma est plus majoritairement féminin, et leur type de film préféré est d'abord les comédies, puis les films d'action, puis les romances. Kung-Fu Yoga est aussi un film de fille, d'ailleurs il y a 3 personnages de femmes. Kung-Fu Yoga c'est un 'family-picture', de l'action spectaculaire mais pas vraiment de violence et pas de sang, vous pouvez emmener vos enfants voir ce film. C'est difficile de plaire à d'autres publics dans différents pays asiatiques en dehors de la Chine ou en Europe, certains pays préfèrent beaucoup des explications pour l'intrigue quand d'autres pays préfèrent que ça parle moins. Pour les cinéastes c'est de plus en plus difficile d'attirer le public de masse dans les salles: beaucoup de gens attendent quelques semaines pour voir le film sur internet."

BIFFF 17 : la salsa des démons

Posté par kristofy, le 11 avril 2017

Le BIFFF c’est donc le Bruxelles International Fantastic Film Festival, avec de la fantasy, du thriller, de la science-fiction, et des créatures surnaturelles comme par exemple des démons venu de l’au-delà, voire des enfers. Ils peuvent prendre différentes formes mais leur but est bien connu : vous faire mourir (de peur).

Voilà trois exemples de films qui sauront vous faire trembler le trouillomètre :

Nails
Imaginez être paralysé sur un lit d’hôpital, qu’un genre de fantôme vienne dans votre chambre, et qu’en plus personne ne vous croit, quoi de plus effrayant ? Pourtant à force de vous faire des griffures sur la peau, il pourrait bien vous tuer tout comme certains enfants morts dans le passé… C’est l’occasion de revoir l’héroïne britannique la plus déterminée à survivre, après le gouffre de The Descent et les loups garous de Howl : Shauna Macdonald.

Dans Nails elle doit beaucoup lutter : un accident de voiture l’a rendue paralysée des jambes, avec un tuyau dans la gorge pour un respirateur artificiel qui l’empêche de parler, elle communique avec un ordinateur, son mari lui serait peut-être infidèle, et surtout un démon sa cacherait dans le placard de sa chambre… Heureusement sa situation médicale va s’arranger un peu mais malheureusement pas sa peur, qui va grandir. Le film pioche ici ou là beaucoup d’ingrédients (un passé trouble, des médecins bizarres, des caméras  de surveillance, une créature qui surgit de n’importe où…) presque en dépit de la plus élémentaire logique mais qu’importe, le plaisir de se faire peur est là.

The Void
Le décor de The Void est aussi un hôpita,l mais celui-ci est quasi vide puisque presque tout le monde a été emmené ailleurs. Il reste quelques médecins et infirmières, une jeune fille enceinte sur le point d’accoucher, et un policier qui vient d’amener un homme blessé en bordure de route… et c’est quoi tout ces gens avec des cagoules qui sont arrivés pour entourer le bâtiment ? Dans le genre "fallait pas le laisser entrer", l’homme blessé n’avait pas été pourchassé sans raison, et maintenant cette chose est dans l’hôpital… là où il y aurait quelque chose d’inconcevable et d’encore pire.

« Statistiquement il y a plus de chance de mourir dans un hôpital qu'ailleurs. » Dans The Void, il n’y a pas que le démon qui représente un danger, il y aussi un fou d’ésotérisme qui cherche un passage pour aller ailleurs… Le film est intriguant à défaut d’être pleinement convaincant, une curiosité à voir un jour probablement en vod.

From a House on Willow street
Le début ressemble à un thriller, quatre gangsters sont en train de planifier le kidnapping d’une jeune fille pour obtenir une grosse rançon de son père,  mais il va bien s’agir de fantastique. Le plan est de garder la fille attachée dans une cave le temps d’être payé et de la libérer ensuite, mais c’est difficile de contacter sa famille. L’équipe va finir par se demander qui ils ont enlevé, et bientôt quoi...

Gare au démon qui veut prendre votre âme, surtout que pour lutter contre celui-ci, il faudra autre chose qu’un exorcisme !

BIFFF 17 : Safe Neighborhood, bijou de comédie horrifique

Posté par kristofy, le 10 avril 2017

C'est bientôt le réveillon de Noël, il y a plein de décorations lumineuses à l'extérieur de la maison, les parents se préparent à partir pour une soirée en couple, ils ont appelé la fidèle babysitter qu'ils connaissent bien pour garder leur fils de 12 ans... bientôt 13 ans en fait ! Il a les hormones qui bourgeonnent et avec son pote ils discutent en rigolant de comment ça serait de toucher une fille. Voila justement la babysitter qui arrive, le copain s'en va ainsi que les parents. La babysitter est une jolie blonde qui doit bientôt déménager pour étudier à l'université, c'est le moment pour le garçon de tout faire pour la draguer.

Voila pour les 5 premières minutes de Safe Neighborhood de Chris Peckover, et on se doute que ce décor un peu cliché du film de Noël va vite devenir un peu moins "safe", d'autant plus que le film est sélectionné au BIFFF. Un coup de téléphone d'un inconnu, c'est perturbant, quelqu'un qui aurait pu rentrer derrière une porte pas fermée, c'est inquiétant, une brique lancée à travers une vitre, c'est effrayant, et quelqu'un de masqué dans la maison, c'est terrifiant !

Cette situation est typique d'un film d'horreur de type slasher, mais la suite des événements est inédite. D'ailleurs ça fait longtemps qu'on n'a pas été malmené par un plan machiavélique qui fait peur, depuis quand ? Depuis Scream de Wes Craven ? Safe Neighborhood arrive comme un nouveau Scream : un méchant fascinant qui a (presque) tout prévu, quelques rebondissements imprévisibles, des mises à mort originales...

Après un premier acte avec autant d'humour que de suspens le film prend par surprise un autre virage plus sanglant. L'histoire se concentre quasiment dans le huis-clos d'une maison (mais immense avec plusieurs étages et beaucoup de portes... et son jardin), il y aura durant le récit plusieurs personnages qui vont y entrer mais certains n'en ressortiront pas vivants. On y verra un guets-apens d'une ingéniosité et d'une perversité qui feront bien sursauter (et aussi rire).

Un film bien malin qui en profite pour confirmer la révélation des talents de Olivia DeJonge (dans The Visit de M. Night Shyamalan) et de  Levi Miller (héros de Pan face à Hugh Jackman). Safe Neighborhood a l'intelligence de jouer avec les attentes des spectateurs déjà fan de ce genre de film pour les surprendre, c'est un bijou de comédie horrifique.

BIFFF 17 : rencontre avec Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 8 avril 2017

Il a secoué Cannes avec Calvaire puis Venise avec Vinyan. Après la parenthèse malheureuse d’un film de commande en France (Colt 45), il était revenu à ses amours avec Alleluia qui avait de nouveau secoué Cannes. Il est ensuite parti expérimenter un film de commande aux Etats-Unis : Message from the King, une histoire de vengeance emmenée par Chadwick Boseman, et avec Luke Evans, Teresa Palmer et Alfred Molina. Il en est revenu et – scoop – il s’apprête à tourner cet été un autre film pour terminer une trilogie d’amour fou dans les Ardennes : Calvaire, Alleluia, et prochainement Adoration.

Fabrice Du Welz est donc le cinéaste belge le plus fantastique du moment, lui qui est déjà venu des dizaines de fois au BIFFF comme spectateur a fait découvrir son nouveau film Message from the King puis a participé à une masterclass. Il était d’ailleurs accompagné de son scénariste (et producteur) Vincent Tavier, du chef-op Manu Dacosse et de la monteuse Anne-Laure Guégan.

Influences

Mon premier grand choc cinématographique a été Massacre à la tronçonneuse, un choc que je n’ai jamais retrouvé dans ma vie. Après, il y a eu des films comme L’exorciste, Psychose, et donc Hitchcock et d’autres : ça a été une arborescence dont le point 0 est Massacre à la tronçonneuse. C’est un film témoin des années 70 aux Etats-Unis, film d’horreur pour drive-in, film de festival en passant par Cannes et même film d’art projeté au MOMA. Ce film sublime le grotesque, le grotesque étant autant poétique que fascinant.

J’ai une grande admiration pour Brian De Palma, c’est un cinéaste architecte passionnant, tout comme Park Chan-Wook avec qui j’ai eu l’occasion de discuter et qui était là pour l’ouverture du BIFFF. Je tiens Bergman comme l’un des plus grands cinéastes, et son film L’heure du loup est peut-être le plus grand film d’horreur, ça obsède aussi Lars Von Trier. J’aime autant De Palma que Bergman que Cronenberg ou Argento que des films avec Jean Lefèbvre, il ne faut pas faire de hiérarchie. Je suis d’abord cinéphile avant d’être cinéaste, le cinéma des autres m’intéresse plus que le mien.

Calvaire


Assez jeune j’ai eu ce désir de faire du cinéma. J’avais un projet de court-métrage mais personne en Belgique n’a voulu le produire, sauf Vincent [Tavier]. Pour mon premier long-métrage Calvaire, il faut se souvenir qu’à l’époque, vers 2003-2004, ce qu’on appelle le "film de genre", ça n’existait plus chez nous, donc c’est compliqué, on recommence à en re-parler avec le Haute tension de Alexandre Aja. On a eu une commission qui nous a suivi pour une avance et un autre producteur et Calvaire a pu se faire.

Vu le scénario pour un premier film on avait une belle part d’inconscience... Le début de l’histoire c’est en gros un gars qui tombe en panne près d’une auberge, en fait c’est un peu le début de Psychose, dans Calvaire y’a aussi un travestissement d’ailleurs. Une idée de départ était d’avoir Philippe Nahon pour le psychopathe, mais Jackie Berroyer avec qui j’avais fait un court m’a dit "prend-moi je serais mieux", et en fait comme il semble plus normal ça en fait un psychopathe encore plus efficace, et Philippe Nahon a eu un autre rôle. Si on y réfléchit, une clé du succès du film Harry un ami qui vous veut du bien c’est que le psychopathe c’est le gentil bonhomme Sergi Lopez et pas Laurent Lucas qui aurait été trop évident.

Vinyan


Sur Calvaire et Vinyan, j’étais obsédé par la forme, peut-être un peu trop. Je préfère partir d’un réalisme pour aller vers l’abstraction. Vinyan est peut-être mon film préféré alors que c’est peut-être celui qui a été le plus décrié par le public. Le scénario était très écrit et je faisais mon Apocalyse now en Thaïlande, je m’intéressais beaucoup trop à la forme du film et aux paysages et j’ai amputé plein de choses du premier acte du scénario ; c’est dommage car ça approfondissait la relation de couple au début. Le plan final avec Emmanuelle Béart nue entourée des enfants apporte une grâce magnifique juste après la scène d’horreur où Rufus Sewell est déchiqueté. La maladie mentale est un antagonisme fort à l’intérieur d’un personnage.

Alleluia


Pour Alleluia, j’ai croisé dans un festival Yolande Moreau et j’ai eu envie de faire un film avec elle dans un rôle de salope intégrale. L’idée a pris du temps à devenir le scénario que vous connaissez, d’après l’histoire des tueurs de la lune de miel, et trouver le bon casting a été difficile surtout pour le rôle masculin. Car pour un rôle de méchant, il y a des candidats mais pour un rôle de lâche beaucoup moins, en plus il y avait cette dimension délicate de dépendance sexuelle. Lola Duenas a été prodigieuse, pareil pour Laurent Lucas.

Je n’aime pas trop le réalisme dans le cinéma francophone. Tout le monde veut se réclamer de Pialat et ça m’emmerde un peu. N’importe quel acteur ou vedette en France fait un film, bêtement, sans vision. Il y a des réalisateurs qui filment des scénarios, ça ne m’intéresse pas. Je veux transcender le scénario, aller au delà, ce qui m’intéresse c’est les sensations et faire des choix de mise en scène.  Le plateau est mon espace où je vis pleinement, je mime les actions et même je parle aux acteurs durant les prises...

Message from the King

J’ai de la chance car je peux encore tourner aujourd’hui ce que je veux où je veux, mais à un moment on a besoin d’un peu de succès au box-office pour continuer. C’était un peu le moteur pour avoir accepté Colt 45 qui était un film de commande, mais ça a été une mauvaise expérience.

En France, on court après des financements de la télévision et des acteurs vedettes qui prennent un gros chèque, c’est compliqué de progresser. Mon nouveau film Message from the King est aussi un film de commande aux Etats-Unis, et là ça a été une collaboration idéale avec les acteurs, ça a été plus difficile pour la post-production, mais c’est le système américain qui fait que tout le monde producteurs et agents veut donner son avis contre le réalisateur.

Comme pour mes autres films, j’ ai tourné en pellicule, avec d’ailleurs des techniciens pas au niveau comme un pointeur (first ac) qui faisait du flou mais que je ne pouvais pas virer, bref on a tourné le film en 28 jours.

Netflix ?

La France est l’un des rares pays où il y aura une sortie en salles de cinéma (le 10 mai), pour les autres ça sera sur Netflix. J’aurais préféré que mon film soit acheté par un distributeur du genre Lions Gate avec une sortie en salles partout, mais il a été acheté par Netflix qui a proposé plus d’argent, c’est les affaires des producteurs qui ne me demandent pas mon avis.

Netflix a un budget de volume d’achats de films supérieur aux studios traditionnels. Netflix, ils ont les prochains films de Martin Scorsese et de Bong Joon-ho, eux-aussi vont viser les Oscars. Il va y avoir plus de concurrence entre les différentes sociétés de streaming comme Netflix et Amazon et d’autres, à l’avenir je suppose qu’il va y avoir des contrats pour signer des réalisateurs sur 4 ou 5 films pour s’attacher des talents. L’arrivée des différents sites de streaming comme Netflix ça va chambouler plein de choses pour le cinéma…

BIFFF 2017 : rendez-vous avec Park Chan-wook, Alejandro Amenabar et Fabrice Du Welz

Posté par kristofy, le 22 mars 2017

Qu'est-ce que le BIFFF ? Peut-être le plus grand festival du monde où le spectacle n’est pas sur un tapis rouge mais tout simplement dans ses salles de projection…

Autrement dit le Bruxelles International Fantastic Film Festival, qui fête cette année son 35e anniversaire : « On se rend très vite compte que le BIFFF comblait un manque. On se souvient de notre ami Dario Argento, de Wes Craven en train de gribouiller le scénario de 'People under the stairs' dans un resto bruxellois, de  Luc Besson qui déjà ambitieux fulmine en ratant le Corbeau d’Or avec Le dernier combat, de Peter Jackson qui nous parle d’un projet fou: l’adaptation du Seigneur des anneaux…»

Pour cette édition spéciale, le BIFFF va rendre hommage en leur présence aux réalisateurs Park Chan-wook et Alejandro Amenabar. Il y aura aussi une masterclass de Fabrice Du Welz et la première de son film Message from the King. Entre The girl with all the gifts de Colm McCarthy et The Bar de Alex de la Iglésia, en clôture et en ouverture, c’est quasiment 150 films qui seront proposés pendant une douzaine de jours. L’occasion de croiser des invités aussi différents que Yoshihiro Nishimura pour Meatball Machine Kodoku, Jason Flemyng pour son Eat Local, le jeune Nathan Ambrosioni pour son film Therapy (réalisé à 16 ans), et dans les différents jurys Macarena Gomez, Jean-Jacques Rausin et Xavier Seron, Axelle Carolyn, l’icône suedoise Christina Lindberg…

L’Asie sera comme d’habitude  très présente avec un large panorama de films dont on déplore déjà qu’ils ne soient pas (mieux) distribués en France, y compris les derniers opus des plus grands cinéastes de genre : Call of heroes de Benny Chan, Headshot des Mo' Brothers (avec Iko Uwais), Little nightmares de Takashi Shimizu, Psycho Rama de Anurag Kashyap, Operation Mekong de Dante Lam, Antiporno de Sono Sion, la version de Death Note: Light Up The New World de Shinsuke Sato, Kung-fu Yoga de Stanley Tong (avec Jackie Chan), et le célèbre Tunnel de Kim Seong-hun (sortie le 3 mai).

Bruxelles sera par ailleurs le lieu idéal pour découvrir en avant-première Free Fire de Ben Wheatley, The Oath de Baltasar Kormakur, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Small Town Killers de Ole Bornedal…

Voici un court aperçu à dominante fantasy, thriller et science-fiction de cette édition d'ores et déjà incontournable.

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35e édition du Brussels International Fantastic Film Festival
Du 04 au 16 avril 2017, au Palais des Beaux-Arts à Bruxelles
Infos et programmation sur le site de la manifestation