Independent’s Spirit Awards: Carol, Spotlight, Beasts of No Nation, Anomalisa et Tangerine grands favoris

Posté par vincy, le 25 novembre 2015

Carol est en tête des nominations aux Independent's Spirit Awards avec 6 nominations, devançant ainsi Beasts of No Nation et Spotlight (5 chacun), Tangerine et Anomalisa (4 chacun).

Pour ces Oscars du cinéma indépendants, qui seront remis le 27 février, le choix est donc ouvert entre le film de Todd Haynes en compétition à Cannes (avec prix d'interprétation et Queer Palm à la clé),  le film de guerre de Cary Joji Fukunaga, doublement récompensé à Venise, l'histoire vraie primée par un Pulitzer adaptée par Thomas McCarthy, lui aussi doublement primé à Venise et et grand gagnant des Gotham Awards, le micro-budget filmé avec un iphone de Sean Baker, prix du jury à Deauville, et le dessin animé de Charlie Kaufman, Grand prix à Venise.

En clair, comble de l'ironie, le festival de Sundance, temple des révélations du cinéma indépendant américain, a été clairement ignoré cette année. Bien sûr certains des films présentés à Sundance grappillent quelques nominations, mais on peut en dire autant de films présentés ailleurs comme Mediterranea et It Follows (Semaine de la critique à Cannes), Room (Telluride et Toronto), Love & Mercy (Toronto et Berlin), The Look of Silence (Venise)... Quatre des cinq films en langue étrangères viennent tout droit de la Croisette. L'autre de la Lagune. Les cinq sont des coproductions ou productions françaises, dont Bande de filles, réalisée par Céline Sciamma, et Mustang et Le Fils de Saul, signés de deux réalisateurs ayant fait leurs études en France.

Autre particularité, le renouvellement. Les cinq acteurs principaux en finale n'ont jusque là jamais été nominés en premier ou en second rôle, et aucun ne fait parti du gratin hollywoodien. Côté seconds rôles masculins, en revanche, trois d'entre eux ont déjà été cités par le passé. Pour les actrices, on note d'abord la double nomination pour les deux interprètes de Carol, Cate Blanchett et Rooney Mara. On salue aussi la première nomination pour deux comédiennes transsexuelles (Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor). Certes, Brie Larson a déjà été nominée et Cate Blanchett a été récompensée en 2007 (second rôle) et 2013 (rôle principal), en plus d'une nomination en 2004 (second rôle). Mais pour les trois autres, c'est bien une première toutes catégories confondues. En second-rôle, on constate ce même renouvellement puisque seule Jennifer Jason Leigh a déjà été nominée (2 fois en tant qu'actrice, une fois comme second rôle, une fois comme productrice/réalisatrice et une fois comme scénariste), en plus de partager son trophée pour un prix récompensant un casting (2009).

Meilleur film
Anomalisa
Beasts of No Nation
Carol
Spotlight
Tangerine

Meilleur réalisateur
Sean Baker, Tangerine
Cary Joji Fukunaga, Beasts of No Nation
Todd Haynes, Carol
Charlie Kaufman & Duke Johnson, Anomalisa
Tom McCarthy, Spotlight
David Robert Mitchell, It Follows

Meilleur scénario
Charlie Kaufman, Anomalisa
Donald Margulies, The End of the Tour
Phyllis Nagy, Carol
Tom McCarthy & Josh Singer, Spotlight
S. Craig Zahler, Bone Tomahawk

Meilleur premier film
The Diary of a Teenage Girl
James White
Manos Sucias
Mediterranea
Songs My Brothers Taught Me

Meilleur premier scénario
Jesse Andrews, Me and Earl and the Dying Girl (This is not a Love Story)
Jonas Carpignano, Mediterranea
Emma Donoghue, Room
Marielle Heller, The Diary of a Teenage Girl
John Magary, Russell Harbaugh, Myna Joseph, The Mend

Meilleur acteur
Christopher Abbott, James White
Abraham Attah, Beasts of No Nation
Ben Mendelsohn, Mississippi Grind
Jason Segel, The End of the Tour
Koudous Seihon, Mediterranea

Meilleure actrice
Cate Blanchett, Carol
Brie Larson, Room
Rooney Mara, Carol
Bel Powley, The Diary of A Teenage Girl
Kitana Kiki Rodriguez, Tangerine

Meilleur second rôle masculin
Kevin Corrigan, Results
Paul Dano, Love & Mercy
Idris Elba, Beasts of No Nation
Richard Jenkins, Bone Tomahawk
Michael Shannon, 99 Homes

Meilleur second rôle féminin
Robin Bartlett, H.
Marin Ireland, Glass Chin
Jennifer Jason Leigh, Anomalisa
Cynthia Nixon, James White
Mya Taylor, Tangerine

Meilleur documentaire
(T)error
Best of Enemies
Heart of a Dog
The Look of Silence
Meru
The Russian Woodpecker

Meilleur film étranger
Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence...
L'étreinte du serpent
Bande de filles
Mustang
Le fils de Saul

Meilleure image
Beasts of No Nation
Carol
It Follows
Meadlowland
Les chansons que mes frères m'ont apprises

Meilleur montage
Heaven Knows What
It Follows
Manos Sucias
Room
Spotlight

Prix John Cassavetes (Meilleur film avec un budget inférieur à $500,000)
Advantageous
Christmas, Again
Heaven Knows What
Krisha
Out of My Hand

Prix Robert Altman Award (Meilleur casting)
Spotlight

Prix Kiehl’s Someone to Watch
Chloe Zhao (productrice, réalisatrice, scénariste Les chansons que mes frères m'ont apprises)
Felix Thompson (réalisateur, scénariste King Jack)
Robert Machoian & Rodrigo Ojeda-Beck (réalisateurs, scénaristes, God Bless the Child)

Prix des Producteurs -Piaget
Darren Dean (Tangerine)
Mel Eslyn (Lamb)
Rebecca Green & Laura D. Smith (It follows)

32 comédiennes et comédiens proposés pour les César du meilleur espoir 2015

Posté par vincy, le 17 novembre 2014

cesar32 comédiennes et comédiens ont été choisis par le Comité Révélations de l’Académie des César lors d'une délibération qui a eu lieu aujourd'hui..

Cette liste à titre indicatif est révélée chaque année afin de faciliter le vote des professionnels pour les César 2015 du Meilleur Espoir Féminin et du Meilleur Espoir Masculin. Ce qui signifie que d'autres noms peuvent être ajoutés par les votants lors du choix des nominations.

Certains films comptent plusieurs nominations tels que Respire, Bande de filles, La crème de la crème, Vie sauvage, Eastern Boys.

Les Révélations 2015 – Comédiennes :

Soumaye Bocoum dans Papa was not a Rolling Stone

Armande Boulanger dans La pièce manquante

Lolita Chammah dans Gaby Baby Doll

Lou de Laâge dans Respire

Louane Emera dans La Famille Bélier

Alice Isaaz dans La crème de la crème

Joséphine Japy dans Respire

Ariane Labed dans Fidelio, l’odyssée d’Alice

Sofia Lesaffre dans Les 3 frères le retour

Mélodie Richard dans Métamorphoses

Solène Rigot dans Tonnerre

Ariana Rivoire dans Marie Heurtin

Anna Sigalevitch dans Loup-Garou

Philippine Stindel dans Mercuriales

Assa Sylla dans Bande de filles

Karidja Touré dans Bande de filles

Les Révélations 2015 – Comédiens :


Kévin Azaïs
dans Les Combattants

Thomas Blumenthal dans La crème de la crème

Bastien Bouillon dans Le beau monde

Zacharie Chasseriaud dans La belle vie

Félix de Givry dans Eden

Romain Depret dans Vie Sauvage

Ahmed Dramé dans Les Héritiers

Kirill Emelyanov dans Eastern Boys

Jean-Baptiste Lafarge dans La crème de la crème

Ymanol Perset dans Colt 45

Jules Ritmanic dans Vie Sauvage

Pierre Rochefort dans Un beau dimanche

Fayçal Safi dans L’Apôtre

Thomas Soliveres dans À toute épreuve

Daniil Vorobjev dans Eastern Boys

Marc Zinga dans Qu’Allah bénisse la France

Palmarès: Magical Girl a conquis le Festival de San Sebastian

Posté par vincy, le 29 septembre 2014

magical girl

La 62ème édition du Festival de San Sebastian s'est achevée samedi 27 septembre avec la projection de Samba, le nouveau film d'Eric Toledano et Olivier Nakache, avec Omar Sy, Tahar Rahim et Charlotte Gainsbourg. Denzel Washington (qui a ouvert le Festival avec The Equalizer) et Benicio del Toro ont reçu un prix pour l'ensemble de leur carrière au cours du festival.

Le palmarès du jury présidé par Fernando Bovaira, entouré de Vlad Ivanov, Eric Khoo, Nastassja Kinski, Mariana Rondón, Marjane Satrapi, Reinhold Vorschneider et Oleg Sentsov, a récompensé des films principalement européens. Premier d'entre eux, avec le Grand prix et le prix de la mise en scène, Magical Girl, deuxième long métrage de Carlos Vermut. Magical Girl est l'histoire d'une petite fille leucémique dont le père cherche à exaucer un ultime voeu avant que la mort ne l'emporte: elle rêve d'être habillée comme son héroïne de manga japonaise. Le film sort le 17 octobre en Espagne.

Autre vainqueur, Vie sauvage de Cédric Kahn, avec Mathieu Kassovitz et Céline Sallette. En repartant avec le prix spécial du jury, ce film (en salles en France le 29 octobre) reprend l'histoire de Xavier Fortin, connu pour avoir choisi une vie à l'écart de la civilisation avec ses deux fils, sans l'autorisation de la mère. En avril dernier, La Belle vie de Jean Denizot reprenait la même histoire.

Vie sauvage fait partie d'un contingent assez nombreux de films français ou coproduits par la France récompensés dans la ville basque. Le plus notable est le nombre de films cannois repartant avec un prix : Bande de filles, Le sel de la terre, Gett, le procès de Viviane Amsallem ou encore Les nouveaux sauvages (Relatos salvajes), film argentin recevant paradoxalement le prix du meilleur film européen (l'Espagne est coproductrice).

Deux autres films ont été doublement honorés : le thriller espagnol La isla minima et la comédie mexicaine Güeros.

Parmi les films de la sélection officielle qui n'ont pas été récompensés par un quelconque jury, notons Eden de Mia Hansen-Love, Félix et Meira de Maxime Giroux, Haemoo de Shim Sung-bo, ou encore La voz en off de Cristian Jimenez.

A noter enfin que François Ozon ne repart qu'avec le prix Sebastiane pour son nouveau film Une nouvelle amie. C'est la première édition de ce prix LGBT, équivalent de la Queer Palm ou du Teddy Award.

Tout le palmarès
Concha d'or du meilleur film : Magical Girl de Carlos Vermut (Espagne)
Prix spécial du jury : Vie sauvage de Cédric Kahn (France)
Concha d'argent du meilleur réalisateur : Carlos Vermut pour Magical Girl (Espagne)
Concha d'argent de la meilleure actrice : Paprika Steen dans Silent Heart de Bille August (Danemark)
Concha d'argent du meilleur acteur : Javier Gutierrez dans La isla minima d'Alberto Rodriguez (Espagne)
Prix du jury de la meilleure image : Alex Cataln pour La isla minima d'Alberto Rodriguez (Espagne)
Prix du jury du meilleur scénario : Dennis Lehane pour The Drop de Michaël R. Roskam (Etats-Unis)
Prix Kutxa du meilleur nouveau réalisateur : Kristina Grozeva et Petar Valchanov pour The Lesson (Bulgarie); mention spéciale à Juris Kursietis pour Modris (Lettonie)
Prix Un autre regard - TVE : Bande de filles de Céline Sciamma (France) ; mention spéciale à Gett, le procès de Viviane Amsallem de Ronit Elkabetz et  Shlomi Elkabetz (Israël)
Prix du film basque : Négociateur de Borja Cobeaga (Espagne)
Prix Horizons : Güeros d'Alonso Ruizpalacios (Mexique) ; mentions spéciales à Sciences naturelles de Matías Lucchesi (Argentine) et Gente de bien de Franco Lolli (Colombie)
Prix du public : Le sel de la terre de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado (France)
Prix du meilleur film européen : Les nouveaux sauvages de Damián Szifrón (Argentine)
Prix de la jeunesse : Güeros d'Alonso Ruizpalacios (Mexique)
Prix FIPRESCI de la critique internationale : Phoenix de Christian Petzold (Allemagne)
Prix Signis : A second chance de Susanne Bier (Danemark)
Prix Sebastiane (LGBT) : Une nouvelle amie de François Ozon (France)
Prix de la solidarité : Tigers de Danis Tanovic (Inde)

Le Grand Prix Cinéma ELLE pour Whiplash

Posté par vincy, le 19 septembre 2014

whiplashLe Grand Prix Cinéma ELLE récompense cette année le film de Damien Chazelle, Whiplash. Le film, Grand prix du jury à Sundance, et Grand prix et prix du public au dernier Festival de Deauville, a été plébiscité par un jury de 120 lectrices du magazine.

Whiplash sortira le 24 décembre en France.

Les jurées ont également distingué par deux coups de coeur l'acteur Gaspard Ulliel pour son incarnation d'Yves Saint Laurent dans le Saint Laurent de Bertrand Bonello et l'actrice Sandrine Kiberlain pour son rôle dans Elle l’adore. Les deux films sortent mercredi en France.

Côté révélations, le magazine a choisi Karidja Touré (Bandes de filles) et Antoine-Olivier Pilon ( dans Mommy).

Hormis Elle l'adore, tous les prix ont récompensé un film présenté au Festival de Cannes cette année.

Venise 2014 : Laurent Cantet, Christophe Honoré, Kim Ki-Duk et Alex de la Iglesia aux Venice Days

Posté par vincy, le 22 juillet 2014

La sélection des 11e Venice Days a été révélée aujourd'hui. Deux cinéastes français réputés (dont une Palme d'or), un ancien Lion d'or et le retour de Miranda July sont annoncés. Au total, 20 films (dont six premiers films) de 12 pays seront présentés du 27 août au 6 septembre. par ailleurs, les trois finalistes du Prix Lux ont été choisis et seront projetés dans le cadre de cette section parallèle du Festival de Venise.

One on one de Kim Ki-duk (Corée du Sud) - Ouverture
Messi d'Alex de la Iglesia - Clôture

Sélection officielle
El 5 de talleres d'Adrian Biniez (Argentine)
Retour à Ithaque de Laurent Cantet (France, Belgique)
Before I disappear de Shawn Christensen (Etats-Unis, Royaume-Uni)
The Dinner d'Ivano De Matteo (Italie)
Les nuits d'été de Mario Fanfani (France)
Patria de Felice Farina (Italie)
Métamorphoses de Christophe Honoré (France)
Between 10 and 12 de Peter Hoogendoom (Belgique, France, Pays-Bas)
The Farewell Party de Sharon Maymon et Tal Granit (Israël)
The Goob de Guy Myhill (Royaume-Uni)
Labour of love d'Adityavikram Sengupta (Bengale, Inde)
They have escaped de Jukka Pekka Valkepaa (Finlande, Pays-Bas)

Séances spéciales
9X10 Novanta de Marco Bonfanti, Claudio Giovannesi, Alina Marazzi, Pietro Marcello e Sara Fgaier, Giovanni Piperno, Costanza Quatriglio, Paola Randi, Alice Rohrwacher, Roland Sejko (Italie)
The show mas go on de Rä di Martino (Italie)
The lack de Masbedo (Italie)
Five star de Keith Miller (Etats-Unis)

Miu Miu Women's Tales

Spark and Light de So Yong Kim
Somebody de Miranda July (Etats-Unis)

Prix Lux

Class Enemy de Rok Bicek
Ida de Pawel Pawlikowski
Bande de Filles de Céline Sciamma

10 films européens en course pour le Prix Lux 2014

Posté par vincy, le 7 juillet 2014

Les dix finalistes du Prix LUX 2014 sont connus. Comme toujours, le Festival de Cannes s'impose avec 6 des films sélectionnés.

Le Parlement européen qui décerne ce prux au meilleur du cinéma européen a révélé les prétendants lors du 49ème Festival international du film de Karlovy Vary (République tchèque).

Les trois finalistes seront annoncés à la fin du mois de juillet. L'annonce du lauréat se fera à l'automne et la cérémonie de remise du Prix LUX se tiendra le 17 décembre 2014 à Strasbourg, pendant la session plénière.

Par ailleurs, cette année, le public a choisi son film préféré parmi la sélection de 2013 pour la première fois en votant via Facebook et le site officiel du prix. Le film belge Alabama Monroe a donc reçu le prix LUX du public européen, quelques mois après avoir reçu le Prix LUX 2013.

Voici la sélection officielle du Prix LUX 2014 (par ordre alphabétique):

  • Bande de filles, de Céline Sciamma – France
  • Class Enemy (Razredni sovraznik),de Rok Bicek - Slovénie
  • Force Majeure (Turist), de Ruben Östlund - Suède, France
  • Ida, de Pawel Pawlikowski – Pologne, Danemark
  • La Belle jeunesse (Hermosa juventud), de Jaime Rosales – Espagne
  • Les Merveilles (Le meraviglie), d’Alice Rohrwacher – Italie, Suisse, Allemagne
  • Le petit homme (Macondo), de Sudabeh Mortezai – Autriche
  • Stations of The Cross, de Dietrich Brüggemann - Allemagne
  • White God, de Kornél Mundruczó – Hongrie, Allemagne, Suède
  • Xenia, de Panos H. Koutras – Grèce, France, Belgique

Cannes 2014 : une Queer Palm fière de Pride, comédie populaire et engagée

Posté par vincy, le 24 mai 2014

Pride Queer Palm

Evident et logique. Il aura fallu attendre le dernier film des 16 qui étaient lice pour la Queer Palm pour que le jury trouve enfin son coup de coeur lesbien, gay, bi, transgenre de ce 67e Festival de Cannes. Contrairement à l'an dernier, où La vie d'Adèle (en compétition) et L'inconnu du lac (Un certain regard) étaient ouvertement deux grands favoris pour ce prix, cette année, toute sélections confondues, le jury - la réalisatrice Anna Margarita Albelo, notre amie journaliste Charlotte Lipinska, le directeur du festival Queer Lisboa João Ferreira, le réalisateur brésilien Ricky Mastro et le président Bruce LaBruce - n'avait pas trouvé son prix la veille des délibérations. Xénia, malgré les problématiques soulevées (extrême droite, homophobie...) n'avait pas convaincu un jury plus séduit par des films qui traitaient de féminisme et de genre que d'homosexualité.

Unanimité du jury

Vendredi 23 mai, 10h, Quinzaine des réalisateurs : les cinq jurés voient Pride, film de clôture de la Quinzaine, où un groupe activiste gay et lesbien londonien mobilise la communauté LGBT pour venir en aide aux mineurs en grève (on est sous Thatcher). Typique comédie britannique, croisement entre Billy Elliot et un épisode de Queer As Folk, ce film réalisé par Matthew Warchus grand public (que Pathé sortira en salles en octobre) fait rire et réfléchir, prône la solidarité et l'ouverture aux autres, hétéros ou homos. Le jury décernera sa Queer Palm à l'unanimité douze heures plus tard sur la Plage de la Quinzaine.

Cette comédie est aux antipodes du cinéma underground du président du jury Bruce LaBruce. Mais Pride le méritait à plus d'un titre. D'abord, il correspond parfaitement à la définition du prix, qui récompense un film pour son traitement des thématiques altersexuelles (homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles). Ensuite, depuis les débuts de la Queer Palm, c'est assurément celui qui a le plus fort potentiel populaire, qui peut s'adresser au plus grand nombre.

Party Girl et Bande de filles

"Le débat fut animé, soulevant plusieurs questions essentielles au cinéma : l’art contre la politique; la visibilité queer contre une expression indirecte ou ambigüe des sexualités alternatives ; l’avènement d’une nouvelle sensibilité queer contre la représentation de faits ou de personnages historiques" comme l'a expliqué Bruce LaBruce dans son discours.

"Bien que nous ne les ayons pas récompensés, deux films se sont distingués pour leur esprit queer par l’affirmation de l’autonomisation des femmes et de leur résistance aux conventions sociales et sexuelles, ainsi qu’à la domination masculine. Ces films sont Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (Un Certain Regard) et Bande de filles de Céline Sciamma (Quinzaine des Réalisateurs).

Finalement, le film que nous avons choisi – basé sur des faits historiques – est une histoire importante et pertinente à raconter aujourd’hui vu le climat d’intolérance et de violence dirigé contre ceux d’entre nous dont la sexualité questionne les normes de la culture dominante. Ce film nous rappelle que les luttes politiques, sexuelles ou sociales contre les pouvoirs réactionnaires et conservateurs sont nées d’un activisme direct. Ce film nous rappelle que le mouvement gay prend ses racines dans des questionnements plus larges que lui-même : la conscience des classes, l’égalité sociale et la liberté d’expression. Ce film évoque l’ensemble de ces problématiques dans une forme assez classique mais sans jamais succomber aux stéréotypes ni à la simplification. Le film dépeint ses personnages et ses situations avec subtilité et compassion, tout en nous rappelant que notre lutte continue."

Cannes 2014 – Lettre à… Abderrahmane Sissako

Posté par MpM, le 15 mai 2014

SissakoCher Abderrahmane Sissako,

Vous avez beaucoup ému la Croisette avec votre film Timbuktu présenté aujourd'hui en compétition officielle. Vous y montrez avec humanité la situation inhumaine d'une population soumise à la loi de l’absurdité et de l'intransigeance. Un film beau et poétique, parfois même drôle, s'il ne faisait un constat si terrible sur ce qu'ont vécu les habitants de Tombouctou pendant l'occupation de la ville par des Djihadistes intégristes en 2012.

Dans votre film, hommes et femmes souffrent de la même manière des lois toujours plus strictes des occupants : pas de musique, pas de football, des coups de fouet au moindre écart de conduite... Pourtant, la peine s'alourdit pour les femmes d'une tentative de prise de contrôle de leurs corps, qui deviennent eux-aussi un enjeu de pouvoir (comme c'est le cas dans la plupart des guerres). Les Djihadistes entreprennent ainsi de leur faire porter le voile, mais aussi de les obliger à porter des chaussettes et des gants lorsqu'elles sont dans un lieu public, y compris la commerçante qui vend du poisson et a par conséquent les mains dans l'eau toute la journée.

Cette main-mise sur le corps de la femme, qui confine ici au ridicule, semble avoir été le fil directeur de la journée, prouvant que la problématique est on ne peut plus universelle. Dans Bande de filles de Céline Sciamma (film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs), le corps de l'héroïne appartient symboliquement à son frère, qui ne supporte pas qu'elle ait une vie sexuelle.

Dans Loin de son père de Keren Yedaya (Un Certain Regard), c'est le père qui exerce un pouvoir absolu sur le corps de sa fille, avec laquelle il entretient une relation incestueuse. Il lui reproche par ailleurs de grossir ou de se laisser aller. Et quand il veut la punir, il la viole.

Cette violence pas uniquement symbolique à l'égard du corps des femmes est une constante dans les rapports de domination, qu'ils soient dans le cercle familial ou à l'échelle d'une société. Mais le fait qu'elle soit si répandue, touchant tous les pays, toutes les couches sociales et toutes les cultures, ne la rend que plus insupportable.

Dans votre film, cher Abderrahmane Sissako, la lueur d'espoir vient de l'art et de l'imagination. C'est en jouant au foot avec un ballon imaginaire que les jeunes hommes de Tombouctou luttent contre les intégristes. C'est en chantant que la jeune femme condamnée à 25 coups de fouet résiste symboliquement à ses oppresseurs. De même, c'est en faisant des films, des livres, des chansons... et même des articles, que l'on s'oppose à de telles pratiques, et surtout que l'on peut faire changer les mentalités.