BAFTA 2020: 1917, seul favori britannique dans la course

Posté par redaction, le 7 janvier 2020

Les "Oscars" britanniques ont plébiscité trois productions américaines Joker, Once Upon a Time in Hollywood et The Irishman. Les Bafta, British Academy of Film and Television’s Film Awards, ont donné respectivement 11 nominations au premier et 10 nominations aux deux autres. 1917, fort de son Golden Globe du meilleur film dramatique hier, en récolte 9, alors qu'il s'agit d'une production bien plus anglaise.

Les Bafta ne sont pas à l'abri d'une polémique avec un manque de diversité flagrant tant dans les films nommés que dans leurs composantes: des films d'hommes blancs. Même du côté des acteurs, il n'y a aucune diversité. Tous blancs. Les femmes ne représentent qu'un tiers des nommés. La Palme d'or sud-coréenne Parasite semble l'arbre qui cache le désert.

Scarlett Johansson obtient une double nomination pour Marriage Story et Jojo Rabbit. Et Margot Robbie est deux fois nommée dans la même catégorie (meilleur second-rôle féminin) avec Once Upon a Time in Hollywood et Bombshell.

Notons que les Bafta ont aussi introduit une nouvelle catégorie, celle des chefs de casting.

Côté cinéma britannique, les nominations ont privilégié 1917, le documentaire Pour Sama, Rocketman, The Two Popes, Bait et Sorry We Missed You. Tandis que dans la catégorie des films en langue étrangère, Pour Sama est en compétition avec L'Adieu, Douleur et gloire, Parasite et Portrait d'une jeune fille en feu.

Résultats le 2 février pour cette 73e cérémonie qui sert d'antichambre aux Oscars et démontre un peu plus chaque année la colonisation du Royaume-Uni par Hollywood. Car dans toute cette liste, il y a majoritairement des américains.

Meilleur film
1917 ; THE IRISHMAN ; JOKER ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; PARASITE

Meilleur film britannique
1917 ; BAIT ; FOR SAMA ; ROCKETMAN ; SORRY WE MISSED YOU ; THE TWO POPES

Meilleur première œuvre (scénario, réalisation, production)
BAIT ; FOR SAMA ; MAIDEN ; ONLY YOU ; RETABLO

Meilleur film en langue étrangère
THE FAREWELL ; FOR SAMA ; PAIN AND GLORY ; PARASITE ; PORTRAIT OF A LADY ON FIRE

Meilleur documentaire
AMERICAN FACTORY ; APOLLO 11 ; DIEGO MARADONA ; FOR SAMA ; THE GREAT HACK

Meilleur film d'animation
FROZEN 2 ; KLAUS ; A SHAUN THE SHEEP MOVIE: FARMAGEDDON ; TOY STORY 4

Meilleur réalisateur
1917 - Sam Mendes ; THE IRISHMAN - Martin Scorsese ; JOKER - Todd Phillips ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD - Quentin Tarantino ;
PARASITE - Bong Joon-ho

Meilleur scénario
BOOKSMART ; KNIVES OUT ; MARRIAGE STORY ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; PARASITE

Meilleure adaptation
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; LITTLE WOMEN ; THE TWO POPES

Meilleure actrice
JESSIE BUCKLEY - Wild Rose ; SCARLETT JOHANSSON - Marriage Story ;SAOIRSE RONAN - Little Women ; CHARLIZE THERON - Bombshell ;
RENÉE ZELLWEGER - Judy

Meilleur acteur
LEONARDO DICAPRIO - Once Upon a Time in Hollywood ; ADAM DRIVER - Marriage Story ; TARON EGERTON - Rocketman ; JOAQUIN PHOENIX - Joker ; JONATHAN PRYCE - The Two Popes

Meilleur second-rôle féminin
LAURA DERN - Marriage Story ; SCARLETT JOHANSSON - Jojo Rabbit ; FLORENCE PUGH - Little Women ; MARGOT ROBBIE - Bombshell ;
MARGOT ROBBIE - Once Upon a Time in Hollywood

Meilleur second-rôle masculin
TOM HANKS - A Beautiful Day in the Neighborhood ; ANTHONY HOPKINS - The Two Popes ; AL PACINO - The Irishman ; JOE PESCI - The Irishman ; BRAD PITT - Once Upon a Time in Hollywood

Meilleure musique
1917 - Thomas Newman ; JOJO RABBIT - Michael Giacchino ; JOKER - Hildur Guonadóttir ; LITTLE WOMEN - Alexandre Desplat ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER - John Williams

Meilleur chef de casting
JOKER ; MARRIAGE STORY ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD ; THE PERSONAL HISTORY OF DAVID COPPERFIELD ; THE TWO POPES

Meilleure image
1917 ; THE IRISHMAN ; JOKER ; FORD V FERRARI ; THE LIGHTHOUSE

Meilleur montage
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; FORD V FERRARI ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs décors
1917 ; THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JOKER ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs costumes
THE IRISHMAN ; JOJO RABBIT ; JUDY ; LITTLE WOMEN ; ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD

Meilleurs maquillages et coiffures
1917 ; BOMBSHELL ; JOKER ; JUDY ; ROCKETMAN

Meilleur son
1917 ; JOKER ; FORD V FERRARI ; ROCKETMAN ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER

Meilleurs effets visuels
1917 ; AVENGERS: ENDGAME ; THE IRISHMAN ; THE LION KING ; STAR WARS: THE RISE OF SKYWALKER

Meilleur court métrage d'animation britannique
GRANDAD WAS A ROMANTIC. ; IN HER BOOTS ; THE MAGIC BOAT

Meilleur court métrage britannique
AZAAR ; GOLDFISH ; KAMALI ; LEARNING TO SKATEBOARD IN A WARZONE (IF YOU’RE A GIRL) ; THE TRAP

Prix du nouveau talent
AWKWAFINA ; KAITLYN DEVER ; KELVIN HARRISON JR. ; JACK LOWDEN ; MICHEAL WARD

BAFTA 2019: Roma et La Favorite plébiscités par les professionnels britanniques

Posté par vincy, le 10 février 2019

La cérémonie des BAFTA, les Oscars britanniques, célébrait avec sa 72e édition le dimanche 10 janvier, le meilleur du cinéma anglais.

Enfin presque puisque le prix du meilleur film britannique a désigné un film très britannique dans son ADN mais réalisé par un cinéaste grec. Les prix des meilleurs documentaire et film d'animation ont sacré des films américains. Et le prix du meilleur film et du meilleur réalisateur ont récompensé un film mexicain. Autant dire que les professionnels britanniques doivent l'avoir mauvaise en ne recevant qu'une dizaine de prix sur l'ensemble du palmarès (merci aux trois actrices primées d'avoir sauver l'honneur du cinéma anglais).

Cette allégeance au cinéma américain ne grandit pas cette cérémonie, qui fait figure d'apéritif aux Oscars. Cependant, on peut au moins reconnaître aux BAFTA d'avoir eu très bon goût cette année avec 7 prix pour La Favorite et 4 pour Roma.

Bafta d'honneur
Thelma Schoonmaker

Meilleur film
Alfonso Cuarón et Gabriela Rodríguez pour Roma
Meilleur film britannique
La favorite de Yorgos Lanthimos
Meilleur film non anglophone
Alfonso Cuarón et Gabriela Rodríguez pour Roma
Meilleur documentaire
Elizabeth Chai Vasarhelyi, Jimmy Chin, Shannon Dill et Evan Hayes pour Free Solo
Meilleur film d'animation
Bob Persichetti, Peter Ramsey, Rodney Rothman et Phil Lord pour Spider-Man : New Generation

Meilleur réalisateur
Alfonso Cuarón pour Roma
Révélation scénariste, réalisateur et producteur
Michael Pearce (scénariste et réalisateur) et Lauren Dark (productrice) pour Beast
Meilleur scénario original
Deborah Davis et Tony McNamara pour La favorite
Meilleur scénario (adaptation)
Spike Lee, David Rabinowitz, Charlie Wachtel et Kevin Willmott pour BlackKklansman

Meilleure actrice
Olivia Colman pour La favorite
Meilleur acteur
Rami Malek pour Bohemian Rhapsody
Meilleur second-rôle féminin
Rachel Weisz pour La favorite
Meilleur second-rôle masculin
Mahershala Ali pour Green Book - Sur les routes du Sud
Meilleur espoir (choisi par le public)
Letitia Wright

Meilleure musique originale
Bradley Cooper, Lady Gaga et Lukas Nelson pour A Star is Born
Meilleure photo
Alfonso Cuarón pour Roma
Meilleur montage
Hank Corwin pour Vice
Meilleurs décors
Fiona Crombie et Alice Felton pour La favorite
Meilleurs costumes
Sandy Powell pour La favorite
Meilleurs maquillage et coiffure
Nadia Stacey pour La favorite
Meilleur son
John Casali, Tim Cavagin, Nina Hartstone, Paul Massey et John Warhurst pour Bohemian Rhapsody
Meilleurs effets spéciaux
Geoffrey Baumann, Jesse James Chisholm, Craig Hammack et Dan Sudick pour Black Panther

Court métrage d'animation britannique
Roughhouse de Jonathan Hodgson et Richard Van Den Boom
Court métrage britannique
73 Cows d'Alex Lockwood

Le charme discret de Stéphane Audran s’envole (1932-2018)

Posté par vincy, le 27 mars 2018

Elle était l'actrice chabrolienne par excellence. Stéphane Audran, née Colette Dacheville le 8 novembre 1932; s'est éteinte le 27 mars à l'âge de 85 ans. A l'affiche de deux films oscarisés (Le charme discret de la bourgeoisie, Le festin de Babette), Prix d'interprétation à Berlin (Les biches), à San Sebastian (Le boucher), aux Bafta britanniques (Le charme discret..., Juste avant la nuit) et César du meilleur second-rôle féminin (Violette Noziere), la comédienne était l'une des figures emblématiques du cinéma français des années 1960 et 1970.

Au delà de cette beauté (rousse, blonde ou brune selon les rôles) qui captait si bien la lumière, de ses yeux verts hypnotiques et de sa voix reconnaissable entre mille, elle avait un talent réel à composer des personnages éclectiques dans des univers souvent dramatiques, avec cette distance un peu froide qui lui était propre. ESi elle a tourné en 1959 avec Eric Rohmer, dans Le signe du lion, c'est bien sa rencontre avec Claude Chabrol (décédé en 2010) qui forgea son destin cinématographique. C'est Gérard Blain qui organisa le rendez-vous. Elle obtient alors un petit rôle dans Les cousins (1959). Chabrol et elle entament une relation amoureuse, qui sera fusionnelle à l'écran.Il lui fera tout jouer, séductrice, angoissée, calme, douce, criminelle... La bourgeoise idéale. Ensemble, ils tournent Les bonnes femmes, Les Godelureaux, L'œil du malin, Landru, Marie-Chantal contre le docteur Kha, La ligne de démarcation, Le scandale.... Pas souvent les meilleurs films du réalisateur, et souvent des échecs financiers. En 1968, avec Les biches, avec Jean-Louis Trintignant, reçoit un Ours d'argent à Berlin. Audran est enfin remarquée comme actrice et Chabrol renaît. Il l'enrôle ensuite pour La femme infidèle et surtout Le boucher, avec Jean Yanne (1970), film noir sous tension sur un amour impossible. Chabrol continue ainsi sa filmographie avec sa première muse (avant Huppert): Meurs filmographies semblent indissociables: La rupture, Juste avant la nuit, Les noces rouges, Folies bourgeoises, Les liens du sang, Violette Nozière durant les années 1970, puis plus sporadiquement ensuite avec Le sang des autres, Poulet au vinaigre, Jours tranquilles à Clichy, Betty et L'ivresse du pouvoir.

Stéphane Audran, épouse de Jean-Louis Trintignant dans les années 1950, en concubinage avec Claude Chabrol à partir de 1959 (et mère de Thomas Chabrol) avant de se marier puis de divorcer en 1980, a connu ses plus grands rôles quand elle s'est émancipée de son pygmalion. La comédienne a été à l'affiche de nombreux films moyens signés pourtant Jacques Pinoteau, Jean Delannoy, Philippe Labro... Mais avec les reconnaissances pour Les biches et Le boucher, son élégance et son magnétisme ont séduit Luis Bunuel (Le Charme discret de la bourgeoisie), une histoire de repas impossible entre notables. La gastronomie, thème chabrolien par excellence, va aussi être son porte-bonheur. Ce film lui ouvre les portes des grands cinéastes et du cinéma anglo-saxon. Dans les années 1970, elle tourne avec Orson Welles (dans l'inachevé The Other Side of the Wind, bientôt restauré et complété), Samuel Fuller (Un pigeon mort dans Beethoven Street, Au-delà de la gloire, Les voleurs de la nuit), une adaptation internationale d'un Agatha Christie (Dix petits nègres) et surtout Claude Sautet (Vincent, François, Paul… et les autres, où elle est la femme d'Yves Montand, qu'elle quitte).

Dans un registre plus populaire on la voit chez Michel Audiard et Georges Lautner, dans La cage aux folles 2 et 3. Ces vingt dernières années, elle apparaît dans des comédies oubliables comme Arlette, Belle-Maman, J'ai faim, Ma femme d'appelle Maurice... En 1981, elle retrouve Huppert, sa partenaire de Violette Nozière dans Coup de Torchon de Bertrand Tavernier, épouse de Noiret policier devenu assassin. Parmi les films qui ont marqué sa carrière, on note aussi Mortelle randonnée de Claude Miller, Les saisons du plaisirde Jean-Pierre Mocky, et La fille de Monaco d'Anne Fontaine, son dernier film il y a dix ans.

Mais Stéphane Audran s'est offert un chant du cygne somptueux, avec une autre grande bouffe, Le festin de Babette (1987) de Gabriel Axel. C'est sans doute son dernier grand rôle, mais aussi l'un des plus beaux. En cuisinière renommée fuyant une France répressive dans un Danemark austère, elle brille à la lumière des bougies, accomplissant des merveilles avec la nourriture: elle habite littéralement ce film, sélectionné à Cannes et oscarisé l'année suivante.

Ce qui plaisait chez Audran, c'était son jeu subtil, jamais dans l'effet ou la surdramatisation. Sa sincérité transperçait l'écran. Actrice discrète, elle revendiquait cette sobriété. Pas étonnant alors que ce démystificateur de Chabrol ait trouvé en elle toutes les facettes de la femme, qu'elle soit infidèle ou sans amour, vulgaire ou fatale, garce ou vulnérable. Honnête (et engagée), mal exploitée par le cinéma français, l'actrice restera l'une de ces incarnations d'une France en mutation, à la fois enracinée et libérée, classique et moderne, "pompidolienne" en quelque sorte.

Les 5 révélations en lice aux BAFTA 2018

Posté par vincy, le 5 janvier 2018

Pour le Rising Star Award, les Baftas ont dévoilé les cinq acteurs qui vont être soumis au vote du public en vue d'obtenir la récompense, équivalente du meilleur espoir.

Timothée Chalamet (Call me by your Name), Daniel Kaluuya (Get Out), Josh O’Connor (Seule la terre), Florence Pugh (The Young Lady) et Tessa Thompson (Thor: Ragnarok) se disputeront les faveurs des "électeurs". Le lauréat sera connu lors de la cérémonie des Bafta le 18 février prochain.

Depuis que ce prix existe, créé en 2006, James McAvoy, Eva Green, Shia LaBeouf, Noel Clarke, Kirsten Stewart, Tom Hardy, Adam Deacon, Juno Temple, Will Poulter, jack O'Connell, John Boyega et Tom Holland ont été sacrés. On note aussi quelques nommés éconduits comme Chiwetel Ejiofor, Michelle Williams, Rachel McAdams, Gael Garcia Bernal, Emily Blunt, Ben Whishaw, Ellen Page, Michael Fassne,der, Emily Blunt, Andrew Garfield, Emma Stone, Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Lupita Nyong'o, Miles Teller, Shialene Woodley, Margot Robbie, Brie Larson. La seule française à avoir concouru pour ce prix est Léa Seydoux en 2014.

John Hurt (1940-2017) aux portes du Paradis

Posté par vincy, le 28 janvier 2017

Monstre sacré, immense comédien John Hurt est mort à l'âge de 77 ans des suites d'un cancer du pancréas. Son épouse a communiqué son décès: "C'est avec une tristesse infinie que je confirme que mon époux, John Vincent Hurt, est décédé mercredi 25 janvier à son domicile de Norfolk".

Impossible de résumer une carrière de 55 ans à l'écran. L'élégant John Hurt aura touché à tous les genres, vedette de grands films comme seconds-rôles de blockbusters. Pour les plus jeunes, il était Monsieur Ollivander dans la franchise Harry Potter. Mais John Hurt a été avant tout Elephant Man pour David Lynch. Son rôle le plus marquant assurément.

Un homme pour l'éternité (A Man for All Seasons) de Fred Zinnemann, Davey des grands chemins (Sinful Davey) de John Huston, L'Étrangleur de la place Rillington (10 Rillington Place) de Richard Fleischer, Le Joueur de flûte de Jacques Demy... Il a été éclectique dès ses débuts, avant qu'il ne soit reconnue en 1978 avec le personnage de Max, héroïnomane anglais arrêté et emprisonné dans une prison turque, dans Midnight Express de Alan Parker, qui lui vaut un Oscar du meilleur second-rôle masculin.

Eclectique

L'année suivante, on le retrouve en officier dans Alien, le huitième passager (Alien) de Ridley Scott, immense succès populaire et film culte (il parodiera son personnage dans La Folle Histoire de l'espace (Spaceballs) de Mel Brooks dix ans plus tard). Il enchaîne avec Elephant Man de Lynch (nominations aux Golden Globes et aux Oscar dans la catégorie meilleur acteur). Il y est défiguré pour ce biopic en noir et blanc adapté de la vie de Joseph Merrick, surnommé « Elephant Man » à cause de ses nombreuses difformités. Une interprétation où la souffrance est à la fois extrême et intériorisée qui dévoile l'étendue de son talent.

Dans la foulée, il tourne La Porte du paradis (Heaven's Gate) de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert, Christopher Walken et Jeff Bridges. Cette sublime fresque désillusionnée de l'Amérique des pionniers a été un four commercial. Mais sa splendeur et sa profondeur en font aujourd'hui un des plus grands films de son époque.

Capable de tout jouer, il tourne aussi avec Mel Brooks (producteur d'Elephant Man) dans La Folle Histoire du monde, où il incarne Jésus-Christ, et dans Osterman week-end de Sam Peckinpah , The Hit : Le tueur était presque parfait, polar indispensable de l'œuvre de Stephen Frears, où il s'amuse à être un tueur vieillissant, et l'adaptation du roman de George Orwell, 1984, de Michael Radford, où il tient le rôle principal.

La mort jamais loin

Les années suivantes sont plus fades. Hormis deux films mineurs de John Boorman et quelques cinéastes majeurs (Scandal de Michael Caton-Jones, The Field de Jim Sheridan, L'Œil qui ment de Raoul Ruiz, Even Cowgirls Get the Blues de Gus Van Sant), John Hurt ne retrouve pas de grands personnages. Il faut attendre que Jim Jarmush l'enrôle dans son western spectral, Dead Man en 1995 pour que le cinéphile puisse retrouver son allure et son charisme filmés à leur juste valeur.

Bien sûr, il tourne avec Walter Hill (Wild Bill) et Robert Zemeckis (Contact), continue de faire des voix pour des documentaires animaliers ou des dessins animés, mais c'est le cinéma indépendant qui lui permet de livrer ses plus belles performances. En vieillissant, son jeu à fleur de peau prend une dimension d'écorché vif cicatrisant.
Dans Amour et mort à Long Island (Love and Death on Long Island), film sur fond d'années SIDA de Richard Kwietniowski, il est bouleversant en écrivain anglais veuf détestant le monde moderne et amoureusement fasciné par un acteur secondaire d'un film pour ados.
Pour lui, "prétendre être quelqu'un d'autre" était son "jeu" et ce qui était "l'essence de son travail".

Des films de genre et d'auteurs

Les années 2000, outre Harry Potter, lui permettent de s'offrir des personnages secondaires dans des films populaires: Hellboy et Hellboy 2: Les Légions d'or maudites (Hellboy II: The Golden Army) de Guillermo del Toro, The Proposition de John Hillcoat, V pour Vendetta (V for Vendetta) de James McTeigue, Crimes à Oxford (The Oxford Murders) de Álex de la Iglesia, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull) de Steven Spielberg, Le Transperceneige de Bong Joon-ho, Hercule (Hercules) de Brett Ratner, et l'an dernier Tarzan de David Yates.

John Hurt a aussi été un fidèle de Lars von Trier, narrateur de Dogville et Manderlay, acteur dans Melancholia. Il a été également un comédien récurrent chez Jim Jarmusch (The Limits of Control, Only Lovers Left Alive). Blues-man par excellence du 7e art, avec son physique atemporel, on le voit aussi faire des grands écarts cinématographiques, de Boxes de Jane Birkin à La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) de Tomas Alfredson.

Lord John

Né le 22 janvier 1940 près de Chesterfield, peintre à ses heures, il se pensait destiné au dessin avant d'intégrer la Royal Academy of Dramatic Art. Sa carrière comporte pas moins de 140 films, 20 téléfilms et autant de séries (dont Doctor Who et Panthers). Récipiendaire de quatre BAFTA, anobli par la reine Elizabeth II en 2014, il continuait de tourner malgré son cancer.

On le verra mercredi à l'affiche de Jackie de Pablo Larrain, dans le rôle d'un prêtre confesseur. The Journey de Nick Hamm a été présenté à Venise en septembre, ChickLit de Tony Britten est sorti en décembre aux USA, That Good Night de Eric Styles, Damascus Cover de Daniel Zelik Berk et My Name is Lenny de Ron Scalpello sont prévus dans les salles cette année.

Le voici disparu. Et comme il aimait le citer: "Comme Beckett le disait, il ne suffit pas de mourir, il faut oublier aussi." On ne l'oubliera quand même pas de si tôt.

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Chef op’ de Spielberg, Polanski, Zinnemann et Jewison, Douglas Slocombe (1913-2016) s’est éteint

Posté par vincy, le 22 février 2016

Douglas Slocombe, chef opérateur britannique, est décédé lundi à l'âge de 103 ans. Homme de l'ombre du cinéma, il a mis en lumière une soixantaine de films entre 1942 et 1969.

Durant ces cinquante ans de carrière, il a mis sa touche à des oeuvres comme À cor et à cri (Hue and Cry) de Charles Crichton, Noblesse oblige (Kind Hearts and Coronets) de Robert Hamer, De l'or en barres (The Lavender Hill Mob) toujours de Charles Crichton, The Servant de Joseph Losey, Cyclone à la Jamaïque de Alexander Mackendrick, Le Crépuscule des aigles (The Blue Max) de John Guillermin, le culte Bal des vampires (The Fearless Vampire Killers) de Roman Polanski, Le Lion en hiver (The Lion in Winter) de Anthony Harvey, L'or se barre (The Italian Job) de Peter Collinson, La Symphonie pathétique de Ken Russell, La Guerre de Murphy (Murphy's War) de Peter Yates, Voyages avec ma tante (Travels with My Aunt) de George Cukor, Jesus Christ Superstar de Norman Jewison, Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) de Jack Clayton, celui avec Robert Redford, Rollerball, encore de Norman Jewison, Julia de Fred Zinnemann et même un James Bond, Jamais plus jamais (Never Say Never Again) de Irvin Kershner.

harrison ford douglas slocombe steven spielberg

Mais c'est avec Steven Spielberg qu'il sera entré au panthéon des chef opérateurs: les séquences indiennes de Rencontres du troisième type (Close Encounters of the Third Kind) et surtout la trilogie Indiana Jones - Les Aventuriers de l'arche perdue (Raiders of the Lost Ark), Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom) et Indiana Jones et la Dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade).

Né le 10 février 1913 à Londres, Douglas Slocombe est mort le 22 février 2016 dans un hôpital londonien, où il était soigné depuis janvier après avoir fait une chute, a indiqué sa fille Georgina Slocombe, photographe.

Membre du jury du festival de Cannes en 1981, l'homme avait filmé l'invasion nazie de la Pologne en 1939 avant de pouvoir fuir les Allemands. Il a débuté sa carrière au ministère de l'information où ses talents de photographes furent mis au service de montages de propagande. Puis il fut enrôlé dans les Ealing Studios jusqu'à leur déclin au milieu des années 50.

Trois fois nommé aux Oscars (Voyages avec ma tante, Julia, Les Aventuriers de l'arche perdue), il a été 11 fois cité aux BAFTA où il emporta trois trophées: The Servant en 1963, Gatsby le magnifique en 1974 et Julia en 1977.

"Il adorait son travail. Pour lui tous les films étaient différents, il adaptait ses idées aux scénarios. Il aimait beaucoup travailler en noir et blanc. Et même quand il tournait en couleur, il travaillait beaucoup sur les contrastes", a expliqué Georgina Slocombe à l'AFP.

Les BAFTAs 2015 couronnent Boyhood et Une merveilleuse histoire du temps

Posté par cynthia, le 8 février 2015

Dimanche 8 février, la 68ème cérémonie des BAFTAs (les Oscars britanniques) ont récompensé les meilleurs films et célébrités du cinéma pour l'année 2014. Entre surprises et résultats courus d'avance.

Les British Academy of Film and Television Arts a la particularité de nommer des films de toutes nationalités, puisqu’il suffit que les films aient été projetés au Royaume-Uni durant l'année précédente. Sans surprise, les quatre grands vainqueurs sont The Grand Budapest Hotel, Boyhood, Une merveilleuse histoire du temps et Whiplash.

Primé dans plusieurs catégories dont Meilleur film britannique et meilleur acteur pour Eddie Redmayne, Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh repart avec 3 BAFTAs tandis que The Grand Budapest Hotel en rafle quatre (techniques). Mais, c'est, sans réelle surprise, Boyhood qui emporte le BAFTA du Meilleur film ainsi que ceux du meilleur réalisateur et du meilleur second rôle féminin pour Patricia Arquette.

Archi-favoris pour l'Oscar dans leur catégorie, Julianne Moore repart avec le BAFTA de la meilleure actrice et J.K Simmons celui du meilleur second rôle masculin pour Whiplash (qui gagne deux autres prix).

Parmi les autres films récompensés, on retrouve Lego, la grande aventure pour le Meilleur film d’animation et Ida pour le Meilleur film en langue étrangère.

Mr. Turner a été son plus grand succès au Royaume Uni: il était donc logique que l'immense réalisateur Mike Leigh reçoive le prix du Fellowship, l'équivalent d'un BAFTA d'honneur. A l'autre bout du spectre générationnel, Jack O'Connell (Invincible, '71, Les poings contre les murs) est sacré du Prix de l'étoile montante (Rising Star) face à Shailene Woodley et Miles Teller.

Finalement la plus grande surprise provient du grand perdant de la cérémonie: Birdman. Le film d'Alejandro Gonzalez Inarritu, qui a eu les faveurs récemment des guildes des acteurs, des producteurs et des réalisateurs aux Etats-Unis, le positionnant en favori des Oscars, n'a récolté que le prix de la meilleure photo. Or depuis 2009, le meilleur film aux BAFTAs a toujours reçu l'Oscar du meilleur film: la compétition reste ouverte.

L'autre perdant est The Imitation Game, qui revient bredouille.

Le palmarès de la 68ème cérémonie des BAFTA:

Meilleur film: Boyhood de Richard Linklater
Meilleure actrice: Julianne Moore pour Still Alice
Meilleur acteur: Eddie Redmayne pour Une merveilleuse histoire du temps
Meilleur réalisateur: Richard Linklater pour Boyhood
Meilleur second rôle masculin: J.K Simmons pour Whiplash
Meilleur second rôle féminin: Patricia Arquette pour Boyhood
Meilleur scénario original: The Grand Budapest Hotel
Meilleur scénario adapté: Une merveilleuse histoire du temps
Meilleur film britannique: Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh
Meilleure musique originale: The Grand Budapest Hotel
Meilleur son: Whiplash
Meilleurs costumes: The Grand Budapest Hotel
Meilleurs coiffures/maquillage: The Grand Budapest Hotel
Meilleur montage: Whiplash
Meilleur film non-anglophone: Ida de Pawel Pawlikowski
Meilleur film d'animation: Lego, la grande aventure de Phil Lord et Christopher Miller
Trophée de l'étoile montante: Jack O'Connell
Fellowship pour la contribution au cinéma britannique: Mike Leigh

Gravity et 12 Years a Slave grands vainqueurs des BAFTA

Posté par vincy, le 16 février 2014

12 years a slave bafta 2014

En recevant son BAFTA d'honneur, tant mérité, Helen Mirren citait Shakespeare : "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves et notre petite vie est remplie en dormant. Ma petite vie est remplie par cet honneur, je vous remercie infiniment". C'est sans doute cette phrase que de nombreux vainqueurs des prix BAFTA (les Césars britanniques) auront eut en tête en montant sur scène ce dimanche soir.

Deux films se partagent les lauriers. 12 Years a Slave, avec deux prix majeurs (meilleur film et meilleur acteur pour le britannique Chiwetel Ejiofor), déçoit un peu puisqu'il était nommé 10 fois. De son côté Gravity fait une razzia avec 6 prix sur 11 nominations dont meilleur film britannique, meilleur réalisateur et meilleure image.

Dans un registre plus modeste, American Bluff (3 prix, dont scénario et second rôle féminin) ne démérite pas. La Grande Bellezza confirme son statut de film en langue étrangère favori des anglo-saxons. Et Cate Blanchett a rayonné avec le prix de la meilleure actrice, 15 ans après celui qu'elle avait obtenu pour Elizabeth.

Reste que la cérémonie a surtout snobé le cinéma anglais. Un comble. Gravity a certes été tourné au Royaume Uni, mais le film du mexicain Cuaron est une coproduction américano-mexicaine. En obtenant le prix du meilleur film britannique, alors qu'il l'est moins que 12 Years a Slave (dont le réalisateur et l'acteur principal sont anglais), on s'interroge sur les objectifs des BAFTA.

Finalement, on retrouve peu de talents britanniques dans ce palmarès. La moitié des prix ont été décernés à des artistes venus d'ailleurs.

Liste complète des prix BAFTA 2014

Meilleur film : 12 Years a Slave
Meilleur film britannique : Gravity
Meilleur film en langue étrangère : La Grande Bellezza
Meilleur film d'animation : La Reine des neiges
Meilleur documentaire : The Act of Killing

Meilleur réalisateur : Alfonso Cuaron (Gravity)
Meilleur acteur : Chiwetel Ejiofor (12 Years a Slave)
Meilleure actrice : Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Second rôle masculin : Barkhad Abdi (Captain Phillips)
Second rôle féminin : Jennifer Lawrence (American Bluff)
EE Rising Star : Will Poulter (prix du public)
Nouveau talent : Kirean Evans (Keely + Victor)

Scénario original : American Bluff
Scénario / adaptation : Philomena

Image : Emmanuel Lubezki (Gravity)
Musique : Steven Price (Gravity)
Décors : Gatsby le magnifique
Son : Gravity
Montage : Rush
Costumes : Gatsby le magnifique
Coiffures et maquillages : American Bluff
Effets visuels : Gravity

Court métrage : Room 8
Court métrage animé : Sleeping with the Fishes

Bafta d'honneur : Helen Mirren
Hommages à Peter O’Toole, Philip Seymour Hoffman, Shirley Temple et Saul Zaentz

Gravity domine les nominations des si peu britanniques BAFTA

Posté par vincy, le 8 janvier 2014

gravityLes BAFTA (Oscars britanniques) prouvent une fois de plus la dépendance du cinéma britannique au colonisateur Hollywood : Gravity domine la course avec 11 nominations, devant le film américain du britannique Steve McQueen, 12 Years a Slave, et American Hustle (American Bluff en français) qui reçoivent chacun 10 nominations. Capitaine Phillips suit avec 9 nominations.

On sera toujours surpris de voir autant de films américains dans un événement censé valoriser une cinématographie nationale.

Heureusement il y a Philomena de Stephen Frears pour sauver l'orgueil national. Seul film anglais dans la catégorie meilleur film. Il est aussi nommé dans la catégorie meilleur film britannique, aux côtés de Gravity, Mandela, Rush, A l'ombre de Mary et Le géant égoïste. Cette catégorie accueille seulement trois cinéastes anglais. Un paradoxe.

Deux réalisateurs sujets de sa majesté sont nommés dans la catégorie du meilleur cinéaste, Steve McQueen et Paul Greengrass, qui feront face à David O. Russell, Alfonso Cuarón et Martin Scorsese.

Aucun scénariste britannique n'est remarqué dans la catégorie du meilleur scénario où se confrontent American Hustler, Blue Jasmine, Gravity, Inside Llewyn Davis et Nebraska. Pour les adaptations, on retrouve quand même Steve Coogan, prix du meilleur scénario à Venise, pour Philomena, face à 12 Years a Slave, Capitaine Phillips, Le Loup de Wall Street et Ma vie avec Liberace.

On plaint tout autant les excellents comédiens du Royaume: les votants préfèrent indiscutablement les stars hollywoodiennes : Christian Bale et Chiwetel Ejiofor affrontent Bruce Dern, Leonardo DiCaprio et Tom Hanks (acteurs) ; Emma Thompson et Judi Dench rivaliseront avec Amy Adams, Cate Blanchett et Sandra Bullock (actrices) ; Michael Fassbender est seul face à Barkhad Abdi, Bradley Cooper, Daniel Brühl et Matt Damon (seconds rôles masculins) ; et Sally Hawkins est isolée au milieu de Jennifer Lawrence, Julia Roberts, Lupita Nyong'O et Oprah Winfrey (seconds rôles féminins).

Côté meilleur film en langue étrangère, La vie d'Adèle affronte The Act of Killing (également cité dans la catégorie documentaire), La grande Bellezza, Metro Manila (de l'anglais Sean Ellis) et Wadjda.

Moi moche et méchant 2, La reine des neiges et Monstres Academy se battront pour le prix du meilleur film d'animation.

Enfin, il ne faut pas omettre les 5 nominés pour le Rising Star Award, qui ont été révélés lundi.

Lea Seydoux parmi les « étoiles montantes » des BAFTA

Posté par vincy, le 6 janvier 2014

seydoux dehaan mackay poulter nyong'oLes BAFTA (Oscars britanniques) ont révélé les 5 comédien(ne)s qui seront en course pour Rising Star Award. Deux jours avant la proclamation des nominations 2014, les BAFTA ont dévoilé leur liste d'étoiles montantes. Depuis Tahar Rahim en 2010, aucun français n'y avait figuré. Léa Seydoux, remarquée cette année pour son rôle dans La Vie d'Adèle, Palme d'or à Cannes, a été retenue : ce sera au public de voter. Le gagnant sera connu le 16 février.

Face à Seydoux, connue des spectateurs anglais pour ses participations à Inglorious Basterds, Robin des bois, Minuit à Paris et Mission : Impossible IV, on trouve Dane Dehaan (Lincoln, The Place Beyond the Pines et bientôt The Amazing Spider-Man 2), George Mackay (For Those in Peril, Maintenant c'est ma vie), l'americano-mexicano-kenyane Lupita Nyong'o (12 Years a Slave) et Will Poulter (Les Miller, une famille en herbe).

Les cinq acteurs ont été choisis par un jury composé de Pippa Harris, Gemma Arterton, Mark Kermode, Kirk Jones et Pete Czernin.

Au public de savoir qui succédera à James McAvoy, Eva Freen, Shia LaBeouf, Noel Clarke, Kristen Stewart, Tom Hardy, Adam Deacon et Juno Temple.