[2019 dans le rétro] Des minorités moins visibles mais toujours très rentables

Posté par wyzman, le 4 janvier 2020

Année après année, le constat semble sans appel : inclure des personnages joués par des acteurs de couleur permet d’attirer plus de monde en salle ou du moins de diversifier le public. Cette année, malgré l’absence d’énormes blockbusters faussement destinés à des communautés précises comme Black Panther ou Crazy Rich Asians, la diversité à néanmoins payé.

L’Amérique de Disney frappe fort

Si l’on se penche sur le box-office américain, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Produire des films représentatifs, c’est-à-dire respectueux de la diversité de couleurs qui composent les Etats-Unis est porteur. Et ce n’est certainement pas Disney qui dira le contraire. Véritable carton, Avengers : Endgame et son casting multiculturel ont rapporté plus de 858 millions de dollars sur le seul sol nord-américain. Grâce aux acteurs de Black Panther — oui, encore — (Chadwick Boseman, Danai Gurira, Angela Bassett, Letitia Wright, Winston Duke) et aux "cautions diversité" des autres franchises Marvel (Don Cheadle, Zoe Saldana, Anthony Mackie et Tessa Thompson pour ne citer qu’eux), le mega-crossover des frères Russo a atteint son objectif : être le film le plus commenté de l’année.

A mieux y regarder, tous les films Marvel proposent désormais un rôle important à un personnage joué par un acteur de couleur (noir le plus souvent). Dans Captain Marvel sorti quelques semaines avant Avengers : Endgame, c’est Lashana Lynch qui captivait le public. A ses côtés, Samuel L. Jackson continuait d’oeuvrer bien plus sobrement que dans Spider-Man : Far From Home (sorti cet été) où son Nick Fury semblait prendre beaucoup (trop) de place. D’ailleurs, pour continuer à parler de Samuel L. Jackson, c’est bien évidemment son rôle dans Glass de M. Night Shyamalan qui demeurera le moment fort de son année ciné !

Toujours du côté de Disney, impossible de ne pas parler du Roi Lion de John Favreau. En plus d’effets spéciaux ultra-réalistes, le film disposait d’un casting de rêve bien qu'invisible une fois dans la salle : Donald Glover, Beyoncé, James Earl Jones, Chiwetel Ejiofor, Alfre Woodard et Keegan-Michael Key. Autant d’acteurs qui sont devenus un véritable atout marketing, bien au-delà de l’envie de voir la version live de ce film d’animation culte. En parallèle, pour surfer sur la vague africanisante qui a soudainement frappé la pop culture à la fin de cette décennie, la production a eu la bonne idée de laisser à Beyoncé le soin de produire toute une bande originale qui fait la part belle au continent africain. Encore et toujours du marketing de génie !

Mais Le Roi Lion n’est pas le seul remake en live-action à avoir fait du bruit en 2019. Malgré des critiques loin d’être élogieuses, l’Aladdin de Guy Ritchie a su tirer son épingle du jeu, amassant plus d’un milliard de dollars à travers le monde. Comme quoi, le mélange d’inspirations arabes, persanes et indiennes continue d’être porteur. Et ce mois-ci, Disney espérait compter sur Star Wars, épisode IX : L’Ascension de Skywalker pour continuer à prétendre être une multinationale inclusive. Mais le peu de temps à l’écran accordé à l'actrice Kelly Marie Tran n’a pas échappé à la toile !

Dans le reste du box-office américain, on note bien évidemment les très bons scores de Fast and Furious : Hobbs and Shaw (173 millions de dollars de recettes) et Jumanji : Next Level (151 millions). Tous deux portés par Dwayne Johnson, le premier joue à fond la carte des racines polynésiennes de l’acteur tandis que le second était une nouvelle excuse pour mettre ses muscles (saillants) à rude épreuve.

Des films indépendants branchés stars

Mais pour comprendre tout l’intérêt d’une meilleure représentativité dans l’espace cinématographique américain, c’est sans surprise du côté du cinéma indépendant qu’il convient de se tourner. En effet, l’adaptation US d’Intouchables (The Upside) a créé la surprise outre-Atlantique grâce au duo formé par Bryan Cranston et Kevin Hart. The Last Black Man in San Francisco de Joe Talbot et qui raconte l’histoire d’un homme qui veut à tout prix récupérer la maison construite par son grand-père a fait pleurer dans les chaumières tandis qu’Eddie Murphy est réussi à revenir sur le devant de la scène avec le film distribué par Netflix Dolemite is My Name.

Les deux événements « diversité » de cette année s’appelaient sans l’ombre d’un doute Us et Hustlers (Queens en VF). Après Get Out, Jordan Peele a décidé de mettre en scène les traumas d’une famille Noire-américaine avec Lupita Nyong’o et Winston Duke (encore lui !) dans les rôles des parents. La performance de l’actrice l'a rapidement placée sur la it-list des prochaines nominations aux Oscars. Un peu comme Jennifer Lopez, fausse révélation de l’année. La chanteuse d’origine portoricaine en a ébloui plus d'un(e) dans ce film de braqueuses extrêmement sexy. Grâce aux participations de Constance Wu, Keke Palmer, Cardi B et Lizzo, le film est rapidement devenu un must-see pour la génération E!

Le cinéma français peut remercier Cannes

Dans l’Hexagone, le constat est sensiblement différent. Hormis les films déjà mentionnés plus haut, on ne peut qu’être attristé par le faible (et mauvaise) représentation de la diversité dans nos productions "locales". Alors que Green Book de Peter Farrelly et Creed 2 de Steven Caple Jr. ont tous deux passé la barre symbolique du million d’entrées, il faut chercher un moment avant de trouver un film français qui ait réussi cet exploit.

Par chance, l’édition 2019 du Festival de Cannes a relevé la barre. Présidé par  le réalisateur mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, ce nouveau cru a été l’occasion de voir de belles surprises. Bien évidemment, la Palme d’or revenue au sud-coréen Parasite était une évidence. Et l’on ne peut que féliciter le 1,6 million de Français qui a laissé sa chance à cette oeuvre complexe et unique en son genre. A côté, le grand prix Atlantique de Mati Diop a permis de faire évoluer les consciences sur les immigrés venus du Sénégal. A l’heure où les extrêmes se font de plus en plus incontournables, une telle oeuvre méritait reconnaissance et visibilité.

A l’instar des Misérables de Lady Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, Prix du jury ex-aequo cette année. Centré sur l’impact que peuvent avoir les violences policières, le premier est rapidement devenu un sujet de conversation incontournable dans « les banlieues » mais pas que tandis que le second a brillé par son casting arc-en-ciel, véritable révélateur d’une société brésilienne plus hétérogène qu’on ne le pense. Enfin, notons le Prix SACD de la Quinzaine des Réalisateurs remis à Une Fille facile de Rebecca Zlotowski. Porté un duo improbable d’actrices d’origine maghrébine (Mina Farid et Zahia Dehar), cette comédie dramatique était immanquable à la fin de l’été !

Marché du film : Joe et Anthony Russo embarquent Tom Holland dans un drame

Posté par wyzman, le 19 mai 2019

Voilà peut-être le meilleur twist que les réalisateurs d'Avengers : Infinity War et Endgame nous auront proposé cette année. Deadline rapporte que Joe et Anthony Russo présentent ces jours-ci et sur la Croisette Cherry, leur prochain film. Présenté comme un drame, Cherry sera porté par un Tom Holland (Spider-Man) dans la peau de Nico Walker, un ancien médecin de l'armée qui est revenu d'Irak avec un syndrome de stress post-traumatique non diagnostiqué et particulièrement extrême. Celui-ci a développé une dépendance aux opioïdes avant de se mettre à braquer des banques.

Ecrit par Jessica Goldberg, Cherry est basé sur le roman que Nico Walker a écrit lui-même de ses méfaits et dont les droits ont coûté la modique somme d'un million de dollars aux frères Russo. Bien plus personnel que leurs récentes réalisations, Cherry serait né du désir de faire un film sur un homme également issu de Cleveland. Mais Joe et Anthony Russo ont d'ores et déjà reconnu le lien à faire avec leurs proches tombés sous l'emprise des opioïdes.

Pour rappel, Avengers : Endgame sorti au mois d'avril continue d'affoler les compteurs et a déjà rapporté plus de 2,5 milliards de dollars au box-office mondial au moment où nous écrivons ces lignes.

Marvel Cinematic Universe: les 6 films qui ont compté

Posté par redaction, le 26 avril 2019

692000 entrées en France en une journée d'exploitation (soit le 9e meilleur démarrage historique). 169M$, dont 107M$ en Chine, pour le box office international de mercredi, avant-même sa sortie en France. Et une prévision de 800M$ pour ce week-end au niveau mondial. Avengers: Endgame écrase tout et concentre à l'excès la fréquentation des cinémas. Entre western moderne et péplums comics, on pourra toujours s'étonner du succès du Marvel Cinematic Universe, en 22 films et un peu plus de dix ans, surtout avec des intrigues assez similaires (l'épilogue est souvent identique même) et des personnages qui ne froissent personne (au mieux une romance contrariée ou un passé producteur de névroses). Le génie du producteur Kevin Faige a sans doute été de mêler les "stand-alone" des super-héros (souvent des trilogies) à la saga Avengers (une tétralogie en guise de pilier fondateur).

Ce mix de spin-offs, de sequels et de saga forment une énorme franchise de 22 films tous reliés entre eux (18,6 milliards de $ cumulés de recettes) depuis 11 ans. Un plan quasiment communiste par phases (on est à la fin de la troisième) qui se dessine comme une arborescence où chaque ramification s'étend à sa manière. C'est l'ordre chronologique des sorties des films qui comptent, du premier Iron Man jusqu'au dernier Avengers. Cette franchise-série pouvait ainsi ajouter des super-héros  à chaque épisode d'Avengers, dont les quatre films se seront étalés sur dix ans, alors que le spectateur pouvait se gaver de deux à trois films de super-héros par an. Ce gigantesque crossover permanent reposait sur un pari: la fidélité des fans (et un marketing déjà bien établi par l'industrie des comics depuis 60 ans). Une nouvelle ère s'achève. Une dizaine de productions vont démarrer pour une nouvelle phase. Il est impossible de comprendre Endgame sans avoir vu les 21 autres films.

Parmi eux 6 ont eu une importance primordiale dans la construction de l'empire Marvel, leader du spectacle de la décennie qui finit.

Le fondateur: Iron Man

Sorti en 2008, le film a posé les bases du MCU (Marvel venait d'être acquis par Disney). Avec 585M$ au box office mondial, il apparaitrait presque comme un nain par rapport aux récents films de la saga (17e du classement). On écrivait à l'époque: "Étalé sur deux heures, le film possède un dynamisme, un second degré et surtout un personnage principal diaboliquement construit pour remporter l'adhésion. Mais plus que tout cela, Iron Man détient un avantage décisif : Robert Downey Jr ! (...) Alors certes Jon Favreau n'est pas Sam Raimi ou Peter Jackson, la mise en scène est parfois un peu molle et manque de ce grain de folie qui fait toute la différence. Mais Iron Man reste sincère et très communicatif dès qu'il est question de divertir la galerie et d'offrir un spectacle de son et lumières électrisant. "

Le plus solide: Thor

La trilogie a été lancée par Kenneth Branagh en 2011 (Thor), poursuivie par Alan Taylor en 2013 (Thor: me monde des ténèbres), avant d'être finalisée par Taika Waititi en 2017 (Thor: Ragnarok). Au box office, elle reste loin de Captain America, et au final, elle fait à peine mieux qu'Ant Man. Pourtant, les racines du mal qui frappent les Avengers se trouvent bien dans les histoires de Thor. La saga est la croisée des mondes et, surtout, s'est offert, à nos yeux, le meilleur casting de tous: Chris Hemsworth et Tom Hiddleston en tête, entourés au fil des films d'Anthony Hopkins, natalie Portman, Rene Russo, Stella Skarsgard, Idris Elba, Cate Blanchett... On peut pas faire plus classe.

Le plus profitable: Avengers

5 milliards de $ dans le monde en tris films, et toujours mieux que les autres (sauf en Amérique du nord, où Black Panther s'est invité sur le podium). Avengers est la meta structure de la franchise. Il regroupe, à un moment donné ou à un autre, tous les super-héros (y compris Spider-Man, prêté par Sony). Si l'enjeu est souvent répétitif, et très americano-centré, ce sont bien les personnages, tentant de valoriser leur égo, qui font le show. Avengers, avec Star Wars, le Seigneur des Anneaux et Harry Potter, est devenu l'un des monuments de la culture pop contemporaine. Qu'on aime ou pas.

Les plus frais: Les Gardiens de la Galaxie

Ce grand mix (musical et ciné), entre tubes populaires et humour décalé, a fait l'effet d'un bol d'oxygène au moment, en 2014, où on commençait à saturer de tous ces héros. Déjà il s'agit d'un groupe, ensuite ce sont des aventuriers-mercenaires-aliens (hormis Peter qui se la pète façon Indiana Jones/Han Solo). Ces Gardiens ont amené l'humour (avant Deadpool) dans un univers qui se prenait très au sérieux. Un fun espéré comme on l'écrivait : "Il assume le divertissement, la dérision et préfère la légèreté sobre à une gravité souvent trop appuyée. Bref il revient à l'essence du comic. En prenant comme matériau la moins connue des séries de Marvel (elle commence tout juste à arriver en librairie en France), le studio s'autorisait à dévier le genre. Ici, les héros sont dans l'espace et se rapprochent davantage d'un Star Wars, moins mythologique, mais plus proche du Western. C'est, de tous les films de Marvel le plus hilarant. Ce qui n'est pas un mal après tant de films où les héros en collants moulants ou armures indestructibles se prenaient trop au sérieux, ou pire, sombraient dans leurs névroses."

Le plus épatant : Docteur Strange

Super-héros récent (2016), ce docteur Strange est aussi le moins social, le plus arrogant, et penche même vers un peu de cynisme. Pourtant cette noirceur n'a pas empêché de cartonner et le super-héros de s'intégrer dans la galaxie Marvel. Mais avant tout, il s'agit incontestablement du plus barré visuellement, avec des effets visuels beaucoup plus recherchés que dans les autres films du MCU: "Un tout nouvel univers s'ouvre à nos yeux, rationaliste et scientifique, logique à ne plus en pouvoir. Comme pour Inception, l'aspect visuel est saisissant, tordant les réalités à la manière des peintres cubistes et surréalistes. Entre les buildings qui dansent La Carmagnole, redéfinissant les lois de Newton, et les voyages intra-dimensionnels dans des dimensions surréalistes, Doctor Strange c'est du Nolan sous LSD" écrivions-nous à l'époque.



Le meilleur de tous: Black Panther

Le plus beau, le plus politique, le mieux écrit, le plus engagé et, en bonus, doté du meilleur casting. Black Panther est le film du MCU le plus accompli, rivalisant avec les Dark Knight de Christopher Nolan côté réussite d'adaptation comics. Dans le genre, c'est un chef d'oeuvre (qui a rapporté 1,35 milliard de dollars dans le monde), qui s'offre de multiples références, de James Bond à Spike lee. C'est aussi le seul film de la franchise à avoir été un objet de débat sociétal, un sujet de discussion hors territoires cinéphiliques. Black power rules. Il est arrivé à temps pour les noirs. A l'instar de Wonder Woman (et de Captain Marvel) pour les femmes. En attendant un super-héros gay (dans Les éternels, vraisemblablement). Un "film historique" comme nous le disions. C'est une tragédie shakespearienne plus que séduisante, basée sur une civilisation avancée et non américaine (ce qui en soi est déjà très bien). On vous l'assure: "Black Panther est en effet un film constamment ancré dans une histoire plus globale que celle imaginée par les producteurs. Le film parvient à lier les Black Panthers d'autrefois au Black Panther de la pop culture actuelle tout en évoquant subtilement le mouvement Black Lives Matter. Sans en faire des caisses, le scénario de Ryan Coogler et Joe Robert Cole pose les bases d'une trilogie qui n'aura aucun mal à être plus passionnante que celle d'Iron Man ou Captain America."