2017 dans le rétro: #MeToo, le hashtag qui a fait vaciller Hollywood

Posté par wyzman, le 29 décembre 2017

Souvent critiqué pour la lenteur de son processus, le journalisme d'investigation a prouvé en 2017 qu'il avait encore de beaux jours devant lui. En effet, il a suffi de trois articles pour dévoiler au monde entier les travers de Hollywood. Ces articles, ce sont bien évidemment ceux de Jodi Kantor et Megan Twohey pour le New York Times, celui de Ronan Farrow pour le New Yorker et enfin celui d'Adam B. Vary pour BuzzFeed.

Le pouvoir des témoignages

Si les deux premiers s'intéressent à Harvey Weinstein et donnent la parole à des victimes présumées de harcèlement sexuel, d'agressions sexuelles et de viol, le troisième évoque le cas d'Anthony Rapp. L'acteur de Star Trek Discovery y raconte la nuit où Kevin Spacey a tenté de l'agresser sexuellement. Ces articles auraient pu faire le buzz et disparaître tout aussi vite s'ils ne comportaient pas autant de témoignages de personnalités. Parmi les victimes de Harvey Weinstein, on trouve ainsi Asia Argento, Rosanna Arquette, Kate Beckinsale, Emma de Caunes, Cara Delevingne, Judith Godrèche, Romola Garai, Heather Graham, Claire Forlani, Eva Green, Jessica Hynes, Florence Darel, Mira Sorvino, Ashley Judd, Angelina Jolie, Minka Kelly, Gwyneth Paltrow, Sarah Polley, Mia Kirshner, Léa Seydoux.

Et ceci n'est qu'un aperçu des victimes les plus célèbres du producteur de Pulp Fiction et Sin City. Aujourd'hui, qui sait combien de jeunes actrices pleines de rêves ont été agressées par l'homme de 65 ans. Du côté de Kevin Spacey, son tweet d'excuses adressées à Kevin Rapp et dans lequel il fait son coming out n'a fait que confirmer ce que beaucoup dans l'usine à rêves redoutaient : l'acteur principal de House of Cards a énormément de choses à se reprocher…

L'explosion de #MeToo

A l'origine issu de l'esprit de l'activiste Tarana Burke, l'expression avait pour ambition de dénoncer les violences sexuelles vécues par les femmes noires. Nous sommes alors en 2006 et l'expression n'est qu'une phrase. Mais dans la foulée des multiples accusations portées à l'encontre de Harvey Weinstein, l'actrice de Charmed Alyssa Milano décide de transformer la phrase en hashtag et veut, par son utilisation, inciter toutes les victimes de violences à caractère sexuel à parler. Nous sommes le 15 octobre et personne n'est en mesure de prévoir ce qui va se passer par la suite.

Car ce ne sont pas quelques réponses que l'actrice de 45 ans va recevoir mais bien des milliers. Son tweet est partagé 25.000 fois et plus de 68.000 internautes lui déclarent avoir également été victimes de violences sexuelles. Mais ça ne s'arrête pas là. Le groupe d'internautes déclarant avoir été agressés comporte aussi des personnalités publiques et des figures majeures de Hollywood.

C'est ainsi le cas de Reese Witherspoon, America Ferrera, Jennifer Lawrence, Lady Gaga, Gabrielle Union, Evan Rachel Wood, Björk, Hilarie Burton, Jenny Slate, Rosario Dawson, Debra Massing, Anna Paquin, Viola Davis, LauraDern, Anna Faris, Ellen Degeneres, Pauley Perrette, Busy Philipps, etc. Quelques hommes auront également le courage d'évoquer le harcèlement et les attouchements qu'ils ont subis. On peut notamment citer Terry Crews, James Van Der Beek et Javier Munoz.

Des accusés de plus en plus célèbres

La viralité de l'hashtag est si impressionnante que très vite, ce sont d'autres noms qui commencent à faire surface. Si Harvey Weinstein a très vite été renvoyé de The Weinstein Company et Kevin Spacey a perdu son rôle dans House of Cards et sa place dans la course aux Oscars avec Tout l'argent du monde, ils sont rejoints dans la tourmente par des célébrités auxquelles on n'aurait sans doute jamais pensé.

Parmi celles-ci, on peut citer Ben Affleck, Oliver Stone, Lars Von Trier, Terry Richardson, George H.W Bush, Jeremy Piven, Brett Ratner, Dustin Hoffman, Ed Westwick, Charlie Sheen, Jeffrey Tambor, Steven Seagal, Louis C.K., Matthew Weiner, Russell Simmons, Andrew Kreisberg, George Takei, Mark Schawhn, Nick Carter, Matt Lauer, Bruce Weber, Bryan Singer, Larry King, L.A. Reid et la liste est encore longue !

A l'heure actuelle, la plus grande action collective entamée par les victimes présumées est d'appeler à modifier la législation sur le délai de prescription des viols. A côté, de multiples associations tentent de capitaliser sur l'essor de l'hashtag #MeToo pour modifier la vision que l'on a des victimes d'agressions sexuelles. Exporté dans des dizaines de pays, #MeToo a trouvé une résonance toute particulière en France où il a été transformé en #BalanceTonPorc par Sandra Muller.

Pour rendre hommage aux victimes de ces agressions, de nombreux acteurs et actrices porteront du noir à la prochaine cérémonie des Golden Globes qui se tiendra le 7 janvier prochain à Beverly Hills.

Cannes 2015 : retrouvailles avec Michael Pitt

Posté par kristofy, le 17 mai 2015

michale pitt dans asphalteCher Michael,

Vous êtes déjà venu deux fois pour monter les marches du Festival de Cannes, avec cette intrigante nonchalance qui vous singularise immédiatement. En 2004, en compétition avec Last Days de Gus Van Sant dans la peau d’une rock-star telle Kurt Cobain dans ses derniers jours. La même année, vous n'étiez pas loin sur la Croisette avec un petit rôle dans Le livre de Jérémie de Asia Argento présenté à La Quinzaine des Réalisateurs.
Et en 2002, hors-compétition, on découvrait le thriller Calculs meurtriers de Barbet Schroeder (qui est d’ailleurs de retour cette annéeavec Amnésia). A coté de la star Sandra Bullock et d'un jeune acteur dont on entendra beaucoup parler plus tard (Ryan Gosling), vous étiez déjà une nouvelle sensation du cinéma américain. Bien sûr, Michael Pitt, on vous connaissait déjà depuis un an avec Bully de Larry Clark et Les innocents de Bernardo Bertolucci : autant vous dire qu’on était sûr qu’on allait vous revoir régulièrement.

Mais nous avions tort: vous n'avez tourné que 8 films en 10 ans. On vous a vu avec le visage ouvert d’un aventurier au Japon qui s’éloigne de son épouse Keira Knightley dans Soie de François Girard et aussi avec le visage fermé d’un bourreau dans la maison de Naomi Watts et de Tim Roth dans Funny Games US de Michael Haneke. A chaque fois votre regard fiévreux est inquiétant, fascinant, sans âge.

Un film en particulier parmi ceux que vous avez tourné (et même coproduit) aurait mérité d’être beaucoup plus vu : I Origins de Mike Cahill sorti dans trop peu de salles en septembre dernier. Et on devine qu’on va vous redécouvrir de nouveau dans Asphalte, en séance spéciale. Un retour étrange, puisqueAsphalte est signé du français Samuel Benchetrit, où vous êtes vêtu d'un étrange costume d'astronaute.

Arras 2014 : 5 bonnes raisons de ne pas rater la 15e édition

Posté par MpM, le 8 novembre 2014

Jusqu'au 16 novembre, Arras vit au rythme du cinéma français et international. Invités, débats, découvertes, avants-premières, afters musicaux... Les raisons de participer à cette 15e édition du Festival ne manquent pas, on vous en liste cinq forcément un peu subjectives.

* La compétition européenne. Chaque année, c'est l'événement phare du festival. On a envie d'écrire : quels que soient les films. Qu'ils soient bons ou mauvais, ils donnent en effet un aperçu précieux de l'offre cinématographique européenne de l'année. Et souvent, ils permettent de véritables surprises, voire des coups de cœur, à l'image de The girl from the wardrobe de Bodo Kox en 2013, Teddy bear de Mads Matthiesen en 2012, A trip de Nejc Gazvoda en 2011, etc.

* La présence de Stephen Frears et Asia Argento, qui animeront tous deux des leçons de cinéma, et à qui des rétrospectives sont consacrées. Quel bonheur de revoir sur écran Prick up your ears, Les arnaqueurs, My beautiful laundrette... ! Et belle surprise également que de découvrir avant tout lemonde L'incomprise, étonnant film (que l'on devine autobiographique) de la réalisatrice italienne, qui sort en salles le 26 novembre.

* Deux sections thématiques qui font la part belle au films du patrimoine. Pour "la grande guerre", Abel Gance, Bertrand Tavernier,  Stanley Kubrick, Joseph Losey... sont convoqués. Côté "ItalianAmerican", les festivaliers pourront de régaler avec Le parrain, La fièvre du samedi soir ou encore Mean streets et Les affranchis.

* Un focus sur l'Europe de l'Est. L'occasion de découvrir qu'à l'est, il ne cesse d'y avoir du nouveau, avec des films venus de Slovénie, Géorgie, Bulgarie, République tchèque... dont on se souviendra un jour qu'on les avait découverts à Arras.

* La mise en lumière du prix Lux. Pour la première année, le festival propose au public de découvrir les trois films qui concourent pour le prix décerné chaque année par le Parlement européen. Au programme, Ida de Pavel Pawlikowski, Bande de filles de Celine Sciamma et L'ennemi de la classe de Rok Bicek. Les spectateurs sont même amenés à participer au vote.

Sans oublier qu'à toutes ces excellentes raisons s'ajoute un argument de poids : l'Arras Film Festival propose des rencontres et des échanges dans une ambiance à la fois conviviale, détendue et joyeuse. Parce qu'il n'est pas nécessaire de prendre un ton docte pour parler de cinéma d'auteur et qu'il n'y a rien non plus de honteux à proposer un cinéma populaire, toutes les visions du cinéma se complètent et se réconcilient à Arras le temps d'une communion générale autour des films. Le tout grâce à la magie toujours renouvelée du grand écran.

L’instant Glam’ : Charlotte Gainsbourg, Asia Argento, Xavier Dolan…

Posté par cynthia, le 22 mai 2014

xavier dolanOyé oyé cinéphiles! Huitième jour sur la Croisette hier. Croisette qui ressemblait davantage à la Tamise à cause de la pluie. Mais si les parapluies régnaient en maître au Festival de Cannes, ce n'était pas le cas des cols roulés ou des doudounes. Les stars savent rester sexy même par grand vent.

L'acteur Barry Ward en est la preuve vivante. Avec ses faux airs à la Colin Firth, l'acteur irlandais a illuminé les marches de cannes de sa mèche grisonnante pour présenter Jimmy's Hall. A ses côtés, la belle Aisling Franciosi et ses yeux de chat presque hypnotiques. Enveloppée dans une robe blanche qu'elle avait agrémenté d'une cloche en guise de pochette, la belle nous a presque fait oublier la faute de goût de sa partenaire Simone Kirby qui a monté les marches revêtue d'un aluminium bleu en guise de robe. On en avait mal aux yeux sur la croisette.

Faute de goût aussi pour Asia Argento et son look "je vais boire un verre avec des potes ce soir". L'actrice arborait un t-shirt noire transparent qui laissait entrevoir son énorme tatouage ainsi qu'une veste de costard aux larges poches. Asia nous avait habitué à son style rock et psychédélique mais en ce huitième jour de festival elle a littéralement fait un fashion faux pas. Elle avait plus l'air d'une camionneuse que d'une punk star à l'esprit rebelle. A quelques centimètres d'elle, la légendaire Charlotte Gainsbourg, qui a subit une attaque de souris avant d'arriver à Cannes. "Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous..." C'est la seule explication que j'ai trouvé à sa robe (gruyère) noire couverte de trous.

Quelques heures plus tard ce fut la montée des marches de l'équipe du film Mommy (qui était en retard) qui a marqué les esprit. Xavier Dolan, jeune réalisateur (25 ans), a attiré tous les regards avec sa jolie tête blonde, tandis que lui cherchait du regard si un athlète tatoué pouvait lui servir de roomate après sa soirée. Il est vrai que depuis la diffusion de son Mommy, son nom était déjà sur toutes les lèvres. Sa prestance n'a fait qu'accentuer la chose. Il fera sans nul doute longtemps parler de lui avec son charme et sa classe sans pareil. En costume bleu et chemise noir, il se démarque de l'habituel look pingouin présent sur les marches (costume noir, chemise blanche) et de ce fait, il a marqué l'assemblée de son originalité. Va-t-il en faire autant avec son œuvre? Autre membre du film, l'actrice Anne Dorval vêtue entièrement de noir. Classique certes, mais efficace. L'actrice tremblait autant que le reste de l'équipe du film.

Bon, Cannes c'est pas le purgatoire non plus : on respire et tout va bien se passer. D'ailleurs c'est déjà presque terminé. Les marches, les cliquetis des photographes, la chaleur, la pluie et les tétons qui pointent derrière une robe transparente ne seront bientôt plus qu'un doux souvenir de printemps.

Asia Argento joue du violoncelle pour Fanny Ardant

Posté par vincy, le 12 janvier 2013

3 ans après Cendres et Sang (un bide au box office avec moins de 15 000 entrées), la réalisatrice Fanny Ardant prépare son deuxième long métrage, Cadences Obstinées.

Après Cendres et sang, histoire de vendetta en Roumanie, la comédienne a opté pour l'histoire d'une violoncelliste qui revient à la musique après avoir abandonné son métier par amour pour un homme qui finalement la délaisse.

La musicienne sera interprétée par Asia Argento, qui sera entourée de Nuno Lopes, Gérard Depardieu et Tudor Istodor. Le film, comme son premier, sera produit par Paulo Branco. Le tournage débute ce dimanche à Lisbonne.

Cannes : les jurys

Posté par MpM, le 23 avril 2009

huppert_blog.jpgJury des longs métrages, sous la présidence de : Isabelle Huppert (actrice française)

James Gray (réalisateur américain)

Nuri Bilge Ceylan (réalisateur turc)

Shu Qi (actrice taïwanaise)

Robin Wright Penn (actrice américaine)

Asia Argento (actrice et réalisatrice italienne)

Hanif Kureishi  (scénariste et écrivain britannique)

Lee Chang-dong (ancien ministre, réalisateur et écrivain sud-coréen)

Jury des courts métrages et de la Cinéfondation, sous la présidence de : John Boorman (réalisateur et écrivain britannique) 

Bertrand Bonello (réalisateur français)

Ferid Boughedir (réalisateur tunisien)

Leonor Silveira (actrice portugaise)

Zhang Ziyi (actrice chinoise)

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Cannes-fest.com, le site du festival par Ecran noir

BIFFF 2008 expressionism kitsch and Roma

Posté par denis, le 6 avril 2008

Le suranné a toujours un goût de douce mélancolie qui ne demande qu’à réinvestir l’affect des spectateurs du BIFFF. Loin des grosses productions actuelles, avec SFX digitaux monstrueux et bande-son tonitruante, quelques films résistent à l’appel du toujours plus avec les nouvelles techniques, et préfèrent se tourner vers leurs aînés pour construire bout à bout des pelloches fleurant bon les eighties voire les sixties.

The Aerial

Commençons par The Aerial, film espagnol réalisé par Esteban Sapir, pamphlet sévère sur la colonisation des esprits dont l’esthétique rappelle autant les films de Murnau que ceux de Guy Maddin. Construit en ombres chinoises, en superposition de plans, en images irisées et sur des surimpressions de dialogues, The Aerial est un exercice de style surprenant, ne tombant jamais dans la démonstration de savoir-faire de son réalisateur mais appliquant par amour du cinéma les multiples techniques du langage cinématographique. On peut même oser faire le grand écart entre l’utilisation de ces dialogues incrustés dans l’image rappelant le Domino de Tony Scott et le maelstrom de plans se chevauchant digne de L’homme à la caméra de Dziga Vertov. D’ailleurs tout le spectre du cinéma expressionniste se retrouve dans le film, de l’utilisation des ombres et des lumières aux axes de caméra tarabiscotés, sans oublier les décors parfois en trompe-l’oeil et sentant bon le carton pâte sortis tout droit du Cabinet du Dr Caligari. Et tout cela ne serait qu’une suite de référence si The Aerial n’était pas aussi contemporain dans son propos et si humain dans le traitement de ses personnages. Une famille résiste à l’hégémonie du directeur d’une chaîne de télévision qui a asservit toute la population. Après avoir mangé leurs paroles, les habitants ne parlent plus, ce dictateur veut aussi s’approprier leurs mots et leurs pensées. « Il nous a pris la parole, mais ils nous restent encore les mots » dit le grand-père, décidé à ne pas se laisser abattre. A l’heure actuelle où Rupert Murdoch, Bouygues et autres oligarques des médias s’arrangent pour asseoir leurs pouvoirs, The Aerial est une excellente piqûre de rappel. Et puis souvenez vous, la fameuse Métropolis de Fritz Lang date de 1927. Pourtant son approche des classes sociales et sa démonstration de la manipulation des masses sont toujours aussi pertinentes au XXIème siècle. Métropolis, The Aerial, même combat et même croyance en l’image pour réveiller l’imaginaire. L’imaginaire, seul territoire encore inexploré par tous ces assoiffés du pouvoir.

Flick

Changement d’épaule avec Flick, film semblant sortir tout droit d’une petite production des années 80, avec zombie belliqueux et bande-son rock’n roll. Pour son premier film, le réalisateur a joué la carte de l’esthétique kitsch et pulp, avec moult éclairages flashys bleus verts rouges grimant son film comme une B.D. live. D’ailleurs l’insert de cases de B.D. pour les scènes d’action appuie son parti pris de réaliser un petit film héritier du cinoche d’exploitation monté avec trois francs six sous, et rappelant lors de quelques séquences un certain Evil Dead tant pour son personnage principal grimé en Ash que pour le rouge gore éclaboussant les murs. Pâtissant d’une histoire assez simpliste, le gentil Flick revient d’entre les morts habillé de son éternel costard à la Elvis pour se venger de ceux qui l’ont ridiculisé lors du bal quand il avait 20 ans, Flick se voit donc avec plaisir principalement pour les souvenirs qu’il réanime quand on découvrait en cachette ces petites VHS d’horreur sans grande envergure mais fabriquées dans le respect du genre. Et puis il ne faut pas oublier le caméo de Faye Dunaway en flic manchot combattant cet Elvis mort-vivant. Du cinoche d’antan quoi !

La trilogie d'Argento

Et nous arrivons maintenant à ce qui aurait du être la continuité par excellence d’un cinéma révolu, un cinéma bercé par Mario Bava et par l’esthétique baroque, transporté par une folie meurtrière et social, diabolique et surréaliste, ce cinéma d’antan que seuls les noms de Carpenter ou Argento peuvent ressusciter. Voilà maintenant plus de 25 ans que les fans d’Argento attendaient une suite à Inferno et Suspiria, plus d’un quart de siècle que l’on désirait voir le dernier épisode de sa fameuse trilogie sur les Trois Mères. Mais de la même manière qu’un grand cru devient du vin de sauce si l’on attend trop longtemps, Argento a laissé les années prendre le pas sur son imaginaire débridé, et ne livre aujourd’hui qu’une bien triste conclusion à ses deux précédents chefs d’œuvre.

Par où commencer tant la déception est grande. Abandonnant totalement ce qui faisait sa marque de fabrique, à savoir des éclairages oniriques jusque là inégalés et une utilisation quasi subliminale de la musique (ah la séquence dans l’appartement dans Inferno), Argento opte pour une approche réaliste afin de mieux plonger Rome dans un délire dionysiaque sombrant involontairement dans le Z grotesque. Une fois passé ce changement de cap desservant le film, les éclairages sont proches du téléfilm et les lieux ne sont jamais mis en valeur, il devient impératif de retrouver les ambiances ésotériques qu’Argento affectionnait tant. Nous sommes dans le monde de la sorcellerie et de la magie noire, où les apparences sont trompeuses et où la réalité se cache derrière l’invisible. Du moins c’est ce qu’Argento fait dire à l’un de ses personnages sans prendre lui-même en compte ces règles de base. Sans jamais accorder une quelconque concordance des lieux et des personnages, les acteurs apparaissent les uns après les autres pour la minute d’après se faire trucider, et les déambulations de la pauvre Asia ne sont compréhensibles que pour elle-même, le spectateur s’interroge sur ce qui défile devant ses yeux. Et plus le métrage avance et plus l’on se rend compte que le maître transalpin choisira à chaque fois les mauvaises directions pour construire son chant du cygne bien funeste. Il est pourtant évident que quelques signes cabalistiques et des demoiselles habillées en succubes ne suffisent pour construire et rendre crédible cette deuxième chute de Rome tant annoncée. Et si les meurtres sont suffisamment sauvages et balancés selon la régularité d’un métronome, sur ce point là Argento remplit plus que le cahier des charges et donne à voir éventrements, émasculation, égorgements en cascade et même une pénétration par arme blanche particulièrement sadique, ils ne viennent que compenser un manque dont le réalisateur semble bien avoir conscience sans pouvoir toutefois y remédier. Sa plus mauvaise idée sera alors l’utilisation d’éléments érotique pour donner le change. Des poitrines généreuses se dévoilent, des femmes font l’amour entre elles, la Mère en question se balade un sein dénudé. On se croirait être dans la pantalonnade ironique de La Neuvième porte de Polanski, et le comble est atteint lors de l’orgie finale, caricature involontaire d’un sabbat. Notre belle Mother of tears tombe alors dans les limbes d’un Z italien. On passera sur le jeu des acteurs, Asia trouve ici peut-être l’un de ses plus mauvais rôles, et la dernière scène du film, quasi insultante pour tous les fans du maître. Pourtant les épisodes réalisés par Argento pour les Masters of Horror avaient laissé espérer une résurrection improbable. Las. Cette troisième mère aurait mieux fait de ne jamais voir le jour.