Et si on regardait… Têtard

Posté par vincy, le 2 mai 2020

Le 26e festival national du film d’animation était dématérialisé. En mode virtuel, le festival était disponible en ligne sur KuB, où il se prolonge jusqu’au 8 mai, et UniversCiné.

Le Grand prix du court métrage professionnel a été décerné à Têtard de Jean-Claude Rozec, produit par A Perte de Vue, et diffusé sur le portail d'Arte depuis novembre. En compétition nationale au dernier festival de Clermont-Ferrand, le film d'animation raconte l'histoire d'une grande soeur, Lola, qui surnomme Gaspard, son petit frère rouquin, Têtard. Elle refuse de s'en occuper, et considère qu'il n'est pas l'enfant de leur parent, mais le fils né de hommes-crapauds, adopté par échange. Dans ce village semi-abandonné, à proximité de marais,

Aux frontières du fantastique, ce conte inquiétant de 14 minutes joue sur la cruauté des enfants. Onirique, il fait alors la jonction entre le rêve et le réel, jusqu'à laisser la soeur désemparée par la force de son imaginaire.

Et si on regardait… Opérations Jupons

Posté par vincy, le 25 avril 2020

Lundi 27 avril sur Arte, à 20h55, on vous recommande très vivement Opérations jupons, film de guerre pas comme les autres, mixant dans un même pot de peinture, le romantique, l'action, le queer, le féminisme (et son inverse, le sexisme), le grivois et le burlesque.

Blake Edwards était un prodige dans le genre. Avec ce scénario hybride et réjouissant, nommé aux oscars, il va enfin se faire une belle place à Hollywood. jusqu'ici, les commandes avaient été diverses et variées: des séries tv, des films de genre, de la comédie. Rien de marquant. Opérations Jupons va être son premier carton, deux ans avant Breakfast at Tiffany's (Diamants sur canapé). Ici il s'agit de gagner une guerre avec les moyens du bord: des avaries, des femmes (ça porte malheur) à bord, des marins en chaleur, des vivres et des outils en pénurie, ... C'est une double cohabitation qui s'annonce: celle d'un commandant aguerri avec un lieutenant novice et peu conformiste, et celle de sous-mariniers avec cinq superbes femmes-infirmières devant être rescapées. Et de temps en temps les Japonais lâchent des bombes.

Opération Jupons est typiquement le film hollywoodien qui repose sur ses deux stars masculines, antagonistes par l(âge et le style de séduction, mais surtout les plus ambivalentes du cinéma hollywoodien de l'époque.

En daddy, le bisexuel Cary Grant (nommé aux Golden Globes pour sa performance), toujours un peu factieux, sûr de son statut de tête d'affiche, cabotinant légèrement avec ce personnage de vieux loup de mer , amusé par les prouesses de son jeune lieutenant, très sérieux quand il s'agit de lancer des missiles, fussent-ils un leurre à base de soutiens-gorges. Cary Grant est au top de son charme et de sa carrière. Il ne tournera que cinq films après celui-là (dont le délicieux Charade), mais en cette année 1959, il est aussi la vedette de La mort aux trousses d'Alfred Hitchcock, assurément son film le plus iconique de sa longue carrière débutée en 1932. Les temps qui grisonnent, il a enchaîné des succès aussi différents qu'Indiscret et Elle et lui. Grant avait d'ailleurs refusé le rôle dans un premier temps, considérant qu'il était trop âgé pour dirigé un sous-marin, fut-il peint en rose par un hasard de circonstances, rôle qu'il avait déjà endossé 16 ans auparavant dans Destination Tokyo (un tout autre registre).

"Lt. Cmdr. Matt T. Sherman: Ditess-moi quelque chose. Pourquoi avez-vous rejoint la Navy?
Lt. Nicholas Holden: Parce que j'avais besoin d'un uniforme d'officier."

En doublure plus jeune, le non moins séduisant Tony Curtis, fidèle d'Edwards, métrosexuel avant l'heure, malin comme un singe, débrouillard sans scrupule (ce qui lui coûtera quelques affaires), snob un peu pédant, capable de tous les compromis, et pas forcément promis à une carrière de capitaine. Ça pourrait être une affaire père fils ou maître élève. Niveau jeu, la partition est très différente, si bien que les deux acteurs peuvent être dans leur zone de confort sans faire de l'ombre à l'autre, ce qui créé une belle alchimie virile. Tony Curtis est alors en pleine ascension. Il tourne depuis dix ans à peine, mais a déjà à son actif des films forts et populaires comme Les vikings, la Chaîne, Le grand chantage et Trapèze. Surtout, en cette année 1959, il se travestit dans Certains l'aiment chaud, comédie culte de Billy Wilder, avec Marilyn Monroe et Jack Lemmon. D'ailleurs pour la comédie de Wilder, Tony Curtis, grand fan de Cary Grant depuis son adolescence, avait calquer sa voix sur celle de son aîné.

De la taille des bonnets au phallique submersible, tout est évidemment un peu érotique dans le sous-texte. Les marins ne sont pas réputés très subtils dans l'art de la drague: et de voir débarquer un escadron féminin alimente les réflexions un brin misogynes. cependant, le mélange des deux sexes va s'avérer plutôt salvateur dans cette guerre en plein Pacifique. C'est une ode à la féminité: la femme est non seulement l'égale de l'homme (même en mécanique) mais elle l'améliore (jusqu'aux plus endurcis). Hommes ou femmes sur le front, tout le monde est finalement à la même enseigne, à chanter "Ce n'est qu'un au revoir " en guise de communion de nouvel an.

"Vous voyez, quand une fille a moins de 21 ans, elle est protégée par la loi. Quand elle a plus de 65 ans, elle est protégée par la nature. N'importe où entre les deux, elle est un jeu équitable!"

Derrière cette "potacherie" brillamment menée, aux couleurs vives du climat floridien, il y a quelques anecdotes véridiques: le manque de papier toilettes (déjà) est réellement survenu et a fait l'objet d'un courrier officiel au sein de la marine, un sous-marin, le Sealion, a bien été coulé alors qu'il était à quai aux Philippines et, last but not least, le Seadragon fut peint en rouge après avoir vu sa couleur noire sérieusement abimée par un raid aérien.

Désormais classé parmi les sous-marins les plus célèbres du cinéma (et parmi les rares dans la comédie), le Tigre des mers rugira une dernière fois (un immonde rot de pétroleuse). On soulignera qu'un remake a été réalisé en 1977 avec Jamie Lee Curtis, fille de Tony et de Janet Leigh, dans le rôle de Barbara, celle qui tombe amoureuse du beau lieutenant.

4e hit de 1959, Opérations Jupons fut un énorme succès aux Etats-Unis, bien plus important que Certains l'aiment chaud (6e) et La mort aux trousses (8e). Cary Grant, grâce à ses deux films, fut l'acteur le plus bankable de l'année après Rock Hudson. En France, ce fut l'ordre inverse: Certains l'aiment chaud (4 millions d'entrées), La mort aux trousses (3,5 millions) et Opérations Jupons (1,3 million). A vous de vous rattraper.

Hommage : Anna Karina au Reflet-Médicis et sur Arte

Posté par vincy, le 17 décembre 2019

Anna Karina en 7 films. C'est le programme hommage qui aura lieu dès demain, le 18 décembre, au Reflet Médicis, 3/7, rue Champollion à Paris et organisé par le cinéma, Carlotta, Les écrans de Paris et Les Acacias distribution.

A l'occasion du décès de l'actrice, la télévision n'a pas daigné repassé l'un de ses films, hormis Arte qui a déprogrammé sa soirée de mercredi, le 18 décembre. La chaîne diffusera Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965) avec Jean-Paul Belmondo, à 22h45, suivi du documentaire Anna Karina, souviens-toi, signé par son époux Dennis Berry (2017), avec en bonus un Blow up spécial Anna Karina sur arte.tv.

Au Reflet Médicis, on pourra voir son premier film de réalisatrice Vivre ensemble [Mercredi, vendredi, lundi à 15h40. Jeudi, samedi à 21h20, Mardi à 11h30] ; La religieuse de Jacques Rivette [Mercredi, vendredi, lundi à 17h30, Dimanche à 15h40] ; et 5 films de Godard: Alphaville de Jean-Luc Godard [Mardi à 19h30, Samedi à 11h40], Pierrot le fou, sous-titré en anglais [Mercredi, vendredi, lundi à 20h10, Jeudi, samedi, mardi à 15h40, Dimanche à 18h15], Une femme est une femme, sous-titré en anglais [Jeudi, samedi, à 19h30, Dimanche à 20h20, Lundi à 11h40], Le petit soldat, autrefois censuré [Jeudi, samedi, mardi à 17h40, Dimanche à à 22h10], et Made in USA [Mercredi, vendredi, lundi à 22h10]

NTM: un film et une série en préparation

Posté par vincy, le 14 août 2019

Ils se sont quittés mais le groupe NTM, figure emblématique du rap français, ont été récupérés par le cinéma et la télévision. Le long métrage Suprêmes (du nom de leur énorme carton Suprême NTM, 1998) retracera les débuts du duo composé par JoeyStarr et Kool Shen. Starr sera incarné par Théo Christine (SKAM, La dernière vague, Play, La finale) et Shen par Sandor Funtek (La vie d’Adèle, Dheepan, Nos vies formidables).

Le biopic est écrit par la réalisatrice Audrey Estrougo (Une histoire banale, La taularde) et Marcia Romano. Joey Starr et Kool Shen ont aidé au scénario.

Le récit se déroulera entre la formation du duo en 1988 et leur première grande salle parisienne en 1992. Le tournage de cette production Nord-Ouest est prévu début 2020.

Mais NTM va aussi faire l'objet d'une série et, réjouissons-nous: Katell Quillévéré (Suzanne, Un poison violent, Réparer les vivants) et Hélier Cisterne (Vandal) sont derrière le projet. Là encore Joey Starr et Kool Shen collaboreraient au scénario. Kool Shen a même confié qu'il n'était pas exclu qu'ils fassent une apparition. Netflix et Arte, selon le Parisien, seraient les diffuseurs.

Cannes 2019 : Le palmarès des meilleures soirées

Posté par wyzman, le 27 mai 2019

Malgré une édition 2019 placée sous le signe des nuages, la rédaction d’Ecran Noir n’a pas manqué de faire un passage parfois très remarqué dans les soirées les plus stylées de la Croisette. Cette année plus que jamais, les playlists parfois interchangeables proposées sur la plage ont desservi certaines soirées. A l’instar de ces horaires de clôture (1h30, really?) ou du nombre toujours grandissant de non-professionnels du cinéma invités. Tout cela ne nous a cependant pas empêché de retenir 8 événements ou lieux qu’il ne fallait pas manquer cette année.

#8 La cérémonie de la Queer Palm (Rooftop de l’Hôtel Five Seas)

Attendue chaque année par les journalistes les plus fêtards, la cérémonie de la Queer Palm est également appelée « la dernière grande soirée ». En dépit d'un vaste espace, disposant d’une piste de danse, de coins pour s'asseoir ainsi que d’une jolie partie découverte, le roof top de l’Hôtel Five Seas a été cette année encore victime de son succès. Sans surprise, les cocktails à 15€ ont trouvé preneurs (nous entre autres avec la Mule Moscovite) mais de nombreux verres ont étaient brisés à force de s’entrechoquer entre quasi-inconnus. L’annonce du palmarès de la Queer Palm aura achevé la première partie "cocktails" et donné le coup d’envoi à une avalanche d’alcool. Évènement branché devenu mondain puis simplement populaire, la cérémonie de la Queer Palm n'est paradoxalement ni "punk" ni "queer". Mais elle reste un must-see, l'occasion de faire le bilan et de se dire au-revoir. Les connaisseurs le savent, c'est dans les toilettes du Spa (situé au -1) que l'on croise les jolis garçons qui vous faisaient des propositions indécentes ou illicites durant la soirée précédente.

#7 La suite Sandra & Co. by Sandra Sisley

Au 2 boulevard Croisette, avec une vue plongeante sur les marches du Grand Théâtre Lumière, on a dégusté une coupe de champagne ou un verre de vin en prolongeant la nuit cannoise jusqu’à l’aube. L’ambiance intimiste et cosy permet de refaire le monde comme à la maison tandis que sur le rooftop, le DJ cède aux désirs des danseurs, lançant juste pour nous "Marcia Baila" des Rita Mitsouko (Catherine is the Queen). Aux côtés de réalisateurs, producteurs et sélectionneurs, on a occupé la piste de danse et échangé sur le nouveau deal Netflix avec une seule pensée : "Il est trop tôt pour rentrer, le prochain film est à 8h30, trois heures de sommeil seront bien suffisantes..."

#6 La soirée de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs (place CBeach)

Deux jours avant l’annonce du palmarès "officiel", les organisateurs de la Quinzaine des Réalisateurs ont voulu remercier leur fidèles publics et partenaires. Pour cela, nombreux étaient ceux conviés sur la plage de la Quinzaine pour danser jusqu’à 2h du matin sur l’une des pistes de danse les plus grandes de Cannes. Intelligemment structuré, l’espace permettait d’alterner avec une certaine aisance entre le bar, le distributeur de bière et les tables transformées en buffet. On y a goûté de succulents macarons, assis sur une dune de sable et entre deux coupes de champagne. Ou était-ce de la vodka ? On ne sait plus trop… Seul bémol : le volume sonore poussé à fond a perturbé de nombreuses discussions, qu’elles soient professionnelles ou particulièrement intimes !

#5 Mouton Cadet Wine Bar (Palais des Festivals)

Dress code:  Summer chic. Au Mouton Cadet Wine Bar situé au dernier étage du Palais des festivals, avec une vue imprenable sur Cannes, l'ambiance était en effet élégante. Distribution de chapeaux estivaux à tous, de manière à se croire un soir à la campagne. Il faut en effet un peu d'imagination puisque les invités étaient parfois trop élégants et glamour tandis que le temps était grisonnant et frisquet. Comme son nom l'indique, ce bar événementiel, qui attire les équipes de film en journée, n'a pas trop de souci d'approvisionnement en alcool. Les bouteilles de vin ne manquent pas. Et le cocktail, à base de Mouton Cadet Sauvignon Blanc, d’un trait de sirop de sucre et zeste de citron vert, s'arrachait. Le lieu idéal pour faire la transition entre une projection et les soirées sur les plages, qui ont une tendance à toutes se ressembler (après tout ça coûte moins de 30.000€).

#4 Alban Alban a.k.a. Ecran Noir x Pierre Laporte Communication

Annoncée comme une plaisanterie, il n’aura fallu que quelques textos pour que cette soirée devienne réalité. Commanditée par l’agence de presse Pierre Laporte Communication, celle-ci est rapidement devenue le lieu le plus hype de la Croisette ou du moins l’endroit où ceux qui comptent étaient. Journalistes lifestyle, critiques de cinéma, spécialistes de la communication ou ex-politiques… Tout le monde (ceux qu'on aime) s’est pressé ce soir-là Boulevard de la Ferrage pour apprécier la vue imprenable sur Cannes, un Spritz en main. Une trentaine d’invités "friendly" triés sur le volet et autant de bouteilles vides plus tard, il se murmure que cette initiative pourrait connaître une suite plus "albanitieuse".

#3 Le bateau Arte

Spot incontournable des blogueurs en vogue, le bateau Arte était cette année encore un lieu extrêmement convivial. Entre deux moments de flirt plus ou moins inoffensif, on y a croisé le casting de Bacurau, toujours prompt à évoquer les enjeux de leur film (prix du jury ex-aequo avec Les Misérables). Une coupe de champagne ou de rosé en main, c’était le lieu parfait pour parler des très bons premiers films de la sélection officielle et de la Quinzaine des Réalisateurs. Plus élitiste que jamais, il était nécessaire d’être invité pour apprécier les deux étages du yacht mis à disposition. Le bateau Arte reste le seul lieu où on peut croiser Adèle Haenel et Céline Sciamma et leur dire tout le bien que l'on pense de leur carrière respective, sans qu'elles soient cantonnées dans un carré VIP, une tendance qui tue la fête et créé une sorte de fracture sociale.

#2 La soirée de clôture de la Semaine de la Critique (plage Nespresso)

Comme l’an dernier, le comité d’organisation n’a pas lésiné sur les moyens pour montrer à ceux qui en doutaient que la fête peut encore être folle à Cannes. L’impressionnant stock de bouteilles de champagne a su ravir les plus assoiffés tandis que des bouteilles d’eaux plate et pétillante étaient disponibles en libre-service (et de dimension parfaite pour les passages de la sécurité au Palais le lendemain). Pour tous ceux qui avaient faim ou en avaient marre de parler boulot, il était possible de déguster des petits fours, des bouchées, des hamburgers ou encore des crêpes. Sponsorisé par la marque de tequila Casamigos, l'événement proposait des Mexican Mule dont les notes de fin sont restées longtemps en bouche. En revanche, comment toutes ces cartes de visite ont-elles atterri dans nos poches !? Il se murmure que la MDMA a fait un retour triomphant durant la seconde semaine du Festival, sans doute liée à l'arrivée de Berlinois...

#1 Silencio chez Corine

Du 14 au 21 mai, la reine de la nuit et célèbre Corine s’est emparée du Silencio Cannes, situé Boulevard de la République. Sacrée reine de la fête depuis les sorties de ses différents EP et de son album Un air de fête, l’artiste qui allie à merveille glamour et provocation s’est occupée de la programmation. Voilà pourquoi il était possible de voir et de danser au plus près de Fishbach, Pedro Winter, Cléa Vincent, Claire Laffut, Songe ou encore le Cabaret Madame Arthur. Réservé à l’élite de la jet-set cannoise, le Silencio chez Corine était le lieu parfait pour profiter d’une ambiance complètement décalée, vraiment décomplexée et d’une musique de très bonne qualité. On fera difficilement mieux puisque l'âge des d'or des soirées cannoises dans des villas où les stars piquaient une tête dans la piscine est révolue. Le décalage horaire passe, la gueule de bois reste !

« Le Livre d’image » de Jean-Luc Godard sur Arte (mais pas au cinéma)

Posté par vincy, le 3 avril 2019

On entend beaucoup hurler contre Netflix, coupable de ne pas présenter ses films en salles. Ce qui a entraîné un divorce avec le Festival de Cannes et une crise juridique actuellement autour des Oscars. Mais quid des films cannois qui, finalement, ne sortent pas au cinéma et sont directement diffusés à la télévision (en streaming ou sur une chaîne de télé)?

Ce sera le cas du dernier film de Jean-Luc Godard, Le Livre d'image. En compétition à Cannes l'an dernier, le film expérimental du Maître ne passera pas par les cinémas. Il sera diffusé sur Arte le mercredi 24 avril à 22h25, et en replay du 17 avril jusqu’au 22 juin.

Palme d’or spéciale du Festival de Cannes 2018, le film accompagnera le multi-diffuséA bout de souffle, avec Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, diffusé, lui, en première partie de soirée.

Fin de tournage pour Seules les bêtes de Dominik Moll

Posté par vincy, le 22 mars 2019

Le tournage du nouveau film de Dominik Moll s'achève cette fin de semaine. Seules les bêtes, produit et distribué par Haut et Court, réunit Laure Calamy, Denis Ménochet, Valeria Bruni Tedeschi et Damien Bonnard. Il s'agit de l'adaptation du roman de Colin Niel, qui vient de paraître en poche (Babel), lauréat des Prix polar en séries et Prix Landerneau polar.

Le tournage a pris place en Occitanie et en Cote d'Ivoire depuis début janvier. Le scénario coécrit par le réalisateur et Gilles Marchand (le duo a déjà écrit ensemble Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming et Des nouvelles de la planète Mars) commence avec la disparition d’une femme. Au cœur des Causses, une voiture est retrouvée au départ d'un sentier de randonnée. Sa conductrice s'est volatilisée. Les gendarmes recueillent des témoignages des habitants des environs, qui révèlent, chacun, les lourds secrets de la disparue. Pourtant cinq personnes sont liées à cette disparition. Le secret de la disparition se trouve peut-être en Afrique...

Dominik Moll, César du meilleur réalisateur en 2001, est aussi attendu cette année sur Arte, avec la série Eden, soit six épisodes mettant en scène une cinquantaine de réfugiés débarquant d’un canot sur une plage grecque.

De Court Circuit à Top of the Shorts, le festival de Clermont Ferrand s’invite sur les petits écrans

Posté par MpM, le 6 février 2019

Alors que le festival de Clermont-Ferrand bat son plein, le court métrage est également à la fête sur le petit écran, avec plusieurs programmes télé spéciaux. L'occasion de découvrir en même temps que les festivaliers certains des courts des différentes sélections, et d'en savoir plus sur leurs secrets de fabrication. L'émission Libre court de France 3 diffuse ainsi ce vendredi 8 février Las Cruces de Nicolas Boone et La Parcelle de Mickaël Guerras, tandis que l'émission de la semaine précédente est encore disponible en ligne, avec trois films issus de la sélection nationale : Raymonde ou l'évasion verticale de Sarah van den Boom, Air comprimé de Antoine Gorgini et Fatiya de Marion Desseigne Ravel.

Sur Canal +, c'est Top of the shorts qui apporte un petit parfum clermontois à ses spectateurs, avec principalement des films sélectionnés en 2018 (Bonobo de Zoel Aeschbacher et Etat d'alerte sa mère en replay, Skuggdjur de Jerry Carlsson dans l'émission du 10 février) et l'une des découvertes 2019, Erebeta de François Vogel. Les films de la Collection Canal + consacrée au polar bénéficient eux-aussi d'une diffusion à l'antenne puis sur myCanal.

Sur France 2, Histoires courtes a également mis à l'honneur plusieurs films de la compétition nationale dont Egg de Martina Scarpelli et Comment Fernando Pessoa sauva le Portugal de Eugene Green.

Enfin, le prochain Court Circuit d'Arte, diffusé le 9 février, avant d'être ensuite disponible en replay pendant une semaine, met lui aussi l'accent sur le Festival de Clermont-Ferrand avec une programmation entièrement dédiée. Deux films parmi les plus excitants de l'année 2018 seront notamment diffusés en intégralité : Guaxuma de Nara Narmande, évocation sensible et délicate de l'amie d'enfance de la réalisatrice, et Le sujet de Patrick Bouchard, dissection au sens propre de l'artiste lui-même. Une interview du réalisateur canadien accompagnera cette oeuvre surprenante et vertigineuse.

Plus légers, Souvenir inoubliable d'un ami de Wissam Charaf, est une chronique adolescente pleine d'humour dans le Liban des années 80, tandis que Per tutta la vita de Roberto Catani est une plongée animée et colorée dans les souvenirs autrefois joyeux d'un couple. L'équipe de Court Circuit a également rencontré le réalisateur italien. Enfin, cinquième film proposé dans l'émission, Jauria (La meute) de Pedro Pio suit Acacio, un homme qui vit dans les montagnes au-dessus de Bogota, entouré d'une meute de chiens. Un portrait ultra naturaliste peu à peu contaminé par une forme de fantastique quasi mystique.

Les cinq courts métrages sont accompagnés d'un focus sur la réalité virtuelle avec le réalisateur Benjamin Nuel (L'île des morts) et sa productrice Oriane Hurard, d'un épisode de Short cuts consacré à Terminator 2 de James Cameron par le réalisateur et illustrateur Zaven Najjar et d'une rencontre avec Jean-Bernard Marlin (Shéhérazade) qui se souvient de ses premiers courts métrages.

Sergio Leone en tête d’affiche à la Cinémathèque, en librairie et au Festival Lumière

Posté par vincy, le 11 octobre 2018

"Il était une fois Sergio Leone" est la nouvelle exposition de la Cinémathèque française, débutée mardi et qui fermera ses portes le 27 janvier.  L'occasion de découvrir un maître du cinéma italien, longtemps réduit au "western spaghetti", écrasé par la musique de son ami d'enfance Ennio Morricone, méprisé par une grande partie de la critique.

La grande expo de la rentrée à la Cinémathèque s’offre à « bon conte » ce monstre du cinéma Sergio Leone. Enfant de la balle – au temps du muet, sa mère était comédienne, son père, après voir été acteur, fut cinéaste et même chef du syndicat des réalisateurs – le petit Sergio est tombé dans le cinéma quand il était petit. Et il est resté longtemps le fils de Vincenzo Leone. « Au fond de moi, il y a un enfant, il y aura toujours un enfant » avait-il confié lors de sa Master class en 1986 à la Cinémathèque.

De ses origines à son projet inachevé, Leningrad, en passant par ses influences et ses méthodes de travail, le parcours réhabilite fondamentalement celui qui a inspiré Scorsese ou Tarantino. Ce brouilleur de pistes méritait bien qu'on le suive à la trace.

La Cinémathèque propose plusieurs événements pour compléter cette exposition. D'abord une visite guidée tous les samedis et dimanches à 15h30. Mais l'événement sera bien entendu la Masterclasse d'Ennio Morricone le 22 novembre à 20h, avec une rétrospective des films mis en musique par le compositeur du 22 au 26 novembre.

A cela s'ajouteront des conférences : "Il était une fois en Italie, les westerns de Sergio Leone" par Christopher Frayling le 14 octobre à 14h30, et "Sergio Leone: à la recherche du temps rêvé" par Jean-François Rauger le 18 octobre à 19h.

Il y aura aussi un documentaire sur Arte, Sergio Leone, une Amérique de légende, réalisé par Jean-François Giré et diffusé le 9 décembre (et à la Cinémathèque le 20 octobre), ainsi qu'un mois dédié à Ennio Morricone sur France Musique chaque samedi de novembre à 13h.

Sans oublier le catalogue, sous la forme d'un essai compilant entretiens (Scorsese, Cardinale, Bertolucci, Wallach...), analyses, texte de la masterclasse du réalisateur à la Cinémathèque en 1986, documents et images divers. Le livre, La révolution Sergio Leone, de Gian Luca Farinelli et Christopher Frayling, vient de paraître aux éditions de la Table ronde. Frayling a aussi écrit une biographie, Sergio Leone: quelque chose à voir avec la mort que l'Institut Lumière publie avec Actes Sud fin octobre.

Le Festival Lumière, par ailleurs, projettera la semaine prochaine une nuit Sergio Leone avec Il était une fois dans l'Ouest, Il était une fois... la révolution et Le Bon, la brute et le truand.

Mais l'intégrale de Leone sera à la Cinémathèque, avec une séance bonus: Claudia Cardinale présentera Il était une fois dans l'Ouest le 10 novembre à 20h15. Toous les films, qu'il en soit le réalisateur, le réalisateur non crédité, le réalisateur de la seconde équipe, ou le producteur, seront projetés.

La nuit tombe sur Claude Lanzmann (1925-2018)

Posté par vincy, le 5 juillet 2018

Réalisateur de dix documentaires, Claude Lanzmann, cinéaste, journaliste et écrivain est mort à l'âge de 92 ans ce jeudi 5 juillet.

Né le 27 novembre 1925, cet ancien Résistant, communiste, anticolonialiste et ami du couple Jean-Paul Sartre-Simone de Beauvoir, a surgi dans le monde du cinéma avec son documentaire Shoah en 1985: deux Prix Bafta, trois prix à la Berlinale, un César d'honneur ont couronné cette œuvre phare et emblématique sur l'Holocauste. Ce sera le combat de sa vie, la cause qu'il défendra à chaque instant, quitte à devenir un arbitre subjectif face aux autres films sur le sujet représentant les Camps, attaquant Steven Spielberg (La liste de Schindler) ou louant Laszlo Nemes (Le fils de Saul).

Claude Lanzmann ne détestait pas la controverse ou la polémique, que ce soit avec les cinéastes, les écrivains, les historiens, ou même les politiques. La Mémoire de l'Holocauste était sa vie. Il avait mile vies. La rigueur de Shoah contraste même avec sa romanesque existence (amant de De Beauvoir, mari de la comédienne Judith Magre...).

De toutes ses aventures - de la Corée du nord (qui lui inspira le docu Napalm) à la revue des Temps modernes en passant par l'écriture (et notamment ses Mémoires, Le lièvre de Patagonie) - ce voyageur infatigable restera avant tout celui qui a déterré les morts du génocide des Juifs (ndlr: rappelons que les Nazis avaient aussi déportés des communistes, homosexuels, gitans, handicapés...). De cette extermination sans nom, Lanzmann signe un film de près de 10 heures, proprement sidérant. A base d'archives et d'interviews, une forme de vérité, parce que le regard est humain et l'objet filmé l'humain, fait "revivre" les camps de la Mort. Stupeur et tremblements.

12 ans, 350 heures de rush, le combat d'une vie

Il n'aura de cesse de décliner ce thème dans ses autres documentaires, y compris dans celui actuellement en salles, Les quatre sœurs, qui, à partir d'archives non retenues dans le montage final de Shoah, fait le portrait de quatre femmes déportées. Shoah s'est fait en douze ans. 350 heures de rushs, d'interviews dans les camps et avec les survivants. La parole pour comprendre l'horreur, pour transmettre l'Histoire. C'est éprouvant, à la hauteur du massacre. Un cauchemar, sans voix off, que l'on vit sans l'avoir vécu et que l'on montre encore parce que certains doutent toujours.

On comprend l'importance de ce film, de ce morceau de lui. Il attaque les écrivains, Yannick Haenel et Jonathan Littell en tête, qui osent s'attaquer au sujet. Il refuse toute fictionnalisation, enrage quand son film n'est pas cité lors d'un livre, d'un film, d'un article sur l'Holocauste. Il cogne, il aime ça, sans doute parce que ça le maintient en vie aussi. Il bouffe cette vie à pleine dents, des sports extrêmes à un existentialisme niant la mort. Il se voyait toujours comme une jeune homme, comme ce lièvre bondissant dans le sud de la Patagonie.

Avant Shoah il a signé Pourquoi Israel en 1972, son premier documentaire. Après Shoah, il a attendu 9 ans pour réaliser Tsahal, une vision "embedded" et subjective de l'armée israélienne. Puis il est revenu à cette seconde guerre-mondiale avec Un vivant qui passe (1999) sur un rapport de la Croix-Rouge autour des Camps, Sobibór, 14 octobre 1943, 16 heures, en 2001, soit l'histoire réelle d'une révolte de prisonniers contre les Nazis, ou Le dernier des injustes en 2013, une rencontre avec Benjamin Murmelstein, doyen des Juifs qui a bataillé avec Adolf Eichmann, organisateur de la Solution finale.

ARTE bouleverse sa programmation afin de rendre hommage au cinéaste Claude Lanzmann, disparu aujourd’hui. Son oeuvre Shoah sera diffusée en intégralité samedi 7 juillet en prime time.
Ses quatre derniers films, Les Quatre Soeurs et un documentaire qui lui est consacré sont déjà disponibles sur ARTE.TV.

Ce qui fait sens en retraçant son œuvre journalistique, littéraire et cinématographique, c'est son appétence pour la psychologie des êtres, de la résilience à l'élégance. C'était un portraitiste, qui aura fait le grand écart entre Bardot, Gainsbourg, Belmondo, Aznavour quand il était journaliste à des êtres détruits par le nazisme, un peu partout dans le monde. Certes, il aimait séduire et il aimait le rire. Sans aucun doute parce qu'il avait subit tragédies et souffrances: le suicide de sa sœur après la guerre, la mort soudaine de son jeune fils à l'âge de 23 ans l'an dernier.

La mort était le seul scandale à ses yeux, avait-il dit à Mitterand: il savait bien qu'elle gagnerait un jour.