[We miss Cannes] 15 longs métrages d’animation qui ont marqué l’histoire du Festival

Posté par MpM, le 22 mai 2020

Ce qui frappe dans les relations que Cannes entretient avec le cinéma d'animation, ce n’est pas de constater que celui-ci est omniprésent depuis les premières années, mais bien de remarquer que toutes les formes d’animation ont trouvé leur place sur la Croisette : pas seulement les plus populaires, ou à contrario pas seulement les plus « nobles » et/ou auteurisantes, mais bien un mélange rigoureux des deux.

Sont ainsi passés sur la croisette, en vrac, Norman Mc Laren, Walt Disney, Jan Svankmajer, Michel Ocelot, Bill Plympton, Pete Docter, Jean-François Laguionie, Peter Foldes, Florence Miaihle, Bretislav Pojar, Garry Bardine, Walerian Borowczyk... ou encore Georges Schwizgebel, Mamoru Oshii, Chris Landreth, Rosto, Gitanjali Rao, Isao Takahata, Vincent Patar et Stéphane Aubier, Jérémy Clapin, Boris Labbé, Mamoru Hosada, Virgil Widrich... sans oublier, via les programmations de cinéma "underground" des années 70 (telles que s'en souvient le spécialiste de cinéma expérimental Raphaël Bassan dans cet article de 2017), Robert Breer, Jordan Belson ou James Whitney.

Cannes, d'une manière globale et au fil des années, ne semble donc pas avoir eu de préjugés particuliers concernant l'animation - plus ponctuellement, et au gré des délégués généraux des différentes sections, c'est une autre question.

Du Prix du dessin animé à la Palme d'or


Dès 1939, il est d'ailleurs prévu dans le règlement du Festival la possibilité de décerner (s'il y a lieu) un Grand prix international du Dessin animé, à la fois dans la catégorie longs et courts métrages. Comme on le sait, cette édition n'aura pas lieu. Mais en 1946, le long métrage La boîte à musique (produit par Disney, et composé en réalité de dix courts métrages musicaux) remporte ce Grand Prix. L'année suivante, ce sera au tour de Dumbo, puis, en 1949, du court métrage Sea Island. La récompense réapparaîtra sporadiquement, au gré des aléas des appellations officielles du palmarès.

Ainsi, en 1952, Animated Genesis de Joan et Peter Foldes reçoit le prix de la couleur, tandis qu'en 1953, le prix du film d'animation court métrage refait son apparition, et récompense The romance of transportation in Canada de Colin Law. Mais il faut dire que cette année-là, sont aussi remis un "prix international du film de la bonne humeur" ou encore un "prix international du film légendaire", sans oublier le "prix international du film le mieux raconté par l'image", ce qui en dit long sur la fantaisie du réglement de l'époque.

En 1954, on en revient à une certaine sobriété sur le nom des prix : une multitude de prix internationaux ex-aequo. Malgré tout, un prix du film de marionnettes est remis à Un Verre de plus de Bretislav Pojar. La création de la Palme d'or l'année suivante amorce heureusement la normalisation des intitulés, et le retour à la raison concernant le cinéma d'animation qui ne sera dès lors plus considéré (officiellement) comme un genre. C'est d'ailleurs Blinkity Blank de Norman Mc Laren qui remporte cette première Palme d'or du court métrage. Il sera suivi en 1957 de Scurta istorie de Ion popescu-Gopo et de La petite cuillère de Carlos Vilardebo en 1961. A noter qu'entre les deux, en 1959, Le songe d'une nuit d'été de Jiri Trnka remporte le prix de la meilleure sélection à la Tchécoslovaquie (ex-aequo). Quoi que cela veuille dire, il n'est pas fait de la mention de la technique utilisée pour réaliser le film, et cela restera ainsi. On savoure les victoires que l'on peut, histoire de voir le verre à moitié plein.

Nouvelle dynamique ?

On peut aussi regarder le verre à moitié vide : aucun long métrage d'animation n'a gagné la Palme d'or et il faut même remonter à 2008 pour trouver un film d'animation en compétition (Valse avec Bashir de Ari Folman). Les sections parallèles font plus d'effort, surtout ces dix dernières années, mais les réticences envers l'animation au sein des différents comités de sélection sont palpables. Le cinéma image par image n'y est jamais vraiment traité comme du cinéma à part entière. Au mieux, c'est une case à remplir. Au pire, cela ne choque personne qu'il soit totalement absent d'une sélection.

Heureusement, le court métrage est là pour assurer une place à l'animation. Qu'on ne pense surtout pas qu'il s'agisse d'un lot de consolation. En animation, depuis toujours, c'est le format court qui est le format noble et prisé, et souvent le plus riche, innovant et inspirant. Pour des raisons de temps de fabrication, bien sûr, mais aussi parce que l'animation entretient depuis ses origines une relation privilégiée avec le cinéma expérimental et d'avant-garde, qui se moque du sacro-saint format long métrage, imposé avant tout pour les facilités de l'exploitation en salles. L'animation a compris depuis longtemps que la valeur n'attend point la durée du métrage. Ce qui ne l'empêche pas de s'essayer avec bonheur à d'autres formats.

En effet, depuis un peu plus d'une décennie, une nouvelle dynamique semble s'être mise en place pour la production de longs métrages d'animation. De nombreux auteurs de courts tentent l'aventure (à l'image de Jérémy Clapin, Florence Miaihle, Benoit Chieux, Franck Dion, Chloé Mazlo...) et insufflent peu à peu l'envie à d'autres. Mécaniquement, le long animé a de plus en plus souvent les honneurs de Cannes, que ce soit en ouverture de la sélection officielle, en compétition et bien sûr à Cannes Classics et dans les sections parallèles. Les films présentés l'année passée étaient d'ailleurs au nombre de quatre, comme l'année précédente. On ne saura jamais ce qu'il aurait pu en être de cette édition, les annonces à venir ayant probablement été faussées par les circonstances, mais on avait l'impression avec ce chiffre d'avoir passé un cap. N'oublions pas qu'une journée dédiée à l'animation a désormais lieu chaque année pendant le festival : l'Animation Day, dans laquelle s'intègre également l'événement "Annecy goes to Cannes" lancé en 2016. Difficile de ne pas y voir un signe du temps.

L'avenir nous dira si le mouvement amorcé se confirme, ce que rendrait possible le dynamisme actuel du long métrage animé, ou s'il s'essouffle malgré cet essor. En attendant, histoire de se souvenir de ce que l'animation a fait pour l'aura de Cannes (et réciproquement), retour sur 15 longs métrages qui ont durablement marqué l'histoire du Festival. Il faudra, un jour, établir la même liste pour le court métrage. Bien plus de quinze entrées seront alors nécessaires.

Peter Pan de Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfried Jackson


Walt Disney lui-même accompagna Peter Pan sur la Croisette en 1953. Présenté en compétition, le film est le 18e long métrage d'animation des studios Disney. Adapté de la pièce de J. M. Barrie créée en 1904, il raconte le voyage au Pays imaginaire de Wendy, Michel et Jean, trois enfants guidés dans cet univers fantastique par Peter Pan et la fée Clochette. Ils y rencontrent le terrible Capitaine Crochet, mais aussi les garçons perdus, et vivent toutes sortes d'aventures extraordinaires. Considéré par beaucoup comme l'un des chefs d'oeuvre des studios, c'est incontestablement l'un des grands classiques du cinéma d'animation familial.

La planète sauvage de René Laloux

Présenté en compétition en 1973, La planète sauvage est le premier long métrage de René Laloux, adaptation (libre) du roman Oms en série de Stefan Wul, co-écrit avec Roland Topor, dont les dessins ont servi de bases pour la fabrication des images. Sur la planète Ygam, les Draags, une espèce d'humanoïdes bleus aux yeux rouges mesurant douze mètres de haut, pourchassent et exterminent une autre espèce, les Oms, perçus au mieux comme des animaux de compagnie, au pire comme des créatures nuisibles. Dans un univers surréaliste, tantôt onirique, tantôt cauchemardesque, cette planète pleine de surprises nous tend un miroir souvent dérangeant, et nous interroge sur nos propres pratiques face aux espèces que nous ne jugeons pas aussi évoluées que nous. Le film, envoûtant et curieux, fut l'un des tout premiers longs métrages d'animation destiné à un public adulte. Malicieuse fable écologique avant l'heure, il fit grande impression à Cannes et repartit auréolé d'un prix spécial du jury présidé par Ingrid Bergman.

Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson

On l'oublie parfois, mais Shrek, l'ogre vert et bougon de Dreamworks a été en compétition à Cannes. Deux fois, même, en 2001 et avec son deuxième volet en 2004. On ne présente plus ce personnage misanthrope qui voit son beau marais boueux envahi par des créatures de conte de fées qui ont été expulsées de leur royaume par le tyrannique Lord Farquaad. Irrévérencieux, hilarant et irrésistible, le film se moque de Disney, dynamite les contes de notre enfance, et détourne tous les codes du genre. Un pur divertissement qui a enchanté par deux fois les spectateurs du Théâtre Lumière.

Innocence : Ghost in the shell de Mamoru Oshii


Suite du film culte Ghost in the shell sorti en 1995 (et adapté du manga du même nom de Shirow Masamune), Innocence a eu les honneurs de la compétition en 2004, soit en même temps que le 2e volet de Shrek. Une situation qui ne s'est pas reproduite depuis, et dont on se demande parfois si elle est encore possible. Toujours est-il qu'inviter le cinéma complexe et visuellement éblouissant de Mamoru Oshii dans la course à la palme d'or fut à l'époque une manière élégante de mettre sur un pied d'égalité prise de vue réelle et animation, et surtout de rendre hommage à la beauté de l'animation japonaise d'anticipation. Innocence, véritable réflexion sur l'Humanité et son avenir, est l'une des incursions les plus marquantes du Cyberpunk sur le tapis rouge cannois.

Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Adapté des romans graphiques de Marjane Satrapi, Persépolis est une plongée dans l'Iran de la fin des années 70. Avec humour et justesse, la dessinatrice-réalisatrice y raconte son enfance puis son adolescence à Téhéran, avant, pendant et après la Révolution. Dans un style graphique très dépouillé, tout en noir et blanc, fort d'un casting voix impressionnant (Catherine Deneuve, Danielle Darrieux, Chiara Mastroianni), le film repartira de la compétition cannoise 2007 avec un prix du jury, et rencontrera un énorme succès critique et public. Douze ans plus tard, il reste un exemple à suivre, voire un eldorado inatteignable, pour le long métrage d'animation pour adultes.

Valse avec Bashir de Ari Folman

En 2008, les festivaliers médusés découvrent un film mi-documentaire, mi-fiction, qui s'inspire de témoignages réels et d'un montage de 90 minutes d'images tournées en vidéo. Il aborde l'histoire personnelle du réalisateur qui a participé à l'opération israélienne au Liban "Paix en Galilée" pendant son service militaire. Peu à peu, des souvenirs de son implication dans le massacre de Sabra et Chatila remontent à la surface... Valse avec Bashir marque ainsi un jalon dans l'histoire du cinéma d'animation, à la fois parce qu'il est l'un des premiers documentaires animés découverts par le grand public, mais aussi par son sujet, et par son retentissement.

Panique au village de Vincent Patar et Stéphane Aubier

Hors compétition en 2009, certains festivaliers découvrent abasourdis l'univers burlesque et délirant de Panique au village. Les autres avaient déjà eu l'occasion de voir la série diffusée sur Canal + et mettant en scène les principaux personnages du long métrage : CowBoy, Indien, Cheval, Gendarme ou encore Steven. Avalanche de gags, de dialogues cinglants et de situations cocasses, le long métrage est un régal pour ceux qui aiment l'humour plus que décalé, le nonsense, et l'absurde dans tous ses états. Son style particulier (animation en stop motion de figurines rigides) ajoute un côté artisanal et ludique qui renforce l'auto-dérision débridée du récit.

Le Conte de la Princesse Kaguya de Isao Takahata

Joli coup de la Quinzaine en 2014 qui sélectionne le dernier film du réalisateur japonais culte Isao Takahata. On n'a toujours pas compris comment l'officielle a pu dédaigner une telle prise, mais rappelons qu'aucun autre film de Takahata n'a été sélectionné en compétition (idem pour Miyazaki, seulement sélectionné à Cannes Classic en 2006 avec Nausicaa, mais aussi Satoshi Kon, et tant d'autres). Oui, l'Officielle a commis un nombre important d'impairs concernant le cinéma d'animation, cela ne fait aucun doute. Revenons en au Conte de la Princesse Kaguya qui est une fable délicate et poétique inspirée d’un conte populaire datant du Xe siècle, considéré comme l'un des textes fondateurs de la littérature japonaise. L'héroïne, enfant libre littéralement née de la nature, se retrouve brutalement confrontée au carcan douloureux des apparences et du jeu social. Comme prisonnière de son existence, et même de sa propre enveloppe corporelle, elle n'aura de cesse que de retrouver l'osmose avec l'univers, non sans éprouver une forme de nostalgie pour les fugaces bonheurs terrestres.

La tortue rouge de Michael Dudok de Wit

Première collaboration des studios Ghibli avec une production européenne animée, La Tortue rouge est un conte minimaliste sans dialogue, au dessin épuré, qui raconte l'existence d'un naufragé sur une île déserte. Ce premier long métrage du réalisateur Michael Dudok de Wit (connu pour ses courts Le Moine et Le Poisson et Père et Fille) s'affranchit d'une écriture traditionnelle pour aller vers une forme de parabole poétique qui interroge les rapports de l'homme à la nature. Présenté à Un Certain regard en 2016, il s'avère parfois un peu trop "mignon" et "charmant", mais séduit par ses couleurs pastels chaudes et la simplicité épurée de son récit. Le public, peu habitué à ce type de fresques animées, plébiscite le film qui remporte le prix spécial du jury Un Certain Regard et connaît ensuite un beau succès en salles.

Ma vie de courgette de Claude Barras

Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs en 2016, Ma vie de courgette est l'adaptation en stop-motion, avec des marionnettes, du roman Autobiographie d’une courgette de Gilles Paris. Un drôle de film tendre et joyeux malgré son sujet, la vie d'un petit garçon qui se retrouve placé dans un foyer pour enfants après la mort accidentelle de sa mère. Entre complicité et mélancolie, amitié et résilience, le récit parvient à nous émouvoir tout en nous faisant rire, quand ce n'est pas l'inverse. Toujours avec une forme de simplicité qui permet d'aborder les sujets les plus graves sans jamais perdre le jeune public.

La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach

2016 fut définitivement une grande année d'animation sur la Croisette, puisqu'on y découvrait aussi le premier long métrage de Sébastien Laudenbach, connu pour ses courts. Réalisé dans une grande économie de moyens, avec une animation esquissée qui assume d'être inachevée, le film qui fit l'ouverture de l'ACID est adapté d'un conte de Grimm, dans lequel un meunier vend son plus bel arbre ainsi que sa fille au diable en échange d'une richesse éternelle. Vendue et mutilée, la jeune fille s'enfuit, s'émancipe des hommes, et commence ainsi un parcours initiatique destiné à la libérer de toutes ses entraves. Un conte à la fois édifiant, poétique et follement libre, dans son propos, sa tonalité et son esthétique.

Là-haut de Pete Docter et Bob Peterson

En 2009, c'est un film d'animation en 3D qui faisait l'ouverture du festival. Là-haut, issu des studios Pixar, est un merveilleux récit d'aventures et de transmission qui nous emmène de la tristesse d'un maison de retraite à la jungle amazonienne en Amérique du Sud. On y suit Karl, un vieil homme de 78 ans bougon et solitaire, s'envoler littéralement pour le voyage de sa vie, emmenant sans le savoir Russell, un scout de neuf ans. Evidemment, ces deux-là devront apprendre à se connaître et à s'apprécier, tout en déjouant les plans machiavéliques d'un autre explorateur. Gai, irrévérencieux et profondément humain, c'est probablement l'un des rares films d'ouverture cannois à avoir allié aussi brillamment le pur divertissement et le cinéma d'auteur.

Vice-versa de Pete Docter, Ronaldo Del Carmen

En 2015, Cannes présente Vice-Versa en séance hors compétition... et s'entend dire par certains journalistes facétieux qu'il s'agit du meilleur film du festival et qu'il méritait la Palme. Et pourquoi le dernier-né des studios Pixar n'aurait-il pas mérité une place en compétition ? Drôle et malin, divertissant et fantasque, et surtout singulier et audacieux, il met en effet en scène un "quartier général" qui régit les humeurs et les réactions de la petite Riley, 11 ans. Formé par cinq émotions complémentaires (la colère, la peur, la joie, le dégoût et la tristesse), ce centre de contrôle aide la fillette à mener une vie heureuse et paisible, jusqu'au jour où Joie et Tristesse se perdent accidentellement dans les recoins les plus éloignés de sa mémoire... plongeant le spectateur dans une longue suite d'aventures cocasses, entre pur divertissement et tentation psychologique d'analyser nos comportements par le biais d'un trop plein d'émotions.

Teheran tabou d'Ali Soozandeh


En compétition à la Semaine de la Critique en 2017, ce premier long métrage du réalisateur d'origine iranienne Ali Soozandeh confirme la propension du cinéma d'animation à s'emparer de questions politiques ou sociales sensibles, voire taboues, en mettant en scène trois femmes et un jeune musicien dans la ville de Téhéran. Tous les quatre cherchent à leur manière un moyen de s'émanciper d'une société iranienne corsetée par la morale et gangrenée par l'hypocrisie. Utilisant le procédé de la rotoscopie, qui consiste à filmer des acteurs, puis à les redessiner et à les intégrer dans des décors peints, le réalisateur propose un pamphlet politique virulent et d'une extrême noirceur, qui trouve parfois ses limites, mais n'en demeure pas moins un portrait saisissant et singulier de l'Iran contemporain.

J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

C'est l'un des films dont on a le plus parlé l'an passé sur la Croisette : même avant son Grand Prix à la Semaine de la Critique (ce qui fait de lui le premier long métrage d'animation à remporter cette récompense), J'ai perdu mon corps était incontestablement l'un des événements de Cannes 2019. On connaît la suite : achat par Netflix, course aux Oscar, 2 César, et un succès en salles loin d'être négligeable (même si l'on espère toujours mieux pour les films que l'on aime). Avec son sens époustouflant de la mise en scène, son intrigue intimiste et  ténue et sa narration alternée jouant à la fois sur le registre du film sentimental, du cinéma de genre et du récit initiatique, le premier long métrage de Jérémy Clapin réconcilie toutes les cinéphilies, et prouve la nécessité de décloisonner une bonne fois pour toutes animation et prise de vue continue.

Cartoon movie 2019 : 9 projets à suivre, signés Claude Barras, Anca Damian, Sébastien Laudenbach ou encore Mirai Mizue

Posté par MpM, le 21 mars 2019

L'un des indicateurs pour évaluer l'aura d'un projet présenté au Cartoon movie est le nombre d'acheteurs présents lors de sa présentation. Cette année, on retrouve assez classiquement dans le "top 10" des projets à destination du jeune public, comme Terra Willy d'Eric Tosti, sur la découverte d'une planète inconnue, sa faune et sa flore, ainsi que ses dangers, par un jeune garçon échoué là après un accident (sortie le 3 avril), ou Le secret des mésanges d'Antoine Lanciaux (Neige et les arbres magiques), 6e long métrage de Folimage qui mêle question des origines et aventures archéologiques.

Les adaptations figurent également en très bonne place de ce classement, avec notamment La Ballade de Yaya, inspiré de la bande dessinée de Jean-Marie Omont et Golo Zhao ; Where is Anne Franck ? d'Ari Folman (Valse avec Bashir, Le Congrès) qui met en scène Kitty,  l'amie imaginaire d'Anne Franck, dans l'Europe contemporaine ; ou encore Dino Mite de David Nasser, tiré d'une collection de livres jeunesse allemands, Minus Drei de Ute Krause. Des films qui semblent bien sur les rails, et dont on devrait vous reparler prochainement.

En attendant, nous avons privilégié des projets souvent encore au stade de concept, parfois complètement fous, ou tout simplement singuliers et prometteurs, que nous suivrons envers et contre tout, et dont nous avions très envie que vous les attendiez avec nous !

Ghostdance de Kim O'bomsawin, Nicolas Blies et Stéphane Hueber-Blies (a_Bahn & Melusine Productions, Terre Innue & URBANIA)

Connaissez-vous les films à impact social ? Ce cinéma engagé, qui s'accompagne de campagnes de sensibilisation et d'information, est la spécialité de la compagnie luxembourgeoise a_Bahn à qui l'on doit notamment le film Zéro Impunity qui combat l'impunité des violences sexuelles dans les conflits armés.

Leur nouveau projet, Ghostdance, s'attaque au féminicide, à travers le constat révoltant que 1250 femmes autochtones ont disparu au Canada en 30 ans, dans une indifférence criminelle, ce qui à l'échelle de l'Union européenne, équivaudrait à 1,8 millions de disparitions. L'histoire suivra donc une jeune fille hantée par l'esprit d'une jeune femme disparue dont elle ignore tout. Basé sur des faits réels, et développé en lien avec les communautés autochtones du pays, le film empruntera la forme de l'enquête intime, et devrait d'adresser à un public plutôt adulte et adolescent.

Journey to the west de Mirai Mizue (Miyu Productions, New Deer)

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le travail du réalisateur japonais Mirai Mizue, disons que l'un des adjectifs qui revient fréquemment pour qualifier son travail est "psychédélique". On est d'autant plus excité à l'idée de voir son cinéma coloré, formel et abstrait s'épanouir dans un format de long métrage, adapté qui plus est du récit légendaire chinois du XVIe siècle,  La Pérégrination vers l’Ouest de Wu Cheng-En, qui met en scène la quête personnelle du Roi Singe.

Le projet en est encore au stade de concept, mais le trailer survitaminé au trait presque naïf est déjà extrêmement prometteur. Les scénaristes Patricia Mortagne et Sébastien Tavel, qui ont notamment écrit Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbe-Mevellec, d'après Yasmina Khadra, travaillent actuellement sur une première version du scénario. Hugo de Faucompret et Arnaud Tribout ont quand à eux rejoint la direction artistique des décors. Inutile de dire que l'on attendra le temps qu'il faudra pour découvrir ce film forcément singulier.

Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (Dolce Vita Films)

Après La jeune fille sans mains, Sébastien Laudenbach est de retour en duo avec Chiara Malta pour un projet caractérisé par un joyeux chaos et des personnages hauts en couleurs qui défient l'ordre et la morosité. Après avoir injustement puni Linda, sa mère accepte, pour se faire pardonner, de lui faire la spécialité de son père disparu, un poulet aux poivrons. Mais en pleine grève générale, suivre une simple recette de cuisine n'est pas de tout repos.

Avec ses couleurs acidulées et sa liberté visuelle, Linda veut du poulet s’annonce comme une comédie pop, burlesque et tendre. On aime notamment la très belle idée de choix esthétiques changeant en fonction de l'échelle de plan, les personnages devenant de plus en plus stylisés quand on s'éloigne, jusqu'à ne plus ressembler en plan large qu'à des pastilles de couleur. Un film pour toute la famille, attendu en mai 2021.

Mars express de Jérémie Périn (Everybody on Deck)

Etes-vous prêts pour le premier polar martien ? C'est à un véritable film de science fiction, situé au XXIIIe siècle, dans un monde en déliquescence, que propose Jérémie Périn, à qui on doit entre autres la série Last Man. Alors que les robots ont permis la colonisation du système solaire, tout le monde est devenu riche, à l'exception des travailleurs confinés sur terre.

Sur une trame d'enquête classique (deux détectives cherchent une jeune fille qui a disparu), le film explore des enjeux futuristes pas si éloignés de nous, comme l'émancipation et le soulèvement des robots. Soit un mélange de Raymond Chandler et de Philip K. Dick qui semble rendre possible toutes les audaces narratives.

Of unwanted things and people de David Súkup, Ivana Laucíková, Leon Vidmar & Agata Gorzadek

Avant même d'être terminé, Of unwanted things and people cumule déjà les prix ! Le projet a en effet gagné en 2018 le prix du pitch pour un long métrage d'animation au CEE Animation Forum ainsi q'un prix du public. Lors du Cartoon Movie 2019, il s'est vu remettre le Prix Eurimages au développement de la coproduction (quatre pays sont déjà impliqués : la république tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et la Pologne).

De belles fées qui se penchent sur le berceau de ce long métrage adapté de nouvelles populaires en Pologne, signées Arnost Goldflam. Le fil directeur de l'intrigue sera les récits que se racontent trois cousins, avec l'aide de leur grand-père, peu de temps après la mort de leur grand-mère, et qui tous aborderont des questions liées au monde de l'enfance.

Planète de Momoko Seto (Ecce Films)

Dans la continuité de sa série des "Planètes", dans laquelle elle utilise des éléments comme le sel ou des oranges moisies pour recréer des planètes extraterrestres, la réalisatrice Momoko Seto propose un film de science fiction au niveau micro dans lequel des graines de pissenlit (nommées akènes) partent en quête d'une nouvelle terre.

Non seulement le projet s'inscrit pleinement dans la question des migrations contemporaines, mais il promet aussi des scènes époustouflantes comme le Big Bang ou la naissance de la voie lactée. On est subjugué par la beauté des images proposées, de même que par l'inventivité illimitée de la réalisatrice pour qui tout minéral, végétal ou même animal microscopique devient tour à tour un monstre, une espèce extraterrestre ou un décor intergalactique.

Saules aveugles, femme endormie de Pierre Földes (Cinéma Defacto, Miyu productions)

Nous vous avions déjà parlé de cette adaptation la plus excitante du moment, celle de six nouvelles d'Haruki Murakami par Pierre Földes, le fils du réalisateur Peter Földes. Frappé par l'originalité du style de l'écrivain, Pierre Földes lui a envoyé ses courts métrages pour le convaincre qu'il pouvait adapter l'un de ses récits. Murakami lui a alors proposé de choisir parmi ses nouvelles.

Après avoir pensé un temps à les adapter de manière successive, le réalisateur a finalement décidé de créer des liens entre les différents récits pour former une histoire cohérente. On y croisera notamment des personnages subissant des "tremblements de terre intérieurs" leur ouvrant les yeux "sur les vérités qu'ils se cachent". Le teaser découvert au Cartoon, avec ses superbes aplats de couleurs et ses personnages aux visages si expressifs, donne très envie d'en voir plus. Il faudra pourtant patienter, la production commençant seulement à l'été 2019.

Sauvages ! de Claude Barras (Prélude, Hélium Films)

Après l'immense succès de Ma vie de Courgette, Claude Barras est de retour avec un projet de long métrage mêlant plusieurs techniques, dont la stop motion, pour raconter une amitié touchante entre un bébé orang-outan et une fillette qui veut le sauver des braconniers.

En situant l'action à Bornéo, au cœur de la forêt primaire, le réalisateur dénonce la politique de déforestation intense (pour la plantation de palmiers à huile ou l'exploitation minière) et la chasse illégale qui ont mené à la disparition de près de la moitié des orangs-outans de l'île en vingt ans. Une oeuvre engagée dont le but assumé est de donner l'envie d'agir.

The island d'Anca Damian (Aparte Films)

Egalement présente à Bordeaux avec son nouveau long métrage Le Voyage fantastique de Marona attendu dans le courant de l'année, Anca Damian avait déjà un autre projet à présenter aux professionnels du Cartoon. Encore à l'état de concept (bien avancé, cela dit, vu ce que la réalisatrice nous a montré de son animatique), The island est une forme de comédie musicale inspirée de Robinson Crusoé, sur fond de crise des réfugiés.

En terme d'esthétique et de tonalité, les influences revendiquées sont notamment le court métrage suédois Min borda (The burden) de Niki Lindroth von Bahr et le film culte Yellow submarine de George Dunning. Anca Damian cherche ainsi une esthétique réaliste qui tire vers le surréalisme, bien en germe dans les images qu'elle a montrées lors de la présentation. Face à un tel projet, la question n'est pas tant de déterminer s'il se fera, que de savoir quand on pourra le découvrir...

Le meilleur du long métrage d’animation européen se retrouve au Cartoon Movie de Bordeaux

Posté par MpM, le 5 mars 2019

Rendez-vous européen des professionnels du film d'animation depuis 1999, le Cartoon Movie voit passer chaque année les projets de longs métrages les plus divers, qu'ils soient attendus ou confidentiels, classiques ou complètement fous, modestes ou extrêmement ambitieux. Si tous ne voient malheureusement pas le jour, chacun d'eux a la possibilité d'être présenté devant les producteurs, investisseurs, distributeurs, agents de vente, sociétés de jeux vidéos ou encore new media players présents, en tout 900 professionnels en quête de contenus, de coopérations ou de coproductions.

Cette année, ce sont 66 projets en provenance de 22 pays, dont 22 films français, qui ont été sélectionnés pour participer à cette 21e édition du Cartoon Movie. Si les deux tiers sont seulement à l’état de concept ou en développement, 7 sont en production et 7 seront présentés en sneak preview, ce qui signifie qu'ils sont pratiquement terminés. Parmi ceux-là, on retrouve notamment L’Extraordinaire Voyage de Marona d'Anca Damian (qui présente aussi un projet à un stade moins avancé, intitulé The Island) et Bunuel dans le labyrinthe des tortues de Salvador Simo, que l'on avait tous deux eu la chance de découvrir lors de l'édition 2018.

La répartition des projets entre comédies familiales (67%) et films à destination d'un public jeunes adultes / adultes (20%) est assez représentative de l'image que l'on se fait du cinéma d'animation, et reste constante. C'est pourtant parmi ces films pour adultes et adolescents que l'on trouve certains des projets d'ores et déjà les plus attendus, tels que Saules Aveugles, Femme Endormie de Pierre Földes, adapté de Murakami, La Traversée de Florence Miailhe, dont il s'agit du premier long métrage après une très belle carrière dans le format court, Interdit aux Chiens et aux Italiens d'Alain Ughetto, à qui l'on doit notamment Jasmine, J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (adapté de Happy Hand de Guillaume Laurant), Trois enfances de Simone Massi, l'animateur derrière les plus belles séquences de Samouni road, ou encore Kiki de Peter Dodd, sur la vie d'Alice Prin, plus connue sous le nom de Kiki de Montparnasse.

Mais on suivra également de près certains projets plus "familiaux" comme Linda veut du poulet ! de Chiara Malta & Sébastien Laudenbach (La Jeune Fille sans Mains), Terra Willy d'Eric Tosti (Les as de la jungle) qui sort le 3 avril, ou Where is Anne Frank d'Ari Folman (Valse avec Bachir).

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Cartoon Movie 2019
Du 5 au 7 mars
Informations sur le site de la manifestation

Les premières images du Journal d’Anne Frank d’Ari Folman

Posté par redaction, le 26 avril 2015

le journal d'anne frank ari folman

Le site israélien Cinemascope a révélé les premières images du Journal d'Anne Frank, le nouveau film d'animation d'Ari Folman (Valse avec Bashir, Le Congrès).

Entre animation traditionnelle et "stop motion", le film (en 2D) est en production depuis près d'un an et demi (lire aussi Ari Folman s’attaque au Journal d’Anne Frank. Le projet reste fragile. Si Folman et la société de production Entre Chien et Loup ont obtenus les droits mondiaux du livre et l'accès aux archives d'Anne Frank, le financement n'est pas tout à fait bouclé.

Selon Cinemascope, le scénario raconterait l'histoire de la jeune fille à travers une poupée, Kitty, amie imaginaire.

Anne Frank, née en 1929 en Allemagne, a vécu essentiellement aux Pays-Bas et est morte en février ou mars 1945 au camp de Bergen-Belsen. Son journal intime - Le Journal d'Anne Frank - a été rédigé alors qu'elle se cachait avec sa famille et des amis à Amsterdam pendant l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale dans le but d'éviter la Shoah. De 1942 à 1944, ils vivront dans un appartement secret aménagé dans l'Annexe de l'entreprise Opekta d'Otto Frank, le père. C'est durant cette période que la jeune adolescente a écrit son texte. Le groupe est trahi et déporté vers les camps d'extermination nazis. Anne y est morte du typhus. Seul survivant, son père a décidé de publier le journal de sa fille en 1947. Il s'agit aujourd'hui de l'un des livres les plus lus dans le monde et plusieurs films, téléfilms, pièces de théâtre et opéras s'en sont inspirés.

le journal d'anne frank ari folman

Ari Folman s’attaque au Journal d’Anne Frank

Posté par vincy, le 12 décembre 2013

Prix du meilleur film d'animation aux European Film Awards le week-end dernier pour Le Congrès, Ari Folman (Valse avec Bashir) réalisera sa version du Journal d'Anne Frank. Le Film français explique que ce projet est produit par Purple Whale Films, copropriété de Bridgit Folman Film Gang et d'Entre Chien et Loup : selon le magazine professionnel, "c'est la première fois qu'un couple de réalisateur et producteur a pu bénéficier d'un droit d'accès à la totalité des archives de l'Anne Frank Fonds" de Bâle.

Ari Folman explique qu'il "est nécessaire de créer de nouveaux éléments artistiques autour de ce témoignage pour entretenir sa mémoire auprès des jeunes générations."

Le tournage devrait débuter à l'hiver 2014 et devrait, artistiquement, être assez proche des deux précédents longs métrages du cinéaste israélien.

Anne Frank (1929-1945) est devenu un symbole de la Shoah grâce à son journal personnel, publié en 1947, deux ans après sa mort dans le camp ce concentration de Bergen-Belsen. Son journal a fait l'objet de nombreuses adaptations au théâtre, à la télévision et bien entendu au cinéma. Les Japonais en ont même fait un manga, en 1995, Anne no nikki, d'Akinori Nagaoka. La 20th Century Fox avait produit en 1959 un film de 3 heures, réalisé par George Stevens, avec Millie Perkins, Shelley Winters (oscarisée pour son second rôle) et Joseph Schildkraut. Il avait obtenu 3 Oscars (sur 8 nominations) et avait été sélectionné à Cannes.

La Grande Bellezza triomphe en beauté aux European Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2013

toni servillo la grande bellezza

Hier soir à Berlin, l'Académie du cinéma européen a célébré les vainqueurs de l'année. Et ce fut une razzia pour La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, en compétition au dernier Festival de Cannes (et snobé au palmarès), qui n'a laissé que quelques miettes à ses concurrents. Meilleur film européen, meilleur réalisateur, meilleur acteur (Toni Servillo), meilleur montage (Cristiano Travaglioli) : rarement un film a été autant récompensé lors de cette cérémonie. L'Italie devient le pays le plus récompensé par le trophée du meilleur film européen avec ce cinquième lauréat, 5 ans après Gomorra. Toni Servillo reçoit son deuxième prix du meilleur acteur européen, 5 ans après celui pour Il divo, toujours de Sorrentino.

catherine deneuve wim wendersLes 26e European Film Awards, qui souffrent toujours de notoriété (la soirée est retransmise en différé ce soir sur Arte en France, on pouvait la suivre en direct sur Internet), ont été marqués par les deux prix honorifiques remis à Pedro Almodovar (pour sa contribution au cinéma mondial) et Catherine Deneuve (pour l'ensemble de sa carrière). Almodovar en a profité pour dénoncer la politique suicidaire du gouvernement espagnol en matière de cinéma ; tandis que Deneuve, qui recevait son prix des mains de Wim Wenders, a déclaré se sentir "européenne".

Le cinéma français n'est pas reparti bredouille. François Ozon a reçu le prix du meilleur scénario (Dans la maison) ; Ari Folman, qui a produit l'essentiel des séquences animées de son film Le Congrès en France, a été honoré du prix du meilleur film d'animation ; et La cage dorée de Ruben Alves a récolté le prix du public.

L'Europe du sud s'en tire d'ailleurs bien, malgré un contexte économique difficile pour ses cinématographies. Côté Israël, outre Folman, le prix Carlo di Palma du meilleur chef opérateur est revenu à Asaf Sudry (Fill the Void) ; le prix des meilleurs costumes a été décerné à Blancanieves ; et le prix du compositeur de l'année a été légitimement attribué à Ennio Morricone (pour The Best Offer). N'oublions pas le prix européen de la coproduction, décerné à un producteur, en l'occurrence la roumaine Ada Solomon (dont le film Mère et fils a reçu l'Ours d'or en février dernier).

Côté Europe du nord, Love is all you need de la danoise Susanne Bier a été élu comédie européenne de l'année ; The Act of Killing du danois Joshua Oppenheimer est reparti avec le prix du meilleur documentaire ; déjà couronné en Allemagne par les Césars du pays, Oh Boy! a été choisi comme meilleur premier film européen c(est la première fois qu'un film allemand emporte ce prix) ; le prix des meilleurs décors a distingué le film britannique Anna Karenine ; le prix du meilleur son est revenu au film autrichien Paradis : Foi.

Enfin la Belgique repart avec deux prix : le meilleur court métrage (Death of a Shadow de Tom Can Avermaet) et surtout le prix de la meilleure actrice pour Veerle Baetens (Alabama Monroe). Baetens devient ainsi la première belge a gagné un prix d'interprétation européen.

3 films d’animation en course pour les European Film Awards

Posté par vincy, le 30 septembre 2013

Les 2 900 membres de l'Académie des European Film Awards vont avoir à choisir entre Le Congrès, Jasmine et Pinocchio pour élire le meilleur film d'animation européen de l'année. La cérémonie se déroulera le 7 décembre à Berlin.

Le Congrès de l'israélien Ari Folman, en grande partie produit en France, avait fait l'ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes. Adapté du roman de science-fiction de Stanislas Lem, le film, qui mélange prises de vues réelles et animation, met en vedette Robin Wright, actrice qui souhaite prendre sa retraite et accepte de se faire "scanner", cédant ainsi son corps et son talent à l'industrie cinématographique. Le précédent film d'animation de Folman, Valse avec Bashir, avait reçu le César du meilleur film étranger et le Golden Globe du meilleur film étranger. Il avait également été nommé 4 fois aux EFA (film, scénario, réalisateur, musique) et récolté le prix européen de la meilleure musique.

Jasmine d'Alain Ughetto est un documentaire animé français qui sort en salles le 30 octobre prochain. Avec les voix de Jean-Pierre Darroussin et Fanzaneh Ramzi, ce film, entièrement fait avec de la pâte à modelée, revient sur les années 70 en Iran, au moment de la révolution Islamique, et de ses effets 30 ans plus tard. Il s'agit d'une histoire d'amour et de combats, avec des images d'archives pour ressuscité un passé qui révèle les illusions perdues. Ce premier long métrage animé avait été en compétition au dernier Festival du Film d'Animation d'Annecy.

Enfin Pinocchio, de l'italien Enzo d'Alo, réalisateur de La mouette et le chat (1998), était également en compétition au dernier Festival d'Annecy, et sélectionné aux Venice Days en 2012, était sorti en salles en février. Cette nouvelle version de l'histoire de Carlo Collodi est le cinquième film du cinéaste, après dix ans d'absence. Le réalisateur a décliné son propre libre illustré, Pinocchio, pou l'instant inédit en France.

Remis depuis 2009, le prix du meilleur film d'animation européen a récompensé Mia et le Migou, L'illusionniste, Chico & Rita et Alois Nebel. Les productions françaises et espagnoles dominent largement les nominations depuis 5 ans.

Cannes 2013 : quand les livres se font films

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Adaptation livre au cinéma Si Cannes a toujours été littérature (jusqu'à des présidents et membres de jury écrivains) et si son Président a un amour immodéré pour la lecture, les sélections ont souvent flirté avec l'écrit, grâce aux multiples adaptations : le livre demeure un matériau de choix pour l'inspiration des cinéastes.

Cette année, dès l'ouverture, le ton est donné avec Gatsby le Magnifique, quatrième version du roman de Francis Scott Fitzgerald (incarné par Tom Hiddleston dans Minuit à Paris), à qui l'on doit déjà Benjamin Button. A noter : Fitzgerald écrivit les passages les plus bouleversants du roman à Saint-Raphaël, à quelques brasses de Cannes.

Cependant ce n'est pas le seul grand écrivain qui sera présent sur les écrans. Ainsi, James Franco, après avoir interprété Alain Ginsberg dans Howl, le voici à Un certain regard avec As I Lay Dying, transposition du roman de William Faulkner, autre grand fantôme de l'entre deux guerres. Faulkner, scénariste de Ford et Hawks, a souvent été adapté (Sirk, Ritt), y compris par Franco (Red Leaves en 2009).

Lucia Puenzo quant à elle a opté pour son propre roman, Wakolda, qui vient de paraître chez Stock. Elle avait déjà adapté son livre El Nino Pez. Et toujours à Un certain regard, Valeria Golino, pour son premier film en tant que réalisatrice, a choisi de mettre en images le roman d'Angela del Fabbro, Vi Perdono, pour en faire Miele.

Arnaud des Pallières a choisi un livre allemand d'Heinrich von Kleist pour Michael Kolhaas, déjà adapté par Volker Schlöndorff en 1969. Et Jérôme Salle, qui avait déjà adapté des Largo Winch, s'est plongé dans le roman Zulu de Caryl Férey.

Côté Quinzaine, l'événement est bien entendu du côté du film d'ouverture, The Congress, d'Ari Folman, d'après le roman culte Le Congrès de futurologie (lire notre actualité) de Stanislas Lem (Solaris).

Mais il n'y a pas que la littérature puisque Roman Polanski a préféré adapté la pièce La Vénus à la fourrure de David Ives, qui est adaptée du roman éponyme de Leopold Sacher-Masoch (comme masochisme). Arnaud Desplechin s'est basé sur un essai de l'ethnopsychanalyste Georges Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines pour Jimmy P. ; avec Blood Ties, Guillaume Canet a réalisé le remake des Liens du sang de Jacques Maillot, qui est à l'origine une biographie, Les liens du sang : deux frères flic et truand.

Et encore plus surprenant, Abdellatif Kechiche a trouvé l'inspiration dans une BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, devenue un film en deux parties (3 heures au total pour un album de 160 pages), La Vie d'Adèle (lire notre actualité). Ce n'est pas le seul à avoir été séduit par le 9e art puisque Takashi Miike a transposé Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi pour son film Wara No Tate.

Venise 2012 : Michael Mann connaît les membres de son jury

Posté par vincy, le 13 juillet 2012

Deux comédiennes, une artiste (légèrement masochiste), cinq cinéastes. Ou une française, une serbe, une britannique, un italien, un argentin, une suisse, un israélien et un hong-kongais. Voilà le casting final!

La 69e Mostra de Venise a dévoilé son jury aujourd'hui. Michael Mann, déjà annoncé le 1r juin, comme président, sera donc entouré de Laetitia Casta, atout charme, Marina Abramovic (Lion d'or de la meilleure installation à la biennale de Venise en 1997), Samantha Morton (et pas Norton comme l'a écrit l'AFP, ndlr), Matteo Garrone (deux fois Grand prix du jury à Cannes, dont cette année avec Reality), Ari Folman (Valse avec Bashir), Pablo Trapero (dont le dernier film était à Cannes cette année), Ursula Meier (Home, L'enfant d'en haut) et Peter (Ho-Sun) Chan (Les seigneurs de guerre, Swordsman et Comrades ; Almost a Love Story).

Le dessin animé français se met à la 3D… Il était temps.

Posté par vincy, le 15 mars 2010

lemagasin des suicidesLa 3D devient tendance, même en France. StudioCanal a signé à Berlin un accord avec le spécialiste du format en Imax et réalisateur de Fly me To The Moon 3D, le belge Ben Stassen. Ils sortiront Les aventures de Samy (Around the World in 50 Years 3D) dès cet été. Avant cela, Sylvain Chomet (Les triplettes de Belleville) avait présenté à la Berlinale L'illusionniste, son hommage à Jacques Tati. A l'origine prévu pour avril, il pourrait être décalé à juin.

Mais désormais, tout le monde s'y met. Patrice Leconte réalise actuellement Le Magasin des suicides, adaptation du roman de Jean Teulé, en version animée ET musicale. Attendu pour la fin de l'année, il co-réalisera ce premier film d'animation avec Arthur Qwak (Chasseurs de Dragons). Il en a écrit le scénario, et ancien dessinateur, a imaginé les personnages.

A Angoulême, en janvier, Ari Folman (Valse avec Bashir) a annoncé qu'il réalisera son prochain film en France, avec les studios de la capitale de la BD, le pôle Magelis, et avec Les Armateurs (Kirikou). The Congress (Le congrès) est l'adaptation du best-seller de science-fiction (1971) de Stanislas Lem (Solaris). Le film, un mélange de documentaire et d'animation, devrait être prêt en 2012.

La plus importante production sera sans doute Le Petit Prince. La mise sur orbite est plus lointaine - 2013 - mais les héritiers de Saint-Exupéry ont enfin accepté de céder les droits d'un des romans pour la jeunesse les plus vendus dans le monde. Le relief va d'ailleurs donner une dimension internationale au projet, tout comme le casting vocal plus hollywoodien que français (sans doute révélé à Cannes en mai). 45 millions d'euros de budget pour Onyx (Les enfants de Timpelbach, Renaissance), en plus d'une série TV animée, et un jeu développé avec MKO (filiale de MK2).

D'autres projets en 3D ont été présentés au récent Cartoon Movie de Lyon comme Approved for Adoption, Flying bazar, Hard Rock sur Harcouët. Les sujets sont de plus en plus variés et aborde des thèmes plus politiques ou sociologiques. de même les genres se diversifient avec d'avantage d'action et d'aventures. Cartoon Movie surfe d'ailleurs sur l'engouement pour l'animation avec, pour sa dernière édition qui s'est tenue du 3 au 5 mars, une fréquentation en hausse de 20%, 635 professionnels accrédités et 90 distributeurs présents.