Edito: Petits paysans et grands films

Posté par redaction, le 26 octobre 2017

Depuis quelques mois, l'agriculture et l'alimentation se retrouvent à la une de l'actualité et au coeur de nos préoccupations. Il faut dire qu'on frôle le désastre. Le progrès économique n'est pas vraiment bon pour la santé. Entre le saumon intoxiqué, le glysophate répandu partout, la pénurie de beurre, le bio trop cher voire pas vraiment bio, les œufs empoisonnés, on se demande quoi manger. Depuis la vache folle, l'Homme est déboussolé. Les OGM nous pourrissent le corps et le gluten est devenu une phobie. À l'autre bout du spectre, un humain sur neuf, soit 800 millions de personnes, souffre de la faim.

Et en amont de la chaîne, ça ne va pas mieux. Ce n'est pas vraiment l'amour est dans le pré (émission qui a au moins l'avantage d'éclairer sous un autre jour le boulot d'agriculteur). Un agriculteur se suicide en France tous deux jours. En moyenne, toujours en France, un agriculteur gagne à peine le Smic mensuellement.

Le cinéma français en fait de plus en plus un sujet de préoccupation. Il y a 11 ans, Isabelle Mergault avait connu un beau succès public avec Je vous trouve très beau, portrait d'un agriculteur qui cherchait une épouse en Europe de l'Est faute de temps et de volontaires dans le voisinage. On oublie pas que Raymond Depardon avait défriché le terrain avec sa série documentaire pour le grand écran Profils paysans et par la suite avec La vie moderne. Dans les deux cas, malgré le grand écart formel entre les deux cinéastes, on observait la détresse d'un monde oublié par les citadins, pour ne pas dire ignoré.

Parfois tout est dans le titre

Depuis, le monde agricole a attiré de plus en plus d'auteurs: Samuel Collardey pour L'apprenti, Sylvestre Chatenay pour Yvette bon Dieu!, Jean-Paul Jaud pour Nos enfants nous accuseront et Tous cobayes?, Emmanuel Caussé et Eric Martin pour No Pasaran, Coline Serreau avec Solutions locales pour un désordre global, Marie-Dominique Dhelsing pour Pierre Rabhi: Au nom de la terre, Christian Rouaud pour Tous au Larzac, Edouard Bergeon pour Les fils de la terre...

Même dans le registre de la fiction, le paysan n'est plus personna non grata. La famille Bélier, Médecins de campagne, Rester vertical, Le p'tit Quinquin, etc... sont autant de variations autour du monde rural. Cette année marque sans doute un tournant puisque le 7e art explore le monde du vin chez Cédric Klapish dans Ce qui nous lie, part à la découverte des campagnes avec Agnès Varda dans Visages, Villages, révèle le quotidien d'un éleveur de vaches avec Hubert Charuel dans Petit paysan, ou montre le fossé gigantesque qui se creuse entre le monde paysan et le monde globalisé avec Christophe Agou dans Sans adieu, qui sort cette semaine.

Le monde agricole trouve ainsi sa place dans l'imaginaire comme dans le documentaire. Après avoir été longtemps snobé ou fantasmé, le paysan redevient un personnage de premier plan. Parce que nous n'avons jamais été aussi informés sur les crises agricoles et alimentaires, parce que nous avons conscience que ça touche à notre bien-être et notre corps, l'homo sapiens modernus comprend qu'il bouffe de la merde, comme disait feu Jean-Pierre Coffe. Le cinéma trouve ici un rôle de salubrité publique en se faisant le reflet d'une profession qui a besoin de soutien et de reconnaissance pour muer vers le monde de demain, qui, espérons-le, fera la part belle aux circuits courts, aux aliments sains et à une production raisonnée et éthique.

Scarlett Johansson vendeuse de maïs soufflé dans le Marais

Posté par vincy, le 23 octobre 2016

scarlett johansson vendeuse de pop corn à yummy pop

Aujourd'hui est un grand jour pour les Parisiens. Une boutique spécialisée dans le Popcorn va ouvrir. Indispensable au régime alimentaire des spectateurs de cinéma, ce merveilleux produit sucré ou salé, en trois tailles, est enfin honoré comme il se doit. Bruce Willis, Sylvester Stallone & co avaient les Hard Rock Cafés. Robert de Niro préférait investir dans des restaurants hype de Tribeca. Pour le Popcorn, on a Scarlett Johansson.

La star hollywoodienne a ouvert hier, samedi 22 octobre, sa boutique Yummy Pop, en plein Marais, et plus précisément au 35 bis rue du Roi-de-Sicile. Du Pop corn? Mais diantre, pourquoi pas du maïs chaud comme à Barbès pendant qu'on y est!.Mais ici on y met de la truffe, du parmesan, du sirop d'érable, de la sauge, du chocolat!

Yummy Pop est donc le nouveau bébé de Scarlett Johansson et de son époux, Romain Dauriac. Les recettes sont été concoctées par le chef Will Horowitz. Ce dimanche matin, il y avait foule lors de l'ouverture de cette boutique éphémère (appelée à ne pas l'être). Et pour cause, Scarlett servait elle-même le pop-corn. Même l'AFP avait fait le déplacement: preuve indiscutable que c'était l'actu chaude et bien soufflée du jour.

Steak (R)évolution: un documentaire cuit à point

Posté par vincy, le 5 novembre 2014

steak (r-evolution franck ribiere

Synopsis: Steak (R)évolution parcourt le monde à la découverte d'éleveurs, de bouchers et de chefs passionnés. Loin des élevages intensifs et des rendements industriels, une révolution est déjà en marche ; la bonne viande rouge devient un produit d'exception, voire de luxe. Mais où se trouve le meilleur steak du monde ?
Franck Ribière et son boucher favori, Yves-Marie Le Bourdonnec, partent rencontrer les nouveaux protagonistes de la filière, généreux, attachants et écologistes, pour essayer de comprendre ce qu'est une bonne viande. Les nouveaux enjeux du marché ne sont pas toujours là où on les attend.
Steak (R)évolution est un film gourmand et politiquement incorrect sur la viande "haute couture".

Notre avis: Avec Steak (r)évolution, Franck Ribière signe un documentaire sur la viande. Le film n'est pas là pour nous faire devenir végétarien puisqu'il valorise la bonne viande. De même, ce n'est pas un calvaire à regarder pour ces mêmes végétariens puisqu'il ne s'agit pas d'un brûlot critique contre le steak.

Franck Ribière signe plutôt un hymne à la bonne bouffe, à opposer à cette malbouffe qui nous fait oublier le goût et les saveurs. Il n'est pas non plus béat devant le produit en soulignant bien que l'abus de viande nuit à la santé.

Le propos de Steak (r)évolution est ailleurs. D'Argentine au Brésil, d'Espagne en Corse, des Îles britanniques aux Etats-Unis, du Japon au Québec, il fait le tour du monde des Chefs, bouchers, éleveurs: toutes ces personnes qui sont en contact avec le boeuf. Véritable cours scientifique sur les différentes races (passionnant), c'est avant tout un cri d'amour pour des "artisans". Ceux qui perpétuent une tradition (l'élevage non intensif, la qualité du produit final) ou qui élèvent la simple bavette au rang de plat inoubliable. C'est un véritable portrait transfrontalier d'une profession et de sa passion, qui rappelle les documentaires de Jonathan Nossiter (Mondovino). Le boeuf n'est pas le même selon les pays. Il ne se consomme pas de la même manière non plus.

Ce qu'il en ressort compte peu. Si vous êtes carnivore, vous ferez juste attention à la viande que vous achetez. Steak (r)évolution est avant tout une prise de parole, alertant sur les méfaits d'une alimentation industrielle, expliquant la difficulté d'un travail complexe, vantant la prédominance d'un produit quand il est de qualité.

Le réalisateur opère un véritable désossage de la filière, dans son meilleur aspect. Ici, nulle ferme des 1000 vaches, aucun MacDo, pas de Charal. Le documentaire est avant tout sociologique: l'impact d'un aliment dans notre culture, une profession de l'agriculture, un regard sur les usages d'un produit identique qui diffère selon les peuples.

L'évolution a bien eu lieu au fil des siècles. Les races se sont mélangées, elles sont désormais mieux vérifiées. Les morceaux de boeufs conduisent à des variations culinaires infinies. La révolution arrivera sans doute bientôt: l'élevage est nocif pour l'environnement et le végétarisme gagne des parts de marché. La viande sera peut-être un produit de luxe pour les prochaines générations. En attendant, du boeuf de Kobé, au 500 grammes de protéines à Buenos Aires, du T-Bone américain au bourguignon en France, le boeuf est incontestablement le meilleur ami de l'Homme depuis qu'il a découvert que, cuit, c'était délicieux. Avec ou sans sel, sauce, poivre ou autres condiments et accompagnements.