Venise 2018 : Jennifer Kent signe un film de genre féministe, féroce et intense avec The Nightingale

Posté par kristofy, le 7 septembre 2018

20 films en compétition, dont un seul film est signé par une réalisatrice (et, au passage, un seul est asiatique). La question a bien évidemment été posée à Jennifer Kent : « Un but du cinéma est de refléter le monde, mieux qu'avec une sous-représentation. Cela concerne non seulement les femmes réalisatrices mais d'autres aussi cinéastes comme ceux de pays en voie de développement, tout comme les personnages à l'écran. Une femme comme personnage principal d'un film ce n'est pas un film uniquement pour des femmes. ».

© ecrannoir.frJennifer Kent a surpris tout le monde avec son premier film The Babadook en 2014 : le succès est au rendez-vous, et on lui posait déjà la question à propos du trop peu femmes réalisatrices dans le cinéma d'horreur. Elle refuse d'en faire une suite, elle lit et refuse quantité de scénarios que lui envoient des studios d'Hollywood... « Je suis allé en Tasmanie pour la première fois il y a déjà quelques années, j''ai toujours voulu raconter une histoire là. Ce que je ne savais pas encore c'est que le film allait être très difficile à faire, les conditions météo ont été un enfer. Il y a eu des prisonniers Irlandais envoyés en nombre là-bas, eux, mais aussi, surtout, les aborigènes ont supporté une terrible oppression des Anglais qui sont venus occuper ce territoire. A notre époque il faut oser raconter des histoires qui méritent d'être racontées. C'est la première fois que la langue Palawa Kani est entendu dans un film, ça aussi c'est important. J'ai voulu évoquer ce que c'est de surmonter chagrin et deuil pour chercher l'amour et la compassion quand absolument tout autour de soi hurle le contraire. J'espère que l'horreur et la beauté coexistent ensemble dans ce film ».

The Nightingale a donc été dévoilé et la surprise est grande : l'horreur est présente tout au long du film sous une forme d' injustice et de malaise, enchaînant une séquence-clé violente avec la beauté. Le film fait l'éloge de l'entraide et de la découverte de l'autre tout au long d'une expédition insensée.

En 1825 dans cette partie de l'Australie qu'est la Tasmanie les soldats anglais sont des colonisateurs. Avec eux il y a des prisonniers déportés d'Irlande pour diverses servitudes. Les aborigènes sont pour beaucoup massacrés ou contraints à une forme d'esclavage. Un soir l'officier anglais Hawkins abuse de son pouvoir et de sa force sur Clare une servante irlandaise. Un peu plus tard ce sont trois soldats anglais dont ce même officier qui vont perpétrer l'effroyable : son mari et son petit bébé sont tués devant ses yeux. Alors que ces Anglais sont partis vers une autre ville, Clare persuade Billy, un aborigène, de la guider à travers des forêts pour se lancer à leur poursuite...

Hormis le début et sa fin, le film se déroule exclusivement en pleine nature, au milieu des bois, rivière et montagne. La relation entre Clare et Billy est compliquée puisqu'il y a un fort racisme entre 'whitefella' (les colonisateurs) et 'blackfella' (les aborigènes), mais tout deux sont aussi des cibles pourchassés. Durant cette double croisade il sera question de survie et de perte de repères.

© ecran noir

Dans le film on entend plusieurs langues (l'anglais, le gaélic irlandais, le palawa kani aborigène), le britannique Sam Claflin dévoile un visage brutal de méchant, l'irlando-italienne Aisling Franciosi est surprenante dans ce premier grand rôle avec la révélation Baykali Ganambarr. The Nightingale est dans sa structure proche du genre 'rape and revenge', il y a plusieurs scènes de viol et plusieurs mises à mort un peu éprouvantes, le tout reposant sur un puissant propos féministe et humaniste. Il est déjà certain que The Nightingale sera cité au palmarès du jury de Guillermo del Toro. Un film de genre réalisé par une femme remportera-t-il le Lion d'or ? C'est devenu très probable.

Après 74 éditions, la Mostra de Venise, n'a récompensé que quatre femme : Margarethe von Trotta (1981), Agnès Varda (1985), Mira Nair (2001) et Sofia Coppola (2010). Une cinquième Lionne d'or sera-t-elle couronnée demain?

L’instant Glam’ : Charlotte Gainsbourg, Asia Argento, Xavier Dolan…

Posté par cynthia, le 22 mai 2014

xavier dolanOyé oyé cinéphiles! Huitième jour sur la Croisette hier. Croisette qui ressemblait davantage à la Tamise à cause de la pluie. Mais si les parapluies régnaient en maître au Festival de Cannes, ce n'était pas le cas des cols roulés ou des doudounes. Les stars savent rester sexy même par grand vent.

L'acteur Barry Ward en est la preuve vivante. Avec ses faux airs à la Colin Firth, l'acteur irlandais a illuminé les marches de cannes de sa mèche grisonnante pour présenter Jimmy's Hall. A ses côtés, la belle Aisling Franciosi et ses yeux de chat presque hypnotiques. Enveloppée dans une robe blanche qu'elle avait agrémenté d'une cloche en guise de pochette, la belle nous a presque fait oublier la faute de goût de sa partenaire Simone Kirby qui a monté les marches revêtue d'un aluminium bleu en guise de robe. On en avait mal aux yeux sur la croisette.

Faute de goût aussi pour Asia Argento et son look "je vais boire un verre avec des potes ce soir". L'actrice arborait un t-shirt noire transparent qui laissait entrevoir son énorme tatouage ainsi qu'une veste de costard aux larges poches. Asia nous avait habitué à son style rock et psychédélique mais en ce huitième jour de festival elle a littéralement fait un fashion faux pas. Elle avait plus l'air d'une camionneuse que d'une punk star à l'esprit rebelle. A quelques centimètres d'elle, la légendaire Charlotte Gainsbourg, qui a subit une attaque de souris avant d'arriver à Cannes. "Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous..." C'est la seule explication que j'ai trouvé à sa robe (gruyère) noire couverte de trous.

Quelques heures plus tard ce fut la montée des marches de l'équipe du film Mommy (qui était en retard) qui a marqué les esprit. Xavier Dolan, jeune réalisateur (25 ans), a attiré tous les regards avec sa jolie tête blonde, tandis que lui cherchait du regard si un athlète tatoué pouvait lui servir de roomate après sa soirée. Il est vrai que depuis la diffusion de son Mommy, son nom était déjà sur toutes les lèvres. Sa prestance n'a fait qu'accentuer la chose. Il fera sans nul doute longtemps parler de lui avec son charme et sa classe sans pareil. En costume bleu et chemise noir, il se démarque de l'habituel look pingouin présent sur les marches (costume noir, chemise blanche) et de ce fait, il a marqué l'assemblée de son originalité. Va-t-il en faire autant avec son œuvre? Autre membre du film, l'actrice Anne Dorval vêtue entièrement de noir. Classique certes, mais efficace. L'actrice tremblait autant que le reste de l'équipe du film.

Bon, Cannes c'est pas le purgatoire non plus : on respire et tout va bien se passer. D'ailleurs c'est déjà presque terminé. Les marches, les cliquetis des photographes, la chaleur, la pluie et les tétons qui pointent derrière une robe transparente ne seront bientôt plus qu'un doux souvenir de printemps.