Le CNC va aider l’édition de livres de cinéma

Posté par vincy, le 1 février 2017

Le CNC veut s'impliquer davantage dans l'édition du livre de cinéma.
La présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée, Frédérique Bredin, a déclaré dans un communiqué: "J’ai souhaité créer le prix CNC du livre de cinéma pour que la cinéphilie grandisse encore un peu plus en France."

Pour cela, l'institution créé un Prix du livre de cinéma. Jusqu'ici seuls le Syndicat français de la semaine de la critique distinguait cette catégorie de livres. Il sera décerné en avril et concerne aussi bien des essais sur le cinéma ou l’audiovisuel, des biographies, des monographies que des beaux-livres.

Les ouvrages candidats devront être édités au cours de l’année 2016-2017.

10000 euros de dotation pour le livre primé

Le prix sera doté d’une somme de 5000 euros pour l’auteur de l’ouvrage et de 5000 euros pour l’éditeur afin qu'il puisse assurer une meilleure promotion du livre récompensé. Le jury se réunira en en avril. Présidé par Yasmina Reza, il sera composé de la rédactrice en chef d'Ecran Total, Salma Belabes, du patron du groupe Fnac Darty, partenaire du prix, Alexandre Bompard, de l'animateur et journaliste François Busnel,du Président du Centre national du livre Vincent Monadé, du directeur du Figaro littéraire, Etienne de Montety, et du libraire toulousain Christian Thorel.

Mais le CNC ne s'arrête pas là, conscient que l'édition de livres de cinéma est fragile. Si les grands auteurs font l'objet de documents parfois pointus ou passionnants (louons le travail de Capricci), si les stars sont régulièrement traitées (plus ou moins bien, du pire avec les biographies non autorisées au meilleur avec les beaux livres de Taschen), des pans entiers du 7e art sont complètement oubliés.

80000 euros d'aides pour une dizaine de projets éditoriaux

Les membres du jury auront donc également en charge d'accompagner "de façon plus structurante, en amont de leur publication, l’édition de livres de cinéma, en ayant un effet incitatif sur les éditeurs."

Les jurés se réuniront deux fois par an (avril et novembre 2017). Ils devront choisir une dizaine de projets éditoriaux, qui recevront d'une aide de 3 à 10 mille euros, pour une enveloppe totale de 80000 euros. "Les candidats, éditeurs et auteurs, seront auditionnés par les membres du jury afin de mieux appréhender les projets présentés" précise le CNC.

Le CNC veut faciliter le passage du court au long métrage

Posté par vincy, le 4 décembre 2015

Emergence Marion Desseigne Ravel durant le tournage de son Exercice, "Homéopathie" © Marie AUGUSTIN

Trois nouvelles mesures pour l’aide au développement de projets de films de long métrage ont été annoncées par le Centre national du cinéma et de l'image animée.

Frédérique Bredin, la présidente du CNC, a annoncé le 3 décembre la création d’un nouveau dispositif visant à soutenir le passage du court au long métrage et de nouvelles mesures permettant de financer d’autres aspects du développement d’un long métrage.

"Intégré au dispositif sélectif d’aide au développement (doté de 3,3M€ en 2015), ce nouveau soutien proposera d’accorder, à une entreprise de production et un réalisateur qui ont précédemment produit et réalisé ensemble au moins une œuvre cinématographique de courte durée, une aide complémentaire spécifique qui doublera l’aide éventuellement accordée au préalable par la commission" explique le communiqué. "Il permettra de financer d’autres types de dépenses de développement, également nécessaires à la finalisation d’un projet de long métrage, qui pourra ainsi mieux convaincre des partenaires et réunir des financements" précise-t-il.

Le court et le long, deux mondes à part

Dans le rapport d'Anne Bennet, remis en octobre dernier, il était souligné que 24% des sociétés produisaient des courts et des longs métrages pour le cinéma. Plusieurs initiatives existent déjà pour accompagner le passage vers le long métrage (Emergence, Cinéfondation, Next step). Cependant dans une étude publiée par la Société des réalisateurs de films, il était indiqué que la moitié des primo-réalisateurs seulement (55%) vécu "la réalisation de courts métrages comme un tremplin vers le long métrage (dont 38% qui ont gardé le même producteur que sur leur court métrage). Les 45% restants dénoncent l’écart significatif qui existe entre le monde du court métrage et celui du long métrage – deux mondes sans passerelle. Les réalisateurs pointent du doigt la mauvaise exposition et les aberrations de la diffusion de leurs films courts, primés ou non. Ces films sont peu regardés, et ils ont le sentiment de devoir tout recommencer à zéro lorsqu’ils passent au long métrage. Certains soulignent même que faire un court demande presque autant d’énergie que de faire un long, alors que la reconnaissance – artistique comme financière – reste très faible."

La musique de film intégrée dans les critères d'aide

La deuxième mesure apportera des soutiens spécifiques aux projets émanant de sociétés qui se seront mutualisées, à la condition que ces projets aient été retenus par la commission. Là aussi la mutualisation notamment des jeunes producteurs étaient un souhait du rapport Bennet, qui demandait davantage de soutien de la part du CNC.

Enfin, la troisième mesure soutiendra les projets, aidés par la commission, associant un compositeur de musique originale dès le stade du développement. Une mesure longtemps réclamée par l'Union des compositeurs de musiques de films.

Ces mesures seront effectives dès le premier dépôt des demandes d’aide de l’année 2016. C’est la commission présidée par Jérôme Deschamps qui en assurera la mise en application. Lors du renouvellement en aoput de cette commission, qui a pour vocation d'encourager les entreprises de production à développer des projets de qualité, il avait été annoncé qu'un volet spécifique serait mis en place d'ici la fin de l'année. La commission a validé 119 projets en 2014 pour un montant de plus de 3 millions d'euros.

Aides publiques au cinéma : la France et l’Allemagne font plier l’Europe

Posté par vincy, le 16 novembre 2013

La Commission européenne a adopté les nouvelles règles concernant les aides publiques au cinéma et à l'audiovisuel. Le commissaire chargé de la concurrence Joaquin Almunia a fait l'annonce jeudi 14 novembre : ces règles maintiennent le système actuel défendu notamment par la France. Il aura fallu trois consultations publiques, deux ans de discussions et de nombreux allers-retours entre la Commission européenne et les différents Etats-membres pour obtenir cette réforme.

Le réexamen de la territorialisation des aides, l'un des deux points litigieux, était prévu depuis  le précédent texte européen qui datait de 2001 (et qui a expiré il y an an). La Commission jugeait ce dispositif comme une entrave à la liberté de circulation des biens et services, au nom de l'exception culturelle. Interprétation juridique spécieuse. Dans son viseur, il y avait la discrimination des aides publiques. Finalement, l'Europe a renoncé à interdire "toute restriction à la prestation de service sur l'origine des biens et services".

Le nouveau cadre des subventions dans ce secteur permettra toujours aux Etats ou aux régions d'aider des oeuvres tout en imposant, en échange, que les tournages s'effectuent sur leur territoire et non pas dans des pays à bas coût (l'Europe centrale était notamment visée). A l'origine, la Commission trouvait les montants des aides trop élevés. Elle voulait aussi réduire considérablement le lien entre aide et territorialisation. Le CNC (Centre national du Cinéma et de l'image animée) avait calculé que les délocalisations de tournages qu'aurait pu entraîner le texte menaçait 10 000 à 16 000 emplois.

Extension du domaine des aides

Le nouveau texte maintient donc l'autorisation pour les collectivités qui accordent des aides d'exiger qu'au moins 50% du budget du film soit dépensé sur leur territoire, et jusqu'à 80% selon le montant des subventions, conformément à ce que prévoit actuellement le système français. 80% est un maximum et concerne  les œuvres dites "difficiles" , par exemple un film utilisant une langue rare ou des films de niche. Les Etats pourront eux-mêmes définir cette catégorie. Plus généralement, l'aide publique à un film ne doit pas dépasser 50 % des coûts de production du film mais il passe à 60 % pour les coproductions. Enfin, les aides publiques sont étendues à toutes les étapes de la chaîne : réalisation, production, écriture, soutien aux salles... Et last but not least, ce texte n'a plus de limitation dans le temps.

La France a obtenu par deux fois depuis plus d'un an le report de la publication du texte et a finalement réussit à avoir gain de cause sur une prérogative européenne, soutenu par plusieurs pays, comme l'Allemagne soucieuse de conserver ses tournages sur son territoire. La ministre de la Culture et de la communication Aurélie Filippetti n'a pas manqué de saluer "une victoire majeure" pour le cinéma français. En France, toutes les organisations professionnelles sont satisfaites de cette décision. Elles craignaient que la réforme ne fasse une entorse au principe de l'exception culturelle, elle-même fragilisée par l'actuelle politique libérale de la Commission européenne.

Dans la foulée, la ministre a annoncé la tenue les 11 et 12 avril au Palais de Chaillot à Paris d'un "Forum sur l'Europe et la Culture".

150 millions d’euros en moins pour le CNC : la numérisation des films menacée

Posté par vincy, le 29 septembre 2012

L'Etat va ponctionner 150 millions d'euros dans les caisses du CNC (voir notre actualité d'hier). Et cela pourrait avoir un impact sur le chantier de la numérisation des oeuvres du patrimoine, qui vient de commencer.

Eric Garandeau, président de l'institution, a déclaré au Monde : "Ces 150 millions d'euros, c'est justement la réserve dont nous disposons pour dresser l'inventaire des oeuvres, les restaurer et les numériser. Cette enveloppe sert aussi à soutenir le passage au numérique des petites salles de cinéma, et des circuits itinérants. Ces chantiers risquent de passer à la trappe, ou bien il va falloir ralentir le calendrier, et rééchelonner les contrats." La cinémathèque en ligne, qui est un outil d'éducation artistique, ne semble pas menacée.

Deux formes d'aides existent pour la numérisation des films. Le grand emprunt et le dispositif du CNC pour les films dont la rentabilité n'est pas assurée (voir notre actualité du 21 mars dernier). A en croire le CNC, cette aide aux films vulnérables pourraient faire les frais de la baisse du budget du CNC.

Il faut compter en moyenne 100 000 euros pour restaurer et numériser un film (les aides s'étalent entre 40 et 90 milles euros). En juillet, des films comme Le Joli Mai de Chris Marker, Jour de fête, Playtime et Mon oncle de Jacques Tati, Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier, Peau d'âne de Jacques Demy ou encore Jacquot de Nantes d'Agnès Varda avaient été retenus lors de la première session.

Cette semaine, la deuxième session vient de rendre son verdict. Le groupe d'experts d'aide à la numérisation des œuvres du CNC a décidé d'aider 16 longs métrages, de 45 000 euros à 150 000 euros : L'homme de Rio et Les tribulations d'un chinois en Chine de Philippe de Broca, Le carrosse d'or de Jean Renoir, Hiroshima mon amour d'Alain Resnais, Shoah de Claude Lanzmann (le plus cher), L'assassin musicien et em>Les enfants du placard de Benoît Jacquot, et 9 films de Robert Guédiguian (dont Marius et Jeannette). Six courts métrages sont également concernés (dont certains signés d'Alain Cavalier ou Cyril Collard).

Toute une filière en danger

C'est autant de travail pour les laboratoires mentionnés dans les dossiers : Eclair, Digimage, Mikros et l'italien Immagine Ritrovata. Des industries techniques qui souffrent depuis quelques années (on se souvient du feuilleton autour de la faillite de Quinta Industries l'an dernier). La réduction du chantier de numérisation, lancé en grande pompe en mai au Festival de Cannes, aurait des conséquences sur l'emploi et la filière toute entière alors que la France dispose d'un véritable savoir-faire dans le domaine.

Surtout, alors que l'Hadopi est en voie de disparition (budget réduit pour l'an prochain, mission Lescure pour trouver d'autres solutions), c'est l'offre légale (et sa diversité) qui est menacée. Or, le gouvernement actuel a fait de cette offre légale un pilier essentiel de sa lutte contre le piratage.

Eric Garandeau, dans un récent discours, rappelait que "Le basculement dans le "tout numérique" est synonyme de mondialisation totale, immédiate : une simple vidéo postée sur un réseau social acquiert une audience potentiellement mondiale... ou peut rejoindre le cimetière des oeuvres jamais vues car jamais visibles sur les moteurs et les portails." Un film du patrimoine qui n'est pas numérisé est un film qui part au cimetière.

Cela n'empêchera pas le CNC de tenir sa prochaine session le 15 novembre. Les dossiers doivent être déposés au plus tard le 15 octobre. Mais combien de films seront retenus? Et en 2013, quel sera le programme...?