Un livre entre cinéphilie et Geek-art

Posté par vincy, le 2 novembre 2017

Cette semaine en librairie vous pouvez trouver L'Art de Mondo, un beau livre publié par Huginn & Muninn. Mondo, kézako? Il s'agit d'une succursale d'un cinéma culte, le Alamo Drafthouse à Austin, la ville progressiste et universitaire (et par ailleurs capitale) du Texas. Mondo est une référence pour les amateurs d'affiches de cinéma qui sont revisitées par des illustrateurs, graphistes, artistes ou dessinateurs, mélangeant ainsi art, pop culture, et cinéma.

Depuis 2004, c'est devenu une marque et un style, le Geek-art. Ils sont vendus en quantités limitées (de 100 à 375 exemplaires) et font le bonheur des collectionneurs. Le livre compile une grande partie de ces "posters" uniques - Gremlins, Inglorious Bastards, Les Dents de la mer, Halloween, The Royal Tenenbaums, Drive, Star Trek… - qui offrent une nouvelle jeunesse à des affiches de films cultes. Le livre, en plus des affiches, propose aussi des commentaires des auteurs, désormais sollicités par les réalisateurs eux-mêmes.

Ceci n’est pas un gag: Gotlib est mort (1934-2016)

Posté par vincy, le 4 décembre 2016

Superdupont, le Gai-Luron, Newton et sa pomme, Adjani, Woody Allen, Chabrol, les Marx Brothers, Delon ou encore Truffaut; Gotlib, de son vrai nom Marcel Gotlieb, les a tous croqués. Le créateur de L'Echo des Savanes et de Fluide Glacial, grand prix à Angoulême en 1991, meilleur caricaturiste à New York en 1972, passé par Pilote (grâce à René Goscinny) et inventant un double sous la forme d'une coccinelle, était l'un des auteurs et dessinateurs majeur du XXe siècle. Son humour noir, décalé, trash, son athéisme revendiqué, ses questions existentielles en ont fait un humoriste hors pair.

Gotlib, né en 1934 et mort le 4 décembre 2016 à l'âge de 82 ans, avait aussi été scénariste pour le cinéma: Les vécés étaient fermés de l'intérieur de Patrice Leconte en 1976, Bonjour l'angoisse de Pierre Tchernia en 1988 et Piège à sons de Philippe Dorison en 1993, en plus du téléfilm Strangers dans la nuit de Sylvain Madigan en 1991. Il a notamment inspiré Albert Dupontel et le Splendid.

Il a aussi été acteur, dans le premier film de son ami Patrice Leconte, un moyen métrage qui lui était dédié, Tout à la plume, rien au pinceau (And my name is Marcel Gotlib) en 1970. Leconte l'a aussi enrôlé en chimiste dans Le Laboratoire de l'angoisse. Il a aussi joué chez Doillon (L'an 01, Les doigts dans la tête), Gérard Krawczyk (Je hais les acteurs), Didier Tronchet (Le Nouveau Jean-Claude), et Laurent Baffie (Les clefs de bagnole).

Toujours pour le cinéma, dans Le Viager de Pierre Tchernia (1972), il a réalisé la séquence animée de description du principe du viager : pour La Première Folie des Monty Python, premier film des cultissimes Monty Python, et pour Elle voit des nains partout!, il dessine les affiches.

Et puis, il a produit dans les années 1990, une série de courts gags animés, La Coccinelle de Gotlib, pour Canal+.

Il a souvent rendu hommage au 7e art dans ses albums. Notons celui qui est consacré au cinéma, Cinemastock.

Au Musée du Quai Branly, cheveux au cinoche et affiches gores ghanéennes

Posté par vincy, le 27 février 2013

demonic cat poster cinema ghana quai branlyLe Musée du Quai Branly célèbre le 7e art pour les vacances d'hiver.

Depuis hier, et jusqu'au 19 mai, la Mezzanine centrale accueille une exposition singulière, "Le rire, l'horreur et la mort" (tous les détails et informations pratiques) : des affiches peintes pour des vidéoclubs et des images des morts au Ghana. Les affiches, acquises il y a 10 ans par le musée, étaient exposées dans les vidéoclubs du pays africain à partir des années 80. Elles étaient réalisées à la demande par des artistes ou des ateliers collectifs, dans un style à la fois naïf, délirant et violent. Les films d'horreur étaient souvent produits au Ghana et au Nigéria, première puissance cinématographique africaine avec un "Nollywood" exclusivement dédié aux productions locales (2000 films vidéos par an).

Si le cinéma d'auteur est quasiment absent au Ghana (il reste une production assez vivace de documentaires), les productions populaires ont foisonné dès les années 80, souvent distribuées de manière anarchique. Le public est friand de films mêlant le fantastique africain, la violence du quotidien et le cinéma d'horreur hollywoodien. Entre sorcellerie et messages religieux, sujets politiques (souvent filmés sous forme de métaphores) et pouvoirs occultes, le visiteur découvre à travers cette exposition un cinéma inconnu en Occident, où le burlesque, les outrances, l'hémoglobine et les fables font bon ménage.

Vous pouvez voir 7 exemples d'affiches sur notre Tumblr.

affiche cycle cinéma cheveux chéris quai branlyMoins gore et plus glamour, le musée propose également le cycle cinéphile "Rien que pour vos cheveux" du 2 au 10 mars (tout le programme). L'accès est libre et gratuit, dans la limite des places disponibles. Les films accompagnent l'exposition Cheveux chéris, toujours à l'honneur au Quai Branly.

La programmation est aussi riche et variée que nos couleurs et tracés capillaires : The Shanghai Gesture, de Josef von Sternberg, avec la sublime brune Gene Tierney ;  Black Panthers, documentaire d’Agnès Varda ; Foxy Brown, de Jack Hill, avec l'icône afro-américaine Pam Grier ; Mirage de la vie, de Douglas Sirk, avec la blondissime Lana Turner ; Soldat Bleu, de Ralph Nelson, avec la classe Candice Bergen ; Tabou, de Friedrich Wilhelm Murnau, avec la mystérieuse tahitienne Anne Chevalier ; La fête du feu, d’Asghar Farahdi, avec la jeune et jolie persane Taraneh Allidousti ; Adieu ma concubine, de Chen Kaige, Palme d'or à Cannes, avec une Gong Li au sommet de sa beauté et un Leslie Cheung travesti ; et enfin Good Hair, documentaire de Jeff Stilson réalisé en 2009 et primé à Sundance, où l'on aperçoit Chris Rock, Ice-T et Kerry Washington (Django Unchained).

A cela s'ajoute une riche programmation ludique et pédagogique : un parcours-atelier guidé par des vidéos et le coiffeur-blogueur Frédéric Birault (du blog CutbyFred) et des lectures de contes et légendes où apparaissent cheveux et chevelures sur différents continents ; des échanges et des rencontres avec des artistes et des associations ont également lieu le 8 mars à l’occasion de la Journée de la Femme.

Wong Kar-wai : les premières affiches de son film confirment un changement de titre et de date

Posté par vincy, le 27 novembre 2012

Attendu depuis presque trois ans, le nouveau film de Wong Kar-wai semble être prêt. "Initialement", le film devait finalement sortir dans les salles chinoises le 18 décembre. Cependant, si on en croit les nouvelles affiches chinoises, The Grandmasters, rebaptisé The Grandmaster (après avoir été aussi intitulé The Grand Master), les spectateurs chinois pourront s'imprégner de kung-fu le 8 janvier 2013. On n'est plus à trois semaines près...

Kar-wai, semble-t-il, avait besoin de refaire quelques plans cet automne et n'a pas pu remonter le film dans les temps. Il est donc quasiment certain que 2013 sera la bonne : pour son avant-première internationale, le film pourrait être à Berlin, où Kar-wai est président du jury, ou à Cannes, où le Maître a ses habitudes : dans les deux cas, le film sera certainement hors-compétition.

The Dark Knight Rises répondra-t-il aux attentes ?

Posté par matthieu, le 8 juillet 2012

"Cela fait huit ans que Batman a disparu dans la nuit, passant, à cet instant précis, d'un héros à un fugitif. Assumant la responsabilité de la mort du procureur Harvey Dent, le Chevalier noir a tout sacrifié, car lui et le commissaire Gordon espéraient qu'ils le faisaient pour le bien de tous. Pendant un moment, le mensonge a fonctionné, et la criminalité à Gotham City a été écrasée par la loi Dent contre le crime organisé." Tel est le synopsis enfin révélé du film le plus attendu de l'été 2012, The Dark Knight Rises, aka Batman 3.

Après avoir dépassé le milliard de dollars de recettes il y a quatre ans avec le second volet de la trilogie de Batman réalisée par Christopher Nolan, puis d'avoir encore atteint 825 millions de $ de recettes avec Inception du même Nolan, Warner Bros s'avère bien décidée à ne pas lâcher le jeune prodige et de tirer un maximum de recettes de l'epic conclusion d'une saga ayant littéralement scotché critiques, cinéphiles, fans, comics et autres geeks.

La malédiction du troisième épisode

Attendu au tournant, la pression, augmente face à des enjeux qui ne sont pas que cinématographiques. D'autant qu'à Hollywood, il y a une sorte de malédiction sur les fins de trilogie (Spider-Man 3X-Men 3, Matrix Revolutions...). Même Nolan, adulé par les foules depuis The Dark Knight, culte depuis Memento, maniant une forme d'auteurisme avec des budgets extravagants (250 millions de dollars pour The Dark Knight Rises, hors coût marketing), joue gros. Hormis Peter Jackson et son diptyque de The Hobbit, toujours produit par la Warner, aucun cinéaste confirmé n'a un tel poids sur les épaules cette année. Les 165 minutes de The Dark Knight Rises vont devoir marquer le cinéma hollywoodien contemporain, comme l'a fait le précédent volet quatre années plus tôt. Alors qu'Hollywood limite de plus en plus les risques, ne s'aventurant plus dans des blockbusters originaux, oubliant de donner une profondeur à ses scénarios voire se contentant de produits sans personnalité, Nolan et Warner doivent montrer qu'une autre voie est possible.

Bien entendu, comme évoqué plus haut, le premier enjeu est d'être rentable. Avec 600 millions de $ au box office mondial, les actionnaires du studio seront rassurés mais cela ne suffira pas. Batman 3 doit atteindre le milliard de dollars. Autrement il apparaîtra comme un triomphe relatif. D'autant que le champion de l'année, The Avengers a dépassé Batman 2 tant aux USA qu'à l'international.

Objectif Avengers?

Outre un marketing viral qui a mis le paquet pour attirer les spectateurs, entre applications iOS, affiches, teasers, spot TV, teasers, trailers, jeux ludiques dans les villes pour découvrir des nouveautés, tout a été pensé pour faire parler d'un film qui joue sur plusieurs niveaux, essayant à la fois de viser le grand public mais aussi les cinéphiles plus exigeants et adeptes du pessimisme noir de la franchise. Le jeu vidéo, lui, ne sortira qu'à l'automne, pour les fêtes. Pour répondre à cet enjeu de taille pour la Warner et DC Comics, le film sera projeté sur près de 15 000 écrans dans le monde (soit 4 000 de plus que le précédent volet), espérant ainsi  enterrer The Avengers de Disney/Marvel : une fausse bataille puisque chacun des deux studios se sert de temps en temps de l'autre pour diffuser ses bandes annonces avant la projection d'un nouveau film de super-héros.

Si la Warner est confiante, elle se rappelle qu'elle revient de loin. Après les deux films de Tim Burton, la franchise s'est écroulée artistiquement, ne servant qu'à vendre des produits dérivés. Et le premier volet de Nolan, Batman Begins, n'a récolté que 205 millions de dollars en Amérique du nord et seulement 167 millions de $ dans le reste du monde. The Dark Knight fut une surprise pour le studio, aidé par une presse et des spectateurs unanimes et la mort d'Heath Ledger (alias le légendaire Joker) qui attira les caméras sur son (à peu près) dernier grand rôle. Rien ne laissait présager des scores qui allèrent jusqu'à tripler : En Allemagne, 6,9 ??millions de dollars sur le premier volet, 30,5 millions de dollars pour le second; +300% en Corée du Sud, passant de 6 à 25,4 millions de dollars; +265% en Australie, etc... Mais il faut faire mieux encore.

Un chevalier faible à l'international

Pour autant, le "reste du monde" est l'endroit où The Dark Knight a souffert d'une plus large disparité en terme de résultats économiques, contrairement à la trilogie Spider-Man de Raimi ou le récent Avengers. Là où aux États-Unis le film a côtoyé l'insubmersible Titanic, en France ce fut un "misérable" résultat de 3 millions d'entrées. La Warner a donc dû jouer sur d'autres niveaux, organisant des avant-premières événementielles dans les grandes villes du monde et mettre en avant le nom de Nolan , auteur respecté, mais surtout un casting composite avec des personnalités diverses : la populaire et sexy Anne Hathaway, l'oscarisée et européenne Marion Cotillard, les beaux gosses d'Inception Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt. Le marketing subtil de Warner montre essentiellement le match Christian Bale / Tom Hardy. Mais les autres têtes d'affiches vont vite faire leur apparition une fois le film sorti afin de séduire un public plus large (féminin notamment). La campagne marketing (les affiches sont sur les frontons des cinémas depuis le 26 juin en France) n'en finit plus de dévoiler de nouveaux posters et de distiller de nouvelles informations.

Difficile de ne pas évoquer ce fait, The Dark Knight Rises adopte un moyen de promotion quasiment inédit de nos jours : ne rien dévoiler d'un film et laisser une surprise absolue au spectateur. Le synopsis officiel lui-même n'a été dévoilé que dernièrement. Quant aux images des bandes annonces (à chaque nouveau trailer, de nouvelles images), il s'agit très certainement des images de la première moitié du film comme c'était le cas pour la promotion du précédent volet. Sans conteste, Christopher Nolan s'amuse à aiguiser le désir jusque dans la publicité construite pour attirer les spectateurs. Cela devrait fonctionner afin de satisfaire les fans qui découvriront  un grand final qu'on espère spectaculaire. Le bouche à oreille fera le reste.

Tweets dithyrambiques

Maintenant que la première projection presse mondiale est passée (vendredi 6 juillet), inutile de dire que la presse américaine (on relativise vu le niveau : un journaliste a twitté qu'il avait donné 7,5 à Amazing Spider-Man, 8 à Avengers et qu'il mettrait 9 à TDKR) s'est emballée une nouvelle fois et les réactions dithyrambiques ont envahit le fil de gazouillis : "parfaite conclusion d'une trilogie", "le meilleur film de la trilogie", ... Certains parlent déjà d'Oscars. On attendra de voir, vraisemblablement durant la semaine du 16 juillet.

Tout juste âgé de 41 ans,  Nolan, que Warner a décidé de ne plus lâcher, a encore beaucoup à offrir à ses spectateurs et aux studios bien décidés de ne pas perdre leur poule aux oeufs d'or, lui offrant volontiers toutes les libertés qu'il souhaite à chacun de ses nouveaux longs-métrages. Quant aux enjeux de The Dark Knight Rises, le plus important ne sera pas seulement l'accueil critique et public. Mais bien l'impact artistique : espérons en effet que les productions hollywoodiennes sauront prendre son exemple en proposant des oeuvres moins conformistes ou convenues et les inciter à tourner films plus audacieux, avec des prises de vues réelles et des scénarios réjouissants. Comme au bon vieux temps... Il est est étonnant de voir que les parcours de Nolan, Cameron, Lucas, Spielberg n'aient pas servi de leçons à des studios qui cherchent une recette pour leurs recettes alors que le public désire avant tout des émotions mémorables plutôt que de des sensations vite oubliées.

Moyen-Orient (4/4) : Abboudi Abou Jaoudé dispose d’un trésor de 20 000 affiches de films…

Posté par vincy, le 17 juillet 2010

Abboudi  Abou Jaoudé affiches de filmsAbboudi Abou Jaoudé est un cinéphile pur et dur. Dans son sous-sol de Beyrouth, il a entassé 20 000 affiches de 5 000 films, certaines remontant aux années 30. Il a probablement la plus grande collection de posters de films libanais mais aussi de précieuses raretés syriennes, irakiennes, et surtout égyptiennes.

Cet éditeur du quartier d'Hamra regrette le temps où les dizaines de cinéma de la capitale libanaise lui permettait de manquer la messe du dimanche. Il a débuté sa collection dans les années 50 : des affiches aux couleurs vives conçues par des artistes de l'époque offrent l'occasion d'un voyage en arrière et reflètent les différents styles et cultures populaires du siècle dernier. On revoit ainsi les stars d'une époque : Fairouz, Sabah, Samira Toufic, Chams el-Baroudi et Abdelhalim Hafez

Sa plus ancienne est celle du film égyptien de 1933, Al Warda al-Baydaa (La Rose Blanche). La plus vieille affiche d'un film libanais remonte à 1958, Al Shams La Tagheeb (Le soleil ne se couche jamais). A travers cette collection, il remarque que le monde arabe est devenu conservateur et censurerait la plupart, où des actrices peu vêtues posaient avec provocation pour aguicher le spectateur.

Depuis les années 70, il voyage à travers le Moyen Orient pour enrichir sa collection, qui comprend aussi des films occidentaux comme Les temps modernes de Charlie Chaplin. Un patrimoine inestimable aujourd'hui pour comprendre le cinéma arabe. Il souhaiterait créer un institut pour les entreposer, et surtout les préserver. L'ambassade de France envisage de l'aider en finançant une partie de ce projet.