Cannes 2019 : La star du jour… Hafsia Herzi

Posté par wyzman, le 16 mai 2019

Si le nom de Hafsia Herzi ne vous dit rien, c’est bien dommage.

En effet, elle est depuis 2007 et La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche une actrice à suivre de près. Après avoir présenté en 2011 deux films en compétition (La Source des Femmes de Radu Mihaileanu et L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello), elle effectuera cette année une nouvelle montée des marches.

Au casting de Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche (la suite de Canto uno), elle sera accompagnée du réalisateur mais également de ses partenaires Shaïn Boumedine, Ophélie Bau et Salim Kechiouche.

Et comme le hasard fait bien les choses, Hafsia Herzi présentera en parallèle son premier long-métrage Tu mérites un amour lors d’une Séance spéciale à la Semaine de la critique. Celui-ci concourt pour la Caméra d’or et la Queer Palm.

Cannes 2019: Tarantino, Kechiche, Noé et des Ours en sélection officielle

Posté par vincy, le 2 mai 2019

Pas de Kore-eda, mais Tarantino (attendu, avec un DiCaprio qui sera aussi présent avec un docu en séalce spéciale), Kechiche (déjà su et toujours en montage) s'ajoutent en compétition. Avec un deuxième film d'animation dans Un certain regard, un moyen métrage de Gaspard Noé avec Béatrice Dalle et Charlotte Gainsbourg en séance de minuit, et deux cinéastes latino-américains notoires en séances spéciales, la sélection officielle s'enrichit de 9 titres.

Compétition

Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino

Mektoub, My Love : Intermezzo d’Abdellatif Kechiche

Séances de minuit

Lux Æterna de Gaspar Noé

Un certain regard

La fameuse Invasion des Ours en Sicile / La famosa invasione degli orsi in Sicilia de Lorenzo Mattotti

Odnazhdy v Trubchevske de Larissa Sadilova

Séances spéciales

Chicuarotes de Gael García Bernal

La Cordillère des songes / La Cordillera de los sueños de Patricio Guzmán

La Glace en feu / Ice on Fire de Leila Conners

Ward 5B de Dan Krauss

Cannes 2019 : Intermezzo, la suite de Mektoub My Love d’Abdellatif Kechiche entre en compétition

Posté par wyzman, le 26 avril 2019

Selon les informations de nos confrères de RTL, Abdellatif Kechiche serait de nouveau en compétition, 6 ans après le prix FIPRESCI et la Palme d'or remis à La vie d'Adèle.

Une sélection attendue

Voilà plusieurs heures que la rumeur circule. En sera-t-t-il ? N'en sera-t-il pas ? A en croire Satellifax, Intermezzo a bel et bien été proposé au comité de sélection du Festival qui l'a visionné pas plus tard que ce mardi. Si aucune annonce officielle n'a encore été faite (le premier montage de 4 heures pourrait poser problème), cela ne saurait tarder.

Distribué par Pathé, Intermezzo est la suite de Mektoub, My Love: Canto Uno, le film d'Abdellatif Kechiche sorti le 21 mars 2018 et qui, pour rappel, est une adaptation libre du roman La Blessure, la vraie de François Bégaudeau. Si les cadres spatio-temporel et socio-culturel ont été modifiés, le film a ravi le public et la presse. Loin d'être un succès commercial à l'inverse de La vie d'Adèle, Mektoub, My Love: Canto Uno a entamé sa carrière en sélection officielle à la Mostra de Venise 2017 où il a malheureusement été éclipsé par La Forme de l'eau de Guillermo del Tero, Foxtrot de Samuel Maoz et Three Billboards de Martin McDonagh.

Ce faisant, Abdellatif Kechiche retrouvera Arnaud Desplechin (Roubaix, une lumière), Ladj Ly (Les Misérables), Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) et Justine Triet (Sybil) parmi les Français déjà en compétition.

Cabourg 2018 : Grand Prix pour Ága de Milko Lazarov et Swann d’or pour Mektoub my love d’Abdellatif Kechiche

Posté par kristofy, le 17 juin 2018

Cabourg, amours toujours... glamour et humour. Ce 32e Festival du Film de Cabourg a été une nouvelle fois un succès avec des salles pleines de spectateurs (à Cabourg autant qu'à Dives-sur-mer et Houlgate, car le festival est en expansion) et du soleil, l'occasion de découvrir certains films passés par Berlin ou Cannes mais aussi de nombreux films films français en avant-première, et la venue de talents comme Olga Kurylenko, Anaïs Demoustier, Mélanie Thierry, Vincent Lacoste, Eric Judor, Benoît Poelvoorde...

"Le romantisme littéraire et cinématographique place le romanesque au cœur des récits et permet ainsi quelques échappées belles loin du réel, loin des villes, loin des deuils...." : ces mots d'accueil du festival se sont révélés prémonitoires pour certains films récompensés au palmarès. Le jury présidé par André Téchiné a préféré l'exigence de Ága de Milko Lazarov (qui nous fait découvrir le mode de vie d'une communauté iakoute) plutôt que l'évident Rafiki sur une histoire d'amour lesbienne au Kénya. Le public, lui, a voté pour l'émotion de Monsieur de Rohena Gera (une réalisatrice indienne dont c'est le premier film), qui raconte les espoirs d'une domestique à Bombay, plutôt que pour la légèreté du Guy de Alex Lutz. Leurs regards se sont ainsi portés particulièrement vers le continent asiatique, comme pour étancher une véritable soif de découverte.

Pour ce qui du Swann d'or honorant le film le plus romantiques de l'année, la récompense a été justement décernée à Abdellatif Kechiche (entouré de ses comédiens Roméo De Lacour, Ophélie Bau, Shaïn Boumedine, Hafsia Herzi) et son évocation sublime des jeunes élans amoureux avec Mektoub my love : canto uno sorti en mars. On espère d'ailleurs la suite Mektoub my love : canto due vers fin novembre, après une probable sélection à Venise.

Le palmarès

- Swann Coup de coeur : au dessinateur Sempé, en particulier pour sa bande-dessinée Raoul Taburin adaptée en film par Guillaume Laurent au scénario et Pierre Godeau à la réalisation, avec Benoit Poelvoorde et Edouard Baer.

- Grand Prix du Jury : Ága de Milko Lazarov, sortie à venir le 7 novembre
- Prix de la Jeunesse : Joueurs de Marie Monge, sortie le 4 juillet
- Prix du public : Monsieur de Rohena Gera, sortie prévue le 26 décembre

- Swann d’Or du meilleur film : Mektoub my love : canto uno d’Abdellatif Kechiche
- Swann d’Or du scénario adapté d'une oeuvre littéraire : La Douleur d’Emmanuel Finkiel
- Swann d’Or de la meilleure actrice : Mélanie Thierry dans La Douleur d’Emmanuel Finkiel
- Swann d’Or du meilleur acteur : Pierre Deladonchamps et Vincent Lacoste dans Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré
- Swann d’Or de la Révélation féminine : Clémence Boisnard dans La Fête est finie de Marie Garel-Weiss
- Swann d’Or de la Révélation masculine : Anthony Bajon dans La Prière de Cédric Kahn

- Meilleur court-métrage : Bye bye les puceaux de Pierre Boulanger
- Meilleure actrice court-métrage : Yafa Abu Hijleh dans Bye bye les puceaux de Pierre Boulanger
- Meilleur acteur court-métrage : Jamil McCraven dans Bye bye les puceaux de Pierre Boulanger

Par ailleurs les Prix Premiers Rendez-Vous qui récompensent les débuts à l’écran d’une actrice et d’un acteur dans un  premier grand rôle ont été donné à Laëtitia Clément dans Luna d’Elsa Diringer et à Shaïn Boumedine dans Mektoub my love : canto uno d’Abdellatif Kechiche.

Edito: Le grand retour d’Abdellatif Kechiche

Posté par wyzman, le 21 mars 2018

Après les sorties de l'adaptation trop fidèle de Tomb Raider, du western Hostiles, du Disney Un raccourci dans le temps et de l'atypique L'Affaire Roman J., le cinéma français s'offre un passage en force en ce mercredi 21 mars. Le blockbuster de la semaine n'est autre que Pacifc Rim Uprising, première réalisation de Steven S. DeKnight. Si le précédent volet disposait de nombreux défauts, force est de reconnaître que son histoire et son casting tenaient amplement la route. Ici, John Boyega et Scott Eastwood tentent d'attirer les millenials mais en ont oublié d'être crédibles.

Voilà sans doute pourquoi nous sommes si ravis de voir que les cinéastes francophones ont répondu présents cette semaine. Cinq ans après le très controversé (et inoubliable) La vie d'Adèle, Abdellatif Kechiche est de retour avec Mektoub My Love. Cet excellent drame romantique porté par des acteurs amateurs extraordinaires est doté de répliques infiniment justes et d'une photographie des plus solaires. Conteur hors pair, Abdellatif Kechiche réédite l'exploit survenu sur La Vie d'Adèle : mettre en scène pendant près de trois heures une passion amoureuse aussi délicate que douloureuse. Pour rappel, la suite de Mektoub My Love devrait sortir en septembre.

Mais d'ici là, n'hésitez pas à aller voir La Finale et La Prière. Le premier est une comédie de Robin Sykes qui assoit Thierry Lhermitte en heureux rescapé de sa génération et continue d'étoffer l'image de gendre idéal de Rayane Bensetti. Le second, bien plus sombre et inspiré, s'intéresse à la sobriété et à la rédemption avec une sincérité désarmante. Quatre ans après Vie sauvage, Cédric Kahn en a visiblement toujours sous le coude.

Avant les sorties de Ready Player One (hommage vibrant de Spielberg aux années 1980) et de The Rider (magnifique portait de cow-boy découvert à Cannes), on ne saurait que trop vous recommander de délester temporairement le cinéma américain et de vous laisser surprendre par l'un de ces trois jolis films français.

9 visages à ne pas manquer en 2018: Ophélie Bau

Posté par kristofy, le 27 décembre 2017

Ophélie Bau est encore une inconnue, mais ce ne sera plus le cas au printemps 2018 avec la sortie du nouveau film d'Abdellatif Kechiche Mektoub, My Love (chant 1). Encore une fois, le réalisateur se montre un directeur de casting et un révélateur de nouveaux talents qui a l'oeil. C'est le premier film pour de nombreux jeunes dont Shaïn Boumedine, Lou Luttiau, Alexia Chardard. Déjà présenté en compétition lors du festival de Venise, Mektoub, my love (chant 1) se révèle être autant un marivaudage de dialogues et de corps qu’un épisode de la chronique d’une famille. On a vraiment été séduit par le film, et en particulier par sa révélation absolue: Ophélie Bau'.

Amine arrive de Paris pour des vacances avec sa famille, il surprend Ophélie et Tony en train de faire l’amour, il reste derrière une fenêtre à les regarder avant de sonner pour parler à Ophélie, après le départ de Tony. Alors qu’il y a éventuel projet de mariage avec un militaire, celle-ci avoue qu’elle le voit depuis longtemps... Dès l'ouverture du film, l'actrice impose un corps sensuel. Mais passé ce moment elle devient surtout le visage (et la voix) d'un des personnages forts autour duquel s'articule le film, et derrière lui c'est le talent d'actrice de Ophélie Bau qui irradie. Premier rendez-vous avec elle au cinéma au mois de mars, avant d'autres moments où la retrouver.

Après tout c'est à Kechiche que l'on doit les découvertes de Sara Forestier, Hafsia Herzi et Adèle Exarchopoulos.

Venise 2017 : Abdellatif Kechiche, amours et marivaudage avec « Mektoub, my love »

Posté par kristofy, le 8 septembre 2017

C’était en mai 2013 : Abdellatif Kechiche gagne une Palme d’or au festival de Cannes avec La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2, d’ailleurs presque une triple palme puisque les actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos remportent aussi chacune ce prix. Puis quelques semaines avant la sortie du film en octobre un curieuse polémique survient au travers d'une interview des actrices: Léa Seydoux aurait dit que le tournage a été horrible et qu’elle ne souhaitait pas refaire un film avec lui. Kechiche piqué dans son ego réplique en disant que Seydoux est une privilégiée d’un système, bref le genre de clash ridicule qui fait le sel des news sur le web, avide de répercuter une polémique. Sachant qu’il filme des longues prises à répétition et qu’il y avait du sexe et des larmes, c’est pourtant assez compréhensible d'imaginer que le tournage était peut-être pénible…

L’orgueil de Kéchiche qui ne supporte peu la critique à propos de son tournage (accompagné des protestations de techniciens…) est blessé. Il va même estimer le film sali, alors que personne n’a désavoué la qualité de cette Palme amplement méritée. Mais le mal est fait. Un seul César (pour Exarchopoulos): sa grande œuvre va se faire humilier à la cérémonie glorifiante du cinéma français par Les garçons et Guillaume à table!, pas vraiment du même niveau.

Mai 2017 : Le nouveau film de Abdellatif Kechiche ne sera pas sélectionné à Cannes, pour cause de problème juridique avec un partenaire financier. Le contrat était de livrer un film mais au final, le cinéaste décide en salle de montage d'en faire plusieurs.

Mektoub, my love (chant 1) vient donc d’être présenté en compétition à Venise.

Est-ce qu’il y a matière à une quelconque polémique? Non, comme pour le film précédent.

Est-ce que Abdellatif Kechiche a toujours le même défaut de parfois trop étirer des séquences sans couper et d’être toujours un excellent directeur d’acteurs ? Oui, le film dure 180 minutes (!) et il aurait sans doute gagné à être raccourci, peut-être d’une vingtaine de minutes. Mais il lui faut vraiment cette longue durée de trois heures pour dérouler toute son amplitude.

Les acteurs, et surtout les actrices, sont encore une fois formidables : en particulier les nouvelles têtes de Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Lou Luttiau, Alexia Chardard, et aussi les déjà connus Salim Kechiouche et Hafsia Herzi (leur deuxième film avec lui).

Est-ce que ce film peut prétendre à un Lion d’or où une autre récompense ? Oui, la fin ouverte de Mektoub, my love (chant 1) constitue bien un film entier et solide, sans suite. Une nouvelle fois Abdellatif Kechiche s’inspire d’un livre, La Blessure, la vraie de François Bégaudeau, qu’il a adapté très librement en changeant les âges, les lieux, l’époque.

Ici, le film débute en 1994 dans la ville de Sète le temps d’un été. Amine arrive de Paris pour des vacances avec sa famille, il surprend Ophélie et Tony en train de faire l’amour, il reste derrière une fenêtre à les regarder avant de sonner pour parler à Ophélie, après le départ de Tony. Alors qu’il y a éventuel projet de mariage avec un militaire, celle-ci avoue qu’elle le voit depuis longtemps. Puis Tony et Amine iront à la plage, ils draguent Charlotte et Céline. Celles-ci vont alors sortir avec eux et leurs amis, Charlotte s’amourache de Tony qui lui va de fille en fille, Céline papillonne entre plusieurs garçons et filles, Amine attire plusieurs filles sans rien faire car il semble aimer quelqu'un en secret… Le film se déroule principalement entre plage, restaurant et boite de nuit. A la bande de jeunes se mélange la génération précédente (mère, oncle, tante…). Abdellatif Kechiche reprend quelques motifs typiques de ses films précédents, par exemple une longue scène de sexe, certains corps sont filmés de manière érotisée (en particulier Ophélie Bau et Lou Luttiau). Comme souvent dans son cinéma, il filme aussi une très longue séquence où les jeunes dansent. Mektoub, my love (chant 1) se révèle être autant un marivaudage de dialogues et de corps qu’un épisode de la chronique d’une famille.

Abdellatif Kechiche laisse paraître une certaine sérénité pour ce nouveau chapitre de sa filmographie : "On a tourné 2 volets, et j’envisage de tourner une 3ème partie après Venise. Dans le prochain film des nœuds dramatiques noués dans celui-ci vont se dénouer. Je suis le producteur de mon film, c’est moi qui décide de sa durée. Mektoub c’est le destin, le destin est souvent lié à l’amour. A part Hafsia et Salim, pour les autres acteurs c’est leur première fois à l’écran. Il y a eu un long processus pour chercher les meilleures actrices pour ce film, et je suis fasciné par leur don. Le tournage a été agréable, fluide, léger. Pour ce qui est de la représentation du corps féminin il n’y a rien de machiste dans mon approche, je montre des femmes fortes, puissantes et libres. Le roman a été une source d’inspiration, et le processus d’écriture a duré très longtemps, j’ai changé des choses mais il n’y a rien d’autobiographique. Les années 90 représentent la fin d’un siècle, pour comprendre le présent c’est important de comprendre le passé. Dans les années 80 et 90 je crois que les gens vivaient de manière plus harmonieuse. J’ai essayé de diluer le discours, si discours il y a. Le film se déroule de manière impressionniste, je préfère qu’on reçoive ce film plutôt que le raisonner."

La Palme d’or de « La Vie d’Adèle » à vendre

Posté par vincy, le 8 juin 2017

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydouxAbdellatif Kechiche va vendre aux enchères sa Palme d’or de La vie d’Adèle – chapitre 1 et 2. Il a révélé l'information à The Hollywood Reporter. Il mettra également en vente les toiles exposées dans le film et d'autres souvenirs liés au tournage. Le cinéaste doit en effet trouver un financement indépendant pour finir le montage de son prochain film, Mektoub is Mektoub devenu Mektoub, My Love.

Au début de printemps, il avait annoncé vouloir scinder son film en deux parties. Mais les contrats avec ses partenaires financiers (France Télévisions, Pathé, Canal +) ne prévoyaient pas deux films (lire aussi notre actualité du 7 avril). Il se disait aussi "privé de Cannes" à cause de cette histoire, créant, une fois de plus, une polémique dont il a le secret.

Alors qu'il était en post-production, "la banque (Cofiloisirs) a bloqué sa ligne de crédit" et ainsi laissé le projet "dans les limbes". La société de production Quat'Sous (celle de Kechiche) va donc financer la post-prod en cédant les bijoux de famille.

Librement adapté du roman de François Bégaudeau La blessure, la vraie, Mektoub, My Love, avec Lou Luttiau, Shain Boumedienne et Ophelie Bau, sera à l'écran une saga romanesque et familiale, dont les épisodes seront intitulés Les dés sont jetés et Pray for Jack.

Cannes 2017: quels habitués pourraient revenir sur la Croisette?

Posté par vincy, le 7 avril 2017

Dans quelques jours, Thierry Frémaux va présenter le programme de la sélection officielle cannoise. Un peu plus tôt que prévu pour un festival qui commencera un peu plus tard que d'habitude, élection présidentielle française oblige. Il y aura des habitués, des espoirs montants et des auteurs réputés. Le cocktail habituel.

Les "abonnés" du Festival sont nombreux à être dans la course, mais ils ne seront pas tous élus. Ainsi le film Mektoub is Mektoub d'Abdellatif Kechiche ne pourra certainement pas faire le déplacement puisque sa saga familiale a donné finalement deux films (Les dés sont jetés, Pray for Jack) et sort ainsi de la zone contractuelle avec son financeur, France Télévisions. Une procédure risque d'empêcher le cinéaste palmé d'être à Cannes cette année. De même rien ne dit que Amant double de François Ozon ne soit prêt.

Pour le reste, les films suivants ne seront pas tous en compétition, ou même en sélection officielle. Certains opteront aussi pour une première plus tardive à Venise ou Toronto, quand d'autres ne trouveront tout simplement pas leur place dans le menu équilibriste du sélectionneur.

La bataille française va faire rage, comme chaque année. Car, aux titres suivants, il faut ajouter ceux que nous mentionnerons dans nos articles autour des étoiles montantes ou des grands auteurs (plus rares sur la Croisette): Jeannette de Bruno Dumont, Redoutable de Michel Hazanavicius (qui pourrait être un film d'ouverture), Les fantômes d'Ismaël d'Arnaud Desplechin, Barbara de Mathieu Amalric, Nos années folles d'André Téchiné et D'Après une histoire vraie de Roman Polanski sont les grands noms les plus propices à entrer dans la compétition.

Côté européen, on attend du poids lourd avec de multiples palmés et primés cannois: The Killing of a Sacred Deer de Yorgos Lanthimos, Submergence de Wim Wenders, The Square de Ruben Östlund, You Were Never Really Here de Lynne Ramsay, A Gentle Creature de Sergei Loznitsa, Happy End de Michael Haneke (on peut parier sur celui-là), In The Fade de Fatih Akin, Loveless d'Andreï Zyaguintsev, Thelma de Joachim Trier, Superfluous Man de Kornel Mundruczo et Wild Pear Tree de Nuri Bilge Ceylan.

D'Asie, on attend A Radiance (Hikari) de Naomi Kawase, The Third Murder de Hirokazu Kore-eda, Before We Vanish de Kiyoshi Kurosawa et La caméra de Claire de Hong Sang-soo. Ce dernier film est, avec le Hzneke et le Bozon, l'un des trois films avec Isabelle Huppert qui pourrait monter les marches.

D'Afrique, on pourrait revoir Mahamat-Saleh Haroun (Une saison en France).

Enfin, des Amériques, le contingent d'abonnés n'est pas en reste: Wonderstruck de Todd Haynes, The Beguiled (Les proies) de Sofia Coppola, Downsizing d'Alexander Payne (même si rien n'est certain sur l'achèvement du film qui nécessite pas mal d'effets spéciaux), Logan Lucky de Steven Soderbergh, et bien sûr Wonder Wheel de Woody Allen (forcément hors-compétition). Plus au sud, Zama de Lucrecia Martel, April's Daughter de Michel Franco et Where Life is Born de Carlos Reygadas tiennent la corde. Comme on le verra au fil de cette série ce pourrait être une année très mexicaine.

[69, année érotique] Cannes 2016: La vie d’Adèle et L’inconnu du lac en 2013

Posté par cynthia, le 13 mai 2016

Gros, dur, mou, large, ouvert ou mouillé, le sexe se révèle sans pudeur depuis quelques temps et l'anatomie humaine devient un sujet abordable et traité de manière poétique, romantique, ou plus trash selon les films. En 2013, le semi-soft porno a déboulé sur la Croisette. La vie d'Adèle (en compétition, Palme d'or) et L'inconnu du lac (Un certain regard, primé plusieurs fois) en avaient choqué plus d'un(e) - certains journalistes (des gens ouverts d'esprits normalement surtout quand on se vante d'être critique de cinéma) avaient claqué leurs sièges (et d'autres bandaient secrètement sans doute). Ces deux films majeurs du cinéma Français de ces dernières années ont en effet un point commun: le sexe cru et homosexuel.

Une femme avec une femme. Terminée la blondasse de service qui se fait tringler par un homme poilu et musclé sur du Barry White, ici elle se fait lécher et elle a les cheveux bleus. La vie d'Adèle est une histoire d'amour entre deux femmes (Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos). Entre les gros plans sur la bouche d'Adèle qui mange des spaghettis avec une sensualité apparente et son touche pipi en solitaire, le spectateur est souvent ébullition. Mais c'est la fameuse scène de sexe entre les deux femmes qui surprend: longue, intense quoique un peu banale), les corps fusionnent, les sexes se frottent, le plaisir fait monter la sève. Impossible de ne pas imaginer la tête du gentil papa Steven Spielberg (président du jury de l'époque) devant ces images, lui qui n'a jamais osé ne serait-ce qu'un bout de fesses dans ses films.

Donc voilà 7 minutes et des poussières devant une partie de jambes en l'air sulfureuse avec pour seul fond sonore les claquements de peau, les fessées et les gémissements de nos deux interprètes. Il n'est donc pas étonnant de lire certains témoignages de spectateurs qui en avaient gros dans le pantalon durant cette scène. Cru et beau, est-ce possible? Lorsqu'on se retrouve face au film de Kéchiche, ce la semble évident. Il signe ici un film magistral. Ce qui débute telle une histoire d'amour pure et tendre se transforme, avec une scène de baise intense, presque une transe chorégraphiée, en une histoire d'amour passionnelle. Car Abdellatif Kechiche n'a-t-il pas voulu montrer avec cette scène la passion destructrice qu'offre l'amour?

Le film n'a pas tant choqué, hormis quelques intégristes et homophobes. Les spectateurs sont plus à l'aise avec l'homosexualité féminine que masculine (merci au porno bad gamme disponible gratuitement sur le net et dédié aux geeks célibataires de plus de 25 ans). Alors que l'image de l'homosexuel à l'écran reste stéréotypée dans les comédies populaires - un mec efféminé, fan de Lady Gaga ou de Mylène Farmer et aux mimiques hyperboliques -, des cinéastes comme Ozon, Ducastel et Martineau, Téchiné ont ouvert la voie à une représentation plus fine et moins caricaturales, y compris en filmant des rapports sexuels un peu crus. Mais c'est Alain Guiraudie à qui l'on devra un changement de paradigme complet sur le sujet avec L'inconnu du lac.

Un homme et des hommes. D'emblée l'affiche du film a été censuré...ça commence bien! On y voit l'image (lointaine mais vraiment lointaine) d'un homme en plein bisou bisou au niveau du phallus. Il n'en a pas fallu plus pour que tout le monde pète un plomb! Ont-ils cru que le sexe d'un homme n'existait que pour faire pipi? Certes, l'affiche est explicite... peut-être qu'ils auraient pu se la jouer façon La vie d'Adèle avec une photo de deux mecs qui ouvrent grand la bouche annonçant ainsi un jeu buccal coquin.

Quant au film, il se déroule dans un lieu nudiste réservé aux homosexuels (clairement on n'y joue pas au Scrabble). On y fait la connaissance de Franck, jeune, beau et frivole (Pierre Deladonchamps) qui s'envoie en l'air comme un fumeur fume clopes sur clopes, mais bon lui c'est plutôt la taille d'un cigare qui l'intéresse. Du jour au lendemain, il tombe sur le charme de Michel, moustachu, musclé, macho et un brin soupçonné de meurtre. Entre parties de jambes en l'air sur la plage ou entre les arbres, on pénètre avec fougue (toutes mes excuses pour cette expression) dans l'intimité de ce couple mystérieux. Comme pour Kéchiche, Alain Guiraudie ne cache rien de l'intimité de ses protagonistes en filmant en gros plans érections, fellations, éjaculations. Ni même de l'intimité des voyeurs, branleurs, enculeurs, qui rodent aux alentours. Les phallus sont exhibés, mous ou raides, les chairs ne sont pas forcément fermes, les regards dévient toujours vers l'entrejambe.

Vous aviez toujours rêvé de voir un kiki en gros plan en dehors d'un porno? Enfin!!! L'inconnu du lac ce n'est pas Game of Thrones qui nous montre des vagins à tous les épisodes et pas de kiki...même pas un rikiki!

Mais qu'est-ce qui pousse un réalisateur à tourner un film comme cela? Envie de se faire remarquer par Rocco Siffredi? Envie de recevoir un tweet admiratif de Miley Cyrus? Envie de créer la polémique? Non, non et non! Si l'homosexualité est montrée de manière crue ce n'est que pour montrer la réalisation à l'écran du désir sexuel et de son assouvissement, de nos fantasmes et de nos abandons, là où toute classe sociale est à égalité dans la nudité, là où l'appel de la nature se mélange à la nature de l'homme. Evidemment, La vie d'Adèle est avant tout une histoire d'amour qui finit mal, et L'inconnu du lac un thriller psychologique qui se termine mystérieusement.

Mais, avec leur audace, ces films ont pu montrer le sexe sans tabou et même sublimé.