Trop de films français ? Le point de vue de 5 personnalités

Posté par kristofy, le 24 février 2014

cesarIl y a déjà eu plusieurs polémiques, comme celle du cachet trop élevés de certains acteurs, à retrouver par exemple ici.

A quelques jours de l'auto-célébration des César, la question qui se pose depuis quelques mois concerne surtout le volume de films produits en France et par ricochets, le nombre trop élevé de films médiocres. 209 films ont été produits en 2013 (dont 154 entièrement français). A peine un quart sera rentabilisé au bout de la chaîne (et seulement une vingtaine aura recouvré son budget lors de son exploitation en salles).

Voici synthétisé ici le point de vue de 5 personnalités d’horizons divers et représentatives d’une certaine diversité qui ont évoqué le problème récemment :
- Catherine Deneuve – actrice, dans près de 120 films (European Film Award honorifique en 2013, Palme d'honneur du festival de Cannes en 2005, Ours d'Or pour l'ensemble de sa carrière et Lion d'argent en 1998, deux César)
- Abdel Raouf Dafri – scénariste, co-scénariste de Le Prophète, Mesrine, Gibraltar, mais aussi de la série Braquo/saison 2
- Xavier Gens – réalisateur de ‘films de genre’ comme Frontière(s) qui a eu une sortie réduite en salles en étant interdit aux moins de 16 ans alors qu'il a été un succès très rentable aux Etats-Unis ou Divide produit aux Etats-Unis et qui n’est jamais sorti en salles en France (mais uniquement en vidéo)
- Amel Lacombe – distributrice, présidente de la société de distribution Eurozoom qui a sorti en France récemment des films qui visent les jeunes adultes (Struck, Imogene, The Spectacular Now) et qui a évoqué le comportement du public français par rapport à ces productions.
- Bruno Dumont – réalisateur de ‘films d’auteur’ : L’Humanité et Flandres (récompensés à Cannes par le Grand prix du jury, un doublé rare), Camille Claudel 1915 (en compétition au festival de Berlin en 2013)

Ils abordent certains aspects de la question, en particulier celui de la qualité des films mais aussi la difficulté d’attirer assez de spectateurs dans les salles.

- Catherine Deneuve :
« Quand je lis un scénario, j’espère qu’il est bon, et que ça ferait un bon sujet pour un film. Je n’ai pas d’autre idée en tête lorsque je lis un scénario. Mais c’est très difficile d’avoir un très bon scénario entre les mains. C’est très rare. Maintenant, il y a plus de films qu’avant. Il est clair qu’en France, nous faisons trop de films. Très souvent, je pense que les scénarios ne sont pas assez travaillés. Il y a trop de films qui, peut-être, devraient être réécrits et attendre un peu plus avant de se tourner. Mais notre politique dans le cinéma français pour les scénaristes est compliquée. On ne peut pas se permettre de travailler pendant un an sans rien toucher. C’est un sujet compliqué. »

- Abdel Raouf Dafri:
« Aux Etats-Unis, le scénario c'est ce qu'il y a de plus sacré. Qu’est ce que c’est que raconter une histoire ? En France on a perdu ça, on ne valorise pas l'écrit, nous ne valorisons pas le matériau scénario. Quand vous regardez Le loup de Wall Street vous avez un acteur, une star internationale, comme Leonardo di Caprio qui se fait mettre une bougie dans le cul, qui se drogue à la coke, qui fait un numéro outrancier au possible, et ça passe. A 71 ans Martin Scorsese envoie le bois. En France c’est très policé, on ne peut pas dire ça ni ça…, et pourquoi on ne peut pas le dire ? Le scénario on le rabote. Quand vous regardez le cinéma français vous pleurez. On fait de l’aseptisé, les gens n’y vont plus. »

- Xavier Gens :
« Le problème du cinéma français c’est qu’on considère la mise en scène dans l’espace, et pas le travail de mise en scène au niveau de l’image. En France on filme un long-métrage comme on filmerait une série télé, 90% des films sont fait comme de la captation de pièce de théâtre. C’est vraiment dommage. Pour moi c’est primordial de raconter quelque chose avec sa caméra, le moindre plan a une signification. Il faut qu’on se serve de cet outil comme un peintre se sert de ses pinceaux pour appliquer des couleurs, la caméra doit servir d’outil pour raconter. »

- Amel Lacombe :
« J'en viens à me dire que plus on fait de pub et de buzz, plus on sert les téléchargements illégaux. Le réflexe, c'est : "je vois de la pub pour le film dans le métro, la presse en dit du bien, hop je le télécharge". Heureusement, tout le monde ne télécharge pas, mais pour les jeunes adultes de la génération smartphone, c'est une autre histoire. Télécharger illégalement un blockbuster qui sort sur 800 copies, c'est moralement et légalement répréhensible. Mais quand on fait la même chose avec un film indépendant qui sort sur moins de 50 copies, les effets sont dévastateurs sur les entrées du film. Sa survie en salles et celle de son distributeur sont alors mises en péril. A côté de ça, on vend de moins en moins en DVD et de moins en moins aux télévisions. Tout ça ne sent pas bon. »

- Bruno Dumont :
« Le cinéma est un art avant un divertissement. Ce qui est grave c’est d’estimer un film en fonction de son nombre d’entrée. Beaucoup de films sont des projets industriels plus que de la culture… Le public n’a pas l’habitude de voir des films d’auteur. Ce sont les médias qui choisissent de ne pas cultiver et d’abrutir le public. Il faut diffuser plus de cinéma, il faut éduquer les masses. »

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Source des extraits de citations : Catherine Deneuve en décembre 2013 à Berlin (pour son European Film Award), Abdel Raouf Dafri en janvier 2014 (via AlloCiné), Xavier Gens en décembre 2013 (via ScreenMania), Amel Lacombe en janvier 2014 (via MetroNews), Bruno Dumont en février 2013 à Berlin (via EcranNoir)

Intouchables représentera la France aux Oscars

Posté par vincy, le 18 septembre 2012

La Commission chargée de la sélection du film représentant la France pour l’attribution de l’Oscar du meilleur film étranger lors de la prochaine cérémonie des Oscars a choisi Intouchables d'Eric Toledano et Olivier Nakache, nous indique un communiqué du CNC aujourd'hui.

Le film répond aux deux critères de sélection définis par l'Académie des Oscars, qu'il doit être sorti entre le 1er octobre 2011 et le 30 septembre 2012 et que le contrôle artistique du film doit être exercé par des personnes du pays présentant le film.

Les membres de le la Commission cette année était deux membres de droit, le Président de l’Avance sur recettes Paul Otchakovsky-Laurens, le Délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux et 5 personnalités qualifiées désignées par la Ministre de la culture et de la communication : Bérénice Béjo (actrice, nommée à l'Oscar du meilleur second-rôle cette année), Sylvain Chomet (réalisateur, déjà nommé à l'Oscar du meilleur film d'animation), Didier Lavergne (Oscar du meilleur maquilleur pour La Môme), Abdel Raouf Dafri (scénariste de Mesrine) et Carole Scotta (productrice, Haut et Court).

Intouchables, actuellement 33e du box office ce week-end aux USA, est le plus gros succès à l'étranger pour un film français, depuis 1994 (voir actualité du 10 septembre). Il a rapporté 364 millions de $ dans le monde. En Amérique du nord (hors Québec), le film a rapporté 9 millions de $, soit la 27e recette la plus importante pour un film en langue étrangère (très loin derrière La cage aux folles, record de fréquentation, et Amélie Poulain, record de recettes). La Môme et le Pacte des loups ont également rapporté un peu plus en leur temps. Cependant, le film, distribué par The Weinstein Company, comme The Artist, a réussit à rentré dans le Top 100 des recettes de l'année. C'est aussi le film en langue étrangère ayant le plus rapporté depuis le premier volet de Millénium, version scandinave, en mars 2010.

Un polar réunit Gilles Lellouche, Emir Kusturica, Tahar Rahim et Riccardo Scarmacio

Posté par vincy, le 8 mai 2012

Après 4 ans de développement, Gibraltar, polar scénarisé par Abdel Raouf Dafri (Mesrine, Un Prophète, Braquo 2) et réalisé par Julien Leclercq (Chrysalis, L'assaut), est en tournage depuis trois semaines.

Adapté du livre L'aviseur de Marc Fiévet (édité chez Michel Laffont), ce Donny Brasco à la française est l'histoire largement autobiographique d'un français expatrié (l'auteur du livre) à Gibraltar, devenu agent d'infiltration pour le compte des douanes françaises.

Avec un gros budget de 18,9 M€, cette coproduction franco-canadienne (Studio 37, Transfilm et Chapter 2) a mis les moyens sur son casting. Gilles Lellouche incarnera Marc Fievet. Il aura pour partenaire Emir Kusturica, Tahar Rahim, Mélanie Bernier et Riccardo Scarmarcio (Romanzo Criminale, Polisse).

Le tournage se déroule entre l'Espagne, le Canada (Montréal essentiellement) et la France. Le distributeur SND n'a pas encore donné de date de sortie.