Deauville Asia 2011 : rencontre avec Kim Jee-Woon

Posté par kristofy, le 13 mars 2011

I saw the devilKim Jee-Woon était déjà venu à Deauville pour A Bittersweet Life, il avait d’ailleurs remporté le prix Action Asia. Son nouveau film I saw the devil a gagné la plupart des prix du dernier festival fantastique de Gérardmer, il sortira en salles sous le titre J’ai rencontré le diable (photo de gauche).

Le 13ème Festival du Film Asiatique de Deauville organise un regard sur le travail de Kim Jee-woon en proposant l’intégralité de ses six films  ainsi qu'une master-class avec le public.

Les festivaliers ont été ravis de l’avant-première de J’ai rencontré le diable. En un mot : de l’ultra-violence, certes, mais qui passe car filmée avec une pointe d’exagération, ajoutée au retour de l’acteur Choi Min-Sik dans peut-être son rôle le plus impressionnant, ce qui donne un nouveau chef d’œuvre de film noir. Comme dans la plupart de ses films, Kim Jee-woon se saisit d’un genre pour en détourner les règles ou pour les dépasser.

Moments choisis de la rencontre avec le réalisateur coréen (photo de droite) :

Un réalisateur par accident

A un moment de ma vie je n’avais aucun emploi depuis longtemps, je me suis séparé de ma petite copine, j’ai eu un accident de Kim Jee wonvoiture et je devais donc trouver de l’argent. J’ai écrit un scénario que j’ai envoyé à un concours, et il a été choisi et primé. Je ne l’avais pas écrit pour devenir réalisateur de film mais pour gagner un peu d’argent pour l’accident que j’ai causé. Ce scénario était tellement particulier qu’on m’a proposé de le réaliser, et c’est devenu The Quiet family. C’est après que le cinéma m’est devenu aussi indispensable que l’air que je respire, ça m’empêche de me suicider et de manger seul tous les jours.

Un esthète de l’image…

Quand j’étais petit j’aimais dessiner des bandes-dessinées, ce qui n’est pas considéré comme un métier. Mon père avait déchiré mes dessins et je recomposais tout comme du montage. A la place d’une toile, je dessine en quelque sorte sur des écrans. Quand je fais des films, j’ai quelques références photographiques. Pour Deux sœurs par exemple, c’était une photo de deux filles de dos, main dans la main dans une prairie. Ce qui m’intéressait, c’était avant et après cette image fixe. Dans la photo, rien ne se dégageait de sombre ni de triste, mais c’est ce j’ai imaginé. Pour A Bittersweet life, c’était un tableau de Edgar Hopper où il y avait un homme de dos seul, et c’est presque un film sur le dos d’un homme…

Un univers esthétique et sensoriel…

Deux soeursLe storyboard, pour moi, est une base, une route pour que les voitures roulent. Mais je m’imprègne de tous les éléments du décor et de la lumière, accessoires et costumes,  pour organiser sur le moment mes cadres. Ce qui relie comédie et horreur, ce sont des choses imprévisibles qui arrivent. Finalement c’est assez sain. Dans le thriller comme dans l’horreur, l’important c’est de préparer le spectateur avec quelques bases, j’amène le suspense, on sait que quelque chose va arriver, le battement de cœur se fait de plus en plus vite. La vitesse est intimement liée à l’arrivée du suspense, que ce soit la vitesse d’un mouvement de caméra ou la durée d’un plan. Pour Deux sœurs (photo de gauche), le suspense ne vient pas de la petite fille qui tremble de peur mais de ce qui se passe hors cadre qu’on ne voit pas. Le mise en scène, c’est surtout ce qui ce passe dans le cadre et hors cadre. Pour A Bittersweet life, c’est comment utiliser l’espace en apportant quelque chose de nouveau. Au lieu de se battre avec une matraque, c’est plutôt un bâton en feu. La caméra qui est fixée dans une scène au personnage ou à la voiture en mouvement ça apporte quelque chose de nouveau et d’inhabituel. Darren Aronofsky l’a fait dans Requiem for a dream. Un bon réalisateur est quelqu’un qui cherche toujours les problèmes, à résoudre avec son équipe et ses acteurs.

Des influences occidentales et orientales…

Pour A Bittersweet life, c’est Jean-Pierre Melville et un peu Kill Bill, pour Le Bon la brute le cinglé (photo de droite), ce sont les western de Sergio Leone et les arts martiaux asiatiques (nda : une adaptation non-avouée du film Shanghai Express de Sammo Hung ?). Les westerns, c’est des actions lentes, un genre de plus en plus distant avec le public d’aujourd’hui, ma version avec Le Bon la brute le cinglé est un western "kimchi" qui redynamise ce genre. On voulait des scènes d’action très spectaculaires mais on n’avait pas le matériel hollywoodien, pas de flying-caméra alors la caméra était portée par le caméraman qui suivait les acteurs dans leurs cascades dans les airs. Ce n’est pas un visuel lisse comme Spiderman, c’est plus brut et en même temps plus intéressant.

Un projet de film américain…

Mon prochain film devrait être The Last stand, le projet est lancé avec un studio américain et avec l’acteur Liam Neeson, son agenda est très chargé alors ce n’est pas sûr. J’imagine que si les Américains m’ont appelé c’est pour mon style. J’ignore si je devrais me battre pour imposer ce que je veux, on verra comment ça évolue. Je change de genre parce que je m’ennuie et pour explorer un bittersweet lifeautre genre, en fait j’ai soif de me débarrasser du film que je fais pour aller vers un autre. Quand je tournais Deux sœurs je voulais faire un film d’homme alors j’ai réalisé A Bittersweet life (photo de droite), c’est un film avec beaucoup de choses intériorisées et j’ai eu envie d’extérioriser et j’ai fait Le Bon la brute le cinglé, après je voulais revenir à une explorations de tourments intérieurs et voila J’ai rencontré le diable.

I saw the devil…

A propos des scènes de violence, j’essaie de faire en sorte que le spectateur ne se détourne pas une seconde, le secret réside dans ce qui lie une séquence à une autre. En Corée, j’ai eu quelques problèmes de restrictions pour l’exploitation du film à propos de la violence de certaines scènes et la sortie du film a dû être repoussée. J’ai rencontré le diable c’est aussi ma réaction aux autres films de vengeance où ça ne va pas jusqu’au bout, avec un côté moral du personnage qui réalise la vanité de sa vengeance ou qui sauve son âme… Dans mon film, au contraire, on voit qu’il devient un monstre en chassant un autre monstre.

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J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon
avec Choi Min-Sik et Lee Byung-Hun
sortie française prévue le 6 juillet

Crédit photo : Christophe Maulavé

La belle « brute » Byung-hun Lee

Posté par vincy, le 16 décembre 2008

byung hun leeLee Byung-hun, né en 1970, a déjà une multitude de fans et de sites internet à sa gloire. Il débute sur le petit écran en 1991 et aujourd’hui se décline en jeu vidéo, en album de musique et surtout au cinéma. Bouddhiste, polyglotte, diplômé en littérature française, star au Japon, primé de multiples fois pour ses rôles, il se transforme en vedette de cinéma avec le film de Chan-wook Park, Joint Security Area, meilleur film coréen de l’année, sélectionné à Berlin et surtout plus gros succès historique du box office national à l’époque (avec 6 millions d’entrées). Ce thriller politique qui se déroule dans le No Man’s Land entre les deux Corée l’impose dans la cour des grands.

Dès lors, Lee Byung-hun va s’amuser avec les extrêmes : sadisme (dans le segment « Cut » de Three extremes), sexe (Everybody has secrets, interdit aux mineurs), voitures (Addicted) et même réincarnation et homosexualité dans l’injustement méconnu Bungee Jumping of Their Own. Dans ce film, il prouve son talent à aller dans des personnages plus intérieurs, plus troubles.

En 2005, il est le héros du très violent A Bittersweet Life. Costard et flingue, il se complait dans un registre décalé, capable de se délecter avec un dessert avant d’aller tuer froidement quelqu’un. Le polar, surtout, s’exporte et récolte les louanges internationales. L’acteur va alors aborder un nouveau tournant dans sa carrière. Hollywood l’appelle pour jouer aux côtés de Josh Hartnett (I come with the Rain) et surtout G.I. Joe : Rise of Cobra, dans l’équipe des vilains, avec Christopher Eccleston et Sienna Miller.

Premier acteur sud-coréen a avoir séduit Hollywood, véritable belle gueule, il a su se différencier avec des contre-emplois comme cette Brute, serpent flingueur dans Le bon, la brute et le cinglé. Grâce à son charisme et son sex-appeal, il vampe le spectateur et nous fait oublier qu’il est une ordure de première classe.