Pride sacré meilleur film aux British Independent Film Awards

Posté par vincy, le 8 décembre 2014

Pride Queer PalmOn reste un peu stupéfait par le choix des 17e British Independent Film Awards. Non pas que Pride, cette comédie sociale typiquement britannique, mélangeant la lutte des mineurs se mélangeant aux revendications des homosexuels dans l'Angleterre thatchérienne, soit un mauvais film (loin de là). Mais face à Mr. Turner, Calvary, '71 et The Imitation Game, il créé la surprise. Et soyons honnêtes, Mr. Turner, '71 et Calvary lui sont supérieurs cinématographiquement.

Mais passons. Pride est le vainqueur de l'année. Le film de Matthew Warchus succède à des films aussi populaires que Le discours d'un roi, Slumdog Millionaire, This is England, Vera Drake, The Constant Gardner, Billy Elliot ou My Name is Joe. Parfait feel-good movie, Pride avait fait la clôture de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Le film a aussi raflé les deux prix dans la catégorie meilleur second-rôle pour Imelda Staunton (meilleure actrice en 2004) et Andrew Scott, la nouvelle coqueluche anglaise.

Pour le reste du palmarès, les britanniques ont logiquement récompensé Boyhood (film étranger), soit le premier film américain a gagné ce prix depuis la création de cette catégorie en 2003, Yann Demange comme réalisateur (pour son premier film '71), le scénario et la musique de Frank, l'actrice Gugu Mbatha-Raw (Belle), également nominée en meilleur espoir, l'acteur Brendan Gleeson (Calvary) qui a battu les favoris Benedict Cumberbatch et Timothy Spall, l'espoir Sameena Jabeen Ahmed (Catch Me Daddy), aussi nominée comme meilleure actrice, et le documentaire Next Goal Wins.

Grand perdant : Mr. Turner, qui repart bredouille malgré cinq nominations. The Imitation Game (quatre nominations) sauvent l'honneur avec le prix Variety pour Benedict Cumberbatch.

Enfin, les British Independent Film Awards ont honoré Emma Thompson du Prix Richard Harris pour sa contribution au cinéma britannique et John Boorman d'un Prix spécial du jury.

Dinard 2014: Hitchcock d’or pour The Goob et Prix du public pour ‘71

Posté par kristofy, le 12 octobre 2014

Ce 25ème anniversaire du Festival du film Britannique de Dinard a organisé durant ses 5 jours différentes rencontres avec le public avec une personnalité du cinéma comme les réalisateurs Michael Radford, Kevin Macdonald, Uberto Pasolini, ou le producteur Stephen Woolley.

Pour la section des films en compétition, comme chaque année, ils étaient au nombre de 6 et pour la plupart il s’agissait de premiers longs-métrages. Ils ont été mis en lumière par la présence de Catherine Deneuve dans son rôle de présidente du jury.

Certaines années, des films s’imposent presque à l’unanimité comme Le géant égoïste, Tyrannosaur ou Boy A, et d’autres années les débats sont plus disputés. C’est ce cas pour cette édition, et le jury a demandé à rajouter au palmarès une mention spéciale. D’autres jurys avaient la charge de remettre des prix, ce qui fait qu’au final 5 films de la compétition ont été cités. Le film repartit bredouille et qui aurait mérité le prix du scénario est The Riot Club réalisé par Lone Scherfing et écrit par Laura Wade sera en salles le 31 décembre.

Le film The Goob, qui a donc eu les faveurs du jury pour le Hitchcock d’or, est un modèle de film indépendant: il a été produit avec un très petit budget (qui provient d’un concours de scénarios par la BBC Films, Creative England), et si certains acteurs sont professionnels, beaucoup ont été trouvés après un casting sauvage dans la rue et faisaient ici leurs premiers pas devant la caméra. Le jeune Goob de 16 ans revient chez sa mère là où il a grandit, à la campagne, entre un petit restaurant et un champ de potirons qu’il faut récolter. Le nouveau compagnon de sa mère persécute Goob de son autorité. Durant cet été Goob va grandir de plusieurs façons entre une fille du circuit de stock-car, un cousin gay qui danse et une troublante saisonnière dans le champ…

A noter que le film ‘71 récompensé par le public a obtenu le même soir le prix du meilleur réalisateur pour Yann Demange au Festival de Saint Jean de luz.

Le palmarès :

Hitchcock d’or : The Goob, réalisé par Guy Myhill
Mention spéciale, pour sa direction artistique : Frank, réalisé par Leonard Abramson (sortie juin 2015)
Prix du scénario : Catch me Daddy, réalisé par Daniel Wolfe
Prix de l’Image : Catch me Daddy, réalisé par Daniel Wolfe
Prix du Public : ‘71, réalisé par Yann Demange (sortie le 5 novembre)
Prix coup de cœur-La règle du jeu (association d’une cinquantaine d’exploitants de salles) : Lilting, ou la délicatesse, réalisé par Hong Khaou (sortie le 15 octobre)
Prix du meilleur court-métrage : The bigger picture, réalisé par Daisy Jacobs

Hitchcock d’or d’honneur : le réalisateur Michael Radford

Palmarès de Saint-Jean-de-Luz: Bébé tigre à l’unanimité

Posté par vincy, le 11 octobre 2014

Il était normal de ne pas passer à côté. Bébé tigre, le premier film de Cyprien Val, a remporté le Grand Prix du Festival international du film de Saint-Jean-de-Luz ce soir. Le jury de Xavier Beauvois nous a comblés en récompensant le meilleur film de la sélection et en donnat également le prix de la mise en scène à Yann Demange pour son épatant '71.

Bébé Tigre n'est pas seulement un très bon premier film. C'est aussi un film engagé, derrière son récit à la fois romanesque et social. Cyprien Val, 34 ans, diplômé de la Fémis va à rebours d'une France qui doute d'elle, qui a peur des étrangers et qui ne croit plus en son pouvoir d'attraction. Haut et Court distribuera le film le 28 janvier 2015.

Le public et le public jeunes ont été davantage séduit par L'Oranais, également distribué par Haut et Court (et en salles le 19 novembre). Déjà récompensé à Angoulême, le film de Lyes Salem est plus consensuel et classique dans sa forme comme dans son fond. Mais là encore, que le jury récompense un film sur un clandestin du Penjab et que le public plébiscite une oeuvre franche sur l'Algérie, cela prouve que la France rance de Zemmour comme le titrait Libération ce matin (journal qui n'est plus à une provocation simpliste près) n'est pas la seule à exister. On peut encore se rassembler autour de valeurs fondamentales comme la liberté et pardonner les erreurs (dont on peut apprendre tant).

Cette sélection luzienne avait d'ailleurs ce trait commun : on peut tous faire des mauvais choix, des choix regrettables, mais ce sont ces choix là qui nous construisent. Le jury n'a pas fait de mauvais choix.

Palmarès:
Prix du jury
-Meilleur film : Bébé tigre de Cyprien Vial
-Meilleur réalisateur : Yann Demange pour le film '71
-Meilleure interprétation masculine : Grégory Gadebois pour le film Le Dernier coup de marteau d'Alix Delaporte.
-Meilleure interprétation féminine : Jisca Kalvanda pour le film Max et Lenny de Fred Nicolas.
-Meilleur Court métrage : Princesse de Marie-Sophie Chambon
Prix du public
-Meilleur Long métrage : L'Oranais de Lyes Salem
Prix du jury jeune
-Meilleur Long métrage : L'Oranais de Lyes Salem
-Meilleur Court métrage : La Nouvelle musique de François Goetghebeur et Nicolas Lebrun

Lire aussi:
Le Festival de Saint-Jean-de-Luz fait peau neuve Jury et compétition.
Saint-Jean-De-Luz 2014: des amis, des ennemis et une revanche sur soi Lundi-mercredi.
Saint-Jean-de-Luz 2014 : la rançon du passé, la respiration du présent Jeudi-samedi.

Saint-Jean-De-Luz 2014: des amis, des ennemis et une revanche sur soi

Posté par cynthia, le 9 octobre 2014

Cannes, Deauville, Annecy et après? Les médias du septième art n'ont d'yeux principalement que pour ces deux festivals de cinéma. On oublie la multitude de bons festivals provinciaux - Angoulême, Dinard, Arras, Vesoul, La Rochelle, ...- qui animent les régions, et offrent souvent des films en avant-première qui atteignent rarement les salles autour. Les médias nationaux ne s'y intéressent que s'il y a des vedettes ou un événement spécifique, ponctuellement.

Cette "mésinformation" conduit à de grandes injustices. Parfois certains succès en salles ont connu leurs débuts dans ces festivals. Sans fanfare, mais avec un ou deux prix, la reconnaissance du public. Comme un screen-test improvisé et non représentatif. Depuis lundi, le Festival international du film de Saint Jean de Luz, qui a longtemps été connu sous le nom du Festival des jeunes réalisateurs, montre des oeuvres radicalement différentes à un public curieux et critique (lire notre article sur le jury et la programmation de cette année).

Entre quelques promenades sur la plage et quelques morceaux de fromage basque, on s'assoit dans les belles salles du Sélect, jury, public, journalistes et notables mélangés.

Jour 1, 17h30: L'aventure commence avec un premier film signé Stéphane Demoustier: Terre Battue. L'histoire d'un père au chômage qui va devoir défier les désillusions actuelles afin de retrouver un travail tout en encourageant son fils, déjà extrêmement motivé, à tâter de sa raquette pour devenir le prochain Nadal. Par la puissance des personnages, le film nous plonge dans l'enfer du désespoir lié à la passion destructrice de permettre à nos rêves de devenir réalité. Tout ceci est agrémenté par une relation père/fils ardente que rien ne ternie même jusqu'au triste verdict final.

En fait, Terre Battue raconte une certaine France, que l'on connaît trop bien. La perte d'un emploi par une entreprise qui vous trouve un peu trop vieux pour continuer. Une pression médiatique sur nos jeunes adolescents à devenir les meilleurs, les plus riches, les plus connus quitte à ne plus être eux-mêmes. Déroutant, un premier film qui ne laisse pas de marbre. Sortie en France le 17 décembre.

20h30: Le film d'ouverture est La rançon de la gloire de Xavier Beauvois, président de ce jury et amateur de pêche dans l'océan le matin. Benoît Poelvoorde et Roschdy Zem campent le rôle des deux malfaiteurs qui dans les années 70 ont volé le cercueil de Charlie Chaplin contre une rançon. Non ce n'est pas une blague, il s'agit d'un fait réel, il y a vraiment deux cinglés qui ont volé le cercueil de la légende du cinéma muet pour de l'argent. Mais pourquoi avaient-ils commis un acte aussi abominable? C'est ce que Xavier Beauvois s'est demandé en lisant un article à ce sujet il y a quelques années. «Je voulais montré justement ce qui aurait pu motiver ces deux kidnappeurs!»
C'est ainsi que le réalisateur nous pousse dans le quotidien de deux hommes que la société a marginalisés. Deux immigrés (algérien et belge) qui se serrent les coudes pour survivre et offrir une vie décente à la fille de l'un deux, pendant que sa femme souffre à l'hôpital faute d'une opération coûteuse. Au même moment la légende Charlie Chaplin s'éteint et se fait enterrer à quelques mètres de chez eux. Drôle, loufoque, mélancolique mais un peu trop longue, cette comédie, un peu longue, a plu grâce à son excellente mise en scène et son originalité. Sortie en France le 7 janvier 2015.

Jour 2, 15h: Premier film du réalisateur français de sang mais anglais d'éducation, Yann Demange. Avec 71', le jeune cinéaste signe une fresque magistrale sur le conflit dont la ville de Belfast a été le théâtre en 1971. Gary, campé par le plus que talentueux anglo-irlandais Jack O'Connell Skins, 300, Les points contre les murs) est une jeune recrue anglaise envoyée à Belfast pour calmer les ardeurs d'une ville en plein chaos où catholiques et protestants se livrent bataille. Lors d'une simple patrouille, son unité est prise en embuscade, Gary se retrouve seul. C'est là que le cauchemar commence autant pour lui que pour nous. Blessures, trahisons et autres fausses illusions, Gary ne sait plus vers quel saint se vouer: tout le monde peut être une menace même ceux qu'il soupçonnait le moins. Le tout en 24 heures chrono.
Métaphore cruelle mais néanmoins réelle sur la bêtise des conflits et des guerres: il n'y a pas de gagnants mais seulement des perdants, il n'y a pas de gentils mais juste des cyniques et illuminés aveuglés par leur propre soif de contrôle et de pouvoir. Une scène d'explosion, en plan séquences, spectaculaire pose une question essentielle «pour qui se bat-on déjà?». Porté par un acteur fulgurant et dont la présence illumine l'écran même sans aucune réplique, on est en apnée durant tout le film jusqu'au dénouement final, qui excède le spectateur. Applaudissements fougueux des spectateurs à la fin de la projection. Sortie en France le 5 novembre.

17h30: Après un film d'action comme '71, rien ne vaut une petite comédie romantique pour adoucir les spectateurs, n'est-ce pas? Jessie & Zibby (ou en anglais Liberal Arts) est le second film de Josh Radnor alias Ted dans la série How I met your mother. Jessie est un trentenaire qui ne veut pas grandir. Sur son chemin, il rencontre Zibby (la sublime Elizabeth Olsen) qui elle veut déjà être une grande. En quelques minutes, il succombe à son charme mais ne pense jamais la revoir. Jusqu'à ce qu'il participe à une soirée grâce à son pote spirituel Zach Efron. Dès lors le voilà perturbé. Il a 35 ans, elle en a 19, autant dire que c'est compliqué. Même s'ils s'entendent très bien, leur différence d'âge se fait sentir: elle lit Twilight, lui trouve ça ridicule.
Plus qu'une histoire d'amour, ce couple est une révélation universelle pour chacun de nous. Ajoutez à cela l'histoire adjacente d'un vieux professeur talentueux contraint de partir en retraite et on s'interroge alors sur la peur de vieillir, celle d'être trop jeune, on encore l'appréhension d'un avenir qui passe bien trop vite. Filmé comme un film d'auteur, cette comédie donne le baume au cœur et le vague à l'âme. On en sort en véritable guimauve. Pas encore de date de sortie en France.

20h30: Ovni cinématographique: Los tontos y los estupidos de Roberto Caston. Faute de moyens, le réalisateur tourne son histoire dans les studios d'un enregistrement et sans le vouloir y trouve originalité. Il fait dérouler son histoire abracadabrante à travers les répétitions de ses acteurs, plongeant ainsi le spectateur dans un univers authentique qui manque cruellement au cinéma français en général. Car le film ne repose pas sur des lieux, des effets-spéciaux et que sais-je encore mais il se fonde sur le jeu de ses personnages, tous enivrés par leurs défauts: la ménagère délaissée par son mari et attirée par l'étudiant français qui vit chez elle, la jeune caissière qui s'occupe de sa maman malade, le jeune homosexuel qui cache sa séropositivité à ses proches par peur d'attiser la pitié...tant de personnalités attachantes et si proche du réelle que je me suis imaginée dans un théâtre durant quelques prises. Pas encore de date de sortie en France.

Jour 3, 17h30: Max et Lenny de Fred Nicolas est l'histoire de Max, jeune délinquante de cité qui se réfugie dans le rap pour oublier son quotidien. Un soir elle rencontre Lenny, jeune congolaise sans papier et non moins extrêmement souriante. Une belle amitié va naître.
Et quelle amitié! On pouvait presque croire à un happy end lesbien façon La Vie d'Adèle. Mais ici pas de scène de sexe ou de baisers langoureux. Leur amitié est tellement fusionnelle que ces deux âmes sœurs sont aussi deux soeurs de cœur. Deux jeunes filles délaissées par la société qui vont tenter de s'en tirer à coup de rébellion personnelles et de rimes. Un petit conte de quartier émouvant (oui j'ai versé ma larme) et dans l'air du temps. Pas encore de date de sortie en France.

Beaune vibre pour un polar drôle venu de Norvège

Posté par vincy, le 6 avril 2014

in order of disappearance

Le Festival International du film policier de Beaune, dont la 6e édition s'est achevée ce soir, a couronné l'un des coups de coeur de la compétition de la dernière Berlinale, le polar drôle et saignant de Hans Petter Moland, In order of Disappearance (lire notre actualité et avant-critique sur le film). Le film devrait sortir au second semestre sous la bannière de Chrysalis Films. Il va être présenté à Tribeca la semaine prochaîne.

Le jury de Cédric Klapisch lui a décerné le Grand Prix. Deux prix du jury ex-aequo ont été remis : '71 de Yann Demange, qui avait aussi été présenté en avant-première à Berlin (il avait reçu une mention spéciale du jury écuménique). Pas de date de sortie prévue mais le film sera distribuée par Ad Vitam ; et Les poings contre les murs de David Mackenzie, qui a déjà fait le tour des festivals (Toronto, Londres, prix du public aux Arcs, Rotterdam et bientôt Tribeca).  Il sortira dans les salles françaises le 4 juin avec Le Pacte/Wild Side.

Le jury spécial Police a également récompensé In Order of Disappearance. Le prix de la Critique a été remis à l'Ours d'or du Festival de Berlin, Black Coal, Thin Ice, de Diao Yinan. Memento le distribuera en France le 11 juin. Autre film asiatique, R100, de Hitoshi Matsumoto, qui avait tourné à Toronto et Rotterdam, et qui a reçu le prix Sang neuf du jury présidé par Jacques Maillot.